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"Je suis Hachem ton D. Qui t'ai fait sortir d'Egypte" (Yitro 20,2)

-> Le mot אנכי (ano'hi - Je suis), a la même valeur numérique que כסא (kissé - le Trône), soit de 81. Car lorsque Hachem descendit sur le mont Sinaï pour donner la Torah, Il y installa également Son Trône de Gloire. Le prophète Yé'hezkel (10,14) parle de 4 anges, représentés par des formes d'animaux, portant le char céleste, où se trouve le Trône de Gloire. Ces 4 figures représentent : un lion, un aigle, un chérubin, et un homme dont nos Sages disent qu'il a la forme de Yaakov, notre ancêtre.
Ainsi, ces 4 formes se disent en hébreu : אריה נשר כרוב יעקב , qui forment justement les initiales du même mot אנכי (Je suis). Néanmoins, dans un autre passage de Yé'hezkel, il est fait état de la forme du taureau à la place du chérubin. Nos Sages nous apprennent qu'en fait au départ, cette forme représentait un taureau, mais Yé'hezkel pria et la transforma en chérubin (ange en forme d'enfant). En effet, le taureau (géniteur du veau) représente une accusation pour Israël qui a commis la faute du veau d'or. Afin que ces différents anges représentés par ces animaux, puissent plaider en faveur d'Israël, Yé'hezkel la fit remplacer par un chérubin.

Ainsi, le premier commandement affirme : "Je suis (אנכי) Hachem ton D.", faisant cas du chérubin (כרוב) à travers les initiales. Quant à la question de savoir pourquoi ce changement, alors qu'au départ il y avait plutôt la forme du taureau à la place, la réponse apparaît dans le 2e commandement : "Tu n'auras pas d'autres dieu devant Moi".
Et comme les juifs transgressèrent ce commandement en prenant l'image du taureau (à travers le veau) pour divinité, c'est pourquoi, par mesure de défense pour Israël, le taureau fut remplacé par un chérubin.
[d'après un midrach]

"Des ministres de mille (alafim - אלפים), de cent (méot - מאות), de cinquante ('hamichim - חמישים) et de dix (assarot - עשרות)" (Yitro 18,21)

-> Ces 4 catégories de juges sont qualifiées par la Torah et désignées : אלפים מאות חמישים עשרות . Or nos Sages enseignent que tant que la justice est rendue ici-bas, elle ne l'est pas en-haut. C'est à dire que rendre justice ici-bas par un système juridique honnête et loyal a la force d'adoucir la Rigueur Divine. Aussi, ce système proposé par Yitro celui d'installer ces différentes catégories de juges avait la force de calmer la rigueur Divine.
Ainsi, on pourra constater que les initiales des 4 types de Juges constituent les mêmes (dans le désordre) que les 4 catégories de rigueur mentionnées dans le verset : "Il est Miséricordieux, Il pardonnera la faute, Il ne détruira pas et abonde à calmer Sa Colère et n'éveille pas toute Sa Fureur", faisant appelle à 4 expressions de rigueur עון משחית אף חמה car elles viennent les adoucir.

De plus, quand la rigueur est adoucie dans le monde ici-bas, cela permet de révéler l'Unicité Divine, car Sa Bonté et Sa Miséricorde apparaissent. Or, le verset de l'Unicité est : "Ecoute (שמע) Israël, Hachem est notre D., Hachem est Un (אחד)". Si on prend le premier mot et le dernier mot, שמע אחד , on remarquera que les lettres centrales de ces mots מע אח constituent encore les initiales des différentes catégories de juges.
Cette réparation est aussi obtenue par les sacrifices offerts à Hachem, dont les 4 principaux מנחה עולה אשם חטאת (libation, holocauste, délictif et expiatoire) forment de nouveau les mêmes initiales.
[Zer Zahav]

"Le son du Shofar allait redoublant d’intensité; Moché parlait et D. lui répondait" (Yitro 19,19)

-> Rachi commente : "Habituellement, lorsqu’un homme sonne de la trompette, le son va s’affaiblissant avec le temps. Ici, il ‘allait se renforçant beaucoup’. Et pourquoi cela? Pour que l’oreille reste accoutumée à entendre ce qu’elle a l’habitude de comprendre".

