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"Quand un homme meurt dans la tente" (‘Houkat 19,14)

-> Selon la guémara (Shabbath 83b) :
Même proche de la mort, l’homme doit étudier la Torah.
Reich Lakich explique pour sa part : "Les paroles de Torah ne s’accomplissent que chez celui qui est prêt à mourir pour elle."

-> Le Maharal ('Hidouché Aggadot) commente :
"la Torah est du domaine de l’intellect, comment peut-elle s’implanter chez l’homme qui est entièrement matériel? Les deux sont absolument antinomiques!
C’est pourquoi cette Torah (intellect) ne peut se réaliser que chez celui qui est prêt à mourir pour elle, qui fait abstraction de son corps, de sa vie matérielle. Se séparant de son corps, il n’est plus considéré comme tel par rapport à la Torah et celle-ci, qui est ‘intellect’, pourra alors s’accomplir en lui, et non en celui qui, à côté de la Torah, donne de l’importance à son corps."

-> Rabbi David Pinto écrit :
Comment se détacher de tout ce qui est corporel au moment où l’on étudie? Après tout, l’homme a été créé à partir de la matière!
La matière peut-elle se dissocier de la matière?
En réalité, en se consacrant à l’étude de la Torah avec abnégation, on se détache de son côté matériel pour permettre aux paroles de Torah d’entrer dans son cœur.

De quelle abnégation s’agit-il ?
De celle que décrivent nos Sages lorsqu’ils commentent l’expression ‘de toute ton âme’ : "Même si on t’enlève la vie (ton âme)". Cela signifie qu’au moment où l’on étudie la Torah, on doit avoir l’esprit libéré de toutes ses préoccupations matérielles, et que même si on est absorbé toute la journée par son activité professionnelle, on doit fixer des temps d’étude au cours desquels on oublie totalement ses affaires.

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-> "Voici la loi (la Torah), lorsqu’il se trouve un mort dans une tente" (19,14)

Nos Maîtres déduisent de ce verset : "La Torah ne se maintient qu’en celui qui se tue à la tâche pour elle".

Lors d’un de ses cours, rav ‘Haïm de Brisk prononça les mots suivants :
"Imaginez-vous qu’un jour, D. décide de permettre à tous les morts de se relever et de quitter leur tombe pour une heure, de laquelle ils peuvent profiter à leur gré. Les vivants se précipiteraient alors aux cimetières pour y rencontrer leurs proches décédés et prendre de leurs nouvelles. Cependant, dès l’instant où les sépultures seraient ouvertes, les défunts ne regarderaient même pas leurs visiteurs, mais courraient tous, à grande allure, en direction des lieux d’étude pour étudier assidûment la Torah.

Tel est le sens de l’enseignement de nos Maîtres selon lequel "la Torah ne se maintient qu’en celui qui se tue à la tâche pour elle" = En d’autres termes, elle ne perdure que chez l’homme considérant le temps qui lui est alloué dans ce monde comme l’opportunité, pour un mort, de quitter sa tombe l’espace d’une heure."

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-> on peut également y lier le récit suivant : http://todahm.com/2014/12/21/2511-2

"Voici la loi (la Torah), lorsqu’il se trouve un mort dans une tente" = plus nous sachons faire le mort face aux tentations matérielle, aux pertes de temps de ce monde, plus nous aurons de vie dans le monde à venir.
Notre véritable âge le jour de notre mort est le cumul de tous nos instants de vie bien exploités selon la volonté de D.

["j'ai mis devant toi la vie et la mort : choisis la vie" => le problème c'est que notre yétser ara nous propose une réalité inversée. Il nous vend de la mort pour de la vie (profites!). D'ailleurs, la Torah nous dit : choisis! (cela n'est pas naturel, à cause du yétser ara).
Nous devons faire le mort à notre yétser ara, pour ne pas se laisser embrouiller et pour mieux se focaliser sur la réelle vie de ce monde!]

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-> "Quand un homme meurt dans la tente" (‘Houkat 19,14)

Nos Sages (guémara Béra’hot 63b ; Shabbath 83b) explique que les les paroles de la Torah ne se maintiennent que chez celui qui se tue pour elles.
[au moment où l’on étudie, il faut faire le mort, dans le sens où rien d’autre n’existe pour venir nous déconcentrer]

La tente fait allusion au fait que de même qu’elle ne comporte pas de porte ni de clef, et qu’elle est ouverte à quiconque veut y entrer, ainsi la Torah est placée dans un coin et quiconque veut l’étudier peut venir le faire (cf. guémara Kidouchin 66a)

Le mot : "Ohél" (tente - אוהל) a une valeur numérique de 42, ce qui correspond à "tu parleras d’eux" (bam), où le mot "bam" (בם) a aussi une guématria de 42.

