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"Israël aimait Yossef plus que tous ses fils car il lui était un fils de la vieillesse, et il lui fit une tunique de fine laine" (Vayéchev 37,3)

-> Nos Sages (guémara Shabbath 10b) en tire la leçon suivante :
"Jamais un père ne doit faire de distinction entre ses fils, parce qu'à cause de la mesure de 2 Séla de laine pur qu'avait offerte Yaakov à Yossef de plus qu'à ses frères, ceux-ci conçurent de la jalousie pour lui, et les événements s’enchaînèrent jusqu'à ce que nos ancêtres descendirent en Egypte."

-> et également (guémara Shabbath 13) :
"Un père ne doit à aucun moment faire de distinction entre ses fils, pas même pour un bien de faible valeur, pour éviter de susciter de la jalousie entre eux."

-> Les Tossefot commente ce passage (Shabbath 10b):
"Bien qu'il ait été déjà annoncé auparavant [à Avraham] : "Ta postérité sera asservie et opprimée durant 400 ans" (Lé'h Lé'ha 15,13), l'oppression qu'elle subit aurait cependant été moindre si ces événements n'avaient pas eu lieu, de la même manière que les 400 ans décrétés débutèrent finalement dès la naissance d'Its'hak"

-> Le Maharam explique les Tossefot, en disant que tout comme le compte des 400 ans d'exil commença à la naissance d'Its'hak, ainsi l'exil décrété aurait très bien pu avoir lieu au pays de Canaan (en Israël).
Et dans ce cas, la servitude n'aurait pris corps concrètement qu'avec la dernière génération venant clore ces 400 années.

=> C'est donc bien à cause de la tunique à rayures que, par un concours de circonstances qui envoya Yossef en Egypte, l'exil débuta effectivement.

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-> Du fait que le décret d'exil ne précisait pas le lieu (il est écrit : "sur une terre qui n'est pas à eux" - Lé'h Lé'ha 15,13), et comme cet exil avait commencé sur la terre de Canaan depuis la naissance de Its'hak, il aurait dû logiquement se poursuivre sur la terre de Canaan durant les 400 années prévues.
Mais la préférence de Yaaakov et la jalousie des frères ont provoqué la transformation du décret de la terre de Canaan vers la terre d'Egypte, suite à la vente de Yossef en Egypte.
[...]

Le décret d'exil et d'oppression de Hachem à Avraham aurait dû être théorique, c'est-à-dire demeurer dans le Ciel sans se réaliser concrètement sur terre, conformément au verset (que l'on répète 12 fois à Kippour) : "Que Ta parole (dure), Hachem, se maintienne toujours dans les cieux" (léolam Hachem dévar'ha nitsav bachamaïm).
Cependant à cause de la préférence de Yaakov envers Yossef et la jalousie des frères, le décret d'exil est descendu depuis le Ciel pour se réaliser sur terre ; nos ancêtres ont donc dû descendre en Egypte.
De plus, les lettres du mot : "kin'a" (jalousie - קנאה) ont alors été réarrangées pour donner le mot : "néaka" (gémissement - נאקה) qui traduisait la dureté de cet exil.
[Ben Ich 'Haï - guémara Shabbath 10b]

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-> D'après le décret révélé à Avraham, l'exil prévu pour ses descendants aurait pu se produire ailleurs qu'en Egypte, dans un milieu moins hostile.
Cependant, du fait que les frères ont haï Yossef pour 2 sélaïm de lain, Hachem a agi mesure pour mesure en les amenant en Egypte où ils ont été haïs par les égyptiens.
[Iyoun Yaakov]

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+ Quelques raisons expliquant cette action de Yaakov :

-> Par ce geste, son intention était sans aucun doute de récompenser Yossef pour sa sagacité, puisque l'expression : "le fils de sa vieillesse", signifie selon Onkelos qu'il fut : "son fils le plus brillant".
Par ce présent, Yaakov souhaitait encourager ses autres fils à suivre l'exemple de Yossef conformément aux paroles de nos Sages : "La compétition entre les disciples amène la sagesse" (guémara Baba Batra 21a).

-> Le 'Hatam Sofer apporte l'explication suivante :
Rabbi 'Hiya demande : Pour quelle raison les Sages (talmidé 'hakhamim) de Babylonie se distinguaient-ils par des habits de rabbin spéciaux?

