La définition du bita'hon était l'équanimité en toutes circonstances : une personne ne devrait pas se sentir différente lorsqu'elle vaque à ses occupations quotidiennes, que si elle se trouvait au milieu d'une zone de guerre, avec des balles qui sifflent au-dessus de sa tête.
Elle doit être absolument certain qu'Hachem ne fait pas plus d'efforts pour protéger une personne au milieu d'un champ de bataille, qu'Il n'en fait pour la protéger lorsqu'elle traverse la rue un matin ordinaire.
[Alter de Novardok]
La émouna est le canal [permettant à Hachem de nous transmettre] toute la générosité et toutes les bénédictions.
[rabbi Na'hman de Breslev]
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-> Aucune accusation ne peut s'opposer à une émouna forte et sincère. Même lorsque les portes du Ciel sont fermées pour nos prières et que la dissimulation d'Hachem est très grande, il existe une solution supplémentaire et merveilleuse : le pouvoir de la émouna, qui brise toutes les barrières et fait taire les anges Accusateurs et les jugements sévères au Ciel.
[rav Mechel de Zlotchov]
-> Lorsque l'on s'attache à Hachem avec une puissante émouna, toutes les forces du mal sont annulées et réduites à l'impuissance.
[rav Its'hak 'Haver]
-> Notre émouna est notre sang, notre bouclier et notre inspiration. Elle nous transforme en réceptacles aptes à recevoir la bonté d'Hachem.
[rabbanit Sarah Feldbrand]
-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Biour Likoutim - Hachmatot) enseigne :
Le nom d'Hachem, connu sous le nom de Chem Havaya, est une combinaison de Haya, Hové et Yiyé = Il était, Il est et Il sera.
C'est Hachem qui a créé le temps, et Il existe en dehors de ses paramètres. Pour Hachem, il n'y a pas de distinction entre le passé, le présent et le futur. Il voit le passé, le présent et l'avenir comme une seule et même chose.
Le rabbi de Berditchev explique que le moyen de tirer quelque chose de l'avenir vers le présent est la émouna, c'est-à-dire la ferme conviction que Hachem nous aime et se soucie de nous et qu'il est prêt à nous fournir ce dont nous avons besoin.
Par l'éveil de l'homme dans ce monde-ci (olam azé), les royaumes supérieurs s'éveillent pour rendre cet influx positif disponible.
Cet éveil de bita'hon évoque une réponse généreuse réciproque de la part d'Hachem.
-> Celui qui a confiance en Hachem sera tiré de son malheur en vertu de son bita'hon, même s'il méritait ce malheur.
[midrach Yalkout Chimoni - Yéchayahou 473]
-> "Même si une personne est intrinsèquement indigne, le bita'hon suscite [au Ciel] un amour bienveillant non mérité pour ceux qui placent leur confiance en Hachem"
[Séfer haIkarim 2:15]
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-> "Lorsque des jugements prévalent contre une personne, elle doit réciter la bénédiction de Chéakol Niya Bidvaro (tout [ce qui se passe] est selon Sa parole [rien ne peut se produire sans un décret d'Hachem]) et renforcer sa émouna que tout se produit par la parole d'Hachem.
Alors elle adoucira ainsi tous les jugements et obtiendra sa délivrance."
[rav Mordé'haï Léchovitz]
-> "J’ai hérité d’une coutume ancestrale selon laquelle celui qui prononce la bénédiction ‘Chéakol Niya Bidvaro’ avec une émouna intègre dans le Créateur, bénéficie d’un adoucissement de la midat haDin (la mesure de rigueur d'Hachem)!"
[rabbi Moché Avraham Barzovski]
-> Selon le Ram'hal (Daat Tévounot - ot 34), tout le processus de l'histoire du monde, du début de la création jusqu'à la fin, a pour but de développer la reconnaissance du "én od milévado", d'internaliser le fait que l'ultime Source de tout est Hachem.
Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 3,12) enseigne que personne ne peut subir un préjudice s’il croit d'un coeur entier que "én od milévado" : Hachem est le vrai D.. et il n'y a rien d'autre que Lui. [rien ne peut se passer sans un décret d'Hachem ; tout a une date de fin sauf Hachem qui est éternel ; ...]
