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Sans le Temple = on est comme un corps sans vie

+ Sans le Temple = on est comme un corps sans vie :

-> Une coutume vieille de plusieurs siècles, rapporté par nos Sages (Massé'het Sofrim - perek 18), veut que le jour du 9 Av, un séfer Torah soit posé sur le sol, enveloppé de noir.
La Torah représente la Chékhina, la Présence d'Hachem, et lorsqu'elle est posée sur le sol, on dit : "nafla atérét rochénou" (la couronne de notre tête est tombée - Eikha 5,16).
On prononce alors un éloge funèbre, comme s'il s'agissait d'un cadavre.
L'avoda (service) du 9 Av est de développer le sentiment que la perte du Temple n'appartient pas seulement au passé, mais qu'il s'agit plutôt d'une tragédie actuelle.
Le jour du 9 Av, une personne doit se sentir comme si elle était assise en présence d'une personne décédée. Ce sentiment doit durer depuis le début du 9 Av jusqu'au moment de Min'ha, lorsque nous disons Na'heim.
[chaque année où le Temple est détruit, c'est comme si sa destruction avait eu lieu en cette année. Nous ne devons pas aborder le Temple comme des pierres en ruine depuis très longtemps, mais comme si on venait d'avoir un véritable mort qui nous est proche qui vient de se passer, avec toute la tristesse que cela implique pour nous. ]

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-> Le roi Shlomo écrit : "Le coeur des sages (lev 'hakhamim) se porte vers une maison de deuil (béit ével), le coeur des fous (lev kessilim) vers une maison de joie/plaisir" (béit sim'ha)" (Kohélet 7,4).
Le Targoum explique : "beit ével" fait référence à la destruction du Temple.
Le cœur des personnes sages se concentre sur la destruction du Temple et pleure l'exil du peuple juif.
Le cœur des fous sont heureux de se réjouir, et ils ne prennent pas à cœur la douleur et le supplice du peuple juif.

Le roi Shlomo nous dit qu'il faut un "lev 'hakham" (un cœur sage), pour être capable de ressentir le deuil du Temple et la douleur de l'exil du peuple juif.
=> Quelle est cette sagesse nécessaire pour comprendre pourquoi nous portons le deuil de la destruction du Temple?

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+ Un corps en décomposition :

-> Le Gaon de Vilna brosse un tableau effrayant de ce à quoi ressemble le peuple juif sans le Temple.
Il écrit : le Temple était l'âme du peuple juif. Lorsque le Temple a été détruit, notre (partie d'âme) roua'h nous a quittés. Nous sommes devenus comme un corps sans âme, comme un cadavre, un corps sans vie.
Comme nous le disons dans les bénédictions qui suivent la haftorah : "ki hi beit 'hayénou" (car c'est la maison de notre vie).
Pour le peuple juif, le Temple était la maison de la vie. L'exil du peuple juif (suite à la destruction du Temple) en dehors de la terre d'Israël est comparable à l'enterrement d'un cadavre.
Le peuple juif parmi les non-juifs voit son corps consumé, comme un cadavre consumé par les vers.

Immédiatement après la destruction du Temple, le peuple juif disposait encore des grandes yéchivot de Bavel, Soura et Poumbédissa.
Lorsque le corps du peuple juif s'est désintégré, les yéchivot ont été détruites. Puis, comme nous avons perdu les grands talmidé 'hakhamim de la génération précédente, même les os du peuple juif ont été perdus.

L'un des disciples du Rachba, dans son séfer sur Eikha, pose la question suivante : "Quel est le sens de l'affliction? Quelle est la signification des souffrances que nous subissons le jour du 9 Av, comme ne pas manger, ne pas boire et ne pas se laver?
Quel est le lien entre l'interdiction de porter des chaussures et d'avoir des relations conjugales et la destruction du Temple?
Il répond en expliquant la définition de la mort. La mort signifie la séparation de l'âme et du corps.
L'obligation de pleurer le Temple consiste à ressentir une douleur similaire à celle que l'on ressent lorsque l'âme quitte le corps.
Une personne dont le corps est dépourvu d'âme n'éprouve aucun plaisir. Lorsque nous nous abstenons de ces plaisirs, cela nous rappelle et nous donne une idée de ce qu'est réellement la destruction du Temple.

