Aux délices de la Torah

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La terre d’Israël & le peuple juif

+ La terre d'Israël & le peuple juif (selon le Sfat Emet) :

La terre d'Israël se révèle différemment à chaque génération en fonction des mérites [des juifs de cette génération].
[Sfat Emet - 5649]

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-> Les juifs ne peuvent atteindre leur plein potentiel qu'en terre d'Israël, et la terre d'Israël ne peut atteindre sa pleine potentialité que par les juifs.
[...]
Idéallement les juifs gagnent la terre d'Israël sur la base de leurs propres mérites. Cependant, même s'ils s'en trouvent manquant, les juifs obtiennent la terre par le biais des mérites des Patriarchess et de la promesse qu'Hachem leur a fait.
[...]
Les explorateurs ont été incapables de percevoir la véritable intériorité et sainteté de la terre d'Israël.
Par conséquent, ils l'ont dénigrée, disant : "elle dévore ses habitants" (Chéla'h Lé'ha 13,32).
Aussi longtemps que les Canaanites étaient là-bas, le potentiel caché de la terre n'était pas révélé.
[Sfat Emet - Chéla'h 5661]

-> "C'est la terre qui tombera pour vous" (zé aareets acher tipol la'hem - Massé 34,2)
La véritable nature de la terre d'Israël était cachée au Ciel tant que les Canaanites y résidaient.
Lorsque les juifs y sont entrées, Hachem a fait descendre du Ciel la véritable sainteté intrinsèque de la terre.
[Sfat Emet - Massé 5639]

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-> Tandis que la terre d'Israël est régulée par les standards de la stricte justice Divine, tant qu'elle est habitée par les non-juifs ; lorsqu'un juif est sur sa terre sacrée il bénéficie de la miséricorde Divine.
[Sfat Emet - Chéla'h 5653 ; Ki Tavo 5656]

-> La terre d'Israël a besoin du peuple juif, elle ne peut tolérer une autre nation, la présence Divine ne peut y résider sans que le peuple juif s'y trouve.
De même, le peuple juif a besoin de la terre d'Israël. On peut dire que la vraie nature de la terre n'a pu devenir complète qu'une fois que le peuple juif a pu y entrer.
[Sfat Emet - Massé 5647]

-> A leur entrée en terre d'Israël, les juifs ont reçu une infusion Divine de sainteté, similaire à l'âme supplémentaire que nous recevons chaque Shabbath.
[Sfat Emet - Massé 5646]

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+ Conquérir et rester en terre d'Israël :

-> La terre d'Israël est comparée à la Torah Orale (Torah chébéal pé) dans la mesure où les deux requièrent un grand effort pour être appréciées.
Hachem a demandé aux explorateurs (méraglim) de faire un tour de la terre d'Israël d'une durée de 40 jours afin de reproduire la période de 40 jours que Moché a passé au mont Sinaï [pour recevoir la Torah].
Il a nécessité 40 années d'errance dans le désert pour remédier à cette erreur [des explorateurs].
[Sfat Emet - Chéla'h 5653]

-> Conquérir la terre d'Israël nécessite une annulation de soi.
Les explorateurs se sont trompés en prétendant que c'était leur tâche de conquérir la terre.
[Sfat Emet - Chéla'h 5651]

-> [A l'époque de nos ancêtres dans le désert,] même si le peuple juif n'était pas encore prêt pour conquérir la terre d'Israël, leur véritable désir aurait été suffisant.
De nos jours également, si nous désirons vraiment retourner à Hachem, Il hâterait notre délivrance.
[Sfat Emet]

En mangeant de la matsa et en buvant du vin la "nuit de protection" (leil chimourim - le soir du Séder), nous continuons le processus de rectification des dégâts qu'a entraîné la première faute [celle d'Adam], et par cela nous rapprochons la destruction finale de toutes les forces du mal dans le monde.
[Sfat Emet - 5663]

[ on peut noter que la guémara (Béra'hot 40a) suggère que le Fruit Interdit qu'a consommé Adam était soit du blé (la source de la matsa), soit du raisin (la source du vin).]

