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L’importance de prier pour autrui

+ L'importance de prier pour autrui :

-> Un moyen de mériter un jugement favorable à Roch Hachana est de penser aux autres et de prier pour eux.
Nos Sages (Zohar - Noa'h) disent que le Déluge a été imputé à Noa'h. Pourquoi cela?
Parce qu'il n'a pas prié pour que sa génération soit sauvée. Noa'h avait une bonne raison de ne pas prier ; puisqu'il n'était digne d'être sauvé que parce qu'il avait trouvé grâce aux yeux d'Hachem, il craignait d'être puni s'il priait pour eux.
Néanmoins, il aurait dû prier pour sa génération. Il ne réalisait pas qu'en priant pour eux, il serait devenu alors méritant, et il aurait pu sauver le monde entier.

... Lorsqu'une personne prie pour la communauté (les besoins d'autrui), cela fait d'elle une personne [beaucoup] plus grande [aux yeux d'Hachem] (voir Kovetz Si'hot - Vol.2 - paracha Noa'h).
En sachant et en faisant cela, il sera beaucoup plus facile de mériter un jugement favorable sur le Yom haDin.
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot ]

Pardonner aux autres

Lorsqu'une personne pardonne aux autres (les fautes qu'elles peuvent lui faire), tous ses péchés lui sont pardonnés" (guémara Roch Hachana 17a).

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-> Le rav Nathan Watchfogel (Léket Réchimot) commente :
Toute seule, une personne ne peut pas passer à travers le jugement d'Hachem.
La communauté (tsibour), en revanche, a la garantie de s'en sortir saine et sauve.
Lorsqu'une personne renonce à ses propres besoins et à son propre honneur et qu'elle est indulgente envers les autres (pardonnant leur offense/faute), elle montre qu'elle ne s'intéresse pas seulement à elle-même. Elle montre qu'elle se soucie des autres et qu'elle s'attache au tsibour.
Puisqu'il fait partie du tsibour (au peuple juif dans son ensemble), toutes ses fautes sont pardonnées.
[...]

A [la yéchiva de] Kelm, une pancarte était affichée sur le mur : "én mélé'h b'lo am" (il n'y a pas de roi sans sujets).
Cette pancarte rappelait à chacun qu'il devait être connecté au tsibour en pensant moins à lui-même. Si une personne s'en tient à ses principes (moi je) et ne pardonne pas aux autres, elle s'éloigne des autres.
Elle ne se connecte pas au tsibour et perd tout ce qu'elle aurait pu gagner en en faisant partie.
Un millier de personnes peuvent se trouver au même endroit, mais si chacune est seule, ce n'est pas un tsibour.
[...]

"Qui est comme Ta nation Israël, une nation [unie/tous ensemble] dans le pays [d'Israël]" (mi kamo'ha Israël, goy e'had ba'aretz - Chmouël II 7,23).
Le peuple juif possède de nombreuses qualités, mais la plus importante est qu'il est "un" ...
"Le peuple juif, la Torah et Hachem ne font qu'un" (Zohar - A'haré Mot). Chaque fois qu'il y a un manque d'unité entre les juifs, le peuple juif n'est plus "un" (é'had), et cela retire le "Hachem é'had", le fait que les gens reconnaissent qu'Hachem est Un.
[...]

Si quelqu'un étudie dans une yéchiva, il doit encore faire des efforts pour faire partie du tsibour (collectivité/communauté). Le simple fait d'être dans une yéchiva n'est pas suffisant. Il doit accomplir des actes de 'hessed, être indulgent envers les autres et être "é'had", un, ensemble avec les autres.
Toute sa réussite en matière de Torah et de avoda (service Divin) en dépend.

L’unité

+ L'unité :

-> Lorsque la nation juive est unie, le Satan n'a aucune emprise sur elle ...
Le manque d'unité de la nation juive est dû à la situation d'exil, et en devenant unie, la nation se sort elle-même de l'exil.
[ Maharal - Nétsa'h Israël - chap.25]

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-> Nos Sages (midrach Tan'houma Nitsavim - section 4) nous disent que "les juifs ne seront délivrés (de l'exil) que lorsqu'ils seront devenus un groupe uni".
De même, selon le midrach (Béréchit rabba 98,2) : "si les juifs sont devenus un groupe uni, alors préparez-vous à la guéoula".

Le Satan en est conscient et s'efforce donc de créer la discorde. En particulier à la toute fin du l'exil, les disputes retarderont la venue du machia'h.
Les nations ont également des différends, mais Hachem n'insiste pas pour qu'elles vivent en harmonie.
En revanche, la nation juive est censée vivre dans l'unité, et s'il y a des différends, il en résulte de terribles malheurs pour la nation.

La guémara (Baba Batra 99a) dit que lorsque les juifs accomplissaient la volonté d'Hachem, les kérouvim se faisaient face, mais que lorsqu'ils n'accomplissaient pas la volonté d'Hachem, un miracle se produisait et les visages se détournaient l'un de l'autre.
Lorsque chacun est plongé dans ses propres affaires et ne se préoccupe pas des besoins de son concitoyen juif, ou seulement des besoins de son cercle d'amis, de son groupe ou de sa communauté, et non de la nation tout entière, cet état de fait est reflété par les kérouvim se détournant l'un l'autre, comme pour dire que seuls les besoins de chaque individu les intéressent. Dans une telle situation, la Chékhina ne réside pas au sein de la nation.

Cependant, lorsque les juifs accomplissent la volonté d'Hachem, lorsqu'il existe une unité entre eux et que chacun prend soin des besoins physiques et spirituels de chacun de ses concitoyens, cet état de choses favorable se reflète dans l'état des kérouvim avec leurs visages tournés l'un vers l'autre, symbolisant l'amour entre mari et femme, qui est lui-même un symbole et une preuve de l'amour d'Hachem pour sa nation.
Dans un tel état de choses, Hachem fait reposer Sa Chékhina sur nous, nous couvre d'abondantes bénédictions et nous délivre.

Les kétoret, qui comprenaient la 'helbéna, une épice à l'odeur désagréable, nous enseignent que nous ne devrions pas regarder de travers le fait d'inclure même les fauteurs juifs avec nous lorsque nous nous rassemblons pour le jeûne ou la prière (Rachi - Ki Tissa 30,34).
L'unité en période de difficulté/malheur est une recette merveilleuse pour nous sauver des souffrances et des mauvais décrets, car lorsque la nation est unie, elle est invincible (Taam vaDaat - Kora'h 17,11).

Cependant, lorsque nous incluons des fauteurs dans nos prières, cela doit être fait de manière à ce que les fauteurs soient influencés par le parfum agréable de la judaïcité, plutôt que les juifs honnêtes soient influencés par eux au détriment de tous, tout comme l'ajout de la 'helbéna aux ingrédients des kétoret est bénéfique, puisque son odeur désagréable est contrebalancée par l'odeur agréable des autres épices, plutôt que la 'helbéna ait un effet négatif sur les autres épices (Taam vaDaat - Ki Tissa 30,34).
[rav Moché Sternbuch]

Les tsadikim louent et honorent les gens pour tous les bons traits de caractère qu'ils ont en eux.  (ils se focalisent sur ce qui est lumineux, ce qui va en autrui, pour mieux leur donner de l'estime/valorisation, pour davantage leur permettre de s'épanouir positivement/briller dans la vie. )
A l'inverse les réchaïm, sont profondément enfermés dans la négativité, ils recherchent les fautes et les faiblesses des autres (pour mieux flatter leur égo). Ils sont remplis de récriminations et concentrent leur attention sur ce qui manque.
[d'après Rabbénou Yona - Chaaré Téchouva 1,18 ]

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-> Le Maguid de Mézéritch dit : "Il ne faut pas grand-chose pour voir ce qui ne va pas chez un autre juif (c'est notre tendance naturelle/animale) ; pour voir ce qui va bien, il faut un véritable effort et de la sainteté".

Une des questions qui nous sera posée lorsque l'on quittera ce monde est :
"Est-ce que tu as fait de ton prochain un roi?"
[Réchit 'Hokhma - chaar haYira - chap.12]

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-> De même, d'autres Sages disent également que l'une des questions posées au tribunal céleste après la mort d'une personne est : "As-tu fait de ton compagnon un roi sur toi-même?" (imla'hta 'havérkha alé'ha).
La Torah attend de nous que nous considérions et traitions chaque autre juif comme un roi, comme une personne spéciale et importante méritant l'honneur et un traitement royal. En effet, Rabbi Elazar a enseigné à ses disciples que la chose sur laquelle il faut se concentrer le plus pour s'assurer de mériter sa place dans le monde à Venir est de faire très attention à l'honneur d'autrui (guémara Béra'hot 28b).

=> b'h, nous allons voir quelques éléments pour nous renforcer dans ce domaine.

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-> L'Alter de Kelm ('Hokhma Ou'Moussar - vol.1, ch.13) souligne que la mitsva de "d'aimer son prochain comme soi-même" (véahavta léré'akha kamo'ha) présente une opportunité rare qui n'existe dans aucune autre mitsva.
Plutôt qu'une mitsva générale d'aimer tout le monde, il existe une exigence distincte d'aimer chaque juif. Si vous aimez deux personnes en même temps, vous accomplissez la mitsva deux fois.
Si vous aimez 100 000 personnes, vous accomplissez 100 000 mitsvot en une seule fois.
Aucune autre mitsva ne peut être accomplie autant de fois en une seconde. C'est l'une des raisons pour lesquelles le yétser ara combat cette mitsva avec tant d'acharnement, car il sait que nous pouvons obtenir une récompense phénoménale en très peu de temps.
C'est donc une bonne habitude à prendre, lorsqu'on se trouve au milieu d'un groupe de juifs, de se dire : "J'aime tous les gens qui sont dans cette pièce!" En un instant, vous avez accompli la mitsva de "véahavta léré'akha kamo'ha" des centaines de fois!

-> Aimer une autre personne n'est pas quelque chose qui vient naturellement ; cela doit être cultivé et nourri au fil du temps.
Le 'Hovot haLévavot donne une outil : choisissez une personne. Lorsque vous le voyez ou que vous pensez à lui, dites à haute voix (sans que personne ne l'entende, bien sûr) : " J'aime ce juif! Au début, vous vous sentirez peut-être gêné et mal à l'aise, mais après quelques fois, vous remarquerez que votre état d'esprit change lentement. Au fil du temps, vous commencerez à l'apprécier, puis à l'aimer."

