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Réflexions sur le but principal des prières

+ Réflexions sur le but principal des prières :

-> Selon le Rambam (Hilkhot Téfila 1:1), une des 613 mitsvot est de prier tous les jours.

-> Nos Sages (guémara Béra'hot 32a) disent : "il faut toujours commencer par dire les louanges d'Hachem, et ensuite seulement prier."

Le Mabit (Beit Elokim) explique :
"En ce qui concerne la prière, l'homme doit réaliser avant de prier qu'il n'y a personne d'autre qu'Hachem qui soit capable de répondre à sa demande ou d'exaucer son désir, car c'est Lui qui a créé le monde, et c'est Lui qui est conscient de tout ce qui se passe.
Par conséquent, on doit d'abord louer Hachem pour affirmer qu'on réalise qu'en raison de Sa louange et de Sa grandeur, du fait qu'Il contient le monde et n'est pas contenu par lui, il convient de ne prier que Lui, car c'est Lui qui rend l'homme pauvre ou riche, qui abaisse et élève, qui dit et fait, et personne ne peut Lui dire ce qu'Il doit faire.
Une fois que l'on a compris cela, c'est à Lui que l'on adresse ses demandes."

-> Nos Sages nous disent qu'avant de prier et d'énumérer nos demandes, nous devons d'abord nous rendre compte que nous avons atteint la bonne adresse, c'est-à-dire que nous comprenons que le seul qui peut nous fournir tout ce que nous sommes sur le point de demander, c'est Hachem.
Nous commençons donc par chanter de nombreuses louanges de la grandeur et de la bonté d'Hachem, de Sa puissance infinie et de Sa suprématie.
Loin d'être une fausse flatterie, cette exigence de commencer la prière par la louange d'Hachem est la nécessité la plus fondamentale et la plus cruciale. Sans cela, la personne ne se rend pas compte qu'elle s'adresse à Celui qui peut l'aider.

[au-delà de remercier D. pour Ses bontés passées (se rendant compte que c'est grâce à Lui), les louanges sont aussi là pour développer notre certitude que notre aide peut venir uniquement d'Hachem, et de rien d'autre (rien ne peut se passer sans décret divin). ]

-> Le midrach se demande pourquoi nous prions et ne sommes parfois pas exaucés.
Il répond : "Parce qu'ils ne connaissent pas le saint Nom d'Hachem" (michoum chéénam yod'im ét chem haKadoch).
Le rav Munk explique que le Saint Nom signifie la connaissance de la grandeur et de la nature toute-puissante d'Hachem. Si quelqu'un se lève pour prier avec la conviction totale qu'il s'adresse à la puissance suprême (rien ne Lui est trop grand grand/dur ou petit), il demandera beaucoup plus sincèrement et aura plus de chances d'être exaucé.
À cette fin, nous devons commencer notre prière en exposant les louanges d'Hachem.

Le Séfer ha'Ikarim (4e essai, chap.47) ajoute que cela ne suffit pas. Supposons qu'une personne soit convaincue de la grandeur d'Hachem et sache qu'Il pourrait tout lui donner. Cependant, s'il ne se sent pas digne de recevoir et suppose donc qu'Hachem ne voudra pas lui donner, il ne demandera pas sincèrement à Hachem. [notre yétser ara nous laisse penser : qui es-tu pour que Hachem t'exauce? Tu n'es pas un grand tsadik, tu as pleins de fautes ... ce faisant nous ne prions pas au maximum! ]
C'est la raison pour laquelle notre prière ne sera pas exaucée. Hachem nous comble de Ses bénédictions sans fin parce qu'Il désire faire preuve de bonté à notre égard, que nous le méritions ou non. [Il écoute même les non-juifs, même les grands réchaïm qui lui demandent de l'aide. Car c'est une loi de ce monde : tu demandes à Hachem, et Il t'écoute! Mais si l'on demande pas, alors des bontés vont rester au "Ciel". ]
Ce n'est qu'une fois que l'on y croit pleinement que l'on peut approcher Hachem et lui demander tous ses désirs, confiant dans le fait d'avoir trouvé Celui qui peut l'aider et Celui qui l'aidera.

[ainsi, louer Hachem c'est prendre mesure de Sa grandeur infinie : Il peut tout, mais surtout Il désire et apprécie la prière de tout juif (peu importe ses actes : tsadik ou racha).
De même que D. est infini, on doit avoir une ambition infinie pour nos prières.
Hachem ne nous exauce pas en fonction de nos mérites, mais par une "bonté gratuite" (matnat 'hinam). ]

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+ Ne jamais perdre espoir :

-> Le Malbim développe cette idée.
Nous apprenons de nombreuses lois de la prière grâce à 'Hanna qui, après avoir été stérile pendant 19 ans, s'est rendue au Michkan pour prier afin d'avoir un enfant. Hachem a répondu à sa prière et elle a donné naissance à Shmouel, l'un des plus grands prophètes de l'histoire juive.
Pourquoi a-t-elle attendu si longtemps avant d'aller prier?