Alors que normalement on ne reçoit pas de récompense pour les mitsvot dans ce monde (olam azé), en vivant sur la terre d'Israël, qui est un microcosme du monde à venir, on peut déjà être récompensé.
[...]
De la même façon, le Shabbath qui est un semblant du monde à Venir (méen olam aba), l'observation des mitsvot peut être récompensée [également déjà en ce monde].
[Sfat Emet - Ekev 5648]

La terre d'Israël et le Temple sont les sources de toutes les beautés, comme il est dit : "miTsion mik'lal yofi" (depuis Tsion (Jérusalem), ce centre de beauté - Téhilim 50,2)
De la même façon, le Shabbath est la source de toutes les beautés de la semaine.
[Sfat Emet - Kora'h 5647]

Le plus d'efforts nous investissons dans le récit de la sortie d'Egypte, le plus important seront les miracles dont les juifs bénéficieront dans le futur.
[Sfat Emet - 5642]

Alors que chaque nation bénéficie de racines issues de ce monde, les racines du peuple juif sont extrêmement surnaturelles et pratiquement inexistantes dans ce monde naturel.
[Sfat Emet - Yitro 5651]

Le mois de Nissan – fêter l’inauguration du 3e Temple

+ Le mois de Nissan - fêter l'inauguration du 3e Temple :

-> La sortie d'Egypte a eu lieu pendant le mois de Nissan, et la délivrance finale se passera également pendant ce mois.
=> Qu'est-ce qui fait que ce mois est si propice pour la délivrance?

-> En hébreu, ce mois est appelé : 'hodech aaviv (אביב - le mois du printemps).
Le terme : אביב peut aussi se lire אב יב (le père des 12 [mois de l'année]), car ce mois est la source de bénédictions pour toute l'année à venir.
Puisque Nissan est le mois d'une abondante bonté et bénédiction, il est également celui le propice pour la délivrance.
[...]
Le matin il y a une augmentation de la bonté d'Hachem [dans le monde], et le soir il y a une augmentation de l'attribut Divin de stricte justice (rigueur).
Puisque Nissan est le "matin" de l'année, le mois de Tichri (7e mois de l'année) est le soir de l'année, et c'est le moment du jugement céleste.
[rabbi Moché David Vali - un élève du Ram'hal - Shivté Ka - Paracha Pin'has]

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=> Pourquoi on ne récite pas les ta'hanounim pendant le mois de Nissan?

-> Le Tour (Ora'h 'Haïm 429) explique la signification de ces jours :
pendant les premiers jours de Nissan, le Michkan a été construit, et pendant chacun des 12 jours, à tour de rôle le nassi (prince) d'une autre tribu amenait un sacrifice et célébrait la cérémonie d'inauguration du Michkan.
Cela est suivi par la fête de Pessa'h (d'une durée de 7-8 jours).

-> Le Beit Yossef (Ora'h 'Haïm 429) ajoute à cela : puisque la majorité du mois est imprégné de sainteté, la sainteté va s'étendre également sur le restant du mois.

-> Le Maassé Rokéa'h (début de Pessa'him) propose une autre explication :
En se basant sur le calcul de la guémara (Ména'hot 86a), le 3e Temple sera construit soit le 15 soit le 16 Nissan, qui tombent tous les deux pendant Pessa'h.
En se basant sur le principe qu'on ne doit pas combiner 2 célébrations joyeuses en même temps (guémara Moed Katan 8b), les 7 jours de célébrations pour l'inauguration du 3e Temple ne pourront pas être célébrés pendant Pessa'h, mais seront reportés après Pessa'h, commençant ainsi le 23 Nissan jusqu'à la fin du mois.
C'est pourquoi nous commémorons [déjà de nos jours] la célébration du 3e Temple en ne disant pas les ta'hanounim après Pessa'h jusqu'à la fin du mois de Nissan.
[Maassé Rokéa'h - le 'Hatam Sofer (Ora'h 'Haïm 103) va le citer]

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=> Quelle beauté du mois de Nissan : nous fêtons l'inauguration du Michkan par chacun des princes des tribus, puis Pessa'h (avec ce que cela implique), puis nous fêtons l'inauguration du 3e Temple.

Ma nichtana

+ "Pourquoi cette nuit est-elle différente des autres nuits?" (Ma nichtana alaïla azé ...)

-> "Et ce sera, lorsque ton fils te demandera, demain" (Bo 13,14 - וְהָיָה כִּי יִשְׁאָלְךָ בִנְךָ מָחָ)

Le Beit Avraham fait remarquer que ce passage a la même guématria que : matsa, maror, le trempage, et le fait d'être incliné (מצה , ומרור , וטבילה , והסיבה - matsa, oumaror, outévila, vaashéva), soit : 737, et qui sont les 4 sujets des questions posés par les enfants dans le ma nichtana.

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-> Selon le Kli Yakar (Olélot Ephraïm), le "ma nichtana" est une allusion à l'exil, qui est appelé : "nuit" (laïla).
Pourquoi l'exil actuel est-il différent des autres exils?
Pourquoi semble-t-il être interminable, alors que les autres ont eu une durée limitée?

