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"Ses frères partirent faire paître le troupeau de leur père à Chékhem" (Vayéchev 37,12)

-> Le verset déclare : "Ayez confiance en Hachem et faites le bien ; habitez le pays en cultivant votre émouna" (Téhilim 37,3).
Le Beit Avraham de Slonim cite le rabbi de Lechovitcher qui explique que tout comme le bétail grandit et s'épanouit s'il paît chaque jour sur une bonne terre, de même pour qu'un juif s'épanouisse dans la émouna, il doit y travailler chaque jour.

C'est dans cet esprit qu'il explique les mots du verset "pour faire paître le troupeau de leur père". Le mot "bi'Chékhem" (בִּשְׁכֶם) peut être un acronyme pour "barou'h chem kévod mal'houto".
Il s'agit d'une allusion au fait que le bétail de Yaakov représentait toutes les âmes des juifs qui naîtraient à l'avenir.
En les gardant et en les emmenant paître, les tribus (Shévatim) inculquaient à ces âmes la émouna.

Yaakov dit à Yossef : "Va donc voir comment se portent tes frères et comment se porte le bétail, et rapporte-moi des nouvelles", c'est-à-dire de voir comment chacune des âmes (néchamot) des juifs à venir se portaient et de s'assurer qu'on prenait soin d'eux, à la fois spirituellement et matériellement.

Les tsadikim doivent faire face aux difficultés

+ Les tsadikim doivent faire face aux difficultés :

"Yaakov s'installa dans le pays du séjour de son père, dans le pays de Canaan" (Vayéchev 37,1)

-> Rachi cite le midrach (Béréchit rabba 84,3) qui dit que Yaakov désirait vivre dans la sérénité.
Hachem dit : "Ce que j'ai préparé pour les tsadikim dans le monde à Venir (olam aba) n'est-il pas suffisant? Souhaitent-ils eux aussi vivre dans la sérénité dans le monde?"

-> Le séfer Tséma'h David pose la question suivante : Qu'y a-t-il de mal à ce que les tsadikim souhaitent vivre en paix? N'avons-nous pas constaté qu'Hachem promet la sérénité à ceux qui accomplissent les mitsvot à de nombreuses reprises (par exemple dans Bé'houkotaï 26,6 : "Et je donnerai la paix au pays")?

Il répond que la voie des vrais tsadikim est de servir Hachem avec un amour extrême. Leur amour pour Hachem est si grand qu'il enveloppe tout leur corps et qu'ils deviennent si enthousiastes qu'ils sont sur le point de voir leur âme quitter leur corps. Ils annulent littéralement tout leur être à Hachem et mettent leur vie en jeu pour Le servir.

En raison du grand amour d'Hachem pour eux, Il les force à perdre momentanément de vue leur amour total pour lui, afin qu'ils puissent rester parmi les vivants. Il leur envoie des difficultés terrestres qu'ils sont obligés de gérer, afin qu'ils n'atteignent pas le point de quitter ce monde à la suite de leur avodat Hachem enthousiaste.

Cette explication est en accord avec les mots du rabbi d'Apta, qui demande pourquoi Hachem a créé ce monde de telle sorte que les tsadikim doivent faire face à des problèmes en permanence.
Par exemple, pendant une grande partie de la journée, des gens viennent les voir pour leur parler de leurs problèmes de santé, de subsistance, de shiddou'him, ...
Ne serait-il pas préférable que les tsadikim puissent étudier et servir Hachem en toute tranquillité toute la journée?

Le rabbi d'Apta répond que parce qu'Hachem aime tellement les tsadikim, Il désire les entendre. Il veut qu'ils prient pour Lui, et il leur envoie donc des raisons de le faire constamment.
Il ajoute que les tsadikim servent Hachem avec un tel feu et une telle passion qu'ils risquent d'être brûlés et de cesser d'exister dans ce monde. C'est pourquoi Hachem a pitié d'eux et leur envoie des gens avec leurs problèmes. Cela les oblige à redescendre quelque peu de leur niveau élevé afin de traiter ces questions.

