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"Depuis celui qui coupe ton bois, jusqu'à celui qui puise ton eau" (Nitsavim 29,10)

-> Selon Rachi : Des Cananéens prétendant faire partie d'un peuple lointain s'étaient présentés à Moché pour se convertir au judaïsme. Comme leur adhésion au judaïsme n'était pas sincère, Moché n'a pas permis leur conversion mais les a autorisés à suivre le peuple juif, à couper le bois et puiser l'eau pour le Michkan (Tabernacle).

-> Le Beit Yits'hak transmet l'enseignement suivant :
- Le coupeur de bois à été cité avant le puiseur d’eau, ce qui laisse entendre qu’il est plus important.
En effet, le bois, qui se dit "éts" (עץ), fait aussi allusion au conseil, qui se dit "étsa" (עצה).
Ainsi, le coupeur de bois évoquerait celui qui donne des conseils.

- D'autre part, l’eau symbolise la Torah, comme l’affirment nos Sages : "l'eau, c'est la Torah" (guémara Taanit 7a).
Le puiseur d’eau fait donc allusion à celui qui étudie la Torah et puise de nouvelles explications pour enrichir son étude.

Celui qui donne des conseils précède celui qui puise des commentaires sur la Torah, car il est plus productif pour la communauté, permettant à ceux qui sont dans le besoin d’éclairer leurs routes et de savoir comment avancer dans la vie.

=> On voit ici l’importance d’aider les autres dans leurs chemins.

"Ce qui est caché est à Hachem votre D. . Et ce qui est dévoilé est à nous et nos enfants, pour accomplir toutes les paroles de cette Torah" (Nitsavim 29,28)

Ce verset fait allusion au fait qu'il existe 2 temps pour la venue du Machia’h :
- le 1er est le temps décidé par Hachem, qu’Il ne révèle à personne.
Ainsi, le verset écrit : "Ce qui est caché est à Hachem votre D.", allusion au temps de la délivrance qui est caché et que personne ne peut connaître.

- le 2e temps est celui qui peut être déterminé par l’homme, s’il se comporte selon la Volonté Divine.
Ce temps est en quelque sorte dévoilé, car il est entre nos mains. En effet, l’homme peut faire venir le machia'h chaque jour, s'il respecte les mitsvot et s’affaire à l’étude de la Torah.
Ainsi, le verset continue par : "ce qui est dévoilé", il existe un temps dévoilé et que l’on peut connaître. Ce temps appartient "à nous et nos enfants".

Et le verset se conclut par : "pour accomplir toutes les paroles de cette Torah", car faire la volonté de Hachem est la condition permettant de précipiter la venue du machia'h, de la guéoula.
[Il s'agit de "cette" Torah, et pas de celle que l'on voudrait s'inventer pour s'arranger!]

[le Ktav Sofer]

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-> "Ce qui est caché est à Hachem" : Afin qu'Israël ne puisse pas arguer que sa responsabilité ne peut pas être engagée pour des fautes qu'il ignore, Moché assure le peuple que les fautes cachées sont du ressort de D. Seul et que ceux qui ont commis ces fautes en porteront seuls la responsabilité.
En revanche, tous ont l'obligation de veiller à l'intégralité du peuple en sanctionnant les fautes commises ouvertement ("ce qui est dévoilé est à nous et à nos enfants").
[Rachi ; Ramban ]

-> Ainsi, chacun doit savoir que s'il est en mesure, par ses remontrances, d'empêcher son ami ou un homme de sa communauté de commettre une faute, et qu'il s'abstient de le faire, il en sera également responsable.

Nos Sages l’énoncent clairement : "Quiconque peut empêcher les gens de sa maison de fauter et y renonce est tenu pour responsable de leurs actes ; s'il peut influencer ses concitoyens, il sera tenu pour responsable de leurs actes ; s'il peut influencer le monde entier, il sera tenu pour responsables des actes du monde entier ..."
[guémara Shabbath 54b]

-> On peut citer le Ohr ha'Haïm (Nitsavim 29,9) :
"Moché évoque séparément chaque catégorie de personnes (chefs de tribus, anciens, officiers, tout homme d'Israël, jeunes enfants, femmes, ...) pour souligner que chacun est responsable des autres selon ses capacités.

Les dirigeants peuvent avoir une influence sur un grand nombre de personnes tandis que le commun du peuple n'en aura que sur un cercle très restreint.
D. ne nous demande pas l'impossible mais nous avons l'obligation de faire ce qui est en notre pouvoir."

-> A ce sujet le 'Hafets 'Haïm rapporte le midrach (Vayikra rabba 4,6) suivant :
" "Israël est comme un agneau égaré" (Yirmiyahou 50,17)
Pourquoi Israël est-il comparé à un agneau?

Car tout comme un agneau lorsqu'on le frappe à la tête ou à l'un de ses membres, tout son corps le ressent (les agneaux avançant généralement en groupe très serrés, lorsqu'une bête est frappée et cesse d'avancer, tout le troupeau s'arrête), il en est de même pour le peuple juif : un seul de ses membres faute et toute l'assemblée le ressent.

Rabbi Chimon bar Yo'haï a enseigné : Ceci est à l'image de voyageurs naviguant en bateau.
L'un deux saisit soudain une pioche et se met à creuser sous sa place.
Les autres s'exclament : "Que fais-tu?", et il leur répond : "Que vous importe? Ne suis-je pas en train de creuser sous MON siège?"
Les autres lui rétorquent : "Mais l'eau va entrer et envahir tout le bateau!". "

=> Dans le futur, même au plus intègre, on lui montrera toutes les occasions qu'il eut, durant son existence, d'empêcher ses prochains de fauter.
Les juifs sont responsables les uns des autres, et du fait de sa négligence, il devra porter une part de leur faute.

[ceci est une des raisons expliquant que nous devons confesser (vidouï) toutes les fautes, mêmes celles qu'on aurait à priori pas faites!]

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-> "Vous vous tenez tous aujourd’hui devant Hachem votre D., chefs de tribus, vos anciens et vos responsables, chaque homme d’Israël" (Nitsavim 29,9)
Le Alshich haKadoch commente :
Habituellement, Moché s'adresse aux dirigeants du peuple juif d'abord, et ensuite il enseigne au restant du peuple.
Cependant, là il va parler directement et simultanément à tout le monde. Pourquoi cela?
Ici, les juifs acceptent sur eux-mêmes d'être les garants les uns des autres. Afin de le faire, ils doivent tous se considérer comme équivalents.
Chaque personne, indépendamment de son titre ou de sa position sociale, doit aider son prochain juif à suivre la volonté de Hachem.
Et en réalité, c'est uniquement Hachem qui peut véritablement connaître le niveau d'une personne.
Celui qui semble être un dirigeant et une personne pieuse peut en réalité être inférieur au plus bas des juifs, et inversement.

