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"Avraham étendit la main et prit le couteau pour égorger son fils" (Vayéra 22,10)

-> Le midrach rabba (Béréchit 56,8) nous dit :
"Avraham étendit la main et prit le couteau, pendant que des larmes coulaient à flot de ses yeux, et ce, bien que son cœur se réjouissait d'accomplir la volonté de son Créateur"

En lisant l'épisode de la Akéda, on peut penser qu'Avraham avait perdu tout sentiment paternel, et donc que l'épreuve n'était pas si dure.
On peut s'imaginer (à tord) Avraham allant le cœur dur, sans pitié égorger son fils ...

Ce midrach nous apprend qu'Avraham était un père authentique qui aimait énormément son fils, et qui était remplit de compassion à son égard (en témoignent le fait qu'il verse des torrents de larmes de tristesse, de peine, de voir son fils sur le point de mourir).

Néanmoins, il n'a pas permis à ses instincts de père et à son amour phénoménal pour son fils, d'empêcher la réalisation d'un commandement de D.

-> Sur le verset : "Avraham dit à ses jeunes gens (selon le midrach : Eliézer et Ichmaël) : "Restez ici avec l'âne, tandis que moi et le jeune homme (Yits'hak) nos irons jusque là-bas" (Vayéra 22,5), le Tiféret Chlomo nous donne une belle explication.

Pourquoi, justement à ce moment-là, Avraham a-t-il trouvé bon d'humilier ses hommes, et son disciple Eliézer en particulier?

En réalité, notre patriarche a voulu faire connaître la grandeur de son amour pour Yits'hak avant la ligature.
Son fils Yichmaël et son disciple Eliézer ne comptaient à ses yeux que comme des ânes en comparaison à lui ("jeunes gens" et "l'âne" sont mis sur le même niveau dans le verset).
Et malgré tout son amour pour son fils, il allait l'immoler devant D.

Après l'épreuve, il est écrit : "Avraham retourna vers ses hommes et ils se mirent en route ensemble" (Vayéra 22,19), comme il n'était plus nécessaire de révéler son amour pour Yits'hak, ils redevinrent importants à ses yeux ("ses hommes") et il partit avec eux.

[Rav Simson R. Hirsch commente le terme "ensemble" par : "sans le moindre sentiment de supériorité, ils ont repris leur chemin avec eux" ]

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-> "Avraham étendit sa main et prit le couteau pour égorger son fils" (Vayéra 22,10)

-> Sur ce verset, nos Sages nous enseignent que, par l'intermédiaire du sacrifice d'Its'hak, Avraham a inscrit, dans l'essence même de sa descendance, la notion du sacrifice pour Hachem, c'est-à-dire la capacité de mourir pour sanctifier le nom de D., sans en attendre de récompense.

Nos Sages nous apprennent qu'au moment où Avraham reçut l'ordre de sacrifier Its'hak sur l'autel, il comprit alors qu'il n'était plus apte à être la racine et le fondement du peuple saint d'Israël. Il pensa alors qu'Hachem avait, en fait, choisi un autre Tsadik à sa place, que quelqu'un d'autre méritait davantage que lui d'être à l'origine du peuple. Hachem lui demanda donc de sacrifier son fils afin d'éteindre sa lignée, nous trouvons une allusion à cela dans le texte : "Et il vit l'endroit de loin" (וַיַּרְא אֶת הַמָּקוֹם מֵרָחֹק - Vayéra 22,4)
Avraham vit "l'endroit" (הַמָּקוֹם) = c'est en fait Hachem (comme nous le récitons dans la Haggada de Pessa'h, dans le passage Barou'h Hamakom) qui est l'Endroit du monde ;
"de loin » = comme si Hachem S'éloignait de lui et ne désirait plus son service, ni celui de sa descendance.

Avraham aurait pu penser : puisqu'Hachem a décidé d'annuler Son alliance avec moi et ma descendance, et qu'Il ne désire plus notre service divin, pourquoi devrais-je alors sacrifier mon fils unique, celui que j'aime? Qu'il reste vivant auprès de moi et que je puisse profiter de lui durant ma vieillesse.
De plus, Hachem ne m'a pas ordonné explicitement de sacrifier Its'hak, mais Il me l'a demandé comme un service volontaire, comme il est écrit : "Prends, Je t'en prie, ton fils" (קַח נָא אֶת-בִּנְךָ - Vayéra 22,2) ; en effet, chaque fois qu'il est écrit dans la Torah נָא, cela signifie "une demande" (Rachi).
Malgré tout, Avraham partit sacrifier son fils Its'hak, dans la joie et l'amour.