[plus on s'habitue à exprimer en nous notre amour pour un autre juif (même si on le connaît pas personnellement), [uniquement parce qu'il est juif, ou bien en louant une qualité qu'il semble avoir], voir même à le bénir par amour, alors plus on développe un regard naturel d'amour pour les juifs. ]

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-> Chaque juif est aimé par Hachem plus qu'un père n'aime son fils. Nous devons prendre le temps de réfléchir à la grandeur et à l'importance infinies de chaque juif. Cela relève du commandement de nos Sages : "Que l'honneur de ton prochain te soit aussi cher que le tien" (Pirké Avot 2,15).
Cela engendrera à son tour un sentiment naturel de respect et d'amour pour autrui, surtout si nous nous rappelons que tous les juifs font partie d'une grande entité commune (que seule la matérialité semble divisée) et que chaque personne est comme un membre différent d'un même corps spirituel appelé le peuple juif.

Chaque juif mis au monde par Hachem a une tâche unique que personne d'autre dans le monde ou même dans l'histoire ne peut accomplir.

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+ Honorer et aimer :

-> La guémara (Yébamot 67a) enseigne qu'un mari doit aimer sa femme comme lui-même et l'honorer plus que lui-même.
Pourtant, lorsque le Rambam (Hilkhot Ichout 15,19) cite cette halakha, il en inverse l'ordre : "Nos Sages ont ordonné à un homme d'honorer sa femme plus que lui-même et de l'aimer comme lui-même".

Le rav 'Haïm Chmoulévitz explique que la guémara énonce d'abord l'objectif de la Torah pour un mari = atteindre un stade où il aime sa femme autant qu'il s'aime lui-même. Cependant, le Rambam est un livre de lois. Il nous enseigne comment atteindre un tel objectif = en honorant sa femme plus qu'il ne s'honore lui-même.
[ cela explique pourquoi la guémara dit qu'il faut l'honorer plus que soi-même et l'aimer comme soi-même. Le but est d'atteindre l'amour, qui ne peut être qu'à la hauteur de l'amour que l'on se porte à soi-même. Cependant, le moyen d'y parvenir est de l'honorer plus que soi-même.]

-> Comment honorer une autre personne?
Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar - Balak 5732) définit la mitsva d'honorer un parent comme l'obligation pour l'enfant de trouver une qualité dans laquelle le parent excelle, et de l'honorer et de le respecter pour cette qualité comme si, dans cette qualité, il était la plus grande personne de toute la génération.
Il dit avoir appris cela de son père, qui a fait de même avec son propre père. Le rav 'Haïm Chmoulévitz écrit qu'il n'a jamais compris pourquoi son père agissait de la sorte, jusqu'à ce qu'il réalise enfin que pour honorer véritablement quelqu'un, il faut avoir pour lui un respect réel et authentique. Et pour l'acquérir, il faut trouver la qualité unique de cette personne qui mérite un tel respect.

-> Ce concept se retrouve dans le Séfer 'Harédim (9,35) : "La principale façon d'honorer ses parents est de les considérer comme de grandes personnes et des personnalités respectées et honorables. Car en agissant ainsi, on en vient à les honorer dans ses paroles et ses actes."

-> Le Rambam (Hilkhot Déot 6,3) mentionne la mitsva d'aimer chaque juif et dit :
"Par conséquent, on est tenu de faire l'éloge d'autrui, de se préoccuper de ses biens de la même manière que l'on se préoccupe de ses propres biens et que l'on souhaite être honoré.
Nous voyons que le fait de mentionner les bonnes qualités d'une autre personne est un accomplissement de la mitsva d'aimer une autre personne."

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+ Dents brillantes ou odeur désagréable? :

-> La capacité à voir les bons côtés des autres est en fait la marque d'un tsadik.
"Les fous [les réchaïm] parlent de la culpabilité des autres, mais ceux qui sont droits parlent de ce qui est bon chez les autres" (Michlé 14,9).

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 3:217) explique qu'un fauteur est toujours à la recherche d'échecs et de mauvais points chez les autres. Il se concentre uniquement sur ce qu'ils ont fait de mal ou sur ce qui leur manque.
Rabbénou Yona compare ces personnes à une mouche, qui est attirée par les endroits sales.

[ le Or'hot Tsadikim (chaar lachon ara) ajoute que : parler mal des autres est une source d'embarras pour soi-même, car les gens parlent surtout de ce qu'ils ont dans le cœur et l'esprit. Quelqu'un qui parle mal des autres montre qu'il a lui-même le même défaut, qui est toujours dans son esprit, et c'est pourquoi il mentionne ce défaut chez les autres.
(d'une certaine façon, on est tout content d'avoir trouvé du mauvais en autrui, pour mieux se valoriser, oubliant qu'on a ce défaut en nous! )]

Le juste, quant à lui, ignore tout ce qui est mauvais chez une personne et ne parle que de ses bons côtés.
[Après le Déluge, la Torah décrit en détail comment Noa'h s'est enivré et comment ses fils l'ont couvert pour cacher sa honte. Il les a bénis et les bénédictions ont été accomplies.
Le 'Hafets 'Haïm (Introduction, Commandements positifs 2) explique que cette histoire se trouve dans la Torah pour nous enseigner l'importance de couvrir les mauvais points et la honte d'une autre personne. ]

Rabbénou Yona rapporte ensuite l'histoire de 2 personnes qui passent devant une carcasse en décomposition. L'un d'eux s'exclame : "Quelle odeur épouvantable !", ce à quoi le sage répond : "Mais qu'elles sont belles ses dents blanches et brillantes !".
Le tsadik est celui qui peut se concentrer sur le positif et ne parler des autres qu'en termes élogieux.

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+ 'Hafets 'hessed :

-> Le Ramak, rabbi Moché Cordovero (Tomer Dévorah - chap.1) écrit que cette caractéristique est l'un des traits de miséricorde d'Hachem appelé : 'hafets 'hessed" (Il désire le 'hessed).
Cela signifie que même lorsque le peuple juif mérite d'être puni pour les fautes qu'il a commises, Hachem aura pitié de lui et l'épargnera s'il a le mérite de faire du 'hessed les uns envers les autres.

Ainsi, il est écrit dans le Tomer Dévorah :
"Même si quelqu'un vous fait du tort et vous met en colère, s'il a une qualité, telle que l'aide aux autres ou un autre bon trait de caractère, cela devrait être une raison suffisante pour annuler toute votre colère contre lui, et il devrait trouver grâce à vos yeux.

D'autant plus avec sa femme [nos Sages (Yébamot 63a) enseignent que Rabbi 'Hiya avait une femme difficile, mais chaque fois qu'il trouvait quelque chose qu'il savait qu'elle aimerait, il le lui apportait, expliquant] : "Il suffit qu'elle élève nos enfants et qu'elle m'épargne de la faute".
De même, une personne devrait dire à propos de tout le monde : "Il me suffit qu'il ait fait telle ou telle chose pour moi ou avec quelqu'un d'autre, ou le bon trait de caractère qu'il possède"."

-> Le Tomer Dévorah décrit un trait de caractère encore plus élevé. Il s'agit du fait qu'Hachem aime le peuple juif en toutes circonstances, même lorsqu'il ne le mérite pas, parce qu'Il se souvient de l'amour qu'Il a eu pour nous lorsque nous avons quitté l'Egypte et que nous L'avons suivi dans le désert hostile sans aucune provision.
De même, le Tomer Dévorah insiste sur le fait que même si quelqu'un n'est pas digne d'être aimé à l'heure actuelle, il faut se souvenir des moments passés avant qu'il ne se soit écarté du droit chemin.
De cette manière, écrit-il, il n'y a pas une seule personne à propos de laquelle on ne puisse pas trouver une qualité qu'elle avait autrefois, et l'aimer à cause de cette qualité.

[ selon le rav 'Haïm Soloveichik cela n'est vrai que pour quelqu'un qui n'affecte pas les autres par son comportement. Mais cela ne s'applique pas à une personne qui incite les autres à fauter, en particulier si elle persuade les jeunes d'abandonner la Torah et les mitsvot.
La Guemara dit que faire fauter une autre personne est pire que de la tuer, car elle lui fait perdre son monde à Venir, et il faut haïr une personne qui essaie de la détruire. ]

-> Le Tomer Devorah (chap.2) résume qu'il n'y a personne d'aussi acceptant ou humble qu'Hachem, qui comble Ses créations d'une bonté infinie, indépendamment de leur comportement ou des fautes qu'ils commettent.
Il y est écrit : "Une personne doit agir de la même manière. Aucune raison au monde ne devrait l'empêcher de faire du bien aux autres. Aucune faute ou comportement inapproprié ne doit l'empêcher d'aider ceux qui sont dans le besoin à tout moment ... On ne doit mépriser personne et doit considérer même la personne la plus humble comme extrêmement importante, et on doit aider tous ceux qui ont besoin de son aide."

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+ Faire l'éloge des gens :

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - chaar Tévouna - chap.7) consacre un chapitre entier à cette idée [de louer le peuple juif à Hachem] et écrit qu'une personne qui loue constamment les mérites des juifs et implore Hachem d'avoir pitié d'eux "sera aimée et chérie par Hachem".

Il rapporte ensuite une prière que Eliyahou haNavi a adressée à Hachem, en citant les actes méritoires de la nation juive : "Maître du monde, regarde notre affliction, prends en compte nos doléances et remarque l'humiliation dont nous souffrons constamment. Souviens-Toi des nombreux foyers d'Israël qui n'ont pas d'argent et qui, pourtant, apprennent la Torah chaque jour ..."
Le 'Hafets 'Haïm nous implore d'apprendre du prophète Eliyahou et de parler à Hachem des actes méritoires de Ses enfants bien-aimés.

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+ Pourquoi est-ce si difficile?

-> Certaines personnes ont du mal à louer les qualités des autres. Cela peut provenir d'un manque d'estime de soi ; elles ont l'impression que leur propre valeur est menacée s'il y a des gens meilleurs qu'elles dans de nombreux domaines. Cependant, la bonne attitude à adopter est de se rappeler le principe selon lequel l'ensemble du peuple juif constitue une seule et même âme.

Tout comme un corps possède différents organes et membres, et que chacun d'entre eux a une fonction unique qu'aucune autre partie du corps ne peut remplir, de même, au sein du peuple juif, chacun a son propre travail individuel qu'il est le seul à pouvoir accomplir. Je ne pourrai jamais être le 'Hafets 'Haïm, mais le 'Hafets 'Haïm ne pourrait pas accomplir ma tâche.
[il faut accepter le rôle et les capacités que Hachem m'a donné, et chacun aura à répondre de les avoir utilisés du mieux qu'il pouvait. Chacun est unique et nécessaire dans la partition qui conduira à révéler et proclamer fortement Hachem dans le monde. ]

Grâce à cette prise de conscience, non seulement je ne suis pas gêné si quelqu'un a une qualité différente de la mienne, mais je veux qu'il en soit ainsi. Puisque chacun a une tâche unique qu'il est le seul à pouvoir accomplir, chaque personne doit disposer d'un ensemble d'outils exclusifs. Je veux que mon prochain juif réussisse à utiliser ses outils, afin qu'ensemble, en tant qu'équipe unie, nous puissions atteindre la grandeur maximale du peuple juif.

