+ Sonner du Shofar à Roch Hachana :
-> Le rav Its'hak Hutner dit : à Roch Hachana l'homme fut créé, "c'est le jour du début de Tes Œuvres, en souvenir du premier jour". Le jour de la Création de l'homme, à la 6e heure, Adam Harichon était encore un morceau de matérialité avec des membres sans vie. La 7e heure, Hachem insuffla en lui une âme, qui est une partie de la divinité d'en Haut. "Celui qui a insufflé, de Lui-Même Il a insufflé".
Et qui couronne Hachem, à Roch Hachana? L'âme qui est en l'homme.
C'est ce que l'on dit dans la prière de Roch Hachana : "Il dit : pour tout ce qui a une âme en lui, Hachem, le D. d'Israël règne et Sa Royauté est sur toute la terre". L'âme, la partie divine d'en Haut, est celle qui couronne Hachem à Roch Hachana.
C'est pourquoi la guémara (Roch Hachana 16a) dit : "Qu'ils disent devant Moi à Roch Hachana les Malkhouyot, les Zikhronot et les Chofarot. Des Malkhouyot, pour que vous Me couronniez sur vous, des Zikhronot, pour que Je Me rappelle de vous pour le bien, et grâce à quoi, au Shofar."
Et pourquoi le Shofar?
Le son du Shofar se produit en soufflant de notre bouche dans le Shofar. Donc, en sonnant du Shofar on fait le même acte de "Il insuffla dans sa face un souffle de vie" (Béréchit 1,2) ; nous rendons au Saint, béni soit-Il, la même action qu'll fit pour l'homme au moment de sa Création. C'est le grand secret de la sonnerie du Shofar.
L'âme se réjouit et danse à Roch Hachana, car elle couronne Hachem. C'est un service d'une espèce pour ce qui lui ressemble, car l'âme est une partie de la divinité d'en Haut.
L'âme désire couronner, elle désire la royauté. Le problème est le corps. Le corps ne s'associe pas au couronnement, car si on nomme un roi sur lui, il le limitera et le contraindra. Sans roi, le corps est libre de faire ce qui lui plait, satisfaire toutes ses envies, sans aucune limite. Nommer un roi implique des règles et des lois, et quand il y a des règles, tous doivent les respecter, et celui qui les enfreint sera puni.
Le corps aime la liberté, il n'aime pas être limité.
Et comment peut-on briser le corps pour qu'il fasse la volonté de l'âme? La guémara dit : "un corps dur, la peur le brisera".
[En ce moment de jugement strict pour chaque créature du monde, par le Shofar, ] on créé de la peur et du tremblement pour le corps. Quand le corps craint pour sa vie, il tremble de peur, quand le corps est brisé par les grandes peurs et les tremblements, toutes les envies disparaissent. Dans cet état, le corps est prêt à se soumettre devant l'âme et à recevoir la Royauté d'Hachem, avec joie.
[Roch Hachana est un jour où l'on proclame l'Unicité et la Royauté d'Hachem sur nous-même, qu'on est rempli d'ambitions et de désirs de faire Sa volonté dans l'année à venir. ]
[rav Barou'h Rozenblum]
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-> Rabbi Tsadok Hacohen (Ressissé Laïla - siman 35) écrit :
Le fait de sonner du Shofar pour nous éveiller (de notre sommeil/torpeur spirituelle) comme nous enseigne le Rambam et le fait que notre souvenir monte vers Hachem par le biais du Shofar sont des notions qui se rejoignent.
"Hachem est ton ombre" lorsque l'homme s'éveille de son sommeil et se souvient de Hachem, Hachem alors se souvient de lui. De même qu'il se rappelle d'Hachem, de la façon dont Sa gloire emplit l'univers et qu'il faut Le servir, ainsi Hachem se comportera envers lui.
Nos Sages (guémara Béra'hot 6a) nsou enseigne : "Vous Me rendez unique ... Moi aussi Je ferai de vous une unité à part entière dans le monde".
