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Prendre le deuil pendant les 3 semaines de ben hamétsarim

+ Prendre le deuil pendant les 3 semaines de ben hamétsarim :

-> Pendant les 3 semaines qui s'écoulent entre le 17 tamouz et le 9 Av, il nous est demandé de porter le deuil de la destruction du Temple. De nombreuses lois s'appliquent pendant cette période, telles que l'interdiction de se couper les cheveux, de se marier et de jouer/écouter de la musique.
Au cours des 9 derniers jours, d'autres restrictions s'ajoutent, pour culminer avec le jeûne du 9 Av.

Malgré les nombreuses restrictions matérielles de cette période de l'année, le deuil principal est censé se dérouler dans le cœur : ressentir la perte du Temple.
Le Arizal dit que chaque jour pendant les 3 semaines, un juif est censé verser des larmes sur la perte du Temple.
En effet, le jour de 9 Av , pleurer est une nécessité, puisque les Sages (Sotah 35a) affirment qu'Hachem a décrété que le 9 Av serait un jour de pleurs pour toutes les générations.

Comment pouvons-nous pleurer sincèrement le Temple? Après tout, il semble totalement éloigné de nos vies. La destruction du Temple s'est produit il y a plus de deux millénaires. Comment pouvons-nous pleurer ce que nous n'avons jamais eu, pas plus que nos pères, nos grands-pères ou nos arrière-grands-pères?

Le rav Aharon Kotler explique que les épreuves et les difficultés subies par notre peuple en exil ont été causées par la destruction du Temple.
Ce fut le début de notre chute, et toutes les persécutions que nous avons subies au cours de l'histoire, toutes les expulsions, les pogroms, le sang versé et les lois antisémites, n'en sont que la continuation.
Nous ne sommes pas moins en exil ici, en terre d'Israël, où des terroristes tentent constamment de faire du mal aux juifs, que D. nous en préserve. Partout dans le monde, le nombre de crimes haineux à l'encontre des juifs, y compris les profanations de synagogues et de cimetières, ne cesse d'augmenter.
En effet, les Sages (guémara Sotah 48a) disent que depuis la destruction du Temple, il ne se passe pas un seul jour sans que la malédiction de la destruction du Temple ne se fasse sentir. Ce sont là autant de raisons de pleurer la destruction du Temple, aujourd'hui même, à notre époque.

Cependant, ajoute le rav Kotler, au-delà de la souffrance physique/matérielle causée par la destruction du Temple, il y a les dégâts spirituels que cela a provoqué. Il s'agit là d'une raison encore plus importante pour nous de pleurer. Combien de juifs n'ont aucune idée qu'ils sont juifs? Combien d'autres se sont complètement éloignés de la judaïcité?
En effet, même parmi les juifs qui observent la Torah, combien sont ébranlés par l'épreuve que représentent la technologie moderne et d'autres influences de l'époque?
D'ailleurs, combien de Juifs religieux s'efforcent sincèrement d'établir une véritable relation avec Hachem (ex: n'ayant pas un service Divin machinal, du bout des lèvres)?

Avant la destruction du Temple, ces problèmes n'existaient pas.
Dans le Temple, un juif pouvait être témoin de 10 miracles qui étaient toujours présents (Pirké Avot 5,7), ce qui lui permettait d'atteindre une foi palpable en Hachem.
On pouvait sentir la présence Divine en regardant les Cohanim réaliser la avoda et en entendant les chants magnifiques des Lévi'im.
L'odeur des kétoret (encens) était à elle seule capable d'inciter un juif au repentir (Zohar, Shemos 218).

Le Temple était appelé "une maison de prière pour toutes les nations" (Yéchayahou 56,7).
Imaginez que vous puissiez prier dans un endroit où vos prières seraient presque certainement exaucées. Les innombrables ujifs qui se sont éloignés du judaïsme à cause de cultes de toutes sortes auraient-ils abandonné leur religion s'ils avaient eu une telle maison de prière?