En conséquence, Rachi dit que Yaakov aimait tellement Hachem qu'il voulait Le servir toute la journée. Il ne voulait pas être occupé par des soucis et des problèmes.
Cependant, Hachem ne voulait pas qu'il en vienne à cesser d'exister à cause de sa passion ardente. C'est pourquoi Il envoya les difficultés de Yossef.
Il a dit qu'Il ne voulait pas seulement que Yaakov Le serve paisiblement dans le monde à Venir. Il voulait aussi qu'il Le serve dans ce monde. C'est pourquoi il a décidé de ne pas lui permettre de Le servir jusqu'à ce qu'il ait atteint le degré d'auto-annulation (comme cessant d'exister dans ce monde), et il a abaissé son niveau quelque peu en le forçant à se concentrer sur d'autres choses.

[ nos tsadikim peuvent tellement être lié au Ciel (comme déjà entièrement dans le monde à Venir), qu'ils peuvent en arriver à cesser d'être dans ce monde. En ce sens, Hachem peut leur envoyer des difficultés à gérer (sur eux, ou en autrui), afin qu'ils aient les pieds sur terre, et se tournent vers Lui en prières et en avodat Hachem. ]

 Et il [Yossef] dit : "Je cherche mes frères (ét a'haï ano'hi mévakech)" (Vayéchev 37,16)

-> Le rabbi de Kretchnif (cité dans Gilyon divré Torah) explique ce verset en citant les paroles du rabbi de Ruzhin sur les mots que Yaakov dit à ses fils : "Rassemblez-vous et je vous raconterai ce qui vous arrivera à la fin des jours" (Vayé'hi 49,1).
Le rabbi de Ruzhin explique qu'il leur faisait allusion au fait qu'à la fin des jours, au cours de la génération précédant immédiatement l'arrivée du machia'h, le peuple juif sera confronté à de nombreux problèmes et difficultés.
Dans de telles circonstances, il sera très difficile de conserver sa émouna. Le seul moyen d'y parvenir sera de s'unir et de se rapprocher de nos frères et sœurs.
Ainsi, Yaakov disait que ce n'est qu'en nous réunissant que nous serons capables de surmonter ce qui arrivera à la fin des jours.

Le mot "a'haï" (mes frères) symbolise la chaleur (comme dans Yirmiyahou 36,22 - aha'h léfanav méovarét - devant lui il y avait un brasier [un foyer de chaleur] allumé).
Ce mot représente également l'unité et l'amour fraternel (une affection chaleureuse entre les juifs).
"Je cherche mes frères" = en conséquence, Yossef disait qu'il recherchait la chaleur dans la avodat Hachem, qui ne peut être trouvée que par l'unité (a'hdout) et en forgeant des liens avec d'autres juifs.

Celui qui ne révise pas oubliera ce qu’il a étudié

+++ Celui qui ne révise pas oubliera ce qu'il a étudié :

"Le maître échanson ne se souvint pas de Yossef, et il l'oublia" (Vayéchev 40,23)

-> Le séfer Likouté Maharam Shick dit que ce verset fait allusion à l'importance de réviser son étude.
La Torah est comparée au vin et au lait (ex : "dvach vé'halav ta'hat léchoné'h" - Chir haChirim 4:11).
Le "maître échanson" fait donc référence à la Torah.

Le verset dit que si l'on ne fait pas des efforts pour pouvoir se souvenir de ce que l'on a étudié, et que l'on est plutôt "Yossef", c'est-à-dire que l'on essaie d'y ajouter quelque chose (léhossif) [sans prendre le temps de revoir ce que l'on a pu étudier], alors on oubliera ce que l'on a étudié.
Mais si l'on révise, on se souviendra de ce que l'on a étudié.

Le Maharam Shick lui-même était réputé pour son énorme 'hazara (répéter ce qu'il a appris).
Il revoyait ce qu'il avait étudié des centaines de fois. Mais lorsqu'il était vieux, il disait : "Si j'avais su quand j'étais jeune à quel point la 'hazara est importante, j'aurais étudié moins de choses et j'aurais révisé plus!"

Différencier un conseil du yétser hatov et du yétser ara

+ Différencier un conseil du yétser hatov et du yétser ara :

"Et ce fut, comme elle parlait à Yossef tous les jours, et il ne l'écoutait" (Vayéchev 39,10)

-> Nos Sages disent que la femme de Potiphar pensait qu'elle faisait une bonne chose. Elle avait vu dans les étoiles qu'elle aurait une descendance grâce à Yossef, et par conséquent, elle pensait qu'elle agissait léchem chamayim, et qu'elle accomplissait la volonté d'Hachem (d'une manière désintéresée).