-> Le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.22) écrit :
"Quelqu'un qui est beaucoup plus intelligent que les autres ne fait que ce que sa nature lui permet de faire.
De même qu'un oiseau vole parce que c'est sa nature et qu'un bœuf tire des poids lourds parce qu'il est né avec cette capacité, de même, il [la personne intelligente] est sage parce que c'est sa nature.
Si l'on donnait la même intelligence à une autre personne qui n'est pas aussi intelligente que lui, cette personne serait tout aussi intelligente. Il n'y a donc aucune raison d'être orgueilleux.
Au contraire, si une personne a été dotée d'intelligence, elle est tenue d'enseigner aux autres, comme l'a enseigné Rabbi Yo'hanan ben Zakaï : "Si tu as appris beaucoup de Torah, ne garde pas ce bien pour toi, car tu as été créé dans ce but" (Pirké Avot 2,9).
[la traduction habituelle est : Si tu as appris beaucoup de Torah, ne t’en fais pas l’éloge, car c’est dans ce but que tu as été créé. Le Ram'hal apporte ici une autre version. L'idée que si on a reçu davantage d'outils (ex: intelligence, richesse, capacité à être joyeux, à l'écoute, ...), alors on est responsable dans faire profiter autrui. (à l'image de la tsédaka, si on reçoit un bien d'Hachem, c'est dans un but d'en faire également bénéficier notre prochain juif. )]
S'il est riche, il doit être heureux de son sort et aider ceux qui sont dans le besoin. S'il est fort, il doit aider les faibles et les sauver de leurs oppresseurs. A quoi cela est-il comparable? Aux serviteurs d'une maison, où chacun est chargé d'une tâche différente, et chacun doit veiller à faire le travail qui lui a été confié."

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+ Que lui arrive-t-il?

-> Le principe fondamental du 'hessed est de ressentir ce que vit la personne comme si on le vivait soi-même (nossé béol im 'havéro). Ce n'est qu'à cette condition que nous pouvons vraiment comprendre ce qu'il ressent et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour l'aider.
Cette tâche n'est pas simple. Nous ne pensons naturellement qu'à notre propre vie et à nos propres émotions. C'est une tâche colossale que de sortir de son propre égo et de se mettre à la place de quelqu'un d'autre.

Comme l'écrit le Or'hot Tsadikim (fin de chaar Sim'ha), c'est quelque chose qui ne peut être acquis que par la pratique. Il faut passer quelques secondes, pas plus d'une minute, à essayer de ressentir ce que quelqu'un doit ressentir dans sa situation.

Chaque jour, prenez une personne différente dans une situation différente afin de vous exercer à une variété d'émotions. Si vous entendez quelqu'un se fiancer, fermez les yeux et imaginez et ressentez l'excitation et la montée d'adrénaline.
C'est un outil très puissant que de dire à haute voix : "Je suis tellement heureux pour lui". En effet, même si nous ne ressentons pas vraiment cela, notre état d'esprit peut être modifié au fil du temps par nos paroles. [un comportement extérieur, a une influence sur notre intériorité (ex: se forcer à sourire, à se réjouir d'autrui, ...)]
De même, on peut aussi ressentir la douleur d'un parent malade, l'espoir d'une personne qui attend une bonne nouvelle, la frustration d'une personne qui a été rejetée lors d'un entretien d'embauche et la honte d'une personne qui a dérapé en public, ...

[ex: en prenant même 5-10 secondes pour penser à la douleur et aux conséquences d'un malade, alors la prière qu'on va faire pour sa réfoua chéléma aura une force plus grande, et donc un impact plus fort, en plus du mérite de la mitsva d'aimer son prochain qui est faite. [Hachem désire et apprécie l'amour qu'il y a entre Ses enfants adorés! Ainsi, lorsque l'on sort de notre égo/confort personnel pour se mettre à ressentir la douleur actuelle d'autrui, alors cela a beaucoup de valeur! ]
Ces pensées ressemblent au fait de tendre/tirer davantage un arc permet à la flèche d'aller plus loin, d'être plus utile pour celui auquel nous prions. ]

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+ Le bénéfice du doute :

-> Le Yessod véChorech haAvoda (chaar 1, chap.6) écrit que sans le le concept d'accorder aux autres le bénéfice du doute (juger favorablement - dan lékaf zé'hout), nous ne serions jamais en mesure d'accomplir correctement la mitsva d'aimer un autre juif comme nous-mêmes.

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - chaar haZé'hira - chap.12) enseigne que si quelqu'un a accepté le lachon ara et qu'il a cru une calomnie que quelqu'un aurait dit sur lui, alors il est "pratiquement impossible" de s'empêcher par la suite de blesser ou de se disputer avec cette personne.
Il est presque inévitable qu'ils finissent par devenir des ennemis, espérant que l'autre souffrira ou tombera (c'est bien fait pour elle!), ce qui l'antithèse exacte de l'amour pour un autre juif.
Le 'Hafets 'Haïm écrit que la seule méthode pour éviter ce scénario est de perfectionner l'art d'accorder le bénéfice du doute lorsque quelqu'un semble avoir dit ou fait quelque chose contre nous.

[on a ainsi l'idée que "aimer autrui" cela implique de faire l'effort de toujours le voir sous un angle davantage positif. On voit cela particulièrement dans le couple, où en se focalisant trop sur ce qui peut être négatif (il est humain!), on en vient à fissurer, à réduire l'admiration et l'amour.
(la Torah ne nous demande pas d'être naïf, et il faudra prendre ses distances en cas de danger, mais malgré tout dans la très grande majorité des cas le fait de juger positivement autrui ne nous impact pas négativement.)]

-> Il est souvent beaucoup plus facile qu'on ne le pense d'accorder le bénéfice du doute. Il suffit de penser aux moments où nous avons eu une journée stressante, où, fatigués et affamés, nous avons commis une erreur, ou encore où nous avons parlé à quelqu'un d'une manière inappropriée.
Nous savons que nous n'aurions jamais agi de la sorte en temps normal, et que nous l'avons fait uniquement en raison de la journée très difficile que nous avons passée.
Nous nous disons : "Si les gens savaient ce que je traverse, ils sauraient que ce n'est pas moi qui ai dit cela".
De même, nous ne pouvons jamais savoir ce que vit une autre personne. Il peut sembler heureux, comme si tout allait bien, mais intérieurement, un million de choses peuvent lui arriver. Il peut avoir mal à l'estomac, ne pas avoir dormi la nuit dernière parce que ses enfants étaient malades, avoir un parent à l'hôpital ou une lourde dette à payer. Il peut avoir eu une enfance très difficile ou s'être disputé avec sa femme.
Les possibilités sont si nombreuses et étendues qu'il devrait être relativement simple de penser que, tout comme je n'ai pas agi correctement uniquement parce que j'avais tel ou tel problème, cette personne n'a probablement dit ou fait quelque chose de blessant à mon égard que parce qu'elle avait quelque chose d'important à l'esprit.
[idéalement, en réalisant qu'actuellement "elle n'est pas elle même" (contre sa volonté), alors on devrait demander à Hachem de la bénir du meilleur, pour qu'elle puisse de nouveau être elle-même : un magnifique juif plein de joie et de bénédictions. ]

Le rav Wolbe (Alé Shour, vol.2, p.207) ajoute que si quelqu'un se soucie vraiment d'une autre personne, il veut que cette personne soit innocente, et il la juge donc en conséquence.
Avec un tel état d'esprit, il est beaucoup plus facile de trouver une raison pour justifier ses actions.

[évidemment cela demande un travaille sur nous (surtout au début), car naturellement on "aime" qu'autrui se comporte mal, car on se dit alors que nous ne sommes pas si mal que cela [au regard de ce qu'il a fait]! Cela flatte mon égo, et permet de justifier mes mauvaises attitudes.
Mais on demande à un juif d'aller au-dessus de sa nature humaine, et de se rattacher au fait que nous sommes tous une même âme spirituelle, que nous devons aimer et chérir autrui juif. ]

-> Le rabbin Ephraïm Wachsman raconte l'histoire suivante :
Il y avait un homme dont le travail consistait à livrer de la viande à domicile. Une fois, il était très en retard et n'atteignit l'un de ses clients qu'à minuit. Le propriétaire ouvrit la porte et, avec un grand sourire, lui dit : "Bonjour, je suis si heureux de voir que vous êtes arrivé!"
Sur ce, le livreur s'effondre en sanglots ininterrompus. L'hôte a rapidement fait entrer l'homme, l'a fait asseoir, lui a apporté une boisson et il a fini par le calmer.
Après quelques minutes, le livreur raconte son histoire. "Ma femme a été opérée aujourd'hui. J'ai passé la journée à l'hôpital avec elle et tout a été retardé. J'étais épuisé physiquement et moralement, mais je dois payer les factures et j'ai donc entrepris ma tournée. Partout où je suis allée, j'ai été accueillie par des froncements de sourcils furieux parce que j'étais si en retard. Je suis arrivée chez vous à minuit et je redoutais votre réaction. Mais je dois te remercier. Vous êtes la première personne à m'avoir dit quelque chose de gentil de toute la journée!"

Cet homme était un héros pour avoir tenu bon malgré tous ses soucis et son stress. Les personnes qui ne s'intéressent qu'à elles-mêmes fronçaient les sourcils à cause des inconvénients qu'elles subissaient (ex: comment peut-il me manquer de respect en venant en retard, est-ce qu'il pense à la gêne que cela m'occasionne, ... ).
Quelqu'un qui donne à autrui (baal 'hessed), par contre, dont les yeux sont ouverts pour penser aux autres, se rend compte qu'il est inhabituel que cet homme livre la commande si tard. Il ne se contente pas de penser à son propre désagrément, mais se soucie de ce que l'autre personne peut endurer, et lui offre alors le sourire chaleureux et amical et l'encouragement qu'elle méritait et dont elle avait tant besoin.

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+ Hachem, aide-moi à l'aimer :

-> Le Choul'han Aroukh (Ora'h 'Haïm 110:8) stipule que chaque matin, avant de commencer à étudier la Torah, il faut dire la prière que le sage Rabbi Né'hounya ben Hakana disait avant d'apprendre.
Il y demande : "Je ne devrais pas être heureux si mes amis commettent une erreur dans la halakha et ils ne devraient pas être heureux si je le fais".
Cela est basée sur le verset : "Ne te réjouis pas lorsque ton ennemi trébuche" (Michlé 24,17). D'autant plus si c'est un ami qui trébuche!

