+ Rabbi 'Hanina dit : "La séparation de l'âme et du corps est aussi difficile que la sortie d'une corde enfilée dans le trou du mât d'un bateau".
Rabbi Yo'hanan dit : "C'est comme une corde épaisse, qui relie 2 bateaux, qu'on sort difficilement des trous pratiqués dans le bois (de la coque)".
Rabbi Lévi fils de 'Hayata dit : "Lorsqu'on se sépare d'un mort, on ne lui dira pas : "Va vers la paix (léShalom)", mais "Va en paix (béShalom)".
Par contre, lorsqu'on se sépare d'un vivant on ne lui dira pas "Va en paix (béShalom)", mais : "Va vers la paix (léShalom)" ..."
[guémara Moéd Katan 28b-29a]
<--->
-> Dans la guémara (Moéd Katan 28a), Rabba, qui était au chevet de rav Na'hman mourant, lui fit promettre de lui apparaître en rêve après sa mort. Lorsque rav Na'hman lui apparut, Rabba lui demanda s'il avait souffert pour mourir.
Rav Na'hman lui répondit : "Ce fut aussi facile que le retrait d'un cheveu à la surface du lait!"
=> Comment lever la contradiction apparente entre cette affirmation et les enseignements de la guémara précédente?
-> Selon le Maharcha, la mort aussi facile qu'ôter un cheveu sur la surface du lait est réservée aux tsadikim, comme rav Na'hman.
Par contre, [l'autre passage] souligne la difficulté de la mort pour les gens "moyens" et a fortiori pour les réchaïm.
-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou - tome.3,p.28-30) explique la différence entre la façon de mourir des 2 extrêmes : chez les tsadikim (justes) et chez les réchaïm :
- chez les tsadikim = au moment de leur mort, son âme supérieur (qui réside dans le Ciel) descend pour s'unir à son âme d'ici-bas.
Dans cette fusion, le tsadik bénéficie d'une lumière spirituelle intense, à laquelle il n'a jamais eu accès de son vivant, et son âme quitte facilement le corps, dans un attachement intense avec Hachem, sans que son corps ne s'y oppose.
C'est la mort par "baiser Divin" où la néchama est attirée irrésistiblement vers le monde à venir.
- chez le racha, qui a délaissé les besoins de son âme (néchama) de son vivant et qui a éteint en lui toute aspiration spirituelle = cette séparation corps-âme est très difficile.
Du fait que tous les désirs de sa vie étaient matérialistes, son âme ne veut pas sortir de son corps et souffre de cette séparation contre son gré.
Même après la mort, cette âme cherchera en vain à réintégrer le corps, et devant ce corps en décomposition, la prise de conscience de la nullité de ses aspirations matérialistes auxquelles il a consacré sa vie, renforce sa douleur.
<--->
=> Pourquoi doit-on souhaiter : "Va vers la paix" (lé'h léShalom) à un vivant que l'on quitte, et "Va en paix" (lé'h béShalom) à un mort que l'on quitte?
-> Tant qu'un homme est en vie, il peut encore accomplir la Volonté d'Hachem par ses actes, ses paroles et ses pensées. Il peut ainsi augmenter, de son vivant, sa récompense dans le monde à venir où il espère bénéficier d'une paix éternelle (béShalom).
C'est pourquoi, on lui souhaite : "Va vers la paix (léShalom) afin d'atteindre ton objectif futur (béShalom).
Par contre, au sujet d'un défunt que l'on quitte, il ne lui est plus possible de bénéficier d'une récompense supplémentaire ; il est donc déjà dans la situation de béShalom, l'état de paix interne qu'il a acquis de son vivant par ses mitsvot et ce capital ne peut plus progresser.
[Hakotev - dans Ein Yaakov]
[la vie d'une personne devrait consister en un effort continu dans la direction de la paix et de l'harmonie. C'est pourquoi, lorsqu'on prend congé d'un vivant, on lui souhaite "va vers la paix" (lé'h léShalom), c'est-à-dire de tendre asymptotiquement vers un état de paix relatif croissant.
Par contre, lorsqu'on prend congé d'un mort qui a atteint le but de ses pérégrinations sur terre, on lui souhaite : "va en paix" (lé'h béShalom), car il a atteint son état de paix absolu (éternel).]
-> Le Maharcha explique :
- "Va vers la paix" (lé'h léShalom) = partout où tu te déplaceras que la réussite t'accompagne dans cet endroit, afin de te sentir apaisé. Ce souhait ne s'adresse qu'aux vivants.
- "Va en paix" (lé'h béShalom) = que le déplacement lui-même vers le monde à venir, vers ses pères, s'effectue sans obstacles.
<--->
[on fête Roch Hachana qui est le jour de la création de l'homme, et pas le jour de la création du monde. Pourquoi?
Car c'est à partir de ce jour que l'homme est né avec ses potentialités sublimes, et son travail d'au maximum les exprimer dans la réalité!]