- "Le peuple se tenait devant Moshé du matin jusqu'au soir" (Yitro 18,13)
Le Rabbi Yossef Haïm de Bagdad (Od Yossef Haï) apporte un très beau commentaire sur ce passage.
La différence entre le matin (boker= valeur numérique de 302) et le soir (érev= valeur numérique 272) est de 30, comme la lettre lamèd, qui signifie : apprendre ou enseigner.
C'est la lettre la plus haute, comme l'étude de la Torah est supérieure à tous les autres commandements.
Cette lettre a la forme de 3 vav superposés (2 verticalement et 1 horizontalement), et rappelle ainsi qu'on a besoin de 3 éléments indispensables pour s'élever au niveau le plus haut de l'étude : son compagnon d'étude (Haver), son maître (Rav), et son élève (Talmid). D'ailleurs, en prenant les initiales de ces 3 personnes, on arrive au mot "Harot" qui signifie : gravé. Ainsi, la Torah se grave dans l'esprit grâce à ces 3 aides.
On apprend ici que les Bnei Israël de la génération du désert étaient privilégiés car ils apprenaient la Torah de Moshé (qui l'avait reçue directement de D.), sans avoir besoin des 2 autres éléments.
A notre niveau, on voit bien que tous les jours (du matin jusqu'au soir), il faut lamed (30), c'est-à-dire apprendre (avec son haver et son rav) et enseigner (à "son élève") afin de graver le maximum de Torah dans notre esprit.
- "Ils voyagèrent depuis Réfidim, ils arrivèrent au désert du Sinaï, ils campèrent dans le désert. Israël campa là-bas face à la montagne" (Yitro 19,2)
Rashi commente le passage "Israël campa là-bas" : "comme un seul homme, avec un seul coeur; mais tous les autres campements se déroulaient avec des plaintes et de la dispute".
Comment l'union s'est-elle fait au sein du Peuple d'Israël à ce moment?
- les Bnei Israël constatèrent que le mois de Sivan en hébreu possède la même valeur numérique (126) que le mot Anav qui signifie "modeste";
- ils virent Moshé, un homme d'une extrême humilité;
- ils comprirent que si le mont Sinaï avait été choisi par D. comme le lieu du don de la Torah c'était précisément parce qu'il était le plus bas et le plus modeste de tous les sommets montagneux de la région.
Tous ses éléments firent comprendre au peuple d'Israël que chacun devait reduire son égo afin de laisser la place à l'unité ("comme un seul homme avec un seul cœur!") . [Nahal Kedoumim Hida]
Dans notre quotidien, il faut essayer de se tourner vers une direction, un objectif commun à tous les juifs. Arrêtons de nous regarder le nombril et ayons une perspective plus haute, regardons "la montagne" ...
[Od Yossef Haï] - Les expressions "ils campèrent dans le désert" et "face à la montagne" sont inutiles. Étant dans le désert de Sinaï, leur campement était nécessairement face au mont Sinaï.
"ils campèrent dans le désert" = bien que sortis d'Égypte par l'aide de D., ils campèrent ensuite dans le désert, plein d'humilité.
"face à la montagne" = ils n'ont pas abandonné complétement leur fierté, car une pointe d'orgueil est bénéfique et nécessaire à l'apprentissage de la Torah.
+ Quelques biscuits pour Shabbath :
1°/ Yitro proposa de désigner en tout 78 600 juges (sur un peuple de 600 000 personnes) pour répondre aux questions de hala'ha afin de réduire la charge de travail de Moshé, de Aharon et des 70 Anciens. Moshé écouta le bon conseil de son beau père.
Pourquoi Moshé n'a-t-il jamais pensé lui-même à cette solution apparemment simple?
En vérité, Moshé avait reçu de D. l'ordre de désigner des juges. Mais par la suite, il l'avait oublié, afin que Yitro ait le mérite de voir cette paracha rapportée en son nom (Sifri).
<--->
2°/ L'origine du nom du désert Sinaï :
La lettre youd a été ajoutée au mot sné (= buisson) dans lequel D. S'est révélé à Moshé à cause des 10 commandements qui devaient y être énoncés. Le buisson était situé sur l'une des montagnes de ce désert (qui a 5 noms dans la Torah : Horev, Sinaï, Tsin, Kadesh, Kedemot et Paran).
[Rokéa'h]
Dans la guémara (Shabbath 89a), rabbi Yossé ben 'Hanina enseigne que le désert du Sinaï portait 5 noms :
- le désert de Tsin = parce que c'était l'endroit où les juifs reçurent l'ordre (tsava) d'observer la Torah ;
- le désert de Kadéch = puisque c'était là que les juifs furent sanctifiés (kadach) et devinrent saints (kadoch) ;
- le désert de Kédémot = du fait que c'était le lieu où fut donnée la Torah qui précéda (kadma) le monde de 2 000 ans ;
- le désert de Sinaï à cause de la haine (sina) qui naquit après le don de la Torah, entre Israël et les autres nations.
Ceci était en partie dû au fait que les autres nations avaient refusé la Torah.
- le désert de Paran = appelé ainsi parce que les juifs devinrent fertiles (para) dès qu'ils consentirent à observer la Torah.
En effet, selon le Méam Loez (Yitro 20,1) chaque femme présente au Sinaï eut un garçon cette année-là. Ainsi, dans l'année qui suivit la révélation au Sinaï, 600 000 garçons juifs naquirent.