Lorsqu'on est certain dans notre esprit que la Royauté d'Hachem est totale et absolue, qu'il n'y a pas de force/créature indépendante de Lui, alors Hachem nous protégera en éliminant toute chose nuisible.
-> Rabbénou Bé'hayé (Ekev 8,10) nous explique que réciter une bénédiction n'est pas seulement dans le but de remercier Hachem, mais c'est également afin que la personne reconnaisse d'où proviennent vraiment ses bénédictions.
Selon le Rambam (Hilkhot Béra'hot 1,3), les bénédictions ont été instituées afin qu'on se souvienne de notre Créateur à tout moment et qu'on Le craigne.
Rabbi Tsadok haCohen (Pri Tsadik - Béréchit) enseigne que réciter une bénédiction sur la nourriture ou la boisson avec la conscience que Hachem est l'unique Fournisseur, cela va donner le pouvoir à la nourriture ou à la boisson de retirer toute maladie qui est sur une personne.
[chaque bénédiction récitée avec kavana, est un électrochoc renforçant notre émouna, et qui nous permet alors de mériter davantage de bénédictions d'Hachem.
Ainsi, la vraie bénédiction n'est pas dans l'objet de la bénédiction, mais plutôt dans le fait de réciter ses mots avec ce que cela va impacter.
De plus, si chaque bénédiction permet de renforcer notre conscience d'Hachem, alors Hachem n'a pas besoin de nous envoyer des difficultés pour nous réveiller à nous tourner vers Lui, à davantage se rappeler de Lui dans notre vie. En effet, nous faisons déjà cela par nos bénédictions.
Ainsi, plus nous faisons des efforts pour constamment renforcer notre émouna, alors moins Hachem aura besoin de nous envoyer des épreuves pour nous pousser à le faire. ]
-> "Si une personne fait confiance à Hachem pour subvenir à tous ses besoins, alors le Ciel répondra à toutes ses demandes.
Cependant, s'il s'inquiète continuellement de sa parnassa et de celle des membres de sa famille, le Ciel le détournera de sa parnassa.
[rabbi de Berditchev - Kédouchat Lévi - Béchala'h]
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-> Au moment de l'ouverture de la mer Rouge, les juifs ont été sauvés par la puissance de leur émouna en Hachem et en Moché.
Le Ohr ha'Haïm haKadoch écrit à propos des mots "Pourquoi cries-tu vers Moi?" (Béchala'h 14,15), que Hachem dit à Moché :
"Parle aux Bné Israel et informe-les de renforcer leur émouna de tout leur cœur. Qu'ils partent en voyage et plongent dans la mer avant qu'elle ne se fende. Sur la base de leur bita'hon, J'accomplirai un miracle pour eux, et grâce à cela, Ma miséricorde prévaudra."
Le verset continue : "L'eau se fendit devant eux". Le Or ha'Haïm souligne que l'accent est mis sur le mot "eux" et sur leur bita'hon selon lequel l'eau se fendra sûrement devant eux.
Plus tard, un autre verset nous dit que "Hachem combattra pour vous (le peuple juif)". Ici encore, le verset souligne que le résultat dépend du peuple juif ("vous") et de la force de notre émouna et de notre bitachon. [Hachem est prêt pour combattre, mais (si 'lon peut dire) Il a besoin que Lui donne de la force, et ce par le biais de notre émouna/bita'hon en Lui. ]
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+ Avoir la émouna = une mitsva?
-> Selon le Ramban (Hasagot léSéfer haMitsvot), la émouna n'est pas une mitsva, car elle est la condition préalable sur laquelle reposent toutes les mitsvot.
-> Le rav Aharon Leib Steinman a dit à rabbi David Abou'hatséra que la mitsva de notre génération est la émouna et le bita'hon.
La mitsva de connaître Hachem s'appelle émouna.
Pourquoi, alors, cette mitsva ne s'appelle-t-elle pas yédia (connaissance de), plutôt que émouna (croyance [en l'existence d'Hachem] )?
