+++ La prière est l'arme contre le yétser ara :
"Et moi, je t’ai donné Chékhem, une portion supérieure à celle de tes frères, que j’ai conquise des mains des Emoréens par mon épée et mon arc" (Vayé'hi 48,22)
-> Onkelos interprète ainsi les derniers mots du verset : "Par ma prière (Tséloti) et mes supplications (Baoti)".
-> La guémara (Baba Batra 123a) pose la même question : "L'a-t-il pris avec son épée et son arc? Le verset dit déjà : "Je n'ai pas confiance en mon arc, et mon épée ne me sauvera pas" (Téhilim 44,7), au lieu de cela, חרבי est la prière ('harbi - épée), et קשתי est la supplication (kachti - arc)."
-> Le Bina Lé'itim (drouch 62) demande : Comment la prière est-elle comparée à l'épée et à l'arc?
Certes, lorsque l'on prie, on est considéré comme un temps de guerre, mais pourquoi ces deux armes en particulier, l'épée et l'arc?
Il répond que le yétser ara se bat sur deux fronts, comme l'écrit la guémara (Baba Batra 16a) : "le yétser ara descend dans ce monde et induit une personne en erreur pour qu'elle commette une faute, puis monte au Ciel, lance des accusations contre ce même fauteur et enflamme la colère d'Hachem contre lui."
Ainsi, le yétser ara nous combat sur deux fronts ; il se bat lorsqu'il est près de nous et lorsqu'il est loin de nous. Ici, il s'approche de nous, et en se battant face à face, il cherche à nous piéger dans les pièges de la faute par ses incitations.
Puis il monte très haut, au Kissé Hakavod (Trône de Gloire), au Beit Din supérieur, où il mène une autre guerre contre nous, nous accusant d'avoir fauté, excitant les dinim (jugements, rigueur) à nous punir.
Et nous ripostons par la prière. Si une personne fait correctement sa prière, elle mérite d'être sauvée de ces deux guerres, et c'est pourquoi nos Sages (Yébamot 105a) nous dit à propos de la prière : "Lorsque l'on prie, on doit avoir les yeux tournés vers le bas et le coeur dirigé vers le haut" = on doit regarder vers le bas et percevoir sa propre bassesse, et notre cœur doit être élevé pour reconnaître la grandeur d'Hachem.
Ces deux traits de caractère protègent du yétser ara : le fait de percevoir sa bassesse empêche une personne de fauter, et elle peut alors vaincre le yétser ara en s'élevant.
Nous pouvons maintenant comprendre les deux noms donnés à la tefillah : "épée" et "arc".
L'épée combat face à face, tandis que l'arc combat l'ennemi de loin. Et les deux sont vrais en ce qui concerne la prière, car elle combat comme une épée le yétser ara qui nous affronte face à face, nous incitant à la faute ; et comme un arc contre le yétser ara en haut, dans les hauteurs.
Le pouvoir de la prière s'oppose au yétser ara dans ce monde et dans l'autre.
C'est la raison pour laquelle Yaakov a précédé "l'épée" par "l'arc". Bien qu'en temps de guerre, on utilise d'abord l'arc de loin pour atténuer la résistance de l'ennemi, et ce n'est que lorsqu'ils se rapprochent et se retrouvent face à face qu'ils se battent avec l'épée.
Mais Yaakov voulait nous faire comprendre qu'il ne parlait pas littéralement de "l'épée" et de "l'arc", mais d'une bataille contre le yétser ara avec la prière, et dans cette bataille, "l'épée", qui se rapporte à la bataille contre le yétser ara dans ce monde, précède "l'arc", qui combat le yétser ara dans le monde supérieur.