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Souccot – Quelques enseignements

+ Souccot - Quelques enseignements :

1°/ Pourquoi Soucot tombe pendant le mois de Tichri, immédiatement après Yom Kippour?
Le Alshich haKadoch (Emor 23,33-34) présente l'approche suivante :
Bien que notre monde tienne sur "l’étude, la avoda (le service au Temple) et le 'hessed (la bonté)" (Pirké avot 1,2), chacun de ces 3 piliers est apparu progressivement dans l'histoire du monde.
Le midrach (Bamidbar rabba 12,12) rapporte que du moment où Hachem a créé le monde jusqu'au don de la Torah au mont Sinaï, le monde a existé uniquement par la bonté Divine.
Après le don de la Torah, le monde a reçu un 2e pilier, celui de la Torah.
La terre était toujours instable jusqu'à ce que le Michkan soit construit et que le service du Temple soit établi.

Ces 3 piliers sont représentés dans le cycle des fêtes juives durant l'année :
- Pessa'h correspond aux actes de bonté, puisque les juifs n'étaient pas dignes d'être délivrés (étant arrivés au 49e niveau d'impureté sur 50), et ils ne sont sortis d'Egypte que grâce à l'énorme bonté d'Hachem.
Le Alshich haKadoch note que puisque Hachem nous a délivrés à Pesa'h par Sa bonté, nous suivons son exemple en commençant le Séder par un acte de bonté, en invitant toute personne dans le besoin à se joindre à nous. En effet, au début de la Haggada, nous disons : "kol dikhfin yité véyékhol" (que tout celui qui a faim, vienne et mange!).
- Shavouot est le moment où le monde a reçu un 2e pilier, celui de la Torah ; mais le monde était instable en raison de l'imperfection de l'homme à vivre selon la Torah.
- Souccot a lieu après Yom Kippour, lorsque les juifs reçoivent leur expiation et ont alors reçu l'ordre de construire le Michkan, le lieu du service du Temple (avoda).

=> De même qu'à Souccot nous célébrons la fin de la saison des récoltes, de même elle symbolise l'achèvement harmonieux de l'homme dans les domaines spirituels.
Souccot est l'apogée des 3 fêtes (chaloch régalim), et c'est ainsi approprié de la célébrer une fois que le monde a atteint la perfection par le bais de la Torah, de la Avoda et des actes de bontés.

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-> L'Alter de Kelm (Ohr Rashaz - Bamidbar) donne une autre raison pour laquelle Souccot suit immédiatement Yom Kippour.
Il explique qu'on ne peut pas maintenir le niveau de pureté que l'on a atteint à Yom Kippour à moins de réussir à voir ce monde comme un lieu temporel.
[nos Sages nous conseillent d'avoir en tête le jour de notre mort, pour mieux appréhender qu'ici tout est éphémère, et que ça sert à rien de se prendre la tête puisque nous ne sommes que de bref passage, et qu'il vaut plutôt mieux se prendre la tête pour améliorer notre monde éternel.]
Puisque cela est difficile pour une personne ordinaire d'y parvenir d'une manière générale, la Torah nous ordonne de s'asseoir temporairement dans une Soucca pendant 7 jours.
Bien que nous puissions par moment revenir à voir le monde matériel comme étant permanent, la Soucca sert chaque année comme un mécanisme de sécurité pour nous assurer que nous ne vivions pas constamment d'une manière matérialiste.

[d'une certaine façon, on peut ajouter que la chose qui fait tomber l'homme dans la faute, c'est le manque de joie. C'est pourquoi juste après Yom Kippour, nous avons Souccot qui est notre rappel annuel où l'on se rend compte qu'avec le triste nécessaire on peut avoir énormément de joie, on se rend compte que plus on donne de l'importance au matériel plus on est perpétuellement à la recherche d'un nouveau plaisir, sans apprécier le moment présent.
Ainsi, Souccot (zman sim'haténou) injecte en nous une vision de la vie pleine de joie : nous sommes reconnaissants et apprécions ce que nous avons, nous apprécions des moments de proximité avec nos proches, avec Hachem, nous ressentons à quel point c'est agréable d'être juif, d'étudier la Torah, ...
Le bonheur est déjà en nous, à notre portée, alors pourquoi passer notre courte vie à le rechercher à l'extérieur de nous!
Souccot développe notre joie de vivre, notre reconnaissance et par là nous offre une super protection pour ne pas tomber dans la faute. ]

-> b'h, de belles explications à voir également : http://todahm.com/2014/10/23/et-juste-apres-kippour-cest-souccot

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2°/ "Tu fêteras ces sept jours [de Souccot] ... et tu seras seulement joyeux" (Réé 16,15)

-> Rachi commente : Selon le sens littéral, ce n’est pas un ordre mais une promesse.

