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Quelques éléments sur le récit de Pourim (1ere partie)

+ Quelques éléments sur le récit de Pourim (1ere partie) :

-> A'hachvéroch haïssait les juifs plus encore qu'Haman ...
Bien que les juifs fussent de bons citoyens, A'hachvéroch pensait avoir une bonne raison de les haïr. Ses astrologues lui avaient prédit qu'un juif s'emparerait de sa couronne et régnerait à saplace.
Leur prédiction concernait Darius II, fils d'Esther (et d'A'hachvéroch, qui est né 1 an après qu'Esther devienne reine.).
[La mère de Darius étant juive, il était juif lui aussi.] Toutefois, A'hachvéroch ne le savait pas. Il était encore marié (à ce moment) avec Vachti et n'aurait jamais pu imaginer engendrer un héritier juif.
[ Darius II va succéder à son père A'hachvéroch, et il va ordonner la consturction du 2e Temple, 70 ans après la destruction du 2e.]

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-> Suite la mort de Vachti, on organisa un "concours de beauté" pour trouver la nouvelle reine.
Chaque jolie jeune fille ne pouvait pas se présenter à Chouchan. Il fallut envoyer des administrateurs dans chacun des 127 états chargés de choisir la jeune fille la plus belle et la plus convenable de chaque état. Elles seraient jugées à la fois sur la beauté physique et sur leur personnalité.
La meilleure de chaque état serait ensuite amenée à Chouchan pour que le roi choisisse celle qu'il préférait.
127 jeunes filles seraient rassemblées : une pour chaque état.
Elles seraient toutes placées sous la direction de Hégaï, le maître du harem royal.

Bien entendu, Haman savait ce qu'il se passait et il s'arrangea pour pousser sa fille devant l'émissaire du roi.
Hachem fit qu'elle eut soudain une forte diarrhée et se souilla ; l'odeur répugnante la fit rejeter immédiatement par l'émissaire royal.

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+ L'élévation sociale d'Haman :

-> "Après ces événements (du complot de Bigtan et Térech), le roi A'hachvéroch promut Haman, fils d'Amdata, l'agaguéen, et l'éleva. Il plaça son siège au-dessus de tous ceux des princes qui étaient avec lui" (Esther 3,1)

-> Haman va être promu à une faute fonction afin d'inciter les juifs au repentir ; ensuite, il fut très rapidement détruit et les juifs sauvés.
D'ailleurs, 'Harbona va raconter au roi qu'Haman avait fait partie du complot de Bigtan et Téréch pour tuer le roi (Eshter 7,9), et le roi le fit pendre immédiatement.

Haman ne demeura au zénith de son pouvoir que pendant 70 jours.
De son envoi des lettres demandant l'extermination des juifs (le 13 Nissan 3404 - Esther 3,12) au jour où Mordé'haï envoya des missives pour abolir ce décret (le 23 Sivan - Esyher 8,9).

Les Méam Loez fait remarquer que du verset : "Après ces événements, le roi A'hachvéroch promut Haman" (Esther 3,1) jusqu'au verset : "on pendit Haman" (Esther 7,10), on compte exactement 70 versets, qui correspondent aux 70 jours durant lesquels Haman reçut les pleins pouvoirs.

Le Alchikh haKadoch dit que chaque jour, A'hachvéroch accordait à Haman de nouveaux pouvoirs, et ce ne fut que lorsque Haman atteignit le sommet de sa puissance qu'il s'effondra.

Selon le midrach, Haman reçut également un char spécial. Lorsqu'il circulait dans les rues, un crieur annonçait qu'il était le favori du roi.
A ce moment-là, l'Attribut de Justice prit la parole devant D. : "Maître de l'univers! Haman a fait le voyage de Chouchan à Jérusalem dans le but de faire cesser la construction du Saint Temple. C'est un descendant du racha Amalek. Comment supportes-Tu de le voir accéder à une si haute position?"
D. répondit : "Jusqu'à présent, personne ne connaissait Haman. Je vais l'élever et le rendre si célèbre que, lorsqu'il tombera, le monde entier connaîtra Ma vengeance".[midrach Esther rabba 3,1]

-> Le midrach (Yalkout Chimoni Esther 1053) à propos du verset : "Il
plaça son trône au-dessus de celui de tous les princes qui étaient avec lui" = il se fit une estrade plus haute (que celle d'A'hachvéroch), et il fut ainsi placé au-dessus de tous les princes qui étaient avec lui. De ce fait, il fut en mesure d'ordonner au roi de pendre Mordé'haï.
[v.6,4 : "Haman se rendit au palais royal pour dire au roi de pendre Haman sur la potence" ]

La guémara (Méguila 15a) enseigne explicitement : "Hamane s'éleva au-dessus d'A'hachvéroch".

[Hachem fit en sorte qu'Haman s'élève très haut du fait de son opposition aux juifs, pour mieux tomber d'encore plus haut lorsque les juifs ont fait téchouva. ]

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+ La relation Mordé'haï & Haman :

-> Après la promotion d'Haman, les gens lui témoignèrent du respect (dans l'Orient d'autrefois, il était accepté de s'agenouiller et de se prosterner devant les ministres).
Cependant, tout le monde connaissait les modestes origines d'Haman, qui avant de devenir politicien, avait été un employé dans un établissement de bains et coiffeur.
Certains à Chouchan, s'étaient fait coiffer par lui.
Pour que tout le monde se soumette au premier ministre du roi (Haman), le roi A'hachvéroch ordonna qu'on fasse à Haman le même signe de soumission qu'envers le roi lui-même.

-> Lorsqu'il paradait dans la ville, Haman portait son idole sur sa poitrine. (Pirké déRabbi Eliézer 50)
Il avait foi en ce fétiche, auquel il attribuait sa victoire sur Vachti et son ascension à une haute fonction.
Haman ayant fait en sorte que tout signe de soumission envers lui s'adressât également à son idole, Mordé'haï n'eut pas le droit de s'incliner devant Haman, fût-ce au prix de sa vie.
Le Yossef Lékéa'h rapporte que Mordé'haï ne prétendait pas ne pas le voir, au contraire il regardait Haman bien en face à son passage et publiquement refusait de faire le moindre geste. Ainsi, il sanctifiait le nom de D. et servait d'exemple à tout son peuple.

-> Mordé'haï avait une autre raison de ne pas respecter Haman.
En l'an 3393 (soit -368 avant l'ère vulgaire) [pendant la 2e année du règne d'A'hachvéroch], une province d'Inde se rebella contre l'empire perse. Le roi envoya 12 000 soldats pour écraser la révolte.
Les 2 généraux à la tête de l'armée étaient Mordé'haï et Haman. Chacun d'eux, responsable de 6 000 soldats, reçut des provisions pour 3 ans. Mordé'haï et ses soldats firent demi-tour et attaquèrent par l'est tandis qu'Haman attaqua directement de l'ouest.
Haman gaspilla ses provisions, et après une année de campagne, il les avait déjà épuisées. Il vint trouver Morde'haï pour lui demander son aide. Morde'haï lui expliqua que, s'il donnait de ses vivres, lui et ses soldats viendraient à manquer.
Lorsque les soldats d'Haman commencèrent à souffrir de la faim et menacèrent de se mutiner, Haman retourna chez Mordé'haï et le supplia de l'aider.
Finalement, Morde'haï accepta, à condition qu'Haman devienne son esclave un jour par semaine. N'ayant pas le choix, Haman accepta. Etant donné qu'il n'y avait pas de papier sur le champ de bataille, Mordé'haï écrivit sur sa jambière le contrat scellant leur accord.

Dès lors, Mordé'haï ne se sentit nullement contraint de se prosterner devant Haman. Il faisait exprès de porter sa jambière, qu'il observait d'un air significatif lorsqu'Haman passait devant lui.
Haman comprenait son allusion et bouillonnait de frustration.
[Pessikta Rabbati]

-> Haman savait aussi que Mordé'haï ne se prosternait pas devant lui parce qu'il était amalécite.
En tant que juif, Mordé'haï considérait tout amalécite comme maudit.
La colère d'Haman était donc dirigée contre Mordé'haï précisément parce qu'il était juif.
[Alchikh haKadoch]

-> Haman demanda à des agents de suivre Mordé'haï et d'établir un rapport sur lui.
Il apprit ainsi que Mordé'haï était un homme amical qui saluait chaque homme qu'il rencontrait et inclinait la tête devant l'homme le plus ordinaire.
Lorsqu'Haman se rendit compte que Mordé'haï refusait de s'incliner devant lui seul, sa fureur ne connut plus de bornes.
[Yad haMélé'h]

-> Mordé'haï avait une raison importante de refuser obstinément de s'agenouiller, quitte à mettre tout le peuple juif en danger. Ils avait que les juifs avaient commis un péché très grave en se prosternant devant la statue de Névou'hadnezar. Par son abnégation, Mordé'haï tentait d'expier cette faute.
Mordé'haï était un descendant de Benjamin, le plus jeune fils de Ra'hél. Il connaissait la tradition selon laquelle les descendants d'Essav seraient vaincus par ceux de Ra'hél.
S'il sanctifiait le nom de D. en public, il pouvait être assuré de l'intervention divine.
[Ibn Ezra]

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+ Le tirage au sort :

-> "Le 1er mois (Nissan), durant la 12e année du roi A'hachvéroch, le "pour" (loterie, tirage au sort) fut tiré devant Haman, pour examiner chaque jour et chaque mois. Il tomba sur le 12e mois, le mois d'Adar" (Esther 3,7)

-> Déterminé à exterminer les juifs, Haman chercha le moment propice. Utilisant la méthode du tirage au sort, Haman tenta de déterminer quel serait le jour le plus favorable.
Il fit ce tirage le 1er Nissan [3404] ; qui est le mois de la sortie d'Egypte, représente une période où les juifs sont capables de vaincre leurs ennemis. [Alchikh haKadoch]

-> Le premier tirage au sort ressemblait à des dés. Sur ces cubes, des chiffres de 1 à 6 étaient inscrits sur les 6 faces de façon à ce que les chiffres opposés fassent un total de 7.
Ainsi, les faces opposées portaient respectivement les paires : 1-6, 2-5 et 3-4.
Les dès qu'Haman choisit utilisaient pour chiffres des lettres hébraïques si bien que les paires ainsi formées étaient : aléf-vav, bét-hé et guimel-dalét.