Le Temple offrait même aux juifs une expiation au niveau national et personnel. Chaque fois qu'une personne fautait (causant une distanciation avec D.), elle pouvait apporter un sacrifice (korban) et se rapprocher à nouveau d'Hachem.

Il existe encore une autre raison de pleurer l'exil : la douleur qu'Hachem ressent à cause de l'exil (tsaar haChékhina). Prenons l'exemple d'un père séparé de ses enfants, qu'il n'a pas vus ni entendus depuis des années. Imaginez-le assis seul à sa table. C'est ainsi que les Sages décrivent tsaar haChékhina.
Ne devrions-nous pas également ressentir la douleur d'Hachem?
Nos Sages disent que lorsque les juifs répondent au kaddish, Hachem s'exclame : "Malheur au Père qui a été forcé de bannir ses enfants de sa table" (guémara Béra'hot 3a).
Nos Sages (guémara 'Haguiga 5b) nous disent également qu'Hachem pleure la perte de Sa nation dans Ses chambres intérieures.

En effet, l'idée même de "nation d'Hachem" s'est perdue dans notre monde. De nos jours, de nombreuses personnes ne reconnaissent même pas qu'Hachem existe et que les juifs sont Son peuple.
Les chrétiens affirment qu'ils sont Sa nation, les musulmans affirment qu'ils sont Sa nation, et pourtant de nombreux juifs rejettent l'idée que nous sommes la nation d'Hachem. Or, dans Ses chambres intérieures, Hachem pleure cette perte. Ne devrions-nous pas pleurer nous aussi?

En gardant ces idées à l'esprit, nous devrions être capables de verser des larmes sur la perte que nous subissons en ce moment. Nous ne pouvons pas moins la ressentir que nos ancêtres, qui ont vu le Temple.
Nous devrions essayer de pleurer le Temple sincèrement, avec des larmes, car nos Sages (Taanit 30b) promettent que "celui qui pleure Jérusalem méritera de voir son bonheur". En effet, le deuil est la clé de la guéoula.
Le rav 'Haïm Friedlander fait remarquer que l'on bénéficie d'une aide supplémentaire du ciel pour pleurer sincèrement le Temple pendant cette période.

[le judaïsme donne une place primordiale à la joie (les nombreux yom tov, obligation de service Hachem dans la joie, voir la vie avec émouna, ...), mais parfois il est nécessaire de prendre un moment limité pour semer dans les larmes, pour vider notre coeur sur tout ce qui est manquant, ce qui ne va pas, ... et alors on peut repartir de l'avant plein de joie et d'espoir en Hachem. ]

Si nous essayons sincèrement de pleurer la destruction du Temple, il s'ensuit que nous devrions essayer de corriger l'origine de cette destruction.
Nos Sages (Yoma 9b) nous disent que la raison de la destruction du second Temple était la "sinat 'hinam" (la haine gratuite, sans fondement) entre les juifs.
Si le Temple n'a toujours pas été reconstruit, cela indique que nous n'avons pas encore surmonté cette lacune. Le Maharal écrit que la gravité de la "sinat 'hinamé réside dans le fait qu'elle témoigne de la pourriture du cœur d'une personne.

Comment pouvons-nous nous débarrasser d'un trait de caractère aussi terrible?
L'Alter de Kelm conseille de s'efforcer d'aimer les juifs. [de la même façon que la haine sans raison est si grave, alors on doit développer un amour sans raison. ]
Il faut constamment réfléchir aux moyens d'aider son prochain. L'aide peut prendre la forme d'un sourire amical, d'un "bonjour" sincère ou d'une myriade d'autres choses. [par exemple, je croise un juif que je ne connais pas, et bien dans ma tête je peux prier pour lui et sa famille. ]
Comment puis-je utiliser mes ressources pour aider les juifs?
[on a une nature humaine à penser à notre nombril, à être paresseux, on a une tendance à vouloir faire de grande chose ou rien, mais faisons déjà plein de petits actes de 'hessed cachés ou public, ...]

