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"Ce puits, des princes (Rachi: Moché et Aharon) l'ont creusé, les plus grands du peuple l'ont ouvert" ('Houkat 21,18)

-> Le puits fait allusion à la Torah Orale.
Le mot puits, qui se dit “béer (באר), se rapproche du mot : “béour" (באור), qui signifie : "explication", allusion à la Torah Orale qui est l’explication la Torah Ecrite.
Or, la loi Orale émerge des Sages en Torah, et pour la mériter, il faut investir de grands efforts et se parfaire dans les 48 qualités/vertus que cite la Michna de Avot (Pirké Avot 6,6), qui permettent d’acquérir la Torah.
Par l’acquisition de ces 48 qualités, qui exige de grands efforts, l’homme devient un être de Torah, et peut épancher la Torah Orale.

=> C’est ainsi que le terme "béer" (באר) apparaît 48 fois dans toute la Torah, car ce sont les 48 vertus que citent nos Maîtres, qui font de l’homme un puits épanchant les eaux de la loi Orale, qui est le "béour" (explication) de la Torah Ecrite.

[d'après le Sfat Emet]

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°528) enseigne :
Le mot "beer" (puits) a la même valeur numérique que "guer" (étranger).
On sait que partout, l’eau désigne la Torah, elle descend d’un endroit élevé pour aller vers un endroit bas (guémara Taanit 7a).
Le verset dit que lorsque l’homme s’abaisse comme un étranger pour les paroles de la Torah, sa Torah subsiste en lui.

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-> "Ce puits, des princes l’ont creusé, les plus grands du peuple l’ont ouvert avec leur sceptre, avec leur bâton" ('Houkat 21,18)

Le Gaon de Vilna explique que telle est la mesure de la Torah, dont il est dit : "A l’ombre de la sagesse, à l’ombre de l’argent" (Kohélet 7,12), et aussi : "Elle est un arbre de vie pour ceux qui la soutiennent" (Michlé 3,18).
Celui qui n’a pas la possibilité d’étudier lui-même et soutient les autres pour qu’ils puissent étudier la Torah a lui aussi sa récompense, au même titre que celui qui étudie lui-même, car "à l’ombre de la sagesse, à l’ombre de l’argent".

C’est ce que dit le verset : "ce puits", c’est la Torah, "des princes l’ont creusé", les princes de la Torah et ceux qui l’étudient la creusent et l’approfondissent par leur étude de ses secrets ; "les plus grands du peuple l’ont ouvert", cela veut dire que les bienfaiteurs et les riches qui passent tout leur temps dans le commerce acquièrent la Torah au prix de l’argent.
Le mot karouah (l’ont ouvert) rappelle la notion d’acquisition, comme dans "mon sépulcre, que j’ai acquis (kariti)" (Vayé'hi 50,5).
La Torah explique que les deux ont une part dans la Torah, les uns "avec leur sceptre (me’hokek)", ils décrètent les lois (‘houkim) de la Torah, et les autres "avec leur bâton", par le fait qu’ils soutiennent la Torah.

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-> "Ce puits, des princes l’ont creusé, les plus grands du peuple l’ont ouvert avec leur sceptre, avec leur bâton. Et de Midbar ils allèrent à Matana. Du désert à Matana, de Matana à Na’haliel, de Na’haliel à Bamot et de
Bamot à la vallée." ('Houkat 21,18-20)

-> Nos Sages (guémara Nédarim 55a) ont vu dans ce verset la condition indispensable pour acquérir la Torah, l’humilité. Ils disent : Quand l’homme fait de lui-même un désert livré à tous, la Torah lui est donnée en cadeau (Matana), ainsi qu’il est dit : "du désert à Matana". Comme elle lui a été donnée en cadeau, Hachem est leur héritage, ainsi qu’il est dit : "de Matana à Na’haliel (D. est mon héritage)", et comme Hachem est son héritage il monte à la grandeur, ainsi qu’il est dit : "de Na’haliel à Bamot (un lieu élevé)".
Mais il doit faire attention dans son ascension de ne pas tomber dans les pièges de l’orgueil, sinon, s’il s’enorgueillit, Hachem le fait tomber, ainsi qu’il est dit "de Bamot à la vallée", et même s’il s’est enorgueilli, quand il le regrette Hachem l’élève de nouveau, ainsi qu’il est dit : "toute vallée sera élevée" (Yéchayahou 40,4).

