+ Manger sans excès :
-> L'une des méthodes utilisées par le yétser ara pour attirer une personne dans le piège de la faute est d'utiliser le désir glouton de manger.
Cela déforme la perspective d'une personne, la rendant davantage réceptive aux plaisirs sensuels (matériels) de ce monde, lui faisant oublier son objectif de se préparer pour le monde à Venir.
De plus, au fur et à mesure qu'il se régale d'aliments autorisés, sa gloutonnerie s'accroît au point qu'il ne se soucie plus de faire la distinction entre ce qui est autorisé et ce qui est interdit.
-> Nos Sages (guémara Béra'hot 32a) nous avertissent qu'un estomac plein est une cause de faute, comme nous l'apprend le verset : "Yéchouroun s'est engraissé et s'est rebellé" (Vayélé'h 31,20).
C'est pour cette raison que nos tsadikim, au fil des générations, ont pris soin de se protéger de ces désirs, en ne mangeant et en ne buvant que ce qui est nécessaire à la santé de leur corps.
-> Le Zohar (I,111a) précise : "Rabbi Its'hak dit que le yétser ara n'attire une personne que lorsqu'elle mange, boit et s'amuse avec du vin. C'est alors que le yétser ara s'immisce pour prendre le contrôle de la personne. Au sujet du tsadik, il est écrit : "Le tsadik mange pour satisfaire son âme" (Michlé 13,25). Il ne devient jamais saoul. À un érudit de la Torah qui s'enivre, rabbi Yéhouda applique le verset suivant : "Un anneau d'or dans le groin d'un cochon" (Michlé 11,22). Il diffame le nom d'Hachem."
-> Le Zohar (II,154b) enseigne également : "Le yétser ara ne se trouve que dans le manger et le boire, comme il est écrit : "De peur que je ne sois rassasié et que je ne renie" (Michlé 30,9).
Lorsque quelqu'un mange et boit, le yétser ara se développe dans ses intestins."
-> Le séfer ha'Hinoukh (248) écrit :
"La plupart des fautes sont le résultat d'un excès de nourriture et de boisson. En effet, la nourriture est la subsistance du corps physique, tandis que les pensées de crainte du Ciel et l'observance d'une mitsva sont la subsistance de l'âme.
L'âme et le corps sont complètement opposés. Lorsque le corps physique/matériel est renforcé, l'âme est affaiblie. C'est pourquoi certains Sages limitaient leur consommation de nourriture au minimum nécessaire à leur survie, comme il est écrit : "Le tsadik mange pour soutenir son âme" (Michlé 13,25).
La Torah nous empêche, pour notre propre bien, de manger et de boire de manière excessive, de peur que notre physique (matérialité) ne prenne le dessus sur notre âme jusqu'à nous détruire."
-> Rabbénou Yona (chaaré Téchouva 1,30) écrit de même à ce sujet :
"Le 9e principe de la téchouva consiste à se défaire de ses désirs de plaisirs physiques. Une personne doit contempler les effets des désirs physiques, qui l'entraînent vers un style de vie de faute, l'attirant avec des plaisirs qui sont en fin de compte dépourvus de sens.
Pour se garder sur le chemin de la téchouva, il doit s'abstenir de tout plaisir physique (matériel) et ne pas se livrer, même dans les plaisirs autorisés, à plus que ce qui est nécessaire à sa santé, comme il est écrit : "Le tsadik mange pour soutenir son âme".
Dans la mesure où une personne suit ses passions, elle penche vers la matérialité du corps et s'éloigne de la sagesse de l'âme. Le yétser ara a donc le pouvoir sur elle, comme il est écrit : "Yéchouroun s'est engraissé et s'est rebellé"."
