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Témoigner du ‘hessed à autrui = une question de vie et de mort!

+++ Témoigner du 'hessed à autrui = une question de vie et de mort!

-> "Si quelqu'un donne une prouta [une petite pièce de monnaie] à un pauvre, il reçoit 6 bénédictions ; s'il le console, même s'il ne lui a pas donné d'argent, il reçoit 11 bénédictions".
[guémara Baba Batra 9b]

[ le Maharcha note que si on a de l'argent à donner, on est certainement tenu de le faire. La guémara veut seulement dire que si on n'a pas d'argent, on recevra tout de même 11 bénédictions si on parvient à le consoler. Si on donne de l'argent et qu'on le console, on recevra 17 bénédictions. ]

-> Le simple fait de donner de l'argent à un pauvre est un acte de tsédaka et mérite une bénédiction. Il peut s'agir de donner froidement un euro à quelqu'un qui en a demandé un.
En revanche, consoler une personne exige de sortir de sa zone de confort personnelle. Cela implique de se mettre à la place de l'autre personne pour ressentir sa douleur et sa honte d'avoir à demander de l'aide.
Nos Sages enseignent que "les mots qui sortent du cœur entrent dans le cœur". Une personne n'est consolée que si elle entend une préoccupation sincère dans les paroles de celui qui parle.
Si elle entend que la personne qui lui parle ressent vraiment sa douleur et voit que le langage corporel de la personne qui lui parle exprime une préoccupation et une attention réelles, alors elle sera réconfortée et consolée.
S'il repart réconforté, c'est le signe que le donateur a atteint le niveau élevé de 'hessed dans lequel "il met son cœur et son esprit à trouver ce qui est le mieux pour la personne pauvre" (Rachi - guémara Soucca 49b). Et pour cela, il mérite beaucoup plus de bénédictions que quelqu'un qui n'a donné que de la tsédaka.

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-> Imaginez que vous êtes dehors par une journée caniculaire, assoiffé, lorsque vous voyez soudain quelqu'un marcher dans la rue et distribuer des gobelets de lait glacé à tous les passants. Vous seriez impressionné par sa générosité et sa sollicitude à l'égard de ceux qui souffrent de la chaleur.
Pourtant, la guémara (Kétoubot 111b) affirme que sourire à quelqu'un est encore plus important que de lui donner une tasse de lait.

[ le rav Shimshon Pinkous explique que la guémara a utilisé l'exemple d'une tasse de lait, car non seulement elle étanche la soif comme l'eau, mais elle contient également des nutriments qui renforcent et nourrissent le buveur.
(ainsi le fait de sourire va encore davantage donner des forces et des aliments au moral d'autrui)]

-> La michna (Pirké Avot 1,15) enseigne que nous devons saluer quelqu'un "avec un visage bienveillant" (bé'séver panim yafot).
Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou - vol.5) souligne qu'il ne s'agit pas d'un niveau élevé réservé uniquement aux grands tsaddikim. L'auteur de cette michna est le sage Chamaï. Tout au long de Talmud (du Shass), Chamaï est connu pour suivre strictement la halakha (sans ajout personnel).
Si Shamaï nous dit que nous devons saluer tout le monde de manière bienveillante/amicale, cela signifie qu'il s'agit d'une exigence fondamentale absolue de la loi de la Torah, et non d'un supplément facultatif.

La guémara (Béra'hot 6b) va jusqu'à dire que si quelqu'un souhaite le shalom à un passant et que celui-ci ne répond pas, ce passant est qualifié de voleur (guézel shalom).
Le rav Dessler prouve ici que je "possède" le droit d'être salué par vous, et que si vous ne me saluez pas, vous me volez quelque chose que je mérite légitimement.

[le fait de saluer agréablement autrui est une chose tellement vitale, indispensable, à la vie d'autrui que la loi juive e base nous impose de le faire. ]

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+ Etre honorer (kavod) = le plus grand besoin de toute personne :

-> L'importance de la manière dont nous nous traitons les uns les autres est résumée par nos Sages (Avot déRabbi Nathan 13,4) dans les mots suivants :
"Celui qui offre à son ami tous les meilleurs cadeaux du monde, mais qui le fait avec une expression amère sur le visage, la Torah considère que c'est comme s'il ne lui avait rien donné.
Mais celui qui salue son ami avec une expression agréable, même s'il ne lui a rien donné, la Torah considère que c'est comme s'il lui avait donné tous les meilleurs cadeaux du monde!"