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+ L'âme et le cœur :

-> La Chékhina dans le Temple est comparable à l'âme dans le corps. Tout comme l'âme donne à une personne la capacité de parler, la présence de la Chékhina dans le Temple a révélé au peuple juif les désirs d'Hachem, comme il est dit :"et les paroles d'Hachem [sortent] de Jérusalem" (oudévar Hachem miYérouchalaim - Yéchayahou 2,3).
En outre, l'âme donne à une personne la capacité de sentir ; de même, la Chékhina dans le Temple a permis aux sacrifices d'avoir "un arôme satisfaisant pour Hachem" (réa'h ni'hoakh l'Hachem - Vayikra 1,9), c'est-à-dire d'être acceptées.
Lorsque la Chékhina était dans le Mikdach (le Saint), il est dit : "Et Tu écouteras du Ciel" (véata tichma min achamayim - Divré haYamim 6,25). Ceci est comparable à l'âme qui donne à une personne la capacité d'entendre.
Tout comme un corps perd ses capacités lorsque son âme s'en va à la mort, lorsque la Chékhina nous a quittés à l'époque de la destruction du Temple, le peuple juif a perdu ces connexions célestes.

Il est écrit : "c'est si amer, car cela atteint jusqu'à ton coeur" (Yirmiyahou 4,18).
Le midrach dit que
"ton coeur" (libé'h) est le Temple, qui est le coeur du peuple juif, comme le dit le verset : "mes yeux et mon coeur seront là tous les jours" (Méla'him I 9,3).
Le cœur d'une personne est la source de sa vie ; de même, le Temple est comparé au cœur du peuple juif.

Le Temple n'est pas seulement comparé au cœur, il est également assimilé au cou.
Le verset : "Comme Migdal David (le Temple) est votre cou" (Chir haChirim 4,4). Le midrach dit que le Temple est comparé à un cou, parce que lorsque le peuple juif avait le Temple, il était plus haut que les autres nations, comme un cou tendu élève la tête vers le haut.
La Torah (Vayigach 45,14) raconte que Binyamin et Yossef tombèrent l'un sur le cou de l'autre et pleurèrent. Le midrach explique qu'ils ont pleuré la destruction du 1er et du 2e Temple, le cou du peuple juif.
Le lieu de la ché'hita (l'abattage rituel casher) se trouve sur le cou de l'animal, car le cou est le lieu de la vie. De même, lorsque le Temple a été détruit, le peuple d'Israël a perdu la vie.
[par rapport à tout ce que nous apportait spirituellement et matériellement le Temple, nous sommes comme morts en comparaison. ]

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+ La punition pour l'absence de deuil :

-> Une guémara dans Guittin raconte qu'il y avait une ville avec de grands Tsadikim qui étaient capables de résister à de fortes tentations. Cependant, la ville fut détruite. La guémara se demande pourquoi Hachem les a punis s'il y avait là des gens si justes (tsadik).
La guémara répond : parce qu'ils n'ont pas pleuré pour Jérusalem.

Le rav Yaakov Emden (le Yaabets) explique cette guémara dans son siddour. Il écrit ce qui suit : "Si le peuple juif devait rectifier toutes ses fautes, mais qu'il lui en restait une, celle de ne pas avoir pleuré Jérusalem de manière appropriée, ce serait une raison suffisante pour qu'ils reste en exil. À mes yeux, c'est la raison la plus claire, la plus révélée et la plus forte pour toutes les persécutions extrêmement terribles qui ont eu lieu tout au long de l'exil dans tous les endroits où nous avons été dispersés.
L'étendue de nos problèmes est effrayante. Nous avons été constamment persécutés par les non-juifs, malgré notre petitesse et notre misère".
Il s'agit là d'un langage très puissant.

Le peuple juif connaît des difficultés, des persécutions et des décrets difficiles. Pourquoi cela?
Le rav Yaakov Emden poursuit : "Parce que le cœur du peuple juif est dépourvu du sentiment de vide (que nous laisse la perte du Temple). Le deuil a quitté nos cœurs parce que nous sommes heureux et satisfaits. Nous avons oublié Jérusalem et sa perte ne touche pas nos cœurs ; par conséquent, nous avons été oubliés, comme une personne décédée est oubliée après quelques générations.
Quiconque cherche la vérité admettra que c'est exact. Cela est particulièrement évident en ce jour amer du 9 Av. Qui pleure et qui gémit au plus profond de son cœur à propos de la destruction du Temple Combien de larmes sont versées à ce sujet?
Il va sans dire que les autres jours, nous ne nous souvenons pas non plus du Temple".
Le rav Yaakov Emden conclut en expliquant que c'est la raison pour laquelle la ville des tsadikim a été détruite, car un endroit qui ne pleure pas la destruction du Temple mérite d'être détruit lui-même.