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-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne :
La Torah est comparée à un désert : "Et de Midbar (désert) ils allèrent à Matana" ('Houkat 21,18).
Il est difficile de tenir dans un désert. Le jour la chaleur y est suffocante, et la nuit il y fait glacial.
Dans le désert, rien ne peut subsister. Lorsqu'un homme se trouve dans le désert, il est déconnecté de tout.
L'homme doit prendre conscience qu'il n'y a rien d'autre dans ce monde que la Torah et l'attachement à Hachem. Rien d'autre!
Le désert représente le détachement de ce monde, car pour servir Hachem, il faut se détacher complètement de ce monde, ne dépendre d'aucune chose matérielle, comprendre que nous y sommes des étrangers, provisoires, temporaires.

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+ Briser le rocher = introduire la divergence d'opinion entre les Sages sur la Torah :

-> "Moché leva sa main et frappa le rocher avec son bâton à 2 reprises, des eaux abondantes jaillirent" ('Houkat 20,11)

-> Le Zohar (tikouné Zohar 21, 44a) enseigne :
"De ce rocher, ne sont sorties que quelques gouttes d'eau de Torah. C'est parce que Moché frappa le rocher avec son bâton à 2 reprises que seules quelques gouttes de paroles de Torah en sont sorties, un peu par-ci et un peu par-là ...
Si Moché n'avait pas frappé le rocher, le peuple d'Israël, les Tanïm et les Amoraïm n'auraient pas connu de difficulté dans la Torah orale qui est représentée par le rocher (séla - סלע) ...
Et l'eau de la Torah serait sortie dans l'abondance, sans se tarir, sans question et sans désaccord, comme il est écrit à propos de la Présence divine : "Ma parole n'est-elle pas comme un feu, déclare Hachem, et comme le marteau qui fait voler en éclats le rocher?" (Yirmiyahou 23,29).
Par l'intermédiaire de ces paroles de feu, c'est-à-dire la Torah orale, la Présence divine auraient été continuellement dans la bouche d'Israël.
Or, la Torah orale est incarnée par le rocher (séla - סלע) car ce terme est composé des mêmes lettres que על ס que sont les 60 traités du Talmud." [samé'h = valeur de 60]
[על ס (al samé'h - litt. à propos des 60) se réfère aux 60 traités du Talmud]

-> Le Shvilé Pin'has commente :
Nous apprenons de ce passage du Zohar que lorsque Hachem dit à Moché : "Vous parlerez au rocher devant leurs yeux et il donnera de ses eaux" ('Houkat 20,8), Il souhaitait en réalité que jaillisse une abondance de Torah, qui est comparée à l'eau, comme l'enseignent nos Sages : "Il n'y a pas d'eau si ce n'est la Torah" (guémara Baba Kama 17a).

De plus, le Zohar explique que le mot סלע (séla - rocher) est une allusion aux 60 traités de la Torah orale qui viennent éclaircir la Torah écrite dans le but d'écarter le moindre doute dans la façon d'accomplir les commandements.

Ainsi, lorsque le Créateur dit à Moché : "Tu feras sortir pour eux de l'eau du rocher" ('Houkat 20,8), son intention était de faire jaillir une grande quantité "d'eau de Torah" afin que les lois puissent s'établir dans une clarté totale par le biais de la Torah orale.
Ainsi, si Moché avait uniquement parlé au rocher, l'abondance de Torah qui serait sortie aurait été telle qu'il n'y aurait subsisté aucun doute ni aucun désaccord dans l'interprétation de la Torah orale ...
Mais après avoir frappé le rocher, seule une infime quantité d'eau de Torah en sortit et par conséquent les désaccords, les discussions et les doutes entre les Sages de la Torah orale se sont multipliés.

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=> Tentons d'approfondir les paroles du Zohar. Pourquoi la Torah orale est-elle comparée à de la roche qu'il faut briser pour en extraire de l'eau?

-> Rabbi 'Haim Vital (chaar amitsvot - Vaét'hanan) dit au nom de son maître le Arizal :
"J'ai vu mon maître décupler ses forces comme un lion au moment d'étudier la halakha, jusqu'à ce qu'il transpire d'une façon très abondante. Je lui ai demandé pourquoi il fournissait tant d'efforts? Il me répondit que c'est uniquement de cette façon, en étudiant intensément et en profondeur la loi que l'on parvient à briser les klipot que sont les questions d'ordre halakhique. Ces questions empêchent la compréhension pure et les réponses sont accessibles seulement à travers la difficulté de l'étude."