Le 'Hidouché haRim cite le rav Barou'h de Mézhibouzh qui déclare que Yossef était certainement au courant de cela aussi, et qu'il aurait pu se convaincre lui-même que c'était la bonne chose à faire.
Cela faisait partie de son épreuve. Il aurait pu penser que c'était son yétser tov qui essayait de le convaincre de faire cet acte.

C'est pourquoi le verset dit qu'elle lui parlait "tous les jours" (yom yom). Du fait qu'elle ne se relâchait pas et essayait de faire pression sur lui chaque jour, il comprit que c'était le yétser ara qui était derrière cette séduction, et il ne l'écouta pas.
Il savait que la voie du yétser tov consiste à essayer une fois de convaincre une personne de faire la bonne chose, et qu'elle lui permet ensuite de prendre sa décision, mais le yétser ara ne se relâche pas et essaie constamment de persuader une personne de commettre une faute.

Il le reconnut et dit : "C'est le manteau de mon fils ; une bête sauvage l'a dévoré, Yossef a été déchiqueté" (Vayéchev 37,33)

-> Rachi commente : "Les frères de Yossef ont lancé une interdiction, maudissant quiconque révélerait que Yossef était vivant, et ils ont même fait d'Hachem un associé de l'interdiction".

=> Comment les frères ont-ils pu interdire à Hachem de révéler leur vente de Yossef?
La réponse est que les frères n'ont pas réellement tenté d'imposer un interdit à Hachem. Ils ont plutôt inclus Hachem dans le quorum de 10 qui est nécessaire pour la mise en œuvre d'un interdit. [midrach Tan'houma - Vayéchev]
Réouven n'était pas présent à ce moment-là, et sans lui, les frères n'étaient que neuf. Hachem est omniprésent, et en tant que tel, Sa présence peut être prise en compte dans le quorum.
Le midrach (Pirké déRabbi Eliézer 38) l'explique clairement : "Les frères firent remarquer que Réouven n'était pas là et qu'une interdiction ne pouvait être mise en œuvre avec moins de 10 personnes. Que firent-ils? Ils ont inclus le Makom avec eux". Le midrach se réfère à Hachem en tant que
"Makom", le lieu, parce qu'Il est omniprésent.

Bien qu'Hachem ait été inclus dans le quorum, permettant aux frères de mettre en œuvre l'interdiction, cela ne garantissait pas qu'Hachem ne révélerait pas que Yossef était vivant. Après tout, leur interdiction n'était contraignante que pour la chair et le sang, et non pour Hachem.
Néanmoins, Hachem choisit de respecter l'interdiction, comme le relate le midrach (Tan'houma 2) : " Hachem s'est tu à cause de l'interdiction, et Il ne l'a pas révélé [le secret de la vie de Yossef] à Yaakov".
Bien qu'Hachem ait choisi de ne pas révéler la vente de Yossef à Yaakov, Il l'a révélée à Its'hak et à Binyamin. Après tout, l'interdiction ne portait que sur la vente de Yossef à Yaakov, mais pas à d'autres.
Its'hak et Binyamin n'ont pas révélé l'affaire à Yaakov, parce qu'ils ont compris intuitivement que la volonté d'Hachem était que Yaakov n'en soit pas informé.
[d'après le Maharal - Gour Aryé Vayéchev 37,35]

Trouver grâce auprès d’Hachem et autrui

+ Bénéficier de la faveur d'Hachem :

"Hachem était avec Yossef, Il lui attira la bienveillance et Il lui fit trouver grâce aux yeux du chef de la prison" (Vayéchev 39,21)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch explique qu'Hachem est la source de tous les plaisirs et de toutes les faveurs. Tout ce qui concerne Hachem est agréable et plaisant.
Si Hachem choisit de faire reposer Sa Ché'hina sur une personne, alors tout le monde appréciera la compagnie de cette personne parce qu'ils apprécient la Présence d'Hachem qui réside sur cette personne.
Il n'y a pas de don spécial de "faveur", dès que la Ché'hina d'Hachem repose sur une personne, le résultat automatique est qu'elle trouve grâce aux yeux des gens qui apprécient la Présence d'Hachem parmi eux.