Haman utilisa 3 dès.
La première fois, les chiffres tirés furent : 1-3-3. c'est-à-dire : aleph-guimel-guimel. Ces lettres formaient, à coup sûr "Agag" (אגג), nom de l'ancêtre d'Haman. Quel mauvais augure!
Puis Haman retourna les dés pour voir quelles lettres se trouvaient au-dessous. En face du aleph se trouvait un vav alors que sous chaque guimel se trouvait un dalet.
Les 3 lettres du dessous étaient dalet-dalet-vav qui, réarrangées, formaient le nom "David" (דוד).
Haman pensa qu'il s'agissait d'un signe évident qu'Agag terminerait en haut et le peuple de David, en bas.
Hachem dirigea le tirage au sort de façon a induire Haman en erreur et le conduire dans le piège. Haman, quant a lui, était ravi de ce résultat. [midrach Talpiot]

Ensuite, Haman tira au sort les jours et les mois. La façon habituelle de tirer au sort est, par exemple, d'inscrire les 12 mois de l'année sur 12 morceaux de papier puis d'en lier un. Cependant, cela ne pouvait lui garantir la réussite car, quelque soit le papier tiré, un mois serait inévitablement choisi.
Haman voulait une preuve supplémentaire que la chance lui souriait, Il prépare donc une série de papiers contenant les noms des 12 mois lunaires. Dans une autre série, les papiers portaient les numéros de 1 à 354, soit un pour chaque jour de l'année lunaire
Puis Haman fit 2 tirages indépendants, 1 un pour les mois et l'un pour les jours. Si tous 2 coïncidaient c'était que le tirage était vraiment de bon augure. Sinon, il saurait qu'il était peu propice.
Ainsi par exemple, si le tirage des mois désignait Adar et celui des jours, le chiffre 100, il serait clair que le tirage était peu propice. En effet, le 100e jour de l'année tombe en Tamouz. non en Adar.

Finalement, le tirage des mois désigna le mois d'Adar et celui des jours donna le chiffre 337, dix-sept jours avant la fin de l'année. Mais, plus important, puisque Adar était le dernier mois de l'année, le 337e jour coïncidait exactement avec Adar.
Le jour choisi fut donc le 13 Adar. [Yaarot Dvach]

Selon le midrach, celui qui procéda au tirage au sort, sur l'ordre d'Haman et en sa présence, était le scribe Chimchi, fils d'Haman.
Ils leur sembla que le mois d'Adar était parfait, car le 7 Adar correspondant à la mort de Moché, ce mois était donc de fort mauvais augure pour Israël.
Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que Moché était né également en cette date d'Adar (car cachée 3 mois, il fut découvert par la fille de Pharaon en Sivan, mois où sera donné la Torah).

[source : compilations personnelles issues du Méam Loez - Méguilat Esther ]

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+ Le trône d'A'hachvéroch :

-> "Lorsque le roi A'hachvéroch se fut établi sur son trône royal, à Chouchan la capitale, la 3e année de son règne, il donna un festin" (Esther 1,2-3)

-> Le Gaon de Vilna rapporte, dans son commentaire de la Méguila, les paroles du Targoum Chéni selon lesquelles le roi Chlomo possédait un trône à l'instar du Trône Céleste.
Lorsque Pharaon et Nabukodonosor voulurent s'y asseoir, ils reçurent un châtiment corporel (d’où le fait que Pharaon fut surnommé Nékho, "l’estropié", car lorsqu’il voulut monter sur ce trône, l’une des formes de lion qui y était gravée le mordit et il se retrouva alors boiteux pour le restant de ses jours).

[Le Méam Loez (1,2) écrit que :
A une époque, A'hachvéroch prit place sur le trône du roi Salomon. C'était un trône très rare, décoré de toutes sortes de pierres précieuses ainsi que d'animaux mécaniques mobiles. Lorsque Nevou'hadnezzar s'empara de Jérusalem, il fit emporter ce trône à Babylone. Lorsqu'il en monta les marches pour s'y asseoir, un des lions se désarticula, lui cassant le pied.]

Lorsque A’hachvéroch devint roi, brûla en lui le désir de s'asseoir sur un tel trône, mais il fut, en même temps, saisi de crainte à l'idée d'être puni comme ses prédécesseurs. Que fit-il?
Il se mit à la recherche d'artisans capables de lui en construire un semblable, et il n'en trouva que dans la ville de Chouchan ; c’étaient les seuls qui seraient en mesure de s'atteler à une tâche aussi difficile.
De fait, ils construisirent le trône tant convoité durant 3 années.
Lorsqu'ils eurent terminé, ils ne parvinrent pas à le déplacer pour le ramener chez le roi, et on fut obligé de le laisser à Chouchan.
Le roi y fixa donc son lieu de résidence et Suse devint alors la capitale de son royaume (puisqu'il convient au roi de ne résider que dans la capitale).
C'est ce qui est écrit : "Lorsque le roi A'hachvéroch se fut établi sur son trône royal, à Chouchan la capitale ; la 3e année de son règne", car c'est à ce moment que cette ville devint la capitale.
Et tout cela parce qu' : "Il y avait un homme juif, à Chouchan la capitale, du nom de Mordé'haï", et comme on voulait (dans le Ciel) élever son rang dans le royaume, afin qu'il siège à la porte du palais, toute la maison royale se déplaça ainsi à Chouchan, la ville de Mordé'haï.

=> Si l’on y réfléchit, cette histoire peut sembler très étonnante : pourquoi toutes ces tribulations? N'était-il pas plus logique, pour parvenir à ce but, que Mordé'haï déménage vers la capitale existante?

Selon le rav Elimélé'h Biderman, la réponse est que même ce désagrément, Hachem désirait l'éviter à Mordékhaï. C'est pour cela qu'il suscita chez A'hachvéroch le désir de se faire construire un trône à l'image de celui du roi Chlomo, et que faute d'artisans suffisamment expérimentés, ce dernier fut contraint de le bâtir à
Chouchan, pour découvrir finalement ... qu'il était impossible de déplacer un trône aussi imposant, et que Chouchan fut ainsi transformée en capitale du royaume.
Et tout cela afin qu'un seul juif ne soit pas tourmenté par le déménagement d'une ville à l'autre et par les désagréments du voyage.

==> Le rav Elimélé'h Biderman conclut :
Il en ressort que le monde entier n'a été créé que pour le peuple d'Israël, et est dirigé selon une providence minutieuse et calculée dans les moindres détails, en vue de prodiguer des bienfaits au peuple juif.
Et chacun peut également en retirer une leçon personnelle : lorsque l’on sera contraint de s'exiler d'un endroit à un autre, loin de s'en irriter, on devra penser que cela a fait assurément l'objet d'un grand "calcul" céleste, en considérant combien Hachem a bouleversé le cours des évènements afin d'éviter l'indisposition d'un déménagement à Mordé'haï.

-> Le Rambam (dans l'introduction à son commentaire des
michnayiotes) écrit : il se pourrait qu'un jour, Hachem mette dans l'esprit de quelqu'un l'idée de construire un véritable chef-d'œuvre de palais, "il se pourrait alors que ce magnifique palais soit, en fait, destiné à un homme attaché à D. à la seule fin qu'il vienne, une fois dans l'avenir, s'abriter à l'ombre de l'un de ses murs et échapper ainsi à la mort".
Plusieurs années auparavant, le Hachem aurait ainsi préparé la délivrance de cet homme.

[ cela doit nous renforcer dans notre fierté d'être juifs (à quel point Hachem fait en sorte que tout soit à notre avantage!), et nous pousser à agir de notre mieux en tant que juifs (rendre Hachem fier de nous!). ]

Quelques éléments sur le récit de Pourim (2e partie)

+ Quelques éléments sur le récit de Pourim (2e partie) :

-> "Dans chaque pays, partout où la parole et le décret du roi arrivaient, il y avait un grand deuil parmi les juifs avec jeûne, pleurs et lamentations. Toile de sac et cendres étaient portés par beaucoup" (Esther 4,3)

-> Bien que les Juifs de Chouchan aient appris qu'un décret de mort était issu contre eux, ils savaient au moins qu'il ne prendrait effet que le 13 Adar. Dans sa capitale, le roi pouvait préserver l'ordre.
Mais dans les provinces plus lointaines, l'antisémitisme montait et l'on craignait que les non-juifs ne tuent les juifs bien avant le moment prévu. Les persécutions croissaient. Dans plusieurs villes, des Juifs étaient déjà assassinés. De nombreux Juifs prenaient déjà le deuil de leurs proches parents.
[Yad haMélé'h]

-> D. les punissait mesure pour mesure : ils s'étaient réjouis au festin d'A'hachvéroch pendant 6 jours (et ne restèrent chez eux que le Shabbat). A présent, ils étaient accablés de 6 tourments : deuil, jeûne, pleurs, lamentations, toile de sac et cendres.
Généralement, une tragédie est plus facile à supporter lorsqu'on la partage ; une personne peut consoler l'autre. Mais là, toile de sac et cendres étaient portés par tous. Puisque personne n'allait survivre, il ne pouvait y avoir de consolation.