-> Abarbanel dit que si quelqu'un atteint une véritable joie pendant Souccot, alors il est assuré qu'il sera joyeux toute l'année à venir.

Abarbanel (Réé 16,13) écrit :
"Car c'est la nature de la réalité. La personne qui est contente de ce qu'elle a va parvenir au bonheur et à la joie. Et celui qui soupire et qui se plaint sans aucune raison, aura de quoi se plaindre tous les jours.
C'est pourquoi la Torah nous demande : "et tu seras seulement joyeux" pendant Souccot.
La Torah nous assure que si on se réjouit et qu'on célèbre la fête de Souccot, alors on sera content et joyeux pendant toute l'année.
Mais si on est malheureux au début de l'année [juive], alors ainsi sera notre lot [pour le restant de l'année]."

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3°/ Le Gaon de Vilna ('Houmach haGra - Emor 23,34) enseigne :
- "Car, au jour du malheur, il m’abriterait sous sa Soucca" (ki yitspénéni bésoucco béyom raa - Téhilim 27,5) = c'est une référence la mitsva de la Soucca. Par le mérite de s'asseoir dans la soucca, on est protégé des dangers qui survienne dans la vie.
- "il me cacherait dans la retraite de sa tente" (yastiréni, bésséder aolo - Téhilim 27,5) = c'est une référence à la cérémonie de la Arava. Les larges branches d'Arava encerclaient l'autel, le cachant partiellement de notre vue.
Cela sert à une autre forme de protection : de cacher Israël (les juifs) des yeux de leurs ennemis.
- "il me ferait monter sur un rocher" (bétsour yéroméméni -Téhilim 27,5) = c'est une allusion à la cérémonie de la libation des eaux. Hachem a une puissance illimitée, comme Il l'a démontré dans le désert lorsque "Il a changé le rocher en une nappe d’eau, le granit en sources jaillissantes" (Téhilim 114,8). Cela indique qu'Hachem va toujours nous fournir notre nourriture dans nos moments de besoin.

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4°/ Les sacrifices de Souccot :

-> Les 70 taureaux apportés en sacrifice à Souccot correspondent aux 70 nations du monde, et ils servent également à expier les fautes impliquant une profanation du Temple et des offrandes sanctifiées. (guémara Soucca 55b)

=> Quel est le lien entre ces 2 concepts en apparence sans aucun rapport?

-> Le Messekh 'Hokhma (Pin'has 29,19) commente que l'essence du sanctuaire n'est pas l'édifice physique à Jérusalem, mais il s'agit des juifs eux-mêmes, comme il est écrit : "Ils [les juifs] sont le sanctuaire d'Hachem" (Yirmiyahou 7,4).
Lorsque les nations du monde influencent négativement le peuple juif, ils sont en réalité en train de profaner le sanctuaire d'Hachem
Les juifs sont si proches d'Hachem pendant Souccot qu'ils sont capables de se débarrasser de toutes les influences non-juives.
En agissant ainsi, ils parviennent non seulement à leur propre rectification, mais également à la rectification de toutes les autres nations.

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-> A Souccot, le nombre d'offrandes de taureaux diminue progressivement chaque jour, alors que le nombre d'offrandes d'agneaux reste constant tous les 7 jours de la fête, soit 14 agneaux sacrifiés en totalité.

Le rav Biyamin Wurzburger rapporte l'explication suivante :
Les puissants taureaux représentent les nations puissantes du monde, tandis que les agneaux doux représentent les juifs, et le nombre de 14 a la même valeur numérique que le mot : "yad" (main - יד).
Le total de 14 offrandes d'agneaux offertes pendant Souccot suggère que la "Main" d'Hachem est constamment sur le peuple d'Israël, le protégeant des nations qui se lèvent constamment contre eux.

