+ Nos prières = apporter en sacrifice notre âme à Hachem :
"Et Hével apporta lui aussi des premiers-nés de ses moutons, et des meilleurs. Hachem se tourna vers Hével et vers son offrande" (Béréchit 4,4)
-> Lorsqu'elle décrit comment Hével a suivi l'exemple de son frère Kayin et apporté des korbanot, des offrandes, à Hachem, la Torah utilise la syntaxe inhabituelle de "Et Hével a apporté lui aussi" (véHével évi gam ou). Pourquoi les mots "lui aussi" (gam ou) sont-ils insérés après "et Hevel apporta", au lieu de dire : "et Hével aussi apporta" (végam Hével évi)?
-> Le Imré Emet (Béréchit 5674) cite son père, le Sfat Emet, qui explique que cette anomalie permet de lire le texte comme s'il disait : "Et Hével s'apporta aussi". En d'autres termes, l'essence des korbanot dans le judaïsme n'est pas le simple fait de tuer un animal devant D., car Il n'a pas besoin de telles choses.
Les korbanot sont plutôt destinés à servir de véhicule pour notre assujettissement intérieur devant Hachem. C'est cette expérience profondément personnelle que Hével a vécue lors de l'offrande, sacrifiant figurativement son ego en même temps que les animaux.
C'est cette distinction entre l'acte creux de Kayin et l'acte significatif de Hével qui a incité Hachem à ne répondre qu'à ce dernier. C'est pourquoi il est dit que Hachem s'est tourné vers Hével et son offrande, l'accent étant mis sur Hével en tant que personne.
[il a offert à Hachem le sacrifice (mouton), ainsi que "gam ou" (lui aussi), son intériorité. ]
Bien que nous n'ayons pas le privilège d'apporter des korbanot aujourd'hui, le même concept s'applique à son substitut, la prière. [on y sacrifie notre cœur à Hachem, en mettant toute notre intention, tous nos espoirs en Lui. ]
Se contenter de prononcer les mots de la prière et d'en faire le tour, c'est passer à côté de l'essentiel. La formalité du service doit servir de cadre à une connexion personnelle avec Hachem, en soumettant notre volonté à la sienne. [ex: nos Sages ont établi le texte de la prière par esprit saint, sachant les mots qui sont les plus à même d'offrir notre coeur avec Hachem, mais c'est à nous de faire l'effort d'y mettre de la vie, de faire que cela n'est pas qu'un simple acte externe (remuer les lèvres), mais plutôt interne (remuer son coeur, son âme). ]
Comme 'Hanna l'a décrit dans sa prière fondatrice : "Et j'ai répandu mon âme devant Hachem" (I Shmouel 1,15).