Le rav 'Haïm Friedlander écrit que la racine de sinat 'hinam, et de tout type de jalousie, est un manque de émouna, de foi en Hachem. Nous devrions essayer de renforcer notre conviction que tout ce que nous avons est exactement ce qu'Hachem a décrété pour nous. Personne ne peut nous enlever ce qu'Hachem a décidé pour nous.
Hachem fournit à chaque juif ce dont il a besoin pour réaliser la tâche particulière qu'Hachem attend de lui. En effet, il n'y a pas deux personnes semblables, nous avons tous un but unique à remplir.
Il s'ensuit que tout ce que nous avons, santé, intelligence, richesse, apparence, popularité, est ce qu'Hachem a décidé de faire de mieux pour nous.

Nous devrions revoir souvent cette idée et ne jamais permettre à la jalousie de prendre racine.
La jalousie est un mensonge, car ce que mon prochain possède est bon pour lui, pas pour moi.
Je m'en remets au jugement d'Hachem et je suis convaincu qu'Hachem sait exactement ce que j'ai et ce dont j'ai besoin. Si mon voisin a une plus grande maison ou une voiture plus rapide, ou si mon partenaire d'étude a déjà terminé un traité de guémara et que je me débats encore au début, ce n'est pas un accident.
C'est la situation qu'Hachem veut pour moi, et Il sait que je peux y réussir.

[rabbi Moché Krieger]

Ouvrons nos yeux sur la perte du Temple

+ Ouvrons nos yeux sur la perte du Temple :

-> Nous disons dans la prière : "Fais que nos yeux voient lorsque Tu reviendras à Tsion" (vété'hézéna énénou béchouvé'ha léTsion). Que signifie "Que nos yeux voient"?
L'un des pchat est que tout est là face à nous, mais que nous ne le voyons pas. La géoula est là, le machia'h est là, le Temple est là, prêt à apparaître. Il suffit que nous soyons capables de nous en rendre compte et de le visualiser. C'est pourquoi nous prions pour qu'Hachem nous donne la capacité de comprendre et d'apprécier à quel point la Délivrance est proche (à porter de main) ; elle attend de faire son apparition.

Il ne fait aucun doute que le fait d'anticiper réellement la Délivrance est une tâche difficile. Nous n'avons jamais eu de Temple. Nous n'avons jamais eu de machia'h. Nous ne pouvons pas imaginer ce que cela va être. Cela nous dépasse. Nous ne savons pas vraiment quels seront les avantages (le peu que l'on peut imaginer, est comme néant par rapport à la réalité).
Les gens se disent : "La vie est assez belle telle qu'elle est aujourd'hui. Je ne sais pas ce que l'arrivée de machia'h signifiera pour moi personnellement. Je peux attendre un peu pour machia'h". (ça va la routine de ma vie est assez maitrisée, confortable, alors au fond de moi je ne suis pas si impatient que cela que ça change)

Le rav 'Haïm Epstein compare ce concept à quelqu'un qui est né en prison et à qui l'on fournit tous ses besoins quotidiens. Il a de la nourriture, des loisirs et un toit au-dessus de sa tête. Il grandit dans cet environnement et pense qu'il est typique. Il est parfaitement satisfait et n'a aucun souci.
Cependant, s'il quittait la prison et découvrait que la liberté lui permet de porter ce qu'il veut, de faire ce qui lui plaît, d'aller où il veut, il ne choisirait jamais de retourner en prison.
[notre vie spirituelle, notre relation avec Hachem, ressemble à être enfermée dans un cachot obscure. ]

Nous sommes nés dans la prison de la France, de l'Amérique, ou de l'Angleterre (dans Sa bonté Hachem fait que cette prison soit confortable et agréable). Mais en réalité, le monde entier, y compris n'importe quel lieu de villégiature, est, au mieux, une prison. Nous pensons que notre environnement nous fournit tout ce dont nous avons besoin, qu'il s'agisse de sports, de divertissements, des derniers gadgets ou de tout autre confort physique dont nous jouissons dans cet exil. Le Temple ne nous manque pas, car nous ne l'avons jamais eu ...