Selon le rav Aharon Leib Steinman c'est parce que la émouna en Hachem est une mitsva, elle ne peut pas évoluer naturellement. Ainsi, bien qu'une connaissance innée de l'existence d'Hachem soit naturelle, le yétser ara y résiste, et nous devons faire des efforts pour renforcer cette conscience.
[de même que Hachem est infini, de même la émouna est le travail d'une vie où l'on peut constamment renforcer notre attachement à D., ce qui se traduira par davantage de proximité avec D. dans l'éternité du monde à Venir. ]
"En récompense de la émouna d'une personne, Hachem renforce son cœur avec une émouna supplémentaire. Cela augmentera sa joie de vivre."
['Hidouché Maran haGriz al haTorah]
[plus nous avons de la émouna (chacun à son niveau), plus cela signifie que nous sommes attachés avec Hachem. Or la plus grande joie possible provient du fait d'être proche de notre Source, d'Hachem. ]
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-> Plus un homme place sa émouna en Hachem, plus il s'élèvera et réussira.
['Hazon Ich]
Et il dit : "Car une main sur le trône d'Hachem, une guerre pour Hachem contre Amalek, de génération en génération" (Béchala'h 17,16)
-> Rachi commente : "Le nom d'Hachem n'est pas complet, et Son trône n'est pas complet tant que le nom d'Amalek n'est pas effacé."
Le nom et le trône d'Hachem ne peuvent être complets que lorsque l'unité règne dans le monde.
Avant l'arrivée du machia'h, il est impossible pour le monde de parvenir à l'unité, car la multitude de nations qui existent dans le monde provoque la division et la désunion.
Cependant, lorsque machia'h arrivera, la nation juive émergera en tant que nation principale dans le monde, et toutes les autres nations la soutiendront dans sa tâche de servir Hachem et de se rapprocher de Lui.
Lorsque les autres nations serviront Israël et le but de Israël (les juifs), leur présence ne causera plus de division. Au contraire, les nations du monde contribueront à l'unité du monde en couronnant le peuple juif en tant que nation choisie par Hachem et en s'unifiant autour de lui.
En contraste direct avec cela, Amalek est unique parmi les nations.
Leur haine et leur animosité inébranlables à l'égard d'Israël ne leur permettront jamais de servir Israël dans leur rôle.
L'animosité inhérente d'Amalek à l'égard d'Israël se manifeste par la distance parcourue par Amalek pour livrer bataille à Israël dans le désert, une distance de 400 parsa (environ 1 600 km) depuis Har Seir (selon Mékhilta Béchala'h). Et ce, malgré le statut d'esclaves récemment libérés d'Israël, dépourvus de terres ou de possessions importantes qui leur fourniraient un butin de guerre.
[Amalek n'était pas conscient des richesses que le peuple avait acquises en Égypte et à la mer Rouge. Ils ont combattu Israël gratuitement, par pure méchanceté.]
Bien que toutes les nations nourrissent de la haine envers Israël, celle d'Amalek est plus intense et plus durable. Cela s'explique par le fait qu'ils sont diamétralement opposés à Israël.
La nation d'Israël est appelée Yéchouroun, enracinée dans le mot yachar (droit) parce qu'elle suit le chemin droit et étroit de la Torah.
En revanche, Amalek est appelé "tordu" (akalson) parce que ses actions sont tordues et corrompues. Leur nature tordue ne leur permet pas de coexister avec Israël
[Maharal - Gour Aryé]
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-> En résumé :
Aucune nation ne nourrit de haine envers Israël comme la nation d'Amalek, et leur méchanceté perdurera à jamais.
À l'époque du machia'h, toutes les autres nations coexisteront avec Israël et accepteront le rôle de soutiens d'Israël. Cependant, la nation d'Amalek ne le fera pas. Son refus de coexister avec Israël ne lui permet pas de continuer à exister, car il entrave la possibilité d'une unité dans le monde.