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - chaar Tévouna - chap.17) assimile le fait de se réjouir de la chute d'une autre personne à de l'avoda zara (idolâtrie) et le cite comme l'une des raisons pour lesquelles le Temple a été détruit.
Le 'Hafets 'Haïm conseille de penser qu'en raison de nos fautes, nous mériterons nous aussi de faire un faux pas et d'être embarrassé en public, mais qu'en raison du mérite de nos ancêtres, Hachem nous épargne une telle douleur.
[l'idée est incroyable : lorsque je vois autrui tomber, je dois non seulement avoir de la compassion pour lui (l'aidant et priant pour son bien), mais en plus je dois remercier Hachem de ne pas m'avoir mis à sa place alors que j'aurai dû y être! (en remerciement pour mes ancêtres, je dois me renforcer et leur faire honneur par mon comportement dans ce monde, pour l'élévation de leurs âmes!) ]

-> Le Or'hot Tsadikim (chaar Sim'ha) explique que Rabbi Né'hounya a réalisé qu'il est courant pour les gens de rire ou de se réjouir lorsque quelqu'un d'autre fait quelque chose de mal, car cela leur donne le sentiment d'être supérieurs à eux.
Cependant, la Torah attend de nous que nous ressentions son profond embarras et que nous soyons peinés pour lui. Ceci est particulièrement important si l'erreur a été commise dans le domaine de la halakha (loi juive), ce qui pourrait amener les gens à transgresser la volonté d'Hachem.
Rabbi Néhounya savait que pour se préserver de cette réaction presque naturelle, il devait prier pour obtenir une aide spéciale d'Hachem. Il nous incombe de faire de même.

-> Le Maharcha (guémara Béra'hot 28b) explique la prière de Rabbi Né'hounia de manière légèrement différente. Il dit qu'il a prié pour que ses amis soient vraiment heureux qu'il n'ait pas fait d'erreurs et qu'il se réjouisse qu'ils n'aient pas trébuché.
Dans notre relation avec notre prochain on attend de nous d'être sincèrement heureux des succès des autres, mais Rabbi Né'hounya a compris qu'il fallait une aide Divine spéciale pour surmonter son égo personnel et ressentir honnêtement ce sentiment.

L’importance de l’unité

+ L'importance de l'unité :

-> Nos Sages (Tana déBé Eliyahou rabba - ch.28) enseigne qu'Hachem dit au peuple juif : "Mes enfants bien-aimés, est-ce qu'il me manque quelque chose que Je dois vous demander? Mais il y a une chose que Je vous demande, c'est de vous aimer les uns les autres, de vous respecter les uns les autres et d'avoir de l'admiration les uns pour les autres. [Entre vous] ne fautez pas, ne volez pas et ne vous comportez pas de manière désagréable".

-> Le 'Hafets 'Haïm (Za'hor léMyriam - ch.11) écrit que nous apprenons ici que "l'unité entre les juifs apporte satisfaction et bonheur à Hachem ... et si chaque juif aimait l'autre comme il se doit, chaque personne recevrait une bénédiction supplémentaire dans ses efforts".

Il conclut que cela est suggéré dans le verset où nous apprenons le concept de 'hessed. La Torah écrit : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même ; Je suis Hachem". Les deux derniers mots, "Je suis Hachem", sont ajoutés pour nous enseigner que "si tu aimes ton prochain comme toi-même, alors Moi, Hachem, je serai parmi vous et je vous aimerai tous les deux".

=> L'unité et la paix permettent à la Présence divine de résider en nous, ce qui apporte avec elle toutes les bénédictions infinies d'Hachem.

Aimer son prochain comme soi-même = tous les juifs ne sont qu’une seule et même âme (2e partie)

+++ Aimer son prochain comme soi-même = tous les juifs ne sont qu'une seule et même âme (2e partie) :

+ Prier pour les autres :

-> Le 'Hatam Sofer cite la guémara (Béra'hot 12b), qui dit que quelqu'un qui pourrait prier pour les autres [juifs], mais ne le fait pas est considéré comme un fauteur.
Selon le 'Hatam Sofer, la guémara poursuit en disant qu'un talmid 'hacham doit se rendre malade en priant pour les autres. Il explique cette exigence de la manière suivante : Puisque le peuple juif tout entier est comme une seule âme et un seul corps, lorsqu'une personne souffre, l'autre doit également ressentir cette douleur ("se rendre malade").
Puisque les deux personnes souffrent maintenant, il est également capable de prier, car il n'est plus considéré qu'il prie pour quelqu'un d'autre, mais plutôt comme une personne priant avec sa bouche pour qu'il soit guéri de la douleur dans son doigt.
Ceci est vrai pour tout le monde, mais la guémara souligne qu'un talmid 'hakham devrait particulièrement le faire, parce que sa grandeur supplémentaire le rend semblable à la tête du corps, qui est plus importante et plus influente que les autres parties du corps et qui est donc plus apte à prier.

[ex : un conseil est de prendre quelques secondes pour imaginer et ressentir les douleurs du malade, la souffrance de sa famille, ... et alors on pourra prier avec davantage de cœur, et donc avoir une prière qui aura plus d'impact.
Juste quelques secondes où l'autre (pour lequel on prie) devient nous-même! (cela peut être valable également pour les bonnes nouvelles, l'essentiel étant de vivre ce qu'il vit autant que possible, même quelques secondes) ]

-> Cette idée nous conduit à la compréhension la plus simple du Arizal, qui écrit [dans sa courte prière que nous disons] avant de commencer chaque prière, il faut avoir à l'esprit d'accomplir la mitsva de "aimer son prochain comme soi-même". En effet, on ne peut vraiment prier pour un autre juif que lorsqu'on réalise que nous sommes tous une seule entité et que sa douleur est la mienne.
Nos prières sont très souvent à la forme plurielle car elles ont un impact et le pouvoir de sauver notre prochain juif de ses difficultés.
[de même, certains ont l'habitude de donner des pièces à la tsédaka avant de prier. On peut voir cela comme une façon de s'ouvrir concrètement à l'amour d'autrui, à la conscience que nous sommes liés. ]

-> Nombreux sont ceux qui s'inquiètent de ne pas voir leurs prières porter leurs fruits. Il leur semble qu'Hachem ne répond pas aux prières et souvent, par frustration, ils cessent de prier.
Pourtant, la tradition transmise par de nombreux grands tsadikim veut qu'Hachem réponde à chaque prière qu'un juif Lui adresse.

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles nous ne voyons pas nos prières exaucés, mais nous mentionnerons ici le principe expliqué par le Déguel Ma'hané Efraïm (Ki Tétsé).
Il écrit que parfois, Hachem prend une prière dite par quelqu'un dans une partie du monde et l'utilise pour aider un autre juif ailleurs. Un juif de Paris peut prier pour une aide financière et Hachem répondra à sa prière en permettant à un juif d'Australie d'avoir de l'aide pour avoir une bonne parnassa.

[il est intéressant de noter que tous les juifs sont liés peut importe l'espace (le lieu où ils se trouvent) et le temps, puisque par nos actions nous influençons les juifs décédés, ainsi que ceux à venir.]

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+ Etre jaloux? Pas de soi-même! :

-> Nos Sages (Sanhédrin 105b) nous disent que naturellement, un parent n'est pas jaloux de son enfant, ni un rabbi de son disciple. Ils estiment que leurs enfants ou leurs disciples sont des prolongements d'eux-mêmes et que la jalousie n'a donc pas sa place.
Il incombe à chacun de développer l'état d'esprit selon lequel il fait partie du grand corps du peuple juif, travaillant tous ensemble pour répandre l'honneur d'Hachem dans le monde.

-> Celui qui croit cela ne sera jamais jaloux de la position d'une autre personne dans la vie ou de ses succès dans la avodat Hachem. Au contraire, il sera ravi de voir d'autres personnes progresser dans la Torah et les mitsvot, car cela signifie que le peuple juif tout entier a accompli une plus grande partie de la volonté d'Hachem. Il lui importe peu de savoir si c'est lui qui a mérité de le faire ou quelqu'un d'autre, du moment que de la satisfaction a été apporté à Hachem.

[lorsque mon prochain juif va bien spirituellement, alors il impact la collectivité juive, et par ricochet il m'impact personnellement. Ainsi, en priant et me réjouissant pour la réussite d'autrui, en réalité c'est également pour moi que je le fais (en plus de le faire pour la grandeur d'Hachem, que le kidouch Hachem soit maximal).
De toute façon, Hachem peut donner l'infini à chaque juif, et Il aura encore l'infini à nous donner ... ainsi ce qu'autrui a ne me limite nullement, donc je ne dois pas m'inquiéter/être jaloux de cela (sinon j'ai une vision limitante de D.). ]

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+ Combattre dans l'armée d'Hachem :

-> Un jour, quelqu'un a demandé au 'Hafets 'Haïm : "Pourquoi devons-nous avoir autant de sortes de juifs différents? Il y a les 'hassidim, les séfarades, et tant d'autres. Certains mettent l'accent sur l'apprentissage, d'autres sur la prière, d'autres encore sur la danse et le chant. Qu'y aurait-il de mal à ce que tout le monde soit pareil, à ce que nous fassions tous la même prière et que nous fassions tout de la même façon?
Le 'Hafets 'Haïm a répondu : "Pourquoi ne posez-vous pas la même question au sujet du tsar de Russie? Pourquoi a-t-il autant de types de soldats? Il a des fantassins, de la cavalerie, des équipes d'artillerie, des pilotes et des sous-mariniers. Qu'y aurait-il de mal à ce qu'il n'ait qu'un seul type de soldat avec un seul type d'arme, sous la direction d'un seul général?
La réponse est que lorsque vous faites la guerre, vous devez utiliser toutes les tactiques possibles pour garantir la victoire. Un fantassin a l'avantage du combat au corps à corps. La cavalerie, quant à elle, peut effrayer l'ennemi et le faire fuir.
Les responsables des canons et des roquettes peuvent faire la guerre à distance.

Même les chanteurs et les musiciens participent à l'effort de guerre en maintenant le moral des soldats.
"Il en va de même pour la guerre contre le yétser ara. Tous les différents groupes de juifs, les 'hassidim et les non-'hassidim, se joignent aux soldats de l'armée d'Hachem pour combattre le yétser ara.
Certains luttent en apprenant la Torah, d'autres en faisant leur prière, d'autres en chantant et en louant, d'autres encore en soufflant dans le shofar. Tant que chacun garde à l'esprit qu'il le fait pour le Ciel"
['Hafets 'Haïm al HaTorah - Réé 14,1]

-> Le 'Hafets 'Haïm a dit un jour :
"Je ne sais qu'une chose. Lorsque quelqu'un décède et que son âme se rend dans l'autre monde, on ne lui demandera pas s'il appartenait à tel ou tel groupe. Tout ce qu'ils feront, c'est ouvrir un séfer Torah et lui demander : "As-tu respecté ce qui est écrit ici? As-tu accompli tout ce qui est dit dans l'ensemble de la Torah? S'il peut répondre par l'affirmative, il ira au Gan Eden, mais s'il répond par la négative, il finira dans les feux de Guéhinam".
["notre peuple n'est un peuple que par sa Torah" - rav Saadia Gaon]

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+ L'amour véritable :

-> Le Tanya (ch.32) pousse cette idée un peu plus loin. En vérité, la seule façon d'aimer vraiment quelqu'un d'autre est de l'aimer pour son âme.
L'amour véritable ne peut exister que dans quelque chose qui est une seule entité, où toutes les parties sont essentiellement une. Quelque chose composé de différentes parties qui ont été combinées aura toujours une séparation intrinsèque qui empêche le niveau ultime d'unité.
Au niveau de l'âme, nous sommes tous unis et entièrement connectés, et nous pouvons donc éprouver de véritables sentiments d'amour les uns pour les autres.
Dans le monde physique/matériel, cependant, nous sommes divisés en différents corps, avec des apparences, des idéaux et des possessions différents.
Par définition, notre physique nous différencie les uns des autres, et donc si j'aime quelqu'un pour tout ce qu'il a de physique, il est impossible qu'il s'agisse d'un véritable amour.