-> Le 'Hafets 'Haïm affirme qu'avoir de bonnes midot est la clé de l'attachement avec Hachem.
Pour qu'une personne se connecte avec Hachem, elle doit imiter les midot d'Hachem, qui sont purement d'aider et de donner aux autres.
Les bonnes midot transforment une personne en un récipient capable d'accepter la sainteté de la Ché'hina d'Hachem. Le résultat naturel est que, béni par la présence d'Hachem, il trouvera grâce aux yeux de tous ceux qui le verront.

-> Ceci explique le v erset : "Hachem accorde sa faveur aux humbles" (Michlé 3,34).
L'humilité est la racine de tous les bonnes midot, et plus que toute autre chose, elle permet à une personne d'obtenir la faveur.
À l'inverse, une personne orgueilleuse est décrite comme une abomination pour Hachem (Michlé 16,5) et Hachem dit à propos d'une telle personne : "Elle et moi ne pouvons pas résider ensemble dans le monde" (Sotah 5a).
De plus, nos Sages disent que même la famille d'une personne orgueilleuse déteste sa présence. Il est à l'opposé d'une personne humble qui, grâce à ses bonnes midot, mérite d'être aimée de tous.

Ce concept explique également pourquoi l'étude de la Torah est une raison de gagner la faveur des autres. [voir le Gaon de Vilna sur Michlé 3,18]
En effet, l'étude de la Torah est la plus grande connexion possible avec Hachem, ce qui a pour conséquence naturelle que les autres apprécient la compagnie de cette personne en raison de la Ché'hina qui repose sur elle en vertu de son étude de la Torah.

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+ Trouver grâce aux yeux d'Hachem :

-> Bien que la Torah atteste que Noa'h était un tsadik, la guémara (Sanhédrin 108a) nous apprend qu'il était à l'origine inclus dans le décret d'anéantissement avec le reste de l'humanité dans le Déluge (Maboul). Cependant, il a été épargné parce qu'il "a trouvé grâce aux yeux d'Hachem".

-> La guémara ne mentionne pas ce qu'il a fait pour trouver grâce aux yeux d'Hachem. Cependant, le Séfer 'Harédim (66:75) révèle le secret.
La racine du mot Noa'h (נח), signifie "agréable" ou "calme". Telle était l'essence de Noa'h : il était agréable dans ses paroles et ses actions, et traitant les autres avec un degré remarquable d'amabilité et d'attention.
Le Séfer 'Harédim conclut que quelqu'un qui veut trouver grâce aux yeux d'Hachem doit faire de même.

-> Ceci est en accord avec Rabbénou Yona qui écrit (sur Michlé 3,4) que quelqu'un qui a des midot tovot trouvera grâce aux yeux d'Hachem.
L'histoire de Noa'h nous apprend qu'un tsadik peut être sauvé d'une condamnation à mort grâce à son excellence dans ses relations avec autrui (ben adam la'havéro).

-> Il faut ajouter que Rabbénou Yona et le Gaon de Vilna (sur Michlé 3,4) écrivent tous deux que la récompense pour l'accomplissement du 'hessed est de trouver grâce aux yeux d'Hachem.
Nos Sages nous parlent du 'hessed exceptionnel que Noa'h a accompli avec tous les animaux dans l'Arche pour l'année du Déluge. Il n'est pas étonnant que Noa'h, avec son comportement agréable et son 'hessed incessant, ait mérité la plus élevée des récompenses : la faveur et la grâce aux yeux d'Hachem, qui conduisent à la protection et au succès, même dans les pires moments.

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-> La prière de quelqu'un qui fait du 'hessed sera certainement et immédiatement exaucée.
Une telle personne, qui trouve grâce aux yeux d'Hachem et sur qui Hachem veut répandre toutes Ses bénédictions, a la garantie que si elle a besoin d'aide, elle peut compter sur Hachem pour lui donner rapidement tout ce qu'elle désire, en récompense du fait qu'elle est devenue un véritable baal 'hessed, marchant dans les voies d'Hachem.
['Hafets 'Haïm - Ahavat 'Hessed - pt.2, ch.6 - citant un midrach au nom de Rabbi Akiva ]

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+ Trouver grâce aux yeux d'autrui :

-> De la même manière, une personne peut trouver grâce aux yeux des autres.
Le verset de la Méguilat Esther (2,16) nous dit qu'Esther, l'héroïne de l'histoire de Pourim, a trouvé grâce aux yeux de tous ceux qu'elle a rencontrés.
Quel était son secret qui lui permettait d'être aimée de tous?