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-> "Chefs de tribus, vos anciens et vos responsables, chaque homme d’Israël" (v.29,9)
Rachi explique : "Vos chefs, vos tribus" (רָאשֵׁיכֶם שִׁבְטֵיכֶם) par : "vos chefs de vos tribus" (רָאשֵׁיכֶם לְשִׁבְטֵיכֶם).
Pourquoi le verset n'a-t-il utilisé le "laméd" (ל), comme Rachi?
Cela indique que les responsables ne sont pas séparés des tribus. Chacun d'entre nous peut être un leader/dirigeant.
Tout juif doit faire tout son possible, car chaque juif a le potentiel pour être un responsable/leader.
On ne doit pas laisser notre yétser ara nous convaincre que nous sommes incapables de s'élever vers des grandeurs et nous persuader de ne même pas essayer.
[rabbi Moché Feinstein - Darach Moché]

[chaque juif a l'obligation de se dire que le monde n'a été créé que pour lui. Ainsi, chaque juif est le responsable de la survie du monde, puisqu'il a un apport unique dans l'histoire a faire. C'est pour cela que l'on doit investir toutes nos potentialités dans la réalité, afin que le monde puisse atteindre sa plénitude, le plus de proximité possible avec Hachem, la source de toute bénédiction.
Le yétser ara fait tout pour que nous ayons une valeur de nous-même amoindrie. En effet, moins nous avons conscience de nos capacités, de notre grandeur, moins nous visons grand, plus nous nous contentons du minimum, et nous passons à côté d'exploiter la pleine mesure de notre vie.]

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+ "Ce qui est caché est à Hachem votre D. . Et ce qui est dévoilé est à nous et nos enfants, pour accomplir toutes les paroles de cette Torah" (Nitsavim 29,28)

-> Ce verset fait également allusion aux membres du peuple d'Israël qui se sont tellement assimilés au sein des nations qu'ils ont oublié leur origine.
Lorsque la rédemption finale arrivera, ces âmes cachés, connue de D. Seul, rejoindront le reste du peuple juif et retrouveront le judaïsme de leurs ancêtres.

[Rachi - Téhilim 87,6]

[Par contre, pour les juifs que nous connaissons et qui sont éloignés de la Torah, nous nous devons de faire le maximum pour les impacter positivement : par notre exemplarité, par notre joie de vivre, par nos marques de considération/d'amour à leur égard, par nos prières pour qu'ils reviennent vers Hachem, ... ]

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+ "Ce qui est caché est à Hachem notre D., et ce qui est dévoilé est à nous et nos enfants" (29,28)

"Ce qui est caché" = fait référence aux sentiments du cœur tels que l'amour, la crainte, la joie, qui sont cachés dans le cœur. L'homme doit consacrer et réserver ses sentiments à "Hachem notre D.", pour L'aimer, Le craindre, se réjouir de Le servir.
En revanche, "ce qui est dévoilé" = c'est-à-dire les actions réalisées par les membres du corps, bien que l'homme doit réaliser les mitsvot avec son corps, malgré tout, il pourra aussi agir pour ses affaires personnelles. Ainsi, il pourra aussi manger, travailler, et s'occuper d'affaires profanes.
Les actions peuvent donc aussi être "à nous et nos enfants" = pour s'occuper de soi et de sa famille.

Malgré tout, le verset poursuit : "Pour accomplir toutes les paroles de cette Torah" = c'est-à-dire que même lorsque l'homme s'occupe de ses affaires personnelles, son intention et sa motivation dans ces actions profanes doivent être orientées à servir Hachem.
En effet, l'intention relève des choses cachées, car elle est cachée dans l'esprit de l'homme. Or, "ce qui est caché revient à Hachem" = ainsi, même l'intention dans les actes profanes réservés à ses besoins, doit être "pour accomplir toutes les paroles de cette Torah".
[Sfat Emet]

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"Les choses cachées sont à Hachem notre D. et les choses découvertes à nous et à nos enfants à jamais" (29,28)

Les commentateurs ont dit : Les mots "(L'hachem) Elokénou VéHaNiglot Lanou OuLebaneinou» ("(à Hachem) notre D., et les choses découvertes à nous et à nos enfants" - אֱלֹהֵינוּ וְהַנִּגְלֹת לָנוּ וּלְבָנֵינוּ) sont l’acronyme de Elloul (אלול).
Cela signifie que l’essentiel de la téchouva porte sur les fautes commises en secret, parce que les fautes commises en public, l’homme s’en repent puisque son cœur sait que les gens sont au courant, alors que les fautes qu’il a commises en secret, il s’imagine qu’il n’a pas besoin de s’en repentir.
La Torah nous met donc en garde en disant : "les choses cachées sont à Hachem notre D. et les choses découvertes à nous et à nos enfants" = de même que chacun se repent des fautes qu’il a commises devant d’autres personnes et devant ses enfants, il doit se repentir du plus profond du cœur des fautes qu’il a commises envers lui-même.

"Si tu seras repoussé au bout du ciel, de là Hachem ton D. te rassemblera" (Nitsavim 30,4)

Normalement on peut être repoussé au bout de la terre, ainsi que signifie d'être repoussé "au bout du ciel"?

En fait, même les Juifs les plus éloignés, qui commettent le plus de fautes, même dans leurs fautes peut se trouver une pointe de bonne intention. Ainsi par exemple, s’il vole dans les affaires, il peut souhaiter aider un pauvre avec cet argent, et ainsi de suite.
Certes, cela n’est pas autorisé et le vol restera toujours répréhensible, mais malgré tout, c’est cette pointe positive qui le sauvera et qui "permettra" à Hachem de le récupérer.

C’est ce que dit le verset :
- "Si tu seras repoussé" et éloigné de la Torah, commettant toutes les fautes du monde, seulement même dans cet éloignement peut se trouver "un bout de ciel", une pointe d’intention positive, pour le Ciel, pour Hachem.

- Alors, "de là Hachem ton D. te rassemblera" : Hachem se servira justement de ce "bout de Ciel" et de cette pointe de bien, pour te rassembler et te récupérer.

