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Une Torah de ‘hessed

+++ Une Torah de 'hessed :

-> La Torah commence par de la guémilout 'hassadim et se termine par des guémilout 'hassadim.
Son début est un accomplissement de bonté, comme il est écrit : "Et Hachem fit pour Adam et sa femme des vêtements de peau et les habilla". Et sa fin est un accomplissement de bonté, comme il est écrit : Hachem l'enterra à Gaï".
[guémara Sotah 14a]

-> Selon le 'Hafets 'Haïm (préface à son Ahavat 'Hessed), cela nous apprend l'importance considérable que la Torah accorde au 'hessed. Si la Torah commence et se termine par le sujet du 'hessed, cela signifie que le thème central de toute la Torah doit être le 'hessed.

Le 'Hafets 'Haïm commence alors à énumérer tous les endroits où l'on trouve des exemples de 'hessed dans le 'houmach. Après plusieurs pages, il cite un exemple tiré de la paracha Michpatim, puis il écrit :
"Je ne vais plus énumérer en détail tous les endroits où la Torah a parlé de 'hessed. La personne avisée réfléchira à ce que j'ai écrit et se rendra compte que le caractère de 'hessed est si saint que toute la Torah en est remplie et qu'une personne doit s'efforcer de le pratiquer toute sa vie".

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+ Ce n'est pas un mensonge :

-> Si votre ami a acheté un nouveau vêtement et vous demande si vous le trouvez beau, la halakha dit que vous devez en faire l'éloge, même si vous ne l'aimez pas du tout.
Cela nécessite une explication, car cela semble contredire le commandement de la Torah "il faut rester loin du mensonge" (Michpatim 23,7).
La guémara (Kétoubot 17a) répond que nous apprenons ici que : "il faut toujours s'efforcer de s'entendre avec les gens".
=> Cependant c'est difficile à comprendre : le fait de vouloir être amical et de n'offenser personne nous autorise-t-il à mentir?

Nos Sages nous enseignent quelque chose de très profond sur la psychologie humaine.
Rachi explique que la guémara nous enseigne qu'il est permis de "faire pour chacun ce qu'il veut".

Le rav Kalonymus Kalman Shapira of Piaseczna ('Hovat haTalmidim - p.64) explique plus en détail :
Si une personne vous demande ce qu'elle pense de son nouveau costume, elle n'est pas intéressée par votre opinion sur le fait qu'il soit beau ou non. Une personne ne supporte pas de perdre son amour-propre en s'entendant dire qu'elle a acheté quelque chose de mauvaise qualité ou de mauvais goût.
S'il pensait que vous pourriez dire que ce n'est pas bon ou qu'il ne vaut pas ce qu'il a payé, il ne vous l'aurait jamais demandé!
En vous demandant votre avis, il vous dit en réalité : "S'il vous plaît, faites-moi un compliment!
Le fait que vous disiez à quel point vous l'aimez n'est rien d'autre que le fait d'accéder à sa demande.

C'est ce que Rachi entend par "tu peux faire pour lui ce qu'il veut".
Ce n'est pas un mensonge, puisqu'il ne vous a jamais demandé de donner votre véritable avis.
C'est ainsi que la Torah attend d'une personne qu'elle se comporte avec les autres. Elle exige de voir les autres à travers la lentille d'un baal 'hessed, de voir, de sentir et d'entendre ce qu'ils veulent vraiment et de faire ensuite tout ce qui est en votre pouvoir pour le leur fournir.

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=> Que se passerait-il si quelqu'un ignorait le conseil de nos Sages et exprimait sa véritable opinion sur le vêtement?

Le Roch (Or'hot 'Haïm lehaRoch 91), écrit que cela causera à la personne un 'halichat hadaat, littéralement une "faiblesse de l'esprit". Elle se sentira inadéquate et embarrassée par sa propre stupidité d'avoir acheté un tel objet.
Le Roch qualifie un tel commentaire [de notre part sous couvert de dire la vérité] d'"acte d'imbécile".
Aux yeux de la Torah, seul un imbécile peut faire sentir à quelqu'un d'autre qu'il ne vaut rien et qu'il n'a pas réussi. L'homme sage est celui qui aide les gens à se sentir bien dans leur peau, dans toutes les situations.

