"Si un prophète ou un visionnaire se lève en ton sein, qu'il te donne un signe ou un prodige, et que se réalise le signe ou le prodige dont il l'a parlé, en disant : "Suivons les dieux des autres que vous n'avez pas connus et servons-les!" N'écoute pas les paroles de ce prophète, car Hachem ton D. vous met à l’épreuve pour savoir si vous aimer Hachem votre D. de tout votre cœur et de toute votre âme" (Réé 13,2-4)
-> En se basant sur Rachi, on peut expliquer : la Torah nous apprend là qu’Hachem peut permettre à un faux prophète de réaliser des miracles pour attester de ses mensonges et éloigner le peuple du Service d’Hachem. Et tout cela, uniquement pour mettre le peuple juif à l’épreuve : vont-ils rester fidèles à Hachem malgré les miracles, ou vont-ils suivre cet imposteur et croire en ses mensonges, impressionnés par les merveilles qu’il a réalisées.
[ Selon la guémara (Sanhédrin 90a), cela parle en réalité d'un homme connu pour être un prophète authentique mais qui profite ensuite de sa réputation pour prétendre que D. souhaite que Son peuple se livre à un culte idolâtre.]
-> Rabbi Yérou'ham haLévi ajoute que cette attitude d’Hachem ne se limite pas qu’aux faux prophètes à qui Il donne une telle force. Mais cela s’étend à toutes les illusions et l’imaginaire que le mauvais penchant s’évertue à faire croire à chaque homme.
Depuis la faute originelle, l’homme est constamment mis à l’épreuve via le mauvais penchant qui trompe l’homme et lui faire croire à des mensonges, lui donnant l’impression qu’il s’agit réellement de la Vérité. L’ampleur de ces tromperies du penchant dépasse même ce qu’on pourrait imaginer. Et tout le travail de l’homme est de lutter contre les tromperies du mauvais penchant pour clarifier la Vérité.
C’est par une étude sérieuse de la Torah qui présente devant l’homme la vraie Vérité qu’il saura quelle voie devra-t-il suivre. Pour cela, l’homme devra au départ accorder sa confiance en la Vérité de la Torah, même s’il lui semble que cela va à l’encontre de sa vision des choses. Car en fait, sa vision est justement faussée par le penchant. Avec une volonté en acier de ne rien écouter de ce qui s’écarte du chemin de la Torah, l’homme devra tout au long de sa vie faire le tri entre le vrai et le faux et construire son monde intérieur en conformité avec la Vérité que constitue la sagesse de la Torah, qui est une Torah de Vérité.
Nous ne sommes souvent même pas conscients que nous sommes victimes des tromperies du mauvais penchant, car il a reçu le droit de par Hachem de nous convaincre de ses mensonges, sans même qu’on s’en aperçoive. A l’image du faux prophète à qui Hachem laisse le pouvoir de prouver ses mensonges même par de véritables miracles. Nous sommes constamment mis à l’épreuve. Va-t-on se laisser convaincre par ces mensonges? Ou va-t-on lutter pour écarter ces mensonges que le penchant cherche à nous inculquer?
Tel est le dur travail de l’homme dans ce monde : surmonter toutes ces épreuves et tendre le plus possible vers la Vérité, du milieu d’un océan d’imaginaire.
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-> Un prophète reconnu peut, exceptionnellement, si les circonstances l'exigent, outrepasser temporairement un commandement de la Torah. C'est ainsi que le prophète Elie a apporté un sacrifice sur le Mont Carmel, à l'extérieur du Temple de Jérusalem (Méla'him I ch.18). En revanche, tout individu, même s'il s'agit d'un prophète reconnu, doit immédiatement être considéré comme faux prophète s'il prétend avoir été envoyé par D. pour prôner toute forme d'idolâtrie (Rambam, Hilkhot Yessodei HaTorah 9,3 et 5).
Il en est de même s'il affirme qu'un précepte de la Torah doit être définitivement abrogé (Sanhédrin 89a).
Comme le codifie le Rambam dans les 13 principes de foi, aucune partie de la Torah ne peut être révoquée, même pas par un prophète capable de réaliser de nombreux miracles.
Notre foi n'est pas fondée sur les miracles et ils n'ont aucune influence sur elle.