Le Méam Loez (sur Esther 2,16) explique :
"Esther aimait tous les gens comme s'ils étaient de son propre pays. Elle les aimait tellement que c'était comme si elle avait grandi dans leur maison. Même si elle était la reine, elle a agi avec une extrême humilité et leur a parlé comme si elle n'était pas la reine.
Elle s'informait du bien-être de chacun et se montrait amicale avec tous. Lorsque les gens voyaient son caractère exemplaire, elle trouvait grâce à leurs yeux".

-> Il est intéressant de noter que l'autre héros de l'histoire de Pourim, Mordé'hai, possédait également un caractère incroyablement attentionné. Le Méam Loez (sur Esther 2,16) écrit qu'il s'est élevé à la grandeur "parce qu'il aimait chaque juif et partageait leurs difficultés".
Lorsqu'Esther fut emmenée vivre dans le palais d'A'hachvéroch, Mordé'hai craignait qu'elle ne se sente seule et abandonnée. C'est pourquoi, pendant 5 années consécutives, il se rendit chaque jour au palais pour lui rendre visite, l'encourager et lui montrer qu'elle n'était pas seule.

Le dévouement de Mordé'haï au bien-être émotionnel d'Esther lui a permis de mériter d'être à l'origine du miracle de Pourim. En effet, la Méguilat Esther (10,3) se termine par les mots "Mordekhaï ... était grand parmi les juifs, recherchait le bien de son peuple et se préoccupait de toute sa postérité".
Le Gaon de Vilna explique qu'il s'agit d'une référence à la perfection dans les bonnes midot. Mordé'haï a reçu l'accolade de "grand parmi les juifs" parce qu'il a atteint la grandeur dans le midot et dans ses relations avec autrui (ben adam la'havéro).

Yossef épousa finalement Potifar

"Elle (Potifar) le saisit par son vêtement" (Vayéchev 39,12)

-> Rabbi Shlomo Kluger écrit concernant l'épreuve de Yossef :
"Elle le saisit par son vêtement" (Vayéchev 39,12) = c'est-à-dire qu'elle lui saisit le vêtement au bout duquel il y avait des tsitsit. Or, tant que Yossef portait ses tsitsit, elle ne pouvait pas avoir d'emprise sur lui car les 4 coins de son vêtement le rappelaient à l'ordre constamment et c'est le sens de la suite du verset : "Il abandonna son vêtement dans sa main, s'enfuit et sortit dehors".
En effet, tant qu'il portait ses tsitsit, il n'était pas contraint de fuir car la mitsva le protégeait.
Par contre, une fois ses tsitsit enlevés, Yossef sut qu'il ne pourrait plus tenir devant l'épreuve et c'est pourquoi il prit la fuite.

-> La guémara (Ména'hot 44a) nous enseigne :
"Rabbi Natan explique qu'il existe une mitsva dont la récompense n'est pas donnée dans ce monde ici-bas et dont on ignore sa récompense dans le monde futur.
On raconte l'histoire d'un homme très pieux qui était très méticuleux dans l'accomplissement de la mitsva des tsitsit.
Un jour cet homme fut durement éprouvé par une femme non-juive. Juste avant de succomber à son mauvais penchant, il reçut une aide providentielle : ses quatre 1sitsit lui fouettèrent le visage. Il se ressaisit avec vigueur. La femme lui demanda quelle était la raison de son refus.
Il répondit : "Hachem notre D. nous a ordonné de réaliser la mitsva de porter des tsitsit, au sujet de laquelle il est écrit à 2 reprises : "Je suis Hachem votre D." (Chéla'h Lé'ha 15,41). Une première fois, pour nous avertir qu'à l'avenir, nous devrons Lui rendre des comptes et une seconde fois pour nous annoncer qu'à l'avenir, Il nous paiera notre récompense.
A présent, j'ai 4 témoins qui me sont apparus!" [Il s'agit des quatre tsitsit qui lui sont apparus pour lui rappeler que s'il fautait, il devrait rendre des comptes devant Hachem]

