+ Chémini Atsérét - notre repas pour Hachem :
-> "Pourquoi un seul taureau [est-il offert à Chemini Atsérèt]?
Pour symboliser la nation unique. Cela peut être comparé à un roi qui ordonne à ses serviteurs : 'Faites moi un grand banquet' puis dit à son ami proche : 'Fais-moi un petit repas pour le dernier jour, afin que je profite de ta compagnie'."
[guémara Soucca 55b]
-> "On peut le comparer à un roi qui fit un banquet de 7 jours et invita tous les citoyens aux 7 jours de festivités. Une fois ces 7 jours terminés, il dit à son ami proche : "A présent que nous avons fait notre devoir envers tous les citoyens, toi et moi allons faire un repas de n'importe quelle chose tu trouveras, un "litra" de viande, de poisson ou de légumes'.
De même, D. dit aux Bné Israël (Pin'has 29,35) : 'Le 8e jour, ce sera une atsérèt pour vous' = [ce qui signifie] faites un 'repas' de toute chose que vous trouverez : un seul taureau ou un seul
bélier."
[midrach Bamidbar rabba 21,24]
=> Pourquoi, dans cette parabole du midrach, le roi se contente-t-il de n'importe quelle nourriture disponible ("un litra de viande, de poisson ou de légumes") pour le repas pris en compagnie de son ami proche?
Le roi a reçu tous ses sujets pour sept jours de festivités, pendant lesquels on a certainement servi au peuple des repas somptueux composés de toutes sortes de mets de choix. Pourquoi, lorsque le roi désire partager un repas plus intime avec son proche ami, se satisferait-il d'un repas bien plus frugal?
Le roi a même dit à son ami qu'ils feront "un repas de n'importe quelle chose tu trouveras" : le repas sera offert par cet ami, dont les ressources sont évidemment bien plus limitées que celles du roi. Pourquoi le roi ne ferait-il pas préparer ce repas dans les cuisines royales, comme le grand banquet offert à tous les sujets?
[Bien que, dans la version de la guémara, le roi dise à ses serviteurs de préparer le grand festin, il semble évident qu'il veuille qu'ils le préparent avec de la nourriture des cuisines royales. Les serviteurs d'un roi dépendent de lui pour leur subsistance. Il est raisonnable de penser que, lorsqu'ils reçoivent la tâche de préparer un repas digne du roi, ils sont censés se servir des biens royaux sans payer le repas de leurs propres deniers. ]
-> Rabbi Dovid Hofstedter enseigne :
Le sens de cette parabole est vraisemblablement que le roi cherche une preuve d'amour et de dévouement de son ami, ainsi faut-il que ami offre le repas qu'ils partageront. En faisant l'effort de préparer ce repas, l'ami montrera son amour pour le roi et son désir de lui faire plaisir.
Ceci explique la version de la guémara : "Fais-moi un petit banquet afin que je profite de ta compagnie". Certes, tout ce que l'ami peut offrir au roi est terme par rapport aux banquets somptueux que le roi est capable de donner, mais l'effort et l'amour sont plus importants pour le roi que la qualité ou la quantité des mets les plus délicats.
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+ Les offrandes des Bné Israël
L'attitude du roi dans cette parabole décrit celle de D. envers les Bné Israël. Le midrach raconte que D. dit au peuple juif de Lui offrir des sacrifices de "toute chose que vous trouverez, un seul taureau ou un seul bélier".
On peut l'interpréter de la même façon que la requête du roi de la parabole.
Pendant les 7 jours de Souccot, c'est D. qui offre le "banquet", pour ainsi dire : Il déverse sur le peuple juif un épanchement abondant de spiritualité, ce qui permet à Israël de servir Hachem convenablement pendant toute la fête.
Le 8e jour, la Torah nous enjoint d'observer un jour de fête "pour vous". Ceci indique que nous devons prendre tout notre progrès et nos accomplissements spirituels accumulés pendant les 7 jours de Souccot, de nous-mêmes, pour servir Hachem.
Ce jour-là, nous démontrons notre amour pour Hachem et notre proximité avec Lui.
Bien que le maigre "repas" que nous pouvons offrir est insignifiant par rapport au "banquet" de D. cela reste une façon très significative de servir D., car nous offrons le produit de nos efforts qui laisse une empreinte durable sur l'âme.
Cela peut aussi expliquer pourquoi les mitsvot spéciales liées à Souccot (la soucca et les 4 Espèces) ne concernent pas Chemini Atsérèt. A Souccot, nous recevons une abondance d'influence spirituelle d'en Haut, et les mitsvot relatives à la fête nous sont données pour nous permettre d'absorber cette influence céleste.
A Chemini Atsérèt, notre avoda ne consiste pas en actes, comme offrir de nombreux sacrifices, mais en une transformation intérieure. Nous intériorisons, dans notre cœur et notre âme, les niveaux spirituels que nous avons atteints à Souccot, afin de les mettre au service de D. au cours de l'année.
[Chemini Atsérèt est le moment où l'homme commence à appliquer le niveau spirituel qu'il a atteint à Souccot, pendant toute l'année. ]
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+ Le message du nombre décroissant des sacrifices
D'après ce qui précède, il existe 2 dimensions à la diminution du nombre de taureaux offerts pendant Souccot. D'une part, les taureaux symbolisent les nations du monde, et leur diminution progressive fait allusion à leur destruction finale. D'autre part, les korbanot font allusion au service de D. du peuple juif à Souccot. La progression des sacrifices (korbanot) pendant la fête représente les influences célestes spirituelles qui pénètrent dans le monde à Souccot. Comme le déversement céleste de spiritualité diminue au cours de Souccot, le nombre d'animaux diminue aussi.
A la fin de la fête, le peuple juif a pour tâche d'appliquer tout ce qu'il a absorbé à Souccot et de développer ses propres qualités spirituelles afin de continuer à servir D. durant l'année à venir.
C'est peut-être la raison pour laquelle la Torah nous demande d'accomplir la mitsva des 4 Espèces (arbaa minim) le premier jour de Souccot seulement (hors du Temple), une allusion à la diminution régulière des influences spirituelles divines au cours de la fête, qui laisse au peuple juif la place pour servir D. avec ses propres forces et capacités, sans compter sur la contribution spirituelle divine.
Cette discussion nous permet de tirer une leçon importante sur la façon de servir D. pendant Souccot ; cette fête est un moment où l'homme doit travailler sur son perfectionnement et chercher à atteindre un niveau de croissance spirituelle qui lui permettra de continuer à servir D. pendant toute l'année.
A partir de Chemini Atsérèt, il doit prendre ces qualités et les utiliser pour servir D. par lui-même, car il ne sera plus aidé par la grande inspiration spirituelle divine déversée sur les Bné Israël pendant Souccot.
A la fin de Souccot, Hachem attend, pour ainsi dire, que nous Lui préparions le "petit repas" que nous sommes capables d'offrir et de Le servir avec les capacités que nous possédons.