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+ Le sort de Daniel :

-> "Esther convoqua Hatakh, l'un des domestiques du roi désigné pour se tenir devant elle, et lui ordonna [d'aller interroger] Mordé'haï. Que se passait-il? Et pour quelle raison?" (Esther 4,5)

-> Hatakh n'était nul autre que Daniel. (guémara Méguila 15a)
La valeur numérique du nom Daniel étant de 95, la même que celle d'Haman, Daniel changea de nom. [Manot haLévi]

Selon la guémara (Méguila 15a), il fut appelé Hatakh parce qu'il avait été retranché ('hatakh) de sa haute fonction. [En tant que l'un des principaux conseillers de Belchazar, Darius et Cyrus] il avait accédé au pouvoir suprême dans le gouvernement.
Le Maamar Mordé'haï ajoute que sachant qu'il était juif et non indifférent au décret issu contre son peuple, le roi l'avait démis de sa fonction et l'avait mis à la disposition d'Esther.

-> "Ils dirent à Mordé'haï ce qu'Esther avait dit" (Esther 4,12)
[Le pluriel montre que d'autres que Hatakh transmirent le message d'Esther.]
Certains commentateurs disent qu'Haman remarque les fréquentes rencontres entre Haman et Mordé'haï. Il les soupçonna de conspirer pour l'abrogation du décret contre les juifs.
Haman ignorait qu'Esther était juive mais il savait qu'elle avait grandi dans la maison de Mordé'haï et qu'elle était probablement favorable aux juifs.
Même si elle ne pouvait tous les sauver, elle pourrait tenter d'épargner Mordé'haï, le pire ennemi d'Haman. [midrach Yalkout Chimoni]
Afin d'empêcher toute communication entre Esther et Mordé'haï, Haman fit exécuter Hatakh.

[Ceci ne dissuada pas Esther, qui trouva d'autres messagers de confiance.]
La mort de Daniel aux mains d'Haman constitua une expiation pour Israël. Quand un saint meurt et que le peuple prend convenablement le deuil, D. pardonne Son peuple.

Selon le Manot haLévi, lorsque Esther demanda aux juifs de jeûner pendant 3 jours pour expier les 3 fautes qu'elle aura à commettre : premièrement, lorsqu'elle entrera chez le roi, elle devra consommer volontairement sa nourriture non-cashère. Deuxièmement, elle devra se soumettre à lui de son plein gré, quoi qu'il lui demande. Auparavant elle était sa femme malgré elle, mais là elle devait s'y rendre de son plein gré.
Enfin, elle demanda aux juifs de prier principalement pour que D. pardonne sa responsabilité dans la mort de Hatakh.

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-> Esther jeûna et pria également de son côté pour que D. pardonne au peuple d'avoir mangé et bu au festin d'A'hachvéroch.
Elle retira ses robes royales et se revêtit de toile de sac et de cendres. Pendant 3 jours, elle jeûna et pria, se couchant à terre et supplia Hachem : "D. d'Israël! Tu as créé le monde et Tu le gouvernes. Aide-moi, je T'en prie! Je n'ai personne d'autre que Toi. Aide-nous, mon peuple et moi, à venir à bout de notre redoutable ennemi. Pardonne nos fautes et écoute-nous lorsque nous T'implorons dans le malheur. Fais que le roi me considère avec bienveillance lorsque j'irai à lui. Fais que j'entre en paix et que je sorte en paix".

Les 3 jours de jeûne, de prière et de méditation avaient amené Esther à un niveau très élevé de perception spirituelle (roua'h hakodech).

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-> "Mordé'haï partit et fit tout ce qu'Esther lui avait ordonné" (Esther 4,17)

-> Mordé'haï fut d'accord avec Esther et décréta un jeûne bien que ce fût Pessa'h.
Puisque des vies étaient en jeu ; même un jour de délai pouvait s'avérer dangereux.

Mordé'haï rassembla tous les juifs de Chouchan, parmi lesquels 12 000 Cohanim. Chacun prit un Shofar dans la main droite et un rouleau de la Torah dans la gauche.
Ils pleurèrent et prièrent : "Maître de l'univers! Tu nous as donné une Torah pour que nous l'étudiions et que nous l'accomplissions et que nous l'accomplissions. Si Ton peuple est annihilé, qui l'observera? Qui prononcera Ton Nom? Même le soleil et la lune cesseront de briller".

Mordé'haï envoya également des lettres disant aux juifs des provinces éloignées de jeûner pendant 3 jours.
Selon une opinion (Téchouvot Rivach), les juifs ne devaient pas jeûner 3 jours de suite car cela est pratiquement impossible. Ils reçurent pour instruction de jeûner 3 jours, le lundi, le jeudi et le lundi suivant, comme certaines personnes le font encore aujourd'hui.
Comme pour les jeûnes importants, ils jeûnèrent pendant 24h, nuit et jour.

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-> "Cette nuit-là, le sommeil du roi fut troublé. Il demanda qu'on lui apporte les Archives, les chroniques, qui furent lues en présence du roi" (Esther 6,1)

[contexte : Haman avait participé au 1er festin de la reine Esther avec le roi A'hachvéroch, puis il a construit la potence avec la volonté le lendemain matin de demander une petite faveur : se débarrasser de Mordé'haï. (la potence étant si haute qu'on la voyait du palais)]

-> Après avoir construit la potence, Haman alla voir Mordé'haï une dernière fois. Il le trouva vêtu de toile de sac en train de donner un cours à une foule d'enfants.
Haman ordonna à ses hommes d'enchaîner les enfants et de les jeter en prison afin de les tuer avant de s'occuper de Mordé'haï.
Apprenant que leurs enfants étaient en prison, les mères s'empressèrent de leur apporter à boire et à manger. Elles sanglotaient : "Mangez au moins avant de mourir!".
Les enfants fermèrent leurs livres, les placèrent sur leur cœur et jurèrent sur la vie de Mordé'haï qu'ils mourraient en gardant le jeûne.
Restés en prison, ils prièrent de tout cœur. Leurs prières sincères secouèrent les cieux.
[c'est la signification du verset : "Cette nuit-là, le sommeil du roi fut troublé" = ces enfants ont troublé le Roi de l'univers (Hachem)]

Ce furent ces prières qui annulèrent le décret divin contre les juifs.
Hachem perturba le sommeil d'A'hachvéroch. Dans ses rêves étranges, il vit Haman se diriger vers lui et lui enlever sa couronne et ses vêtements d'apparat avec, en main, une épée brandie pour le tuer. Le roi s'éveilla en sursaut et se rendit compte qu'il ne s'agissait pas là d'un rêve anodin. C'était le signe qu'Haman complotait contre lui.
La potence qu'Haman avait construite devait lui être destinée autant qu'à Mordé'haï. [Yaarot Dvach]

Cette nuit-là était le soir de Pessa'h, jour propice aux prodiges et aux miracles. Les juifs célébrèrent le Sédèr et louèrent D. pour le miracle de la sortie d'Egypte. Hachem se souvint de la foi avec laquelle les Bné Israël Le suivirent dans le désert lorsqu'ils quittèrent l'Egypte et décida d'intervenir en leur faveur,

Après son festin avec Esther, le roi, ivre et épuisé, tituba jusqu'à son lit, à peine capable de garder les yeux ouverts. Cependant, dès qu'il fut allongé, il se trouva brusquement tout à fait éveillé, comme si quelqu'un essayait de le tirer de son sommeil. [Alchikh haKadoch]
C'était comme si quelqu'un le secouait d'avant en arrière, puis le soulevait et le laissait tomber plusieurs fois de suite. Il entendit une voix lui dire : "Ingrat! Ingrat! Lève-toi et dédommage ton bienfaiteur!"
Le roi, ne comprenant pas à quoi il était fait allusion, en fut fort troublé.

Le roi A'hachvéroch demanda donc à voir les archives, un livre citant toutes les dettes d'honneur du roi.
Lorsque la dette était payée, on faisait une marque dans ce livre et le paiement était enregistré dans els chroniques du palais. Tous le faits devraient donc être passés en revue avant qu'Esther ne fasse sa requête (dans la journée lors du 2e festin). [Yossef Léka'h]
[il a alors pu voir que Mordé'haï avait sauvé la vie du roi, en rapportant à Esther le complot de Bigtan et Térech qui étaient en train de vouloir tuer le roi par empoisonnement. Or, Mordé'haï n'a reçu aucune récompense cela.]

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-> "Le roi dit à Haman : Hâte-toi! Prends les vêtements et le cheval comme tu l'as dit et accomplis cela pour Mordé'haï, le juif" (Esther 6,10)

-> Le roi A'hachvéroch était prêt à accorder tous les honneurs à Mordé'haï en dépit de sa haine contre les juifs car celle-ci n'était pas le résultat d'un préjugé mais de la crainte de les voir se rebeller et lui prendre la couronne. Les astrologues royaux avaient prédit qu'un juif porterait la couronne royale ; A'hachvéroch ne savait pas que leur prédiction portait sur Darius, le fils né de son mariage avec Esther.

A présent, A'hachvéroch entrevoyait à ce moment une solution simple : que Mordé'haï porte sa couronne durant le défilé. Cela sera suffisant que soit réalisée la prophétie et il n'aurait désormais plus rien à craindre à ce sujet (ses astrologues lui ayant prédit qu'un juif porterait la couronne royale).
Par conséquent, lorsqu'Haman fit tout son possible pour empêcher le roi d'accorder cet honneur à Mordé'haï, le roi insista sans relâche.
[Yaarot Dvach]

-> "Haman prit les vêtements et le cheval et habilla Mordé'haï. Il le fit chevaucher dans la rue principale de la ville et annonça devant lui : "Ainsi sera fait à l'homme que le roi désire honorer"" (Esther 6,11)

-> Esther avait appris que Mordé'haï allait être conduit à travers la ville de Chouchan et honoré pour avoir sauvé la vie du roi. Elle donna l'ordre que tous les magasins soient fermés afin que le peuple puisse assister au défilé.
Lorsqu'Haman tenta de trouver un établissement de bain et un coiffeur, il n'en trouva pas d'ouverts.
En fin de compte, Haman n'eut pas d'autre choix que de faire chauffer de l'eau et de faire couler un bain pour Mordé'haï. [guémara Méguila 16a]
Selon le Maharacha, comme cela n'étant pas inclus dans l'ordre du roi, Haman peina encore davantage en le faisant. Mais il avait vu la colère du roi et craignait que le roi ne le soupçonne de désobéissance. Il dut donc donner un bain à Mordé'haï de ses propres mains.