Le Malbim répond que chaque année, Elkana, son mari, l'un des plus grands sages de la génération, se rendait au Michkan pour les fêtes et priait en son nom. Cette année-là, 'Hanna était bouleversée par sa situation et le verset nous rapporte qu'Elkana lui dit : "Pourquoi pleures-tu? Je suis certainement meilleur pour toi que 10 enfants".
A ce moment-là, 'Hanna réalisa qu'au fond d'elle-même, son mari avait abandonné l'espoir qu'elle ait un jour des enfants et essayait de la consoler en lui disant qu'au moins, elle avait un bon mari.
Elle a alors compris qu'il ne servait plus à rien de continuer à l'envoyer prier pour elle, car s'il ne croyait pas que ses prières seraient exaucées, elles ne le seraient certainement pas.

Elle n'avait donc pas d'autre choix que d'y aller elle-même, parce qu'elle avait toujours la foi totale qu'Hachem pouvait lui accorder des enfants.
Dans sa prière, elle fut la première personne de l'histoire à s'adresser à Hachem en l'appelant "Hachem Tsévakot" (le D. des innombrables corps célestes et de l'immensité de l'espace).
Ce choix de nom était une affirmation de sa conviction de la grandeur infinie d'Hachem, sur laquelle elle fondait sa confiance dans le fait que, même après toutes ces années, il lui était tout à fait possible de porter un enfant.
Elle fut récompensée par la naissance d'un fils qui devint l'un des grands dirigeants du peuple juif.

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+ L'élément fondamental de la prière :

-> Comment pouvons-nous justifier qu'immédiatement après avoir terminé nos nouvelles demandes, nous rendions grâce comme si elles avaient déjà été exaucées?

Le Mabit (Beit Elokim) explique :
"Ils (les Sages) nous ont enseigné ici l'un des principes fondamentaux de la prière, à savoir que l'objectif de quelqu'un lorsqu'il prie ne doit pas être que ses prières soient exaucées. Le but de la tefila n'est pas d'obtenir une réponse à ses demandes, mais plutôt de montrer qu'il n'y a personne au monde à qui il convient de s'adresser en dehors d'Hachem, et de réaliser qu'il manque absolument de tout ce dont il a besoin dans ce monde et qu'il n'y a personne d'autre qu'Hachem qui puisse lui fournir ce dont il a besoin.
On Lui fait part de tous ses besoins pour démontrer ce point, et finalement la récompense viendra.
Cependant, le but de la prière n'est pas de prier simplement pour obtenir tous ses désirs. Et s'il avait su qu'il ne serait pas exaucé dans cette prière, il ne l'aurait pas prononcée."

-> La prière n'est pas une routine qui consiste à demander gentiment et à recevoir automatiquement ce que l'on a demandé, comme un parent qui refuse de donner à son enfant tant qu'il n'a pas dit "s'il te plaît".
Le but de la prière est complètement différent : il s'agit d'arriver à la réalisation la plus claire possible que, par moi-même, je n'aurais même pas les choses les plus élémentaires de la vie, ni la santé (même pas respirer une seconde de plus!), ni les enfants, ni le revenu, ni le bonheur, ni quoi que ce soit dont j'ai besoin ou que je désire dans la vie, et que Le seul qui puisse tout fournir est Hachem.
=> Ainsi, plutôt que d'obtenir quelque chose (comme un distributeur de billets), la prière est comme un exercice de musculation spirituelle, où le but est de renforcer profondément en nous que : "Une personne doit se rendre compte qu'elle manque absolument de tout ce dont elle a besoin dans ce monde, et qu'il n'y a personne d'autre qu'Hachem qui puisse lui fournir ce dont il a besoin."

-> C'est en ce sens que nous pouvons comprendre la prière du roi Shlomo lors de l'inauguration du Temple, dans laquelle il demanda à Hachem que toute prière faite par un non-juif soit exaucée sans condition, alors qu'un juif ne devrait être exaucé que s'il le mérite.
Si un non-juif priait et n'était pas exaucé, il pourrait en venir à douter de l'existence d'Hachem ou du moins de ses capacités.
Un juif, en revanche, ne prie pas pour être exaucé. Même s'il n'obtient pas ce qu'il a demandé, il a atteint le but de la prière : créer/renforcer un lien avec Hachem et démontrer qu'il est conscient que sa vie et ses besoins sont entre les mains d'Hachem (voir Rachi sur Méla'him II 8,43).