Le 9 Av est un jour où nous nous éloignons de nos préoccupations quotidiennes pour contempler la destruction du Temple. [on coupe tout notre train-train, et on prend le temps pour médier, prendre du recul sur l'implication d'une telle perte. ]

[rav David Goldwasser]

Du Michkan au Temple

+ Du Michkan au Temple :

-> Lorsque le peuple juif est entré en terre d'Israël [avec Yéhochoua] en l'an 2488, il a installé le Michkan à Guilgal (Yéhochoua 4,19). Il resta là pendant 14 ans, jusqu'en 2502. [guémara Zéva'him 118b]
Il fut alors transféré à Shilo (Yéhochoua 18,1), où des murs de pierre furent construits pour remplacer les murs de bois dorés du Michkan, mais les 3 revêtements d'origine furent encore utilisées pour le toit. [Zéva'him 118a]
Cette structure resta en place pendant 369 ans, jusqu'en 2871 [guémara Zéva'him 118b], lorsque les Philistins s'emparèrent du Aron HaBrit (Chmouël I 4,1-22) et détruisirent le Sanctuaire (voir Yirmiyahou 7,12-14).

Le Michkan fut ensuite reconstruit à Nov, où il resta 13 ans jusqu'en 2884, date à laquelle il fut déplacé à Givon, où il resta 44 ans jusqu'en 2928, date à laquelle commença la construction du 1er Temple à Jérusalem (Zéva'him 118b).

La Torah (Réé 12,5 - Rachi) précise qu'avant que le Michkan provisoire ne soit installé à Shilo (c'est-à-dire lorsque le Michkan se trouvait à Guilgal), et pendant la période qui suit la destruction de Shilo mais qui précède la construction du Temple à Jérusalem (c'est-à-dire lorsque le Michkan se trouvait à Nov et Givon), il est permis de construire et d'utiliser des autels privés pour des offrandes privées et volontaires.
La raison en est que "vous n'êtes pas encore parvenus au lieu de repos (ménou'ha) ni à l'héritage (na'hala) que Hachem, votre D., vous donne" (michna Zéva'him 14:8). Le terme "lieu de repos" fait référence au Michkan à Shilo ; le terme "héritage" fait référence au Temple à Jérusalem.

La Chékhina souffre en exil

+ La Chékhina souffre en exil :

-> L'exil a été décrété pour nous en tant qu'expiation de nos fautes, en tant que substitut au Guéhinam.
Nos Sages commentent le verset : "Et voici qu'une sombre et grande frayeur tomba sur lui [Avraham]" (Lé'h Lé'ha 15,12) : "frayeur" fait référence à l'exil de Babylone, "sombre" fait référence à celui de Grèce, "grande" fait référence à celui de Médée-Perse, et "tomba sur lui" fait référence à Edom.

Dans cette vision, Hachem informe Avraham que le Temple sera un jour détruit et qu'il n'y aura plus de korbanot (sacrifices) pour expier pour ses descendants. Ils devraient alors endurer soit l'exil, soit le Guéhinam. Avraham choisit l'exil.
Il dit : "Mieux vaut que mes enfants soient soumis aux royaumes [des autres nations] et non à Guéhinam".

La souffrance que nous endurons en exil n'est pas seulement la nôtre. La Présence Divine (Chékhina) partage notre douleur et pleure chaque nuit sur les épreuves de l'exil.
Le Zohar (midrach Eikha 112a) précise :
"Au milieu de la nuit, la Chékhina monte à Tsion, le lieu où se trouvaient le Kodech Kodachim. Elle voit que l'endroit où elle reposait autrefois n'est plus que ruines désolées. Elle éclate en larmes et en sanglots, et dans Sa douleur, elle monte en haut et descend en bas. Elle regarde l'endroit où se trouvaient les Chérubins et pousse des cris amers, élevant la voix et disant : "Mon lit! Mon lit! Le lieu de ma demeure!
Il est écrit à ce sujet : "Sur mon lit, la nuit" (al michkavi balélot - Chir haChirim 3,1) = il s'agit du lit sur lequel reposait autrefois la Chékhina.
"Mon lit! Mon sanctuaire! La place des bijoux précieux qui se trouvaient autrefois derrière le rideau et à la place des kaporét" = il s'agit du lieu sur lequel 600 000 anges saints se sont penchés, qui sont appelés "joyaux précieux"."

