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"Kora’h, fils de Yits'ar, fils de Kéhat, fils de Lévi, prit …" (Kora'h 16,1)

-> "Que prit-il?
Il a prit la vérité" [midrach Pliya 182]

Que signifie ce midrach?

Les lettres du mot אמת (vérité - émet) correspondent à : אליצפן (Elitsafan) ; מקושש (mékochéch) et תכלת (té'hélét).
C'est à partir de ces 3 sujets que Kora'h a commencé la dispute.

1°/ Elitsafan : Kora'h pensait qu'il devait être choisi comme nassi avant Elitsafan.

[Rachi : Quelle raison a-t-elle poussé Kora'h à se quereller avec Moché ?
Il a pris ombrage de la nomination d'Elitsafan fils de 'Ouziel, que Moché avait, sur ordre divin, désigné comme prince (nassi) sur les enfants de Kéhat.

Il s’est dit : "Mon père et ses frères étaient au nombre de 4, comme il est écrit : "Et les fils de Kéhat : 'Amram et Yits'ar et 'Hèvron et 'Ouziel" (Chemoth 6, 18).
Les fils de 'Amram (Moché et Aharon), qui était l’aîné, ont recueilli 2 dignités : l’un est devenu roi et l’autre grand prêtre. Qui aurait dû obtenir la 2e place ? N’est-ce pas moi, qui suis le fils de Yits'ar, le 2e fils après 'Amram ?
Or, c’est le fils du plus jeune des frères qu’il a désigné ! Je vais m’opposer à lui et faire invalider ce qu’il a dit! " ]

2°/ Té'hélét : selon le midrach, Kora'h demanda si un vêtement fait entièrement de té'hélét (le bleu azur) nécessitait qu'on y mette des tsitsit.

3°/ Mékochéch : Kora'h soutenait à Moché que la mort du mékochéch (l'homme qui a profané le Shabbath - cf.fin paracha précédente v.15,32) était contraire à la loi juive.

[le Binat Névonim]

En se faisant passer pour le défenseur de la vérité, Kora'h a commencé sa quête de pouvoir en menant une attaque sur ces 3 fronts.

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-> Qu'est-ce qui a poussé Kora'h à faire quelque chose de si stupide (se rebeller contre Moché et donc Hachem)?

Le 'Hida (dans son 'Hadré Béten) répond que Kora'h a placé ses yeux sur l'argent, et cela l'a poussé à se tromper si gravement.

[ "Kora'h prit" : cela fait allusion à sa soif de toujours avoir davantage, même s'il avait déjà besoin de 300 mules blanches pour porter les clés en cuir (car moins lourd que le métal) de son immense trésor (guémara Sanhérin 110a).

L'argent peut nous aveugler au point de faire ce qu'il ne faut pas faire, et ne pas faire ce qu'il nous faudrait faire!
Au final tout cette phénoménale richesse a été engloutie par la terre (avec Kora'h) sans que personne n'en profite.

De plus, tout le peuple a pris des richesses en quittant l'Egypte comme paiement pour le dur labeur de l'esclavage, à l'exception des Lévi'im qui n'avait pas travaillé.
En prenant cet énorme trésor que Yossef avait mis de côté, cela lui a été préjudiciable. ]

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-> Le rav Shlomo Margolis (Darké haChlémout) faire remarquer qu'après la faute du Veau d'or, après la faute des explorateurs, Moché a toujours prié pour leur pardon.
Cependant pour Kora'h, non seulement il n'a pas fait cela, mais il a prié pour qu'ils n'aient pas l'opportunité de faire téchouva (midrach Tan'houma Kora'h 7).
Pourquoi cela?

