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Réflexions sur la yirat Chamayim

+ Réflexions sur la yirat Chamayim :

-> Le rav Eliyahou Lopian enseigne que le but ultime qu'une personne doit s'efforcer d'atteindre est la yirat Chamayim (crainte du Ciel). Seule une personne dotée de bonnes midot peut atteindre une telle grandeur.

La racine des bonnes midot et de notre relation avec autrui est le 'hessed, qui signifie voir et ressentir la situation dans laquelle se trouve une autre personne.
Nos Sages enseignent que cette caractéristique est la clé pour atteindre la yirat Chamayim.

-> Le rav Wolbe (Alé Shour) explique cela par une analogie simple.
Un homme est assis dans sa chambre, les rideaux fermés. Il regarde autour de lui et ne voit que ses propres possessions et ses propres besoins. Il est complètement absorbé par son propre mode de vie. Il ne voit rien au-delà des murs de son monde privé. Soudain, quelqu'un tire les rideaux et ses yeux s'ouvrent sur un monde immense à l'extérieur. Il y a d'autres maisons, des gens qui marchent, des voitures sur la route et des avions qui volent au-dessus.
En un instant, il prend conscience de tout ce qui se trouve à l'extérieur.

Une personne qui vit dans l'état d'esprit "il y a Moi-même, et en dehors de moi il n'y a rien" (Yéchayahou 47,8), ne voit rien d'autre que lui-même et ses propres besoins. Il ne peut pas voir les autres. Il ne peut certainement pas voir Hachem.

Comme l'a dit un jour le rav Avigdor Miller : "Si vous ne pouvez pas remercier votre mère qui se tient devant vous pour le repas qu'elle vient de vous servir, alors vous pouvez être sûr que vous ne remerciez pas Hachem pour tout ce qu'Il fait pour vous, même si vous faites une très longue prière de la Amida et que vous vous prosternez très bas à Modim".

Comme le disent nos Sages (midrach haGadol) : "quelqu'un qui nie la faveur que son ami a faite pour lui finira par nier le bien qu'Hachem fait pour lui".

Mais quelqu'un qui pratique le 'hessed a ouvert ses rideaux au monde, et est capable de voir et de sentir les autres. Une fois ses yeux ouverts, il verra également Hachem dans le monde. Il verra la grande sagesse d'Hachem visible dans toute la nature. Il prendra conscience de l'infinie bonté avec laquelle Hachem fournit nourriture et subsistance à des milliards d'êtres humains et à l'ensemble des animaux, des poissons, des oiseaux et des insectes. Il observera la main d'Hachem qui guide sa vie personnelle et l'ensemble de l'histoire.

Cette prise de conscience est appelée yirat Chamayim.
Bien que yirat Chamayim soit généralement traduit par "crainte d'Hachem", les commentaires expliquent que la racine de yirat Chamayim est : réé, ce qui signifie "voir".
Il ne s'agit pas d'avoir peur d'Hachem, mais plutôt d'en être conscient.

Selon le rav Shimshon Raphael Hirsch ('Horev - chap.8) : "la pensée de Sa grandeur ne vous quitte jamais, et partout, toujours et en toute chose, vous voyez le D. tout-puissant, grand, créatif, omniprésent, qui gouverne tout ... la yirat Hachem signifie, strictement, voir D. partout et sentir notre propre petitesse dans Sa grandeur"
[ le résultat d'une telle prise de conscience est d'avoir peur d'Hachem, et de ne pas Lui désobéir ou de faire quoi que ce soit qui ne soit pas en accord avec Sa volonté. ]

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-> La guémara (Béra'hot 12b) nous enseigne que le verset : "Ne vous égarez pas après vos ... yeux" (lo tatouru a'haré ... éné'hem - Chéla'h Lé'ha 15,39) est une mise en garde contre la négation de l'existence d'Hachem.
C'est curieux. Nous associons normalement le fait de suivre ses yeux à la poursuite de désirs et de convoitises, alors que l'existence d'Hachem est un concept philosophique et idéologique. Comment comprendre alors l'affirmation de la guémara?

Le rav El'hanan Wasserman (Aggadeta - Kovets Maamarim) se demande comment il est possible de nier l'existence du Créateur. Les preuves qui attestent de la présence d'un Créateur sont tellement indéniables qu'elles sont écrasantes. [comment avec toute la perfection et les miracles du corps humain, de la nature, ... on peut affirmer que tout cela est le fruit du hasard.]
Le midrach rapporte que Rabbi Akiva a dit à un moqueur, que de la même manière qu'un vêtement tissé témoigne de l'existence d'un tisserand et qu'un livre témoigne de l'intelligence de son auteur, l'éclat insondable de tout ce qui existe dans le monde témoigne de l'intelligence d'un Être qui les a fait naître.