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+ Le 'hessed dans un couple :

-> Le verset (Michpatim 21,3) écrit qu'à la fin de ses 7 années d'esclavage, l'esclave hébreu (l'éved ivri) est libéré et sa femme l'est également. ["s'il était marié, sa femme sortira avec lui" ]
Cela laisse perplexe, car sa femme n'a jamais été esclave.

Le rav Yonathan Eibshitz (Tiféret Yonathan) donne l'explication suivante :
"La Torah nous enseigne qu'un mari et sa femme sont comme une seule et même personne, et que s'il souffre, elle ressentira également cette douleur. Même si elle n'a pas été vendue et n'a pas servi d'esclave, néanmoins, puisqu'ils sont comme une seule personne, et qu'il souffre d'être esclave, c'est comme si elle était également esclave avec lui.
C'est pourquoi la Torah écrit que sa femme est libérée avec lui, parce qu'elle était aussi esclave"

-> L'expression ultime du 'hessed, qui est le fait de ressentir les sentiments d'une autre personne comme s'il s'agissait des siens, est pleinement possible dans le cadre du mariage. La Torah considère comme acquis qu'une femme est si profondément en contact avec les émotions et les expériences de son mari qu'elle les reflétera exactement et les vivra elle-même.
C'est le modèle que la Torah attend pour toutes les relations ben adam la'havéro (une personne avec son prochain).

-> Un jour, alors que sa femme avait mal à la jambe, le rav Arié Lévine répondit au médecin demandant la raison de leur visite : "Nous avons mal à la jambe".

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+ Le lachon ara

-> La Torah interdit de dire du lachon ara.
Le 'Hafets 'Haïm consacre plusieurs livres à la gravité et à l'énormité de cette faute, que nos Sages assimilent aux 3 péchés capitaux réunis que sont l'idolâtrie, le meurtre et les relations illicites.

Le rav Yérou'ham Lévovitz (Daat 'Hokhma ouMoussar - vol.2) en donne l'explication suivante :
"Le fait que les gens parlent de lachon ara et d'autres paroles blessantes similaires est uniquement dû à l'énorme fossé qui existe entre elles et l'autre personne (sur laquelle elle parle). Ce fossé est si grand qu'elles ne ressentent pas [leur prochain] et ne le connaissent même pas. [n'essayant nullement d'être à sa place pour comprendre/expliquer son comportement, ... ]
En vérité, comment est-il possible pour quelqu'un de dire quelque chose de mal à propos d'une autre personne s'il dépensait ne serait-ce qu'une petite quantité de pensée pour cette personne. S'il entendait son cri, lorsqu'il supplie : "Ayez pitié de moi et ne me mettez pas dans l'embarras" ... "

=> Parler du lachon ara doit être considéré comme l'un des actes les plus cruels, les plus barbares et les plus honteux que l'on puisse imaginer. En effet, la Torah pousse une personne à être un baal 'hessed, à se concentrer sur les besoins et les sentiments de son prochain juif, grimaçant à l'idée de la douleur et de la honte ressenties par l'autre personne.
Il est impossible de ressentir cela et de lui causer froidement une blessure aussi insupportable.
[le lachon ara est tellement contraire au but de la Torah ('hessed = se mettre à la place d'autrui), qu'il est aussi grave que le cumul des 3 fautes très graves, qu'il y a autant d'avertissements de nos Sages sur la gravité d'en dire. ]

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-> Nos Sages nous enseignent qu'il est préférable d'être jeté dans une fournaise ardente plutôt que d'embarrasser une autre personne en public. [guémara Baba Métsia 59a]

-> La gravité d'embarrasser quelqu'un est évidente dans la halakha du motsi chem ra.
La Torah (Dévarim 22) parle d'un homme qui a faussement accusé sa fiancée d'adultère. Il est puni en devant payer une lourde amende "car il a répandu une mauvaise réputation sur une jeune fille juive".
Cela laisse perplexe : s'il avait réussi à l'accuser, elle aurait été mise à mort. Ne devrait-il pas être puni pour le crime bien plus grave d'avoir tenté de faire tuer une femme innocente?

Rabbénou Yona (Shaaré Téchouva 3,111) répond que la Torah nous enseigne que c'est une plus grande faute d'embarrasser une personne que de la faire tuer, "car la douleur de l'humiliation est pire que la mort".