Le rav Margolis répond que jusqu'à présent en révélant leurs erreurs (avec amour), il y avait une possibilité qu'ils se repentent.
Mais pour Kora'h et ses hommes c'était différent, ils portaient un tallit fait en té'hélét (bleu azur).
En observant cela, Moché a vu qu'ils ont fait de Hachem leur "partenaire" dans la rébellion en se revêtant d'un voile de sainteté et des mitsvot, et il a alors compris qu'il n'y avait aucun espoir de les convaincre de leurs erreurs. Il ne restait plus qu'à prier pour leur chute.
[au vu du 'hilloul Hachem, du fait que le temps passant ils ajoutaient faute après faute, et risquaient de contaminer d'autres personnes]

=> "Kora'h prit" : il prit Hachem avec lui, pour s'en revêtir.
Il faut que nous fassions très attention dans notre vie à ne pas faire de même, en habillant du divin nos envies.
On se créé le Hachem que l'on veut afin de légitimer ce que l'on souhaite.

-> "L'homme doit servir D. et non pas se servir de D."
[rav Yigal Avraham]

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-> En remettant en question (ex: tsitsit, mézouza), Kora'h a "pris" comme arme la Torah elle-même, dont Hachem fait référence comme son : "léka'h (tov)" (son (bon) enseignement - לקח).
Ce mot (לקח) peut aussi se lire : "laka'h" (prendre).
Son erreur réside dans le fait que la Torah est d'origine divine, et qu'elle est ainsi très au-delà des capacités de réflexion humaine, qui sont elles limitées.

Les lettres du nom Kora'h (קרח) peuvent former : 'hoker (חקר - analyser).
Sa tendance à vouloir analyser les choses qui sont au-delà de ses capacités l'a amené à sa perte.

De plus, si nous comparons la guématria de Moché (משה) qui est de 345, et celle de Kora'h (קרח) qui est de 308, nous constatons que Moché a 37 de plus que Kora'h.
Cela est équivalent au mot : évél (הבל - une absurdité, un non-sens).
Moché à la différence de Kora'h comprenait et acceptait la divinité de la Torah, ne remettant pas en cause ce qui pourrait y sembler absurde.

[Rabbi David Feinstein]

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-> Selon la guémara (Yoma 38b), il est interdit de nommer un enfant du nom d'un récha.

Pourquoi le tsadik Yits'ar a-t-il nommé son fils Kora'h, qui est le nom d'un des enfants d'Essav (cf. Vayichla'h 36,5)?

Le 'Hatam Sofer est d'avis que Yits'ar s'est trompé en appelant son fils suivant le racha Kora'h (fils d'Essav), et cela à contribuer à sa chute.
Ainsi, même si ses ancêtres étaient de grand tsadikim tels que Yits'ar, Kéhat et Lévi, le fait qu’il portait le nom d’un racha a fait pencher la balance et l'a mené à la faute.

=> Cela est en allusion dans le verset (16,1), qui se traduit littéralement ainsi : "[l'influence négative du nom] Kora'h a pris [le dessus sur le fait qu'il était le], fils de Yitshar fils de Kehat fils de Levi".

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-> "Je suis très étonné à propos des tsadikim que sont les enfants de Lévi qui ont appelé leur fils Kora'h, qui était le nom d'un des chefs d'Essav.
Les Sages (guémara Yoma 38b) ne nous ont-ils pas enseigné : "Nous ne nommons pas nos enfants avec des noms de réchaïm".
Nous voyons les conséquences désastreuses de ce qui lui est arrivé. C'est pour cette raison que le verset (Kora'h 16,1) énumère son ascendance depuis Lévi pour nous enseigner que même s'il avait la force d'une corde à trois fils, il s'est malgré tout effondré rapidement car il fut nommé par le nom d'un racha.
C'est le sens de "Kora'h prit" : son nom a pris toute la sainteté qu'il avait hérité de Yitsar, de Kéhat et de Lévi."
['Hatam Sofer - drachot Kora'h]

-> Le 'Hatam Sofer (Toldot 120) écrit : "La valeur numérique du nom de Essav (עשו) est de 376 comme celle du mot Shalom (שלום) car Essav détenait l'attribut de la paix dans l'impureté. C'est la raison pour laquelle il est considéré comme haïssant la paix."