Rabbi Assi répond : c'est parce qu'ils n'étaient pas particulièrement versés dans la Torah.
S'ils ne se différenciaient pas en s'habillant différemment, ils n'auraient pas été respectés pour leur connaissance de la Torah.
[guémara Shabbath 145b]

Yaakov a enseigné à Yossef les secrets cachés de la Torah, et il ne voulait pas que les autres frères en deviennent jaloux.
C'est pourquoi, il a donné un habit spécial à Yossef, afin que les frères en viennent à penser que Yossef avait besoin (contrairement à eux) d'un vêtement spécial pour obtenir de la reconnaissance, car il n'était pas totalement compétent dans la Torah.

Yaakov essayait de réduire la jalousie des frères en montrant qu'il n'y avait aucune raison d'être jaloux, car ils étaient eux en réalité supérieur à Yossef.
Cependant, les frères ont vu derrière cela une relation spirituelle particulière entre leur père et Yossef, et ils l'ont davantage jalousé.

[Il est écrit dans le verset suivant (37,4) : "Ses frères virent que c'était lui que leur père aimait plus que tous ses frères, ils le prirent en haine et ils ne purent lui parler en paix".

Selon le Yichma'h Moché, lorsque les frères ont réalisé que leur père aimé davantage Yossef qu'eux, ils ont supposé que cela était ainsi car Yossef a mal parlé sur eux. Ils étaient convaincus que les intentions de Yossef étaient d'entraîner leur père à les détester, et c'est cela qui va entraîner leur haine à son égard.
Le Yichma'h Moché écrit ensuite : "Si les frères avaient parlé à Yossef, et lui avaient demandé d'expliquer pourquoi il parlait négativement sur eux, alors Yossef aurait pu expliquer que ses intentions étaient pures, ne souhaitant que leur bien ultime.
Si les frères avaient connu la raison derrière les paroles de Yossef à leur père, ils ne l'auraient pas haït."

Le Tiféret Yonathan note que si une confrontation verbale n'est pas faite (à tête reposée) avec la personne qui nous a fait du tord, alors il y aura une intensification de la haine.
[on peut voir que dans certaines familles, les membres se font la tête en général pour de petites incompréhensions qui ont pris de l'ampleur, le temps passant!]

Le Maharil Diskin enseigne que les frères n'étaient pas capables de parler en paix à Yossef, car ils pensaient qu'il les haïssait.

Le Noam Mégadim rapporte que Yossef était extrêmement modeste, n'étalant jamais sa grandeur. C'est pourquoi, ses frères en sont venus à le haïr car ils n'avaient pas conscience de ses énormes capacités puisqu'il les cachait. ]

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-> "Ses frères virent que c'est lui [Yossef] que leur père aimait, ils le haïrent et ne purent lui parler pour la paix" (v.37,4)
Nos Sages enseignent que celui qui prend congé d'un vivant doit lui dire : "Va pour la paix". Mais, s'il se sépare d'un mort, il dira : "Va en paix".
La Torah vient dire ici que les frères de Yossef le haïrent jusqu'à ne plus pouvoir lui dire les termes : "Va pour la paix", que l'on dit pour quelqu'un de vivant.
C'est ce que dit ici le verset en allusion : "Ils ne purent lui parler en lui disant : Va pour la paix".
[Gaon de Vilna]

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-> Selon le Kli Yakar, après que Réouven se fût discrédité en troublant la couche de son père Yaakov (35,22), ce dernier avait élevé son fils Yossef au rang de "premier-né" et lui avait confectionné la tunique, signe de la fonction qui serait désormais la sienne, puisque c'est au premier-né que revient la charge du service Divin qu'on accomplit revêtu d'une tunique.

-> Rachi (37,3) commente : les 4 lettres qui composent le mot passim (à rayures - פַּסִּים) préfigurent les malheurs qui atteindront Yossef : Potifar (pé), les marchands (so'harim – samé'h), les Yichmaélim (youd) et les Midyanim (mèm).

[c'est un vêtement spécial qu'il a reçu, en lien avec les épreuves spéciales qui l'attendront dans le futur!]

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-> "kétonét passim" = une tunique à rayures. Quel est le sens de "rayures" (passim - פַּסִּים)?