-> Le Baal HaTanya ajoute que c'est la raison pour laquelle Hillel a dit au non-juif que toute la Torah est basée sur "tu aimera ton prochain comme toi-même", même s'il semble qu'elle ne concerne que les mitsvot avec son prochain (ben adam la'havéro) mais pas avec D. (ben adam laMakom).
Pour vraiment aimer quelqu'un, il faut comprendre la grandeur de l'âme, et combien elle est plus significative et spéciale que le corps physique qui nous sépare. Dès que l'on contemple cela, on est automatiquement inspiré à suivre les désirs de l'âme d'accomplir les mitsvot et d'ignorer les tentations du yéter ara de s'adonner au plaisir physique.

-> L'Alter de Kelm (Chochmah U'Mussar 1) écrit :
"Il est impossible d'aimer son ami comme soi-même tant que l'on n'a pas éliminé toutes les traces de matérialité (gachmiout) le concernant et que l'on ne se retrouve pas dans une pureté dépourvue de barrières physiques.
Alors, les parties de l'âme peuvent se réunir pour ne faire qu'un, car dans la spiritualité (rou'hniyout), il n'y a pas de séparation ou de division, contrairement à la matérialité dans laquelle il n'y a pas de véritable unisson puisqu'elle est composée de différents matériaux."

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+ Donner, c'est aimer :

-> Le rav Eliyahou Dessler (Kountres ha'Hessed - ch.4)explique qu'il y a 2 types de personnes dans le monde, celles qui donnent et celles qui prennent. Naturellement, les gens sont des preneurs.
Le mot pour l'amour dans la Torah est ahava, dont la racine (hé et bét - הב) signifie "donner".
Contrairement à ce que les gens pensent, on aime quelqu'un à qui l'on donne, et non pas quelqu'un qui nous donne.
C'est la véritable raison pour laquelle les parents aiment leurs enfants plus que ces derniers ne les aiment. Les parents se donnent corps et âme pour tout donner à leurs enfants, et ces années de don constant génèrent un amour profond pour leurs enfants qui ne pourra jamais être égalé.
Le rav Dessler cite nos Sages : "Si tu veux développer l'amour pour ton ami, implique-toi dans des actions qui lui sont bénéfiques".
Pourquoi est-ce vrai

Le rav Dessler nous donne un aperçu de la psychologie humaine :
"Une personne aime les fruits de ses actions parce qu'elle y sent une partie d'elle-même. Qu'il s'agisse d'un enfant qu'il a mis au monde ou recueilli, d'un animal qu'il a élevé, d'un arbre qu'il a planté, ou même de quelque chose d'inanimé comme une maison qu'il a construite. Dans tous ces cas, il est lié par l'amour à l'œuvre de ses mains, car c'est en elle qu'il se retrouve.
En résumé, ce qu'une personne donne à une autre n'est jamais perdu, il s'agit plutôt d'une extension de son propre être. Il peut voir une partie de lui-même dans son prochain à qui il a donné. C'est à cet attachement entre l'homme et son semblable que l'on donne le nom d'amour".

Il est impossible d'aimer quelqu'un d'autre comme soi-même. Mais en donnant aux autres, on peut s'élargir et les intégrer comme une partie de soi.

-> Le rav Shimon Shkop (Intro à Chaaré Yosher) écrit :
"À première vue, l'amour de soi et l'amour des autres semblent être deux concepts différents. Mais nous devons aller plus loin et clarifier ce qu'est le véritable moi d'une personne, car c'est à cette aune que nous pouvons mesurer la grandeur de chacun.
Chez une personne humble et peu raffinée, son "moi" se limite à son moi physique et à son corps. Une personne plus élevée se rend compte qu'elle possède à la fois un corps et une âme.
Plus haut encore, une personne intègre dans son "moi" son foyer et sa famille. Une personne vivant selon la Torah inclut dans son "moi" l'ensemble du peuple juif, puisqu'en vérité chaque Juif est un membre du corps appelé le peuple juif.
Le véritable grand homme réalise que le monde entier fait partie de son "moi" et qu'il n'est qu'une petite partie de l'ensemble de la Création. Dans cet esprit, le sentiment d'amour de soi qu'il éprouve l'aidera à aimer chaque juif et le monde entier."

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+ L'amour véritable :

-> C'est la compréhension profonde du mot ahava. Hav (הב) signifie "donner". La lettre alef au début de ahavah signifie "je". L'amour véritable signifie que nous nous donnons entièrement à l'autre personne, que vous donnez et faites tout ce que vous pouvez pour son bien.

-> La même idée est mentionnée par le rav Shimshon Rafael Hirsch ('Horev - chap.9) à propos de l'amour d'Hachem :
"Aimer signifie ressentir son propre être uniquement à travers et dans l'être d'un autre. Aimer Hachem signifie donc sentir que sa propre existence et sa propre activité ne sont rendues possibles et n'acquièrent de valeur et de signification que par Hachem et en Hachem".

-> Lorsque quelqu'un se donne vraiment et de tout cœur à quelqu'un d'autre, cela crée le plus grand lien et la plus grande connexion possibles. En vous donnant, je m'agrandis et je vous incorpore en moi. Notre âme est absorbée et fusionnée avec la mienne. Le sentiment qui en résulte, celui d'une unité totale et d'un ensemble, celui de faire partie de l'autre et de vivre comme s'il s'agissait d'une seule et même personne, est cette émotion mystérieuse et indescriptible que l'on appelle l'amour.
L'amour est peut-être la plus profonde et la plus intense de toutes les émotions. Il est si puissant que "l'amour couvre toutes les offenses" (Michlé 10,12) et que "de nombreuses eaux ne peuvent éteindre l'amour, ni des rivières le laver" (Chir HaChirim 8,7).

-> Le monde occidental présente l'idéal du "coup de foudre".
Le "coup de foudre" est tout au plus un engouement. Il découle généralement de la convoitise, qui, dans en hébreu, est taava.
Le rav Hirsch (sur Béréchit 3,6) explique que la racine de la taava est d'essayer de prendre pour soi tout ce que l'on n'a pas. C'est l'antithèse exacte de la ahavah, où l'on se donne aux autres.

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+ "Mais je ne serai jamais le 'Hafets 'Haïm" :

-> Nous rencontrons de nombreuses personnes qui se sentent frustrées et désillusionnées par rapport à leur avodat Hachem. Elles éprouvent des regrets et se sentent coupables de choses qu'elles n'auraient pas dû faire, elles ont du mal à faire la prière et à accomplir les mitsvot, et elles se demandent quel bénéfice elles apportent au peuple juif et ce qu'Hachem pense vraiment d'elles.
Ce sentiment est amplifié lorsqu'elles lisent et entendent des récits sur la sainteté et la grandeur surhumaine de guédolim tels que le 'Hafets 'Haïm et le rav Moché Feinstein.

Un tel sentiment est une erreur tragique. Il s'agit d'un stratagème du yétser ara, qui veut nous faire sentir si inutiles que nous renonçons à essayer de nous améliorer. L'une des raisons de cette attitude peut maintenant être comprise à la lumière de ce que nous venons d'apprendre.

Il est vrai que nous ne serons peut-être jamais aussi grands que le 'Hafets 'Haïm ou le Gaon de Vilna. Cependant, nous faisons tous partie de ce grand corps qu'est le peuple juif.
Dans le corps humain, il y a certains membres dont la vie de la personne dépend, comme le cœur et les poumons. Sans eux, la personne meurt. La perte d'un pied ne met pas la vie en danger, mais une personne qui perd un pied est gravement handicapée. Cette personne peut encore fonctionner, nouer des relations et accomplir de nombreuses choses, mais elle éprouvera des difficultés à fonctionner.
Oui, le Gaon de Vilna était à des années-lumière de nous dans son avodat Hachem, mais chaque personne du 21e siècle fait tout autant partie du corps juif que le Gaon de Vilna, et doit faire sa part pour s'assurer que le corps est complet.

Comme l'a écrit le 'Hazon Ich (3, lettre 62) : "de la même manière que les membres d'une personne ont des fonctions différentes, les yeux voient, les oreilles entendent et les mains créent, de même le peuple juif est comme un corps avec de nombreuses parties individuelles, et il incombe donc à chaque personne de remplir son rôle".

De plus, le cœur est la source de vie du corps, mais il ne peut pas faire le travail des jambes ou des doigts. Je ne pourrai peut-être jamais faire ce que les géants des générations précédentes ont accompli, mais ils ne pouvaient pas non plus faire ce que je peux faire.
Hachem, dans Son infinie sagesse, nous a choisis pour vivre à l'époque actuelle et nous a donné les capacités que nous avons, avec une tâche à accomplir qu'aucune autre génération dans l'histoire n'a pu faire.
Notre travail n'est peut-être pas très prestigieux, mais la personne mûre se rend compte de l'énormité et de l'importance de sa contribution unique à l'histoire juive et se consacre avec joie à son corps et à son âme pour contribuer à la perfection de cette belle entité qu'est le peuple juif.
[dans tous les cas plutôt que de se plaindre, que de baisser les bras (si j'avais les capacités du Gaon de Vilna, si je comprendrais les raisons des mitsvot, ... alors je ferais ...), on doit accepter la réalité du contexte et des capacités dont Hachem nous a doté et faire notre mission dans ce monde du mieux que nous le pouvons. ]

En vérité, cette analogie des membres manquants n'est pas tout à fait exacte.
Dans le corps humain, un cœur absent provoque une mort instantanée, alors qu'un doigt manquant ne fait que nuire à la perfection de la personne.
Dans la spiritualité, cependant, ce n'est pas vrai. Comme l'écrit le Yaarot Dvavh, la Chékhina d'Hachem ne peut résider pleinement si le peuple juif est souillé. Si une personne ne fait pas sa part, cela limite la totalité de la présence divine dans le monde, ce qui entrave le but ultime du peuple juif et de la création du monde. Il s'agit d'une mort partielle en termes spirituels, dont les proportions ne nous sont pas vraiment compréhensibles (d'où la comparaison avec le corps humain).