En se basant sur le "ma nichtana", le Kli Yakar donne 4 raisons :
1°/ Matsa : le 'hamets fait allusion aux disputes ; la masta représente l'harmonie pure et simple entre le farine et l'eau.
Au lieu d'être plat comme une matsa, on va fermenter, gonfler, se donner de l'importance, et ce au détriment d'autrui.
Nous ne pouvons espérer être libérés de notre exil, s'il n'y a pas de l'amour l'un envers l'autre, si nous ne sommes pas matsa.

[dans les autres exils, il y avait des disputes mais beaucoup d'amour.
En hébreu, un aveugle est nommé : "shagir né'or" (סגי נהור) : celui qui a une abondante lumière (au point de ne plus rien voir). Dans le même sens dans le "ma nichtana", dans cette nuit (exil), il n'y a que de la matsa, voulant dire qu'il y a beaucoup de disputes.]

2°/ Maror : dans les exils précédents, nous n'étions pas autant dérangés par une poursuite effrénée de l'argent et du luxe.
En toute simplicité, tout légume nous convenait.
Cette nuit (exil), c'est uniquement du maror : une recherche amère d'excès en tout genre, et de plaisirs physiques.

3°/ Tremper 2 fois : dans les autres exils, nous ne trempions pas dans des "sauces" ("même pas une seule fois!"), nous n'avions pas d'envie de gloutonnerie, de volonté d'exciter nos sens à tout prix.
Mais dans l'exil actuel (nuit), nous nous permettons de tremper "par 2 fois", ce qui montre notre grande volonté pour les plaisirs physiques.

4°/ Tout le monde s'incline :
Dans les autres exils, nous étions parfois arrogants, ce qui est symbolisé par l'attitude hautaine de s'incliner, témoignant par là du mépris, et parfois nous étions assis, ce qui symbolise l'humilité.
Mais dans notre exil (nuit), nous ne sommes que inclinés, ce qui montre que nous sommes devenus beaucoup plus arrogants, convaincus que notre richesse, notre sagesse et notre force, sont à l'origine de chacun de nos succès.

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-> Dans le ma nichtana, on répond qu'on trempe le maror 2 fois durant le Séder.
Pourquoi cela?

Selon le Ben Ich 'Haï :
- le 1er trempage : il rappelle que les frères de Yossef ont trempé sa tunique dans du sang après l'avoir vendu, l'amenant à leur père comme preuve qu'il a été tué par un animal sauvage.
Cette haine de leur frère a été à l'origine d'un enchaînement d'événements se terminant par l'esclavage des juifs en Egypte.

- le 2e trempage : il est en souvenir de l'offrande Pessa'h que les juifs ont égorgé avant de quitter l'Egypte.
Ils devaient tremper une botte d'hysope dans le sang de l'offrande et l'étaler sur les contours des portes comme protection lors de la plaie des 1ers nés. (cf. Bo 12,21-24).
Le fait de devoir attacher plusieurs hysopes en une botte, est un symbole de l'unité du peuple juif, qui est condition préalable à une libération.
Selon le midrach, en Egypte, aucun juif n'a dit de mal, fait du lachon ara, sur une autre personne durant l'exil, rectifiant par là la faute des frères de Yossef.

Le Rabbi Mattisyahou Salomon dit : "En faisant de même à notre époque, nous pouvons également espérer quitter l'exil actuel".

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+ Alaïla hazékou lanou mssoubin (mais cette nuit-là, nous sommes tous accoudés) :

-> "Même la personne la plus pauvre du peuple juif ne doit pas manger tant qu'elle n'est pas couchée" (michna Pessachim 10,1)

Le 'Hidouché haRim explique que c'est parce que non seulement chaque génération a sa guéoula spécifique, mais chaque individu de la génération a un point personnel de guéoula, indépendamment de la façon dont il apparaît.
La "personne la plus pauvre [spirituellement] du peuple juif" est toujours un juif à part entière, et lui aussi est passé de l'obscurité à la lumière, et de l'exil à la guéoula, et il doit donc lui aussi être fêter Pessa'h.

