+ Roch Hachana - Le saviez-vous?
1°/ Pleurer à Roch Hachana?
Il y a un différent quant à savoir si on est autorisé à pleurer sur le fait que ce soit Roch Hachana :
-> Le Arizal avait l'habitude de pleurer à Roch Hachana et il disait que si l'on ne pleure pas à Roch Hachana, cela indique une déficience de l'âme. [Béer Hétev - Ora'h 'Haïm 584:2]
On peut apporter une preuve de cette opinion d'Onkelos, qui traduit le verset : "Ce sera pour vous un jour du son de la corne [de bélier = le Shofar]" (Pin'has 29,1), par : "Ce sera pour vous un jour de pleurs".
-> Le Gaon de Vilna interdit de pleurer à Roch Hachana et apporte un soutien à son point de vue de l'histoire de Né'hémia dans laquelle Ezra et Né'hémia ont dissuadé la population de pleurer à Roch Hachana : "Ne manifestez pas de deuil et ne pleurez point ... Ne vous attristez donc pas aujourd'hui [Roch Hachana], car la joie en Hachem est votre force (ki 'hedvat Hachem hi maouzé'hém)" (Né'hémia 8,9-10).
Rabbi Moché Sternbuch (Téchouvot vé'anhagot 2:268) concilie ces opinions contradictoires en suggérant que pendant la prière, tout le monde est d'accord sur le fait qu'il est permis de pleurer, tandis qu'en dehors de la prière, tous conviennent qu'il est interdit de pleurer, comme nous le voyons dans l'histoire de Né'hémia.
La raison pour laquelle il est permis de pleurer pendant la prière est que ces pleurs ne viennent pas de la tristesse, qui est l'antithèse de l'essence de Roch Hachana, mais du désir de l'âme de s'attacher à Hachem (kirvat Elokim).
Certains apportent une preuve à cette distinction à partir de l'histoire de 'Hanna, qui suppliait en larmes Hachem d'avoir un enfant à Roch Hachana, malgré le fait qu'à Roch Hachana, il est également interdit de pleurer. Puisqu'elle a pleuré pendant sa prière, non pas de tristesse mais de désir intense pour Hachem, cela était permis. [Zé'her Yossef 192]
[plus on développe la crainte en s'imaginant en détail le jugement terrible, plus on peut alors développer à partir de cela une confiance sereine et joyeuse (quelle chance que ce soit papa Hachem, qui nous aime tellement!)]
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+ Roch Hachana : est-ce une fête ('hag)?
Il y a un débat parmi les Guéonim pour savoir si Roch Hachana est considérée comme une fête ('hag). Une différence pratique entre ces opinions est de savoir s'il y a une mitsva d'être joyeux à Roch Hachana, et si l'on doit réciter dans la Amida de Roch Hachana : "Et Tu nous as donné des fêtes pour se réjouir". [cf. le Roch - fin de Roch Hachana]
-> Certaines opinions sont d'avis que, bien que Roch Hachana soit un jour de jugement, il y a néanmoins une mitsva d'être joyeux ce jour-là. [Maharil 128 ; Achré haIch 14,15]
Ils tirent leur preuve que Roch Hachana est considérée comme une fête dans le verset : "sonnez le Shofar... au jour fixé pour notre fête (léyom 'haguénou)" (Téhilim 81,4).
-> Selon d'autres, puisque la Torah ne fait jamais référence à Roch Hachana comme d'une 'hag, les lois de joie (sim'ha) ne s'appliquent pas à Roch Hachana. [Malbim - Vayikra 23,39 ; Igrot Moché OH 5:43]
Bien que le verset des Téhilim appelle Roch Hachana une "fête", on ne peut pas dériver les lois de la Torah d'une phraséologie utilisée par les Prophètes et Ecrits, qui employaient couramment des expressions familières plutôt que des termes halakhiques techniques.
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2°/ Les simanim :
-> Le soir de Roch Hachana, il est de coutume de manger en simanim certains aliments qui sont sucrés ou dont les noms évoquent des connotations de bénédictions et de bonté.
=> Quelle est la raison de cette coutume?
-> Le rav Shlomo Kluger ('Hokhmat Shlomo - OH 583:1) explique que la raison pour laquelle nous mangeons ces aliments est afin de démontrer notre foi ferme et notre confiance en Hachem.
Le "Yéhi Ratson" récité avant de prendre ces aliments n'est donc pas tant une prière que nous méritons une douce année, mais une proclamation de foi que c'est certainement ainsi que l'année se déroulera.
Par le mérite de faire confiance à la bonté d'Hachem, même si l'on devait mériter une punition dans l'année à venir (que D. nous en préserve), Hachem annule Son décret sévère et le remplace par la bénédiction.
On devra donc être joyeux à Roch Hachana et s'habituer à dire : "Tout ce que Hachem fait est pour le bien", à travers cela tout ira pour le bien.
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3°/ Manger de l'Etrog :
-> Il est coutume de manger une "tapoua'h" trempée dans le miel la nuit de Roch Hachana.