[lorsque nous jeûnons, d'une certaine façon nous faisons taire, diminuons notre matérialité pour donner davantage de force à notre spiritualité, et cela doit être mis à profit pour se tourner vers Hachem (ex: en téchouva). Bien que nous avons des besoins physiques, cela permet de nous rendre compte que tout excès dans ce domaine donne de la force à notre yétser ara pour nous faire fauter, se fait au détriment de la perception spirituelle que nous avons de la vie. ]
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-> Le monde matériel a été créé pour le bénéfice de l'homme. Il est rempli d'opportunités grâce auxquelles il peut gagner la récompense du monde à Venir. Cependant, il contient également de nombreux défis à nos valeurs. Nous sommes chargés d'utiliser les plaisirs de ce monde uniquement à des fins positives, et non pour satisfaire nos désirs gloutons.
Les dangers de la gourmandise comprennent le fait de manger trop, mais aussi de manger même un peu lorsque notre seule intention est de nous faire plaisir. Dans les deux cas, les plaisirs de la table conduisent une personne sur la voie dangereuse de l'indulgence avec soi, qui est néfaste pour le corps et l'esprit.
Rabbi Yaakov Abou'hatséra (Guinzé haMélé'h - tikoun habrit 24) nous avertit que la plupart des fautes découlent d'habitudes alimentaires gloutonnes, qui réveillent le yétser ara dans la poitrine d'une personne.
-> Compte tenu des dangers, il est préférable pour une personne de manger moins que ce dont elle estime avoir besoin, plutôt que de trop manger. On se prémunit ainsi contre le yétser ara qui en résulterait.
Le tsadik mange pour satisfaire son âme (Michlé 13,25). Il ne mange pas plus que ce qui est nécessaire pour préserver la santé de son corps et de son âme, de peur que la passion de la nourriture n'éveille en lui des passions pour d'autres mauvais désirs.
"Je gémis devant mon pain, et mes cris descendent comme de l'eau" (Iyov 3,24). Avant que Iyov ne mange, il priait Hachem de le protéger contre les excès de nourriture, de peur que sa gourmandise ne donne du pouvoir à la sitra a'hra.
Rabbi Yaakov Abou'hatséra (Alef Bina - Téhilim 119 - mém) trouve une indication à ce sujet dans le verset : "de tout mauvais chemin j'ai retenu mes pieds, afin de garder Ta parole" (Téhilim 119,101).
- "De tout mauvais chemin" = il s'agit de l'excès de nourriture et de boisson, qui est le chemin qui mène aux fautes et aux mauvaises actions. La gourmandise éloigne la sainteté et fait tomber la sitra a'hra (force du mal) sur une personne.
- "J'ai retenu mes pieds" = le mot "pieds" fait référence au yétser ara, qui voyage à la recherche de la faute, comme le commente le Zohar (II,55b) sur le verset : "Retire tes pieds de la maison de ton ami" (Michlé 25,17) = retire le yétser ara de la maison de ton âme.
J'ai repoussé le yétser ara en faisant attention à ne pas me laisser aller aux plaisirs de la table.
- "pour garder Ta parole" = ainsi, je suis capable d'étudier et de me souvenir de Ta Torah, sans être distrait par les désirs de ce monde. Si je suivais les conseils du yétser ara et remplissais mon estomac de délices, cela m'éloignerait de Toi, comme il est écrit : "de peur que tu ne manges et ne sois rassasié ... et que ton cœur ne s'exalte, et que tu n'oublies Hachem" (Ekev 8,12-14).
C'est pourquoi je veille à manger avec de saintes intentions, pas plus que ma santé ne l'exige.
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-> Nos Sages (guémara Guittin 70a) disent : "Vous devriez retirer votre main [c'est-à-dire arrêter de manger], d'un repas que vous appréciez [afin de ne pas trop manger].
Cela suit le principe "sanctifie-toi en t'abstenant des plaisirs permis" (Yébamot 20a).
Si une personne veille à ne manger que ce qui est nécessaire à sa santé, plutôt que de satisfaire ses goûts ou de trop manger, elle sanctifie son corps de l'intérieur.
[d'après rabbi Yaakov Abou'hatséra - Guinzé haMélé'h - tikoun haTéchouva ]