[ le Shach (Yoré Déa 249,3) cite le Smag selon lequel il transgresse également le commandement négatif de "Ton cœur ne doit pas se sentir mal lorsque tu lui donnes" (Réé 15,10).
La guémara ('Haguiga 5a) dit que Rav Yanaï a enseigné que si quelqu'un embarrasse publiquement un pauvre en lui donnant de l'argent, il vaut mieux ne pas lui donner du tout. ]

=> Pourquoi la Torah accorde-t-elle une telle importance au sourire et aux salutations amicales? Pourquoi le fait de donner avec une expression amère est-il considéré comme ne rien donner?

-> Le plus grand besoin émotionnel d'une personne est d'être validée, respectée et appréciée. C'est le besoin et le désir d'honneur (kavod), que les maîtres du moussar enseignent comme étant le plus grand et le plus puissant de tous les désirs humains.

Qu'est-ce que le kavod?
Tout ce qui existe dans ce monde a la valeur que nous lui donnons, qui est généralement mesurée par la somme d'argent que nous sommes prêts à payer pour l'acquérir.
Le prix élevé d'un diamant rare montre qu'il a de la valeur aux yeux des gens.

Le rav Shimshon Hirsch (Yitro 20,12) dit : "le kavod est l'expression de la valeur spirituelle et morale d'un être".
Par exemple, en nous comportant avec le plus grand respect dans une synagogue, nous montrons qu'il s'agit d'un lieu d'une extrême importance. En se levant devant un séfer Torah, on montre qu'on le respecte en tant qu'objet le plus important dans la vie d'un juif.

De même, le fait de montrer du respect et de l'honneur à une personne indique à quel point nous l'estimons. Plus je l'honore, plus je lui montre ce qu'il "vaut" en tant que personne.
La nourriture et l'argent peuvent être des nécessités pour vivre, mais l'honneur d'une personne touche à l'essence de ce qu'elle est.
Nos Sages (Béra'hot 6b) nous disent que chaque fois qu'une personne est forcée d'accepter la charité, c'est comme si elle était condamnée à être punie par le feu et l'eau.
Si ce sentiment s'accompagne de la pensée que "personne ne se soucie de moi, que je suis sans importance ou indésirable", il s'agit du sentiment le plus douloureux, le plus déprimant et le plus dangereux qu'une personne puisse éprouver.
Il peut atteindre un stade où il a l'impression (même inconsciente) qu'il n'a aucune raison de vivre et où il brûle de ressentiment et de haine envers lui-même et le monde.
Les conséquences sont trop souvent douloureuses et tragiques.

Servir de la nourriture à quelqu'un avec une mine mécontente ou une attitude colérique envoie le message suivant : "Je n'aime pas te donner et je suis contrarié de devoir le faire. Tu n'es qu'une nuisance".
Ce message peut causer une énorme douleur émotionnelle à la personne qui le reçoit. Elle est rabaissée, humiliée et se sent indésirable. Elle a l'impression qu'elle est ennuyeuse à côtoyer.
Tout avantage matériel qu'elle reçoit de la nourriture qu'elle mange est insignifiant comparé à la terrible douleur qu'elle ressent en même temps.
C'est pourquoi nos Sages nous disent que c'est comme si le donneur ne lui avait rien donné.

En revanche, sourire à quelqu'un, c'est lui dire que l'on est heureux de le voir.
Cela lui dit que vous pensez qu'il mérite de l'attention et de la reconnaissance et qu'il est désiré et aimé.
Vous lui montrez qu'il a quelque chose à offrir aux autres et que sa présence vous rend heureux.
Il n'y a presque rien qui puisse exprimer votre reconnaissance et votre validation d'une personne autant que de lui offrir un sourire sincère. Sourire à quelqu'un est infiniment plus puissant que de lui donner une tasse de lait nutritif, car le sourire nourrit son âme.

[ex: La guémara (Guittin 62a) stipule qu'il est interdit de se rendre dans la maison d'un adorateur d'idoles le jour de sa fête. Rachi explique que nous avons peur que le non-juif se sente tellement excité par le fait que le juif le considère comme important et digne de respect, qu'il courra louer et remercier son idole. (on voit à quel point un acte de valorisation donne de la force à autrui!)]

Par conséquent, si vous accueillez votre ami avec une expression agréable, même si vous ne lui apportez aucun avantage physique, nos Sages considèrent que c'est comme si vous lui offriez tous les meilleurs cadeaux du monde.

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-> Si toute trace de kavod était retirée à une personne, elle en mourrait.
[l'Alter de Slabodka - rapporté par le rav Wolbe - Alé Shour - vol.2)

[dans notre génération grâce à D. nous avons généralement des moyens pour subvenir à nos besoins nécessaires, mais par contre nous sommes tous très pauvres dans le kavod.
Ainsi, en souriant à autrui, en lui donnant de l'écoute, des mots positifs/d'appréciation, alors nous évitons qu'il soit trop affamé (donc mal dans son intériorité), nous évitons qu'il soit un mort vivant car sans une alimentation en kavod (le risque est qu'il perde sa vie à rechercher sa dose de kavod dans le regard des autres, en vendant ses valeurs pour cela).]