C'est que la tunique [longue] atteignait la paume (pass) de sa main.
Autre explication : elle était des plus fines et des plus légères et pouvait tenir dans la paume (pass) de sa main.
Autre explication : ils ont tiré au sort ('hefissou) pour savoir lequel d'entre eux la ramènerait à son père et c'est Yéhouda qui a été désigné.
[le mot "passim" s'apparente à "payiss" (tirage au sort), car à de cette tunique, les frères tireront au sort lequel d'entre eux irait apporter la tunique ensanglantée à Yaakov. Le sort désigna Yéhouda]
[midrach Béréchit rabba 84,8]

-> Cette tunique avait de longues manches qui arrivaient jusqu'aux paumes (pass) des mains. Les manches longues, un signe de noblesse, évoquent ceux qui ne s'adonnent pas au travail manuel.
Cela renvoie au fait que Yossef restait au foyer paternel et n'allait pas travailler dans les champs.
[Méor Enaïm ; Maharzou]

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-> Yaakov a donné une même tunique à chacun des 11 frères et seule celle de Yossef se distinguait par un galon de fine laine au niveau des poignets.
Les frères n'ont donc jalousé que les 80 grammes de laine fine (2 séla'im) avec laquelle ont été confectionnées les extrémités des manches de la tunique de Yossef.
[Méromé Sadé]

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-> Selon certains commentateurs, cette tunique n'était autre que celle donnée par Essav à Yaakov, lors de la vente de son droit d'aînesse.
A l'origine, elle appartenait à Adam, et n'était transmise qu'à un fils premier-né.
Puisque Réouven avait perdu son droit d'aînesse à la suite d'une faute mineure (cf. Vayé'hi 49,4), ce vêtement fut remis à Yossef.
[Méam Loez - Vayéchev 37,4]

-> Rabbi Yaakov haCohen (Bekhor Yaakov) explique que selon nos Sages cette tunique était recouverte de desseins de toutes sortes d'animaux, et qu'elle avait le don de protéger [des animaux sauvages] quiconque la portait, et Yaakov faisait confiance à ce pouvoir protecteur en envoyant son fils.
C'est pourquoi les frères lui ont enlevé sa tunique pour qu'il soit à la merci des serpents qui étaient dans le puits où ils l'on jeté.

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-> La tunique avait une certaine ressemblance avec l'habit du Cohen Gadol.
Or, comme à l'origine, le service sacrificiel devait être assuré par le 1er né, Yaakov pensait que le droit d'aînesse devait revenir à Yossef et lui fit cadeau d'un vêtement rappelant celui du Cohen Gadol.
[c'est après la faute du Veau d'or que ce privilège passa aux Cohanim, de la famille de Lévi]

Puisque les vêtements sacerdotaux faisaient expiation pour la faute de lachon hara, alors les frères ont dépouillé Yossef de sa tunique [au moment de le jeter dans le puits] pour qu'elle ne puisse le protéger de la faute.
[le Yédei Moché]

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-> "kétonét passim" = une tunique à rayures. Quel est le sens de "rayures" (passim - פַּסִּים)?

-> Yaakov a fait à Yaakov une tunique rayée : passim (פסים) qui sont les mêmes lettres que : פס ים (pass yam - un tracée dans la mer), pour insinuer que cette tunique provoquera la haine des frères, [amenant la vente de Yossef, qui alla en Egypte où il surmonta l'épreuve avec la femme de Potiphar], ce qui entraînera finalement l'ouverture de la mer Rouge devant Israël, à leur sortie d'Egypte.
[en effet, le midrach (Tan'houma Vayéchev 9) sur "la mer a vue et s'est enfuie". Que vit-elle? Elle vit le cercueil de Yossef descendre vers la mer. Hachem dit : elle s'enfuira (la mer) devant celui qui s'est enfui (Yossef qui s'est enfui de la femme de son maître), comme il est dit : "Il s'enfuit et sortit dehors" Vayéchev 39,12).
De la même façon, la mer s'est enfuie de devant lui.]
[ainsi d'une certaine façon, la tunique rayée est ce qui permettra plus tard aux juifs de fuir les égyptiens en traversant la mer Rouge]
[...]

Toutefois, Tossefot (guémara Shabbath 10b) explique que si Yaakov n'avait pas donné de tunique à Yossef, nos pères seraient malgré tout descendus en Egypte. En effet, cela avait déjà été décrété par Hachem et annoncé à Avraham, comme il est écrit : "Il dit à Avram : sache que tes descendants seront étrangers dans une terre qui n'est pas eux, on les asservira et on les opprimera 400 ans".
Tossefot signale toutefois que s'il n'y avait pas eu de jalousie entre les fils de Yaakov, l'oppression et la souffrance auraient alors été moins sévères.