=> Par conséquent, Kora"h qui portait le nom d'un racha fut vaincu par l'influence de la klipa d'Essav qui déteste la paix. Il contesta donc le statut d'Aharon en tant que Cohen Gadol car Aharon était la quintessence de la paix du côté de la sainteté.

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-> La guémara (Sanhedrin 37a) enseigne que Adam a été créé seul car ainsi personne ne pourra dire à son ami qu'il lui est supérieur en raison du fait que son père est plus grand que le sien.
En effet, nous provenons tous du même père!
[...]
Il y a 3 partenaires dans la création d'une personne : Hachem, son père et sa mère.
Les parents fournissent les différentes parties du corps.
Hachem fournit la néchama, qui est habillée par le corps.

On ne doit jamais enorgueillir, car la généalogie de tous remonte à Adam.
Chaque personne se doit de travailler sur elle-même, sur sa néchama, qui lui a été donnée par Hachem, et ne pas regarder ses "habits" (ce qui est lié au corps) pour en tirer de l'honneur.

[le Noam Mégadim]

=> C'est une réponse à l'attitude de type "Kora'h" de se revêtir de son ascendance afin d'obtenir des honneurs.

Le rav Avraham Pam disait que l'ascendance d'une personne (le yi'hous), c'est comme plein de zéros.
Si on travaille sur soi afin d'intégrer les qualités qui ont fait de nos ancêtres de grandes personnes, alors on ajoute un 1 avec les zéros ensuite. C'est une grande richesse.

Dans le cas où l'exploitation de notre ascendance est purement extérieure à nous, alors nous avons plein de zéros avant le 1, et la valeur n'est pas très élevée.

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-> Le Yalkout Chimoni rapporte que Kora'h a vu par roua'h haKodech que le prophète Chmouël, qui était équivalent à Moché et à Aharon, allait être un de ses descendants.
Cette vision lui a joué un mauvais tour.
Il s'est dit que si autant de grandeur allait venir de lui, personne ne pourrait jamais l'anéantir, qu'il était intouchable!
Cependant, ce qu'il n'a pas vu c'est que ses enfants allaient faire téchouva (composant même des Téhilim!), et qu'ils ne vont pas être anéantis contrairement à lui.

-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï) demande à ce sujet : étant quelqu'un de très sage, comment a-t-il pu ne pas prendre en compte le fait que sa descendance pourrait faire téchouva?

Il répond que les 248 membres d'une personne vont en parallèle aux 248 mitsvot positives de la Torah.
Les yeux sont comparables à la mitsva des tsitsit (our'itèm oto).
En tournant en dérision la mitsva des tsitsit, Kora'h a entraîné la perte de sa capacité de voir, et c'est ce qui fût la cause de sa chute (puisque même ce qui est évident, il ne le voyait plus!).

-> Selon le Béer Moché, Kora'h était si perdu, qu'il pensait que la dispute qu'il avait créé était une mitsva.

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-> Sur notre verset, Rachi fait remarquer que la Torah ne remonte pas la généalogie de Kora'h jusqu'à Yaakov, car ce dernier a prié pour ne pas que son nom soit mentionné dans la révolte de Kora’h.
En quoi est-ce si important de ne pas citer le nom de Yaakov?
Hachem aime même les fauteurs, comment Yaakov peut en apparence renier totalement un de ses descendants?

En réalité, c’était une grande bonté que Yaakov a fait à Kora'h de prier pour que son nom ne soit pas mentionné dans sa révolte.

A un enfant issu d'une famille de "magouilleurs", qui va commettre un vol, on va prendre cet aspect familial comme une circonstance atténuante (vu le milieu dans lequel il a grandi, ce n'est pas étonnant).
Cependant, à un enfant issu d'une famille de tsadikim, le milieu familial va devenir une circonstance aggravante (comment a-t-il pu faire cela alors qu'il est entouré de gens de si grande valeur!).