<--->
3°/ D. convoqua Moshé au sommet de la montagne et lui donna les instructions suivantes, concernant la façon de préparer les Bnei Israël à la réception de la Torah : "Parle aux femmes avant de parler aux hommes. Adresse-toi à elles avec douceur et donne-leur des directives générales. Mais aux hommes, il faut enseigner de manière ferme : ils doivent être versés dans les détails de la hala'ha" (Mekhilta).
Pourquoi D. a-t-il ordonné de donner les instructions concernant le don de la Torah d'abord aux femmes et ensuite seulement aux hommes ?
- de même que les femmes ont l'obligation d'observer les mitsvot dès l'âge de 12 ans, un an plus tôt que les hommes, de même elles ont reçu les mitsvot plus tôt, au moment du don de la Torah;
- puisque les femmes ont été distinguées de cette manière, elles allaient s'efforcer, davantage encore, de fournir à leurs enfants une éducation conforme à la Torah;
- D. dit : "lorsque J'ai donné la 1ere mitsva à Adam et non pas à Hava, elle a fauté par la suite. Maintenant, Je m'adresserai aux femmes en 1er lieu, afin qu'elles ne s'imaginent pas que leurs transgressions sont moins graves que celles des hommes" (Chémot Raba 28,2);
- c'est un honneur pour les femmes car c'est grâce au mérite des femmes justes que les Bnei Israël ont été libérés d'Égypte (Rokéa'h).
4°/ Avant le don de la Torah, D. guérit tous les défauts physiques des Bnei Israël. Ils étaient ainsi tous en possession de toutes leurs facultés pour pouvoir accepter la Torah de façon parfaite, car si certains d'entre eux n'avaient pas vu ou entendu la présence de D., leur expérience du don de la Torah aurait été incomplète.
5°/ Le don de la Torah :
Depuis 36 générations (création d'Adam), D. attendait de transmettre la précieuse Torah qui avait précédé la création de l'univers (Pirkei de Rabbi Eliezer 41).
Il a eu lieu le shabath matin, le 6 Sivan 2488 (Shabath 88).
Les Bnei Israël furent réveillés par le tonnerre et les éclairs sur le Har Sinaï et par Moshé qui les appelait : "le hatan attend que la kalla vienne sous la houppa!". Moshé conduisit le peuple au Har Sinaï comme on conduit la kalla à son mariage (Pirkei de Rabbi Eliezer 41).
Le peuple juif qui était assemblé au pied de la montagne, hommes et femmes séparément, fut rejoint par les millions d'âmes à naître de leurs descendants, et par les âmes des futurs convertis qui allaient accepter la Torah dans les générations futures (Chémot Raba 28,4).
Lorsque D. descendit sur le Har Sinaï dans une explosion de feu, entouré par une armée de 22 000 anges, la terre trembla, et il y eut le tonnerre et les éclairs (Chémot Raba 29,2).
Les Bnei Israël entendirent le son du shofar qui devenait de plus en plus fort, jusqu'à atteindre la plus forte intensité que le peuple pût supporter. Le feu sur le Har Sinaï monta jusqu'aux cieux même, et la montagne fuma comme une fournaise (Mekhilta). Le peuple trembla de crainte.
Puis D. prit le Har Sinaï et le suspendit au dessus du peuple, pour leur indiquer : "Si vous acceptez la Torah, tant mieux, sinon, vous serez enterrés sous cette montagne!". D. força ainsi le peuple à accepter la Torah, bien qu'il l'ait déjà acceptée volontairement (ils acceptèrent ainsi en plus de la Torah écrite, la Torah orale - Shabbath 88a).
Un épais nuage enveloppait la montagne, D. courba les cieux jusqu'à ce qu'ils atteignent le Har Sinaï, et Son kissé hakavod descendit sur la montagne (Mekhilta).
D. apparut dans l'obscurité et le feu, car Il savait que 40 jours après, les Bnei Israël feraient le veau d'or.
Chaque commandement qui quittait la "bouche" de D. se déplaçait à travers tout le camp, puis revenait vers chaque juif individuellement, et lui demandait : "Acceptes-tu ce commandement avec toutes les hala'hot qui s'y rattachent?". Chaque juif répondait "oui" après chaque commandement. Puis la substance ardente (émanant de la "bouche" de D.) qu'ils avaient vue allait se graver sur les Tables de la loi (Midrash Hazit).
Chaque individu percevait la Voix Divine en fonction de sa capacité propre à ressentir la présence de D. (Chémot Raba 29,5).
D. prononça d'abord les 10 Commandements simultanément. Aucun être humain, ni aucun démon ou ange ne pouvait accomplir un tel miracle (Rokea'h). Puis, il répéta chaque commandement séparément.
Dès que D. prononça "ano'hi", la création se tut. L'univers entier était silencieux lorsque la Voix Divine retentit, prouvant que rien n'existe en dehors de Lui (Chémot Raba 29,9).
Les 10 Commandements contenaient en tout 620 lettres car Ils représentent l'essence de la Torah (= 613 misvot + 7 autres mitsvot que les sages ont institué).
Les Bnei Israël entendirent non seulement les 10 Commandements mais ils perçurent aussi les myriades de détails les concernant, tous les midrashim qui se rapportaient à chaque commandement, chaque hala'ha, kal va'homer et guezera chava qu'ils contenaient (Mekhilta 9,15 Ynaamenou).