Hachem dit à Moché : "Pourquoi cries-tu vers moi? Parle aux Bné Israël et ils partiront" (Béchala'h 14,15)
-> Rachi commente : "Moché était debout et priait, et Hachem lui dit : "Ce n'est pas le moment de faire une longue prière, car le peuple juif est en détresse".
Pourquoi n'était-ce pas le moment de prier?
En vérité, tout moment est propice à la prière. Cependant, ce n'était pas le moment de faire une longue prière. Hachem ne répond pas à une prière tant qu'elle n'est pas achevée. La nation juive était en danger imminent du fait de la double menace des égyptiens [surarmées] qui s'approchaient [sans issue où fuir] et de la mer agitée devant eux, et elle ne pouvait pas attendre que la prière soit terminée.
Hachem désire nos prières et nous place dans des situations pénibles afin de nous motiver à Le prier.
Il s'ensuit qu'Hachem ne nous délivrera pas de notre détresse lorsque nous sommes en train de prier, car cela interromprait notre prière. Le but de la prière est la prière elle-même, et non la délivrance qu'elle apporte. [explication du Pa'had Its'hak sur le Maharal (Pessa'h - maamar 14)]
De plus, la longue prière de Moché donnait au peuple juif le temps d'exprimer ses plaintes.
Ces plaintes sont autant de munitions pour la midat hadin (l'Attribut strict de la Justice), comme l'indique Rachi (Béchala'h 14,19) : " Israël était jugée à ce moment-là pour savoir si il serait sauvée ou non".
Leur manque de foi les met en danger, car Hachem déploie Sa puissance en proportion directe de la foi de Ses sujets. Lorsque ses sujets mettent leur foi en Lui, ils méritent de voir Sa main puissante.
Cependant, lorsqu'ils ne Lui font pas confiance, Sa puissance est diminuée, comme l'indique la Torah : "le Tsour (rocher, l'un des noms d'Hachem) qui t'a donné naissance est devenu "faible"" (Haazinou 32,18).
Il est évident qu'Hachem n'est pas faible. Cependant, notre manque de foi fait que Hachem apparaît faible.
[Maharal - Gour Aryé]
[il est écrit : "donner de la force à D." (ténou oz l'Elokim - Téhilim 68,35). Ainsi, plus nous témoignons de la émouna, plus nous donnons de la force à Hachem pour qu'Il puisse nous combler du meilleur. ]
Le Séder de Pessa’h = une nuit de protection des anges destructeurs
+++ Le Séder de Pessa'h = une nuit de protection des anges destructeurs :
Tu prendras un bouquet d'hysope, tu le tremperas dans le sang qui sera dans le bassin, et tu le toucheras au linteau et aux 2 poteaux de la porte avec le sang qui sera dans le bassin ; et toi, personne ne sortira de l'entrée de sa maison jusqu'au matin." (Bo 12,22)
-> Rachi commente : "Ce [verset] nous dit que lorsque la permission est donnée à l'ange destructeur de détruire, il ne fait pas de distinction entre les justes (tsadikim) et les méchants (réchaïm). La nuit est le moment où la permission est donnée aux destructeurs, comme [le verset] l'indique : "Il rampe avec toutes les bêtes de la forêt" (Téhilim 104,20)."
Bien que les anges destructeurs soient présents chaque nuit, ils étaient plus nombreux la nuit de Pessah et plus dangereux que d'habitude.
Hachem a frappé les égyptiens la nuit de Pessa'h sans l'aide des anges, comme nous le récitons dans la Haggada de Pessa'h : " [Le verset dit] 'Et j'ai frappé, (ce qui indique) qu'il n'y avait pas d'ange' ".
Dans ce cas, pourquoi les anges étaient-ils plus dangereux la nuit de Pessa'h?
Hachem a frappé la cible principale de la plaie, les premiers-nés de leur mère, sans l'aide des anges.
Cependant, pour éviter que les égyptiens ne prétendent que la plaie ne s'est pas produite comme Moché l'avait prophétisé, les premiers-nés de leurs pères ont également été frappés, et en l'absence de premier-né dans la maison, l'aîné de la maison a été tué. Comme ces personnes n'étaient pas les cibles principales de la plaie, Hachem a délégué cette tâche aux anges qui les accompagnaient.
