Aux délices de la Torah

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"[Moché] réunit 70 Anciens du peuple et les fit se tenir autour de la tente. [Hachem] fit émaner l'esprit prophétique octroyé à [Moché] et le reporta sur les 70 Anciens ...
2 hommes étaient restés dans le camp et l'esprit [saint] se posa [aussi] sur eux.
L'un s'appelait Eldad, le second Médad. Bien qu'ils fussent sur la liste [des Anciens], ils ne s'étaient pas rendus à la Tente d'audience mais prophétisèrent dans le camp." (Béaaloté'ha 11,24-26)

-> Moché tira au sort 70 Anciens d'Israël en écrivant le mot "ancien" sur 70 morceaux de papier et en laissant 2 bulletins vides.
Parmi les 72 Anciens (6 pour chacune des 12 tribus : 6*12=72) que Moché avait assemblés, Eldad et Médad fuyaient les hautes fonctions. Ainsi, lorsque Moché demanda à tous d'entrer dans la Tente d'audience pour procéder au tirage au sort, ces 2 anciens restèrent dans le camp.
Ils dirent : "Nous ne méritons pas d'accéder à une fonction si éminente".

Lors du tirage au sot, 68 anciens prirent un morceau de papier portant le mot "ancien" et 2 tirèrent un papier vierge.
Il resta donc dans l'urne 2 morceaux de papier portant le mot "ancien", destinés aux 2 anciens [Eldad et Médad] qui n'avaient pas quitté le camp.
Tel est le sens de l'expression : "bien qu'ils fussent sur la liste", littéralement : "bien qu'ils fussent inscrits", c'est-à-dire bien que leur bulletin portât le mot "ancien".
Hachem leur dit plus tard : "Vous vous êtes faits petits, aussi Je vous grandirai davantage que tous les autres".

La supériorité de Eldad et Médad sur les autres Anciens prit 4 formes :
1°/ Les anciens n'étaient capables de prophétiser que les événements du lendemain, comme il est écrit : "Quand au peuple, dis-lui ainsi : "Sanctifiez-vous pour demain"".
Par contre, Eldad et Médad prophétisèrent les événements des 40 années à venir, notamment que Moché allait mourir et que Yéhochoua conduirait les juifs en Terre sainte.

2°/ Les noms Eldad et Médad sont mentionnés dans la Torah alors que celui des autres anciens ne l'est pas.

3°/ La prophétie des anciens cessa par la suite car elle provenait d'un être humain, Moché ("Je ferai émaner sur eux une partie de l'esprit qui et sur toi").
Par contre, la prophétie de ces 2 Anciens venait directement de Hachem ("l'esprit se posa sur eux") et ne les quitta pas jusqu'à leur mort.

4°/ Contrairement aux Anciens, Eldad et Médad entrèrent en terre d'Israël.
Eldad est "Elidad fils de Kislone", le chef de la tribu de Binyamin, l'un de ceux qui allaient partager la terre (v.34,21), et Médad est "Kémouel fils de Chiftane", le chef d'Efraïm.

[Méam Loez - Béaaloté'ha 11,26]

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"Eldad et Medad prophétisent dans le camp" (Béaaloté'ha 11,27)

-> Que disaient-ils?
Moché va mourir, et Yéhochoua va faire entrer les bnei Israël dans le pays (guémara Sanhédrin 17a).

-> Le 'Hanoukat haTorah enseigne :
Dans la parachat Chémot, il est écrit : "Elle l’appela Moché, ‘car je l’ai tiré de l’eau (min hamayim - מן המים)’".
Apparemment, elle aurait pu dire simplement "mimayim" (de l'eau - ממים), les lettres "noun" (נ) et "hé" (ה) paraissent superflues.

C’est parce que les lettres de "mimayim" sont les initiales de "Moché met Yéhochoua makhnis" (Moché est mort et Yéhochoua fait entrer), or Batya fille de Pharaon n’était pas d’accord avec cela, c’est pourquoi elle a délibérément ajouté deux lettres et a dit "min hamayim".
Eldad et Medad ont prophétisé "bama’hané" (dans le camp - בַּמַּחֲנֶה), c’est-à-dire "moa’h" (למחות - lim'not = effacer), en effaçant les lettres "noun hé" que Batya avait ajoutées, pour qu’il ne reste que "mimayim", initiales de "Moché met Yéhochoua makhniss".
Car c’était un décret du Ciel, c’est pourquoi "le garçon courut le dire à Moché".