[...]
Le 'Hatam Sofer commente : "la tunique, donnée par Yaakov à son fils Yossef, a été faite avec le Nom haKadoch פסי'ם, qui est un Nom de protection, afin qu'aucune créature ne puisse le dominer".

De même, le Maor vaChémech écrit : "Sache que Yaakov a transmis à Yossef le Nom de 22 lettres, issu de la bénédiction des Cohanim, et particulièrement le Nom haKadoch פסי'ם, qui a la capacité de procurer la grâce et la protection.
C'est pour cela que Yaakov a confectionné une tunique "rayée" (passim - פסים) en ayant l'intention (kavana) d'unir et d'assembler les lettres du Nom haKadoch de 22 lettres".

La source de cet enseignement provient de Rabbénou Bé'hayé, qui écrit au nom du midrach :
"Il lui fit une tunique rayée" (Vayéchev 37,3) = Yaakov transmis le sod, c'est-à-dire le secret des 22 lettres ... cela signifie que Yaakov a paré Yossef de la connaissance de la sagesse du Nom Divin de 22 lettres, comme il l'avait lui-même appris de la bouche de Chem et Ever.
[ainsi d'après rabbénou Bé'hayé, on peut expliquer également la raison pour laquelle les tribus ont jalousé] Yossef par cette tunique rayée, car lorsque Yaakov l'a confectionnée pour Yossef, il lui transmit par cet acte le secret des 22 lettres qu'il avait appris de Chem et Ever.]
[...]

Le Maor vaChémech dit que la raison pour laquelle les tribus ont déshabillé Yossef lorsqu'ils l'ont vendu tient du fait qu'ils ne pouvaient absolument pas le vendre tant qu'il en était revêtu ; car en effet, ce vêtement confectionné par Yaakov son père portait des Noms kédochim (saints) qui le protégeaient de toute mauvaise chose.
[...]

Le rav Shalom de Belz enseigne :
Il est vrai que les tribus ont réussi à retirer la tunique de Yossef, et ensuite ils l'ont remise à Yaakov leur père, comme il est écrit : "Ils prirent la tunique de Yossef, égorgèrent un chevreau, trempèrent la tunique dans son sang ... et l'apportèrent à leur père" (Vayéchev 37,31-32).
Grâce à cela, Yaakov reçut, par le retour de la tunique de son fils, une force supplémentaire qui va lui permettre d'influencer Yossef et déverser sur lui de la kédoucha (sainteté), quel que soit l'endroit où il se trouve, lui permettant ainsi de faire face à n'importe quelle épreuve en Egypte.

Si la tunique n'avait pas été rendue à Yaakov, il est possible qu'il n'ait pas pu puiser de la force pour accomplir cela.
C'est pour cela que sera fait allusion à l'épreuve de Yossef dans les paroles de Yaakov : "Il l'a reconnue et dit : c'est la tunique de mon fils! Une bête féroce l'a dévoré! Déchiqueté, déchiqueté est Yossef" (Vayéchev 37,33).

Rachi explique qu'une étincelle de l'esprit Divin entra en lui et il vit, par prophétie, la femme de Potiphar avec lui.
Dans sa grande sainteté, il a puisé en lui et déversé de la force à son fils Yossef, lui permettant de faire face à n'importe quelle épreuve, où qu'il soit, ainsi que nous l'ont enseigné nos Sages : "La femme de son maître leva ses yeux sur Yossef ... elle le saisit par son vêtement en disant : viens près de moi" (Vayéchev 39,7-12), la guémara (Souca 36b) explique : "Au même moment est apparue, à la fenêtre, l'image de son père".
Elle lui donna de la force et déversa sur lui la sainteté des Noms Divins qui lui permettront de vaincre son penchant et se maintenir dans sa sainteté.

Le Chla haKadoch enseigne que la tunique rayée, conçue par Yaakov pour son fils Yossef, avait l'aspect de כתנות אור (une tunique de lumière) dont Adam était vêtu, avant la faute de l'Arbre de la connaissance ...