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5°/ La libation des eaux :

-> La mitsva de "nissoukh hamayim" (libation des eaux) était réalisée au Temple pendant Souccot.
La guémara (Taanit) rapporte que dans les versets relatifs aux offrandes du 2e, 6e et 7e jour de Souccot, on trouve des lettres qui semblent superflues, et il s'agit de : מ et du ' et du מ, ce qui forme le mot : "mayim" (eau - מים).
On peut noter que ces 3 jours : 2e (2e lettre = bét), 6e (6e lettre = vav) et 7e (7e lettre = zaïn), forment le mot : "bouz" (dédain/mépris - בוז).

=> Quel est la signification de ces 2 mots : "bouz mayim"?

Le Aziral (cité dans le 'Hasdé David - Tossefta Soucca 3,6) commente que ces 2 mots font allusion à ce verset : "Des torrents d'eau (מַיִם) ne sauraient éteindre l'amour ... Quand un homme donnerait toute la fortune de sa maison pour acheter l'amour, il ne recueillerait que dédain (בּוֹז)" (Chir haChirim 8,7).

Le Maharal (Gour Aryé - Bamidbar 29,18) explique que les nations sont comparées à "mayim rabim" (des torrents d'eau), et la libation des eaux à Souccot apporte du mérite aux nations (de même que les 70 sacrifices de taureaux amenés à Souccot pour le mérite des 70 nations non-juives du monde).
Les nations pensent à tord que puisque ces sacrifices sont offerts en leur honneur, elles vont grâce à cela réussir à éteindre l'amour entre Hachem et le peuple juif.
Ce verset de Chir haChirim fait ainsi allusion que "les torrents d'eau" [les nations non-juives] ne réussiront pas à éteindre l'amour entre Hachem et les juifs.

[on comprend mieux la joie de cette cérémonie de libation des eaux, par laquelle on témoigne et renforce en nous la réalité que rien ne pourra éteindre l'amour infini que Hachem a pour nous!]

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6°/ Souccot est rapporté dans la Torah : "Uniquement (akh - אַךְ) le 15e jour du 7e mois, quand vous aurez rentré la récolte de la terre, vous fêterez la fête d'Hachem (Souccot), qui durera 7 jour" (Emor 23,39)
=> Pourquoi ce verset commence-t-il par le terme apparemment superflus : "uniquement"?

Le Panéa'h Raza apporte les explications suivantes :
- Le terme "uniquement" vient opposer la joie de Souccot à celle des autres fêtes juives.
Pessa'h et Shavouot ont lieu à un moment où les récoltes sont encore dans les champs, et puisqu'une personne est préoccupée par ses récoltes, sa joie ne peut pas être complète (ex: est-ce qu'il y aura un sécheresse? est-ce qu'il y aura de la grêle qui va tout ruinée?).
Puisqu'à Souccot, les récoltes sont déjà moissonnées et stockées en toute sécurité, on peut pleinement s'adonner à se réjouir pendant cette fête.

- Le mot "akh" (אַךְ) peut être traduit comme un gémissement (cf. midrach Béréchit rabba 32,11).
A Souccot, la joie d'une personne peut être réduite par le fait de devoir quitter sa confortable maison et de devoir résider dans une cabane primitive au début de la saison des pluies.
La Torah reconnaît ce défi (comme en témoigne le "akh"), et nous encourage à malgré tout aller dans la Soucca avec joie, en l'honneur d'Hachem.

- Le mot "akh" (אַךְ) a une guématria de 21.
C'est une allusion aux 21 jours de cette période qui démarre à Roch Hachana et qui se conclut à Hochana Rabba.
Nos Sages voit dans ce mot apparemment superflu : "akh" (uniquement - אַךְ), une notion d'exclusion. Le 21e jour, Chémini Atsérét, est à considérer comme une fête à part, qui ne fait pas partie de cette unité de 21 jours en allusion dans ce verset.
[il y a Roch Hachana, il y a Yom Kippour, il y a Souccot et il y a Hochana Rabba. Ce qui souligne à nos yeux que c'est également un grand jour! ]

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7°/ Le retour des fêtes perdues :

=> Pourquoi certains ont-ils la coutume de ne pas réciter les ta'hanoun d'après Yom Kippour à la fin du mois de Tichri?

