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"La fille Pharaon descendit vers le fleuve pour se baigner" (Chémot 2,5)

Rabbi Yo'hanan dit au nom de rabbi Chimon bar Yo'haï qu'elle est venue se purifier (se laver) des idoles de son père (Pharaon) ...
- Le verset (2,5) poursuit : "Et ses compagnes allaient sur la rive du fleuve" : rabbi Yo'hanan dit ... qu'elles allaient à la mort ...

- Le verset (2,5) poursuit : "Elle aperçut le berceau parmi les roseaux" ; lorsque les servantes virent que la fille de Pharaon voulait sauver Moché, elles lui dirent : "Maîtresse, quand un roi publie un décret, même si le monde ne s'y soumet pas, il est d'usage que ses enfants et les gens du palais respectent le décret et toi (sa fille), tu désobéirais au décret de ton père!"
L'ange Gavriel vint alors les terrasser (et elles moururent).

- Le verset (2,5) se termine ainsi : "Elle envoya sa servante (amata) pour le prendre" : Rabbi Yéhouda et Rabbi Né'hémia s'opposent sur le sens du mot : "amata".
L'un dit qu'il s'agit de son bras et l'autre dit qu'il s'agit de sa servante : Un maître dit que "amata" désigne son bras (car le mot "ama" désigne l'avant-bras ou la coudée) ; l'autre maître dit que "amata" désigne sa servante, car il n'est pas écrit "yada" : son bras ...
[L'ange] Gavriel aurait épargné de la mort l'une des servantes, car il n'est pas convenable que la fille d'un roi demeure seule. Quant à celui qui traduit "amata" par bras, c'est pour nous enseigner que son bras s'est considérablement allongé.
[guémara Sota 12b]

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=> Pourquoi le verset (Chémot 2,5) dit-il que Batya descendit : "al hayéor" (au-dessus du fleuve) pour se baigner et non pas "él hayéor" (vers le fleuve) ou "bayéor" (dans le fleuve)?

-> La fille de Pharaon, Batya n'est pas sortie vers le fleuve pour s'y baigner, ce qui serait inconvenant pour une princesse, mais elle s'est baignée dans le palais royal, dans sa salle de bain qui était située au-dessus du fleuve.
Elle avait une vue plongeante sur le fleuve, ce qui lui a permis de voir le berceau de Moché sur le fleuve parmi les roseaux. De là, elle envoya (sa servante ou sa main) pour le prendre.
C'est pourquoi, le texte a employé le mot : "al" (au-dessus) plutôt que "él" (vers).
[Sforno]

-> La fille de Pharaon était écœurée de l'idolâtrie de la maison royale et du peuple égyptien symbolisée par le fleuve (le Nil), considéré comme un "dieu" à cause de son rôle économique prépondérant en Egypte.
Elle décida ce jour-là de se "laver" (se purifier) de l'idolâtrie de son père et de son peuple.
C'est pourquoi, le texte écrit : "al hayéor" (au-dessus du fleuve) pour indiquer qu'elle vient se purifier et se convertir (comme le dit Rachi) et s'élever au-dessus du fleuve, c'est-à-dire au-dessus de l'idolâtrie de son père et de son peuple.
Devenue juive, Batya épousa plus tard Kalev, surnommé Méred, selon le verset : "Ceux-là furent les enfants de Batya, fille de Pharaon, qu'avait épousée Méred" (Divré haYamim I 4,18).
Ce mariage de Batya avec le tsadik Kalev confirme sa conversion.
[d'après la guémara Méguila 13a]

-> Selon le Maharcha, l'emploi de "al" (au-dessus) [et non : "dans"] indique qu'il s'agit d'un bain de purification.

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-> Comment Batya a-t-elle effectué une immersion dans le Nil (mikvé) afin de se convertir, sans la présence d'un Bet Din?
De plus, les égyptiens ne peuvent entrer dans l'Assemblée d'Israël qu'après 3 générations après une conversion ; donc comment a-t-elle pu épouser Kalev?
En réalité, ces restrictions n'existeront qu'après le don de la Torah ; or Batya s'est convertie avant le don de la Torah.

-> La guémara (Méguila 13a) explique ainsi le surnom Méred de Kalev, un des 2 explorateurs qui avait fait un bon rapport sur le pays d'Israël exploré.
Hachem s'est dit : Que vienne Méred (Kalev) qui s'est opposé (marad) aux 10 explorateurs qui dénigraient le pays, et qu'il épouse Batya, qui elle aussi s'est opposée à l'idolâtrie de son père et à ses ordres, en recueillant Moché qu'elle savait être juif.

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=> Comment Batya peut-elle se tremper dans le Nil pour se "laver" des idoles, alors que ce fleuve est lui-même objet d'idolâtrie?