Lorsque Hachem a libéré les anges la nuit de Pessa'h pour tuer les premiers-nés des pères, le peuple juif aurait été en danger face à ces anges, car les anges ne font pas de distinction entre les justes et les réchaïm. C'est pourquoi Hachem a ordonné au peuple juif de placer le sang du Korban Pessa'h sur le linteau et les montants de la porte, afin de le protéger des anges destructeurs.
Mais pourquoi les enfants non premiers-nés de la nation juive ont-ils besoin d'être protégés?
Après tout, les enfants non premiers-nés des égyptiens n'ont pas bénéficié d'une telle protection et n'ont pas été blessés. Les enfants non premiers-nés des égyptiens ont été épargnés parce qu'Hachem n'a décrété la mort que pour les premiers-nés ou pour l'aîné de la famille. Les anges ont obéi à la volonté d'Hachem et les ont épargnés.
En revanche, tous les membres de la nation choisie par Hachem sont considérés comme ses premiers-nés, comme l'indique la Torah : "Mon fils, mon premier-né, Israël" ("béni bé'hori Israël" - Chémot 4,23).
A ce titre, sans la protection du sang, tout Israël aurait été en danger face aux anges destructeurs.
[Maharal - Gour Aryé]
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-> En résumé :
Le peuple juif avait besoin d'être protégé des anges destructeurs (qui sont plus nombreux en cette nuit), car ceux-ci ne font généralement pas la distinction entre les justes et les réchaïm. Les égyptiens ne bénéficiaient pas d'une telle protection, mais Hachem a décrété que seuls les premiers-nés égyptiens seraient tués.
Tous les juifs sont les premiers-nés d'Hachem, et ils ont donc besoin d'une protection spéciale la nuit de Pessa'h.
[ce besoin accru de protection de notre papa Hachem nous éclaire sur le fait que : la nuit du 15 Nissan est une nuit de protection contre tout mal (leil chimourim - Bo 12,42 : "une nuit de protection pour tous les enfants d'Israël, pour leurs générations"), et ce de tout temps.]
La raison du défaut d’élocution de Moché (selon le Maharal)
+++ La raison du défaut d'élocution de Moché (selon le Maharal) :
Moché parla à Hachem et dit : "Les Bné Israël ne m'ont pas écouté, et comment Pharaon m'écoutera-t-il alors que j'ai les lèvres scellées?" (Vaéra 6,12)
=> Rien n'est le fruit du hasard, et chaque détail de la vie des dirigeants de la nation juive s'est produit pour une raison précise. Pourquoi Moshé avait-il un défaut d'élocution?
-> Le Maharal (Guévourat Hachem 28) donne l'explication suivante :
La raison du défaut d'élocution de Moché était sa spiritualité transcendante.
Cela peut se comprendre comme suit : un fœtus humain dans le ventre de sa mère est un être totalement spirituel. La néchama (âme) d'un fœtus est détachée du corps physique pendant les 9 mois de gestation. Ce détachement, exempt d'obstacles matériels, permet à l'âme d'apprendre toute la Torah dans le ventre de sa mère. Cependant, avant la naissance, un ange frappe le fœtus dans la bouche, fusionnant ainsi l'âme (néchama) avec le corps physique.
Une fois que la néchama est encombrée d'un corps physique, la spiritualité de l'enfant est diminuée et la Torah qu'il a apprise dans le ventre de sa mère est oubliée. C'est ainsi que la guémara (Nidda 30b) déclare : "Lorsqu'un enfant naît, un ange ... le frappe à la bouche, ce qui lui fait oublier toute la Torah".
Le coup final de l'ange (le maké bépatich) est ce qui donne la capacité de parler.
La parole n'est possible que si le matériel et le spirituel fonctionnent parfaitement en tandem. Le corps physique donne à la personne la capacité de prononcer des mots, mais sans l'esprit (l'intellect), la personne n'aurait pas la capacité de formuler une déclaration cohérente.