Ce n'est pas le cas quand, à D. ne plaise, l'individu oublie Hachem. Même s'il n'y a pas d'oubli devant le trône céleste, le souvenir dépend de ce que l'homme se souvient d'Hachem.
C'est une mesure pour une mesure. Celui qui oublie Hachem, Hachem l'oublie.
Le Shofar vient nous mettre en garde sur ce phénomène. Nos Sages (guémara Roch Hachana 16b) nous enseignent que le Shofar perturbe le Satan. Ils nous enseignent aussi (guémara Baba Batra 16a) que le Satan et le yétser ara ne font qu'un. Il puise sa force dans l'imagination. Il empêche l'homme de se réveiller et de penser à la raison pour laquelle il a été créé.
Hachem se souvient de nous en fonction de ce que nous nous rappelons de Lui.
Hachem voile Sa face, quand nous proclamons, à D. ne plaise : "il n'y a pas Hachem en moi".
Lorsque nous nous détournons de Lui, en particulier ou collectivement, Hachem aussi ne pense plus à nous. Le fait d'oublier ou de détourner notre esprit d'Hachem revient à réduire Son influence sur nous.
Nous n'avons alors plus Sa protection et Sa supervision sur nous. Il nous abandonne aux aléas des circonstances.
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-> "Roch Hachana est un jour de prières. Hachem nous a donné la mitsva du Shofar, pour faire monter les prières au Ciel. C'est pourquoi, on sonne au début et à la fin de la prière.
[Sfat Emet - Roch Hachana - 5648]
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+ La Tékiya s'apparente à une forme de prière :
-> Le Rambam (début Hilkhot Taaniot) écrit : C'est une mitsva de la Torah d'élever la voix et de sonner des trompettes, sur tout malheur qui frappe le public, comme il est dit : "Quand vous marcherez en bataille, dans votre pays, contre l'ennemi qui vous attaque, vous sonnerez des trompettes avec fanfare" (Béaaloté'ha10,9).
Dans le verset, il est écrit de sonner des trompettes. Le Rambam en déduit que c'est un commandement positif de sonner, mais d'où tire-t-il l'enseignement que c'est une mitsva de crier (élever la voix)?
Le rav de Brisk en déduit que nous apprenons de là que la Tékiya (le son long du Shofar) s'apparente à une forme de prière.
Il ajoute que c'est ce que l'on dit, à la fin du Séder des Chofarot: "Qui écoute avec miséricorde la Téroua retentissante de Ton peuple". Ce langage de miséricorde ne se trouve que dans la définition de la prière.
=> Nous avons maintenant conscience que le Shofar fait partie intégrante de la prière (de Roch Hachana) et c'est par son biais, qu'elle monte vers Hachem.
Pourquoi avons-nous besoin du Shofar pour faire monter nos prières?
Étant donné que le Satan peut porter une accusation contre l'homme, qui n'a pas prié avec les intentions requises, le seul moyen pour que nos prières s'élèvent est de crier. Le Zohar explique que le cri est silencieux, à l'image du Shofar, qui n'émet qu'un gémissement. Les sanglots et les hurlements sont dépourvus de mots, ils traduisent juste la plainte et le cri.
Qui saisit la teneur des cris et des gémissements? Les Sages de la Grande Assemblée nous ont enseigné: "Car Tu écoutes le son du Shofar et entends les retentissements de la Téroua". Seul Hachem comprend les cris et les gémissements.
"Nul ne T'est comparé! ", car lorsqu'un homme se rend chez un roi de chair et de sang, s'il crie et gémit, le roi ne peut pas savoir quel est son souhait. S'il désire que le roi lui vienne en aide, il doit s'expliquer clairement. Ce n'est pas ainsi pour Hachem, les explications sont superflues. Il suffit de crier et Il comprend et exauce les souhaits de la personne.
De là, nous saisissons que le Shofar est une part entière de notre prière et du travail des Jours Redoutables.