La femme fut subjuguée par la sainteté de cet homme et elle lui dit : "Je ne te laisserai pas partir tant que tu ne me révèles pas ton nom, celui de ta ville, de ton Rav et du bet hamidrach dans lequel tu étudies la Torah!"
Il inscrit ces informations sur un papier et lui remit dans la main. Elle se leva et divisa sa richesse en trois : un tiers pour la royauté, un tiers pour les pauvres et un tiers quelle prit avec elle.
Elle se rendit au bet hamidrach de Rabbi 'Hiya et raconta au Sage toute l'histoire qui s'était passée avec son élève. Elle lui expliqua qu'elle désirait ardemment se convertir. Rabbi 'Hiya comprit que sa démarche était sincère et au nom du Ciel. Il organisa leur mariage selon la loi de Moché et d'Israël.
Il déclara à son élève : "Pour avoir refusé de t'unir dans l'interdit, tu bénéficies aujourd'hui de cette union en toute légitimité. Voici ta récompense dans ce monde ici-bas. En ce qui concerne ta récompense dans le monde à Venir, l'œil ne peut la voir"."

-> Rabbi Natan Shapira écrit que les Sages du Talmud voulurent nous enseigner à travers cette histoire que la mitsva des tsitsit est une ségoula particulièrement efficace pour protéger l'homme de ses envies corporelles, comme il est écrit : "Vous le ferez, et vous n'irez pas d'après vos cœurs et d'après vos yeux à cause desquels vous vous prostituez" (Chéla'h Lé'ha 15,39).
Les tsitsit aident l'homme à accomplir toute la Torah mais le protègent également contre ses pulsions qui l'entraînent à commettre des transgressions.

-> Le Arizal (séfer haLikoutim - Vayéchev) nous dévoile que cet élève qui fut fouetté par ses tsitsit et qui fut préservé de la faute n'était autre que la réincarnation de Yossef Hatsadik.
Tandis que cette femme non juive était le guilgoul de la femme de Potifar.

-> Il est expliqué dans le midrach (Béréchit rabba 85,2), au sujet de la femme de Potifar, que son intention était dirigée au Nom du Ciel : "Rabbi Yéhochoua ben Lévi enseigne qu'elle vit dans les astres qu'elle aurait une descendance avec Yossef, mais elle ne sut pas réellement si elle proviendrait d'elle ou de sa fille."
Finalement, Yossef se maria avec sa fille adoptive Osnat et de cette union naquirent Ménaché et Efraïm.

Hachem organisa la destinée de telle manière que la femme de Potifar se réincarna en cette femme non juive qui mit la réincarnation (guilgoul) de Yossef à l'épreuve.
Cette fois-ci, il réussit à faire face à son épreuve et à son mauvais penchant grâce au mérite des tsitsit qui ne le quittèrent pas.
Quant à elle, son intention initiale ayant été léchem chamayim, elle fut réincarnée en cette convertie et épousa le guilgoul de Yossef.
Elle vit effectivement dans les astres qu'un jour elle aurait une descendance avec Yossef et c'est le sod (secret) de la fin du passage talmudique que nous avons rapporté: "Pour avoir refusé de t'unir dans l'interdit" = durant l'épreuve de ta réincarnation précédente en Yossef "tu bénéficies aujourd'hui de cette union en toute légitimité" (guémara Ména'hot 44a).

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On peut citer :

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chmirat haLachon) écrit :
"D'après le sens simple de la Torah, nous pouvons déduire que le fait de regarder ses tsitsit développe le zèle dans les commandements d'Hachem. Ils nous préservent d'aller d'après nos yeux. Puisqu'il en est ainsi, il est bon de les regarder plusieurs fois par jour et particulièrement lorsqu'il nous vient à l'esprit une mauvaise pensée ou toute sorte de colère, il sera très bon de les regarder. Alors le mauvais penchant diminuera."

-> Le Bné Yissa'har (Réguel Yéchara) enseigne : "Celui qui est dominé par le mauvais œil, que D. nous en préserve, doit regarder ses tsitsit."

-> Le 'Hida (Dvach Léfi) écrit au nom du Arizal : "Les tsitsit protègent du mauvais œil et des forces de touma (impureté)."