[même le juif qui a fait les pires fautes, garde pure sa part d'Hachem interne, il reste aimé par papa Hachem.
D'une certaine façon, de même que Pessa'h signifie : sauter (Hachem passant sans tuer dans les maisons juives), de même à Pessa'h nous devons prendre le message de valorisation d'un juif et d'amour d'Hachem à notre égard, pour sauter dans les bras d'Hachem, par une téchouva et un désir d'amélioration dans la joie. ]

+ Nous mettons tout d'abord les téfilin de la main = qui représentent la soumission de notre cœur à Hachem à Pessa'h ; puis les téfilin de la tête = qui représentent la soumission de notre esprit à Hachem par la Torah à Shavouot.
De plus, nous enfilons le talit = qui symbolise que Hachem nous protège, à l'image des Souccot. [Nuées de Gloire de protection]
Ainsi, notre accomplissement quotidien de ces mitsvot (téfilin, talit) nous donne l'opportunité d'attirer sur nous l'influence des Yom Tov (Pessa'h, Shavouot, Souccot) dans nos vies tous les jours de l'année.
[Sfat Emet - 5642]

Le Séder – Quelques enseignements

+++ Le Séder - Quelques enseignements :

+ Les 3 matsot :

-> Les 3 matsot qui sont utilisées pour le Séder correspondent aux 3 catégories de juifs : Cohen, Lévi et Israël.
La matsa du milieu correspondant à la tribu de Lévi.

=> Pourquoi casse-t-on la matsa du milieu dans le but de représenter le pain rompu de la pauvreté que les juifs mangeaient en Egypte, sachant que la tribu de Lévi était exemptée de l'esclavage en Egypte? N'aurait-il pas été plus logique de prendre la 3e matsa en rapport avec les Israël qui ont véritablement souffert atrocement du fait d'être esclaves?

-> Le rav Moché Feinstein (Haggada Vayaged Moché) répond que nous cassons volontairement la matsa du milieu afin de témoigner que malgré le fait que la tribu de Lévi a été physiquement épargnée de la persécution, néanmoins ils ont compati avec leurs frères esclaves et ils avaient autant qu'eux le cœur brisé.

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=> Que symbolisent les trois Matsot du Séder de Pessa’h?

On peut citer :
1°/ Les gens de Kirouan demandèrent au Gaon Mar Rav Chrira pour quelle raison on ne prend ni plus ni moins que trois Matsot la nuit de Pessa’h.
Il leur répondit qu’il s’agit là d’une allusion aux trois mesures de farine qu’Abraham demanda à Sarah d’utiliser pour faire des gâteaux de Matsot en l’honneur des trois anges venus lui rendre visite (Béréchit 18, 6), cet évènement s’étant déroulé à l’époque de Pessa’h.
Certains affirment que c’est en souvenir des "trois sommets du Monde" : Avraham, Its’hak et Yaacov. [Maassé Rokéa’h]

2°/ A l’époque du Temple, celui qui sortait de prison, apportait un sacrifice de remerciement "Todah" à Hachem. Ce Sacrifice était obligatoirement accompagné de trois Matsot. Comme le soir de Pessa’h, nous commémorons la sortie d’Egypte, comparée à une libération de prison, nous présentons également, à défaut de Sacrifice, les trois Matsot prévues pour un tel cas. [Mordékhi]

3°/ Les 3 Matsot symbolisent les trois catégories du peuple juif : Cohen כהן (celle du dessus dans le plateau du
Séder), Lévi לוי (celle du milieu) et Israël ישראל (celle du dessous).
Les premières Lettres (du bas vers le haut) formant le mot ילך (Yélé'h - ira) qui traduit le fait que allons en progressant dans notre Service divin. [Si’hot Harayats]

4°/ Les premières Lettres forment le mot: כלי (Kéli - réceptacle) en référence aux réceptacles des Lumières "intellectuelles" : Sagesse, Compréhension et Connaissance, que l’on reçoit le soir de Pessa’h, à l’image de l’enfant à qui l’on donne du blé pour qu’il puisse dire "papa" et "maman" (voir Sanhédrin 70b). [Pri Ets ‘Haïm]

5°/ La matsa qui ne fermente pas car on s’empresse de la retirer du four, symbolise l’idée de זריזות (Zrizout – vivacité). Or, la Sortie d’Egypte que l’on célèbre le soir de Pessa’h, fut marquée par cette spécificité, comme il est dit : "Et vous le mangerez (le Korban Pessa’h) à la hâte בְּחִפָּזוֹן (Bé’Hipazone)" (Bo 12,11).
Le midrach (Mékhilta Chémot 12,11) nous apprend qu’il y a eu trois "‘Hipazone" (précipitation) : le ‘Hipazone des Bné Israël qui se hâtèrent de sortir d’Egypte, le ‘Hipazone des égyptiens (qui s’empressèrent de faire sortir les Bné Israël), le ‘Hipazone de la Chékhina qui se dépêcha d’annoncer la Délivrance.
C’est pour cela que posons trois Matsot dans le plateau le soir du Séder.