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-> Notre exil actuel aurait dû prendre fin il y a longtemps (le Abir Yaakov rapporte que la guéoula aurait due avoir lieu au début de l'année 5000, soit plus de 780 ans!), mais il se poursuit puisque nous n'avons pas réussi à faire pleinement téchouva sur nos fautes qui l'ont causé en premier lieu.
L'exil est un fardeau non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour la Chékhina, qui souffre terriblement de la situation du peuple juif en exil.

C'est ainsi que le Abir Yaakov (Makhsof haLavan - Nitsavim) explique le verset : "Vous vous tenez tous aujourd'hui devant Hachem, votre D. : les chefs de vos tribus, vos anciens et vos officiers, tout le peuple d'Israël ... pour conclure une alliance avec Hachem" (Nitsvaim 29,9-11).
Moché a fait entrer toute la nation juive dans une alliance avec Hachem. Toutes les âmes des générations futures sont descendues du Ciel pour y prendre part, comme nous l'apprend le verset suivant : "Ceux qui sont ici avec nous aujourd'hui devant Hachem notre Dieu, et ceux qui ne sont pas ici avec nous aujourd'hui" (Nitsavim 29,14 ; midrach Tan'houma Nitsavim 3 ; Kli Yakar).

Lorsque Moché a prévu la durée de l'exil final, il ressentit une terrible douleur pour le sort de la Chékhina, comprenant que cette douleur de la Présence Divine en exil est infinie.
C'est pour cette raison que Moché était si bouleversé par la durée de l'exil. Il avertit les Bnei Israël que cette durée dépendrait entièrement de leurs actes. S'ils continuaient à fauter, l'exil durerait bien plus longtemps que nécessaire.

C'est le sens du verset :
- "Vous êtes tous debout aujourd'hui" = Il s'adresse à l'ensemble de la nation juive, y compris à toutes les âmes qui naîtront à partir de ce moment jusqu'à la dernière génération. Il leur expliqua que la Chékhina souffrirait de terribles douleurs tout au long du l'exil, un chagrin sans nom ni mesure.
- "Les chefs de vos tribus, vos anciens et vos officiers" = Il s'agit de nos Patriarches, de nos Matriarches, des prophètes, des tsadikim et des dirigeants de la Torah à travers les générations. Ils crient et plaident tous devant Hachem : "Où est la sainte Chékhina? Elle a été chassée de sa maison et souffre tant dans son exil!"
- "Tout le peuple de Israël" = De qui tout dépend-il? Qui a le pouvoir de mettre fin à l'exil? Cela dépend de "tout le peuple de Israël". Chaque juif peut hâter la guéoula. Chacun d'entre nous doit comprendre que la douleur du peuple juif en exil, et la douleur que la Chékhina endure avec nous, sont dues à nos propres mauvaises actions. Si nous faisons sincèrement téchouva, nous mériterons l'accomplissement du verset "Tsion sera racheté par la justice, et ses pénitents par la charité" (Yéchayahou 1,27).

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-> Le Zohar ('Hadach - midrach Eikha 112a) explique que pendant toute la durée de l'exil, la Chékhina pleure chaque soir à minuit et déplore son triste sort dans l'exil. À ce moment-là, tous les mondes du Ciel frémissent et pleurent avec elle. Les ancêtres, les mères, les 12 tribus, Moché et toute sa génération, ainsi que tous les juifs du monde entier, tous pleurent et implorent Hachem pour la douleur de la Chékhina, demandant combien de temps la souffrance de la Chékhina doit durer.