D'un autre côté, nous devons contempler l'incroyable succès du travail et du renforcement de notre avodat Hachem, car en faisant cela, nous méritons d'aider le peuple juif tout entier à être béni par la présence d'Hachem parmi nous.
[d'après le rav A. Tabor]

Aimer son prochain comme soi-même = tous les juifs ne sont qu’une seule et même âme (1ere partie)

+++ Aimer son prochain comme soi-même = tous les juifs ne sont qu'une seule et même âme (1ere partie) :

-> Rachi (citant le midrach Tan'houma 15) enseigne que la façon d'accomplir le 'hessed est de se mettre à la place du pauvre et de sentir ce qu'il traverse afin de l'aider comme s'il s'agissait de son propre problème.
En réalité, il s'agit de l'explication la plus littérale du commandement monumental de la Torah : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (véaavta léréa'ha kamo'ha).
Comme l'écrit le Ram'hal (Messilat Yécharim - ch.11), la Torah "énonce ici une règle qui englobe tout. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Comme toi-même sans aucune différence, comme toi-même sans aucune distinction, sans aucune ruse ou machination à son égard, mais tu aimeras ton prochain exactement comme toi-même".

=> Comment est-il possible d'aimer une autre personne exactement comme je m'aime moi-même ?

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+ Qui suis-je ?

-> Avant d'expliquer comment aimer les autres comme nous-mêmes, nous devons comprendre ce qu'est un juif.
Nous disons tous les jours à Kédouch, lors de la répétition du Amida par le 'hazan : "Nous sanctifierons Ton Nom dans ce monde comme [les saints anges] le sanctifient dans les Cieux".

Le 'Hafets 'Haïm (Chem Olam - pt2, ch.10) note qu'il s'agit là d'une extraordinaire arrogance de notre part. Pouvons-nous vraiment nous comparer aux anges les plus saints du ciel, qui louent constamment Hachem?

Examinons ce qu'est réellement un juif.
Avant notre naissance, notre âme réside dans les mondes supérieurs avec les anges dont le travail consiste à servir et à louer Hachem en permanence.

Hachem désire également des âmes qui le serviront dans ce monde.
Il "choisit" certains âmes et les envoie dans ce monde en tant que Ses messagers pour accomplir Son service. Les anges et nous-mêmes sommes tous deux des serviteurs d'Hachem. Nous sommes tous deux chargés de sanctifier le nom d'Hachem.
Le lieu de service des anges est au Ciel et le nôtre est sur terre.

Un ambassadeur en Russie portera un manteau de fourrure russe épais et lourd ainsi qu'un chapeau pour se protéger du rude hiver russe, mais lorsqu'il retournera dans son pays d'origine, il l'enlèvera et s'habillera à nouveau comme la population locale.
De même, lorsque l'âme descend dans le monde physique, elle doit revêtir les "vêtements" de ce monde, un corps physique. Cependant, une fois son travail terminé, elle enlève le corps physique et retourne à sa place devant le Trône de Gloire d'Hachem.

Le juif fait partie des rares âme à avoir le mérite d'être un ambassadeur d'Hachem dans ce monde. Il est observé par Hachem et par toutes les milliards d'âme [des autres nations] et d'anges au Ciel pour voir comment il se comporte. S'il réussit, écrit le 'Hafets 'Haïm, "il reçoit beaucoup de faveurs d'Hachem et ses actes sont inscrits dans le livre spécial du souvenir d'Hachem.
Ses actes sont rendus publics devant tous les anges et il recevra un grand honneur et une grande gloire lorsqu'il atteindra le monde à Venir (olam haba) pour avoir mérité d'être un serviteur loyal du Roi des Rois."

C'est un honneur si prestigieux d'être choisi comme l'un des rares messagers à venir dans ce monde que n'importe quelle âme serait prête à renoncer à toute sa part dans le mhkonde à venir pour avoir cette opportunité!
[par exemple, la guémara (Kétoubot 103a) rapporte qu'après la mort de Rabbi Yéhouda haNassi (l'auteur/compilateur de la Michna), il retournait chez lui tous les vendredis soirs pour faire le Kiddouch pour sa famille. Il s'est arrêté que lorsque l'un des voisins le voyait et il ne voulait pas faire honte aux autres tsadikim du ciel qui n'avaient pas reçu la permission de faire de même.]

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-> Plus nous réalisons la grandeur et l'importance exceptionnelles que nous avons en tant qu'ambassadeur d'Hachem, trié sur le volet dans ce monde (moins de 0,2% de la population mondiale!) et que votre prochain juif l'est également, alors plus nous sentons à quel point tout juif mérite d'être aimé et respecté.

-> Le verset "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" se termine par les mots "Je suis Hachem" (ani Hachem). Pourquoi ces deux mots sont-ils ajoutés à cette mitsva particulière?

Le 'Hafets 'Haim (Chemirat haLachon - chaar Tévouna - ch.6) nous transmet l'idée suivante : Comment peut-on aimer tous les juifs? Ani Hashem!
Rappelez-vous qu'Hachem Lui-même aime cette personne (peu importe ce qu'elle a pu faire, uniquement parce qu'elle est Son enfant adoré [béni bé'hori]) et l'a choisie pour être Son messager/représentant sur terre et Son serviteur personnel. [on doit du respect aux importants serviteurs/ministres du roi, uniquement de par leur titre. A plus forte raison pour chaque juif qui est également le fils unique d'Hachem (double raison de l'honorer : représentant du Roi des rois dans ce monde, et en respectant le fils on respect le père (D.). ]
Cela signifie qu'il s'agit d'une personne extrêmement importante et spéciale, qui mérite le plus grand respect et le plus grand honneur, et c'est notre mérite de faire tout ce que nous pouvons pour aider une telle personne!

-> Le 'Hovot haLévavot (chaar Yy'houd haMaassé - ch.5) écrit :
"Comment puis-je détester quelqu'un qu'Hachem aime? Comment puis-je dédaigner quelqu'un qu'Hachem loue? Ce n'est pas ainsi que je peux m'acquitter de ma dette de gratitude envers Hachem.
Au contraire, je dois aimer ceux qu'Il aime, car c'est une façon d'aimer Hachem, et je dois honorer les personnes qu'Hachem honore, car c'est la façon dont je L'honore".

-> Le Ram'hal (Tomer Dévorah - ch.2) ajoute que lorsque le roi David étudia les merveilles des créations d'Hachem, il s'exclama : "Ma rabou maassé'ha!" (Téhilim 104,24).
Il explique que David n'a pas dit "Ma gadlou" (comme c'est grand), mais plutôt "Ma rabou", ce qui signifie : combien Tes créations sont importantes et significatives, Hachem.
Cela implique que dans chaque être humain et dans chaque partie de la création, on peut voir la sagesse et la bonté infinies qu'Hachem a investies dans Sa création.
Considérer une autre personne comme sans importance ou sans particularité est une insulte directe, non pas à la personne elle-même, mais plutôt au Maître Créateur qui l'a créée.
Faire l'éloge d'une personne, c'est aussi faire l'éloge d'Hachem.

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+ De quelle couleur sont les chaussettes du gadol hador?

-> Un jour, un spectateur a exprimé son étonnement face à l'immense affection et au respect que le Rav 'Haim Kanievsky témoignait à un soldat qui lui demandait une bénédiction. Le soldat venait d'un milieu complètement différent de celui de Rav 'Haim, ne partageait pas la même vision de la Torah et n'avait rien en commun.
Quelqu'un expliqua au spectateur ce qui suit : "Lorsque vous entrez dans la chambre d'un géant de la Torah comme le Rav 'Haim, vous êtes envahi par le sentiment d'être en présence d'une grande personne. Vous pouvez ressentir la crainte, le respect et l'admiration que tous ceux qui entrent ont pour lui.
Leurs yeux sont rivés sur chacun de ses mouvements, ils tendent l'oreille pour ne pas manquer un mot de ce qu'il dit, et ils éprouvent de l'admiration rien qu'en sa présence.
Que diriez-vous si, après avoir quitté la pièce, je vous demandais de quelle couleur étaient les chaussettes de Rav 'Haim Kanievsky? Vous penseriez que je suis fou! Au milieu de l'admiration et de la sainteté qui émanent de ce tsadik, vous ne remarquez pas ses chaussettes. Elles ne sont qu'une futilité pathétique, une non-entité dans la lumière aveuglante de sa personnalité rayonnante.

"Croyez-moi, il en va de même pour Rav 'Haim Kanievsky lorsqu'il voit un autre juif entrer dans la pièce. Il voit une âme juive (qui est une partie d'Hachem), un enfant bien-aimé d'Hachem, rayonnant de sainteté et de grandeur.
Dans la lumière aveuglante de la grandeur d'un juif, le choix de son couvre-chef et la couleur de sa chemise sont aussi insignifiants pour Rav 'Haïm que la couleur des chaussettes de Rav 'Haïm l'est pour vous!"

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+ Une seule âme :

-> Il y a un niveau beaucoup plus profond dans la compréhension de "kamocha" (comme toi-même).
Le Ram'hal (Tomer Dévorah - ch.1, trait 4) écrit :
"Une personne et son prochain, tous les juifs, sont une chair commune. Et c'est pourquoi chaque juif est responsable de l'autre, parce que chacun a littéralement une partie de chaque autre juif en lui.
Si un juif faute, il se fait du tort à lui-même et à la partie des autres qui est en lui ... C'est pourquoi il est normal qu'une personne désire le bien de son compagnon et soit heureuse que son prochain [juif] ait de bonnes choses, et son honneur doit être aussi précieux que son propre honneur, parce que cette personne est littéralement elle-même.
C'est pour cette raison qu'il nous a été ordonné : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même".

Le Ram'hal nous explique que : "toute personne [juive] est littéralement nous-même" = cette déclaration étonnante est le principe fondamental de tous les mitsvot envers autrui. Un autre juif n'est pas simplement une autre âme très spéciale et importante qui mérite d'être respectée.
Lui et nous sommes une seule et même âme. Il existe une grande entité appelée le peuple juif, et tout comme une personne possède de nombreux membres individuels qui, ensemble, constituent un corps, de même, le conglomérat des âmes de chaque juif individuel constitue le corps spirituel appelé le peuple juif.
En vérité, il est impossible d'aimer quelqu'un d'autre comme moi-même. Cependant, la Torah nous ordonne d'aimer les autres juifs comme moi, parce qu'ils ne sont pas quelqu'un d'autre!
Nous faisons tous deux partie de la même âme, et par conséquent, ses problèmes sont mes problèmes et son bonheur est mon bonheur. Il est moi.