Haman alla ensuite chercher un coiffeur pour lui faire couper les cheveux mais n'en trouva guère. Tous avaient fermé leur échoppe en attente du grand défilé. [guémara Méguila 16a]
Haman voulut appeler l'un de ses esclaves pour le faire mais Mordé'haï s'y opposa. Un autre qu'Haman pourrait lui faire du mal et dire que c'était un accident. Haman, lui, savait que le roi le surveillait.
Sans autre alternative, Haman rentra chez lui prendre ses ciseaux et son équipement. Il soupirait et gémissait en coupant les cheveux de Mordé'haï.
Mordé'haï demanda : "Pourquoi gémis-tu?"
Haman lui répondit : "Te rends-tu compte? Un homme comme moi! L'homme que le roi a promu au-dessus de tous les gouverneurs et qui dirige le royaume entier. Et je suis réduit à faire office de coiffeur! Est-ce cela qui arrive à l'homme que le roi désire honorer?"
Mordé'haï dit : "Tu parles comme si cela était une chose que tu n'as jamais faite. Je sais très bien que toi et ton père étiez coiffeurs et employés dans un établissement de bain à Circésium (dans le Talmud : Kartzoum). C'est pour cela que tu possèdes ces ciseaux et cet équipement".
Lorsqu'il eut terminé de raser Mordé'haï, Haman l'habilla des somptueux vêtements de cérémonie et plaça la couronne sur sa tête.

Mordé'haï enfourcha le cheval du roi et se mit à louer Hachem : « Je te louerai, D., car Tu m'as élevé et que Tu n'as pas laissé mes ennemis se réjouir à mes dépens" (Téhilim 30,2).
Il y avait 27 000 hommes portant des verres en or et des coussins qui défilèrent devant Mordé'haï en chantant : "Ainsi sera fait à l'homme que le roi désire honorer".
Tous les hommes juifs suivirent Mordé'haï, débordants de joie. Les femmes juives qui ne pouvaient quitter leur demeure regardaient le défilé par la fenêtre et chantaient aussi : "Ainsi sera fait à l'homme que le roi désire honorer".

Esther s'avança pour saluer Mordé'haï. Le voyant chevaucher le cheval du roi et porter ses vêtements, elle offrit des remerciements à Hachem. Elle dit à Mordé'haï : "C'est la réalisation du verset : '[D.] relève les indigents de la poussière ; des ordures Il élève les désespérés" (Téhilim 113,7). Grâce à ta toile de sac et à tes cendres, Dieu t'a élevé". [Targoum ; Manot haLévi]

Le défilé passa bientôt devant la maison d'Haman. La fille d'Haman regardait, elle aussi, par la fenêtre. Elle vit un homme mener le cheval, totalement humilié et brisé. L'homme assis sur le cheval doit être père tandis que Mordé'haï conduit son cheval. Quelle occasion rêvée d'humilier Mordé'haï!
Elle attendit que l'homme à pied se trouvât juste sous sa fenêtre. Accompagnant son geste d'une insulte, elle vida son pot de chambre sur sa tête, pensant qu'il s'agissait de Mordé'haï.
Le contenu répugnant du pot atterrit sur la tête d'Haman. Il leva les yeux pour voir qui avait osé lui faire pareille offense. A ce moment-là, la jeune fille reconnut son père. Pris de panique, elle tomba de la fenêtre et mourut sous l'effet de sa chute. [guémara Méduila 16a ; Yéfé Enayim]

-> "Haman fut poussé chez lui, désespéré et le visage couvert" (Esther 6,12)
Une odeur repoussante émanait d'Haman à cause des saletés qui le couraient et les gens le repoussaient loin d'eux.
Au-delà de son humiliation personnelle, Haman perdait sa fille préférée, celle qu'il aurait tant voulu qu'elle devînt reine et voilà le résultat.
Il avait si honte qu'il ne voulait être reconnu par personne.
En une matinée, il était tombé des plus hauts sommets aux plus profonds abîmes. [Yad haMélé'h]

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-> "Mordé'haï retourna à la Porte du Roi" (Esther 6,12)

-> Mordé'haï retourna au Sanhédrin qui s'était rassemblé à la Porte du Roi. Il ôta ses vêtements royaux et poursuivi son jeûne. Il revêtit une toile de sac, répandit des cendres sur sa tête et pria jusqu'au soir.
II demanda aussi à tous les juifs d'aller à la synagogue et de prier pour une intervention divine. [Maamar Mordé'haï]

En fait, Mordé'haï était très inquiet de l'honneur qui lui avait été accordé.
Il dit aux juifs assemblés : "J'espérais obtenir une audience avec le roi et lui demander de rétracter le décret. Mais à présent qu'il m'a récompensé pour lui avoir sauvé la vie, j'ai perdu toute possibilité d'action. Notre seul espoir est en D., à présent".
[ensuite dans la journée va se tenir le 2e festin d'Esther, avec une issue positive pour le juif b'h.]

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-> "Le roi A'hachvéroch donna à la rein Esther la maison d'Hamn ...le roi ôta sa bague, qu'il avait reprise à Haman, et la remit à Mordé'haï. Esther mit Mordé'haï à la tête de la maison d'Haman" (Esther 8,2)

-> Le premier ministre détenait la chevalière du roi. Jusqu'alors, D. fit qu'elle se trouvât dans la main d'Haman afin que les juifs aient peur et se repentent. Dès qu'ils se furent repentis, D. les prit en pitié. [Manot haLévi]
Le roi A'hachvéroch décida de nommer Mordé'haï premier ministre et lui donna la bague royale.
La reine Esther, en nomma Mordé'haï comme exécuteur de la propriété d'Haman.
Esther recommanda à Mordé'haï de distribuer la richesse d'Haman aux juifs en compensation du tort qu'il leur avait causé par ses décrets.
Dès lors que le roi avait donné à Mordé'haï sa chevalière, il se rangea à toutes les décisions de Mordé'haï vis-à-vis des biens d'Haman.

[en donnant une énorme richesse à Haman, nous seulement Hachem lui assurait une chute de plus haut, mais également Il préparait de grandes richesses à venir pour les juifs.]

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-> "Dans chaque pays et chaque ville où la parole et la loi du roi arrivait, il y avait joie et bonheur pour les juifs, un festin et un jour de fête. Un grand nombre des gens du peuple acceptèrent le judaïsme car la crainte des juifs était tombée sur eux" (Esther 8,17)

-> Le roi envoya des copies de l'édit de Mordekhaï à toutes les provinces reculées. Partout où le décret était lu, joie et bonheur régnaient chez les juifs. Ils comprirent que c'étaient eux qui devaient être prêts pour le jour fatidique et ils se réjouirent comme pour un jour de fête. [guémara Méguila 16b]

-> Les membres de l'aristocratie prirent si fortement le parti des juifs que c'était comme s'ils s'étaient convertis. [Manot haLévi]
Selon le Yad haMélé'h, de nombreux ennemis des juifs se déguisèrent en juifs tant leur crainte était grande.

De nombreux juifs ignorants avaient abandonné les commandements, pensant que, lorsque leur vie était en danger, ils pouvaient renoncer totalement à l'observance de la Torah. Cependant, lorsqu'ils virent Mordé'haï et ses disciples pratiquer ouvertement leur judaïsme aux plus hauts échelons du gouvernement, ils renouèrent leur lien au judaïsme. Pour beaucoup, c'était presque comme s'ils apprenaient une nouvelle religion.

[source : compilations personnelles issues du Méam Loez - Méguilat Esther ]

Les festins d’A’hachvéroch

+ Les festins d'A'hachvéroch :

-> A'hachvéroch n'ayant pas bien compté, il était rassuré que les juifs n'aient pas été délivrés et ramenés de Babylonie en terre d'Israël au bout de 70 ans, en accord avec la promesse d'Hachem.
Cependant, A'hachvéroch se rendait bien compte qu'il n'y aurait aucune garantie que la promesse de D. ne fût pas exécutée un jour ou l'autre. Ce n'était pas D. qui l'empêchait mais les juifs eux-mêmes. S'ils se repentaient, ils seraient délivrés aussitôt.

Haman conseilla au roi de donner un grand festin, d'utiliser les ustensiles du Temple et d'inviter tous les juifs à boire et à manger.
Ce festin d'A'hachvéroch allait célébrer un laps de 70 ans sans délivrance des juifs. Même s'ils ne mangeraient et ne buvaient pas, leur place n'était pas à ce festin. Leur participation indiquait qu'ils avaient abandonné tout espoir, ce qui, en soi allait empêcher leur délivrance.
Haman donna ce conseil à A'hachvéroch dans le but de dissiper ses craintes. [Zéra Béra'h - Tétsavé]

Selon midrach (Yalkout Chimoni), au cours des 3 premières années de son règne, A'hachvéroch ne mit pas la couronne sur sa tête ni ne s'assit sur son trône royal. Il ne se sentait pas en sécurité et appréhendait sans cesse une révolution (des juifs, voulant retourner en Israël).

Le verset (Esther 1,3) nous apprend que pendant la 3e année de son règne (soit en -366 avant l'ère vulgaire), il fit un grand festin qui durera 180 jours (Esther 1,4).