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch émet l’hypothèse que Moché parlait pour exprimer la louange de D. et que D. lui répondait par le son du Shofar, pour lui, montrer qu’Il agréait ses paroles.

-> L’évènement du Mont Sinaï est rappelé dans le 'houmach Dévarim en ces termes : "Ces paroles, Hachem les adressa à toute votre assemblée sur la montagne, du milieu des feux, des nuées et de la brume, d’une voix puissante (le son du Shofar), sans y rien ajouter" (Vaét'hanan 5,18).
Le Targoum Onkelos traduit les mots "sans y rien ajouter" (vélo yassaf)" (concernant la voix du Shofar) par : "Elle ne s’arrêta pas".
Ainsi, le Keren David enseigne-t-il que notre verset : "Le son du Shofar allait redoublant d’intensité", signifie que le Son divin ne s’est pas interrompu, et au contraire, il redouble d’intensité de génération en génération.
De plus, le verset poursuit et explique comment s’opère cette intensification : "Moché parlera" = l’érudit qui s’appelle en fait Moché dira des 'hidouchim (commentaires innovants) de Torah quand arrivera leurs moments d’être divulgués, et cette divulgation constitue le son du Shofar divin du Don de la Torah, dont les paroles ont été transmises secrètement à Moché et seront dévoilées au fur et à mesure des générations.

-> Le Séfer haDrach véaIyoun explique : "Il est écrit littéralement : ‘Moché parlera et D. lui répondra par une voix.’ N’aurait-il pas dû être écrit : ‘Moché parlait et D. lui répondait’, au passé? Il en ressort que le son du Shofar qu’on entendit au Mont Sinaï proclama que, désormais, pour toutes les générations, lorsque "Moché parlera", c’est-à-dire lorsque le dirigeant de chaque génération dira quelque chose, il faut savoir que "D. lui répondra par une Voix" = la Voix de D. donnera son approbation aux paroles du Grand Maître de la génération.

-> Enfin, remarquons qu’il n’est pas dit "le Shofar", mais "la voix du Shofar", ce qui signifie, d’après l’explication du Zohar, le "message du Shofar". Or, ce message n’est autre que celui de la Liberté, étant donné que le nom "Shofar" ne réapparaît qu’une seule fois dans la Torah, et ce à propos de la proclamation de la liberté pour les esclaves et pour les terres, comme il est dit : "Tu feras circuler le retentissement du Shofar, dans le 7e mois, le 10e jour du mois : au jour des expiations, vous ferez retentir le son du Shofar à travers tout votre pays" (Béhar 25,9). L’annonce de la Délivrance finale aura lieu également sous le signe du Shofar : "En ce jour retentira le grand Shofar" (Yéchayahou 27,13).
=> Ainsi, le "message du Shofar" qui est celui de l’enseignement de la Torah est-il porteur de la véritable Liberté, comme l’enseigne nos Sages : "Il est dit: ‘Les Tables de la Loi étaient l’œuvre de D., et l’écriture était l’écriture de D. (‘Harout - חָרוּת) gravée sur les Tables’ (Ki Tissa 32,16). Ne lis pas ’Harout (gravée), mais ‘Hérout (liberté), car n’est réellement homme libre que celui qui s’adonne à l’étude de la Thora (le message du Shofar)" (Pirké Avot 6,2).

-> Le Kli Yakar (au verset 16) donne l'explication allégorique suivante. Il y a 2 sortes de sons mentionnées dans l’épisode du Mont Sinaï: le son du tonnerre et le son du Shofar, comme il est dit: "Il y eut des tonnerres ... et un son du Shofar très intense" (Yitro 19,16).
Ces 2 sons symbolisent deux catégories d’individus vieillissants qui reçurent la Thora: les érudits en Torah qui augmentent leur sagesse au fil du temps, et les ignorants qui dégénèrent progressivement.
Ainsi, à propos du son du Shofar – émis par la corne du bélier de Its’hak (modèle du tsadik) – est-il dit qu’il "allait redoublant d’intensité", à l’instar de la sagesse des anciens érudits en Torah qui grandit en permanence.
A noter que le mot Shofar (שופר) s’apparente au mot Chapérou (שפרו) [Maassékhem] (améliorez vos actions). En revanche, le son du tonnerre, issu du nuage épais, représente la grossièreté des ignorants dont la voix et l’éclat de la lumière ne sont qu’éphémères, et s’estompent avec l’âge.
[d'après feuillet de la communauté Sarcelles n°207 (5783)]