Rav El'hanan Wasserman conclut que c'est un trait inaltérable de la nature humaine que les désirs d'une personne influencent sa pensée.

Le plus grand désir des gens est de profiter des plaisirs de ce monde et de vivre une vie de "liberté", faire ce qu'ils veulent sans rendre de comptes à personne. Leur devise est "mangez, buvez et soyez joyeux car demain nous mourrons" (d'après Yéchayahou 22,13 et Kohélet 8,15).

Cette pulsion extrêmement puissante est le plus grand de tous les pots-de-vin qui aveugle et ridiculise les personnes les plus intelligentes. Pour satisfaire cette soif ardente de plaisir, ils doivent éliminer Hachem du tableau.
La reconnaissance d'un Créateur, qui a construit le monde dans un but précis et exige que nous contrôlions nos désirs et que nous nous soumettions à Sa volonté, limite fortement une vie de frivolité insouciante et de fautes.

Le seul moyen de vivre comme ils le souhaitent est d'en venir à nier l'existence d'Hachem. C'est pourquoi ils créent des théories et des hypothèses absurdes et ridicules pour calmer leur conscience et leur permettre de poursuivre leurs désirs.
Pour reprendre les termes du rav Wasserman, ils deviennent comme des ivrognes ; sous l'influence de l'alcool, même le plus grand des esprits est incapable de penser correctement.

C'est pourquoi nos Sages ont enseigné que l'interdiction de suivre ses yeux est une mise en garde contre le refus d'Hachem.
La véritable source de l'athéisme n'est pas une perspective philosophique, mais plutôt l'envie de l'homme de suivre ses désirs et ses envies. [on est aveuglé! ]
En revanche, une personne qui contrôle ses pulsions physiques conserve son intelligence humaine pure et intacte, et peut ainsi voir clairement la vérité la plus évidente et la plus indéniable, à savoir qu'Hachem a créé le monde et contrôle chaque chose qui s'y passe.
[un juif doit tendre vers : "chiviti Hachem lénegdi tamid (Téhilim 16,8 = à l'image du roi David : placer constamment face à nous Hachem ]

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-> La racine du mal :
-> Le rav Eliyahou Dessler (Kountress ha'Hessed - Mikhtav méEliyahou, vol.1) développe l'idée fondamentale qu'il existe 2 types de personnes dans le monde : les donneurs et les preneurs.
Un donneur est quelqu'un qui se consacre à aider les autres dans la mesure de ses capacités, alors qu'un preneur est totalement égocentrique et fait tout ce qu'il peut pour prendre aux autres et au monde tout ce qui peut améliorer son confort et son bonheur personnels.

Ce qui pousse un homme à suivre ses désirs et ses envies, c'est d'être un preneur.
Il veut tout ce qui lui permet de se sentir bien, et il est prêt à toutes les extrémités pour atteindre ce but. Plus il est tourmenté par ce trait de caractère, plus il courra après tous ses désirs.

Le rav Dessler conclut que, comme l'a expliqué le rav Wasserman, il finira par nier la présence d'Hachem dans le monde, car c'est le seul moyen pour lui de poursuivre sa course aveugle vers l'autosatisfaction.

Quel est le remède à cela? Comment retrouver la foi en Hachem?
Le seul moyen est de cesser d'être un preneur. Cela nous libérera de notre insatiable désir humain/animal d'autosatisfaction, ce qui à son tour, ramènera notre esprit à notre état pur et naturel (lié à notre source spirituelle divine élevée), un état dans lequel on voit clairement Hachem dans le monde.

Comment éliminer la tendance à prendre? En donnant !
Chaque acte de 'hessed (bonté), qui consiste à sortir de sa zone de confort pour penser à quelqu'un d'autre et l'aider, inculque lentement à l'individu le sens du don, tout en détruisant simultanément lentement notre désir de prendre.