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+ Les 4 verres de vin :

-> La michna (Pessa'him 99b) oblige chaque homme à boire 4 verres de vin au Séder.
Rachi explique que les 4 verres de vin correspondent aux 4 expressions de la délivrance que la Torah emploie en relation avec la sortie d'Egypte (voir Vaéra 6,6-7 : véotséti, véatsalti, véga'alti, vélaka'hti).

Par la suite, la guémara (Pessa'him 108a) déclare que même les femmes sont obligées de la mitsva de boire les 4 coupes de vin.
Rachi commente que les 4 coupes de vin correspondent aux 4 fois où le mot "coupe" est mentionné dans la Torah en lien avec le rêve du sommelier (voir Vayéchev 40,11-13).

-> Rabbi David haNagguid, un petit-fils du Rambam, présente les raisons suivantes au fait de boire 4 verres de vin au Séder :
1°/ Dans la Torah, la récompense des tsadikim (justes) est métaphoriquement comparée à une coupe.
Les 4 coupes de vin font allusion à la récompense Divine qu'Hachem donne aux tsadikim dans ce monde et dans le prochain.
[le terme "kos" (coupe) apparaît 4 fois dans la Torah Ecrite en allusion avec la récompense des tsadikim.
Il y a : Téhilim 16,5 ; Téhilim 23,50 ; Téhilim 116,13 : Yéchayahou (66,11 -> le terme "consolation" fait référence à "la coupe de consolation" (voir Yirmiyahou 16,7 ; selon Rabbénou Bé'hayé - Vaéra 6,8))]

2°/ la punition pour les réchaïm est également comparée à une coupe.
Les 4 coupes de vin correspondent aux 4 endroits de la Torah qui expriment la part maudite des réchaïm, utilisant le mot "coupe" (kos).
[les 4 versets sont : Yirmiyahou 25,15 ; Yirmiyahou 51,7 ; Téhilim 75,9 ; Téhilim 11,6]

3°/ Il y a 4 parties dans le corps humain qui sont enclines à la faute : les reins, qui sont le siège des conseils ; le coeur ; l'esprit ; la bouche.
Les 4 coupes de vin servent de rappel que nous nous efforçons d'éliminer le yétser ara de notre coeur, de nos pensées et de nos paroles.

[ On peut se demander pourquoi cette raison mentionnée par Rabbi David haNagguid se rapporte spécifiquement à la mitsva de boire les 4 coupes de vin au Séder?
Selon le rav Binyamin Wurzburger, nous pouvons répondre que lorsque Hachem nous a délivrés de l'esclavage la nuit de Pessa'h, nous sommes également devenus : "avdé Hachem" (des serviteurs d'Hachem - redevable à Son service).
Alors qu'au Séder nous buvons joyeusement ces 4 verres de vin afin d'exprimer notre gratitude à Hachem pour notre délivrance, nous contemplons également les messages supplémentaires de ces 4 coupes, sur la manière dont nous pouvons exprimer notre servitude à Hachem.
(on remercie, on fête la sortie d'Egypte, mais on montre également qu'on désire transmettre cela dans nos actions en faisant Sa volonté encore mieux. En ce sens, les 4 coupes viennent retirer le yétser ara.)]

4°/ Les juifs en Egypte étaient soumis à 4 formes d'oppression.
[ils devaient travailler avec : du ciment, des briques, et ils étaient privés de paille pour produire les briques. De plus, les enfants mâles étaient noyés dans le Nil.]
En buvant 4 coupes de vin la nuit de Pessa'h, nous affirmons notre conviction que de même que Hachem a sauvé les juifs des 4 formes d'oppression en Egypte, de même Il nous délivrera en amenant un terme à 4 exils (Babylone, Médée, Grèce et Rome).

-> b'h, voir également : https://todahm.com/2020/01/20/38446

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-> Yossef (יוסף) (qui fut à l’origine de la délivrance d’Egypte) a la même valeur numérique (156) que כוס יין (Kos Yaïn – verre de vin).

-> Arba Kossot (Quatre coupes [de vin] - ד׳ כוסות) a la même valeur numérique (496) que מלכות (Malkhout – Royauté), faisant ainsi allusion que la finalité de délivrance d’Israël, est le dévoilement de la Royauté divine dans le Monde].
Les étapes de la Délivrance d’Egypte furent au nombre de quatre, car, par leur intermédiaire, fut révélé le Nom de D. à quatre lettres (le Tétragramme - שם הויה).
Ainsi, pour preuve, la Torah conclut-il: "Et vous reconnaîtrez [ainsi] que Moi, Hachem (שם הויה), Je suis votre D." (Vaéra 6,7) [Or ha'Haïm].
De ce fait, toute Délivrance d’Israël doit assurément suivre ce schéma de progression à quatre temps.