[le Noam Mégadim]

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+ "Si tu seras repoussé au bout du ciel, de là Hachem ton D. te rassemblera"

-> "Même à l'heure où un homme d'Israël faute de quelque façon que ce soit, au fond de son cœur vibre une petite étincelle de crainte du Ciel.
Et même s'il était entraîné jusqu'à l'extrémité des cieux ["repoussé au bout du ciel"], si au fond il a une pointe de crainte du Ciel, de là Hachem le rappellera et de là Il ira le reprendre. ["ton D. te rassemblera"]
Cette pensée finira par le sauver et l'amènera à la téchouva."
[Baal Chem Tov - rapporté dans le Sia'h Yaakov Yossef]

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"Hachem, ton D. ... reviendra et te rassemblera d'entre tous les peuples où Hachem ton D. t'aura dispersé" (Nitsavim 30,3)

-> Nos Sages (guémara Méguila 29a) en déduisent que partout où Israël est exilé, la présence divine l'accompagne.

-> Rachi explique : "le jour du rassemblement des exilés sera si grandiose et si difficile [à réaliser] qu’il en sera comme si [Hachem] devait tenir chacun par la main pour l’emporter de là où il se trouve."

-> Concernant la venue du machia'h, le Rambam (Hilkhot Méla'him 11,1) écrit :
"Le roi machia'h se lèvera un jour et rétablira la royauté de David, lui restituant son pouvoir initial.
Il reconstruira le Temple et rassemblera tous les exilés d'Israël.
Toutes les lois seront rétablies telles qu'elles étaient à l'époque.
[...]
Quiconque ne croit pas en lui ou n'attend pas sa venue ne renie pas seulement ce qu'ont annoncé les autres prophètes, mais c'est la Torah elle-même et Moché notre maître qu'il renie, comme la Torah en témoigne explicitement (cf. Nitsavim 30,3-4 ci-dessus)."

"Car la chose est très proche de toi : dans ta bouche et dans ton cœur pour l'accomplir" (Nitsavim 30,14)

Selon le Ménorat haMaor, il s'agit de la téchouva qui est "très proche de toi", et de ses 3 phases :

-> "dans ta bouche" = qui doit reconnaître nos fautes et déclarer que nous les abandonnons ;
-> "dans ton cœur" = qui doit être brisé par nos regrets d'avoir fauté ;
-> "pour l'accomplir" = la sincérité de notre téchouva doit se manifester dans nos actions, en ne retournant pas à nos mauvaises actions passées.

"Hachem, ton D., circoncira ton cœur et le cœur de ta descendance" (Nitsavim 30,6)

-> Les premières lettres des mots : "ton cœur et le cœur" (אֶת לְבָבְךָ וְאֶת לְבַב), forment le mot : "Elloul" (אלול), le mois où notre cœur s'éveille et aspire au repentir.

Quant à leurs dernières lettres, elles forment le mot : "sera inscrit" (tékatèv - תכתב), allusion à l'idée selon laquelle nous méritons, si nous nous repentons en Elloul, d'être "inscrits" pour une heureuse année.

[le 'Hida]

"Pour aimer Hachem ton D. pour écouter Sa voix et t'attacher à Lui, car il est ta vie et la longueur de tes jours" (Nitsavim 30,20)

-> Par définition, aimer signifie s'attacher à l'objet de cet amour sans aucune considération égoïste.
Or, comme c'est par l'étude de la Torah que l'on acquiert l'amour de D., cette étude doit se faire au nom de la Torah exclusivement (de façon désintéressée), et non pour le bénéfice que l'on peut en retirer.

Celui qui étudie la Torah avec d'autres motivations n'aime pas la Torah : il s'aime lui-même!
Il n'accédera donc jamais à l'amour de D.

[le Maharal - sur la guémara Nédarim 62a]

"Tu choisiras la vie" (Nitsavim 30,19)

Choisirions-nous volontairement la mort?

Selon le 'Hatam Sofer, la Torah parle ici de la vie éternelle dans le monde à venir.
La choisir nous oblige souvent à renoncer aux plaisirs éphémères du monde matériel, mais cela en vaut la peine!

[Renoncer à ce que les nations environnantes appellent la vie, pour se focaliser sur ce que la Torah appelle la vraie vie. ]

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+ "J'ai placé devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction, choisis la vie!" (Nitsavim 30,19)

-> Rabbi Arié Lévine enseigne :
"Qui ne préférait pas la vie à la mort?
Pourquoi n'est-il pas écrit : "choisis la vie" (ouba'harta 'haïm), mais littéralement : "choisis DANS la vie" (ouba'harta ba'haïm)?

La Torah nous ordonne de préférer le bon au mauvais, le beau au médiocre.
En effet, il y a vie et vie.
Il existe de nombreuses choses que nous pensons provenir du bon penchant, mais en réalité, toute leur nature et leur origine se situent dans le mauvais penchant, qui vient séduire l'homme sous l'apparence du bon penchant.

C'est la raison pour laquelle la Torah nous met en garde en disant : "choisis dans la vie" : dans la vie, il faut choisir le bon.
Savoir qui est réellement le bon penchant, quels sont ses conseils, et les suivre."

[choisis DANS la vie = par seulement en apparence, mais également dans l'intériorité de la chose, dans son essence!
Un yétser ara déguisé en yétser atov est bon en apparence, en immédiateté, mais mauvaise deDANS.]

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-> Tout homme souhaite la vie. Ainsi pourquoi la Torah a-t-elle besoin de préciser : "Tu choisiras la vie"?
En réalité, on peut expliquer que "la vie et la mort" ainsi que "la bénédiction et la malédiction", dont parle le verset, fait référence à 2 manières de servir Hachem.
On peut servir Hachem par amour de la vie et de la bénédiction, conscient de l'importance des mitsvot qui accordent à l'homme le réel bonheur. Mais on peut aussi servir Hachem par crainte de la mort et de la malédiction, sachant que s'éloigner de la Torah conduirait l'homme à sa perte.

Ces 2 modes de service d'Hachem sont valables. Malgré tout, la Torah conseille à l'homme : "Tu choisiras la vie, pour que tu vives toi et ta descendance" = il est préférable de servir Hachem par amour de la vie, plutôt que par peur de la mort, car de cette façon, tu pourras vivre "toi et ta descendance", car même si un homme serait prêt à vivre dans la crainte, très souvent, les enfants ne souhaitent pas suivre un tel chemin.
Pour conduire au fait que "ta descendance" également te suive, il convient plutôt de leur transmettre l'amour du bien, ce qui les motivera plus.
[Beit Avraham]

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+ "Ce n'est pas le serpent qui cause la mort, mais c'est la faute qui tue"
[rabbi 'Hanina ben Dossa - Béra'hot 33a]

-> L'intention n'est pas de dire que le péché commis par un homme le met en état de danger, mais le péché lui-même tue. En effet, c'est la spiritualité qui assure la vitalité de l'homme, et ainsi enfreindre la Loi de la Torah, c'est se tuer soi-même!
C'est pourquoi nos Sages disent que le yétser ara qui nous incite à fauter et l'ange de la mort ne font qu'un.