La spiritualité transcendante de Moché était le produit dérivé de l'absence de ce coup final de l'ange.
Ainsi, la fusion entre sa âme et son corps physique était incomplète. Ainsi, même après sa naissance, Moché conserva une partie de la spiritualité élevée d'un enfant à naître, ce qui lui permit d'atteindre une sagesse inégalée en matière de Torah, comme l'indique la guémara (Roch Hachana 21b) : " Moché connaissait 49 des 50 niveaux de sagesse dans le monde".
Cependant, cette spiritualité transcendante a un prix : la capacité de Moché à parler n'était pas développée parce que son esprit ne fonctionnait pas en tandem parfait avec son corps physique.
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-> En résumé :
La capacité de parler est le résultat de la fusion de la néchama (âme) avec le corps.
L'âme de Moché est restée quelque peu détachée de son corps, même après la naissance, parce que l'ange n'a pas réussi à donner le coup final qui attache l'âme au corps. C'est ainsi que son élocution fut entravée.
Pharaon & libre arbitre
"J'endurcirai le cœur de Pharaon, et je multiplierai mes signes et mes prodiges dans le pays d'Égypte" (Vaéra 7,3)
=> Pourquoi Hachem a-t-il dû endurcir le cœur de Pharaon afin d'accomplir des miracles sur l'Égypte?
Après tout, il semble que Pharaon aurait accédé à la demande de Moché si son cœur n'avait pas été endurci.
-> Le Maharal (Guévourat Hachem 31) explique :
La réponse est qu'Hachem a endurci le cœur de Pharaon pour lui donner l'occasion d'obtenir l'expiation de ses mauvaises actions.
Pharaon a renié Hachem et profané Son nom en disant : "Qui est Hachem pour que j'écoute sa voix?" (Chémot 5,2). Celui qui a profané le nom d'Hachem ne peut se repentir qu'en sanctifiant Son grand nom, en amenant les autres à reconnaître Hachem. Si un fauteur n'y parvient pas de lui-même, Hachem le punit d'une manière qui sanctifie Son nom. C'est ainsi que le fauteur peut se repentir.
Lorsque Hachem punit les pécheurs, Son nom est sanctifié, car cela donne aux spectateurs l'occasion de voir la providence divine dans le monde.
Pharaon n'était pas prêt à sanctifier le nom d'Hachem. Au lieu de cela, Hachem l'a puni avec les 10 plaies, faisant ainsi connaître le nom d'Hachem dans le monde et expiant la faute de Pharaon.
Une autre raison pour laquelle Hachem a endurci le cœur de Pharaon était de préserver son libre arbitre.
Les 5 dernières plaies étaient si puissantes que Pharaon aurait été contraint de céder à Moché, non pas par libre arbitre, mais par réflexe face à la force des plaies.
Les 5 dernières plaies sont descendues des sphères supérieures et contenaient une telle force qu'il aurait été impossible pour Pharaon de les tolérer.
En revanche, les 5 premières plaies provenaient des sphères inférieures et n'étaient pas suffisamment puissantes pour contraindre Pharaon à se plier à la volonté d'Hachem.
Lorsque Hachem a endurci le cœur de Pharaon pour les 5 dernières plaies, cela a suffi à contrebalancer la force coercitive des plaies , restaurant ainsi son libre arbitre.
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-> En résumé :
Hachem a endurci le cœur de Pharaon pour lui apporter l'expiation de ses fautes, et en tant que tel, c'était pour le bénéfice de Pharaon.
De plus, Hachem n'a endurci le cœur de Pharaon que pour les 5 dernières plaies, car ces plaies étaient si puissantes que Pharaon aurait dû céder à Moché en raison de son incapacité à les supporter.
En fait, Hachem n'a endurci son cœur que suffisamment pour lui laisser le libre arbitre de choisir de maintenir le peuple juif en esclavage, ce qu'il a ensuite choisi de faire.
