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"Toute l'assemblée se souleva, émit sa voix ; le peuple pleura cette nuit-là ..." (Chéla'h Lé'ha 14,1)

A leur retour, les explorateurs semèrent la peur au sein du peuple.

Une des questions fondamentales qui se pose est pourquoi furent-ils si effrayés? Cela faisait plus d’un an qu’'Hachem réalisait pour eux de merveilleux miracles quotidiennement.
La manne tombait du ciel, un puits les accompagnait, ils étaient protégés par les nuées de Gloire. Pourquoi n’ont-ils pas placé leur confiance en Hachem qui leur réalisait des miracles au jour le jour?

-> Le Noam Elimélé'h (rabbi Elimelé'h de Lizensk) explique que l’homme s’habitue à tout.
Certes, Hachem fit pour Israël des prodiges remarquables, mais ces miracles se produisaient déjà depuis plus d’un an. Ils s’en sont déjà accoutumés!
L’effet d’émerveillement qu’ils devaient opérer dans le cœur du peuple a déjà eu le temps de s’altérer. A la limite, c’est s’ils voyaient à présent le blé pousser de la terre qu’ils y discerneraient un miracle.
La perception de tous les miracles a cessé d’impressionner le peuple qui fut apeuré par la description des explorateurs.
=> Même la plus grande merveille, si elle se produit régulièrement, elle perdra tout son effet. Il n’y a pas plus grand miracle que la nature. Mais l’homme n’y voit plus l’œuvre du Créateur du fait de sa répétition constante.

-> Le rav Moché Feinstein explique qu’il n’est pas suffisant de vivre les miracles pour avoir une foi suffisante. Il faut en plus effectuer des efforts importants pour intégrer profondément le miracle et ne plus être un simple spectateur des Prodiges Divins.
Certes, le peuple voyait des miracles à longueur de journée, mais il leur manquait tout ce travail et ces efforts pour ancrer durablement la foi dans leur cœur. Ainsi, la crainte des géants, de l’énormité des fruits, ... a eu raison de leur confiance en Hachem.
Leur foi n’étant pas intégrée par un travail personnel, ils la perdirent lorsqu'ils perçurent un danger auquel ils n’étaient pas habitués.

-> Le rabbi de Loubavitch explique que certes, le peuple était toujours conscient et sensible aux miracles d’Hachem, cependant les juifs pensaient que ces merveilles étaient liées à l’état surnaturel de la vie dans le désert. C’est là qu’Hachem transcende les règles de la nature et n’est pas affecté par celles-ci.
Mais quand les juifs rentreront en Terre d’Israël, ils devront alors commencer à mener une vie naturelle. Tous les miracles cesseront et la nature prendra le relais. C’est ici que se situait la peur des explorateurs.
S’il est vrai qu’Hachem peut réaliser tous les miracles qu’Il souhaite, malgré tout, c’est Lui-Même qui a décidé de cesser les miracles et d’enclencher le mode naturel par l’entrée en Terre d’Israël.
Et là, une fois placés sous la direction naturelle des choses, ils ne pourront plus en sortir vainqueurs. Naturellement, la bataille était perdue d’avance. Hachem Lui-Même les placera sous les règles de la nature en Terre Sainte, et selon ces règles ils ne pourront que perdre.
=> L’erreur de ce raisonnement est qu'Hachem n’est pas limité par cela. Il pourra leur donner une victoire surnaturelle, même s’Il dirige les événements selon les voies naturelles.

Ce qui montre encore plus Sa Force est qu’Il peut diriger les événements naturellement, tout en accordant une victoire surnaturelle à Son Peuple.
C’est le surnaturel qui se vêtit dans des apparences naturelles. Là est Sa Grandeur.
Il ne subit aucune limite ni aucune contrainte. Il n’est pas obligé de neutraliser la nature pour faire des miracles. Ses Merveilles se manifesteront en même temps que la nature s’appliquera!

-> Le Messekh ‘Hokhma explique que les juifs pensaient que tous les miracles dans le désert ont été produits par la force spirituel de Moché.
Mais, le peuple savait que Moché n’allait pas les faire entrer en Terre Sainte. Les 2 prophètes Eldad et Médad ont déjà annoncé que Moché allait mourir et Yéhochoua allait les faire entrer en Israël.
Mais alors, les juifs pensaient que la mort de Moché allait être synonyme de la fin des miracles. Sans Moché, Hachem n’allait plus leur réaliser toutes ces merveilles. Ils en ressentirent donc de la peur car dans ces circonstances, la victoire n’était plus assurée.
=> D'où cette crainte qu’ils ressentirent malgré tous les miracles qu’ils vivaient jusqu'à présent.

-> Le rav Ayzik Cher explique que les explorateurs craignaient que pour mériter les miracles de la conquête du pays, il faudra être constamment attaché à Hachem.
Le niveau de piété et d’élévation morale devaient être très haut. Une faute minime ou un petit écart dans l’attachement à Hachem pouvaient leur faire perdre l’indulgence Divine et la victoire pouvait être compromise.
Pour eux, l’exigence morale à laquelle se conformer était tellement élevée qu’ils craignaient ne pas pouvoir être à la hauteur. Ils perdraient alors le mérite de bénéficier des miracles d'Hachem et ne sauraient obtenir la victoire.

Les miracles du désert ne pourront donc pas servir de gage pour assurer les miracles lors de la conquête du pays.
Le devoir de perfection est beaucoup plus important en Terre d’Israël que dans le désert. La Torah ne dit-elle pas que ce pays "vomit" ceux qui commettent des fautes?
Les explorateurs étaient emplis de la crainte de ne pas être suffisamment à la hauteur pour mériter de vivre en Israël et de réussir la conquête.
Ce qu’ils redoutaient tant c’est que le moindre écart allait les priver du Secours Divin.

[dvar Torah du rav Mikaël Mouyal]

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