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+ L'exemple de la mitsva d'hospitalité :

-> Ce concept est illustré dans une halakha importante.
Le Rambam (Hilkhot Avel 14,1) énumère de nombreux types de 'hessed qu'une personne doit accomplir : visiter les malades, réconforter les personnes en deuil, accompagner les morts, subvenir aux besoins d'une mariée, raccompagner les invités, s'occuper de tous les détails de l'enterrement, rendre heureux les mariés et subvenir à leurs besoins.
De cette liste, quelle mitsva mérite la plus grande récompense?

Le Rambam écrit que le fait de raccompagner un invité après l'avoir accueilli reçoit la plus grande récompense de toutes, et que ce 'hessed unique a été institué par le pilier du 'hessed, Avraham Avinou.

Cela demande une explication. A priori, la partie essentielle de la mitsva est certainement de prendre soin de l'invité et de répondre à tous ses besoins (lorsque nous le recevons chez nous).
Mais le Rambam souligne que l'accompagnement de l'invité est plus important que l'accueil proprement dit.

-> "La récompense pour raccompagner une personne est sans limite"
[guémara Sotah 46b]
[nos Sages rapportent que même des non-juifs racha qui ont raccompagné les juifs (même 2-3-4 pas) ont reçu une grande récompense pour cela.]

-> Le Sma'h ('Hochen Michpat) enseigne que de nos jours nous devons accompagner notre invité jusqu'à la porte ou au moins sur une distance de 2 mètres.

-> Le Rambam (Hilkhot Avélout - chap.14,2) écrit : "La mitsva d'accompagner est supérieure à toute, c'est la loi qu'a érigée Avraham, l'hospitalité est plus grande que l'accueil de la Présence Divine, et il est plus important de raccompagner les invités que de les recevoir ...
Toute personne qui ne raccompagne un invité, c'est comme s'il avait fait couler son sang"

-> Rabbi Yits'hak Berkovits explique ces propos :
"La mitsva de recevoir des invités l'est essentiellement afin de leur garantir : nourriture et hébergement.
Cependant, accompagner un invité est considéré comme étant plus important que cela, car on lui témoigne de l'honneur, ce qui va développer sa confiance en lui, et qui l'aidera ainsi à faire face à la suite de sa vie."

-> Le Saba de Kelm donne l'explication remarquable suivante :
"Nos Sages nous ont révélé ce qui se trouve dans le subconscient profond de l'invité.
Il est assis dans la maison de son hôte, appréciant la délicieuse nourriture, mais de temps en temps, l'idée lui vient que l'hôte veut peut-être qu'il parte déjà.
Même après que l'hôte l'a nourri, lui a donné à boire, lui a fourni un endroit pour dormir et l'a traité comme un roi, l'invité est toujours tourmenté par le soupçon que l'hôte serait peut-être plus heureux s'il n'était plus là. Il en aura la preuve dès que je partirai ... il fermera immédiatement la porte derrière moi et poussera certainement un soupir de soulagement en se libérant enfin de moi (ex: enfin, bon débarras!).
Si l'invité quitte la maison avec le sentiment que son hôte est heureux qu'il parte enfin, l'hôte est considéré comme un meurtrier. L'invité se lamente dans son cœur d'avoir été un invité indésirable dont l'hôte ne demandait qu'à se débarrasser. Si l'invité se sent ainsi, c'est comme si son sang avait coulé!
En revanche, si l'hôte accompagne l'invité, ne serait-ce que 4 amot (2 mètres), l'invité aura le sentiment que l'hôte a apprécié sa compagnie et qu'il était heureux de l'accueillir.

De cette façon, il repart avec une joie qu'il était un invité désiré, et que l'hôte était heureux qu'il soit là. Le Saba de Kelm conclut : "Insuffler ce sentiment à un invité et lui faire sentir qu'il est heureux et désiré est le principe fondamental de la mitsva d'accueillir des invités".

Nous parlons d'un hôte qui a donné à son invité tout ce dont il avait besoin et qui l'a fait de manière agréable sans exprimer le moindre signe de contrariété ou d'insatisfaction. Pourtant, s'il n'a pas raccompagné l'invité, il n'a pas pu éliminer le sentiment fugace (jamais exprimé et peut-être même pas remarqué, totalement inconscient) de l'invité de se sentir indésirable. Provoquer un tel chagrin d'amour à quelqu'un équivaut à le tuer!
L'hôte n'accomplit pleinement la mitsva d'hospitalité que si l'invité repart en se sentant apprécié.