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chmirat haLachon - chaar Tévouna - ch.6) cite une parabole du Yérouchalmi (guémara de Jérusalem) pour illustrer cette idée.
Le Yérouchalmi demande comment la Torah peut attendre de quelqu'un qu'il ne se venge pas d'une personne qui l'a blessé. Le Yérouchalmi répond que supposons que quelqu'un coupe un morceau de viande, que sa main glisse et qu'il se fasse une profonde blessure à l'autre main. Il ne lui vient pas à l'esprit de se venger de la main qui tient le couteau. Ses deux mains font partie de lui et on ne se venge pas contre soi-même!
De la même manière, tous les juifs sont une seule et même âme, de sorte que si quelqu'un vous blesse, vous venger ne reviendrait qu'à vous punir vous-même.

Le 'Hafets 'Haïm résume ce concept ainsi :
"Si quelqu'un ne vous a pas aidé, ou pire encore, s'il vous a blessé ou maudit, ne vous vengez pas contre lui. Car qui est-il et qui êtes-vous? Vous venez tous les deux de la même source ... car les âmes des juifs sont toutes une seule et même âme.
Mais chacun a aussi sa propre individualité. Tout comme chaque partie du corps humain est une seule et même personne, mais il existe des membres principaux, comme la tête et le cœur, et des membres secondaires, comme les mains et les jambes ...
Mais dans ce monde, étant donné que chaque âme est revêtue d'un corps physique différent, avec ses propres problèmes et circonstances, une personne s'imagine qu'elle est une personne privée qui n'a aucun lien avec un autre juif, mais en vérité, ce n'est pas le cas".

[le juifs ne sont qu'un, seule la matière laisse croire à une division. Tout notre travail de juif(ve) est de porter une vision juive sur le monde environnant, malgré le fait que l'on va souvent à contrecourant de la pensée populaire, de notre naturalité humaine, ...
Cela implique de constamment se renforcer dans ce domaine, de prendre du temps à l'imaginer dans son esprit, et surtout à le vivre sur chaque juif. Au début on peut le faire par des mots extérieurs, qui vont progressivement influencer notre intériorité à ressentir pleinement la vraie réalité des choses.
On doit également prier Hachem pour qu'Il nous aide à cela. ]

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-> Rabbi Akiva fait cette déclaration : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même ; c'est un grand principe de la Torah (vé'ahavta léré'akha kamo'ha ; zé klal gadol baTorah)".
Le disciple de Rabbi Akiva, Ben Azai, fait remarquer qu'il existe un autre verset qui constitue une règle encore plus importante dans la Torah : "Ce sont les descendants d'Adam [l'homme]" (zé toldot haadam -Beréchit 5,1).
Le Malbim (Kéochim 19,19) explique que Ben Azaï n'était pas en désaccord avec son maître. La grande règle de la Torah est d'aimer son prochain comme soi-même. Mais comment peut-on atteindre un tel niveau de réussite pour ressentir cela?

La réponse est "zé toldot haadam", c'est-à-dire réaliser que tous les individus font partie de l'âme unique qui unit tous le juifs.
C'est le même Ben Azaï qui a enseigné (Pirké Avot 4,3) : "Ne dépréciez personne" (al téhi vaz lékol adam), car chaque personne fait partie de la grande âme du peuple juif, et chaque partie du corps est importante, précieuse, et a une fonction spéciale à remplir.

[de même qu'aucun organe humain n'est inutile, de même chaque juif a son utilité unique. Chaque personne est jugé sur l'effort et l'exploitation de ses potentialités. ]

-> La guémara (Yébamot 61a) dit que seul le peuple juif est appelé : adam.
[ en hébreu, il existe 4 termes pour désigner un homme : ich, énoch, guéver et adam. De tous ces termes, adam est le seul qui n'ait pas de forme plurielle. C'est pourquoi seuls les juifs sont appelés adam, car dans leur essence, tous les juifs ne forment qu'une seule personne.
Les non-juifs sont des personnes importantes mais ne possèdent pas cet attribut unique d'être tous une seule âme.]

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-> Un exemple de ce sentiment se trouve dans une lettre que le géant de sa génération le 'Hazon Ich a écrite à un jeune étudiant de yéchiva qu'il ne connaissait pas personnellement :
"Il existe un concept de "génération", qui est un corps composé de parties. Chaque personne est un membre du corps, vivant une vie commune avec une âme commune...
Puisque je suis l'un des membres de ce corps, je suis peiné par tout mal qui arrive à d'autres membres du corps qui vivent avec nous. C'est dans cette perspective que je me tourne vers toi pour te dire, mon cher ami, que même si je ne t'ai jamais rencontré, mon âme est liée à la tienne.
J'ai entendu dire qu'auparavant tu apprenais avec beaucoup de joie et de compréhension, rempli de sainteté et sans interruption. Mon cœur souffre beaucoup d'apprendre que des personnes vides ont jeté de la terre sur votre chemin et peut-être même sur vos yeux. Je n'ai pas le droit d'exiger de vous que vous fassiez cesser ma douleur, mais je me sentirais coupable de ne pas vous l'exprimer.
En raison de l'amour profond que je vous porte, j'aurai beaucoup de plaisir à vous entendre. Je vous bénis avec beaucoup de paix et j'attends votre estimée réponse."

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+ Affecter l'ensemble du corps :

-> Selon le Ram'hal (Tomer Dévora), chaque membre du peuple juif est responsable de tous les autres membres. Les actions de chaque individu n'affectent pas que lui-même, mais ont des ramifications sur l'ensemble du peuple juif.

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chmirat haLachon - chaar Tévouna - ch. 6) cite un midrach qui fait l'analogie avec une personne assise dans un bateau et qui perce un trou sous son siège. Ses compagnons de voyage remarquent ce qu'il fait et lui crient d'arrêter, car il met en danger tout le monde dans le bateau. Il lève la tête d'un air perplexe et répond : "Quel est le problème? C'est mon siège et je ne fais que percer le trou en dessous et nulle part ailleurs". Il n'y a rien de tel que de faire ses propres affaires.
Nous ne faisons qu'un et, que nous le voulions ou non, nos actions affectent tout le monde.

[notre égo naturel d'humain nous pousse à proclamer : "Je fais ce que JE veux!", mais la réalité est que chacune de mes actions a un impact sur chaque juif individuellement et collectivement.
Cela est motivant car je ne suis jamais seul (ex: d'autres juifs me donnent des forces spirituelles!), et également responsabilisant (j'aimerai me la couler douce mais d'autres comptent sur moi [sur le flux de spiritualité que mes actes peuvent générer, pour eux avoir l'énergie, les moyens d'agir à leur tour (effet domino qui peut revenir sur moi!)] ).
Le Arizal prononçait les ta'hanounim avec beaucoup de kavana, même s'il n'avait réalisé quasiment aucune des fautes avouées, car tous les juifs étant liés, j'ai indirectement une responsabilité sur ce qu'autrui a pu faire.
Nos Sages rapportent également qu'en priant pour une amélioration spirituelle d'autrui, j'ai le pouvoir d'impacter son libre arbitre positivement, car nous sommes liés. ]

-> C'est pourquoi le Ram'hal (Messilat Yécharim - ch.13) écrit qu'une personne pieuse qui se rapproche d'Hachem mérite que tous les autres membres du peuple juif aient également plus d'amour pour Hachem. Comme nous formons tous un seul corps, si une partie du corps se rapproche d'Hachem, le reste du corps doit en faire autant.
Pour la même raison, si quelqu'un commet une faute, même en privé, cela a des répercussions sur l'ensemble de la nation.
[à chaque instant lorsque je m'élève j'élève le monde entier (dont peut être un autre juif à l'autre bout du monde), et à l'inverse lorsque je chute spirituellement (faute) je vais chuter le monde entier. ]

-> C'est pourquoi le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach), dans son commentaire sur la Amida, écrit qu'il est fondamental de prier pour que même une personne totalement racha qui est malade se rétablisse, "car si elle meurt sans se repentir, il manquera un membre à tout le corps du peuple juif, et la Chékhina d'Hachem ne peut résider que lorsque le corps est complet et sans tache".
[rapporté par le rav Wolbe (Alé Chour - vol.1)]

-> De même, le Ram'hal (Tomer Dévorah ch.2) enseigne :
"Une personne devrait s'entraîner à aimer chaque personne, même le racha, comme s'il était son frère et même plus que cela, jusqu'à ce qu'elle solidifie dans son cœur l'amour de tous les gens.
Dans son cœur, il doit aimer même les réchaïm et se dire : "Si seulement ces gens se repentaient, devenaient des tsadikim et étaient de grandes personnes qui trouveraient grâce aux yeux d'Hachem".

[ néanmoins, nous disons toujours dans Amida la bénédiction de Vélamalchinim, dans laquelle nous demandons à Hachem de détruire rapidement les calomniateurs et les pécheurs gratuits.
Parfois, une partie du corps est tellement infectée qu'il n'y a pas le temps de la traiter avec les médicaments habituels, et une amputation d'urgence doit être faite avant qu'elle ne mette en danger le corps tout entier. La méchanceté des calomniateurs et autres est tellement dangereuse et empoisonnée pour la nation entière que 3 fois par jour dans la bénédiction, nous demandons à Hachem de provoquer rapidement leur chute.
Mais, en général, nous pouvons toujours prier pour que les réchaïm se rétablissent et fassent complètement téchouva. ]

-> Certaines mitsvot ne peuvent être accomplies par tout le monde. Par exemple, seul un Cohen peut travailler dans le Temple, seuls les hommes sont tenus d'accomplir les mitvot qui sont limitées dans le temps, et ainsi de suite.
Cependant, le Sefer 'Harédim (ch.61) écrit que, puisque nous sommes tous considérés comme une seule âme, si une personne aide quelqu'un d'autre à accomplir une mitsva que lui seul peut faire, c'est comme si elle avait fait la mitsva elle-même. C'est ainsi qu'une personne peut accomplir les 613 mitsvot.

[cela s'applique également au niveau qualitatif. Par exemple, un des avantage des prières en minyan est qu'on va prendre les meilleurs moments des prières de chaque participant pour en offrir une belle à Hachem. En ce sens, chaque juif avec sa sensibilité, son unicité, a la possibilité de sublimité la prière collective, et donc d'amener de meilleures bénédictions.]

Le commentaire de Rabbi Akiva : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même est une grande règle de la Torah (zé klal gadol baTorah)" (guémara Yérouchalmi Nédarim 9:4), peut également être traduit d'une manière différente.
Le mot כלל (klal) peut faire référence à : Klal Israël, la nation juive.
Ainsi, l'observation de Rabbi Akiva peut également signifier : "Le commandement d'aimer ton prochain comme toi-même fait d'Israël une nation grande dans la Torah".
Inversement, l'adhésion commune à la Torah favorise l'unité entre les juifs.
[Sfat Emet - Shavouot 5662]

Tous les juifs sont liés les uns les autres

+ Tous les juifs sont liés les uns les autres :

-> "Réprimande ton prochain juif, et ne porte pas de faute à cause de lui" (Kédochim 19,17)

-> Rachi explique que la fin du verset nous enseigne comment réprimander : nous ne devons pas mettre notre prochain juif dans l'embarras, car c'est une grave faute.