Chamor & za’hor

-> "Souviens-toi (za'hor - זכור) du jour du Shabbath pour le sanctifier" (Yitro 20,7)
-> "Observe (chamor - שמור) le jour du Shabbath pour le sanctifier" (Vaét'hanan 5,11)

=> Quel est le sens de ces 2 termes (chamor & za'hor) vis-à-vis du Shabbath?

-> Rachi (dans Yitro) explique que "Souviens-toi" (aza'hor) et "Observe" (chamor) ont été prononcés simultanément, comme il est écrit dans les Téhilim : "D. a parlé une seule fois, mais j’en ai entendu deux (paroles)" (Téhilim 62,12).
Il précise par ailleurs (dans Vaét’hanan) au nom de la Mékhilta : "Les deux mots ont été prononcés simultanément et en un seul mot, de plus ils ont été entendus en une seule audition".
Cet enseignement rappelle celui de la guémara (Chevouoth 20b) : "Il les a dits en une seule parole (chamor vézakhor bédibour é'had), qu’aucune bouche humaine ne peut prononcer et aucune oreille humaine entendre"

-> La Mékhilta déduit du double Commandement, de songer (à temps) au Shabbath (Zakhor) et de le préserver de toute transgression (Chamor)
Pour cela, il convient de lui ajouter un certain intervalle de temps de la journée qui le précède (souviens-toi [zakhor] du temps passé) et de celle qui le suit (Observe [chamor], c’est-à-dire attend le temps futur) [mossifin mé’hol él kodech].
[à ce sujet de tosséfet Shabbath : http://todahm.com/2023/01/24/faire-rentrer-shabbath-plus-tot ]

-> Rabbénou Bé’hayé explique que le rapprochement de זכור (zakhor) avec שמור (chamor) justifie l’obligation pour les femmes de sanctifier le Shabbath par le kidouch et la havdala, bien qu’il s’agisse d’une mitsva liée au temps, pour laquelle les femmes ne sont pas tenues. En effet, puisqu’elles ont l’obligation du respect des interdits (שמור), il en est de même de celle de la sanctification (זכור).

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-> Le "Chamor" et "Za'hor" sont symbolisés par l’allumage de 2 bougies de Shabbath.

-> La guémara (Shabbath 33b) raconte qu’après être sortis de la grotte où ils séjournèrent durant 13 ans, Rabbi Chimon Bar Yo’haï et son fils Rabbi Eléazar rencontrèrent des personnes occupées à des activités matérielles. C’était un vendredi après-midi et ils virent un homme qui courait en tenant deux bouquets de fleurs de myrte.
"Où allez-vous avec ces fleurs?" lui demandèrent-ils.
"Elles sont en l’honneur de Shabbath", répondit l’homme.
"Mais pourquoi en avez-vous deux bouquets?"
"L’un est pour Za'hor et l’autre pour Chamor", expliqua l’homme, faisant référence aux 2 aspects du respect de Shabbath mentionné dans les 10 Commandements.
À ce moment-là, Rabbi Chimon se tourna vers son fils et lui dit : "À présent je vois le pouvoir d’un juif et de ses mitsvot".
[Shabbath est un jour qui se situe dans le monde matériel, mais qui fait le lien avec la dimension transcendante. Le Shabbath, même la poursuite du but le plus matériel, prendre un délicieux repas ou faire une sieste, porte en elle un degré particulier de sainteté].

-> Le Zohar revient régulièrement sur les dimensions "Mâle" et "Femelle" [le "Donneur" et le "Receveur"] et du fait qu’ils ne forment ensemble qu’un tout [sur le plan du Divin].
Ainsi, "Zakhor" désigne-t-il le "Mâle" (à noter que le mot זכור [Zakhor - Souviens-toi] dérive du mot זכר [Zakhar] – Mâle), tandis que "Chamor" désigne la "Femelle" [voir Zohar I, 48b].