Accompagner l'invité prouve que toute la nourriture, la boisson, le logement et la compagnie fournis à l'invité l'ont été dans le même état d'esprit et dans le même but, transformant tout ce qui a été fait en un 'hessed parfait, comme l'exige la Torah.

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-> Selon la guémara (Sotah 46b), en raccompagnant son invité, on s'assure qu'il ne subisse pas de mal.

Le Maharcha (Sotah 45b) explique qu'en raccompagnant son invité, on permet aux "anges gardiens" de pouvoir accompagner notre invité après notre départ, le protégeant alors de tout danger jusqu'à sa destination.

Le Méam Loez (Vayéra 18,16) enseigne qu'il est extrêmement bénéfique de raccompagner son visiteur, car ainsi la Présence Divine l'accompagne et le protège sur la route du retour.

[on peut éventuellement dire qu'en faisant l'effort de raccompagner un invité, lui témoignant amour et considération, par cela on montre à Hachem qu'on aime sincèrement notre frère juif, et ainsi Hachem est tellement heureux qu'Il se joint à nous, et par conséquence l'invité est protégé sur son chemin.
On voit là l'importance de faire du 'hessed pour faire plaisir à papa Hachem, et pour amener sur nous Sa Présence et les plus belles bénédictions.]

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-> Nos Sages (Béra'hot 6b) nous disent que chaque fois qu'une personne est forcée d'accepter la charité, c'est comme si elle était condamnée à être punie par l'eau et le feu.
Elle brûle de la honte d'être un preneur et d'être considérée comme infructueuse. Cependant, si l'hôte fait sentir à son invité qu'il était heureux de l'avoir et de le servir, et qu'il a apprécié sa compagnie, il transforme son invité en donneur plutôt qu'en preneur.
Non seulement il élimine toute honte d'être un preneur, mais il transforme l'invité en donneur, en tant que personne qui a procuré du plaisir et du bonheur à son hôte.
Il y a un renversement complet des rôles. [en le raccompagnant, on lui fait comprendre qu'on a été honoré de profiter de sa présence, qu'il est quelqu'un de si bien et agréable, qu'on en a tiré beaucoup de joie. Certes cela nous a demandé des efforts de le recevoir, mais en comparaison de ce que sa présence nous a apporté ... ]

Faire ressentir à celui que l'on reçoit qu'il est vraiment celui qui donne le plus, est la vraie grandeur et la perfection ultime du 'hessed.

-> La guémara (Soucca 49b) nous enseigne que "Rabbi Elazar a dit : 'La tsédaka n'est récompensée qu'en fonction du 'hessed qu'elle implique'".
Rachi explique que le don d'argent proprement dit est appelé : tsédaka.
Il ajoute que la notion de : " 'héssed" signifie : "chénoten libo védaato létovato chél ani" = il met son cœur et son esprit à trouver ce qui est le mieux pour le pauvre.
Dans notre scénario, la tédaka est l'accueil de l'invité, la nourriture et le confort fournis. Et le 'hessed de la mitsva est de s'assurer que l'invité reçoive le meilleur, c'est-à-dire le sentiment qu'il n'est pas un preneur mais un donneur.

=> Ce concept ne s'applique pas uniquement à l'accueil d'invités. Nous devons apprendre à l'appliquer à toutes nos interactions avec d'autres personnes, quelles qu'elles soient.
Si la personne avec laquelle nous avons interagi a le sentiment d'avoir été une gêne et un fardeau pour nous, ou que nous la considérons comme un raté/boulet de la société, alors nous avons échoué dans notre ben adam la'havéro (relation avec autrui).
Si elle repart avec le sentiment chaleureux que nous avons apprécié de passer du temps avec elle et que nous la respectons en tant que personne, alors nous avons réussi dans le domaine de la Torah et nous marchons dans les voies d'Hachem.

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[Hachem également nous donne tellement de chose à chaque instant, et pour nous épargner le "pain de la honte", Il va nous demander un petit service (qu'Il n'a pas besoin car étant parfait), et cela va effacer tout sentiment de honte (certes Hachem me donne beaucoup, mais j'ai la sensation d'agir également pour Lui, donc je n'ai pas une dette de redevabilité). ]
[naturellement une personne n'aime pas être en situation de redevabilité envers une autre, et c'est donc un grand 'hessed de permettre à autrui de perdre ce sentiment d'infériorité, d'être lié à nous retourner une faveur. ]

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