-> Le Shvilé Pin'has commente :
Il ressort de cet enseignement que les questions présentes dans la halakha sont essentiellement dues aux klipot qui empêchent d'atteindre la clarté substantielle de la Torah.
Lorsque l'homme investit toutes ses forces pour approfondir et répondre aux questions, il brise les klipot. Il faut expliquer que le terme "klipot" désigne les forces de touma et signifie littéralement "écorces".
De la même façon qu'il est impossible de manger un fruit aussi bon soit-il sans en retirer l'écorce, ainsi en est-il pour la Torah qui est un fruit pur et délicieux dont la douceur dépasse l'entendement. Il faudra pour se délecter de son fruit, en retirer les klipot par nos efforts soutenus.

À présent, nous pouvons comprendre pourquoi la Torah orale est comparée à la solidité de la roche car elle fait allusion aux klipot qui sont aussi dures que la pierre et empêchent l'homme d'en extraire l'eau de la Torah, qui est la Torah orale.
Lorsque Hachem ordonna à Moché et Aharon : "Tu feras sortir pour eux de l'eau du rocher" ('Houkat 20,8), son intention était de soumettre les forces d'impureté que sont les klipot, qui sont dures comme de la roche, afin de pouvoir faire jaillir de l'eau en abondance de la Torah orale, comme ce sera le cas à l'avenir où les forces de la klipa seront annulées du monde et ainsi "ils n'auront plus besoin de s'instruire mutuellement en disant : reconnaissez Hachem! Car tous Me connaîtront du plus petit au plus grand, dit Hachem" (Yirmiyahou 31,33).

Cependant, en frappant le rocher une première fois, Moché n'a pas soumis complètement les forces de la klipa et c'est la raison pour laquelle très peu d'eau en est sortie, "quelques gouttes par-ci et quelques gouttes par-là" = entrainant de nombreux doutes, et multipliant les points de vue des Sages de la Torah.

-> "Ce sont les eaux de la discorde où se querellèrent les enfants d'Israël" ('Houkat 20,13)
Rabbi Natan Shapira (Mégalé Amooukot) explique ainsi ce verset :
Si Moché était entré en terre d'Israël, il n'y aurait jamais eu de divergence d'opinion dans la Torah. Seulement après avoir frappé le rocher, ces divergences se sont multipliées parmi les Sages de la Torah et c'est le secret du verset : "C'est pourquoi on appela ce lieu "le rocher de la discorde/désaccord [parmi les Sages en Torah]"." (Chmouël I 23,28).

Ainsi, le rav Shapira explique également que c'est le secret du verset : "Ma parole n'est-elle pas comme un feu?" (Yirmiyahou 23,29) = s'il en est ainsi, les paroles de la Torah auraient dû être comprises par tous, de la même manière, sans divergences d'opinion ni doutes.
Cependant : "comme le marteau qui fait voler en éclats le rocher" = parce que Moché frappa le rocher avec son bâton comme un marteau (patich - פטיש) qui a la même valeur numérique que les termes bâton Moché (maté Moché - מטה משה) soit 993, cela entraîna des désaccords entre les Sages de la Torah.

Rabbi Natan Shapira poursuit son enseignement : nous pouvons expliquer la raison profonde pour laquelle Moché Rabbénou désira tant entrer en terre d'Israël. Il vit par prophétie au Mont Sinaï que se multiplieraient les divergences dans la Torah orale entre Hillel et Chamaï (משה = ma'hlokét Hillel Chamaï & akol cham'ou miSinaï).
Ainsi, Moché pria de toutes ses forces pour entrer en Terre promise et que les divergences d'opinion cessent de se multiplier par le mérite de la sainteté de la terre d'Israël.
Ceci pour que ne subsiste qu'une seule Torah et un seul jugement pour Israël.

-> Le Shvilé Pin'has conclut :
L'intention de Moché était incontestablement au Nom du Ciel. Cependant, celle du Maître de l'univers était de protéger à l'avenir les bn" Israël. En effet, si Moché était entré en terre d'Israël et avait construit le Temple, ce dernier aurait été indestructible par le mérite de sa sainteté et Hachem n'aurait pas pu déverser Sa colère sur le bois et les pierres qui le constituaient mais sur les Bné Israël.
La destinée d'un Juste est aussi insondable qu'elle est précieuse pour le peuple d'Israël car par ses mérites, nous survivons sans le savoir à des décrets célestes de stricte rigueur.

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