"La avoda du 9 Av vient nous enseigner sur ce qui vaut [vraiment] la peine de se lamenter et de pleurer (et ce qui ne vaut pas la peine), ce qui conduit finalement à se rapprocher de la Chékhina et à amener la géoula elle-même".
[rav Eliyahou Dessler - Mikhtav méEliyahou 2,47]

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-> La nuit du 9 Av, les Bné Israël se sont mis à pleurer dans leurs tentes [à la suite du compte rendu alarmant des explorateurs dans le désert.]
Hachem leur a dit : "Aujourd'hui, vous pleurez sans raison mais Je vous fais le serment que cette nuit-ci vous pleurerez pour la destruction du 1er et du 2e Temple!"

[ainsi de même que nous avons pleuré pour rien, de même aujourd'hui pour réparer cela nous pleurons sur ce qui compte vraiment de le faire. ]

9 Av – Rappel que Hachem est notre Père

+ 9 Av - Rappel que Hachem est notre Père :

-> "Hachem est-il parmi nous ou non? ... Amalek vint et combattit le peuple juif" (Béchala'h 17,7-8)

Rachi explique que cette situation est analogue à celle d'un fils qui s'assoit sur l'épaule de son père ... il a contrarié son père ... En réponse, le père chasse son fils de son épaule pour lui faire comprendre que c'est le père qui le portait et le protégeait depuis le début. Ainsi, le père fait peur à l'enfant pour qu'il se rende compte que c'est son père qui peut le protéger de ce qui l'effraie.
Dès que l'enfant se rend compte qu'il a un père, son père l'attire avec toutes sortes de marques d'affection.
Ainsi, Amalek est venu et a combattu les juifs pour que Hachem rappelle au peuple juif qu'Il est leur protecteur.

Les événements du mois d'Av doivent être compris en conséquence. C'est pourquoi le mois au cours duquel se déroule 9 Av est appelé Av, ce qui signifie "père".
C'est au cours de ce mois que notre Temple a été détruit, afin de nous faire comprendre que nous avons un Père (qui veut notre bien ultime, et nous aime plus que tout). Lorsque nous aurons enfin pris conscience de ce fait, Hachem reconstruira le Temple.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - 15 Av ]

"Pendant [les 3 semaines], il faut éradiquer la sinat 'hinam (haine gratuite) et tous les aspects d'un mauvais œil.
Même si on ne regarde personne de haut, mais si on ne se concentre pas sur le bien [qui est en eux], cela peut être considéré comme une sinat 'hinam.
Nos Sages nous disent : "Une génération où le Temple n'est pas reconstruit, c'est comme s'il avait été détruit dans cette génération".
Avec un bon œil [sur chaque autre juif], le Temple sera reconstruit".
['Hidouché haRim]

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-> " L'attribut d'avoir un bon œil peut purifier une personne [de toutes ses fautes] "
[Chem miChmouël - Béaaloté'ha]

-> Le Tana d'Eliyahou (Rabba 28) écrit :
"Hachem dit aux Bné Israël : 'Mes enfants bien-aimés ... qu'est-ce que je vous demande ? Seulement que vous vous aimiez les uns les autres et que vous vous honoriez les uns les autres".

+ La émouna consiste à croire en Hachem même lorsque nous ne voyons pas Sa bonté, même lorsque les choses sont difficiles, et à croire que tout est pour le bien.
Il est important de discuter de la émouna à cette période de l'année, car la destruction du Temple est le résultat d'un manque d'émouna en Hachem.

Rabbi Ména'hem Mendel de Patilch (petit-fils de rabbi Ouri de Strelisk) évoque les dates des 4 jours de jeûne (liés au Temple) fixés par le calendrier juif. Il s'agit du 17 (de Tamouz), du 9 (d'Av), du 10 (de Tévét) et du 3 (de Tichri).
Ces dates sont : 17+9 = 26 soit : יהוה (Hachem = Nom Divin de miséricorde/bonté) et : 3 + 10 = 13 soit la valeur de : אחד (un - é'had).
Les jours de jeûne ont pour but de rétablir notre émouna dans le fait que : Hachem est Un (יהוה אחד)
Par le mérite de notre émouna, même dans ces moments difficiles (destruction de Jérusalem, avec toutes nos souffrances ensuite en exil), alors le Temple sera reconstruit.