[Bien que la mitsva de chamor soit énoncée de façon positive, elle est classifiée comme un commandement négatif, ainsi que l'explique Ramban (Yitro 20,8) : "Car zakhor est un commandement positif, dans lequel il nous est ordonné de nous souvenir du Shabbat pour le sanctifier et de ne pas l'oublier. Chamor est un commandement négatif, car partout où la Torah emploie les mots "hichamèr pèn", ou "hichamèr al", il s'agit toujours d'un commandement négatif (guémara Erouvin 96a). ]

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-> Le Chem miChmouel (Bechala'h 5674) écrit : "Le Shabbat est un rappel de la sortie d'Egypte et doit certainement contenir certains éléments spirituels relatifs à la sortie d'Egypte. De même que la libération d'Egypte était à 2 niveaux, dans l'âme et dans l'intellect, le Shabbat doit aussi amener un certain degré de rédemption à l'âme et à l'intellect. Telle est la signification de zakhor et chamor : l'un se rapporte à l'intellect et l'autre à l'âme."

-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) enseigne :
De même que les juifs ont connu une libération physique de l'esclavage par la sortie d'Egypte, le Shabbat aussi apporte un élément de rédemption physique.
Le Shabbat, nous avons la capacité de nous libérer, même physiquement, des chaines qui nous attachent au matérialisme pendant la semaine shabbat; nous pouvons nous libérer de l'asservissement à nos désirs physiques et aux traits de caractère qui manquent de raffinement. Tout cela est inclus dans l'affirmation : Shabbat est "un rappel de la sortie d'Egypte".

De plus, il semble que les 2 aspects de l'observance de Shabbat, zakhor et chamor ; correspondent à chacun des 2 aspects de la rédemption qu'apporte le Shabbat.
- Dans le verset «"zakhor èt yom haShabbat lekadécho" (Souviens-toi du jour du Shabbat pour le sanctifier), la Torah nous enseigne le commandement positif de se souvenir du Shabbat et de le sanctifier. Ce précepte est lié à la rédemption de l'âme : en ressentant la sainteté de Shabbat, l'âme s'élève, "se libère" de son yétser ara et devient une nouvelle création.
- A l'inverse, "chamor èt yom haShabbat lékadécho" (Garde le jour du Shabbat pour le sanctifier) désigne la mitsva de s'abstenir de tout travail interdit le Shabbat, ce qui représente la rédemption du corps.

Lorsque les Bné Israël quittèrent l'Egypte, la rédemption toucha à la fois leur corps et leur âme. En Egypte, ils s'étaient enlisés dans l'impureté de l'idolâtrie, mais la sortie d'Egypte les éleva au statut de peuple élu et saint de D.
Observer les 2 aspects du Shabbat peut amener la même rédemption et transformer l'homme en un être nouveau, doté d'une âme infiniment plus sainte et plus élevée.

-> Le Ramban (Yitro - sur les 10 commandements) écrit :
"Le terme Zakhor (le fait de se souvenir du jour du Shabbath) fait référence à l'amour pour le Shabbat (alors que Chamor [garder] fait référence à la crainte)...
Nous devons nous souvenir tous les jours du Shabbat afin que nous ne l'oubliions pas et que nous ne le remplacions pas par d'autres jours."

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-> Le Kédouchat Lévi enseigne que שמור (chamor - observe) fait référence à la mitsva du Shabbath en tant que telle, tandis que זכור (za'hor - Souviens-toi) coïncide avec le sens de la mitsva, c’est-à-dire le souvenir de la Création du Monde et celui de la Sortie d’Egypte.
Ainsi, dans le cas exceptionnel du Shabbath, évoquer le sens de la mitsva fait partie intégrante du Commandement du Shabbath. Afin d’éviter que les gens ne fassent une distinction entre le respect des interdits du Shabbath (chamor) et la sanctification et l’honneur du Saint Jour (za'hor), Hachem a prononcé ces deux mots simultanément. En effet, le pauvre n’a aucune difficulté à respecter les interdits du Shabbath, car étant sans travail, il est inactif. En revanche, il a du mal à honorer le saint Jour avec du bon vin et des plats succulents, car il est démuni de tout. De même, le riche peine à stopper ces activités le Shabbath, alors qu’il prend plaisir à l’honorer. Aussi, le riche et le pauvre sont tenus de respecter les deux principes du Shabbath avec le même dévouement. [Maguid de Douvno]