Parmi les autres raisons de ce festin, on peut citer : la fabrication de son trône à Chouchan fut achevée, la marine d'A'hachvéroch a vaincue et capturée une armée navale qui avait attaqué ses frontières, il a épousé Vachti en cette année, il voulait montrer sa richesse.

-> "Il (A'hachvéroch) leur montra la glorieuse richesse de son royaume et la majesté de son faste royal, pendant 180 jours" (ESther 1,4)
Chaque jour, A'hachvéroch apparaissait au festin revêtu des vêtements du Cohen Gadol que Névou'hadnezar avait rapportés de Jérusalem.
Telle était "la gloire" (kavod) et la "majesté" (tiféret) dont parle verset.
En effet, à propos des vêtements du Cohen Gadol, D. avait dit à Moché : "Tu feras des vêtements sacrés pour son frère Aharon en tant que gloire et que majesté" (Tétsavé 28,2).
[rabbi Elicha ben Gavriel Gallico - pérouch al Méguilat Esther]

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-> Le festin commença au mois de Nissan lorsque les journées commencent à s'allonger.
A'hachvéroch profita de la lumière du jour pour montrer ses richesses à loisir. Les longues journées d'été furent passées à festoyer.
Aucun jour ne ressemblait à l'autre. Les trésors exhibés étaient changés quotidiennement et aucun ne fut exposé plus d'une fois. Le menu du festin était chaque jour différent lui aussi ; le même plat ne fut jamais servi 2 fois.
Pour que cela dure pendant 6 mois, d'immenses ressources étaient nécessaires, ce qui mit au grand jour la puissance d'A'hachvéroch. [Maamar Mordé'haï]

A'hachvéroch était si riche que les 180 jours de festin ne lui furent pas plus difficiles à organiser qu'un festin d'un jour.
Les repas d'un seul jour de ce banquet auraient suffi pour 180 jours d'un autre festin. Son banquet entier de 180 jours équivalait donc à un festin habituel de180 fois 180 jours, c'est-à-dire 32 400 jours (soit plus de 88 ans). [Dena Pichra]

Certains commentateurs disent qu'A'hachvéroch divisa son banquet en 18 sessions de 10 jours (soit 180 jours) destinées, chacune, à différentes catégories d'invités. Au cours des 7 premiers jours de chaque session de 10 jours, il offrait à boire et à manger à ses hôtes et pendant les 3 derniers jours, il déployait sa fortune.
A chacune de ces 18 sessions, il invita les gouverneurs de 7 pays différents, si bien qu'au total, 126 pays participèrent à ce festin.
Le seul pays à ne pas y être représenté était la ville-état de Chouchan, sa capitale.

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+ Le festin de Chouchan :

-> "A la fin de cette période, le roi fit un festin pour tous les habitants de la capitale Chouchan, grands comme petits, pendant 7 jours, dans la cour du jardin du palais royal" (Esther 1,5)

A'hachvéroch dépensa autant d'argent pour ce festin de 7 jours qu'il en avait dépensé pour le banquet de 180 jours.
Ce festin pour les citoyens de Chouchan coïncidait avec les 10 jours de téchouva, et il allait prendre fin le jour de Yom Kippour. [Yaarot Dvach]
Durant ces jours, les juifs devaient particulièrement éviter de participer à un banquet de non-juifs.
Par conséquent, lorsque le roi lança ses invitations à ce banquet, aucun des dirigeants juifs n'étaient présents. Les menaçant de peines très sévères, le roi contraignit les juifs à revenir à Chouchan pour assister au banquet.
En tout 18 500 personnes s'y rendirent, et une fois présentes y prirent part. [midrach Yalkout Chimoni ; midrach Esther rabba 7,13]

Etant donné qu'A'hachvéroch voulait montrer aux citoyens de la capitale une considération particulière, il ne les fit pas asseoir là où il avait fait son festin de 180 jours. Il préféra les installer dans la cour du jardin du palais. C'était un jardin splendide, planté d'arbres rares et de fleurs parfumées, et décoré des plus beaux joyaux. [midrach Yalkout Chimoni]

-> A'hachvéroch fit un banquet qui flattait 4 des 5 sens : celui du goût, par la nourriture et la boisson ; le sens de la vue, par les belles tentures et les décorations (il y en avait tout autour attachées à des colonnes de marbre pour protéger les invités des éléments naturels extérieur - cf. Esther 1,6) ; le sens de l'odorat, par le parfum des arbres en fleur; le sens du toucher, par les belles couches mises à la disposition de chaque invité.

Le seul sens non éveillé était celui de l'ouïe.
Bien que le roi eût à sa disposition les musiciens les plus habiles, il ne fit pas jouer de musique à son banquet. En effet, les gens ont des goûts différents et ceux qui n'apprécient pas la musique ne peuvent éviter de l'entendre.
De plus, la musique peut conduire l'homme à un état spirituel très élevé. Elle peut même amener l'homme à un niveau où l'âme est prête à quitter son corps ; elle le fait pénétrer dans un monde mystique transcendant.
A'hachvéroch ayant précisément préparé le banquet pour faire transgresser aux juifs la Torah, cette élévation spirituelle était la dernière chose qu'il souhaitait. [Manot haLévi ; Alchikh haKadoch]

Dans le verset (Esther 1,6) décrivant cela, le mot 'hour, signifiant "blanc", la lettre 'het est écrite en grand. Sa guématria est de 8, allusion au fait qu'A'hachvéroch portait les 8 vêtements du Grand-Prêtre à son banquet. Pour cette faute, il fut puni par la rébellion de Vachti qui transforma son festin en cauchemar. [Manot haLévi]

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-> "On servait la boisson dans des verres d'or et chaque verre était différent, avec beaucoup de vin royal comme il est digne d'un roi" (Esther 1,7)

Selon Rachi : l'homme le plus simple se voyait servir du vin dans une coupe d'or. Chaque verre utilisé au banquet était de forme différente : nul n'était semblable à l'autre.
Selon le midrach : chaque fois qu'un homme buvait dans un verre, il avait le droit de le garder. A chaque fois qu'il était servi, il recevait un verre neuf.
On pourrait penser que, puisque les verres étaient offerts, les serveurs auraient ordre de ne pas les donner sans compter. Mais non, le verset affirme : "avec beaucoup de vin royal, comme cela est digne d'un roi".

Le Pirké déRabbi Eliézer (49) enseigne que les verres et les plats utilisés au festin venaient du Saint Temple. Comparé à ces magnifiques ustensiles, l'or le plus fin d'A'hachvéroch était semblable à du cuivre ou du plomb.
Pour avoir utilisé des ustensiles du Temple, A'hachvéroch méritait la mort comme son beau-père Belchazzar. Il fut sauvé parce qu'il était destiné à épouser Esther et à engendrer Darius II qui reconstruisit le Temple et en restituerait les ustensiles, mais son festin fut quand même gâché par l'incident de Vachti.

-> Selon le Imré Shéfer (Tétsavé), A'hachvéroch et Haman tentèrent, mais en vain, de faire boire aux juifs du vin non-juif. Le vin servi aux juifs avait été fabriqué par des juifs et leur était servi dans des pichets scellés. Etant donné que les verres étaient constamment changés, le risque qu'un juif bût du vin laissé par un non-juif était nul. Ce vin est appelé le "vin royal" ou "vin du royaume" parce que les juifs l'avaient donné en impôt au gouvernement.

La guémara (Méguila 7b) enseigne : "A pourim, un homme doit s'enivrer jusqu'à ce qu'il ne sache plus la différence entre 'maudit est Haman' et 'béni est Mordé'haï'".
=> Pourquoi un homme ivre devrait-il maudire Mordé'haï ou bénir Hamna?
Le Méam Loez explique que la principale excuse des juifs était d'avoir été ivres lorsqu'ils fautèrent au festin d'A'hachvéroch. C'est donc le vin qui leur valut d'être délivrés. Et pourtant, ils durent jeûner et se repentir pour s'être laissés aller à s'enivrer.
Après la délivrance des juifs, Mordé'haï et Esther firent statuer par le Sanhédrin que le jour de Pourim, les juifs se souviennent qu'ils avaient été sauvés en raison de leur ivresse. Ils devraient boire jusqu'à ne plus reconnaître la différence entre le motif d'Haman et celui de Mordé'haï pour ne pas vouloir que les juifs soient forcés à boire au festin d'A'hachvéroch. Lorsque l'on est à peine ivre, on oublie facilement ce point.

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-> Ni le Sanhédrin ni les autres sages juifs de Chouchan ne mangèrent au banquet, ils s'y dérobèrent en quittant la ville.
Toutefois, Mordé'haï ne put s'y soustraire car en tant que représentant juif, il était responsable du festin avec Haman. Bien qu'il fût présent durant tout le festin il ne mangea rien. [Pirké déRabbi Eliézer 49]

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+ Le festin de Vachti :

-> "La reine Vachti fit également un festin pour les femmes dansle palais royal du roi A'hachvéroch" (Esther 1,9)

-> A'hachvéroch fit son festin notamment pour célébrer son mariage avec Vachti.
Cette dernière fit également un festin semblable pour les épouses des gouverneurs et leurs dames de compagnie. Son festin était en tous points égal à celui d'A'hachvéroch.
A'hachvéroch espérait que les juifs fauteraient en consommant le repas et en compromettant leur vertu. Vachti tenta de faire commettre aux femmes juives les mêmes fautes.
[comme A'hachvéroch, Vachti déploya sa richesse devant les femmes rassemblées. Elle alla jusqu'à pénétrer dans la salle du festin en portant les vêtements du Cohen Gaol, comme son mari l'avait fait. [midrach Yalkout Chimoni]

Selon le Achikh haKadoch, Vachti agit ainsi par fierté. Elle estimait qu'A'hachvéroch n'était devenu roi que grâce à son mariage avec elle, la fille du célèbre Belchazzar, et qu'il était semblable à Cyrus qui hérita le royaume de son beau-père Darius I. Elle pensait qu'elle aurait dû être couronnée en tant que régente mais que, puisque ce rang n'était pas accordé aux femmes, A'hachvéroch avait été nommé roi à sa place. Elle n'accordait pas plus de respect à A'hachvéroch que s'il avait été le concierge de son père.
La réalité était bien différente. A'hachvéroch hérita du trône de son père Cyrus, roi de Médie et de Perse. Après l'assassinat de Belchazzar,Vachti n'était plus qu'une simple orpheline. Si Darius n'avait pas eu pitié d'elle, elle aurait été tuée avec le reste de sa famille. C'était une étrangère qui ne devint reine que par son mariage avec A'hachvéroch.