-> Le Mégalé Amoukot enseigne : "Les 4 expressions (phases) de la Délivrance d’Egypte correspondent aux 4 expressions de la Délivrance future".
Les "4 expressions" de la Délivrance future sont indiquées dans la Prophétie de Yé'hezkiel (34,13) : "Je les ferai sortir וְהוֹצֵאתִים du milieu des Nations, Je les rassemblerai וְקִבַּצְתִּים des [différentes] contrées et les ramènerai וַהֲבִיאוֹתִים sur leur sol ; Je les ferai paître וּרְעִיתִים sur les montagnes d’Israël" [Rabbénou Bé’hayé]

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+ La coupe en argent ou en verre?

-> Il y a un débat parmi les décisionnaires quand à savoir s'il est préférable d'utiliser une coupe pour le vin en argent ou bien en verre.
Selon certaines opinions (Kaf ha'Haïm - Ora'h 'Haïm 472,11), nous devons idéalement utiliser au Séder une coupe en argent, selon ses moyens.
Cela est en accord avec le principe général : on doit s'efforcer d'embellir les objets utilisés pour les mitsvot, au mieux de ses capacités.

Le Kaf ha'Haïm explique que le terme "kos" (coupe - כוס) a la même valeur numérique que : "Elokim" (אלקים), soit 86. Or, le nom Divin Elokim, dénote l'attribut de stricte justice/rigueur.
L'argent représente l'attribut de bonté (Zohar - vol.3 Ki Tétsé 277a).
En utilisant une coupe en argent, cela permet d'adoucir l'attribut de stricte justice.
Il convient d'utiliser une coupe en argent la nuit du Séder, puisque la sortie d'Egypte était un acte de bonté d'Hachem, puisque le peuple juif n'était pas méritant de la délivrance à ce moment là.

De son côté, selon le 'Hakham Tsvi, il vaut mieux utiliser une coupe en verre car une personne a du plaisir à regarder une coupe de vin rouge (il se base sur Michlé 23,31).
Puisqu'au Séder on doit se conduire d'une manière royale, on doit idéalement utiliser une belle coupe en verre afin que le vin puisse être pleinement apprécié.

Le midrach (Esther rabba 2,10) commente le verset : "on servait la boisson dans des verres d'or" (Esther 1,7).
Pourquoi au festin d'A'hachvéroch les boissons étaient-elles servies dans des verres en or? En effet, une personne est repoussée par boire du vin dans un verre en or (puisque le goût métallique de l'or est transmis au vin).
[la guémara (Nédarim 51b) rapporte que le vin est affecté négativement lorsqu'il est stocké dans un récipient pendant une longue période. (or au Séder, on peut laisser un long moment le vin dans notre coupe)]
Mais plutôt, au festin d'A'hachvéroch ils ont servi les boissons dans des coupes en verre finement gravées, qui étaient aussi belles et coûteuses que des verres en or.
Ainsi, le midrach laisse entendre que les coupes en verre sont des récipients de choix pour boire le vin.

De son côté, le rav 'Haïm Kanievsky suivait les 2 opinions en insérant une coupe en verre dans une coupe en argent.

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+ La coupe non bue :

=> Pourquoi y a-t-il 5 coupes de vin à la table du Séder, mais seulement 4 sont bues?

-> Le 'Hida explique :
A l'origine, il a été décrété que les juifs seraient esclaves pendant 430 années (voir Rachi - Bo 12,40).
Cependant, Hachem a réduit ce décret de 2 façons : 1°/ les juifs n'ont été en Egypte que durant 210 ans ; 2°/ l'esclavage très difficile n'a commencé qu'à la naissance de Myriam, soit 86 ans avant la sortie d'Egypte.
Puisque les juifs n'ont été véritablement esclaves "que" pendant 86 ans, ils ont été épargnés de 344 ans d'esclave très difficile.

La valeur numérique du terme "kos" (coupe - כוס) est de 86.
Ainsi, en buvant 4 coupes de vin, nous remercions Hachem pour les 344 années durant lesquelles Il nous a épargnés d'un terrible esclavage (86 * 4 [verres] = 344).
La 5e coupe représente les dernières 86 années, où les juifs ont été esclaves avec un travail très pénible.