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-> A propos de la symbolique des termes "Zakhor" et "Chamor", on raconte l’histoire suivant: Un jour, un Avrékh important et honorable vint trouver le saint Rav Rabbi Méïr Abou’hatséra pour lui poser la question suivante : Il étudie avec assiduité, mais il n’a aucune mémoire, et il est extrêmement préoccupé et se demande quoi faire pour arriver à conserver son étude.
Le Tsaddik lui répondit : "Ne sais-tu pas, mon fils, que Chamor et Zakhor ont été dits en une seule parole, et qu’il est impossible de faire en eux une séparation? Garder sa bouche et garder ses yeux convenablement sont une garantie pour la mémoire ; si tu observes le Chamor (garder) convenablement, tu verras aussi certainement que le Zakhor (se souvenir) arrivera à sa suite".

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-> b'h, également : Qu'est-ce qui était inscrit sur les Tables de la Loi (lou'hot) : za'hor ou chamor? = question n°7 : http://todahm.com/2019/02/14/questions-reponses-paracha-yitro

Paracha Yitro

- "Le peuple se tenait devant Moshé du matin jusqu'au soir" (Yitro 18,13)

Le Rabbi Yossef Haïm de Bagdad (Od Yossef Haï) apporte un très beau commentaire sur ce passage.
La différence entre le matin (boker= valeur numérique de 302) et le soir (érev= valeur numérique 272) est de 30, comme la lettre lamèd, qui signifie : apprendre ou enseigner.

C'est la lettre la plus haute, comme l'étude de la Torah est supérieure à tous les autres commandements.
Cette lettre a la forme de 3 vav superposés (2 verticalement et 1 horizontalement), et rappelle ainsi qu'on a besoin de 3 éléments indispensables pour s'élever au niveau le plus haut de l'étude : son compagnon d'étude (Haver), son maître (Rav), et son élève (Talmid). D'ailleurs, en prenant les initiales de ces 3 personnes, on arrive au mot "Harot" qui signifie : gravé. Ainsi, la Torah se grave dans l'esprit grâce à ces 3 aides.
On apprend ici que les Bnei Israël de la génération du désert étaient privilégiés car ils apprenaient la Torah de Moshé (qui l'avait reçue directement de D.), sans avoir besoin des 2 autres éléments.

A notre niveau, on voit bien que tous les jours (du matin jusqu'au soir), il faut lamed (30), c'est-à-dire apprendre (avec son haver et son rav) et enseigner (à "son élève") afin de graver le maximum de Torah dans notre esprit.

- "Ils voyagèrent depuis Réfidim, ils arrivèrent au désert du Sinaï, ils campèrent dans le désert. Israël campa là-bas face à la montagne" (Yitro 19,2)

Rashi commente le passage "Israël campa là-bas" : "comme un seul homme, avec un seul coeur; mais tous les autres campements se déroulaient avec des plaintes et de la dispute".

Comment l'union s'est-elle fait au sein du Peuple d'Israël à ce moment?
- les Bnei Israël constatèrent que le mois de Sivan en hébreu possède la même valeur numérique (126) que le mot Anav qui signifie "modeste";
- ils virent Moshé, un homme d'une extrême humilité;
- ils comprirent que si le mont Sinaï avait été choisi par D. comme le lieu du don de la Torah c'était précisément parce qu'il était le plus bas et le plus modeste de tous les sommets montagneux de la région.
Tous ses éléments firent comprendre au peuple d'Israël que chacun devait reduire son égo afin de laisser la place à l'unité ("comme un seul homme avec un seul cœur!") .  [Nahal Kedoumim Hida]

Dans notre quotidien, il faut essayer de se tourner vers une direction, un objectif commun à tous les juifs. Arrêtons de nous regarder le nombril et ayons une perspective plus haute, regardons "la  montagne" ...