Le mazal collectif & individuel
+++ Le mazal collectif & individuel :
Il leur dit : "Hachem sera avec vous, et je vous laisserai sortir, vous et vos enfants. Veillez à ce que la ra'a soit devant vos yeux (ki raa négued péné'hém)" (Bo 10,10)
-> Rachi commente : "J'ai entendu un midrach Aggadique [qui dit] qu'il y a une étoile nommée ra'a [mauvaise]. Pharaon dit [à Moché et Aharon] : "Je vois, dans mon astrologie, cette étoile (ra'a) monter vers vous dans le désert, et c'est un signe de sang et de mort. [En effet,] lorsque la nation juive a fauté avec le Veau d'or et qu'Hachem a voulu les tuer. Hachem a transformé le sang [de l'étoile ra'a] en sang de la mila (circoncion)".
La guémara (Shabbath 156a) déclare que la nation juive n'a rien à craindre des signes des étoiles/constellations (én mazal léIsraël - le mazal n'exerce pas de contrôle sur Israël).
Si c'est le cas, pourquoi était-il nécessaire pour Hachem de changer ce que ra'a représentait du sang de la mort au sang de la mila?
Si le peuple juif n'a rien à craindre des signes des étoiles, ce n'est pas parce que ces signes ne prédisent pas notre avenir, les étoiles sont aussi des présages pour nous. Cependant, Hachem nous en protège grâce au mérite de nos ancêtres, en veillant à ce que les mauvais présages se transforment en bons.
Les signes que les étoiles signifient peuvent être interprétés de différentes manières.
Par exemple, la guémara (Shabbath 156a) affirme que celui qui naît sous le signe de ma'adim (l'étoile rouge) peut devenir un meurtrier, mais il peut aussi devenir un abatteur rituel ou un mohel.
Dans notre cas, le signe du sang aurait pu présager le sang de la mort, mais il aurait aussi pu présager la mitsva de la mila. Ainsi, Hachem s'est assuré que le signe se matérialise par cette dernière.
Cependant, Hachem garantit uniquement que les mauvais présages se transformeront en bons présages pour le peuple juif en tant que nation, un juif individuel n'a pas cette garantie.
De nombreux événements de la vie d'une personne sont régis par les étoiles, en bien comme en mal. La guémara (Moed Katan 27a) nous dit : "la descendance, la longévité et les moyens de subsistance sont déterminés par le mazal".
Cependant, même les signes d'un individu ne sont pas gravés dans la pierre, ils peuvent être modifiés par de bonnes actions et la prière. Par exemple, nous constatons qu'Hachem a élevé Avraham au-dessus des étoiles. Cela lui a permis d'avoir des enfants alors que les étoiles indiquaient le contraire (Lé'h Lé'ha 15,5).
[Par exemple, on peut citer Rabbénou Bé'hayé :
- Dévarim 31,14 = "avec la prière, le mazal peut être retourné et dépassé" ;
- Dévarim 11,13 = la prière peut modifier la nature et annuler les mauvais décrets.]
En tant que nation, le peuple juif est protégé [collectivement] des signes des étoiles par le mérite de ses ancêtres, même sans aucune prière ou mérite.
[Maharal - Gour Aryé]
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-> En résumé :
Lorsque les astrologues regardent les étoiles, ils obtiennent des informations sur les événements futurs. Cependant, les signes des étoiles sont ambigus et peuvent se matérialiser de différentes manières.
Pour Israël en tant que nation, Hachem veille à ce que les signes des étoiles se matérialisent toujours pour le bien, mais pour un individu, les signes des étoiles ne peuvent être modifiés que par de bonnes actions et la prière.
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-> Le fait d'apporter un agneau comme Korban Pessa'h démontre notre fidélité à Hachem plus que tout autre korban, car les égyptiens vénéraient la constellation (mazal) de l'agneau, qui était à l'apogée de sa puissance au milieu du mois de Nissan (date de Pessa'h, sortie d'Egypte).
Abattre un agneau lorsque le mazal de l'agneau était à son zénith (le mazal des égyptiens) démontrait que le mazal n'avait aucun pouvoir sur le peuple juif en tant que nation.