Nous sommes persuadés que même ces 86 dernières années d'esclavage étaient pour le bien, et pour cette raison nous apportons la 5e coupe de vin à la table du Séder.
La coupe reste sur la table, et de cette façon nous exprimons notre remerciement à Hachem pour la bonté cachée qui s'est passée même pendant ces 86 dernières années.
Nous ne buvons pas la coupe de vin car à l'heure actuelle nous ne sommes pas capables de reconnaître la bonté ultime qui été cachée durant ces années de terribles souffrances, bien que nous sommes certains que même ces années étaient 100% pour notre bien ultime.
Cette coupe est appelée "kos chél Eliyahou" car ce ne sera qu'avec la venue d'Eliyahou haNavi pour annoncer la délivrance, que l'énorme bonté d'Hachem qui se trouve dans les souffrances de l'homme se révélera clairement.

[d'une certaine façon ce 5e verre de vin au Séder, est comme une façon de matérialiser : "lé'haïm Hachem! Merci de me combler constamment du meilleur. Certes je ne le perçois pas totalement actuellement, mais j'en suis tellement sûr que j'ai préparé la coupe pour fêter cela pleinement lorsque le machia'h sera là et que tout sera dévoilée à mes yeux!" ]

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+ Initiales des plaies :

-> Rabbi Yéhouda a établi un moyen mnémotechnique pour se souvenir des 10 plaies : דצ'ך עד'ש באח'ב (détsa'h adach béa'hav).

=> Quelle est la signification de cette abréviation?

Rabbi Ména'hem Kasher (Torah Chéléma - vol.9) donnent les explications suivantes :
-> Le midrach (Téhilim 105,8) dit que Hachem a écrit les initiales des plaies sur le corps des égyptiens.

-> Nos Sages enseignent qu'on doit s'efforcer de parler d'une manière raffinée (voir guémara Pessa'him 3a).
C'est pourquoi Rabbi Yéhouda ne voulait pas mentionner les noms des plaies directement, mais plutôt par un acronyme.

[le rabbi Binyamin Wurzburger ajoute :
la guémara (Nédarim 41b) dit qu'une certaine maladie terrible ne doit pas être mentionnée explicitement, car c'est un manque de langage raffiné (Ran).
De même, la guémara ne mentionne pas "la lèpre" par son nom, mais en fait plutôt allusion par les mots : "davar acher" (quelque chose d'autre).

Selon le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - Nédarim 41b), la raison pour laquelle on se retient de mentionner ces maladies par leur nom est parce que lorsque les anges nommés en responsabilité sur ces maladies entendent les gens mentionner la maladie directement par son nom, alors cela renforce leur pouvoir de nuire ceux qui souffrent de ces maux. ]

-> Le Tossafot Yom Tov (Pirké Avot 5,4) écrit que l'acronyme contient le message suivant : "détsa'h" = votre joie ; "adach" = quand tu piétines [Tes ennemis] ; "bé'akhav" = avec la crainte de l'épée.

-> Rabbi Yaakov Emden explique ce message mnémonique d'une façon légèrement différente.
"détsa'h" = votre joie [de la nation juive] ; "adach" = ressentit en silence [sans se plaindre de l'exil] ; "bé'akhav" = [et] avec amour [de supporter le joug de l'exil].

-> Le Ma'hzor Vitri répond que Rabbi Yéhouda mentionnait dans ses enseignements les 10 plaies sous une forme abrégée, en se basant sur le dicton qu'on doit toujours enseigner à ses élèves d'une manière concise.

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Au sujet de l'abréviation des plaies :
-> Le Raavan dit que les 3 premières plaies ont été apportées par Aharon avec le bâton, les 3 suivantes sans le bâton et par Moché, et les 4 dernières par Moché et ave le bâton.

-> Le Hagahot Maïmoniyot dit que les 2 premières plaies de chaque bloc d'abréviation ont été données avec un avertissement préalable, tandis que les autres sans.

-> Selon le Shibolé haLéket :
Il y a une divergence sur le nombre de plaies qui ont frappé l'Egypte à la mer Rouge : selon Rabbi Yossi haGallili = 50 ; selon rabbi Eliézer = 200, et selon Rabbi Akiva = 250. [en cumulant les 3, on a : 500]
La guématria de l'abréviation de rabbi Yéhouda : דצ''ך עד''ש באח''ב a une guématria de 501.
Ainsi, le siman de rabbi Eliézer nous donne les 3 avis du nombre de plaies à la mer Rouge (en guématria on peut rajouter 1 pour le kollel).

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=> La question se pose : pourquoi les égyptiens ont-ils subi bien davantage de plaies à la mer Rouge?

-> Le Leil Shimourim répond que si malgré les miracles qu'ils ont eu précédemment, ils ont eu quand même l'audace de pourchasser les juifs, alors ils méritent une punition plus sévère.

