Parfois, nous nous sentons coupables d'admettre que nous souffrons.
Ne devrais-je pas être pleinement heureux de ce qu'Hachem fait (puisque c'est pour mon bien)? Le fait que je souffre signifie-t-il que je n'ai pas de émouna? Comment pourrais-je me sentir blessé par les actions d'Hachem, qui sont toutes bonnes et aimables?
Mais la vérité est qu'il n'y a rien de mal à souffrir. La douleur est une réalité, pas une faiblesse.
Le fait d'admettre que l'on souffre ne fait pas de nous un moins bon croyant en Hachem (maamin). En fait, le fait même de réaliser que notre douleur vient d'Hachem indique que nous savons que c'est Lui qui dirige le monde.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - 'Hayé Sarah 5701]
<------>
+ Accepter la décision d'Hachem :
-> En entendant le douloureux décret d'Hachem, Eli HaCohen proclame : "C'est Hachem. Il fera ce qui est bon à Ses yeux" (Shmouël II 3,18).
Eli nous a appris à aborder le présent, à l'accepter comme bon et à l'embrasser, à grandir à partir de Lui, à changer à partir de lui, et certainement pas à lui résister.
Hachem nous aime et fera ce qu'il y a de mieux pour nous, même si ce n'est pas ce que nous espérions.
Lorsque nous apprenons à accepter les décisions d'Hachem, nous considérons le présent comme bon, malgré la douleur, et nous apprenons à grandir à partir du présent qu'Hachem nous a donné et à en ressentir du plaisir en même temps que de la douleur.
On ne peut pas considérer le présent comme un obstacle à un avenir meilleur, le présent lui-même a de la valeur, même s'il est douloureux. On peut grandir à partir de la blessure d'aujourd'hui.
Accepter aujourd'hui comme la façon dont Hachem veut que ma vie soit aujourd'hui, c'est vivre pleinement aujourd'hui.
Si l'on se concentre sur l'attente du lendemain, on ne profitera pas de la journée d'aujourd'hui.
Vivre aujourd'hui signifie vivre dans le présent. Lorsque l'on accepte que la douleur, la souffrance, d'aujourd'hui a une raison d'être, le jour présent prend de la valeur. Hachem m'aime, et ma douleur est la meilleure pour moi, aujourd'hui.
Aujourd'hui est tel qu'il est parce que j'ai besoin qu'il en soit ainsi aujourd'hui! Accepter cela est la clé de la croissance et du plaisir de la croissance, et c'est cela la véritable émouna.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Za'hor 5702]
<--->
-> La personne qui souffre doit trouver un équilibre très délicat entre l'espoir et l'acceptation :
D'une part, elle doit toujours espérer que sa situation s'améliore et que les choses s'arrangent. Hachem peut tout faire, et il faut espérer être sauvé.
En même temps, cependant, on doit accepter qu'Il ne m'a pas encore sauvé et qu'Il pourrait ne pas le faire. Ce qui est le mieux pour moi, c'est ce qui est et ce qui sera, même si ce n'est pas nécessairement ce que je souhaite.
Il faut apprendre à accepter les circonstances du présent et à en tirer profit, tout en espérant des lendemains meilleurs.
Cet équilibre est au cœur même de la notion d'émouna. La émouna consiste à savoir que si Hachem peut faire n'importe quoi, cela ne signifie pas qu'Il le fera. Il fera ce qui est le mieux pour une personne, même si ce n'est pas ce qu'elle espère (sur le moment avec la perception limitée d'un humain dans ce monde).
-> Hachem ne permettra une difficulté que si cette réalité est dans l'intérêt de la personne. En fin de compte, seul Hachem peut comprendre comment tous ces concepts s'imbriquent les uns dans les autres. Sa manière infiniment profonde de diriger le monde dépasse largement la capacité du faible esprit humain à la saisir.
Le rabbi de Piaseczno écrit que le fait d'atteindre ce niveau de émouna, cet équilibre entre l'espoir et l'acceptation, la résignation, rend en fin de compte une vie douloureuse plus tolérable.
Il est douloureux d'accepter que ce que nous voulons ne se produise pas, mais il est encore plus douloureux d'accepter que ce que nous croyions ne se produise pas.
C'est ce à quoi le roi Shlomo fait référence lorsqu'il dit : "Un espoir prolongé entraîne une maladie du cœur" (Michlé 13,12).
Le rabbi de Piaseczno enseigne : "Lorsque l'on combine [l'acceptation de sa souffrance] avec l'espoir du salut, d'une délivrance personnelle ... les sentiments amers de la négativité et des douleurs de la souffrance s'affaiblissent et s'apaisent, et l'on peut alors les tolérer davantage. Et la grande force de l'espoir a la capacité de gonfler une personne avec l'esprit de vie même si, à D. ne plaise, le salut ne vient pas au moment où il l'espérait".