Il est écrit dans le Zohar que Yaakov est la réincarnation d'Adam.
Le Arizal explique, d'après le Zohar, que Yaakov était la réparation (tikoun) d'Adam, et voici son langage : "Sache que Yaakov était à la ressemblance d'Adam, car en effet, Yaakov avait le même visage qu'Adam" (Chaar haPessoukim - Vayigach).
De plus, il est également écrit dans le Zohar (Toldot 142), que par la grandeur de sa sainteté, Yaakov mérita de revêtir une "tunique de lumière".
[...]

Le Agra déKala explique que la tunique de lumière dont était vêtu Adam avait les caractéristiques de la tunique portée par les Cohanim : "Il semblerait qu'il y ait là une allusion au fait qu'Adam était tel un Cohen vêtu des habits de prêtrise, ces derniers n'étant rien d'autre que la tunique de lumière qu'ils avaient avant la faute".

Après la faute, ils se vêtirent non plus de "vêtement de lumière (כתנות אור) en "vêtement de peau" (כתנות עור), et à ce moment-là, "ils surent qu'ils étaient nus" (Béréchit 3,7) = c'est-à-dire qu'ils firent privés de leurs habits de Cohanim. A cette époque, le monde entier était comme le Temple.
De plus, Aharon le Cohen gadol réalisa la réparation à travers ses habits de prêtrise (Cohen), car ceux-ci étaient à la ressemblance de la tunique de lumière d'Adam.

Il ressort de ceci que la tunique transmise par Yaakov à Yossef symbolisait la sainteté des habits de la prêtrise qu'Adam revêtait avant la faute.
[rabbi Pin'has Friedman]

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"[Yossef] lui était un fils de la vieillesse (ben zékounim ou - בֶן-זְקֻנִים הוּא)" (Vayéchev 37,4)

-> Rachi apporte 3 réponses :
1°/ Yaakov avait eu Yossef à un âge avancé, et c'est pourquoi il lui portait une si vive affection.
[Selon le Gour Aryé, Binyamin était certes plus jeune, puisque né 8 ans après Yossef, mais Yossef s'était déjà profondément attaché au 1er fils de Ra'hel.]

2°/ Le Targoum Onqelos traduit par : "un fils intelligent".
[Le mot זקן (zaken - une personne âgée) est la contraction de : זה שקנה חכמה (celui qui a acquis la sagesse - zé chékana 'hochma)]

Yaakov a transmis à Yossef tout ce qu'il avait appris à la yéchiva de Chem et Ever, où il avait séjourné pendant 14 ans.
[Ils ont évolué dans un environnement corrompu : Chèm a vécu pendant la génération du déluge, et Ever a été le contemporain des bâtisseurs de la tour de Babel. C'est pourquoi, en lui transmettant leurs enseignements, Yaakov l'a armé pour affronter l'Egypte, lieu corrompu et perverti par excellence. ]

3°/ Il avait les mêmes traits de visage (ziv iqounin), un visage semblable à celui de son père.

-> Le Baal haTourim fait remarquer que : zékounim (זְקֻנִים) est l'acronyme des 5 traités de michna que Yaakov a enseigné à Yossef : Zéraïm (זרעים), Kodachim (קדשים), Nachim (נשים), Yéchou'ot (Nézikin) et Moéd (מועד).
[Précision : La guémara (Shabat 31a) traduit le terme : yéchouot (secours et libération) par : Nézikin.]

Le Imré Emet demande : il existe également le traité de Taharot (pureté). Pourquoi est-ce que Yaakov ne l'a pas enseigné à son fils?
Il répond que ce traité sur la pureté, ne peut être acquis qu'à partir du moment où une personne a personnellement lutté, s'est donné du mal pour étudier Taharot, et cela ne peut pas se transmettre seulement comme une connaissance de père en fils.

Le Lévouch Yossef dit que l'ordre de Taharot parle de pureté, et il est exigé de l'homme un grand travail pour en arriver à la sainteté quand il étudie Taharot, autrement toute son étude ne lui servira à rien.
C'est pourquoi il n'est pas insinué que Yaakov a étudié l'ordre de Taharot avec Yossef.

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"Ils complotèrent de le faire mourir" (Vayéchev 37,18)

=> Au regard des événements, les frères semblent témoigner d'une terrible cruauté envers leur frère innocent?
Nous allons voir qu'une lecture simple des événements donne un sens erroné.