La michna (Pirké Avot 3,11) ajoute que celui qui embarrasse une personne en public "n'a pas de part dans le monde à Venir".
[le 'Hafets 'Haïm (Chmirat haLachon 2,17) se basant sur le Rambam (Hilkhot Téchouva 3,14), précise que cela n'est vrai uniquement pour celui qui agit ainsi de manière habituelle, et non si cela n'a lieu qu'une fois (très occasionnellement).]
Nos maîtres du moussar expliquent qu'il ne s'agit pas d'une punition, mais qu'une telle personne n'a aucun lien avec le monde à Venir (olam haba). Son essence est l'exact opposé des personnes qui méritent le monde à venir.
Quelqu'un qui se soucie si peu des sentiments d'une autre personne qu'il peut l'humilier publiquement est si éloigné de ce que désire Hachem qu'il n'aura rien avoir à faire avec Hachem dans le Monde à venir.

-> La guémara (Sotah 42a) nous dit que les personnes qui disent du lachon hara font partie de celles qui sont incapables de rencontrer la Ché'hina.

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-> Un autre exemple de la mitsva visant à éviter l'embarras d'autrui, est celui des soldats renvoyés du service militaire.
La Torah décrit de nombreuses catégories d'hommes qui ne sont pas autorisés à participer à une guerre et qui sont renvoyés chez eux depuis le front. Il s'agit notamment de ceux qui ont construit une nouvelle maison mais ne l'ont pas inaugurée, de ceux qui ont planté une vigne mais n'en a pas encore acquis la jouissance, de quelqu'un qui a promis mariage à une femme et ne l'a pas encore épousée, et également de ceux qui ont peur et dont le cœur est lâche (Choftim 20,5-8).

Dans la michna (Sotah 44a), Rabbi Yossé haGalili explique que le dernier type est celui d'une personne qui a peur d'aller au combat à cause des fautes qu'elle a commises.
Rachi explique que les trois premiers sont exemptés de la bataille parce que s'ils devaient aller à la guerre, chacun souffrirait d'une grande détresse à l'idée que quelqu'un d'autre inaugurerait peut-être leur maison, rachèterait leur vigne ou épouserait leur fiancée. Pour leur épargner ces stress, la Torah leur permet de rentrer chez eux.
Ce faisant, la Torah nous enseigne jusqu'où nous devons aller pour éviter de causer du stress à quelqu'un d'autre.

Rabbi Yossé ajoute une raison plus profonde à leur exemption du service militaire.
Le 4e type de personne a peur d'aller à la guerre parce qu'il a commis des fautes. En effet, en période de danger, une personne est susceptible d'être examinée par le tribunal céleste pour voir si elle mérite d'être sauvée et les fautes d'une personne peuvent l'empêcher de recevoir la miséricorde du Ciel.
Cependant, s'il était la seule personne exemptée d'aller à la guerre, alors il souffrirait d'un énorme embarras car les gens penseraient qu'il est forcément un fauteur.
C'est pourquoi, afin d'épargner une telle honte à un fauteur, la Torah ordonne que tous les autres groupes rentrent également chez eux. Le fauteur peut rentrer chez lui en toute sécurité, sachant que personne ne connaît la véritable raison de son départ.

=> La Torah considère qu'il vaut la peine de priver l'armée de nombreux bons combattants si, ce faisant, nous préservons le respect d'une seule personne, même d'un seul fauteur.

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-> Lorsqu'elle apportait un korban (sacrifice), une personne avait toujours le choix d'apporter soit un animal, soit un oiseau.
Les animaux étaient tués par ché'hita (trancher le cou avec un couteau), tandis que les oiseaux étaient tués par mélikah (le Cohen brise le cou avec son ongle).

Le Séfer ha'Hinoukh (124) suggère la raison suivante pour expliquer cette différence :
en général, seule une personne pauvre apportait un oiseau, car elle n'avait pas les moyens d'acheter un animal. La Torah nous enseigne que lorsqu'on a affaire à une telle personne, il faut être particulièrement attentif à l'aider le plus rapidement possible.
Le Séfer ha'Hinoukh explique que c'est pour ne pas faire perdre de temps au pauvre. C'est aussi pour qu'il n'ait pas l'impression que son korban est considéré comme moins important que celui, plus cher, de la personne riche.

Pour faire la ché'hita, il faut acquérir un couteau et s'assurer que la lame est aiguisée comme un rasoir, sans le moindre défaut. Pour éviter tout retard, la Torah ordonne au Cohen de tuer l'oiseau avec son ongle, afin que le korban soit apporté le plus rapidement possible. De cette manière, le temps et le respect du pauvre sont préservés.

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