En retour, cela montrait qu'ils étaient directement sous l'autorité d'Hachem, sans aucun intermédiaire.
[Maharal - Gour Aryé]
Utiliser la logique pour contourner une mitsva
+++ Utiliser la logique pour contourner une mitsva :
"En chemin, dans une auberge, [un ange d'Hachem] l'aborda et chercha à le tuer" (Chémot 4,24)
-> Rachi commente : "L'ange cherchait à tuer Moché parce qu'il n'avait pas circoncis son fils Eliézer. En raison de sa négligence, il méritait la mort.
[Cependant, Rabbi Yossi déclare dans une braïta : "has véshalom! [D. nous en préserve! ] [Moché n'a pas été négligent, mais il s'est plutôt dit : "Si je le circoncis et que je me mets ensuite en route, l'enfant sera en danger pendant 3 jours". Dans ce cas, pourquoi a-t-il été puni? Parce qu'il s'est d'abord occupé de ses propres arrangements à l'auberge."
=> Pourquoi Moché s'est-il justifié de retarder la circoncision de son fils à cause du danger pour l'enfant? Après tout, le peuple juif était tenu de respecter la mitsva de la brit mila depuis qu'elle avait été ordonnée à Avraham et à ses descendants, mais la Torah qui nous ordonne de renoncer aux mitsvot en cas de danger pour la vie humaine (A'haré Mot 18,5) n'avait pas encore été donnée.
La réponse est que la logique dicte de donner la priorité à une vie humaine sur les mitsvot, et la logique supplante non seulement les mitsvot, mais même un commandement direct d'Hachem. C'est ce qui ressort du fait qu'Avraham s'est rendu en Égypte à la suite d'une famine, en dépit du commandement d'Hachem lui enjoignant de demeurer en terre d'Israël. Parce que la logique veut que l'on émigre pendant une famine (guémara Baba Kama 60b), la volonté d'Hachem était qu'il ne tienne pas compte de son commandement dans ce cas précis.
Si ce principe est vrai, pourquoi était-il nécessaire que la Torah nous ordonne de renoncer aux mitsvot lorsqu'il y a un danger pour la vie humaine?
La réponse est qu'il existe une différence fondamentale entre les mitsvot données avant le mont Sinaï et celles données au Sinaï (au don de la Torah).
Les mitsvot données avant le Sinaï sont basées sur la logique, et en tant que telles, des préceptes logiques peuvent les définir ou les contourner.
En revanche, les mitsvot données au Sinaï sont simplement des décrets d'Hachem et la logique qui les sous-tend est souvent obscurcie. En effet, même les mitsvot qui semblent logiques, comme les michpatim, contiennent souvent des détails qui sont incompatibles avec la logique présumée de la mitsva.
=> Ainsi, si la Torah ne l'avait pas autorisé (de renoncer aux mitsvot en cas de danger de vie), nous ne serions pas autorisés à utiliser la logique pour définir ou contourner une mitzva de la Torah.
[Maharal - Gour Aryé]
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-> En résumé :
Les mitsvot données avant le Sinaï étaient des mitsvot basées sur la logique. En tant que telles, il était permis d'utiliser la logique pour les contourner.
Cependant, les mitsvot données au don de la Torah défient la logique, et les principes logiques ne peuvent pas justifier de les contourner. Par conséquent, si la Torah ne nous avait pas explicitement demandé de faire passer la vie humaine avant les mitsvot de la Torah, nous n'aurions pas été autorisés à le faire.
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-> "Il (Moché) fut en chemin et Hachem le rencontra pour le tuer" (Chémot 4,24)
-> Hachem était prêt à tuer Moché parce qu'il a retardé la Mila (circoncision) de son fils.
Pourtant, le midrach dit que si ce n'est pas Moché qui libérera le peuple d'Israël, aucun autre homme ne le libérera.
On voit de là que l'on ne peut passer outre à aucune mitsva de la Torah, même pour sauver le peuple juif. La loi doit être respectée. Il ne peut y avoir de libération sans une pleine réalisation de la Torah.
La fin ne justifie aucunement les moyens.
[nos maîtres du moussar]