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-> Si le but essentiel de la prière est d'atteindre la réalisation qu'Hachem est le seul à pouvoir me fournir ce que je veux, et que la prière n'est pas simplement un moyen de recevoir ce que j'ai demandé, alors dès que j'ai terminé mes demandes, j'ai déjà atteint avec succès le but de la prière et je peux remercier Hachem de m'avoir permis d'y parvenir. [c'est un succès car son but essentiel a été atteint! ]
Le 'Hovot haLévavot ('Hechbon haNéfech - chap.3) cite l'un des tsadikim qui terminait sa prière quotidienne par la déclaration suivante :
"Je ne T'ai pas fait part de tous mes besoins pour T'encourager à me les donner, car Tu sais ce qui est le mieux pour moi et comment me traiter.
Je l'ai fait plutôt pour que je sente combien j'ai besoin de Toi et pour T'exprimer que je mets toute ma confiance en Toi."

-> Le mot hébreu pour "monde" est "olam" qui est lié à "néélam" (être caché).
Nous n'avons pas de vision claire d'Hachem dans ce monde et Il semble nous être "caché". Même après avoir atteint une conviction clair et évidente de Son contrôle total sur le monde pendant la prière, nous allons parfois à nos occupations dans le monde extérieur et soudain Hachem "disparaît".
Nous sommes confrontés aux lois de la nature et à une vie de cause à effet qui semble défier toutes les leçons que nous avons apprises pendant notre prière, et nous sommes en grand danger de perdre toutes les connaissances que nous avons acquises.
[notre yétser ara, la façon de penser du monde environnant, la facilité de ne pas vouloir être redevable aux bontés constantes d'Hachem, ... et c'est pourquoi nous disons les mêmes prières tous les jours, car nous avons de nouveau besoin de nous renforcer. ]

C'est pourquoi nous devons prier encore et encore pour lutter constamment contre les influences extérieures et nous rappeler continuellement, selon les paroles du Mabit :
"Le but de la prière est de reconnaître et de démontrer qu'il n'y a personne au monde à qui il convient de s'adresser en dehors d'Hachem, car Il est le Maître du monde, et nous manquons de beaucoup de choses, comme cela est mentionné dans notre prière.
Nous les lui mentionnons afin de nous rendre compte qu'il n'y a personne d'autre qu'Hachem qui puisse répondre à nos besoins ou qui puisse nous sauver de toutes nos peines, et nous nous déchargeons sur Lui de notre fardeau."

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+ Prier = faire le but de la création du monde :

-> Nous avons vu dans le Mabit que le but de la prière est de reconnaître que nous manquons de tout ce dont nous avons besoin dans la vie et que seul Hachem, qui est le Créateur du monde, est seul capable de nous le fournir.
Le Ramban nous enseigne que ce n'est pas seulement l'objectif de la prière, mais aussi le seul but pour lequel Hachem a créé le monde.
En d'autres termes, chaque fois que l'on prie Hachem, on accomplit la kavanat hayétsira (l'intention de la Création du monde).

Dans les mots du Ramban :
"La signification de toutes les mitsvot est que nous devons croire en Hachem, notre D., et reconnaître qu'Il est notre Créateur. C'est le but de toute la création, car il n'y a pas d'autre raison à la création, et Hachem n'attend rien d'autre des humains qu'ils sachent et reconnaissent leur D. qu'Il les a créés.
Le but de nos prières et de nos synagogues, ainsi que l'importance de la prière publique, est qu'il y ait un lieu commun où les gens se rassemblent et reconnaissent qu'Hachem les a créés et les soutient, et qu'ils rendent ce fait public et Lui proclament : "Nous sommes Tes créations!""

-> Nous disons dans nos prières : "Béni soit-Il, notre D., qui nous a créés pour Sa gloire" (chébaranou likhvodo). L'Aboudraham (commentaire sur le Siddour) explique : "Hachem nous a créés pour Le louer, car telle est Sa gloire."
L'homme a été créé uniquement pour servir et louer Hachem, et ce faisant, il apporte honneur et gloire à Son Grand Nom.

