"Yaakov resta seul" (Vayichl'ah' 32,25)
-> L'ange attaqua Yaakov alors qu'il était "seul", qui se dit : "lévado" (לְבַדּוֹ).
D'après le rav Israël Sim'ha Schorr, cela fait allusion aux mots : "én od milévado" (אין עוד מלבדו).
L'ange attaquait Yaakov sur son attachement au fait qu'il n'y a rien d'autre qu'Hachem.
Il essayait de briser ce pouvoir de reconnaître la vérité de l'unicité d'Hachem et de toujours garder un lien avec Lui.
[le yétser ara ne voulait pas que Yaakov transmettre cette arme surpuissance à ses descendants.
En effet, on peut citer :
- Selon la guémara (‘Houlin 7b), celui qui concentre ses pensées sur le verset : "Hachem est D., il n’y a rien en dehors de Lui (Hachem ou aElokim én od milévado – Vaét’hanan 4,35), se trouve protégé contre les forces du mal.
- Le rav ‘Haïm de Volozhin (Néfech ha’Haïm 3,12) dit que lorsque l’on est persuadé que : "en od milévado" (que rien n’existe de façon indépendante à D.), alors on se place dans une bulle protectrice et rien ne peut nous nuire.]
-> "un homme lutta avec lui" (v.25)
Le terme "vayivatér" (lutta) a pour racine : "avak" (poussière).
Rachi ajoute : ils faisaient jaillir, par leurs mouvements, de la poussière sous leurs pieds.
Mais la poussière avait également un réalité spirituelle, la guémara (‘Houlin 91a) dit que lorsque Yaakov se battait contre l’ange, la poussière de leur bataille s’élevait jusqu’au Trône Divin.
Certains commentateurs expliquent que Yaakov se battait contre son yétser ara, et l’odeur agréable de cette lutte s’élevait vers Hachem et Lui amenait de la satisfaction.
Ainsi, lorsque nous nous battons contre notre yétser ara, il faut se focaliser sur le positif : nous renforçons la gloire de D. dans ce monde, et chaque miette d’effort que nous faisons s’élève jusqu’à Hachem et Lui apporte une satisfaction énorme, …
Certes c’est fatiguant de lutter contre notre yétser ara, mais plus on y mettra d’efforts, plus cela sera apprécié par D., et plus cela grandira encore davantage Son Nom!
[lorsqu'il y a une tempête de sable, d'un côté cela signifie que beaucoup de sable s'élève, mais d'un autre côté il y a un flou, un manque de visibilité global.
De même dans notre vie, notre yétser nous fait remarquer à quel point il fait sombre, à quel point c'est la tempête dans notre vie, afin de nous déprimer. Mais nous devons avoir en tête qu'en fait certes c'est dur, mais nous envoyons plus de poussières spirituelles à Hachem, et donc nous lui donnons une satisfaction, un plaisir tellement plus important. Nous pouvons être fiers de nous!
C'est un peu le message de 'Hanouca : c'est dans nos moments les plus sombres que nous avons la capacité d'illuminer le plus possible le monde de la grandeur d'Hachem.]
-> "Voyant qu'il ne pouvait le vaincre, il lui pressa la cuisse ; et la cuisse de Yaakov se luxa tandis qu'il luttait avec lui" (v.26)
Le rav Israël Sim'ha Schorr dit que l'ange l'a frappé pour le blesser spirituellement.
Pourquoi précisément à la cuisse?
C'est le membre qui permet de se prosterner, de s'incliner.
Ainsi, en touchant la cuisse il voulait affecter la capacité des juifs à se soumettre totalement devant la Volonté d'Hachem.
[l'idée est qu'une petite déviation, baisse, dans notre service Divin, risque d'entraîner au fil des générations une baisse énorme du judaïsme, au point de voir s'égarer certains de nos descendants.
Ainsi, un parent, un enseignant, doit voir en l'enfant face à lui les milliers de personnes que constituent sa descendance, et nous devons donc s'investir au maximum pour lui transmettre la grandeur et l'importance de se soumettre à la volonté de D.
Conscient de cela, le yétser ara nous fait baisser la garde, et avec le temps les dégâts sont énormes!]
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-> Le rav David Pinto (paracha Balak - la voie à suivre n°631) enseigne :
Quand l’ange tutélaire d’Essav a choisi de frapper Yaakov à la hanche, il faut dire qu’il avait une intention particulière en cela qu’il a choisi de le blesser à la jambe, parce qu’on accomplit avec les jambes de nombreuses mitsvot qu’il est impossible d’accomplir sans elles.
Ceux qui sont zélés accomplissent les mitsvot le plus tôt possible au moyen de leurs jambes, c’est pourquoi il l’a frappé à la jambe pour faire entrer en lui la paresse dans l’exécution des mitsvot, afin qu’il ne puisse pas se dépêcher d’aller les accomplir.
En effet, le mot "tsolea" (boiteux) évoque le mot "atslout" (paresse), et si par malheur Yaakov était resté boiteux, la paresse serait restée pour toutes les générations, et les bné Israël auraient accompli les mitsvot de façon imparfaite, sans préparation, car les actes des pères sont un signe pour les enfants (guémara Sota 34a).
C’est pourquoi quand l’ange a demandé à Yaakov de le renvoyer car l’aube était venue, Yaakov a répondu : "Je ne te renverrai pas avant que tu ne m’aies béni", c’est-à-dire que tu aies annulé la paresse que tu voulais introduire en moi.