-> Le Sforno affirme que les frères de Yossef étaient d'authentiques tsadikim, sans quoi jamais leur nom n'aurait été gravé sur le Pectoral que portait le Cohen Gadol lors de son service dans le Temple de Jérusalem.

En réalité, la sentence de mort qu'ils avaient décrétée contre Yossef résultait d'un principe clair de la loi juive : "Celui qui cherche à te tuer, tue-le en premier!" (guémara Sanhédrin 72a).
Les frères prononcèrent le verdict après avoir délibéré sur la question de manière rigoureuse, qui leur conduit à établir que Yossef était coupable de vouloir intenter à leur vie en dénonçant sans cesse leurs agissements.

Cependant par la suite, bien qu'il s'avéra qu'ils s'étaient trompés, il reste néanmoins vrai qu'un "juge ne peut établir de verdict que selon ce que ses yeux lui montrent".
Il en a été de même :
- avec le prophète Chmouël qui possédait un pouvoir de deviner ce qui est caché, et pourtant Hachem lui déclara : "L'homme ne voit que les apparences" (Chmouël I 16,7), et de ce fait, on ne peut pas tenir rigueur à un homme pour une erreur de jugement.
- il est écrit : "Les plateaux, les balances exactes [du jugement] sont l'oeuvre de D." (midrach Béréchit rabba 84,7)"
[on ne peut rien reprocher aux juges qui font de leur mieux. Une erreur éventuelle fait partie des plans divins.]

-> Le fait qu'aussitôt après la vente : "ils s'assirent pour manger du pain" (v.25), traduit la sérénité totale avec laquelle ils prirent leur décision.
Le Sforno d'ajouter : "cette décision ne constituait à leur yeux nullement un méfait, ni une faute, sinon ils ne se seraient pas installés juste après pour prendre un repas, car aucun tsadik digne de ce nom n'aurait osé manger après avoir commis une faute ...
C'est parce qu'ils considéraient Yossef comme un "assassin potentiel", que tout un chacun était autorisé à mettre à mort".

-> Le Sforno ajoute également que lorsque Yossef est devenu roi en Egypte, il commença à tourmenter ses frères, ces derniers se dirent alors : "En vérité, nous sommes punis à cause de notre frère. Nous avons vu son désespoir lorsqu'il nous criait grâce, et nous sommes demeurés sourds" (Mikets 42,21).
=> Ils ne manifestèrent aucun regret quant à la vente proprement dite, mais seulement pour leur manque de sensibilité face à la détresse de leur frère.

-> Nos Sages affirment même que ce repas qui a suivi la vente de Yossef constitua un mérite remarquable : "grâce auquel tous les habitants du monde furent nourris pendant les années de famine ...
La faute des tribus est un mérite pour le monde, elle est un espoir pour le monde!"
[midrach Béréchit rabba 84,17]

En effet, l'idée est que tous les événements proviennent du Ciel, comme il est écrit : "D. l'a combiné pour le bien afin qu'il arrivât ce qui arrive aujourd'hui : un peuple nombreux a été sauvé" (Vayé'hi 50,20).
Le Sforno de commenter : "Vous avez seulement été Ses émissaires! Vous pensiez à tort que j'étais votre ennemi, mais ce que vous avez ainsi fait involontairement, D. l'a transformé en bien."

De même, le midrach (Béréchit rabba 85,1) rapporte :
"Les pères des tribus étaient occupés à la vente de Yossef, Yossef était affairé à son cilice et à son jeûne, Réouven était affairé à son cilice et à son jeûne, Yaakov était affairé à son cilice et à son jeûne, et Yéhouda était affairé à trouver une épouse.
Et [pendant ce temps], Hachem s'affairait à créer la lumière du machia'h."

=> Le processus de la guéoula débuta dès la vente de Yossef, pendant que chacun était absorbé par ses tracas personnels.
Ce qui peut apparaître en apparence comme des malheurs, ne l'est pas en vérité, au contraire ce n'est qu'un moyen nécessaire pour aboutir à un bonheur resplendissant.
[d'où la notion de : "elle est un espoir pour le monde!" ]

-> De plus, après avoir vendu Yossef aux Ismaélites : "les frères promulguèrent une sentence d'excommunication et une malédiction à quiconque révélerait la vente, et ils y associèrent Hachem" (cf. Rachi Vayéchev 37,33).
=> S'ils n'ont pas hésité à associer Hachem, c'est que la légitimité de leur acte ne faisait aucun doute à leurs yeux.