-> C'est parce que la fille de Pharaon fut frappée d'une plaie de lèpre (négaïm) intense sur son corps, et qu'elle ne pouvait pas se baigner dans l'eau chaude de son palais, qu'elle dut descendre se baigner dans les eaux froides du Nil.
Lorsqu'elle vit le berceau de Moché qui pleurait, elle le saisit et guérit aussitôt de sa lèpre.
Elle s'est dit : Cet enfant doit être un tsadik et elle décida de le maintenir en vie.
Or, quiconque sauve la vie d'une personne est considérée comme ayant sauvé tous ses descendants potentiels ; c'est pourquoi Batya a bénéficié de la vie dans ce monde-ci et de celle dans le monde futur.
[Pirké déRabbi Eliézer - 48]

-> Pour réparer une faute, il est nécessaire de se placer à l'endroit même du défaut.
Or l'idolâtrie des égyptiens se concentrait sur le Nil qu'ils déifiaient en raison de la prospérité que ce fleuve amenait et la fille de Pharaon décida de s'immerger pour se purifier de cette idolâtrie et y renoncer, car c'était justement le lieu de l'idolâtrie de son père et de son peuple.
[Iyoun Yaakov]

[lorsque Pharaon fut atteint de plaies lépreuses, ses devins lui conseillèrent de se baigner chaque jour dans le sang de 150 enfants juifs. Selon le Péninim Yékarim, Pharaon ne s'est pas baigné dans les eaux froides du Nil, car il considérait cela comme une offense au Nil (sa divinité), de s'y baigner nu pour guérir.
Par contre sa fille, atteinte de lèpre, ne considérait plus le Nil comme une divinité et s'y est donc baignée pour guérir de sa lèpre.]

-> Bien que Batya ait compris, en ouvrant le berceau, que cet enfant se distinguait des autres et qu'il s'agissait du sauveur d'Israël prédit par les devins de son père, elle eut pitié de Moché et le sauva, car à ce moment elle rejeta les idoles de son père et s'attacha à la foi juive.
Elle amena cet enfant dans le palais royal, justement parce qu'il était juif.
Cette attitude de Batya confirme sa conversion.
[Ets Yossef]

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=> Pourquoi Batya a-t-elle envoyé sa main pour saisir le berceau qui était très éloigné d'elle et donc hors de sa portée?

-> Batya a réuni toutes ses forces, déterminée à sauver cet enfant, en y mettant tout son cœur.
Elle a alors eu le mérite de dépasser ses limites naturelles et atteindre le berceau de Moché, éloigné de plusieurs coudées, en tendant sa main.
Rien ne résiste à la volonté de l'homme lorsqu'il agit d'un cœur entier : il peut même retrouver le niveau illimité d'Adam avant la faute et atteindre beaucoup plus qu'il n'aurait obtenu par ses forces naturelles : cette capacité prouve la grandeur de l'homme.
[rabbi ‘Haïm Chmoulévitch – Si’hot Moussar (si’ha 32)]

-> Batya ignorait initialement que son bras s'allongerait miraculeusement pour pouvoir saisir le berceau parmi les joncs , elle a quand même tendu son bras et fait des efforts pour atteindre ce berceau inaccessible.
On en tire une leçon : lorsqu'une personne accomplit une bonne action, même si les chances de réussite sont faibles ou nulles, elle doit quand même agir de toutes ses possibilités et avoir confiance qu'Hachem complétera son action.
[rabbi Mendel de Kotzk]

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-> La main de la princesse s'est allongée miraculeusement de 60 amot (plus de 30 mètres) pour pouvoir accéder au berceau de Moché.
Il y aune allusion à ce grand allongement dans le verset (Chémot 2,5) : il existe 60 lettres entre le début de ce verset et la lettre shin (ש) du milieu du mot "vatichla'h" (elle envoya sa main - ותשלך).
[Maharcha - guémara Méguila 15b]

-> Rabbénou Bé'hayé enseigne :
Le bras de la fille Pharaon s'est allongé de 60 coudées ; on trouve une allusion à ce 60 amot dans le verset : "Batya le nomma Moché, disant : "Car je l'ai tiré des eaux"" (Chémot 2,10).
L'expression : "min hamaïm méchitihou" (des eaux je l'ai tiré - מִן הַמַּיִם מְשִׁיתִהוּ) aurait dû être écrite de façon plus contractée : "mimaïm méchitiou" (ממים משיתיו).
Ainsi, le texte a ajouté 3 lettres : la lettre noun (נ) dans le mot min (מן), la lettre hé (ה) dans le mot "alaïm" (המים) et la lettre hé (ה) dans le mot : "méchitihou" (משיתהו).
La guématria totale de ces 3 lettre supplémentaires : 50+5+5=60 fait allusion à l'allongement du bras de Batya de 60 amot.

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+ "Rabbi 'Hanina fils de rav Pappa a a dit : Ce jour-là (où Moché fut sauvé des eaux de Batya), c'était le 21 du mois de Nissan. Les Anges de service dirent devant Hachem : "Maître du monde, celui qui est destiné dans le futur à chanter (pour Te glorifier et Te louer) le Cantique de la Mer à cette même date (21 Nissan), peut-il être frappé en ce jour?"
[selon la guémara, c'était une année embolismique de 13 mois : 7 Adar naissance de Moché, puis la majorité (24 jour) du mois d'Adar I, puis un mois entier de Adar II, et la majorité (21 jours) du mois de Nissan]
Mais rabbi A'ha fils de rabbi 'Hanina a dit : ce jour-là, c'était le 6 du mois de Sivan. Les Anges de service dirent devant Hachem : "Maître du monde, celui qui est destiné dans le futur à recevoir la Torah sur le mont Sinaï à cette même date (6 Sivan) peut-il être frappé en ce jour?"
[Moché est né un 7 Adar, et si on compte 3 mois, on parvient au 6 Sivan]
[guémara Sota 12b]