=> Ainsi, en retirant son nom, Yaakov évite que Kora'h soit encore davantage puni, car dans sa famille directe et proche il a un Patriarche.
Bien en avance, il a tout fait pour atténuer autant que possible la potentielle punition de son descendant.

[adapté du 'Hidouché Harim]

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-> Le rav Klonymous Kalman de Krakow (Méor véChémech) écrit que l'attribut éternel associé à Yaakov est : la vérité (émet).
L'histoire de Kora'h, à son niveau le plus profond, était une bataille basée sur une logique fausse, mensongère.
Yaakov ne voulait en rien être lié avec quelque chose touchant à du mensonge, même si cela provenait de son arrière arrière petit fils.

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-> Rabbi Sim'ha Bounim de Pschischa note que Kora'h avait de magnifiques qualités, il provenait d'une famille très distinguée, était un érudit, possédait une richesse extraordinaire, ...
Pourquoi n'a-t-il pas mérité d'être un responsable?

C'est parce qu'il s'est "séparé lui-même" ; il n'a pas attendu patiemment le moment où il serait appelé à diriger le peuple.

Le Rabbi de Pschischa dit qu'il a été puni mesure pour mesure.
De même qu'il a voulu prendre le pouvoir avec son temps en se révoltant contre Hachem, de même la terre l'a englouti avant que son heure de mourir "normalement" ne soit arrivée.

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-> Nos Sages interprètent le nom de Kora’h (קֹרַח) comme étant formé des initiales de : Kina (la jalousie), Romemout (la grandeur), ‘Hemda (la convoitise), car Kora’h avait un peu de tous ces 3 défauts :
- La jalousie : il était jaloux de la grandeur et du statut de Moché et Aharon.
- La grandeur : il aspirait à la couronne de la direction du peuple à cause de l’honneur qu’elle impliquait.
- La convoitise : il convoitait et désirait un statut qui ne lui convenait pas.
Or nos Sages disent : "La jalousie, les désirs matériels et la recherche des honneurs excluent l'homme du monde" (Pirké Avot 4,21).

[d'une certaine façon il a été tellement exclu de ce monde, qu'il a été englouti avec ses possessions dans les profondeurs extrêmes de la terre.]

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+ Supplément :

Pour se rendre compte des dégâts d'une telle attitude,
-> on a au départ :
- "Kora’h était un très grand Sage et faisait partie de ceux qui portaient l’Arche" (midrach Bamidbar rabba 18,3) ;
[le Arizal note que les dernières lettres du verset : "Le juste fleurit comme le palmier" (צַדִּיק כַּתָּמָר יִפְרָח - Téhilim 92,13) forment le mot Kora’h. Ceci signifie qu’il était un juste.]
- "[Kora’h] était le plus grand homme de sa tribu [Lévi], ses frères sont considérés comme secondaires à lui" (midrach Bamidbar rabba 18,9)
- "Aharon et Kora’h étaient égaux [en grandeur]" (midrach Bamidbar rabba 18,17)

-> On arrive à un résultat final de :
- "Kora'h a renié les aspects divins de la Création du monde" (Zohar) ;
- "Kora'h a dit que la Torah ne vient pas du Ciel, que Moché n'est pas un prophète (navi), et que Aharon n'est pas un Cohen Gadol." (guémara Yérouchalmi Sanhédrin 10,1)
- "Kora'h a tourné en hérésie et a renié la Torah et toutes les mitsvot" (midrach haGadol)

=> Quel énorme gâchis!
Tâchons dans notre vie d'être à l'image de Moché et Aharon, de tout faire pour maximiser nos magnifiques potentiels en accord avec la Torah et non selon nos envies personnelles.
L'essentiel étant d'agrandir la présence de D. dans ce monde, et non notre égo.

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