Selon la guémara (Baba Batra 10a) : "Si quelqu'un donne ne serait-ce qu'une prouta [une petite pièce de monnaie] à un pauvre, il mérite de voir la Chékhina.
Par ailleurs, Rabbénu Yona (Béra'hot 21a, dans les pages du Rif) explique que même si Hachem n'est pas visible à l'œil humain, Sa présence et Son implication dans le monde peuvent être perçues en étudiant les merveilles du soleil, de la lune et des constellations. Être mekabel pnei Shechinah signifie acquérir une conscience accrue d'Hachem.
Une personne peut également acquérir cette conscience accrue d'Hachem en donnant de la tzedakah, car son esprit est désormais plus apte à comprendre Hachem dans le monde. [on se débarrasse de couches d'égo, on éveille notre sensibilité au divin (qui est présent dans autrui - âme)]

L'un des moments forts de la prière de Rosh Hachana et de Yom Kippour est la déclaration : "La téchouva, la téfilla et la tsédaka éliminent tous les mauvais décrets".
Ceci est basé sur la guémara (Yérouchalmi Taanis 2) qui cite comme source de la tsédaka le verset dans lequel Hachem exhorte les juifs : "Cherchez Ma présence" (Téhilim 27,8). Nos Sages ont compris que si Hachem nous supplie de Le trouver, c'est-à-dire de devenir plus conscients de Sa Présence, cela doit signifier qu'Il nous demande de faire du 'hessed, car c'est le moyen de s'éclaircir l'esprit pour pouvoir le faire (mieux le percevoir).

Cela explique la coutume répandue, citée dans le Choulkhan Aroukh (Ora'h 'Haïm 92:10), qui consiste à donner la tsédaka avant la prière. Le but de la prière est de prendre conscience et de comprendre la présence d'Hachem et son contrôle total sur le monde. Donner la tsédaka nous donne une plus grande capacité à atteindre ce but.
Le rav Shlomo Zalman Auerbach (Halikhot Chlomo) note que la guémara ne parle pas exclusivement de tsédaka ; tout acte de 'hessed accompli avant la prière remplit cette exigence.

=> C'est la profondeur de ce que le rav Wolbe écrit : "Si vous ouvrez les yeux pour voir les autres, vous verrez aussi Hachem".
Lorsque l'on ouvre les yeux pour voir les autres et que l'on devient un baal 'hessed, on restaure son esprit à son état naturel et non altéré. Il en résulte la clarté qu'Hachem a créé le monde et qu'il contrôle tout ce qui s'y trouve.

[en faisant du 'hessed, on ressent davantage la grandeur Hachem, et on peut donc davantage avoir de yirat chamayim. ]

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-> Nos Sages nous racontent qu'Avraham était en train de recevoir une prophétie lorsqu'il aperçut trois arabes sans prétention qui voyageaient dans le désert. Il demanda à Hachem d'attendre pendant qu'il allait accueillir les invités, et ce n'est qu'après leur départ qu'Avraham revint à sa conversation avec Hachem.
Nos Sages en déduisent qu'accueillir des invités est encore plus important que de rencontrer la Chékhina (présence Divine).
Le rav Eliyahou Dessler explique que la prophétie est le plus haut niveau de communication avec Hachem, un don d'Hachem au prophète. Et comme il s'agit d'un don d'Hachem, il n'est qu'occasionnel et ne dure que peu de temps.

Cependant, Avraham voulait devenir une personne qui voyait et était connectée à Hachem à tout moment. C'est pourquoi il cessa de parler à Hachem pour faire du 'hessed, car faire 'hessed est un acte de croyance en Hachem. Le fait d'agir comme un donneur élimine dans une certaine mesure le trait de caractère d'un preneur.
Cela a libéré l'intelligence d'Avraham pour qu'il parvienne à une clarté encore plus grande d'Hachem dans le monde. Il atteignit ainsi un niveau de grandeur qui le transforma en une personne qui voit Hachem à tout moment, et pas seulement pendant la prophétie.

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-> Ce n'est pas une coïncidence si Avraham a excellé dans le 'hessed et dans sa émouna totale en Hachem.
Jeune garçon, il commença à remettre en question les idolâtres et à chercher qui avait réellement créé le monde. Il vit un monde avec un plan et un but et fut convaincu qu'il devait y avoir un Créateur.

Il vit également que le monde était plein de bonté et réalisa que cet Être suprême avait construit le monde pour faire du bien à ses créations.
Afin d'imiter ce trait de caractère, Avraham commença lui aussi à pratiquer le 'hessed.
En conséquence, ce 'hessed purifia davantage son esprit en éliminant la corruption et l'aveuglement liés à l'habitude de prendre, ce qui lui permit d'atteindre une conscience encore plus grande d'Hachem et de Sa bonté.
Bien sûr, cela l'a poussé à faire encore plus de 'hessed pour imiter Hachem, éradiquant ainsi encore plus le trait de caractère de la prise et raffinant encore plus son esprit pur.