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-> Il existe une sainteté dans le temps et dans l'espace pour des événements qui doivent se produire dans le futur, car ces grands événements futurs laissent déjà, à effet rétroactif, des traces à la date et à l'emplacement de ces événements fondamentaux.
C'est ainsi que cette date du 21 Nissan, où Moché et les Bné Israël glorifièrent Hachem, porte une trace de sainteté, capable d'influencer le sauvetage de Moché en ce 21 Nissan qui précède de 80 ans la récitation du Cantique de la Mer.
[rabbi Tsadok haCohen]

-> Selon le 1er avis, Yo'hévét n'a pas attendu 3 mois entiers, car elle a volontairement placé le berceau de Moché sur le Nil, à l'avance (le 21 Nissan) [soit au bout de 74 jours après sa naissance, et non 90 (3 mois)], afin qu'il bénéficie du mérite de ce jour futur du 21 Nissan, où il entonnera le Cantique de la Mer, afin de le sauver de la noyade dans le fleuve.
[Iyoun Yaakov]

[d'une certaine façon, on peut dire que grâce à Moché : l'eau de la mer Rouge s'est ouverte nous sauvant d'une mort physique, et l'eau de la Torah nous sauve d'une mort spirituelle.]

"Naftali est une biche qui s’élance, il apport d’heureuses nouvelles" (Vayé'hi 49,21)

-> Le rabbi Chmouël Chamaï explique ce verset d'une manière allusive :
"Naftali" (נַפְתָּלִי) est formé des mêmes lettres que téfilin (תפילין).
Et "ayala" (une biche - אַיָּלָה) est formé des lettres de Eliya (אליה). [Elya est un diminutif de Eliyahou]
Cela nous enseigne que celui qui observe la mitsva des téfilin en accord avec la halakha, mérite de voir le visage du prophète Eliyahou.
Non seulement cela, mais il mérite également la fin du verset : "il apporte d’heureuses nouvelles", tout le monde a du plaisir à écouter ses paroles et elles sont acceptées, ainsi qu’il est dit : "le tsadik décrète et Hachem accomplit".

"Yaakov est la corde de Son héritage" (Yaakov 'hévél na'halato - Haazinou 32,9)

-> Lorsque nous tenons une corde qui pend vers le bas, et que nous l'agitons depuis le haut alors elle va bouger jusque tout en bas, même si elle est extrêmement longue ...

Le Zéra Kodech écrit qu'il en est de même de notre lien avec nos Patriarches (Avraham, Its'hak et Yaakov).
Bien qu'ils aient vécu il y a des milliers d'années, nous sommes toujours connectés avec nos ascendants directs (pères de la nation juive).
Ainsi, lorsque je prie, ma prière va remuer la corde de tous mes ancêtres jusqu'aux Patriarches.
Hachem va alors m'associer avec mon ascendance si prestigieuse (tous mes ancêtres dont les Patriarches et Matriarches!), et Il va alors recevoir avec plaisir mes prières.

=> Tout juif doit avoir conscience que ses prières sont très précieuses, uniquement par le fait d'être un descendant des Patriarches.

-> Selon le Zéra Kodech nous devons également penser que : "Hachem m'a donné une âme (néchama) ... et puisque j'ai une partie si unique en moi (un bout d'Hachem!), alors je suis méritant de prier".

Même s'il fait les pires choses, un juif garde toujours en lui une parcelle pure qui le relie directement avec son papa Hachem.
A l'image d'une corde, il suffit de la faire bouger par de sincères demandes, et alors Hachem reçoit le message à l'autre bout de la corde.

-> Le Zéra Kodech enseigne également que parfois Hachem, si l'on peut dire, va utiliser quelqu'un pour prier par son biais.

La guémara affirme que Hachem prie également. Comment le fait-Il?
Le Zéra Kodéch explique que Hachem se joint à une personne, et Il va prier ensemble avec cette personne.
C'est pourquoi, parfois nos prières sont extrêmement puissante!

Il écrit : "On peut considérer, si l'on peut dire, que parfois Hachem s'habille dans la bouche d'une personne afin de prier.
C'est pourquoi, on peut se dire qu'en absolu nous ne sommes pas méritants de prier, mais cependant Hachem dans Sa compassion et Sa grande bonté, lorsqu'Il voit que je ne peux pas prier, Il va s'habiller et prier avec moi.
Il est avec mes mots lorsque je prie."

"Je donnerai pour toi et tes enfants ... pour l'éternité, l'alliance du sel pour toujours" (Kora'h 18,19)

-> Selon Rachi : Hachem contracta avec Aharon une alliance éternelle et durable, à l'image du sel qui conserve et rend durable la nourriture.