Vachti désirait donc que son festin soit en tous points semblable à celui de son mari. Elle ne voulait pas lui être redevable en quoi que ce soit. Elle désirait montrer que c'était elle qui était réellement de sang royal.

Pour préserver les apparences, certains commentaires (ex: Manot haLévi) pensent que les femmes étaient assises sur un patio ouvert à l'intérieur d'un du palais de façon à ce que les hommes puissent les voir et les désirer. Vachti souhaitait effectivement montrer ses charmes aux hommes présents mais en fut empêchée pour les raisons que nous verrons bientôt.

Selon le Michkénot Yaakov, l'un des principaux motifs de Vachti était de faire fauter les juifs afin qu'ils ne soient plus dignes de reconstruire le Temple que son grand-père, Nevou'hadnezar, avait détruit.
D. la punit pour cela et la fit faire exécuter. Après sa mort, ce fut justement Esther qui prit sa place et son fils, Darius II, qui fit reconstruire le Temple (voir Ezra 5).

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-> Le premier jour du festin, Modé'haï et le Sanhédrin se rassemblèrent. Ils jeûnèrent pendant 6 jours, de dimanche à vendredi. Toute cette semaine, ils prièrent que D. n'anéantisse pas Israël.
Le 7e jour, Shabbath, leur prière fut agréée.
Hachem fit en sorte que cet épisode (Esther 1,11), où A'hachvéroch convoqua Vachti, se produisit un jour de Shabbath pour montrer que le Shabbath protège les juifs.
L'exécution de Vachti, qui marqua le début de leur délivrance, eut lieu un Shabbath.

Le Manot haLévi rapporte que bien que les juifs eussent participé au festin toute la semaine, ils restèrent tous chez eux le Shabbath de peur de profaner par inadvertance ce jour saint. C'est par ce mérite qu'ils furent sauvés.

-> Hachem provoqua la chute de Vachti le jour de Shabbath pour lui donner une punition appropriée.
Vachti avait l'habitude de convoquer des jeunes filles juives qu'elle faisait travailler nues à son service le Shabbath.
Vachti voulait que les juifs transgressent ce jour saint car son observance donne au peuple juif beaucoup de bienfaits. [Yaarot Dvach]
De plus, le Shabbath rapproche leur délivrance. Vachti tenta donc de toutes ses forces de faire oublier le Shabbath aux Juifs afin qu'ils n'aient plus espoir en la guéoula et la reconstruction du Temple.
Elle savait très bien que, lorsque les juifs l'observent, aucune nation du monde n'a de pouvoir sur eux. En le leur faisant transgresser, elle espérait consolider leur soumission envers elle et son mari.

Vachti fit un effort particulier pour inciter les femmes juives à fauter car elle savait qu'une femme peut exercer une grande influence sur son mari. Si les femmes devenaient immorales, les hommes ne tarderaient pas à les suivre.

Il y avait une raison supplémentaire à la chute de Vachti ce jour-là.
Comme le 7e jour du festin coïncidait avec Yom Kippour, ce jour où selon nos Sages (Yoma 20a) le Satan n'a pas le pouvoir d'accuser les juifs.
C'est un jour que le juif passe à jeûner et à prier à la synagogue. Par conséquent, en ce jour-là, la délivrance des juifs commença par la chute de Vachti.
Par le 2e festin (après celui de 180 jours), A'hachvéroch espérait faire fauter les Juifs en neutralisant leur sens moral. Il passa chaque jour de longs moments à élaborer des plans dans ce but.
Le 7e jour, Yom Kippour, les juifs quittèrent le festin pour prier dans les synagogues. N'ayant rien faire, A'hachvéroch conçut une nouvelle idée. Il fit appeler Vachti et lui dit : "Toute cette semaine, nous avons usé la résistance des juifs. A présent, ils sont prêts à renoncer à leur vertu mais ils ont honte. A nous de faire tomber leurs inhibitions! Je veux que tu te promènes dénudée parmi les invités.
Lorsque les courtisans te verront, ils feront de même et leurs femmes les suivront. Quoi que nous fassions, les femmes juives se promèneront nues aves hommes. Ensuite, nous pourrons laisser les choses suivre leur cours. Ils fauteront tant que que nous pourrons dormir tranquilles.
Le Temple ne sera jamais reconstruit et ils ne seront jamais délivrés de l'exil." [Michkénot Yaakov]

-> Vachti sur le point d'aller rejoindre le festin des hommes pour se présenter nue, elle jeta un dernier coup d'œil à son miroir, et elle vit qu'une éruption répugnante lui couvrait le corps. Sur son dos avait poussé une grande excroissance de sa peau qui ressemblait presque à une queue.
C'était là une punition divine pour sa fierté. [Manot haLévi]

-> Vachti fut brûlée vive. [Ibn Ezra]
Le roi A'hachvéroch ne haïssait pas Vachti pour ce qu'elle avait fait ; il la fit mettre à mort impulsivement sur le conseil d'Haman. Désormais, A'hachvéroch garda à l'extérieur de lui une haine profonde envers Haman pour lui avoir conseillé de tuer sa femme.
Au lieu de punir Haman ouvertement, le roi le traita comme son meilleur ami et l'éleva au plus haut rang du royaume, dans l'intention de l'élever suffisamment pour que sa chute fût d'autant plus rude.

[source : compilations personnelles issues du Méam Loez - Méguilat Esther]

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[ -> Plus nous prenons conscience de la grandeur du royaume d'A'hachvéroch, qui s'illustre par son incroyable richesse comme en témoigne ces festins totalement fous, alors plus nous pouvons prendre conscience de la grandeur du miracle de Pourim.
Et donc d'à quel point Hachem peut tout, à quel point Il veille sur nous et nous aime! En ce rappelant cela, la fête ne peut être que totale à Pourim! ]

"Dès que le mois d'Adar débute, on augmente la joie (marbim béSim'ha) " (guémara Taanit 29a)

En entrant dans le mois d'Adar, nous devons augmenter notre joie à un niveau remarquable.
Le mot "béSim'ha" (avec joie) a la même valeur numérique que "shana" (année), impliquant que nous bénéficierons l'année toute entière de la joie que nous avons pu atteindre pendant ce mois.
[le Ohév Israël - le rabbi d'Apta]

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[nos Sages nous demandent d'augmenter notre joie pendant le mois d'Adar (même en nous forçant un peu), car par cet investissement nous illuminerons de joie l'année à venir! ]

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-> Nos Sages nous enseignent : "Dès que le mois de Adar débute, on multiplie les manifestations de joie" (guémara Taanit 29a)
Durant ce mois, on devra principalement écarter de son cœur toute inquiétude et tristesse. [rav Chlomo Zalman Auerbach]
On devra étudier et prier avec joie, faire des choses qui nous mettrons de bonne humeur. On s’efforcera aussi de sourire, ... [rav Nathan Meïr Wachtfogel - Lékét Réchimot]

-> Nous trouvons dans les écrits de l’un des Richonim (Mikhtam), qu’il faut également réjouir les nécessiteux, c’est-à-dire en distrayant les personnes tristes et en multipliant les actes de charité envers les pauvres : tel est le sens profond de "marbim béSim'ha" = "multiplier les actes de joies" vis-à-vis des autres.
Nos Sages écrivent qu’en ce mois, le Mazal d’Israël est plus élevé et plus fort. C’est pourquoi ils nous conseillent si nous avons un procès avec un non-juif durant les mois précédents, de le reporter au mois de Adar [Maguen Avraham 686,5]

Shabbath Zakhor

+ Shabbath Zakhor :

-> Le Shabbath précédant Pourim, c'est une mitsva d'y lire la paracha Zakhor (passage de Ki Tétsé 25,17-19).

-> Le Shabbat Za'hor se distingue par la mitsva propre à ce jour qui consiste à effacer le nom et le souvenir d'Amalek en acceptant sur soi le joug de la Torah et l'accomplissement des mitsvot.

-> Le Beit Aharon (Pourim 67) écrit à ce sujet :
"Tout ce que chaque juif fait, doit être accompli avec l'intention d'effacer le souvenir d'Amalek, et lorsqu'il veillera à cela, je suis certain que, très rapidement, il verra ses épreuves se résoudre".

-> Rabbi Tsadok de Lublin (Divré Sofrim 29) écrit :
"Il m’a été transmis que, lors de la lecture de la paracha Zakhor, au moment où l’on proclame à l'encontre d'Amalek : "tim'hé (efface - תמחה), une profusion de fertilité est suscitée d'office, en contrepartie, du côté de la sainteté".

Le rav Elimélé'h Biderman commente :
Cela peut s’expliquer à l’aide de l'enseignement de la guémara (Méguila 6a) sur le verset de Yé'hézkiel (26,2) : "Je comblerai la ruine" : "Si celle-ci est pleine, celle-ci sera détruite, et si c'est l'autre qui est pleine, c'est celle-ci qui sera détruite".
Cela signifie qu'il ne peut se produire que Yaakov et Essav soient, tous les deux, ensemble, au sommet de la réussite ; lorsque l'un monte, c'est que forcément l'autre descend.