Cette idée se retrouve dans le verset : "J'ai mis devant toi la vie et la mort ... tu choisiras la vie" (Nitsavim 30,19).
Il ne signifie pas que la vie et la mort sont les conséquences respectives de l'accomplissement des mitsvot et des avérot, mais la mitsva elle-même est la vie [puisqu'amenant sur nous un flux de vie spirituelle] et la avéra elle-même est la mort [puisque diminuant notre capital de vie spirituelle].
[rav Dessler - Mikhtav méEliyahou (tome 5 p.235)]

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Le Ben Ich 'Haï (guémara Béra'hot 33a) enseigne :
-> avant de faire téchouva : "Malheur à l'homme atteint par le yétser ara", qui l'incite à transgresser les commandements de la Torah, qui le domine et qui lui retire ainsi des étincelles de sainteté cachées en lui.
-> Par contre, lorsque cet homme fait téchouva et redevient tsadik, non seulement il récupère ses étincelles de sainteté, mais de plus il acquiert les forces que possédait le yétser ara ainsi méprisé.

[il en ressort qu'à chaque faute (avéra) nous perdons des étincelles de sainteté qui sont en nous (la spiritualité étant notre réelle vitalité). Cependant Hachem, dans Son infinie bonté, nous permet de faire téchouva et de tout restaurer!
"Choisis la vie!" = même si malheureusement tu as fauté, choisissant ainsi la mort, tu peux toujours par ta téchouva choisir la vie!]

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-> "La bénédiction et la malédiction que j'ai mises devant toi ... et tu reviendras jusqu'à Hachem ton D." (Nitsavim 30,1-2)

On peut s'interroger : en général, quand l'homme vie dans la réussite et la bénédiction, quand tout va bien et qu'il connaît l'opulence, alors il ne réfléchit pas vraiment à ses actions pour se repentir. Ce sont surtout les épreuves et les malédictions qui poussent l'homme à se remettre en question. Ainsi, pourquoi la Torah mentionne-t-il également la bénédiction comme facteur de repentir?

-> Selon certains commentateurs, le verset décrit le processus de téchouva depuis son début : "Lorsque viendront sur toi ... la bénédiction" = si ces réussites te conduisent à t'éloigner des mitsvot et à fauter, alors cela entraînera "la malédiction", alors ces épreuves qu'Hachem t'enverra te poussera à réfléchir et "tu reviendras vers Hachem ton D.
Ainsi, il faut comprendre ici que la bénédiction dont parle le verset est la cause de la malédiction, et pas du repentir.

-> Le Baal Chem Tov explique que parfois, la bénédiction aussi peut troubler l'homme et le faire réfléchir jusqu'à le mener au repentir.
On peut apporter pour le comprendre l'image d'un serviteur qui a fauté vis-à-vis de son roi. Au lieu de le punir, ce dernier commença à l'élever et à le faire réussir, jusqu'à ce qu'il le fasse passer au rang de ministre. Ce serviteur, voyant la bonté de son roi, n'en sera que plus confus. Il ne cessera de ressentir de la honte pour avoir fauté envers ce roi si bon, qui le couvre de tant de bienfaits.
Comment a-t-il pu commettre un tel méfait? Et évidemment il le regrettera que plus amèrement.
Parfois, Hachem agit à l'image de ce roi. Il ce peut qu'Il couvre le pécheur de bénédictions et de bienfaits. Et si l'homme a un minimum de sensibilité, alors ce sont justement ces bienfaits qui le pousseront à ressentir une honte profonde et un regret immense de voir combien Hachem le couvre de réussites alors que lui, il s'était permis de fauter envers un tel Roi, si Bon avec lui.
Toute cette réflexion pourra le conduire à un profond repentir, devant le Roi des rois qui l'aime tant alors que lui, il s'est mal comporté devant Lui.

-> Le Ktav Sofer enseigne que même quand Hachem envoie des souffrances au peuple juif, malgré tout, même dans les pires épreuves, Hachem continue à veiller à Son Peuple et le protéger de façon surnaturelle.
Combien de pogroms et de massacres a subi notre peuple? Et malgré tout, nous existons encore, et pour toujours. Ce phénomène défie toute logique.
Alors que des nations bien plus puissantes, qui ont dominé le monde et n'ont pas subi de souffrances particulières, ont aujourd'hui complètement disparu, le peuple juif, comparable à un agneau parmi 70 loups, continue à exister.
Quand un homme réfléchit à tout cela, quand il voit "la bénédiction et la malédiction", c'est-à-dire la bénédiction Divine infinie qui se trouve dans la malédiction même, alors il comprendra qu'Hachem protège son peuple de façon providentielle. Il constatera l'immense amour d'Hachem pour le peuple juif, qu'Il protège comme la prunelle des yeux, même quand les règles naturelles devraient mener à l'anéantissement de ce peuple. Et il est clair qu'une telle prise de conscience contient en elle la force de conduire l'homme au repentir : "Et tu reviendras vers Hachem ton D.".

[à l'image de parents qui prennent tout particulièrement soin de leur enfant qui est très gravement malade (même si c'est de sa faute), de même Hachem est très proche de nous qui sommes très malades spirituellement parlant. Ainsi, au sein de la malédiction (notre état de malade suite à nos fautes), nous décelons la bénédiction (l'amour et la proximité de D. avec nous, ses enfants). Certes nous subissons une opération (moment difficile) pour guérir des conséquences de nos fautes, mais papa Hachem est là, nous tenant la main, et attendant le moindre sentiment de téchouva pour réduire les douleurs de l'intervention.
Nous nous rendons compte qu'au moment de la mort tout nous quittera, et ce qu'on aura investi pour Hachem nous accompagnera, et constituera notre éternité.]

-> Le Ohel Yaakov explique que parfois, même les souffrances n'amènent pas l'homme à la réflexion. Les malédictions ne sont pas toujours fructueuses pour éveiller les gens à voir la vérité.
En effet, si tout le monde est atteint par un même malheur, alors l'homme risque de se dire que cette souffrance est venue de façon fortuite et naturelle, puisque tout le monde en est concerné. Les fauteurs ont tendance à rationaliser : "les temps sont difficiles, tout le monde est frappé".
Dès lors, il ne fera pas le lien entre ses fautes et ce malheur.