Les lettres dé : bam (בם) renvoient à la 1ere lettre :
-> du 1er mot de la Torah écrite (בְּרֵאשִׁית – Béréchit)
-> du 1er mot de la Torah orale (מאימתי – michna Béra’hot).

[il faut se considérer comme de passage dans ce monde éphémère (à l’image d’une tente), et se consacrer de toutes ses capacités à la Torah, qui est l’essentiel, puisque chaque lettre que nous y étudierons nous accompagnera et nous servira d’habitat pour l’éternité.]

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-> "Ceci est la loi (Thora), un homme qui meurt dans une tente" (19,14)

Le 'Hafets 'Haïm commente :
La Thora (loi) ne peut se maintenir que pour un homme qui se fait mourir dans la tente d'étude. C'est-à-dire qu'il étudie en sacrifiant son bien-être et en renonçant à ses plaisirs physiques.
Mais, cela fait aussi allusion à une autre idée. Au moment où une personne étudie la Thora, il doit se considérer comme s'il était mort. De la sorte, il n'interrompra pas son étude pour aucune raison au monde, même la meilleure. En effet, s'il était mort, il n'aurait pas pu s'occuper de ses affaires même la plus urgente. Au moment de l'étude, il faudra se voir comme s'il était mort. Rien ne pourra ainsi l'interrompre de son étude.
C'est de cette façon que sa Thora se maintiendra.

[plus on considère la Torah comme étant la vie (le reste devenant "mort" en comparaison), plus la Torah pourra avoir d'impact en nous.]

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-> "Ceci est un statut de la Loi (…) lorsqu’il se trouve un mort dans une tente" ('Houkat 19,2-14)

-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°1092) enseigne :
"Le Baal Chem Tov explique pourquoi il existe malheureusement de nombreuses personnes étudiant la Torah et qui manquent pourtant de crainte de D.
D’après lui, tout dépend de la manière dont l’homme entame sa journée. Dès son lever, il doit s’impliquer en premier lieu dans des activités spirituelles, se lever avec zèle pour servir son Créateur, réciter Modé ani avec une grande ferveur, remercier Hachem de tout son cœur pour la magnifique création, puis s’empresser de rejoindre la synagogue pour prier cha’harit.
S’il donne ainsi priorité à des mitsvot et à des actes accomplis pour l’honneur divin, le reste de la journée sera à cette image et la crainte du Ciel l’accompagnera.
Par contre, s’il se réveille avec paresse et ne pense qu’à satisfaire ses divers besoins physiques, comme l’alimentation, pour seulement ensuite se souvenir de son devoir de prier, la crainte de D. lui fera défaut, car son ego aura pris le dessus, empêchant la présence Divine de résider en lui.

Tel est le sens des versets : "Ceci est un statut de la Loi ... lorsqu’il se trouve un mort dans une tente" = Le lien d’un homme avec la Torah dépend essentiellement du début de sa journée, du moment où il gît dans son lit comme un mort trouvé dans une tente. Lorsqu’il se réveille de cette mort apparente qu’est le sommeil, s’il se lève avec zèle pour servir Hachem, considérant cela comme "un statut de la Loi", comme une obligation incontournable, il continuera, tout au long de la journée, à Le servir avec joie et entrain, car la Torah représentera pour lui une priorité et il sera continuellement animé de la crainte de D.

Cependant, s’il ne considère pas cette conduite comme une obligation immuable, mais se lève avec paresse pour se consacrer à ses besoins personnels, se laissant chaque jour convaincre par un autre prétexte soufflé à son oreille par le mauvais penchant (ex: "Je suis fatigué" ; "Je suis faible"), la paresse continuera à prendre le dessus le reste de la journée et il sera perdant sur tous les bords.
Telle est la mauvaise racine du manque de crainte du Ciel."