-> Le Targoum Onkelos et Rabbénou Yonah (Chaaré Téchouva 3:72) comprennent que "ne porte pas de faute à cause de lui" nous enseigne pourquoi nous sommes tenus de réprimander = parce que celui qui est témoin de la faute de son prochain juif et qui reste silencieux est tenu pour responsable de cette faute.
"Kol Israêl arévim zé bazé" (tous les juifs sont garants les uns des autres - guémara Shevouot 39a), note Rabbénou Yona. Tout comme un garant doit rembourser la dette d'un emprunteur comme s'il s'agissait de la sienne, chaque juif est responsable de l'observance de la Torah par l'autre.

-> Ainsi, nous pouvons comprendre cette directive comme n'importe quelle autre mitsva. Tout comme il existe une obligation de garder la cacherout, il existe une obligation de s'assurer que les commandements de la Torah sont suivis par d'autres. Une personne est donc responsable de toute transgression qu'elle aurait pu éviter.

Le rav Moché Cordovero va plus loin.
Il (Tomer Deborah 1,4) écrit que l'âme de chaque juif comprend un peu de l'âme de tous les autres juifs. Par conséquent, lorsqu'un juif commet une faute, c'est comme si nous l'avions tous commis, puisqu'un fragment de nous se trouve dans celui qui a fauté.
En raison de ce lien, chaque juif est garant et responsable des actions de son prochain.

-> Le rav Aharon Kotler (Michnat Rabbi Aharon) remet en question cette explication.
Si chaque fois que quelqu'un faute, c'est comme si tout le monde fautait, pourquoi un juif est-il puni pour l'infraction de son compagnon seulement s'il aurait pu l'en empêcher?
Rav Aharon Kotler répond que si l'on n'a pas pu arrêter celui qui a fauté, on considère que la partie de nous qui se trouve à l'intérieur du fauteur a le statut d'avoir fauté sous la contrainte et est exemptée de punition, puisque le péché a été commis contre notre volonté.

Le rav Aharon Kotler ajoute qu'il en va de même en ce qui concerne les mitsvot. De même que celui qui désapprouve la faute d'un autre n'en est pas tenu pour responsable, celui qui approuve la mitsva d'un autre en est considéré comme responsable et il en a aussi le mérite.
Cependant, s'il ne la désire pas, ou pire s'il essaie de l'empêcher, la partie de lui qui se trouve à l'intérieur de son prochain juif est forcée d'accomplir la mitsva, et il ne reçoit donc aucune récompense.

Rachi (Ki Tétsé 24,19) écrit que si l'on laisse tomber une pièce de monnaie par accident et qu'un pauvre la trouve et l'utilise pour subvenir à ses besoins, celui qui a perdu la pièce a accompli la mitsva de la tsédaka.
Sur la base de son explication ci-dessus, le rav Kotler maintient que ce n'est le cas que si la personne qui a perdu l'argent est heureuse que le pauvre ait pu subvenir à ses besoins avec cette pièce.

=> Ainsi, pour se connecter à tout le bien accompli par le peuple juif et en bénéficier, il faut se soucier du statut spirituel du peuple juif et de l'honneur d'Hachem.
[ cela est à ajouter au fait que seule l'unité entre les juifs nous permettra d'accomplir toutes les mitsvot, car certaines sont propres à certaines personnes (ex: Cohen, Roi, ...). Si nous ne formons qu'un, alors on considère comme si nous avions accompli toutes les mitsvot nous-même. ]

-> Le Ram'hal (Déré'h Hachem 2:3:8) écrit qu'Hachem a lié tous les juifs afin que nous puissions bénéficier des mitsvot des uns et des autres, et par conséquent, nous sommes également responsables des fautes des autres.
Hachem veut que chacun reçoive le bien suprême dans le monde à Venir. Cependant, certaines personnes ne le méritent pas. C'est pourquoi [dans Sa bonté] Hachem a relié tout le peuple juif, afin que chaque juif puisse s'accrocher aux mérites de l'autre et ainsi se prélasser dans la gloire d'Hachem pour l'éternité.

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-> Nous retrouvons le principe de "l'âme partagée" du Tomer Devorah dans le verset suivant.
La Torah ordonne : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18).
Le Ramban souligne qu'il est impossible de se soucier d'autrui autant que de soi-même. La Torah exige plutôt que nous agissions envers les autres comme si nous les aimions autant que nous-mêmes. Nous devons les traiter comme nous voudrions être traités.

Cependant, rabbi Moché Cordovéro (Tomer Devorah) insiste sur le fait que, puisque chaque juif est lié à tous les autres et fait partie d'eux (il y a une petite partie de moi en mon prochain juif!), je dois ressentir la douleur ou le bonheur d'un autre comme si c'était le mien, parce que lui et moi ne faisons qu'un!
[le Malbim explique de la même façon ce verset. ]

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[on peut ajouter un autre aspect : puisqu'en réalité les juifs ne sont qu'un (que seul les corps/matérialité semble diviser), lorsque mon prochain va bien, alors par ricochet je vais également aller mieux.
Le rav Salanter disait par exemple que si quelqu'un dit du lachon ara à Salant, alors un autre juif à Paris pourra en être impacté négativement en profanant Shabbath. [l'inverse est également vrai]
Cela nous responsabilise : Chacun de mes actes impacte tous les autres juifs (en bien ou en mal). ]

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-> Chaque juif fait partie d'un collectif appelé Klal Yisrael (peuple juif).
Le rav Hutner note que le mot "רעך" (réa'ha - ton prochain) est lié au mot תרועה (téroua), les sons brefs et brisés du shofar.
Ce terme décrit quelque chose de cassé ou un morceau de quelque chose de plus grand. (De même, le mot רע (ra), mauvais ou maléfique, signifie en fait "cassé", car le mal est incomplet et imparfait).
Le rav Hutner écrit qu'un compagnon juif est appelé "réa'ha", car chaque membre du peuple juif n'est pas un tout en soi, mais plutôt une partie d'une unité plus grande.

-> Cette idée est soulignée par l'explication que donne le Talmud Yérouchalmi (Nédarim 9:4) du commandement qui précède immédiatement celui de "tu aimeras ton prochain" : celui de "Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les membres de ton peuple" (lo tikom vélo titor - Kédochim 19,18).

Le Yérouchalmi propose une parabole : Imaginez que quelqu'un se coupe par erreur la main. La main blessée prendrait-elle alors un couteau et couperait-elle l'autre main? Bien sûr que non!

De la même manière, tous les membres de peuple juif forment une unité, et se venger d'un autre revient à se venger de soi-même.

-> Le fait que nous soyons tous unis a également une signification halakhique.
Il n'est permis de prier que pour Hachem, et non pour les anges. Il est même interdit de leur demander de servir de médiateur entre nous et D. [Rambam, Pérouch haMichnayot, Sanhedrin 10 ; et aussi Hilkhot téchouva 3,7]

De même le Maharam miRottenberg précise que même si l'on se rend compte que c'est Hachem qui répond à notre prière, il est interdit d'utiliser un ange comme médiateur, de peur que l'on en vienne à servir l'ange au lieu d'Hachem.

Alors pourquoi pouvons-nous demander à un tsadik de prier pour nous?

Selon le 'Hatam Sofer (Shout 'Hatam Sofer - OH 166) puisque nous faisons partie du même corps national que le tsadik, il est compréhensible que nous envoyions la "tête" prier au nom du "pied".

-> Une deuxième ramification halakhique est mentionnée par le 'Hazon Ich.
Sur la base du principe : "Tout est entre les mains du ciel, sauf la crainte du Ciel" (guémara Béra'hot 33b), on est tenu de prier pour sa propre crainte du Ciel (yirat chamayim).
Le 'Hazon Ich déclare que l'on peut également prier pour qu'Hachem aide une autre personne à obtenir la crainte d'Hachem.
En effet, puisque nous formons un seul corps, lorsqu'on prie pour un autre juif, c'est comme si ce dernier priait pour lui-même.

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-> [la Torah nous demande d'aimer notre prochain comme soi-même. Les juifs sont comme des membres d'un corps humain. Ainsi, il y en a qu'on "préfère" à d'autres (ex: les yeux, le coeur, ...), d'autres qu'on ne soupçonne même pas d'exister, ... et pourtant ils sont tous nécessaires à notre bonne vie.
De même, chaque juif a dans ce monde un rôle unique que Hachem lui a attribué, et qu'il doit réaliser de son mieux. Il n'y a pas de jalousie négative, chacun a un apport unique au peuple juif.
(la Torah ne nous demande pas d'aimer forcément chaque juif identiquement, mais elle demande d'avoir un respect et un amour pour tous. De même qu'on considère et apprécie chacun des organes de notre corps. (ex: j'aime pas la forme du foie, alors je vais le mettre de côté! ) ]

[ex: le rav Yé'hezkel Weinfeld dit que même si le plus grand tsadik de la génération (même Moché) s'il prie seul, il ne peut pas faire la kédoucha, car la sainteté nécessite une connexion avec d'autres personnes.]

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-> Le Ach Pri Tévoua rapporte qu'en hébreu, les termes caractérisant un être humain (une personne) ont tous un singulier et un pluriel.
Ainsi, on a :
-> Ich (איש) qui est singulier ; et anachim (אנשים) qui est pluriel ;
-> guéver (גבר) qui est le singulier ; et guévarim (גברים) qui en est le pluriel.
-> Seul le mot: Adam (אדם) n’existe qu’au singulier.

Nos Sages (guémara Yébamot 61a) nous enseignent que c’est seulement le peuple juif qui est appelé : adam (אדם), car ce n’est que parmi le peuple juif qu’il existe un sentiment intrinsèque d’unité, qui conduit au fait que toutes les individualités de la nation se fusionnent en une seule, unifiée.

-> Le rav Yaakov Mazeh dit : l'ensemble du peuple juif est une seule et même personne. La douleur d'un juif affecte tous les autres juifs du monde, tout comme une blessure au bras affecte l'ensemble du corps.
Mais les non-juifs ne sont pas appelés adam. Il s'agit de plusieurs personnes différentes, et non d'une entité singulière.

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-> Le rav Zev Leff fait remarquer que le mot hébreu "ani" (je - אני) s'écrit avec un alef (א), numériquement un, représente l'individu. Il se termine avec un Youd (י), numériquement dix, représente un minyan (le tsibour - la communauté. Et un noun (נ), numériquement 50, représente les 50 portes de compréhension et de pureté auxquelles peuvent accéder l'esprit et le cœur, portes que nous devons ouvrir afin de fusionner notre moi individuel avec la nation tout entière.

=> ainsi, vivre juif c'est passer d'une perspective de mon petit "JE" (égo) à un grand "JE", cela d'un collectif, du peuple juif.