C'est pourquoi, quand Hachem veut pousser les juifs à se repentir, pour ne pas qu'ils fassent ce mauvais raisonnement, Il envoie la bénédiction au reste du monde, et des souffrances au peuple juif. Dès lors, l'homme ne pourra plus se dire que ce malheur est venu par hasard. Car s'il en est ainsi, pourquoi s'abat-il que sur le peuple Juif, alors que les autres peuples vivent dans le bonheur?
C'est bien qu'Hachem envoie cette épreuve sur Son Peuple pour le pousser à revenir vers Lui!
Dès lors, cette réflexion le mènera au repentir.
Ainsi, la Torah vient dire que si Hachem envoie "la bénédiction et la malédiction" = la bénédiction pour le reste du monde et la malédiction pour le peuple juif, alors dans un tel cas, il ne sera plus possible de se tromper en pensant que les épreuves viennent sans raison, et on saura qu'Hachem les a envoyées pour conduire au repentir.
Ainsi : "tu reviendras vers Hachem ton D."
[Ce n'est que lorsque les malédictions et bénédictions viennent en même temps, lorsque les autres profitent du succès tandis que nous souffrons un difficile exil, que nous réalisons que notre souffrance est la manière d'Hachem de nous stimuler à faire téchouva.]

[d'une certaine façon, on peut également ajouter que : "La bénédiction et la malédiction que j'ai mises devant toi" = si nous n'avions que la bénédiction nous prendrions cela pour acquis et nous ne l'apprécierons pas pleinement (se concentrant parfois sur le manquant). A l'image de la lune qui est pleinement visible de nuit, les bénédictions sont davantage perceptibles et appréciables avec un peu de malédictions.
On parle souvent du verre à moitié plein et à moitié vide. Mais on oublie de se dire que la partie vide est également utile, comme par exemple elle nous permet de se déplacer, de boire tranquillement sans stresser de renverser de l'eau tout autour!]

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-> La guémara (Avoda Zara 4a) rapporte : "Hachem dit : Lorsque Je juge le peuple juif, Je ne le juge pas comme Je juge un idolâtre ; mais plutôt Je les punis coup par coup, comme une poule qui picore."
Rachi explique que lorsque Hachem doit punir le peuple juif, Il ne va pas les broyer/écraser, mais Il va se cacher d'eux petit à petit, par quoi ils tombent sous le contrôle de leur ennemis. Cela entraîne qu'ils sont nettoyés de leurs fautes et méritent le monde à venir.
En se basant sur cela, on peut comprendre le verset que même lorsque Hachem maudit le peuple juif, Il le fait avec miséricorde.
[Béer Moché]

[la malédiction est une bénédiction dans le sens où elle permet de se purifier, et D. le fait à dose supportable (on découpant la souffrance en plein de petites graines digestes, comme la poule qui mange ses grains sans s'en rendre compte!), de la façon la plus agréable, on en paie le prix]

-> La malédiction est un signe de la part d'Hachem que les juifs doivent doivent faire téchouva, après quoi ils vont de nouveau voir la bénédiction.
[Sifté Cohen]
["La bénédiction et la malédiction que j'ai mises devant toi" -> "devant toi" = à toi de choisir, cela dépend si tu fais la volonté de D. ou pas!]

-> La guémara (Béra'hot 54a) enseigne qu'une personne est obligée de bénir Hachem pour le mal qui lui arrive de la même façon qu'elle bénit Hachem pour le bien qu'elle reçoit.
On doit accepter le mal de D. comme l'on accepte le bien : avec joie!
Le verset : "La bénédiction et la malédiction que j'ai mises devant toi" = nous devons tout accepter de la même manière.
[d'une certaine façon, s'il y a une différence apparente : bien et mal, c'est uniquement car c'est "devant toi" = c'est notre façon faussée de voir dans ce monde, à l'inverse d'une vision dans le monde de Vérité, où tout n'est que bénédiction!]
[Ohr ha'Haïm haKadoch)

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-> "J’ai placé devant toi la vie et la mort, le bonheur et la calamité; choisis la vie!" (Nitsavim 30,19)
Les retombées qui découlent d’une vie juive sont tellement incroyables, que le reste est appelé : mort.

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+ Vois, j'ai placé devant toi aujourd'hui la vie et le bien, la mort et le mal" (Nitsavim 30,15)

-> Rabbi Yo'hanan dit à propos de ce verset :
"Depuis le jour où D. a fait cette déclaration, le bien et le mal n'émanent plus de Sa bouche : le mal frappe de lui-même celui qui fait le mal et le bien comble celui qui fait le bien.
(Rachi sur Eikha 3,38)

-> Le rav Ména'hem Mendel de Kotsk enseigne :
Si une personne préfère le "bien" à la "vie", en d'autres termes en faisant le bien uniquement afin d'améliorer la qualité de sa vie, alors ses priorités sont dans le désordre.
La Torah écrit d'abord : "la vie" et ensuite "le bien", car la vie a été créée uniquement afin que le bien soit fait.
Ainsi, le bien doit être la finalité de la vie, et seulement un outil de vie.

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-> "Tu choisiras la vie afin de vivre toi et tes enfants" (Nitsavim 30,19)

On peut s'interroger sur ce verset. En effet, nos Sages enseignent que l'homme doit servir Hachem de façon désintéressée, c'est-à-dire que son intention et son objectif doit être de réaliser la Volonté d'Hachem pour Lui procurer de la satisfaction. Ainsi, l'homme ne doit pas rechercher des intérêts personnels comme la richesse, les honneurs et même la longévité, même si Hachem de Son côté ne manquera pas de bénir l'homme qui Le sert. Aussi, comment comprendre que le verset dise ici que l'homme doit choisir la vie, c'est à dire le chemin de la Torah "afin de vivre". Mais pourtant, cela ne doit pas être l'intention et l'objectif du Service Divin!

-> Rabbi Yé'hiel Mikhal de Zlotchov explique que pour être vivante, une mitsva doit être accomplie avec vie et vitalité. C'est-à-dire, avec amour et crainte d'Hachem, dans la recherche de Le servir et de Lui faire plaisir. Une telle mitsva est lumineuse et remplie d'une très grande vitalité spirituelle. Et quand une Mitsva est "pleine de vie", elle a la force en retour d'influer dans le monde toutes les bénédictions de vie et de miséricorde.
C'est qu'une mitsva vivante a la force d'attirer de la vie. Tel est le sens de notre verset : "Tu choisiras la vie afin de vivre". L'homme se doit de choisir la vie et d'accomplir la Torah et les mitsvot "afin de vivre".
Son service d'Hachem doit pouvoir attirer la bénédiction Divine et le flux de vitalité. Pour cela, il doit justement être accompli avec amour et crainte d'Hachem, dans une démarche pleinement désintéressée, visant essentiellement à faire plaisir à Hachem.
La Torah demande de réaliser de telles mitsvot, pleines de vie, capable d'attirer la vie, "afin de vivre toi et tes enfants".

