"L'homme a 2 sortes de yeux : les yeux qui lui permettent d'observer et de définir la matérialité.
Tout celui qui ouvre ses "yeux matériels" ferme automatiquement ses "yeux spirituels" qui donnent accès à la sagesse.
Inversement, tout celui qui ferme ses yeux sur la matérialité, ouvre les yeux de la sagesse."
['Hatam Sofer - drachot חב דף שז]
ainsi, il nous apprend que la vue matérielle fait écran à la vue spirituelle qui provient de la pureté de l'intellect.
-> Le Torat Moché (Bamidbar 8) explique la raison pour laquelle nous avons l'habitude de fermer nos yeux lorsque nous récitons le premier verset du Shéma Israël :
"Si l'homme souhaite unir sa pensée avec le Ciel lors de la récitation du premier verset du Shéma Israël, il doit fermer ses yeux car chaque homme possède dans son cerveau des yeux spirituels qui lui permettent d'accéder à des visions élevées, spirituelles et saintes.
Cependant nos yeux conçus de matière font séparation et empêchent l'accès à la sainteté.
J'ai déjà évoqué une allusion qui va dans ce sens d'après le verset : "La nuit est lumineuse comme le jour, l'obscurité est clarté" (Téhilim 139,12) = c'est-à-dire qu'à chaque fois que l'homme ferme ses yeux matériels pour être dans l'obscurité, il ajoute de la vision à ses yeux spirituels car les yeux matériels font écran à l'attachement de l'homme à son Créateur."
-> Le Réchit 'Hokhma (chaar hakédoucha 8,46) enseigne au nom de son maître rabbi Moché Kordovéro le concept que nous venons de soulever et précise que la fermeture des yeux physiques permet d'augmenter notre kavana grâce (intention) à nos yeux spirituels :
"Mon maître a écrit au sujet du verset : "Vous ne vous égarerez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux" (Chéla'h Lé'ha 15,39) = tout ce qui pénètre notre regard est matériel. Ainsi, l'homme devra fermer ses yeux au moment de la prière car lorsque la vue ferme l'accès à la matérialité, l'homme visualise par sa pensée et accède ainsi à la spiritualité.
Ce verset parle donc du cœur et des yeux spirituels.
Nous comprenons mieux dès lors le passage de la prière du matin de Shabbat, Nichmat kol 'Haï : "vé'hol ayin lé'ha titspé" = "tout oeil doit espérer en Toi".
L'œil n'a pas été créé pour espérer dans des choses matérielles mais pour être comme l'œil des prophètes qui espéraient toujours avoir une vision du Char Céleste et accéder à des visions des mondes supérieurs.
Et ceci ne peut être accessible seulement lorsque nous fermons nos yeux à la matérialité. Ainsi, nous protégeons nos yeux de toute chose qui pourrait les endommager et c'est la raison pour laquelle on surnommait les premiers 'hassidim: "פקיחי עיינין" que je pourrais traduire par "les visionnaires".
Nous les retrouvons désignés à plusieurs reprises dans le Zohar car ils purifiaient leur regard convenablement au point il n'y avait plus aucun écran entre eux et la sainteté."