Alors, que "tapoua'h" est communément traduit par "pomme", le Targoum (Chir haChirim 2,3) le traduit par : "Etrog". [les Tossafot (Shabbath 88a ; Taanit 29b) identifient aussi "tapoua'h" comme le Etrog]
Selon le Tour (Ora'h 'Haïm 583), l'Etrog est inclus parmi les fruits que la guémara énumère et qui doivent être consommés à Roch Hachana pour représenter un bon présage.
=> Pourquoi l'Etrog est-il de bon augure pour Roch Hachana?
-> Le Pricha répond que puisque l'étrog s'appelle : "pri ets adar" (un beau fruit), c'est donc le signe d'une belle année.
-> La guémara (Béra'hot 57a) écrit que celui qui voit un étrog dans un rêve est beau aux yeux de son Créateur.
-> Il est de coutume de manger un étrog à Roch Hachana afin que l'on prie pour trouver un étrog convenable à Souccot. [Sdé 'Hémed - vol.9]
-> Selon certaines opinions, l'arbre interdit de la Connaissance dont Adam a mangé au Gan Eden était un étroguier. Réciter une bénédiction sur l'étrog à Roch Hachana rectifie le péché d'Adam qui a mangé de l'Arbre de la Connaissance ce jour-là. [Sdé 'Hémed - vol.9]
-> Lorsque Yaakov est apparu devant Its'hak pour recevoir ses bénédictions, il a enfilé les vêtements d'Essav, qui étaient à l'origine portés par Adam.
Its'hak a senti le parfum de ses vêtements et s'est exclamé qu'il avait le parfum du Gan Eden.
La guémara (Taanit 29b) commente qu'il sentait "comme le parfum d'un champ d'arbres à étrog". [selon l'avis des Tossafot]
[le Maharcha (Taanit 29b) écrit : les vêtements d'Adam ont absorbé l'exquis parfum du fruit de l'étrog qui poussait sur l'arbre de la Connaissance, et c'était ce parfum que Its'hak sentit des siècles plus tard.]
Le Sdé 'Hémed suggère que cette coutume est tombée en désuétude car il était difficile d'obtenir un étrog pour Roch Hachana en diaspora.
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4°/ Le jour le plus long :
-> Adam a été créé le jour de Roch Hachana, le vendredi, 6e jour de la création. Ce jour même, il a péché en mangeant de l'arbre interdit de la Connaissance. L'une des conséquences de son péché était que Hachem a caché la brillante lumière primitive qu'il avait créée.
Cependant, en l'honneur de l'approche du Shabbath, Hachem a reporté la punition jusqu'après le Shabbath (midrach Béréchit rabba 12,6).
Il en a résulté que le soleil a brillé pendant 36 heures consécutives (12 heures le vendredi, 12 heures le vendredi soir et 12 heures le jour du Shabbath.)
[midrach (Béréchit rabba 12,6) expose les mots "Hachem ori" (Hachem est ma lumière - Téhilim 27,1), comme faisant référence à Roch Hachana. Nous pouvons suggérer que la raison pour laquelle il y a une abondance de lumière à Roch Hachana est que l'homme possédait encore la lumière primordiale pendant son 1er Roch Hachana. Bien qu'elle ait été cachée par la suite, le jour de Roch Hachana conserve une empreinte pour toutes les générations futures. (rav Israël Greenwald)]
=> Est-ce que le vendredi soir de ce premier jour de Roch Hachana (où l'homme a été créé), la lune est apparue avec le soleil?
Il existe 2 approches divergentes :
-> Selon le Zéra Shimshon, la lune n'est pas apparue le premier vendredi soir, car il serait superflu que la lune donne de la lumière en présence du soleil (beaucoup plus brillant).
Ainsi, le jour de la création d'Adam a duré, dans un certain sens, 2 jours.
La Torah utilise donc l'article défini : "ה" (hé), en référence au 6e jour de la Création (יום הששי - Béréchit 1,31), car c'était le jour le plus long des 6 jours de la Création puisque le soleil a brillé consécutivement pendant 2 jours.
-> Le rav Yonathan Eibschutz (midrach Yonathan - Roch Hachana maamar 214) n'est pas d'accord.
Selon lui, la lune s'est levée normalement le premier vendredi soir. Il en est résulté que la date du mois lunaire arrivait un jour plus tôt que son homologue solaire.
Le Satan a voulu susciter des accusations contre Adam à Yom Kippour, qui tombe 10 jours plus tard, puisque c'est ce jour-là que le jugement de Roch Hachana est scellé.
Le Satan a compté 10 jours mais a mal calculé (en comptant les jours solaires au lieu de la date lunaire correcte), ce qui l'a amené à porter des accusations le lendemain de Yom Kippour!
Hachem a dit à Satan que tout comme il était inefficace pour porter des accusations contre Adam lors du 1er Yom Kippour, de même il sera impuissant à porter des accusations contre Israël à l'avenir, ce jour-là.