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-> "J'en atteste sur vous aujourd'hui le ciel et la terre » (Nitsavim 30,19)

-> Rachi explique qu'Hachem dit au peuple juif : "Regardez le ciel que J'ai créé pour vous servir ... Regardez la terre que J'ai créé pour vous servir".
=> On peut se demander quel sens y a-t-il de regarder le ciel et la terre? Quel but Hachem cherche que l'on obtienne par cette attitude?

-> Rabbi Zévouloun Guerez explique qu'un juif se doit d'intégrer deux grands principes de vie pour parfaire son Service d'Hachem. D'un côté, comme le disait Avraham, "je suis poussière et cendre". Et de l'autre, comme le disent nos Sages : " le monde entier n'a été créé que pour moi".
Bien qu'en apparence, ces deux idées s'opposent, en réalité elles se complètent et mènent l'homme vers un Service d'Hachem plus complet. Quand une mitsva se présente à l'homme et que le mauvais penchant le dissuade de l'accomplir par toutes sortes d'arguments vains, l'homme doit alors se dire : "Le monde n'a été créé que pour moi", j'en suis pleinement responsable et dois le mener vers son objectif. Se renforcer dans cet esprit poussera l'homme à agir le plus possible et le mieux qu'il peut. Mais quand il aura réaliser de grandes choses, il ne devra surtout pas en concevoir quelconque orgueil ou prétention, D. Préserve. Il n'oubliera pas de se dire qu'en fin de compte, "je ne suis que poussière et cendre". Ce qui lui permettra de rester humble et modeste, et de toujours savoir qu'il est faillible et manquant, se devant encore aspirer à plus.

Quand un homme regarde le ciel, il est debout et lève la tête pour voir en haut. Dans un premier temps, l'homme doit sentir son importance pour s'empresser à faire un maximum de bonnes actions et aspirer au plus haut. Mais après l'action, il se pliera et se rabaissera pour observer la terre. Il ne devra pas manquer à garder en conscience l'insignifiance et l'imperfection humain pour toujours rester humble.

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-> Rav Houna dit au nom de Rabbi Elazar : "Dans la voie qu'un homme veut suivre, le Ciel l'y conduit".
[guémara Makot 10b]

-> b'h, voir le commentaire du Maharcha : http://todahm.com/2022/09/28/37209

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-> "Regarde, J’ai placé devant toi la vie et le bien, la mort et le mal ... J’ai placé la mort et la vie devant toi, la bénédiction et la malédiction ; tu choisiras la vie afin que tu vives, toi et descendance" (Nitsavim 30,19).

-> Le Collel de Sarcelles (Nitsavim 5779) enseigne :
Lorsque la Torah parle de la Vie, elle ne fait pas simplement référence au fait de respirer, mais plutôt au processus par lequel on grandit dans son Service et le travail sur ses Midot.
Etre en "Vie" suppose d'embrasser les défis que l’existence présente, en les utilisant pour devenir une personne meilleure.
On peut donc opter pour "la Mort" en évitant d’affronter les épreuves et en tournant le dos à ces opportunités difficiles par lesquelles on peut s'élever. Ainsi, choisir "la Mort", c’est préférer le confort à l’effort, et une vie tranquille à une existence pleine de défis et de progrès ...

A à présent, il nous est plus facile de comprendre en quoi c'est un choix difficile.
Notons que le fait d’opter pour la Mort n’est pas uniquement un manquement quant à l’accomplissement des mitsvot. Un homme peut respecter la Torah tout en choisissant la "Mort" ; s'il ne cherche pas à s’améliorer et à combattre son yétser ara, il favorise l’option la plus commode : en d’autres termes, il choisit la "Mort".
Ce qui est effrayant, c’est que l’on peut faire ce choix tout à fait consciemment et vivre toute sa vie en rythme de croisière. Si l’on ne fait pas d’effort pour améliorer sa relation avec Hachem, pour prier avec plus de kavana, pour être un meilleur conjoint ou parent, ..., on opte pour la facilité.
A un niveau un peu plus profond le choix entre le confort et le défi correspond en réalité, à la possibilité de se lier soit au corps, soit à l’âme. Le corps de l’homme (Adam) cherche à retourner vers la "terre" (Adam), son point de départ ; cela se manifeste par une volonté de s'allonger, se reposer, jouir de divers plaisirs et agréments.
Pour sa part, l’âme désire retourner vers le Ciel (chamayim), dont elle est originaire. Cette attrait est représenté par la volonté de progresser et de grandir.

=> Ainsi, chacun est constamment confronté à cette lutte, et tiraillé dans des directions opposées.
La Thora, dans la paracha de cette semaine, nous informe que pour réussir dans le but de notre existence, nous devons choisir la "Vie".

Le jour de Roch Hachana, nous ne sommes pas seulement jugés sur les mitsvot que nous accomplissons, mais également sur notre façon d'être en général ; quelles sont nos aspirations, qu’est-ce qui nous importe, quels sont nos objectifs?
Désirons-nous une vie facile (même en observant les mitsvot) ou une vie dans laquelle nous nous efforçons de révéler notre potentiel?
Ce sont de tels choix que nous devons réaliser en ce jour de Roch Hachana. Puissions-nous tous être inscrits dans le "Livre de la Vie".

"Vous voici tous debout, aujourd'hui, devant Hachem, votre D." (Nitsavim 29,9)

-> Le midrach Tan'houma (Nitsavim 1) nous enseigne la puissance d'une communauté unie :
"Il est écrit : 'D. sera pour toi (Israël) une lumière permanente' (Yéchayahou 60,19)
Quand?
Lorsque vous formerez une assemblé unie.
[...]
Un faisceau (un assemblage) de roseaux, un homme ne parvient pas à briser l'ensemble, alors que chaque roseau (pris séparément) même un jeune enfant peut le briser.
De même, il se trouve qu'Israël ne peut pas être délivré tant qu'il ne forme pas un ensemble uni.
[...]
Lorsqu'ils sont unis (en un véritable 'klal'), ils bénéficient de la présence divine."