-> Le Kédouchat Lévi fait le commentaire suivant :
Cette alliance du sel contractée après la faute de Kora'h vient aussi en réponse à la révolte de Kora'h.
D'après la tradition, le Lévi connote la rigueur et le Cohen relève de la bonté. Kora'h, qui était Lévi, voulait devenir Cohen, car il souhaitait neutraliser toute la rigueur pour que seule la bonté puisse s'exprimer. Son erreur était que pour que la véritable bonté puisse s'installer, on a aussi parfois besoin de la rigueur.
C'est le sens de l'alliance du sel. Chaque chose qui existe est constituée d'un dosage entre les 4 éléments (eau, feu, air et terre). Or, d'après nos Sages, le sel c'est l'élément du feu qui est contenu dans l'eau. De plus, l'eau symbolise la bonté et le feu la rigueur.
Il en ressort que le sel symbolise la rigueur contenue dans la bonté. C'est précisément cette dimension qui se
devait de répondre aux arguments de Kora'h qui ne voulait que d'une bonté pure, dépourvue de toute rigueur.

"Noa’h, homme de la terre, s’avilit et planta une vigne. Il but de son vin et s’enivra, et il se mit à nu au milieu de sa tente" (Noa'h 9,20-21)

-> À la fin du déluge, quand Noa’h rejoignit la terre ferme, il dut entreprendre une tâche décourageante, celle de reconstruire le monde. Il commença par planter une vigne.
Rachi explique : Lorsqu’il était entré dans l’arche, il avait emporté des rameaux de vigne et de figuier.
Certains commentateurs disent que le problème du vin est qu’il peut être très néfaste s’il est mal utilisé, comme ce fut le cas lors de cet incident. Par conséquent, ils estiment que Noa’h aurait dû planter quelque chose qui provoque moins de dégâts que le vin.
De plus, certes Le vin peut grandement réjouir l’individu et l’aider à se sentir plus proche d’Hachem, mais Noa’h aurait dû commencer par quelque chose de plus nécessaire à la reconstruction du monde.

Cependant n’oublions pas que Noa’h était un grand tsadik, on ne peut donc pas interpréter son erreur de manière superficielle.
=> Comment comprendre son attitude?

-> Le Yalkout Chimoni (Noa'h 9,20) explique que lorsque Noa’h but du vin, il ressentit une grande joie.

Le rav Méir Rubman (Zikhron Méir) précise que quand Noa’h regagna la terre ferme, il fit face à une destruction absolue, le monde dans lequel il avait vécu était complètement anéanti et tout être vivant avait disparu.
Il se sentit accablé et découragé par cet horrible spectacle. Il savait que de tels sentiments ne l’aideraient pas à redonner au monde un aspect spirituel, parce que la Présence Divine ne réside que lorsque l’on est joyeux d’accomplir la volonté d’Hachem (selon la guémara Shabbat 30a).

Sachant que le vin avait la capacité de réjouir les gens, il décida de planter une vigne et d’en utiliser le fruit pour faire descendre la Présence Divine sur terre.
Cette explication pose néanmoins une difficulté : si ses intentions étaient louables, pourquoi ses actions provoquèrent-elles tant de dégâts?

-> Le rav Sim’ha Wasserman explique qu’il avait d’autres motifs, moins nobles, qui l’incitèrent à commencer à reconstruire le monde par la plantation de vigne.
Devant une telle désolation, Noa’h éprouva le besoin de s’égayer et de sortir de l’horrible situation à laquelle il était alors confronté. Par conséquent, il choisit de planter une vigne, et son vin lui permettrait d’échapper au terrible malheur qu’il vivait.
Ce choix fut considéré comme un échec pour quelqu’un du gabarit de Noa’h et il eut donc des conséquences négatives. Nos Sages ('hazal) le critiquent et affirment qu’il aurait dû chercher à reconstruire plutôt qu’à fuir.
Rav Wasserman note que nos Sages ne disent pas que Noa’h a commis une grave faute, mais qu’il fit quelque chose de "‘hol" (de la racine "vaya’hel", terme employé pour évoquer l’erreur de Noa’h), un manque de pureté et de grandeur.

[le verset (v.9,20) commence par : "vaya'hel (וַיָּחֶל) Noa'h", que Rachi commente : Vaya'hèl ("commença") [à rapprocher de ‘houlin ("œuvre profane")] veut dire qu’il s’est profané lui-même, car il aurait dû commencer par planter autre chose. ]

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-> Noa’h, homme de la terre se dégrada ; il planta un vignoble" (Noa'h 9,20)

-> Le midrach (Béréchit Raba 36,3) rapporte que Rav Bera’hia dit : "Moché est plus apprécié que Noa’h ; Noa’h passa de l’appellation "Ich Tsadik" à celle de "Ich Adama", tandis que Moché passa de "Ich Mitsri" à "Ich Élokim"."

-> La Torah nous raconte qu’en sortant de l’arche, Noa’h planta une vigne. Elle le décrit alors comme un "Ich Adama" (un homme de la terre). Nos Sages expliquent qu’après avoir planté cette vigne, il s’enivra en en buvant le vin, ce qui provoqua les événements tragiques menant à la malédiction de son fils ’Ham.
=> Comment se fait-il que Noa’h subit une chute spirituelle si rapide et passa du "Ich Tsadik" au "Ich Adama"?