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-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne :
Lorsque Avraham s'est rendu sur le mont du Temple avec son fils Its'hak pour le sacrifier, il a également emmené Ichmaël et Eliézer.
Nos Sages nous racontent qu'en arrivant sur les lieux, ils virent de loin le mont Moriah. Avraham a mérité d'y voir du feu : la Présence Divine sur la montagne.
Its'hak a également vu un nuage : la Présence Divine et un feu sur la montagne ...

Avraham a interrogé Eliézer : "Que vois-tu?" Il a répondu : "Des moutons, des oliviers, des bédouins".
Il a répondu : "Reste ici avec les ânes : vous êtes équivalents".
Il a également interrogé Ichmaël : "Que vois-tu?" Il a aussi répondu : "Des rochers, des moutons ..." Il lui a dit : "Toi et les ânes sont équivalents".

=> Est-ce que celui qui ne voit pas la Présence Divine est un âne? Qu'il leur dise qu'ils sont de simples êtres humains ne voyant rien, mais de là à les traiter d'ânes? A ce point-là?!

Avraham a voulu révéler à Ichmaël et Eliézer un grand fondement : un homme créé par Hachem n'est pas seulement un ustensile apte à la révélation d'Eliyahou haNavi, mais il a la capacité d'être un char de la Gloire divine.
Un homme a les possibilités de voir Hachem.
Avraham, en constatant que lui et son fils Its'hak voyaient la Présence Divine, et qu'Ichmaël et Eliézer ne voyaient rien, a dit : "Ce n'est pas que vous êtes des personnes simples, mais vous n'êtes pas l'ustensile que D. a créé.
L'ustensile créé par D. peut voir la Présence Divine. Si vous ne voyez rien, c'est le signe que votre ustensile n'est pas si propre, il n'est plus aussi pur qu'au moment de sa création" ...

Si nous n'avons pas le mérite de voir des miracles et des merveilles, ce n'est dû qu'à la poussière qui s'est introduite dans nos yeux : la colère, la médisance, toutes sortes de péchés.
Nous devons nous putrifier, purifier nos yeux et notre âme de toutes les visions interdites et indécentes, nous pourrons alors faire partie de ceux qui distinguent la Présence Divine.

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-> En chemin vers le mont Moriah pour la Akédat Yits'hak, Avraham ordonna à Yichmaël : "Reste ici avec l'âne ( ='Hamor)" [Béréchit 22,5]
'Hamor fait allusion à Yichmaël car il n'a jamais essayé de dompter ou canaliser ses instincts animaux.

L'arrivée du machia'h est décrite par nos Sages comme celle d'un "pauvre chevauchant un âne ('hamor)".
Le Maharal écrit que cette allégorie illustre la force spirituelle du machia'h qui sera capable de maîtriser sa nature matérielle ('hamor est de la même racine que 'homer = la matière).

[b'h, issu du divré Torah : http://todahm.com/2014/08/08/les-traits-de-caractere-de-yichmael ]

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°1210) écrit :
Notre paracha (Vayéra) met en scène la grandeur de notre patriarche Avraham et son abnégation hors pair pour se plier à l’ordre divin de sacrifier son fils, abnégation qui surpassa son amour pour ce dernier.
Faisant abstraction des 100 années durant lesquelles il avait tant attendu d’avoir un enfant qui poursuivrait sa mission de diffuser le Nom de D. dans le monde, chassant de son cœur son puissant amour pour Its’hak, il se mit en route pour accomplir la volonté du Créateur.
Dès ce moment, il considéra qu’Its’hak n’appartenait qu’à Hachem et n’était plus son fils, comme le laisse entendre le verset : "Moi et le jeune homme, nous irons jusque là-bas".

Nous trouvons, à cet égard, une halakha rapportée par le Rama (Ora’h ‘Haïm 98,1) : "Il est interdit d’embrasser ses jeunes enfants à la synagogue, afin de fixer dans son cœur qu’aucun amour n’égale celui de Hachem".
C’est pourquoi, lorsqu’Avraham alla accomplir l’ordre de D., il maîtrisa son amour pour son fils en le considérant comme un jeune homme ordinaire ; de la sorte, il intégra en lui la suprématie de l’amour de Hachem.
Cependant, la Torah précise qu’il dut maîtriser sa miséricorde envers Its’hak.

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-> Le rav Karelenstein enseigne que lorsque Avraham et Its'hak s'approchaient du mont Moriah pour la Akéda, Avraham dit : "moi et le jeune homme nous irons jusque là-bas" (Vayéra 22,5)

Les mots : "jusque là-bas" se disent : ad ko (עַד-כֹּה).
Le Séfer Méor Enayim écrit que le mot : ko (là-bas - כֹּה - valeur de 25) est une allusion à 'Hanoucca, qui se déroule le 25 Kislev.