C'est ainsi que commença une spirale de grandeur. Plus il faisait de 'hessed, plus il prenait conscience de la présence d'Hachem dans le monde. Plus il se consacrait à la 'hessed dans son désir d'imiter Hachem, plus il découvrait la clarté d'Hachem.
Le résultat final fut un géant du 'hessed et de émouna, des caractéristiques qu'Avraham utilisa pour construire le peuple juif.

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-> Le rav 'Haïm Friedlander (Sifté 'Haïm - midot et Avodat Hachem - vol.1) approfondit cette idée.
Une personne qui reçoit du 'hessed acquiert une certaine conscience de ce qu'est le 'hessed.
Cependant, quelqu'un qui accomplit du 'hessed aura une bien meilleure appréciation du 'hessed accompli par d'autres. Il saura désormais ce que signifie penser aux besoins des autres. Il comprendra combien de réflexion, de temps et d'énergie ont été investis dans le 'hessed, comme il l'a fait lui-même lorsqu'il a aidé les autres. Son œil expérimenté remarquera désormais chaque détail que la plupart des gens ignorent complètement.

Le rav Friedlander illustre cette idée par une analogie simple.
Imaginez un artiste professionnel qui montre ses meilleures peintures à un groupe de visiteurs. Il explique chaque tableau et l'idée qui le sous-tend, en soulignant les différentes couleurs et nuances. La plupart des membres du groupe se montrent intéressés et impressionnés, mais sont rapidement prêts à passer à autre chose. Cependant, l'un des spectateurs est également un artiste. Son expérience est complètement différente de celle des autres. Il se délecte des nuances de chaque coup de pinceau.
Il admire le mélange subtil de couleurs et les ombres délicates que personne d'autre n'a remarquées. Il est impressionné par l'immense talent qui ne peut être remarqué que par l'œil expert et expérimenté d'un autre professionnel.

De la même manière, une personne qui ne pratique pas le 'hessed n'a pas les outils nécessaires pour voir tout le 'hessed qu'Hachem accomplit dans le monde. En revanche, celui qui pratique le 'hessed a tout ce qu'il faut pour apprécier les moindres détails et l'étendue incommensurable du 'hessed qu'Hachem accomplit constamment pour Ses créations.

Les nombreux actes de 'hessed d'Avraham ont non seulement éliminé toute trace d'une attitude de preneur, mais ont également élargi et approfondi sa capacité à comprendre l'étendue du 'hessed d'Hachem.
C'est l'une des raisons pour lesquelles nous sommes invités à suivre les traces d'Avraham afin d'accroître et de perfectionner notre 'hessed.
Voici une pensée forte à considérer : à cet égard, nous avons un avantage sur les anges, même les plus saints. Les anges sont les bénéficiaires de l'infinie bonté et du 'hessed d'Hachem, et ils louent Hachem sans cesse pour cela. Un juif, cependant, est capable d'accomplir le 'hessed lui-même.
Cela lui permet d'apprécier encore davantage la bonté d'Hachem envers Ses créations.

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-> Le rav Shlomo Wolbe ajoute une autre explication au fait que l'incroyable émouna d'Avraham s'est accompagnée d'un formidable 'hessed.
L'objectif ultime d'Avraham était d'enseigner au monde l'existence d'Hachem, de démontrer tout le 'hessed qu'Hachem fait pour tout ce qui existe dans le monde, et de prouver que l'octroi du 'hessed était la raison pour laquelle Hachem a créé le monde.
Pour atteindre cet objectif, Avraham doit d'abord présenter au monde le concept de 'hessed en général. Les gens devaient voir et ressentir par eux-mêmes l'énorme 'hessed qu'Avraham avait fait pour eux. Ce n'est qu'une fois qu'ils furent familiarisés avec le concept et l'étendue du 'hessed qu'un être humain peut accomplir qu'Avraham fut en mesure de leur enseigner le 'hessed d'Hachem.

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-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 33) explique qu'il s'agit là de l'une des idées fondamentales de la mitsva d'honorer ses parents. L'enfant doit reconnaître tout ce que ses parents ont fait pour lui, et par gratitude, il doit les honorer au mieux de ses capacités.
Il sera alors capable de reconnaître tout le bien qu'Hachem fait pour lui, et développera le désir d'honorer Hachem et d'accomplir Ses commandements.

[rav Avraham Tabor]

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