-> La source de ces enseignements se trouve dans le Zohar (Chéla'h Lé'ha 163b) : "L'homme qui se vêtit d'un tsitsit. le mauvais penchant n'a pas la capacité de lui nuire avec le mauvais œil."

"Il les vit qu'ils étaient attristés" (Vayéchev 40,6)

-> Cela faisait déjà dix années que Yossef séjournait en prison, où la vie était très pénible pour lui. Sans compter la souffrance atroce d'avoir été arraché de sa famille. Et voilà qu'un matin, à peine avait il jeté un regard sur ces 2 compagnons de cellule, il avait déjà constaté qu'ils étaient plus triste que d'habitude.
On peut bien-sûr imaginer qu'ils étaient habitués à se sentir démoralisés car ils étaient eux-aussi en prison. Et malgré tout, Yossef constata un léger changement par rapport à l'habitude, ils étaient un peu plus accablés que d'ordinaire. Et Yossef, malgré ses souffrances et épreuves personnelles, il avait tout de suite constaté cette baisse d'humeur. Et chercha de suite à les aider.

Le rabbi de Loubavitch apprend de là l'importance de porter un intérêt à son prochain. Il s'agit tout d'abord d'être capable de remarquer sa joie, sa peine, sa contrariété, sa gêne ... Puis de chercher à l'aider pour le sortir de sa détresse. Et ce, même si on se trouve déjà soi-même dans une situation difficile, comme ce fut le cas pour Yossef.

Porter un intérêt à son prochain est très apprécié d'Hachem et Il le récompense grandement pour cette attitude. Comme on a pu constater que suite à cet intérêt que Yossef porta à ses compagnons de cellule, les événements se sont enchaînés pour déboucher finalement sur le fait que Yossef se retrouva à interpréter les rêves de Pharaon et, de ce fait, fut promulgué vice roi d'Egypte.
Pour s'être intéressé à son entourage, la récompense finit par venir et il mérita que les choses tournent en sa faveur à un niveau inimaginable. Toute sa réussite finale n'a été possible que parce qu'au début, il a su porter de l'intérêt à son prochain, malgré sa détresse personnelle.
Cela montre bien que le fait d'aider son prochain et lui porter de l'intérêt malgré ses propres soucis, est une attitude très appréciée d'Hachem et qui a la force d'éveiller la Bonté Divine et d'attirer Ses Bénédictions, pour nous libérer de nos problèmes au delà de ce que nous pourrions imaginer.

La libération de Yossef, lorsqu'on le tira de sa geôle et qu'on le nomma vice-roi, ne fut rendu possible que parce qu'il s'enquit du bien-être moral du maître-échanson et du maître-panetier et leur demanda : "Pourquoi vos visages sont-ils tristes aujourd'hui?", afin de leur donner du courage.
Cela pour nous enseigner qu'un mot de bienveillance possède la force de sauver sa propre vie et celle des autres et de mériter d'accéder au trône.
[d'après nos Sages]

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+ Vayéchev : le salaire inimaginable d'un petit acte de bonté :

-> Vers la fin de la paracha, Yossef se trouve dans une situation désespérée, après 10 ans de prison ferme, sans libération en perspective. À ce moment, un épisode prend place, au cours duquel il est appelé à interpréter les rêves des ministres de Pharaon. C’est le début de son élévation soudaine au poste de vice-roi sur toute l’Égypte.

Le verset marquant le point de départ dans ce renversement de la situation de Yossef peut facilement passer inaperçu : après leurs rêves respectifs, les 2 ministres étaient bouleversés, car ils n’en comprenaient pas le sens. En voyant leur mine défaite, Yossef demanda : "Pourquoi semblez-vous abattus aujourd’hui?" (Vayéchev 40,7).

Cette question apparemment sans importance, entraîna l’interprétation des rêves puis la libération de Yossef et son ascension fulgurante au pouvoir.
=> Ainsi, si Yossef ne leur avait pas demandé la raison de leur désarroi, ils ne se seraient probablement jamais confiés à lui et cette formidable opportunité de liberté aurait été manquée.