-> Le Messé'h 'Hochma fait remarquer d'un côté qu'il faut faire attention que notre temps et énergie consacrés à autrui ne viennent pas nuire à notre croissance et à notre développement personnel.
Mais d'un autre côté, il rapporte un midrach (Béréchit rabba 36,3) qui dit qu'au début Noa'h était vu comme un juste parfait (Noa'h 6,9 - "ich tsadik"), mais le fait de focaliser sa vie que sur lui-même (ex: se concentrant que sur sa propre spiritualité, sans selon le Sforno chercher à faire connaître Hachem et Ses voies à ses contemporains) va le transformer en un homme de la terre (Noa'h 9,20 - "ich aadama").
A l'inverse Moché est décrit au début comme un égyptien en exile (Chémot 2,19 - "ich mitsri"), mais ses efforts pour le peuple juif vont l'élever au sommet de la perfection, lui faisant mériter le titre de : homme de D. (Dévarim 33,1 - "ich aElo'im").
=> Cela nous apprend que l'on ne perd jamais à faire du 'hessed à autrui.

-> Rav Leib Helman (dans son 'Hikré Lev) parle de ce sujet. Pour comprendre les actions de Noa’h à sa sortie de l’arche, il convient de considérer l’immense difficulté de sa situation dans l’arche, durant toute la période du déluge.
Tout d’abord, le midrach Tan’houma raconte que Noa’h et ses fils étaient tenus de nourrir tous les animaux présents dans l’arche. Or, ces derniers mangent à des horaires différents ; certains mangent au milieu de la nuit, d’autres en journée. Donc, Noa’h devait constamment rester réveillé pour nourrir les animaux. L’unique fois où il arriva en retard pour donner au lion son repas, ce dernier le griffa, ce qui lui laissa une blessure à vie.
Noa’h ne pouvait espérer dormir que quelques minutes, par intermittence, durant une année entière. Nos Sages affirment d’ailleurs que les mots du Téhilim : "Fais-moi sortir de la geôle de mon âme" furent prononcés par Noa’h durant cette période éprouvante.

Rav Helman ajoute une 2e facette, moins apparente, à la souffrance de Noa’h. Rachi estime que Noa’h et sa famille ne savaient pas combien de temps ils allaient devoir rester dans l’arche et ils ne savaient même pas s’ils allaient survivre au déluge.
En effet la Torah affirme qu’"Élokim se souvint" (Noa'h 8,1). Rachi explique que l’attribut du Jugement divin (Élokim) se transforma en miséricorde grâce aux prières des tsadikim dans l’arche. Sans ces prières, ces derniers auraient péri.
De plus, avant le déluge, Hachem dit : "J’établirai Mon alliance avec toi. Tu entreras dans l’arche" (Noa'h 6,18). Le Ramban explique que cette alliance est une référence à la promesse que Noa’h et sa famille survivraient au déluge et sortiraient vivants de l’arche. Cependant, Rachi explique l’alliance de manière tout à fait différente : c’est une promesse que les fruits ne pourriraient pas et que les Réchaïm ne tueraient pas Noa’h.
Ainsi, selon Rachi, Noa’h et sa famille ne savaient absolument pas s’ils allaient survivre au déluge.

Cette interprétation intensifie exponentiellement les souffrances de Noa’h. Une épreuve est bien plus difficile à traverser si l’on ne connaît pas son dénouement. Quand l’individu est certain que son épreuve va prendre fin, elle devient beaucoup plus facile à supporter, même si elle doit durer longtemps.

Revenons à la question posée précédemment : pourquoi Noa’h planta-t-il une vigne dès qu’il regagna la terre ferme?
Il traversa une période pleine de difficultés, il vécut parmi des réchaïm qui se moquaient de lui sans pitié, puis il passa un an de véritable enfer, sans même savoir s’il allait s’en sortir. De plus, Noa’h pouvait se dire qu’il avait particulièrement bien rempli sa vie : il était le fondateur du monde, l’unique personne qui avait mérité la vie sauve.
Dans un pareil cas, il est compréhensible de penser qu’il est temps de profiter de ce monde. C’est ainsi que Noa’h planta une vigne et se mit à jouir de son vin.
Le rav Helman soulgine que toutefois, il commit une erreur, ce monde est un lieu de labeur et c’est dans le monde à venir que l’on profite de notre travail. Même à la fin de sa vie, l’homme n’a pas le droit de penser qu’il ne lui est plus nécessaire de fournir des efforts et de s’efforcer de grandir.

Rav Helman ajoute que selon lui, Noa’h inventa le concept de la "retraite", adopté ensuite par ses descendants (les Bné Noa’h), mais non par le peuple juif.
Rav Yissa'har Frand précise : "Il existe une pratique courante, presque universelle ; celle de prendre sa retraite une fois que l’on termine sa mission. C’est un concept inventé par les fils de Noa’h et qui débuta par Noa’h lui-même. Ce fut le cadeau de Noa’h dans ce monde : l’idée de la retraite. Ses descendants suivirent sa voie. Si vous êtes chanceux, vous pouvez vous mettre à la retraite à 62 ans et à 66 ans, vous pouvez bénéficier d’une retraite à taux plein. Si vous êtes millionnaire, vous pouvez prendre votre retraite dès 54 ans, et ainsi de suite. Quoi qu’il en soit, à un certain moment, vous prenez votre retraite. Et ensuite, que faites-vous? Aucune idée! Vous pouvez voyager à travers le pays, lire le journal, apprendre à jouer au bridge. Mais ce n’est pas ce que le Maître du monde attend de vous, ni d’aucun être humain. La retraite est un concept auquel le juif ne devrait jamais penser. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut jamais s’arrêter de travailler. Mais il ne faut pas adopter cette attitude et se dire : "Ça y est! J’ai terminé, je peux m’asseoir et me détendre, sans rien faire, à partir de maintenant"."