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[le 9 Av ont pleure sur l'ensemble des malheurs que le peuple juif a pu connaître, car tous prennent racine dans la perte du Temple. Nous devons avoir en tête que plus nous pleurerons sincèrement cette année, le moins nous aurons à pleurer sur de nouveaux malheurs (collectif et individuel) aux 9 Av à venir.
Par ailleurs, le 9 Av nous remet en phase avec la Vérité. Souvent nous avons tout ce qu'il faut pour être heureux dans notre vie, mais on se focalise sur une chose qui pourrait nous manquer, et nous nous attristons, plutôt que d'apprécier ce que l'on a et remercier Hachem pour cela.
Ainsi, le 9 Av nous apprend qu'il y a un moment limité pour pleurer (le restant on doit être joyeux et confiant en Hachem) et qu'on doit plutôt s'attrister sur de vraies choses : savoir que Hachem n'a pas de maison (Temple), que Sa grandeur est actuellement profanée, les pertes dues à l'absence du Temple, ... ]

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+ Le but de l'humanité :

-> Lorsque rav Yonathan Eibshitz explique les bénédictions de la Amida, nous avons un aperçu de ce que Jérusalem et le Temple signifiaient pour les grands juifs. Dans son livre Yaarot Dvach, il donne une longue explication de tous les bénédiction de la Amida, mais en ce qui concerne "véli Yérouchalayim Ir'ha" et "Et Tséma'h", il dit :
"Il n'y a pas besoin d'une longue explication, parce que l'on doit crier sans cesse pour la reconstruction de Jérusalem et le retour de la royauté de la maison du roi David. Le but de l'humanité est de construire Jérusalem et le royauté de la Maison de David (beit David), et si nous ne les avons pas, alors pourquoi devrions-nous vivre?
Jérusalem est le siège d'Hachem. Les anges d'en-Haut récitent sans arrêt des lamentations pleines de larmes sur la destruction de Jérusalem, tous les jours et toutes les nuits. Si les anges pleurent Jérusalem, comment ne pas pleurer la profanation du Nom d'Hachem par la destruction de Jérusalem et de la Royauté de David (malkhout beit David)?

Chaque personne doit se dire : "Maître du monde, je donne mon âme pour l'amour de Ton Saint Nom, et si je ne suis pas digne de voir Tsion construit et la Malkhout Beit David restaurée, je mourrai afin de sanctifier Ton Nom, et je ne la verrai pas.
S'il te plaît, construis Jérusalem et restaure la royauté de la maison du roi David , afin que Ton Nom soit sanctifié. Aie pitié de Tes enfants bien-aimés qui souffrent énormément en exil et qui sanctifient Ton nom en public".
Puisque nos fautes ont causé la destruction de notre magnifique Temple et de la Malkhuout Beit David, tout le monde sait à quel point nous manquons de bonté à cause de cela et comment nous sommes passés de la vie à la mort, et cela sera inversé lorsque Hachem réalisera le retour à Sion."
[Ici termine les paroles du rav Eibshitz. ]
Il n'est donc pas nécessaire d'expliquer longuement ces bénédictions.
Tout le monde sait ce qu'ils signifient et ce que nous sommes censés ressentir en les prononçant.

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Si notre situation est si difficile, c'est parce que nous sommes si loin d'Hachem.
La source de subsistance et de salut du peuple juif est le Temple et lorsque nous ne l'avons pas, "la malédiction de chaque jour est plus sévère que celle du jour précédent" (guémara Sotah 49a).
Plus nous nous coupons de notre source de vie, plus notre situation est grave. La vie nous manque et c'est pourquoi, chaque année, c'est comme si un cadavre se trouvait devant nous.
[comme nous l'avons vu, chaque année sans le Temple c'est comme s'il était détruit actuellement devant nos yeux, mais en plus de cela chaque année qui passe c'est 365 jours de malheur plus sévère les uns des autres que nous subissons. ]
Cela nous oblige à nous lamenter et à faire l'éloge de ce corps en disant : "nafla atérét rochénou" (la couronne sur notre tête est tombée).

[d'après un dvar Torah du rav Asher David May ]

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