[Od Yossef Haï] - Les expressions "ils campèrent dans le désert" et "face à la montagne" sont inutiles. Étant dans le désert de Sinaï, leur campement était nécessairement face au mont Sinaï.
"ils campèrent dans le désert" = bien que sortis d'Égypte par l'aide de D., ils campèrent ensuite dans le désert, plein d'humilité.
"face à la montagne" = ils n'ont pas abandonné complétement leur fierté, car une pointe d'orgueil est bénéfique et nécessaire à l'apprentissage de la Torah.

+ Quelques biscuits pour Shabbath :

1°/ Yitro proposa de désigner en tout 78 600 juges (sur un peuple de 600 000 personnes) pour répondre aux questions de hala'ha afin de réduire la charge de travail de Moshé, de Aharon et des 70 Anciens. Moshé écouta le bon conseil de son beau père.
Pourquoi Moshé n'a-t-il jamais pensé lui-même à cette solution apparemment simple?
En vérité, Moshé avait reçu de D. l'ordre de désigner des juges. Mais par la suite, il l'avait oublié, afin que Yitro ait le mérite de voir cette paracha rapportée en son nom (Sifri).

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2°/ L'origine du nom  du désert Sinaï :
La lettre youd a été ajoutée au mot sné (= buisson) dans lequel D. S'est révélé à Moshé à cause des 10 commandements qui devaient y être énoncés. Le buisson était situé sur l'une des montagnes de ce désert (qui a 5 noms dans la Torah : Horev, Sinaï, Tsin, Kadesh, Kedemot et Paran).
[Rokéa'h]

Dans la guémara (Shabbath 89a), rabbi Yossé ben 'Hanina enseigne que le désert du Sinaï portait 5 noms :
- le désert de Tsin = parce que c'était l'endroit où les juifs reçurent l'ordre (tsava) d'observer la Torah ;
- le désert de Kadéch = puisque c'était là que les juifs furent sanctifiés (kadach) et devinrent saints (kadoch) ;
- le désert de Kédémot = du fait que c'était le lieu où fut donnée la Torah qui précéda (kadma) le monde de 2 000 ans ;
- le désert de Sinaï à cause de la haine (sina) qui naquit après le don de la Torah, entre Israël et les autres nations.
Ceci était en partie dû au fait que les autres nations avaient refusé la Torah.
- le désert de Paran = appelé ainsi parce que les juifs devinrent fertiles (para) dès qu'ils consentirent à observer la Torah.
En effet, selon le Méam Loez (Yitro 20,1) chaque femme présente au Sinaï eut un garçon cette année-là. Ainsi, dans l'année qui suivit la révélation au Sinaï, 600 000 garçons juifs naquirent.

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3°/ D. convoqua Moshé au sommet de la montagne et lui donna les instructions suivantes, concernant la façon de préparer les Bnei Israël à la réception de la Torah : "Parle aux femmes avant de parler aux hommes. Adresse-toi à elles avec douceur et donne-leur des directives générales. Mais aux hommes, il faut enseigner de manière ferme : ils doivent être versés dans les détails de la hala'ha" (Mekhilta).
Pourquoi D. a-t-il ordonné de donner les instructions concernant le don de la Torah d'abord aux femmes et ensuite seulement aux hommes ?
- de même que les femmes ont l'obligation d'observer les mitsvot dès l'âge de 12 ans, un an plus tôt que les hommes, de même elles ont reçu les mitsvot plus tôt, au moment du don de la Torah;
- puisque les femmes ont été distinguées de cette manière, elles allaient s'efforcer, davantage encore, de fournir à leurs enfants une éducation conforme à la Torah;
- D. dit : "lorsque J'ai donné la 1ere mitsva à Adam et non pas à Hava, elle a fauté par la suite. Maintenant, Je m'adresserai aux femmes en 1er lieu, afin qu'elles ne s'imaginent pas que leurs transgressions sont moins graves que celles des hommes" (Chémot Raba 28,2);
- c'est un honneur pour les femmes car c'est grâce au mérite des femmes justes que les Bnei Israël ont été libérés d'Égypte (Rokéa'h).