=> Noa’h nous enseigne qu’un juif, en dépit des défis qu’il rencontre au cours de sa vie ainsi que des succès qu’il accumule, ne doit jamais se dire : "Je peux prendre ma retraite". [tant qu'il y a de la vie, tant qu'on a des forces, on doit les employer à davantage se rapprocher de D. en faisant sa volonté.]

"Il prit Kora'h, fils de Ytsar, fils de Kéhat, fils de Levi et Datan et Aviram... Ils se rassemblèrent contre Moché et Aharon" (Kora'h 16,1-3)

-> Nos Sages (guémara Sanhédrin 109b) enseignent que le 3e frère de Datan et Aviram, On ben Pélet, fut sauvé de l'assemblée de Kora'h par le mérite de sa femme. En effet, il s'est repenti et pria toute la nuit afin de bénéficier d'un prodige car il fit le serment de rejoindre au matin l'assemblée de Kora'h pour les soutenir. Sa femme le rassura : assieds-toi et je vais te sortir de cette situation. Elle lui servit du vin, l'enivra et le fit dormir tandis qu'elle partit surveiller l'entrée de la tente. Tout celui qui s'approchait et l'apercevait, rebroussait chemin tellement sa pudeur était grande. Entre-temps, toute l'assemblée fut avalée par la terre.

-> Rabbi Ména'hem Azaria de Pano (Guilgoulé Néchamot) écrit que 'On ben Pelet se réincarna dans Manoa'h le père de Chimchon, tandis que son épouse se réincarna dans Tsalalfonit la mère de Chimchon.
Elle mérita d'avoir un roi dans sa descendance pour avoir sauvé son mari.
Par la suite, elle continua sa réparation en ce réincarnant en Mikhal la fille du roi Chaoul et de la même façon qu'elle sauva On ben Pelet son mari, elle sauva également David.

-> Nos Sages nous enseignent que 12 femmes eurent un rôle déterminant envers leur époux dans l'histoire de l'humanité : trois causèrent la mort de leur mari : 'Hava, Dalila et Isabelle. Trois sauvèrent leur mari de la mort : la femme de 'On ben Pelet, Mikhal la fille de Chaoul et Sera'h la fille d'Acher.
Trois maintinrent le monde par un acte de débauche : Tamar et les deux filles de Lot, et trois autres eurent la même intention sans y parvenir : Ra'hav, Ya₴l et la femme de Potifar.
[Tsor ha'Haïm - Kora'h]

"Moché se leva et partit voir Datan et Aviram" (Kora'h 16,25)

=> Pourquoi la Torah dit-elle : "Moché se leva"? Si c'était pour nous dire qu'il était assis préalablement, en quoi cette information nous est-elle utile?

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch répond :
Il est écrit : "Avant la défaite, le racha est élevé" (Michlé 16,18) ; "Avant les honneurs, se trouve la modestie" (Michlé 18,12), et nos Sages (midrach Chémot rabba 45) ont enseigné : "Mon humiliation m'a valu l'élévation".
C'est ce que dit donc notre verset : "Moché se leva" = c'est une élévation pour lui que d'aller lui-même parler à Datan et Aviram, des hommes mauvais qui lui ont fait honte et refusaient de se présenter devant lui. Il s'est rabaissé en les visitant lui-même.
- "Avant la défaite, le racha est élevé" se rapporte donc à Datan et Aviram qui sont honorés de la visite de Moché en personne, juste avant la punition.
- Et "avant les honneurs se trouve la modestie" se rapporte à Moché qui se rabaisse en se déplaçant chez eux, juste qu'Hachem ne prenne sa défense.

=> La Torah atteste donc que ce qui semblait être, à première vue, une humiliation pour Moché (ils lui ont fait honte verbalement en public), était en fait une ascension pour lui, une grandeur : "Moché se leva".

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-> b'h, par exemple également sur le fait de ne pas répondre aux disputes : https://todahm.com/2018/12/25/limportance-de-ne-pas-repondre-aux-disputes

"Vienne alors la multitude de maux et d'angoisses qui doivent l'atteindre" (Vayélé'h 31,21)

-> Lorsque rabbi Mendel de Rimanov procédait à la lecture publique de la Torah à la synagogue et qu'il arrivait à ce verset, il s'interrompit et s'adressa avec émotion au ciel : "Maître du monde, vas-y doucement avec le sel! Tu sais que trop de sel rend indigeste la viande. De même une multitude de malheurs ne peut nous rendre meilleurs. Sois compatissant enfin avec nous : ne mets pas trop de sel!"

"Yissa'har est un âne osseux" (Vayé'hi 49,14)

-> On peut expliquer ce verset de la façon allusive suivante :
Quand un homme accomplit une mitsva, Hachem lui donne une récompense. Cette récompense vient essentiellement du fait des efforts qu'il a dû investir pour accomplir cette mitsva.
En effet, l'homme a un corps physique et matériel, qui est pesant et rend difficile l'accomplissement des mitsvot. Pour les réaliser, il faut se renforcer sur son corps.