=> C'est pourquoi, lorsque l'on mentionne l'effacement d'Amalek pendant ce Shabbat, et que l'on demande de diminuer et d'éradiquer complètement son souvenir, il en découle nécessairement que la descendance de Yaakov se multiplie en nombre, et que tous méritent de donner naissance à des garçons assidus dans l'étude de la Torah et dans l'accomplissement des mitsvot.

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2018/03/05/effacer-amalek-de-nos-jours

"Il nous est ordonné de lire la Méguilat [Esther] en son temps afin de rappeler les louanges d'Hachem et les délivrances qu'Il a accomplies pour nous lorsqu'Il était proche de nous, afin de Le bénir, de Le louer et de faire savoir aux générations futures que ce que la Torah nous a promis est vrai (lorsqu'elle écrit) : "Qui est un grand peuple dont le D. est proche de lui" (Vaét'hanan 4,7)."
[Rambam - Introduction à son Yad ha'Hazaka]

"Haman raconta à sa femme Zérech et à ses amis tout ce qui lui était advenu ; et ses sages et sa femme Zérech lui dirent : "S’il est de la race des juifs, ce Morde'haï devant qui tu as commencé à tomber, tu ne pourras l’emporter sur lui ; au contraire, tu t’écrouleras entièrement" (Méguilat Esther 6,13)

-> Le Ben Ich 'Haï (Adéret Eliyahou - Michpatim) explique :
[ le calendrier juif est lunaire, il contient 354 jours. Le calendrier solaire contient 365 jours. La Torah a appelé Pessa’h la fête du printemps, on apprend de là qu’il faut rajouter un mois de temps en temps (7 fois tous les 19 ans) pour rééquilibrer la position des mois lunaires avec les mois solaires. On appelle ça une année Méoubéret (enceinte) car on lui rajoute un 2e mois de Adar, ce processus s’appelle le Ibour (grossesse) de l’année. Avant l’exil, on fixait le Ibour durant le 1er mois d’Adar, maintenant le calendrier est fixé jusqu’à la venue de Machia’h]

La guémara (Sanhédrin 12b) dit : On ne fait de Ibour que sur le mois de Adar. C’est-à-dire que si on a besoin de rajouter un mois à une année pour ne pas se laisser distancer par le calendrier lunaire, on le fera uniquement à la fin du mois de Adar, avant le mois de Nissan en rajoutant un 2e mois de Adar, et pas un autre mois à un autre moment.
Une des raisons est que ce mois de Adar est propice à la guéoula, comme on l’a vu avec l’histoire de Pourim. C’est pour ça que c’est le mois de prédilection si on a un jugement avec des non-juifs (goyim), car ce mois le Mazal d’Israel se renforce. Cependant la guéoula de Pourim dépendait de la Téchouva des Bné Israel, comme toute guéoula de toute souffrance passée ou présente.
=> Donc, si ce mois est si important pour que grâce à notre Téchouva durant ce mois nous méritions la guéoula, dans le cas ou nous avons besoin de dédoubler un mois du calendrier, autant que ce soit celui-là, afin d’obtenir une 2e chance de faire Téchouva comme il faut, et par là d’obtenir la guéoula.

"Alors ‘Harbona, un des eunuques, dit devant le roi : "Ne voilà-t-il pas que la potence, préparée par Haman pour Morde'haï, qui a parlé pour le salut du roi, se dresse dans la maison d’Haman, haute de cinquante coudées! Qu’on l’y pende!" s’écria le roi" (Méguilat Esther 7,9)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Dans le "Targoum Chéni" est amené un calcul et l’ordre précis de Haman et de ses fils sur la potence. Il en ressort que Haman était encore sur la potence quand on a pendu ses fils. Or Haman a été pendu le 16 Nissan et ses fils le 14 Adar suivant soit 11 mois plus tard.
=> Pourquoi le corps de Haman est resté si longtemps exposé à la potence?

La raison est que les premières lettres avec le décret d’extermination sont sorties avec le tampon royal et authentifiées, elles ont été diffusée dans tout le royaume. Quand les 2e lettres sont parties, avec le contre-ordre, les gens se sont permis de douter que le tampon royal et l’authentification était une imposture de Morde'haï et ne reflétaient pas la volonté du roi A’hachvérosh. Il fut donc décidé de laisser Haman pendu jusqu’au 13 Adar, jour de l’extermination prévue pour que tout le monde sache que les premières lettres étaient nulles et non avenues.
Et enfin le 14 Adar ses fils l’ont rejoint et la victoire fut totale.

La force d’Amalek réside dans le découragement des juifs

+ La force d’Amalek réside dans le découragement des juifs :

-> "Il [Amalek] te rencontra en chemin, démembra tous les gens affaiblis sur tes arrières" (Ki Tétsé 25,18)
Rachi commente : "Ils manquaient de force à cause de leur péché, ceux que la nuée avait rejetés."
[le rav Soloveitchik dit que Amalek ne craignait pas D., mais uniquement les hommes, et c'est pour cela qu'il s'en ait pris à ceux qui étaient affaiblis et qui trainaient à l'arrière, las et épuisés, presque incapables de se défendre.]

-> Le Yichma’h Israël (Parachat Zakhor 3) explique qu’Amalek rappelait à ces juifs qui s’étaient souillés par leur impureté, qu’ils ne pouvaient plus réparer leurs actes.
C’est à ce propos, dit-il, qu’il est écrit : "Il démembra tous les gens affaiblis sur tes arrières" ... comme il est enseigné dans le Pirké dé Rabbi Eliézer (chap.48) : "Celui qui avait besoin de se tremper pour se purifier [suite à une faute], la nuée le rejetait."
Or, il fut facile de faire ressentir à ces personnes déjà fragiles de la tristesse et de les réduire à néant en les poussant au désespoir ... Car elles s'imaginèrent que tout espoir était perdu, qu'elles avaient même égaré leur âme et l’étincelle Divine qui était en eux ...
Les Bné Israël durent alors se renforcer, en répondant à Amalek qu'une étincelle Divine unique et particulière résidait en eux qui ne s'éteindrait jamais.

Le Yichma’h Israël explique ensuite que là se trouve précisément le travail de tout juif concernant cette mitsva d’effacer le nom d’Amalek = ancrer en lui-même le fait qu’il ne sombrera jamais définitivement et que Hachem tend Sa main à chaque juif quel qu’il soit, l’accepte à bras ouverts et le ramène à Lui comme si rien ne s’était passé.

Nos Sages (guémara Méguila 12a) commentent le verset de la Méguilat Esther (1,8) : "laassot kirtson ich vé ich" (pour satisfaire la volonté de chaque homme - לעשות כרצון איש ואיש) en disant que l’expression : "ich vé ich" (littérallement : chaque homme et homme) évoque Morde'haï qualifié de "un homme juif" (ich Yéhoudi - Esther 2,5) et Haman au sujet duquel il est écrit "un homme oppresseur et ennemi" (ich tsar véoyév - Esther 7,6).
A priori on peut se demander pourquoi le premier mot : ich (איש) est associé à Morde'haï et le second "vé ich" (et homme - ואיש) est associé à Haman? Et pourquoi pas le contraire?

Une réponse qui peut être donnée est que les lettres du mot ואיש sont les mêmes que celles du mot יאוש (yéouch - le désespoir), car celui-ci caractérise les nations réchaïm. Il est donc associé
à Haman, puisque Amalek n’aspire qu’à faire tomber le juif dans le désespoir.
En revanche, le mot איש est l’acrostiche de la phrase : "én choum yéouch" (le désespoir n’existe pas - אין שום יאוש).
C’est pourquoi il est associé à Morde'haï qui ne désespéra jamais de la miséricorde Divine même lorsque le décret fut signé et fermé par le sceau royal.

=> Ce point marque la différence entre Israël et les nations.
Combattre Amalek, c'est combattre toute forme d'abattement, de désespoir, qui s'installe en nous.

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-> Le Rama (Méhir Yain) explique quelle était l’intention de Zérech lorsqu’elle incita son mari Haman à ériger une potence de 50 coudées.
Il écrit que : 50 portes de sagesse ont été créées dans le monde, et même Moché n’atteignit pas la 50e (guémara Roch Hachana 21b).
La potence de 50 coudées évoque le fait qu’Haman désirait inciter Morde'haï à vouloir toutes les atteindre. Et voyant qu’il n’y parviendrait pas, ce dernier en perdrait ses moyens et il serait dès lors facile de le faire fauter et de le vaincre.

Pour ce qui nous concerne, cela signifie que telle est la voie du yétser ara et d'Amalek : faire croire à l’homme qu’il peut prendre de bonnes résolutions au-delà de ses possibilités, afin qu’il ne puisse s’y tenir et qu’il finisse ainsi par tomber entièrement.
Quelle est, en revanche, la voie juste à adopter?
Il faut prendre sur soi petit à petit de bonnes résolutions et avancer pas à pas suivant les possibilités.
C’est de cette manière que les progrès pourront se maintenir.

-> "D. considéra tout ce qu’Il avait fait et voici que c’était très bien" (Béréchit 1,31)
Le midrach (Béréchit Rabba 9, 7) commente : "Bien = cela évoque le yétser atov ; très bien = le yétser ara."

Rabbi Yissa'har Dov de Belz interroge : en quoi l’expression "très bien" (tov méod) suggère-t-elle le yétser ara?

Il répond que c'est parce que celui qui ne vise que le "très bien" et qui pense "commencer à travailler uniquement s'il arrive au sommet de la montagne", alors il sert son yétser ara, car de telles pensées ont de quoi décourager le monde entier.
Le mauvais penchant lui suggère dans le même temps jour après jour : "De toutes façons, tu n'atteindras pas le sommet. Dès lors, à quoi bon commencer, ne fût-ce qu'un peu, à avancer ?"