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-> "Hachem a créé le monde uniquement pour que les gens aient de la "yir'a" de Lui."
Que signifie "yir'at Hachem" (généralement traduit par "crainte d'Hachem")?
La racine "roé" (ראה) signifie "voir", et le rav Shimshon Raphael Hirsch explique que "yir'at Hachem" ne signifie pas avoir craindre Hachem, mais plutôt être constamment conscient de Sa Présence :
"La pensée de Sa grandeur ne vous quitte jamais, et que partout, toujours et en toute chose, vous voyez le D. tout-puissant, grand, créatif, omniprésent, régnant sur tout ... "yir'at Hachem" signifie, strictement, de voir D. partout et de sentir votre propre petitesse dans Sa grandeur".
[bien entendu, le résultat d'une telle prise de conscience sera d'avoir une crainte d'Hachem et de ne pas Lui désobéir ou de faire quoi que ce soit qui ne soit pas conforme à Sa volonté]

=> En résumé, la "yir'at Hachem" est la conscience constante de la présence d'Hachem dans tout ce qui se passe. Cette prise de conscience est ce que le Ramban décrit comme le but de toute la création.
Et c'est l'objectif de nos prières de développer en nous une conscience profonde et sincère qu'Hachem est derrière toute chose (rien ne peut se passer sans qu'il fasse un décret le permettant).

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-> Le rav Israël Salanter a dit un jour avec humour : "Beaucoup de gens déclarent qu'Hachem est le roi des 7 cieux et des 4 coins du monde, mais ils oublient de l'accepter sur eux-mêmes!"
On peut dire qu'Hachem est le guérisseur des malades et, en même temps, penser qu'on est tout à fait capable de s'en occuper soi-même. On peut trouver un bon médecin et prendre des médicaments, et on ira bien. Cela prouve qu'on ne croit pas au contrôle total (à 1000%) d'Hachem sur le monde.
Qui m'aide à trouver le meilleur médecin? Qui fait en sorte que les médicaments soient efficaces?
Ce sont toutes les mains d'Hachem qui le font. C'est pourquoi nous devons demander à Hachem de nous guérir.
Les personnes qui peuvent se débrouiller seules ne demandent pas aux autres de les aider. En demandant l'aide d'Hachem, nous faisons une double déclaration : Nous ne pouvons pas nous aider nous-mêmes, et Toi seul peut le faire (Tu as des pouvoirs illimités, et un amour inconditionné pour nous).
Ce n'est qu'en niant nos propres capacités que nous déclarons pleinement le contrôle total et absolu d'Hachem sur nos vies.

-> Rachi (Vayétsé 30,8) propose une traduction de "tefila" par "une connexion".
La prière permet d'analyser et d'améliorer notre conscience et notre compréhension d'Hachem, créant en fait une relation et un lien entre nous et Hachem.
C'est le but ultime de la prière : ouvrir la voie à une vie de proximité et d'intéraction avec le Créateur du monde.
[pour nous, l'occasion de la prière est un but en soi. C'est un moment privé qu'on a entre nous et Hachem, où l'on peut créer une relation étroite avec papa Hachem (le boss de tout).
Nos demandes n'étant que des prétextes "secondaires" (à ces moments de proximité), car notre passage sur terre est afin de construire/muscler notre connexion/relation avec D. ]

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+ Le grand nom d'Hachem

Nous disons dans le kadich : "Que Son grand Nom soit béni pour toujours" (yéhé chémé rabba mévara'h léalam). La guémara (Shabbath 119b) dit que quiconque récite cette prière du kadich avec une concentration totale est récompensé par l'annulation de tout décret sévère à son encontre.
Les Tossafot cite un midrach qui dit que lorsque les juifs entrent dans une synagogue et récitent cette prière à haute voix, cela annule les décrets sévères qui ont été pris à notre encontre.

Qu'y a-t-il de si spécial dans cette prière du kadich qui peut renverser des désastres potentiels?

Le "grand nom d'Hachem" (chémé rabba) signifie la plus grande perception de D. qu'il soit possible à l'homme d'avoir. En d'autres termes, il s'agit de la reconnaissance la plus claire possible de l'existence de D. et de son contrôle sur le monde. Nous prions pour que le monde entier (c'est-à-dire chaque créature et chaque être humain), pour l'éternité (à chaque seconde et dans toutes les situations possibles, pour tous les temps), parvienne à cette reconnaissance d'Hachem.
En bref, il s'agit d'une prière pour que toute l'humanité accomplisse la kavanat hayétsira (l'intention avec laquelle D. a créée le monde).
Lorsque quelqu'un utilise tous ses efforts et sa concentration pour prier sincèrement afin que le monde atteigne le grand objectif qu'Hachem a prévu pour lui, sa récompense est que les décrets sévères sont annulés.
En effet, ces décrets ont pour seul but de nous ramener sur le bon chemin, de nous rappeler Hachem et de revenir à Ses voies. Si quelqu'un est déjà conscient qu'Hachem contrôle le monde et qu'il prie et espère que tous les autres le réalisent également, il n'est pas nécessaire d'apporter d'autres décrets sévères comme moyens pour le pousser à le lui rappeler.

[rav Avraham Tabor]

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