4°/ Avant le don de la Torah, D. guérit tous les défauts physiques des Bnei Israël. Ils étaient ainsi tous en possession de toutes leurs facultés pour pouvoir accepter la Torah de façon parfaite, car si certains d'entre eux n'avaient pas vu ou entendu la présence de D., leur expérience du don de la Torah aurait été incomplète.

5°/ Le don de la Torah :
Depuis 36 générations (création d'Adam), D. attendait de transmettre la précieuse Torah qui avait précédé la création de l'univers (Pirkei de Rabbi Eliezer 41).
Il a eu lieu le shabath matin, le 6 Sivan 2488 (Shabath 88).
Les Bnei Israël furent réveillés par le tonnerre et les éclairs sur le Har Sinaï et par Moshé qui les appelait : "le hatan attend que la kalla vienne sous la houppa!". Moshé conduisit le peuple au Har Sinaï comme on conduit la kalla à son mariage (Pirkei de Rabbi Eliezer 41).
Le peuple juif qui était assemblé au pied de la montagne, hommes et femmes séparément, fut rejoint par les millions d'âmes à naître de leurs descendants, et par les âmes des futurs convertis qui allaient accepter la Torah dans les générations futures (Chémot Raba 28,4).

Lorsque D. descendit sur le Har Sinaï dans une explosion de feu, entouré par une armée de 22 000 anges, la terre trembla, et il y eut le tonnerre et les éclairs (Chémot Raba 29,2).
Les Bnei Israël entendirent le son du shofar qui devenait de plus en plus fort, jusqu'à atteindre la plus forte intensité que le peuple pût supporter. Le feu sur le Har Sinaï monta jusqu'aux cieux même, et la montagne fuma comme une fournaise (Mekhilta). Le peuple trembla de crainte.
Puis D. prit le Har Sinaï et le suspendit au dessus du peuple, pour leur indiquer : "Si vous acceptez la Torah, tant mieux, sinon, vous serez enterrés sous cette montagne!". D. força ainsi le peuple à accepter la Torah, bien qu'il l'ait déjà acceptée volontairement (ils acceptèrent ainsi en plus de la Torah écrite, la Torah orale - Shabbath 88a).
Un épais nuage enveloppait la montagne, D. courba les cieux jusqu'à ce qu'ils atteignent le Har Sinaï, et Son kissé hakavod descendit sur la montagne (Mekhilta).
D. apparut dans l'obscurité et le feu, car Il savait que 40 jours après, les Bnei Israël feraient le veau d'or.
Chaque commandement qui quittait la "bouche" de D. se déplaçait à travers tout le camp, puis revenait vers chaque juif individuellement, et lui demandait : "Acceptes-tu ce commandement avec toutes les hala'hot qui s'y rattachent?". Chaque juif répondait "oui" après chaque commandement. Puis la substance ardente (émanant de la "bouche" de D.) qu'ils avaient vue allait se graver sur les Tables de la loi (Midrash Hazit).

Chaque individu percevait la Voix Divine en fonction de sa capacité propre à ressentir la présence de D. (Chémot Raba 29,5).
D. prononça d'abord les 10 Commandements simultanément. Aucun être humain, ni aucun démon ou ange ne pouvait accomplir un tel miracle (Rokea'h). Puis, il répéta chaque commandement séparément.
Dès que D. prononça "ano'hi", la création se tut. L'univers entier était silencieux lorsque la Voix Divine retentit, prouvant que rien n'existe en dehors de Lui (Chémot Raba 29,9).
Les 10 Commandements contenaient en tout 620 lettres car Ils représentent l'essence de la Torah (= 613 misvot + 7 autres mitsvot que les sages ont institué).
Les Bnei Israël entendirent non seulement les 10 Commandements mais ils perçurent aussi les myriades de détails les concernant, tous les midrashim qui se rapportaient à chaque commandement, chaque hala'ha, kal va'homer et guezera chava qu'ils contenaient (Mekhilta 9,15 Ynaamenou).