Ainsi, un individu, même de très haut niveau, est comparé à un seul roseau qu'il est facile à briser, même par un enfant.
Par contre, lorsque tous les individus s'unissent pour former un groupe, alors aucune force dans ce monde ne peut briser ce 'klal' (communauté), tant il est puissant, car la présence divine y règne alors.

De plus, le mérite de la communauté permet de bénéficier individuellement de la guéoula et de la présence divine, alors que de façon isolée nous n'en sommes pas forcément dignes.

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-> "Lorsqu'ils (les membres du klal Israël) s'unissent en un faisceau et que la paix règnent, D. est leur roi, et non pas lorsqu'ils sont en désaccord" (Rachi - Vézot aBéra'ha 33,5)

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-> "Quand il y a la paix dans tout le peuple, et qu'il n'y a aucune dissension, Hachem a pitié, et ne fait pas régner la stricte justice.
Même si tous les juifs étaient idolâtres, du moment que la paix est entre eux, la stricte justice ne les atteint pas."
[Zohar I,4b]

-> "Même si les juifs adorent les idoles mais sont en paix entre eux, Hachem dit que le Satan ne peut les toucher ... Grande est la paix, et détestable est la division."
[midrach Bamidbar rabba 11,7]

-> Rabbi Eliezer haaKppar a dit au nom de Rabbi : "Grande est la force de la paix, car lorsque les juifs juifs forment une seule unité, même s'il y avez eux de l'idolâtrie, la stricte justice ne les frappe pas."
[midrach Tan'houma - Choftim 18]

-> Quel a été le plus grave péché, celui de la génération du déluge ou celui de la génération de la tour de Bavel?
Les premiers n’avaient pas récusé le principe de l’existence de Dieu, les seconds l’ont récusé en entrant en guerre contre Lui.
Et pourtant les premiers ont été anéantis, alors que les seconds ne l’ont pas été!
C’est parce que la génération du déluge pratiquait le vol et se livrait à des violences, d’où sa destruction, alors que celle de la tour pratiquait l’amour et la fraternité, ainsi qu’il est écrit : "une seule langue et des paroles identiques" (Noa'h 11,1).
=> On peut en déduire que la division est haïssable et que la paix est la valeur suprême.
[Rachi - Noa'h 11,9]

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-> "Rabbi 'Hana dit au nom de Rabbi Chimon 'Hassida : 'Tout jeûne auxquels ne participent pas des pécheurs d'Israël n'est pas un (véritable) jeûne, car le galbanum ('helbona) a une mauvaise odeur et pourtant elle est comptée parme les (onze) composants de l'encens'. "
[guémra Kéritout 6b]

Ainsi, lorsque les justes (tsadikim) et les non justes (réchaïm) jeûnent ensemble, cette association (ce klal) confère une puissance d'efficacité à ce jeûne public : c'est une condition pour être exaucés.

L’ensemble des personnes présent à une prière s’appelle le : tsibour, dont les initiales renvoient à : tsadikim, bénonim et réchaïm.
=> Prier n’est pas une réunion d’élites, mais c'est une union de tout le peuple ensemble vers un but unique.

[à l'image de la joie d'un père qui voit tous ses enfants qui se retrouvent ensemble malgré leurs différences, Hachem prend tellement plaisir à nous voir unis, qu'Il en déverse largement Ses meilleurs bénédictions sur nous!]

-> Rabbeinou Bé'hayé (Ki Tissa 30,34) commente :
"L’encens vient nous enseigner que nous ne devons pas négliger les réchaïm et les fauteurs en les excluant de nos jeûnes et de nos prières.
Nos Maîtres ont d’ailleurs dit que toute assemblée exempte de fauteurs n’est pas une assemblée. En effet, le Nom de D. est exalté et sanctifié lorsque les réchaïm se repentent et viennent s’ajouter au nombre des tsadikim.
Si cela ne se produit pas, les tsadikim en sont incriminés au nom de la responsabilité qui incombe à chaque juif vis-à-vis de son prochain."

-> Lorsque Hachem voit que les réchaïm font téchouva grâce à l'influence des personnes justes, alors Il nous traite avec davantage de miséricorde.
[Sifté 'hakhamim]

-> Le Nom Divin est grandement sanctifié lorsque les réchaïm font téchouva et désire s'élever vers le niveau des personnes justes.
[Prishah]

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-> A propos de la mitsva du loulav, il est écrit :
"Parmi les 4 espèces du 'loulav', 2 d'entre elles produisent des fruits (le loulav et l'étrog) et 2 d'entre elles ne produisent pas de fruits (le hadass et la arava) [...]
Chaque homme n'est acquitté (de la mitsva du loulav) qu'à condition que ces 4 espèces soient réunies ensemble."
[guémara Ména'hot 27a]

Par ailleurs, ce bouquet symbolise l'image des 4 composants du peuple juif, qui doivent être unis :
-> l'étrog : fruit parfumé, symbolisant celui qui s'investit dans les bonnes actions avec l'étude de la Torah ;
-> le loulav : fruit non parfumé, symbolisant celui qui a de bonnes actions mais sans étude de la Torah ;
-> l'hadass : sans fruit et parfumé, symbolisant celui qui ne s'investit pas dans les bonnes actions mais qui étudie la Torah ;
-> la arava : sans fruit et sans parfum, symbolisant celui qui n'a ni bonnes actions, ni étude de la Torah.

Ainsi, en unissant des espèces qui ont des fruits (des bonnes actions), avec celle qui n'en ont pas, nous proclamons la solidarité de tous les composants, où les qualités des uns viennent combler les lacunes des autres.

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+ "De ce pain de délice (la manne), cet homme a mangé" (Téhilim 78,25)

-> "Il s'agit de Yéhochoua pour qui la manne est descendue, autant que pour tout le peuple d'Israël" (guémara Yoma 76a).

Rachi explique que Yéhochoua recevait quotidiennement sa part de manne durant les 40 jours où, seul au pied de la montagne, il attendait le retour de Moché [à la limite permise, ne voulant pas rater une seule seconde le fait de profiter de sa sagesse].

L'expression : "autant que pour tout le peuple" ne signifie pas que Yéhochoua recevait la même quantité de manne que celle reçue par tout le peuple d'Israël dans le camp, car se serait un miracle sans utilité.
Alors que signifie cette expression?

Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 51) donne la réponse suivante.
Du fait que la manne tombait dans le désert par le mérite de l'ensemble du peuple (klal), chaque individu n'avait pas besoin d'un mérite personnel pour en bénéficier.
Cependant, tout celui qui se séparait du klal, même d'une petite distance, ne pouvait bénéficier de la manne que par un mérite personnel, car il ne mange plus alors de la "soupière" du klal.