-> Le Ben Ich 'Haï explique que les égyptiens ont fait souffrance à la fois le corps et à la fois l'âme des Bné Israël.
En Egypte, ils ont été puni pour avoir affligés le corps, et à la mer Rouge pour le néfech (âme).
Plus que faire souffrir l'âme est pire, ils ont été davantage punis à la mer.

-> Le Hatam Sofer explique qu'en Egypte les Bné Israël ont été sauvé par le mérite d'Avraham.
A la mer Rouge, les juifs avaient quitté l'Egypte en faisant preuve de émouna (prêts à le suivre dans le désert même sans quasi rien pour y manger et boire). Ils avaient donc leur propre mérite pour y être sauvé.
Ainsi, en Egypte ils n'ont pas pu voir les égyptiens mourir (plaie premiers nés) devant rester dans leur maison, mais à la mer Rouge chacun a vu les égyptiens mourir. [chaque égyptien a souffert à la mer au prorata de la souffrance qu'il a causé aux juifs. ]

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+ Les 16 gouttes de vin :

-> Il y a une coutume datant de la période des Richonim de tremper son doigt dans la coupe de vin, et de retirer une goutte de vin pendant que l'on récite chacune des 10 plaies, les 3 acronymes דצ'ך עד'ש באח'ב et ainsi que pour chacun des 3 termes : dam, vaéch, vétimrot achan. Cela fait un total de 16 gouttes.

Les Tossafot (Haggada Baalé haTossafot - p.94) écrivent qu'on ne doit pas dénigrer cette coutume, qui était largement pratiquée chez les Richonim, et les 16 gouttes font allusion à des concepts profonds :
-> une référence à l'épée d'Hachem, qui a 16 côtés (midrach Yalkout Chimoni Téhilim 717).
Le Darké Moché (Ora'h 'Haïm - fin 473) explique "l'épée" d'Hachem fait référence à l'ange nommé : יוה"ך qui est désigné pour asséner la vengeance d'Hachem sur les réchaïm.

-> les 16 gouttes correspondent aux 16 fois où le mot : 'haïm (vie) est mentionné dans le Téhilim 119.

-> elles correspondent aux 16 personnes qui sont appelées pour une montée à la lecture de la Torah chaque semaine (3 le lundi, 3 le jeudi, 7 le samedi matin et 3 le samedi après-midi).

-> elles correspondent aux 16 agneaux offerts en sacrifice qui étaient apportés chaque semaine au Temple.

-> ces 16 gouttes correspondent au 16 fois que le mot "déver" (peste) est mentionné dans le livre de Yirmiyahou.
Notre trempage signifie que la punition d'Hachem de la peste ne portera pas atteinte aux juifs.

-> "La Torah est un arbre de vie pour ceux qui s'y attachent" (éts 'haïm hi lama'hazikim ba - Michlé 3,18).
La valeur numérique de "hi" (הִיא) est de 16.

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+ Ouverture de la porte :

=> Pourquoi est-ce qu'au Séder de Pessa'h, on ouvre la porte après avoir récités le birkat hamazon?

-> Rabbi Shlomo Zalman Auerbach (Halikhot Shlomo - Pessa'h 9,399) explique :
une des lois se rapportant au korban Pessa'h était qu'on n'avait pas le droit de prendre la viande du korban (sacrifice) dehors de notre maison jusqu'à la fin du repas pour s'assurer que personne ne partirait par erreur.
Ce n'est qu'à la fin du repas que les portes étaient ouvertes, permettant au groupe de personnes de monter sur le toit pour y réciter le Hallel. [voir guémara Pessa'him 86a]
Puisque nous mangeons l'afikoman pour nous rappeler du korban Pessa'h, nous ouvrons la porte après la fin du repas pour nous souvenir de cette ancienne coutume.

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-> Le Sar Shalom de Belz dit : "Eliyahou haNavi vient au Séder de chaque juif, et il y a des tsadikim qui le voit. Mais un niveau encore plus élevé est de croire que Eliyahou vient dans notre maison [sans même le voir]".

Selon le 'Hidouché haRim, le soir du Séder le Noda biYéhouda raccompagnait Eliyahou haNavi dehors de chez lui, sans le voir réellement, mais en étant totalement persuadé de sa présence.
Or, croire dans le fait qu'il soit là est un niveau bien plus grand que de voir Eliyahou haNavi.

-> Rabbi Mendel de Kotzk dit à l'un de ses élèves : "Tu crois que je t'ai demandé d'ouvrir, en cette soirée de Pessa'h, la porte de la maison afin que le machia'h puisse entrer. Pas du tout! Sache que ce n'est pas par la porte qu'entre le machia'h mais par l'esprit."