Hachem dit à Noa'h dans la paracha du même nom : "Le terme de toutes les créatures est arrivé à Mes yeux, parce que la terre, à cause d’elles, est remplie d’iniquité ; Je vais les détruire avec la terre." (Noa'h 6,13)
-> Rachi explique : La décision finale de leur anéantissement ne fut arrêtée qu’à cause du vol.
La génération du déluge commit plusieurs graves fautes. [la guémara (Sanhédrin 108a) affirme : "la génération du déluge a transgressé toutes les fautes qu'il y a dans le monde".]
Pourtant Rachi écrit que le décret ne fut édicté qu’à cause du vol. Pourquoi cela?
Le Maharal (Gour Arié - Noa'h 6,13) explique qu’à partir du moment où l’on n’a plus la possibilité de faire téchouva (se repentir), le décret ne peut plus être annulé ou modifié.
Toute faute peut être expiée, mais le vol est pratiquement irréparable quand il s’agit de dérober quelque chose qui appartient à tout le monde (guézel derabim) parce qu’il est trop difficile d’identifier les victimes et de leur rendre ce qui leur a été pris.
À l’époque du Déluge, la Torah affirme que "le vol avait empli le monde entier", ce qui signifie, selon le Maharal, que tout le monde escroquait tout le monde. Ce qui fait la gravité du vol est donc l’impossibilité de s’en repentir, et c’est ce qui a décidé du sort de cette génération.
On peut même dire que leur vol les empêchait de faire techouva.
Le midrach (Beréchit rabba 31,5) met l’accent sur une particularité de leurs actes : ils ne dérobaient que des objets ou des quantités qui valaient moins d’une prouta (la plus petite somme d’argent du temps de ‘Hazal, soit quelques centimes actuels), et ce délibérément.
Ceci, parce que légalement, on n’est puni que pour un objet coûtant plus d’une prouta.
Le Kli Yakar (Noa'h 6,13) explique que puisqu’ils étaient exempts de sanction, ils se croyaient innocents et parfois, ils s’estimaient même vertueux!
Le fait qu’ils ne pensaient pas faire quelque chose de mal rendait leur téchouva quasi impossible : les fautes que les gens justifient et considèrent comme permises sont les plus difficiles à corriger, pour la simple raison qu’ils ne penseront jamais qu’un repentir est nécessaire !
Le fait de justifier le vol et de penser qu’il est autorisé est très courant, même de nos jours. La guémara (Baba batra 165a) affirme que la plupart des gens en sont touchés d’une certaine façon.
Le Rachbam explique que les gens s’autorisent certaines choses dans des domaines tels que le business.
Ainsi, même les gens qui s’efforcent de respecter la Torah risquent de trébucher dans ce domaine, parce qu’ils ne réalisent même pas que c’est interdit. La raison est rapportée dans la guémara (Makot 23b) qui précise que l’immoralité et le vol sont les 2 fautes que les hommes sont le plus enclins à transgresser.
Les penchants d’un individu pour l’argent l’empêchent donc d’effectuer une analyse sincère et de vérifier si ses actions ne sont pas prohibées par la Torah.
Rav Israël Salanter mit grandement l’accent sur la nécessité d’être aussi vigilant sur le vol que sur les autres interdits. Dans Iguéreth HaMoussar (p.195), il note combien les gens font attention aux lois de la cacherout, mais pas du tout aux affaires d’argent. Il montre à quel point c’est illogique, puisque les mitsvot liées au vol sont jugées aussi sévèrement que celles de la cacherout.
=> La première étape pour s’améliorer dans ce domaine est tout simplement de réaliser que notre comportement en ce qui concerne l’argent, comme tout le reste, est basé sur des halakhot et qu’il faut donc clarifier avec un rav les actions permises et celles qui ne le sont pas. Ensuite, comme le prescrit rav Wolbe, il convient de consacrer du temps à l’étude de ces lois, au moins au niveau le plus basique.
[d'après d'un divré Torah du rav Yéhonathan Guefen]