[ selon le Ohr ha'Haïm haKadoch (Chémot 3,9) : certaines suppliques que l'on fait à Hachem sont apportées par les anges du service et amenées à Hachem. D'autres ont une telle force qu'il n'y a pas besoin d'intermédiaires. Elles montent directement à Dieu. Le cri est la prière qui monte au Ciel, sans l'intervention des anges.
(les anges ne comprennent pas le juif qui crie, ils ne s'occupent pas de sa requête. C'est pourquoi, cette sorte de prière, où le cœur de l'homme s'exprime librement, est la plus parfaite.) ]
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-> Selon le midrach (Vayikra rabba 29,4) : "Heureux soit le peuple qui connaît la Téroua", les nations du monde ne savent-elles pas sonner? Les Bné Israël savent séduire leur Créateur avec leurs sonneries. Il se tient sur le trône de justice et passe à celui de la miséricorde. Il s'emplit de clémence à leur égard.
-> Le midrach nous enseigne que les Bné Israël savent séduire leur Créateur avec leur Téroua (sons brefs et brisés du Shofar). Il est assis sur le trône de la justice et passe sur celui de la miséricorde. Il les prend en pitié et la clémence prend la place de la rigueur.
Mais comment le Shofar parvient-il à transformer le jugement en clémence?
La réponse est simple, le Shofar n'est pas un instrument de musique. Ce n'est pas une trompette ni un saxophone ... C'est un gémissement ou un hurlement, une prière qui atteint le trône céleste et qui fait asseoir Hachem sur le trône de miséricorde.
Dans le Zohar (Raaya Méémana 99b), la Mitsva du Shofar est décrite telle qu'elle apparaît dans le Ciel.
Le jour de Roch Hachana, "Yom Hadin", le Roi est assis sur le trône du jugement et l'accusateur exige que le peuple d'Israël comparaisse. Même si Hachem aime la justice, comme il est dit : "C'est que, Moi, Hachem J'aime le droit" (Yéchayhou 61,8), l'amour qu'll éprouve pour Ses enfants vainc celui qu'll a pour la justice.
[ lorsque l'accusateur s'apprête à entamer son plaidoyer, Hachem ordonne aux Bné Israël de sonner du Shofar, pour éveiller la miséricorde. ]
Rabbi Shimchon David Pinkous apporte une parabole. Il y avait un enfant particulièrement turbulent, qui dérangeait beaucoup en classe, se disputait souvent et occasionnait du remue-ménage. Un jour, il rentra chez lui, les vêtements déchirés, ensanglanté avec plein d'égratignures. Il savait que son père l'attendait de pied ferme, prêt à le gifler et le punir.
L'enfant décida de filer dans sa chambre promptement. Il claqua la porte ... sur son doigt. La douleur fut si forte qu'il poussa un cri redoutable qui retentit dans toute la maison.
Son père accourut et lui demanda ce qu'il s'était passé.
L'enfant continua à gémir et montra son doigt blessé ...
Tout d'un coup, la situation vira à 180 degrés ... les comportements polissons de l'enfant furent oubliés. Le père, qui comptait sérieusement s'occuper de son fils, lui caressait à présent le visage et le calmait : "Ne crains rien et tout ira bien!"
Il le conduisit chez l'infirmière qui lui banda et lui soigna son doigt. De retour, il lui achèta même un jouet, pour lui faire plaisir.
Comment est-ce possible? Au lieu de punir son fils, le père lui caresse le visage avec affection et lui achète une surprise ... Qu'est-ce qui a changé? Le cri de son enfant turbulent a bouleversé le "jugement".
C'est ce qui se passe pour le peuple d'Israël, le jour du jugement. Au beau milieu de la journée se fait entendre un puissant cri: le son du Shofar et tout est inversé.
C'est le grand atout du peuple juif, qui sait séduire son Créateur avec le son du Shofar et qui fait passer D. de Son trône de justice à Son trône de clémence.