Ce petite preuve de prévenance de la part de Yossef peut paraître insignifiante, mais elle est en réalité remarquable, vue la situation dans laquelle il se trouvait à ce moment-là : il avait vécu dans des conditions épouvantables pendant 10 ans, sans espoir réel de libération. Il aurait été compréhensible qu’il soit complètement absorbé par sa propre situation et ne remarque pas l’expression du visage des personnes qui l’entouraient.
Qui plus est, il avait pour tâche de servir les 2 ministres qui étaient des personnalités importantes en Egypte ; ceux-ci le considéraient certainement comme un subalterne et ne lui prêtaient absolument aucune attention.
Pourtant, il mit ces éléments de côté et se soucia de leurs visages déprimés.

Nous sommes tentés de vivre notre vie, absorbés par nos propres soucis, au point de ne pas remarquer les besoins des autres. L’un des moyens de devenir un véritable baal ‘hessed est de passer outre nos intérêts personnels et d’être attentif au monde qui nous entoure. Parfois, cela demande de faire des concessions, et de mettre notre bien-être de côté, en faveur de celui des autres.

L’exemple le plus remarquable se trouve un peu plus tôt, dans la paracha, lorsque Tamar est emmenée au bûcher. Elle avait toutes les chances d’avoir la vie sauve en révélant que les objets qu’elle détenait appartenaient à Yéhouda.
Néanmoins, elle se soucia davantage de la gêne que cela aurait causé à Yéhouda si elle l’avait fait et garda donc le silence (Vayéchev 38,25).
La guemara (Baba Metsia 58b) déduit de cet incident qu’il vaut mieux se laisser mourir plutôt que de mettre quelqu’un dans l’embarras.
Rabbénou Yona (commentaire sur Pirké Avot 3,15) et Tossefot (guémara Sotah 10b) affirment que telle est la halakha (loi juive)! Cela nous enseigne que nous avons parfois l’obligation de donner priorité aux sentiments d’autrui plutôt qu’aux nôtres.

Les guedolim (grandes figures en Torah) incarnent parfaitement cette capacité à réduire à néant leurs propres besoins, tout en se concentrant sur ceux des autres.

Par exemple, le rav Moché Feinstein fut conduit en voiture par un étudiant de sa yéchiva. Alors qu’il entrait dans le véhicule, celui-ci ferma la porte sur les doigts du rav, qui resta malgré tout silencieux, comme si rien ne s’était passé. Un spectateur abasourdi lui demanda pourquoi il n’avait pas hurlé de douleur. Le rav répondit que le jeune homme aurait certainement été très gêné de lui avoir fait mal ; rav Moché se contint et garda le silence.
[le rav préféra ignorer ses propres sentiments pour éviter de la peine à son frère juif! ]

Ce n’est pas seulement dans les moments difficiles que nous devons prêter attention à autrui.
Le rav Aharon Kotler alla dire aurevoir à son beau-père, le rav Isser Zalman Meltser, en compagnie de son fils, le rav Shnéor avant de quitter la terre d'Israël pour le mariage de celui-ci. Le rav Isser Zalman s’arrêta au milieu des escaliers en les raccompagnant, au lieu de les escorter jusqu’à l’extérieur de la maison.
Ils lui en demandèrent la raison et il expliqua : "Plusieurs de mes voisins ont des petits-enfants qui furent tués par les nazis. Comment puis-je sortir et enlacer mon petit-fils, affichant ma joie en public, alors que ces gens ne peuvent en faire autant!"

=> Ces démonstrations exceptionnelles d’altruisme peuvent être source d’inspiration pour nous.
Souvent, nous pouvons dominer notre égocentrisme et prendre conscience de ce dont l’autre a besoin.
Lorsque nous marchons dans la rue, nous avons tendance à être plongés dans nos pensées, mais il vaudrait la peine de prêter attention aux personnes qui nous entourent ; il se peut que quelqu’un porte une lourde charge [morale] et aimerait qu’on lui prête main-forte.

Parfois, bien que ne ressentant ni joie, ni tristesse particulière, nous avons tendance à rester dans notre "petit monde" ...
Or, nombreux sont les actes de prévenance pouvant illuminer la vie des gens.
Nous apprenons de Yossef qu’il est impossible de savoir quelles seront les conséquences d’une bonne action.
L'Alter de Slabodka disait que l’on ne peut pas non plus imaginer le salaire que nous recevrons pour un petit acte de 'hessed (bonté).

[compilation personnelle issue du rav Yehonatan Geffen]