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2020/03/23/12823-2

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+ Conclusion :

---> Pour les frères de Yossef :
D'un côté leur démarche était légitime, et leur jalousie n'influença en rien leur sentence, qui était parfaitement juste selon leur vision des faits.
Cependant, on leur tint rigueur de ce minuscule sentiment de jalousie qui était en eux, et ce au regard de leur très haut niveau spirituel.

---> Pour Yossef :
D'un côté, son attitude envers ses frères était exempte de toute haine : son unique désir était de les aider à s'améliorer, à revenir sur le droit chemin.
Cependant, malgré le bien-fondé de ces médisances, ces propos renfermaient également une minuscule part de diffamation.
Au regard de son très haut niveau spirituel, il fut puni mesure pour mesure : rabaissé au rang d'esclave, humilié par la femme de Potiphar et jeté 12 années en prison.

[Hachem juge les tsadikim selon l'épaisseur d'un cheveu, et à plus forte raison lorsqu'il s'agit des personnes qui vont générer et impacter chacune des tribus constituant le peuple juif!]

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-> Quelqu'un a demandé à rabbi Yaakov Kanievsky quelle est la bonne façon d'enseigner aux élèves le passage sur Yossef et ses frères, et autres sujets semblables.
Le rav Kanievsky a répondu que nous devons leur enseigner et ancrer en eux l'idée qu'il s'agit d'une dispute portant sur la halakha : lui pensait que le din était de telle façon et eux pensaient que le din était autrement.
[rapporté dans le Pniné rabbénou haKéhilot Yaakov]

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-> Loin de nous la pensée que les fils de Yaakov puissent être la proie d'une jalousie puérile. Le conflit décrit dans la Torah ne peut être appréhendé que sous un angle spirituel.
Ce n'est pas la prédilection que Yaakov éprouve à l'égard de Yossef qui les préoccupe, mais la préférence que le Patriarche témoigne vis-à-vis de la contribution de ce fils, contribution qui risque de mettre celle de ses frères dans l'ombre, et ce faisant de créer un déséquilibre dans la formation du peuple naissant.
[...]
Lorsque la Torah nous dit que les frères haïssait Yossef nous devons comprendre qu'ils n'étaient pas mus par une animosité personnelle, mais que pleinement conscients des dangers inhérents au comportement de leur jeune frère, ils éprouvaient une vive inquiétude quant à la direction que semblait prendre la jeune communauté en plein développement [les frères posant les bases de ce que va être le peuple juif, et il faut être vigilant car l'enjeu est important!], qui si elle venait à perturber l'équilibre aboutirait à des désordres continuels [lorsque chaque tribu est à sa place, elle permet à la totalité du peuple juif d'être au top, d'être dans une collectivité harmonieuse! Or, les frères pensaient que Yossef par son comportement allait tout même en péril.
On peut comparer cela à une erreur infime dans les fondations d'un bâtiment, risquant de le faire s'effondrer entièrement].
[...]
Les frères ne sont pas des personnes ordinaires, mais les Patriarches des tribus (chévatim), des hommes d'une grandeur et d'une sainteté que nous avons du mal à concevoir.
[...]
Les frères avaient l'intime conviction que lorsque Yossef rapporte leurs "méfaits" à leur père, il cherche à leur nuire en les privant de leur rôle au sein du peuple naissant.
Convaincus que Yossef doit être légitimement considéré comme un délateur ou un agresseur poursuivant sa victime pour la détruire, celui-ci est passible de mort.
Les frères sont certains d'agir en légitime défense, auquel cas la loi juive tranche sans aucune équivoque : "Si un individu cherche à attenter à tes jours, prends les devants et supprime-le".
[rabbi Yossef Deutsch]

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-> Yossef réalisait que ses frères le haïssaient à cause de ce bel habit [la tunique]. Il en portait donc un autre par-dessus, afin que le 1er ne se voit pas.
[Méam Loez - Vayéchev 27,23]

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-> Le Targoum Yérouchami explique que Yaakov a transmis à Yossef la tunique qu'avait donné Hachem à Adam après avoir mangé de l'arbre de la connaissance.
Le Ein Yaakov (guémara Avoda Zara 11b) rapporte que les romains se saisirent de cette tunique pour s'en vêtir.

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