Et de fait, on s’aperçoit que lorsque ces personnes qui désirent grimper très haut jusqu’au niveau le plus élevé n’atteignent pas leur but et n’obtiennent pas de satisfaction du peu qu’elles ont accompli, elles sont entièrement brisées.
Elles ne retirent aucune joie de leur spiritualité et lorsqu’elles ne remplissent pas toutes leurs aspirations, plus rien n’a de valeur à leurs yeux.
Mais il faut savoir que de telles pensées sont le fruit du yétser ara qui cherche à les faire tomber au plus profond de l’abîme.
D’où le commentaire de nos Sages : ''Très bien'', c’est le yétser ara.

Certes, il est nécessaire d’aspirer à progresser sans arrêt, mais il est nécessaire dans le même temps de se réjouir du plus petit progrès comme du plus grand en sachant que le moindre petit acte accompli en l’honneur d’Hachem a une importance immense à ses yeux.

[rapporté par le rav Elimélé'h Biderman]

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-> b'h, voir également : Amalek, le yétser ara, profite de nos moments où l'on manque de tranquilité d'esprit pour bien nous faire chuter : http://todahm.com/2022/01/17/35613

Pourim – l’importance d’être toujours dans la joie

+ Pourim - l'importance d'être toujours dans la joie :

-> Esther a invité A'hachvéroch et Haman à son festin, et son but était de plaider pour les juifs.
Mais au cours de sa 1ere réception, Esther n'a rien demandé, si ce n'est qu'ils reviennent pour un autre repas festif le lendemain.

=> Pourquoi n'est-elle pas intervenu dès la 1ere fois, qui semblait pourtant un moment idéal puisque : "Au cours du festin, le roi dit à Esther : "Formule ta demande, et elle te sera accordée ; dis ce que tu souhaites : quand ce serait la moitié du royaume, tu l'obtiendrais"." (Esther 5,6).
Y avait-il un meilleur moment que cela?

La réponse se trouve dans la suite du texte : "Ce jour-là Haman se retira, joyeux et le cœur content" (Esther 5,9).
Esther savait qu'elle ne pouvait pas entraîner la chute d'Haman si celui-ci était joyeux, et c'est pourquoi elle a tout repoussé au lendemain.

Le lendemain, il est écrit : " Haman gagna précipitamment sa maison, accablé de tristesse et la tête basse" (Esther 6,12).
C'est pourquoi Esther a rapporté à A'hachvéroch les mauvais plans d'Haman, et Haman a été pendu ce jour là.

-> Par la suite, la guémara aborde tous les honneurs que Mordé'haï a reçu d'Haman.
Haman menait Mordé'haï dans les rue de Shoushan, et criait devant lui : "Voici ce qui doit être fait à celui que le roi désire honorer".
Mordé'haï était vêtu d'habits de roi, et était sur un cheval royal.

Le Tiféret Shlomo enseigne : "[Lorsque Haman a mené Mordé'haï dans les rues] les gens chantaient et dansaient devant lui.
Tout cela avait pour but de rendre Mordé'haï joyeux.
Immédiatement après cela, le peuple juif a été sauvé et un miracle merveilleux a eu lieu".

=> Le moment de la délivrance était arrivé, mais il manquait un ingrédient indispensable pour que cela arrive : la joie.
[rav Elimélé'h Biderman]

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-> Le Noam Elimélé'h (Vaéra) écrit :
"Lorsqu'on est joyeux et qu'il n'y a pas de tristesse, les forces du mal (klipot) tombent et le côté de la sainteté s'élève.
Moché voulait soumettre la force du mal (klipa), qu'était Pharaon, en faisant que les juifs soient joyeux au sujet de la délivrance à venir. Mais ils ne voulaient pas être joyeux ...
C'est pourquoi, Moché a dit : "Les Bné Israël ne m'écoutent pas, alors comment Pharaon va-t-il m'écouter? Comment pourrais-je soumettre les forces du mal [s'il ne sont pas joyeux]?""

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-> "Mordé’haï ayant eu connaissance de tout ce qui s’était passé [il vient d’avoir conscience des plans d'Haman], déchira ses vêtements, se couvrit d’un cilice et de cendres et parcourut la ville en poussant des cris véhéments et amers" (Esther 4,1)
En réaction à cela, Esther : "la reine en fut toute bouleversée. Elle envoya des vêtements pour les mettre à Mordé'haï, en enlevant son cilice ; mais il ne les accepta point." (Esther 4,4)

=> Pourquoi a-t-elle envoyé des vêtements à Mordé'haï? Est-ce qu'elle pensait qu'il n'avait rien à se mettre?

Le Tiféret Shlomo répond que Mordé'haï et Esther étaient en train de débattre sur la façon dont ils pouvaient annuler le terrible décret d'Haman.
Mordé'haï a décidé de prendre le chemin des pleurs et du deuil, car cela éveillerait la compassion d'Hachem.
Esther était d'avis qu'ils pouvaient accomplir beaucoup plus par le fait d'être joyeux.
En ce sens, elle envoya des vêtements à Mordé'haï pour lui signifier qu'elle pensait qu'il ne prenait pas le bon chemin.

Le Tiféret Shlomo écrit que Mordé'haï savait également que la joie était essentielle pour la délivrance du peuple juif, mais il pensait qu'il ne fallait pas commencer par la joie.
Tout d'abord il faut prier, pleurer et crier à Hachem, et seulement ensuite la délivrance viendra par la joie.

-> D'une façon similaire, le 'Hatam Sofer explique que Mordé'haï et Esther étaient en train de débattre : est-ce que pour annuler les décrets d'Haman il fallait des larmes et des prières ou bien de la joie?

Mordé'haï était vêtu d'un sac, car il voulait annuler le décret par un cœur brisé et de chaudes larmes.
Esther lui a envoyé des habits car elle voulait annuler le décret par le biais de la joie.
Le 'Hatam Sofer ajoute que c'est la raison pour laquelle Esther a organisé des festins : elle voulait annuler les terribles décrets par la joie.

Le 'Hatam Sofer conclut que c'est l'approche d'Esther qui était la plus juste, et c'est pourquoi la délivrance est venue grâce à son approche.

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-> La guémara (Méguila 16a) écrit : "Haman a pris des vêtements royaux et un cheval royal et il est allé [chez Mordé'haï]. Lorsque Mordé'haï a vu Haman approcher avec le cheval, il a eu peur ...
Mordé'haï s'est levé et il a commencé à prier.
Haman est arrivé, il s'est assis, et il a attendu jusqu'à ce que Mordé'haï ait fini de prier", et alors Haman a mené Mordé'haï dans les rues de Shouchan avec un honneur extrême."

=> Le Ben Ich 'Haî (Ben Yéhoyada) demande : Pourquoi Haman a-t-il attendu que Mordé'haï termine de prier? Pourquoi ne lui a-t-il pas dit immédiatement qu'il est venu pour l'honorer?

Le Ben Ich 'Haï répond :
"Haman savait que Mordé'haï priait avec de la tristesse, et Haman savait que de telles prières ne sont pas aussi efficaces [que des prières faites dans la joie].
Haman a pensé : "Si j'interromps sa prière, il va prier de nouveau, et après avoir entendu la bonne nouvelle [que Haman devait l'honorer], il va prier avec une joie immense, et alors il est probable que ses prières seront exaucées".
Haman a donc préféré que Mordé'haï prie dans la tristesse, et c'est pourquoi il a patiemment attendu que Mordé'haï finisse de prier.

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On peut citer par exemple :
-> "Grâce à ta joie, ta prière entrera dans le Palais du Roi" (Rabbi Na’hman de Breslev – Séfer haMidot – Téfila 70) ;
-> "On peut accéder à davantage de choses par le biais d’une prière dans la joie que d’une prière dite en pleurant" (Rabbi Sim’ha Bounim de Peshischa) ;
-> Le Baal Chem Tov affirme que la joie est un degré plus élevé que les pleurs, car ces derniers déchirent les cieux tandis que la joie fait tomber toutes les cloisons.

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-> "Si une personne est heureuse simplement parce qu'elle est juive, alors je garantis que rien de mal lui arrivera, ni spirituellement ni matériellement"
[rabbi de Karlin]

[le Zohar dit : "La joie principale sur laquelle l’homme doit se réjouir, c’est la joie d’être un juif".
En ce sens, si nous le ressentons réellement, alors aucune contrariété de la vie ne peut nous retirer notre joie constante : je suis juif (ve)! Cela est une protection énorme contre toute mauvaise chose!]

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-> Le Gaon de Vilna (Michlé 18,14) dit que : "avec sa joie, on peut mettre un terme à une maladie" (בשמחתו יבטלנו).

-> Le Beit Israël enseigne que : celui qui est joyeux et de bonne humeur [de façon cashère], sera nettoyé de toutes ses pensées impures.

A l'inverse, le Baal haTanya écrit que les pensées de avoda zara (idolâtrie) entre dans le cœur de celui qui est triste.

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-> Le 'Hazon Ich dit que l'on peut vivre notre vie aussi bien dans le sourire ou bien dans la tristesse. A nous de choisir de la vivre dans la joie.
[il y aura toujours des raisons pour s'apitoyer, se plaindre, et il y aura toujours des raisons pour se satisfaire, se réjouir de sa situation.
A force d'attendre la perfection avant d'être heureux, notre vie passe et nous ne le sommes pas vraiment.
Etre joyeux, c'est reconnaître que tout vient avec précision de D. et que c'est le top du top de ce qu'il nous faut!]

De même, rabbi Zalman Brizel enseigne : "Si tu peux être joyeux pourquoi devrais-tu être à l'opposé".

En effet, bien souvent le fait d'être joyeux est une décision personnelle.
Par exemple, s'il y a un problème : est-ce que je peux le résoudre?
- si oui = donc pourquoi s'inquiéter puisqu'il va disparaître.
- si non = donc pourquoi s'inquiéter, ça n'aidera en rien!