De même que la manne tombait dans le camp par le mérite de tout le peuple juif, elle tombait également auprès de Yéhochoua, isolé, grâce à son propre mérite égal à celui de tout le peuple : c'est le sens de l'expression de la guémara ci-dessus.

=> De ce cas particulier, on apprend bien l'importance pour nous de faire partie d'une communauté (klal) afin de pouvoir bénéficier du mérite collectif.

La prière collective est toujours acceptée, étant prise dans son ensemble.
La prière d'un individu seul entraîne l'analyse des mérites personnels de cette personne et le fait que la prière doit être parfaite dans sa kavana du début à la fin.

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Sur ce sujet de l'unité, on peut également voir :
- l'unité du pleuple juif : https://todahm.com/2016/10/18/lunite-du-peuple-juif
- ou plus largement : https://todahm.com/?s=ar%C3%A9vim

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-> "Chaque membre du peuple juif dépend du peuple tout entier, comme une feuille dépend de l'arbre sur lequel elle pousse.
Tant que la feuille adhère à la branche, elle tire sa nourriture de l'arbre.
Qu'elle s'en détache et elle se dessèche et meurt.

De même, chaque juif est nourri par le lien qu'il garde avec le peuple dans son entier.
S'il coupe ce lien, il perd de sa vitalité."

[Rav Wolbe - Alei Chour]

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-> "Lorsque le peuple juif souffre et qu'une personne se détache de la nation, les 2 anges qui accompagnent chaque homme posent les mains sur sa tête en disant : 'Puisse cette personne qui s'est séparée de la communauté ne pas assister à sa consolation'. "
[guémara Taanit 11a]

A l'inverse, cette guémara enseigne qu'une personne qui se prive volontairement de nourriture pendant une famine (pour s'identifier à ceux qui souffrent) sera sauvée d'une mort violente, et quiconque se prive pour partager la souffrance de la collectivité méritera de partager son soulagement.

Sur ce sujet (b'h) : http://todahm.com/2017/07/25/5419

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+ "Lorsque le jugement vient sur le monde, l'homme ne doit pas chercher à ce que son nom soit mentionné en Haut devant Hachem, car si son nom est mentionné, ses péchés sont rappelés et [le Tribunal céleste] l'examine avec plus de rigueur."
[Zohar - Noa'h 69b]

Ainsi, il est préjudiciable de se couper du reste du peuple juif.

Par exemple, en priant avec la communauté, le mérite du groupe fait que la prière passe et soit acceptée.
Mais lorsque l'on prie tout seul : la prière se doit d'être parfaite et on examine si l'on est méritant.

De même, selon la guémara (Avoda Zara 4a), un individu ne peut survivre à la colère de D., mais le peuple dans son ensemble est capable d'échapper à Sa colère.

[En faisant partie d'un groupe, en étant utile à autrui, cela empêche de mauvais décrets de nous arriver : pour ne pas causer de préjudice aux autres par notre moindre implication, et parce que Hachem témoigne beaucoup plus de miséricorde envers la communauté.
Par contre, en restant isolé, nous ne bénéficions pas d'une telle protection. ]

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-> Le Maharal ('Hidouché Aggadot Kétoubot 68a) enseigne :
"Un homme qui en ignore [un autre ayant besoin de tsédaka] agit comme s'il n'était pas son frère et se sépare du peuple juif dont les membres forment une seule nation ...
Ainsi, s'il ignore le besoin de tsédaka et ne fait pas preuve de pitié envers d'autres juifs, il n'est pas considéré comme faisant partie du peuple juif."

-> La tsédaka peut se faire par de l'argent, par du temps, par de l'écoute, par des encouragements, ...

C'est impressionnant de voir les récompenses qui sont réservées à un acte nous obligeant à considérer tout juif comme son frère, comme faisant partie d'une grande famille (le lien de parenté ne peut pas être effacé!).
Plusieurs articles (b'h) sur ce thème : http://todahm.com/category/paracha/47-ree
Rester à l'écart dans sa bulle, c'est passer à côté de tellement de bénédictions, c'est passer à côté d'une vie juive.

On peut citer :
-> "La tsédaka est une des choses qui peut annuler un décret difficile au sujet d’une personne"
[guémara Roch Hachana 16b]

-> "3 choses annulent les mauvais décrets : la prière, la charité et le repentir"
[midrach Béréchit rabba 44,12]

"Pour l'amour de Sion, Je ne garderai pas le silence"
(Haftara de Nitsavim : 7e et dernière haftara de consolation des Shabbath suivants la période du 9 av - Yéchéyahou 62,1)

Le Targoum Yonathan explique que D. donne ici un avertissement :
"Tant qu'Israël sera dispersé, le monde ne connaîtra pas la tranquillité".

 

On peut aussi trouver par exemple dans ces haftarot :

-> "Dans toutes leurs souffrances, Lui-même (D.) a souffert"
(Yéchayahou 63,7)

-> "Tu n'auras plus besoin du soleil comme lumière du jour, ni de l'éclat de la lune pour t'éclairer : Hachem sera pour toi une lumière éternelle et ton D. sera ta splendeur ... et les jours de ton deuil prendront fin"
(Yéchayahou 54,19-20)

-> "Hachem consolera Sion, Il consolera toutes ses ruines, Il fera de son désert un Eden, et de sa plaine aride, comme un jardin de Hachem ; la joie et l'allégresse s'y trouveront, les actions de grâces (louanges) et le son des chants"
(Yéchayahou 51,3)

+ "Vous vous tenez aujourd'hui devant Hachem, votre D."  (Dévarim 29,9)

= Nous pouvons nous tenir devant D. si nous nous préoccupons que du jour présent.

Rabbi Na'hman de Breslev disait : "Hier et demain constitue la ruine de l'homme.
Aujourd'hui, vous pouvez être dévoués à D.  mais vos hiers et vos demains vous ramènent en arrière."

Nous avons en nous un yétser ara, une force destructive, dont le mode opératoire ne consiste pas exclusivement à nous inciter à commettre un péché.
En effet, s'il parvient à paralyser quelqu'un et à l'empêcher d'avoir un comportement constructif, il aura alors atteint son objectif.

Nous ne pouvons rien faire au sujet du passé et, en général, très peu en ce qui concerne le futur.
Notre préoccupation pour le passé et le futur, qui nous dissuade de toute attitude constructive dans le présent, est donc une machination du yétser ara.

=> Pour être avec D., nous devons nous concentrer sur aujourd'hui  ...   ("aujourd'hui devant Hachem").