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-> "Voici la règle (zot haTorah), lorsqu’il se trouve un mort [mot à mot: un homme qui meurt] dans la tente (adam ki yamout baOhel)"(‘Houkat 19,14)

=> Ce verset est interprété par nos Sages dans le sens de l’étude de la Torah [Voici la règle (זֹאת הַתּורָֹה) = c’est-à-dire : "voici la manière idéale d’étudier la Thoraé].
On peut rapporter les commentaires suivants à ce sujet :

1°/ Rabbi Chimon Ben Lakich (guémara Béra'hot 63b) enseigne : "D’où apprenons-nous que la Torah ne se maintient que chez celui qui se tue pour elle [qui consacre toutes ses forces pour la Torah]? Du verset: ‘Voici la règle: un homme qui meurt dans la tente [la maison d’étude]’."

2°/ La Torah, purement spirituelle, ne peut subsister seulement chez une personne qui s’éloigne autant que possible de la matérialité [Maharal de Prague].
Aussi, le rav Niventzal explique-t-il que "mourir pour elle" signifie diminuer notre jouissance de ce Monde. Ainsi, moins un homme profite des bienfaits matériels que cette terre lui offre plus la Torah peut résider chez lui.
Lorsque nous réduisons la place du matériel dans nos vies, alors automatiquement nous faisons de la place au spirituel (la Torah).
Et c’est ainsi qu’il est enseigné (Pirké Avot 6,4]) : "Voici le chemin pour acquérir la Thora : mange du pain avec du sel, bois de l’eau avec mesure, dors à même le sol, endure une vie de souffrances et étudie la Torah de toutes tes forces. Si tu fais cela, tu seras heureux dans ce monde-ci et tu auras une bonne part dans le monde futur".

3°/ La guémara veut dire qu’il faut tuer son "moi", c’est-à-dire ses défauts et ses idées préconçues, afin de parvenir à la vérité en toute objectivité [voir Maor Enayim].

4°/ "L’abnégation qui convient aux érudits de la Torah est définie par le verset : ‘Un homme qui meurt dans la tente’, tel que l’expliquent nos Sages : il faut tuer le plaisir que procurent les attraits du monde matériel, car même les plaisirs terrestres les plus anodins empêchent de se consacrer à la ‘tente’ de la Thora" [Hayom Yom - 1er Tamouz].

5°/ "Si un homme veut acquérir un peu de Torah, il doit faire pendant son étude comme s’il était ‘mort’, et quoi qu’il advienne, ne jamais s’interrompre ni repousser ce moment sacré" [Si’hot ha’hafets ‘Haïm].

6°/ La guémara (Shabbath 83b) rapporte : "Rabbi Yonathan dit : Un homme ne doit jamais se limiter dans l’étude de la Torah ... et ce même lorsqu’il est sur le point de mourir comme il est dit : ‘Voici la règle [de la Torah], lorsqu’un homme meurt dans la tente’, même au moment de la mort il faut se consacrer uniquement à la Thora".

A ce propos, il est enseigné dans la guémara (Béra'hot 61b) que lorsque les Romains interdirent l’étude de la Torah, Rabbi Akiva continua d’enseigner en public. Un juif qui était sorti du chemin, et qui se nommait Papous Ben Yéhouda, lui demanda : "Akiva, n’as-tu pas peur des Romains?"
Le Rav lui répondit : "Voilà à quoi cela ressemble : un jour, un renard vit des poissons qui fuyaient dans tous les
sens. Que faites-vous? demanda-t-il. Nous évitons les filets des pécheurs! Pourquoi ne venez-vous pas sur la terre à côté de moi, au moins vous ne serez plus embêtés par les pièges des pécheurs?
Les poissons lui répondirent : imbécile que tu es! Si nous sommes en danger dans notre environnement naturel, alors à plus forte raison si nous allons dans un endroit où la mort nous est promise. Pareil pour nous : tant que nous étudions, nous sommes en vie comme il est écrit: ‘Car elle est ta vie...’ mais si nous arrêtons de l’étudier, nous sommes déjà morts".

On raconte également qu’à la fin de sa vie, le ’Hatam Sofer souffrait d’une grave maladie et son état de santé ne laissait guère d’espoir.
Toute la communauté priait nuit et jour et lisait des psaumes pour la guérison du Rav. Celui-ci était étendu, son chapeau couvrant son visage, les membres de la ‘Hévra kadicha pensant qu’il était à l’article de la mort commencèrent à prier également. Le ‘Hatam Sofer dit alors à un de ses proches de leur demander d’arrêter de prier car ils le dérangeaient dans son étude. En effet, il tenait à réviser tout ce qu’il avait étudié durant sa vie avant de mourir.
[b'h, d'après le feuillet de la communauté de Sarcelles - Chémini 5782]

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