[il en est de même dans notre vie, si nous gardons émouna, que nous restons convaincus que tout est pour notre bien même dans nos moments difficiles/obscurs, alors grâce à ce mérite on s'amène notre délivrance personnelle. ]

"Depuis le jour où le Temple a été détruit, Hachem n'accorde pas de bonté aux juifs sans prière".
[Rokéa'h]

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-> La haftara du 9 Av décrit la destruction du Temple.
Parmi les descriptions, on peut lire : "Il n'y a pas de raisins sur les vignes, il n'y a pas de figues sur le figuier" (Yirmiyahou 8,13). Pourquoi cela est-il mentionné?
Le manque de fruits semble banal et insignifiant lorsque nous discutons d'un fait aussi grave que la destruction du Temple.

[Un survivant de l'Holocauste a raconté l'histoire de sa survie. Il a notamment sauté d'un train en marche en direction des camps. Quelqu'un qui écoutait l'histoire lui a demandé : "Était-ce un jour chaud ou un jour froid?".
Le survivant a répondu : "Je vois que vous ne comprenez pas. Ma vie a été sauvée! Quelle différence cela fait-il qu'il ait fait chaud ou froid ce jour-là? Ma vie a été sauvée!"
Le sujet de la météo, alors que la vie d'une personne était en jeu, ne semble pas pertinent. De même, lorsque nous discutons de la destruction du Temple, il semble hors de propos de mentionner qu'il n'y avait pas de fruits sur les arbres. ]

En fait, le verset dit qu'après la destruction du Temple, même les fruits ne pousseront pas sans prière.
Lorsque Shlomo était roi, il est décrit que : "chacun sous sa vigne et sous son figuier" (I Méla'him 5,5) = grâce aux korbanot offerts au Temple, il y avait [naturellement] beaucoup de bénédictions/bontés, et tout le monde avait du raisin, des figues, et tout ce dont il avait besoin.
Mais maintenant, après la destruction du Temple, tout ne vient que suite à nos prières.
[rav Elimélé'h Biderman]

9 Av – Le Temple = notre source de vie

+ 9 Av - Le Temple = notre source de vie :

-> Le Temple est appelé "Beit 'hayénou" (la maison de notre vie).
Par exemple, tous les lundis et jeudis, nous disons à cha'harit : "Que Sa volonté soit de rétablir la maison de notre vie".
Dans les bénédictions de la haftara, nous demandons à Hachem : "Aie pitié de Tsion, car c'est la maison de notre vie."
Quelle est la signification de cette expression?

"Beit 'hayénou" signifie que notre nation est vivante lorsque nous nous attachons à Hachem.
Il est écrit : "Vous qui vous attachez à Hachem, êtes tous vivants aujourd'hui" (Vaét'hanan 4,4).
[ "J'ai placé devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction, choisis la vie!" (Nitsavim 30,19) = qui va choisir de la mort et la malédiction? On voit encore que seul celui qui choisit de s'attacher à Hachem est considéré comme vivant (le reste étant tellement vide, éphémère en comparaison). ]

Nos âmes sont vivantes lorsque nous nous attachons à Hachem. Plus nous nous éloignons de notre attachement à Lui, moins nous sommes vivants.
Et plus nous nous éloignons de Tsion et de Jésuralem, plus nous nous éloignons du Beit 'hayénou, moins nous sommes vivants.

Chaque 9 Av, nous faisons le constat que nous avons perdu encore une mesure de vie dans le dynamisme spirituel du peuple juif [de part l'absence du beit 'hayénou - Temple].
Chaque 9 Av, nous sommes moins vivant que le 9 Av précédent, et en prenant conscience de ce que pourrait être l'état du peuple juif, d'à quel point D. ne peut pas se révéler dans le monde, et d'à quel point notre relation de proximité avec papa Hachem est actuellement faible/dissiumlé, nous prenons le deuil de cette énorme perte (qui chaque année s'accroît, d'où une dose de deuil supplémentaire!).
[assez, cela ne peut pas durer plus longtemps! ]
[d'après rav Eliya Brundy]