Le mont Moriah, lieu de la Akéda, est également le lieu du Temple (symbole de la résidence de D. dans ce monde).

[ => D'une certaine façon, la fête de 'Hanoucca est dans le temps ce qu'est la sainteté du Temple dans l'espace.]

['Hanoucca se passe le 25, comme une invitation pour que l'on fasse un pas de plus vers Hachem, arrivant alors au 26, qui est la guématria du Nom divin (יהוה).
=> 'Hanoucca est cette invitation à illuminer le monde, pour être plus proche et avoir davantage conscience de D.]

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-> L'épreuve du sacrifice d'Itsh'ak constitua la plus terrible épreuve de l'histoire de l'humanité.
[Rav Aharon Kotler - michnat Rabbi Aharon]

-> "Tous deux [Avraham et Its'hak] portent les pierres, tous deux portent le feu et tous deux portent le bois.
Avraham ressemble à celui qui s'apprête à marier son fils, et Its'hak ressemble à celui qui se rend à son propre mariage."
[midrach Yalkout Chimoni - chap.101]

Le rav Aharon Kotler fait remarquer que cette épreuve était un mélange :
- d'amour, comme on vient de le voir ;
- et de crainte, car pour Avraham la Akéda devait démontrer que : "désormais, j'ai constaté que tu crains Hachem".
=> Le fondement de l'épreuve fut la crainte sur laquelle s'est ajoutée un immense sentiment d'amour.

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Lorsqu'il perdu son fils, le 'Hafets 'Haïm, leva les yeux au ciel et prononça les paroles suivantes :
"Maître du monde, l'intense amour que je portais, en mon cœur, à mon fils, je Te le donne".

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+ "Avraham étendit la main et prit le couteau pour égorger son fils" (Vayéra 22,10)

-> "Avraham regardait Its'hak et Its'hak regardait les anges dans le ciel.
Its'hak les voyait, mais pas Avraham." (Targoum Yonathan)

-> "Au moment où Its'hak avait été lié sur l’autel et où son père était sur le point de l’immoler, au même instant, les cieux s’étaient ouverts et les anges servants avaient vu cela et avaient pleuré. Leurs larmes avaient coulé et étaient tombées dans ses yeux."
(Rachi sur le verset 27,1 - Toldot)

=> Comment comprendre que seul Its'hak pouvait voir cette réalité des anges?

En ce qui concerne Its'hak, il avait terminé sa part de participation à l'épreuve de la Akédat (étant passivement ligoté sans pouvoir bouger), et ainsi il pouvait voir les anges, et assister à la sainteté, à la magnificence de la Akéda, qui est un mérite du peuple juif pour toutes les générations.
Avraham était toujours en plein milieu de l'épreuve. Le yétser ara étant en train de le convaincre de ne pas continuer la Akéda, et c'est pour cela qu'il ne devait pas réaliser les grandes choses qu'il faisait, car sinon il n'y aurait plus d'épreuve.

=> C'est ce qui nous arrive. Au quotidien, nous sommes testés/éprouvés et nous n'avons pas conscience des infinies bontés qui vont nous arriver ensuite, si nous réussissons l'épreuve.

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+ "Avraham étendit la main et prit le couteau pour égorger son fils" (Vayéra 22,10)

N'est-il pas évident que si une personne prend un objet, c'est qu'elle a étendu sa main?
Que nous apprennent ces mots en apparence superflus?

Le Yalkout haGuerchouni apporte la réponse suivante.
Nos Patriarches avaient purifié leur corps à un tel niveau, que leurs membres sentaient ce qu'il était bon de faire, et réalisaient spontanément les mitsvot d'eux-mêmes.

Lorsque Avraham a reçu l'ordre de sacrifier son fils, tous ses membres ont désiré faire ces paroles de Hachem.
C'est ainsi qu'il s'est levé tôt le matin, et durant toute la journée, ses membres l'ont mené pour faire la volonté de D.

Cependant, l'ordre de Hachem n'était qu'un test pour Avraham.
En effet, lorsqu'est venu le moment de prendre le couteau pour égorger Its'hak, sa main a ressenti que ce n'était pas la véritable volonté de Hachem et elle a refusé de s'étendre.

Mais puisque Avraham avait entendu l'ordre de Hachem, et qu'il savait qu'il devait y obéir, il s'est alors forcé d'étendre sa main contre sa volonté.

=> Ainsi, ces mots en apparence superflus, viennent en réalité nous indiquer que Avraham a dû débloyer un effort particulièrement important, en allant à l'encontre de lui même pour D.

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