Le 'Hida ('Haïm Sha'al 2,35) explique la base de cette coutume :
Le midrach (Yalkout Chimoni - Pin'has 782) rapporte que Hachem avait initialement l'intention que chaque mois d'été ait sa propre fête.
Nissan a reçu Pessa'h, Iyar a reçu Pessa'h Katan, et Sivan a reçu Shavouot.
Pour Tamouz, D. voulait lui donner un "grand Yom tov", mais lorsque les Bné Israël ont fauté avec le Veau d'or, Hachem s'est retenu de leur donner une fête pour les 3 mois suivants cette faute du Veau d'or (soit en Tamouz, en Av et en Elloul).
Après que les juifs aient été pardonnés pour la faute du Veau d'or, Hachem a retourné les 3 fêtes qui avaient été prises, et il a octroyé : Roch Hachana, Yom Kippour et Souccot, et les a établi pendant le mois de Tichri.
Hachem dit : "Est-ce que le mois de Tichri doit recevoir uniquement les fêtes qui ont été prises aux autres mois, et ne pas recevoir de fête pour lui-même?", [comme il est écrit], "le 8e jour sera un Atsérét pour vous" (Pin'has 29,35).

Si on se dispenserait de ne lire pas les ta'hanoun de Yom Kippour à Souccot, on attribuerait cela à la joie de la fête de Souccot qui arrive.
Mais en omettant de lire les ta'hanoun de Yom Kippour à la fin du mois de Tichri, cela indique une raison supplémentaire de se réjouir : c'est également le fait que Hachem a rendu les 3 fêtes manquantes à en ce mois.

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8°/ Gog et Magog :

La haftara qui est lue pendant le Shabbath de Souccot traite de la guerre de Gog et Magog qui se déroulera avant l'arrivée du machia'h (guémara Méguila 31a).

=> Pourquoi la guerre de Gog et Magog est-elle lue spécifiquement à Souccot?

- Il y a une tradition que la guerre de Gog et Magog aura lieu à Souccot.
C'est pourquoi nous lisons une haftara décrivant la guerre qui aura lieu à ce moment.
[rav Ovadia de Barténoura (Méguila 3,5)]

- La valeur numérique de גוג ומגוג (Gog ouMagog) est de 70, qui est une allusion aux 70 [racines de] nations du monde. [midrach Tan'houma - Kora'h]
Pendant la guerre de Gog et Magog, toutes les nations du monde vont s'unir pour faire la guerre contre Israël.
En ce sens, rabbi 'Haïm Vittal (Eitz 'Haïm - Chaar haLoulav - chap.5) écrit que la chute finale de Gog et maGog va avoir lieu à Hochana Rabba.
Durant la fête de Souccot, on amenait 70 taureaux en sacrifices au Temple, en correspondance avec les 70 nations (non-juive) dans le monde. A Hochana Rabba, qui est le dernier jour de Souccot, l'offrande des 70 taureaux est terminée.
Cela symbolise le fait que Israël va vaincre les 70 nations pendant la guerre de Gog et Magog, et uniquement la nation juive restera, qui est représentée par l'offrande de un seul taureau qui est amenée à Chémini Atséret (Yalkout Yachar).

Les personnes des nations ennemies qui se repentiront et survivront à la guerre finale de Gog et Magog, viendront à Jérusalem chaque année, comme il est écrit : "Et quiconque aura survécu, parmi tous les peuples qui seront venus contre Jérusalem, devra s'y rendre chaque année pour se prosterner devant le Roi, Hachem, et pour célébrer la fête de Souccot" (Zé'haria 14,16).

- Rabbi Shimshon Raphaël Hirsch (Bamidbar 29,13) note que "Gog" est relié au mot hébreu : "gag" (toit - גג). Un toit a la particularité de nous protéger des influences du ciel comme la pluie et le soleil. Cela fait allusion à l'homme qui s'imagine indépendant de D.
Le symbole du toit fixe d'un bâtiment vient donc en totale opposition avec le toit faible de la Soucca.
Une Soucca, qui est recouverte par de maigres branches (on doit pouvoir voir le ciel), symbolisent notre dépendance à Hachem.
Ainsi, la bataille de Gog est celle du "toit" contre la "Soucca", et ceux qui croient dans la capacité de l'homme de manipuler la nature vont essayer d'éradiquer les juifs, dont l'existence vient du fait de placer sa confiance en la protection d'Hachem avec joie et sérénité.

Rabbi Shimshon Raphaël Hirsch fait remarquer qu'en grammaire hébraïque, le préfixe "mém" exprime l'idée de projeter quelque chose. Par exemple, "or" (lumière) -> "maor" (un luminaire, un corps céleste projetant de la lumière).
Ainsi, "gog" représente la philosophie que l'homme peut agir tout seul, en indépendance avec Hachem, et "Magog" est cette tentative de projeter cette philosophie dans le monde.

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