Ce verset : Yissa'har est un âne osseux", qui se dit "Yissa'har 'hamor garèm" ( יששכר חמור גרם), peut aussi se traduire par "Il y a une récompense (yéch sa'har - יש שכר) la matière ('homer - חומר) entraîne (gorèm - גורם )", c'est-à-dire que s'il y a une récompense pour les mitsvot, c'est essentiellement en raison de la matière de l'homme qu'est entraînée cette récompense.
En effet, pour réaliser les mitsvot, il faut se battre contre cette aspect de matérialité et dépasser la lourdeur, la pesanteur et les envies du corps.
[Kédouchat Lévi]

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-> Le Noam Elimelé'h fait une commentaire similaire sur notre verset :
on peut apprendre d’ici que si toutes les épreuves apparaissent à l’homme comme des ténèbres épais, elles contiennent en réalité une grande lumière. Dès lors, on ne devra pas se plaindre du yétser ara qui cherche toutes les occasions de nous faire trébucher, car c’est précisément lui qui est la source de la récompense qui nous attend En-Haut.

Le Noam Elimelekh pose une question : à priori, à bien y réfléchir, pourquoi Hachem rétribue-t-il les Bné Israël pour leur accomplissement des mitsvot?
La logique voudrait que, sans cela, ils soient redevables à Hachem de les accomplir en raison de tous les bienfaits qu’Il leur prodigue, et qui sont si nombreux qu’ils ne pourront jamais L’en remercier.

C’est qu’en fait, l’essentiel de la récompense provient de ce que le Créateur nous a donné un yétser ara qui nous incite constamment à nous détourner de Lui et à convoiter les plaisirs matériels. L’homme mène ainsi une bataille permanente au cours de laquelle il doit faire preuve de ruse afin de se garder de tout mal : de l’hypocrisie, du mensonge, de la dérision, de la médisance, des mauvaises pensées, et de tout ce qui y ressemble.
C’est grâce à ce combat, dit-il, et à la peine qu’il nous cause que nous recevons une récompense ...
[ainsi c'est bien ce qui nous semble temporairement obscur (la difficulté de l'épreuve du yétser ara) qui va en la surmontant nous générer une lumière, de belles choses, pour notre éternité dans le monde à Venir.
Ainsi, l'essentiel de la valeur d'un homme et de sa récompense réside dans sa force à surmonter les épreuves de la matières. ]

C’est ce que notre verset vient suggérer en allusion : le nom de Yissa'har, sous sa forme hébraïque, יששכר peut se décomposer en deux mots : יש שכר (yéch cha'har - "Il y a une récompense") (grâce au fait qu’il est comparé à un) "âne musculeux" (חמור גרם - 'hamor garèm), c’est le חומר ('homer), "la matière, le corps", qui entraîne (גרם) sa récompense, lorsqu’il brise ses désirs matériels.
[le verbe "ligrom" (לגרום) = causer, provoquer]

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-> "D. examina tout ce qu'il avait fait c'était très bien." (Béréchit 1,31)
Le midrach (Béréchit rabba 9,7) commente les termes : "très bien " (tov méod), comme faisant référence au yétser ara.
Pourquoi? Car grâce au yétser ara, il nous est possible de grandir en surmontant les luttes spirituelles qu'il nous présente, et à travers cela, accomplir notre but dans la vie." [Séfer 'Hassidim 155]

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-> "Yissa'har est un âne osseux, qui se couche entre les collines"

Rabbi Ye’hezkel Penat a dit : "Je n’ai mérité le peu de Torah que je sais que par un seul quart d’heure. Comment?
On a l’habitude de dire : il y a encore un quart d’heure jusqu’à midi, il n’y a pas le temps d’étudier. Encore un quart d’heure d’ici minh’a, et un quart d’heure d’ici Arvit. Alors que moi, j’étudiais pendant tous ces quarts
d’heure."

C’est ce qui est dit : "Yissa'har est un âne osseux qui se couche entre les collines" = il étudiait et
profitait de tous les "petits" moments que les gens ont l’habitude de négliger.

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-> "Yissa'har est un âne musculeux (des os solides avec peu de chair) qui se couche entre les collines" (Vayé'hi 49,14)

La comparaison de Yissa'har avec un âne demande quelques explications :

1°/ Rachi commente : "Un âne qui a des os = il porte le joug de la Torah à la manière d’un âne vigoureux que l’on charge d’un lourd fardeau. Qui se couche entre les collines = Comme un âne qui voyage de jour et de nuit, sans jamais se mettre à l’abri (ainsi, Yissa'har étudie jour et nuit)"

[En effet, Yissa'har incarne le "pilier de la Torah", comme le fait remarquer Rachi sur le verset : "Et toi, Yissa'har, dans tes tentes" (Vézot haBéra'ha 33,18) : "Puisses-tu réussir en Torah en étant assis dans tes tentes, en étant assis à calculer le calendrier et à fixer les néoménies, comme il est écrit: ‘Et les fils de Yissa'har, instruits à connaître les dates afin de savoir ce que doit faire Israël, leurs chefs (du Sanhédrin) au nombre de deux cents’ (I Divré Hayamim 12,33)".]

