+ "Lorsque le mois d'Adar entre, nous augmentons notre joie" (guémara Taanis 29a).
La joie de Pourim affecte le mois entier, comme il est écrit : "le mois qui a transformé pour eux le chagrin en joie" (Esther 9,22).
=> Qu'est-ce que cette joie incroyable?
La joie principale, évidemment, est d'avoir été sauvés d'un anéantissement total. Mais le seul jour de Pourim n'est-il pas suffisant pour célébrer la joie de ce miracle? Pourquoi devons-nous nous réjouir pendant un mois entier?
Apparemment, la joie que nous essayons d'intérioriser nécessite un mois de concentration. Quelle est cette joie que nous voulons apprendre à connaître pendant ce mois?
-> La halakha stipule que pendant la lecture de méguilat Esther, une personne ne doit pas manquer un seul mot. Le rav Nathan Wachtfogel en explique la raison.
Le miracle de la méguilat est un "miracle caché" (ness nistar). Les incidents individuels de la méguilat (qui se sont déroulés sur plusieurs années) ne semblent pas significatifs. Ce n'est qu'en considérant l'ensemble du tableau, l'ensemble de la méguilat, que nous voyons que même les incidents apparemment sans importance, même ceux qui semblaient se produire naturellement, étaient en réalité orchestrés délibérément par Hachem.
Lorsque nous lisons chaque mot, nous pouvons voir comment chaque détail qui s'est produit faisait partie de Son plan directeur. Chaque mot de la méguilat est comme une note dans une chanson. Chacun est coordonné avec exactitude pour former une mélodie parfaite. Rien n'est en trop et rien ne peut être omis.
[la vie est constituée de pleins d'éléments, en apparence anodins, mais qui au final ne laissent rien au hasard, pour produire une super mélodie, dont chaque note est décrétée par Hachem. ]
L'immense joie du miracle de Pourim, outre le salut proprement dit, est qu'il nous aide à atteindre un nouveau niveau de bita'hon.
Le principe du bita'hon, comme l'explique le 'Hovot haLévavot, est la reconnaissance du fait qu'Hachem veille toujours sur nous et fait ce qu'il y a de mieux pour nous. Il se peut que nous ne voyions pas le bien dans ce qui nous arrive (sur le moment), mais nous sommes convaincus que cela fait partie du plan d'Hachem.
Par exemple, lorsqu'Esther a été emmenée au palais d'A'hachvéroch, cela a semblé être une terrible tragédie. Mais Hachem a fait en sorte que cela se produise, car Il préparait déjà notre salut, avant même que les terribles décrets ne soient promulgués. Hachem a toujours un plan ; c'est en cela que nous devons avoir confiance.
Le bita'hon apporte une grande joie à une personne, car il lui permet de vivre sans soucis, sachant qu'elle peut toujours compter sur Hachem (un juif n'est jamais seul/abandonné).
Une personne qui a du bita'hon est comparée à un bébé allaité. Le bébé n'a aucun souci à se faire ; il s'en remet entièrement à sa mère.
C'est ce que le bita'hon donne à une personne, une confiance totale en Hachem, qui se traduit par une vie sans soucis et pleine de joie.
[ il est écrit :"kégamoul alaï imo" (Téhilim 131,2) = comme un enfant qui tète aux côtés de sa mère.
En ce sens, il est dit : "La émouna n'est pas de savoir ce que l'avenir réserve, mais de savoir qui réserve l'avenir" (absolument rien ne peut se passer sans qu'Hachem émette un décret le permettant). ]
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-> A l'instar d'un bébé qui se sent protégé, aimé et lié à la mère qui le nourrit, le bita'hon permet à une personne d'établir un lien spécial avec Hachem.
Ce lien est la plus grande joie que l'on puisse ressentir, et la fête de Pourim permet d'établir ce lien.
Pourim est la fenêtre qui révèle comment le monde fonctionne réellement. Il nous permet de voir comment la main cachée d'Hachem contrôle tout.
C'est comme si la main d'Hachem était toujours recouverte d'un gant, mais à Pourim, le gant est enlevé, exposant la main à la vue de tous.
Lorsque la main d'Hachem est cachée, il est difficile de se sentir connecté à Lui. Il est difficile de se connecter à quelque chose que nous ne pouvons ni voir ni sentir.
À Pourim, lorsque nous voyons que c'est Sa main qui a orchestré tous les événements, nous commençons à nous sentir liés et aimés par Hachem, et c'est la plus grande joie qui soit.
[rav Israël Neuman]
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[le terme : méguila (מגילה) peut se décomposer en : "dévoiler Hachem" (mégalé Hachem - מגלה י).
A Pourim, on se rend compte à quel point nous sommes importants aux yeux d'Hachem (même si en apparence nous semblons être équivalent à un non juif), à quel point Il est avec nous et s'occupe de tous nos pas.
Hachem dit à chaque juif par l'intermédiaire de son prophète Yirmiyahou (31,2) : "Je t'aime d'un amour impérissable" (quoiqu'on puisse faire comme bêtise, Son amour pour nous reste intact! ).
Et en ce sens, lorsque Hachem voit un juif souffrir, alors Il souffre avec nous, pour ainsi dire, comme il est écrit : "Je suis avec lui (tout juif) dans sa souffrance" (Téhilim 91,15) et "toute leur souffrance est douloureuse pour Lui (Hachem)" (Yéchayahou 63,9). ]