2°/ L’âne symbolise la Klipa (écorce du Mal) de la froideur envers les sujets de sainteté, comme l’indique en allusion l’enseignement de la guémara (Shabbath 53a) : "L'âne, même dans la saison de Tamouz (l’été), est frileux".
Aussi, la chaleur dans l’étude de la Torah comparée au feu et incarnée par Yissa'har, permet-elle d’anéantir la Klipa de la "froideur" qui s’apparente sensiblement à l’hérésie (Kéfira)
[voir Hayom Yom du 16 Chevat].

3°/ Yissa'har désigne les maîtres de la Torah qui, comme "l’âne" dénudé d’intelligence propre, doivent se conduire avec humilité, crainte et tremblement face aux paroles divines de la Torah, afin de ne pas s’en écarter d’un iota [Lev Baroukh].

Ainsi, disons-nous, à la fin de la prière (Amida) : "Et mon âme est comme la poussière pour tous. Ouvre mon cœur dans Ta Torah" = c’est parce que je m’annule dans un grande humilité ; "comme la poussière pour tous" que s’ouvre mon cœur à la compréhension authentique de Ta Torah.
[rabbi de Loubavitch - Likouté Si'hot]

4°/ Interprétant le message de Yaakov transmis à Essav : "J’ai acquis un taureau et un âne" (Vayichla'h 32,6), le midrach [Tan’houma] enseigne : "Un âne, c’est Machia’h Ben David, comme il est : '[Voici, ton roi vient à toi ; Il est juste et victorieux,] Il est humble et monté sur un âne' (Zé'haria 9,9)".
Par ailleurs, le Baal HaTourim y voit une allusion à Yissa'har, comparé aussi à l’âne, étudiant la Torah et faisant entendre sa voix dans les maisons d’étude pour annuler "les mains d’Essav".
Ainsi, voyons-nous une indication au lien étroit qui existe entre la venue du machia’h et le mérite de l’étude de la Torah [voir Or HaHaïm haKadoch - Testavé].

5°/ Le nom יִשָּׂשכָר (Yissa'har) se décompose en יש שכר (Yéch Sakhar - il y a une récompense).
Le mot חֲמרֹ ('Hamor – âne) s’apparente au mot חומר (‘Homer – matière: le corps).
Le mot גָּרֶם (Garem – musculeux) s’apparente au mot גורם (gorem – cause).
Ainsi, pouvons-nous déceler dans notre verset le moussar suivant : le côté physique (‘Homer) de l’homme est la cause (gorem) qui l’attire vers le Mal.
Lorsque l’homme domine l’aspect corporel de sa personne et fais le Bien, il mérite alors une récompense (Yissa'har – Yéch Sakhar) [voir Kédouchat Lévi - l'explication est ci-dessus].

6°/ Le guémara (Nidda 31a) enseigne : "[A propos du verset :] 'Yaakov revenant des champs, le soir, Léa sortit à sa rencontre et dit : C’est à mes côtés que tu viendras, car je t’ai retenu pour les mandragores (doudaïm) de mon fils. Et il reposa près d’elle cette nuit-là' (Vayétsé 30,16).
Rabbi Yo’hanan a déclaré : Que signifie: 'Et il reposa près d’elle cette nuit-là'?
Cela enseigne que Hachem a aidé dans cette affaire. Car il est dit: 'Yissa'har est un âne musculeux (garem)' ; c’est l’âne qui a provoqué (garam) la naissance de Yissa'har."

Et Rachi d’expliquer : "Lui, Hachem l’a aidé, en détournant l’âne de Yaacov vers la tente de Léa".
Le Targoum Yonathan Ben Ouziel nous précise : "‘Yaakov revenant des champs, le soir’ : Yaacov vint, depuis le champ, le soir ; Léa entendit le braiement de l’âne, elle sut que Yaakov venait. Elle sortit à sa rencontre et lui dit : ‘C’est à mes côtés que tu viendras’" [voir aussi le Baal HaTourim sur notre verset].

"Israël (Yaakov) dit à Yossef : "Je n'espérais plus jamais voir ton visage. Mais maintenant D. m'a même permis de voir ta descendance" (Vayé'hi 48,11)

-> Il est possible de voir si un individu a commis un péché ou non par la couleur de son visage, [grâce à l'inspiration prophétique].
Suite au péché, le visage prend une teinte jaunâtre, comme la cire d'abeille.
Il existe un remède, connu sous le nom d'Ikarine, dérivée de racines diverses et dotée du pouvoir de faire disparaître cette coloration jaunâtre, mais elle rend stérile.

Yaakov avait redouté que Yossef n'avait su s'opposer au mal lors de ces longues années en Egypte.
C'est pourquoi Yaakov dit :
"Je n'espérais plus voir ton visage, tel qu'il était auparavant. J'étais certain qu'il avait pris la teinte jaunâtre de ceux qui ont péché. En voyant que ton visage était normal, je doutais encore de ta pureté, pensant que tu avais utilisé l'Ikarine. Mais si tel était le cas, tu aurais dû être stérile.
A présent que je vois aussi tes enfants, je suis certain que tu n'as ni consommé ce remède, ni péché.
Si tu n'as point péché après avoir atteint un tel pouvoir, je suis assuré que tu n'as pas non plus péché lors de ta période d'esclavage et lors des multiples épreuves [que tu as traversées]."
[Méam Loez - Vayé'hi 48,11]