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-> "Eldad et Meidad prophétisent dans le camp"

Les Sages ont expliqué qu’ils disaient : Moché va mourir et c’est Yéhochoua qui fera entrer le peuple dans le pays.

Le Roch enseigne :
Le mot "mitnabim" (prophétisent - מִתְנַבְּאִים) est un acrostiche de "Moché Tanoua’h Nafcho BaEden Az Yéhochoua Makhnis" (l’âme de Moché se reposera dans le gan Eden, alors Yéhochoua fera entrer).
C’était cela leur prophétie.

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-> A propos de notre verset (Béaaloté'ha 11,26) qui relate la prophétie de Eldad et Médad dans le camp d'Israël, le Targoum Yonathan dit que Eldad et Médad étaient les enfants de Yo'hévét, donc les demi-frères de Moché, car après qu'Amram ait divorcé de Yo'hévét, cette dernière épousa Elitsafane fils d'Ouziel, et petit-fils de Kéhat, donc neveu de d'Amram.
Yo'hévét et Elitsafane ont donné naissance à Eldad et Médad.

-> Selon le commentateur Adéret Eliyahou, après que Yo'hévét quitta Elitsafane, elle se remaria avec Amram avec une cérémonie très discrète, afin que les égyptiens ne le sachent pas et ne les surveillent pas sur une éventuelle naissance.
Mais Amram a constaté que tous les autres n'avaient pas repris leur repris leurs épouses, car ils ignoraient le remariage discret d'Amram avec Yo'hévét.
Ainsi, après avoir conçu Moché, après leur remariage, Amram et Yo'hévét firent une nouvelle cérémonie, 3 mois après leur remariage, mais cette fois avec faste et publicité, afin que chacun des Bné Israël reprenne sa divorcée.
C'est pourquoi, ce mariage fastueux a eu lieu alors que Yo'hévét était déjà enceinte de 3 mois de son fils Moché.

[à cette époque, avant le don de la Torah, un homme pouvait épouser une seconde fois la femme qu'il avait divorcée même si elle avait épousé un autre homme entre temps ce qui est un interdit de la Torah aujourd'hui (voir Ki Tétsé 24,4). Ainsi, Eldad et Médad sont les demi-frères de Moché, Aharon et Myriam du côté de leur mère. ]

-> Tossefot apporte une autre version des faits : après le don de la Torah, lorsque tout le peuple dut arrêter les relations interdites, Amram se sépara de sa femme, Yok'évet. Il se remaria et de cette union naquirent Eldad et Médad.
D'après cet avis, Eldad et Médad sont les demi-frères de Moché, Aharon et Myriam du côté de leur père.

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-> "Deux de ces hommes étaient restés dans le camp, l’un nommé Eldad, le second Médad. L’esprit se posa également sur eux, car ils étaient sur la liste, mais ne s’étaient pas rendus à la tente; et ils prophétisèrent dans le camp" (Béaaloté'ha 11,26)

-> Parmi les 72 hommes que Moché choisit pour désigner parmi eux les [70] Anciens, Eldad et Médad, 2 tsdadikim exceptionnels, ne se présentèrent pas devant la "tente d’Assignation". Ils se cachèrent dans le camp, disant : "Nous ne méritons pas le grand honneur de devenir chef". [Sifri]

-> Alors Hachem a dit : "Parce que vous vous êtes faits vous-mêmes si petits, Je vous accorde un honneur encore plus grand que l’honneur qui vous était fait". Et quel est l’honneur que D. leur a ajouté?
C’est que tous (les autres) avaient reçus l’Esprit prophétique pour ce moment-là et pas davantage, tandis qu’Eldad et Médad ont continué à jouir sans arrêt de l’Esprit prophétique [guémara Sanhédrin 17a].
Par ailleurs, Eldad et Médad entrèrent dans le Pays et survécurent à Yéhochoua ; leurs noms sont mentionnés dans la Torah (ce qui constitue un mérite éternel) contrairement aux autres Anciens ; ils restèrent Prophètes jusqu’à la fin de leur vie, ce qui ne fut pas le cas des autres Anciens ; ils reçurent leur Prophétie directement d’Hachem, et non pas par l’intermédiaire de Moché, comme ce fut le cas des autres Anciens. [midrach Bamidbar Rabba 15,15 – Tif Tsion]

-> Tandis que les Anciens étaient encore dans la tente d’Assignation, l’Esprit d’Hachem reposa sur Eldad et Médad, et ils se mirent à prophétiser. Eldad prédit : "Moché va mourir, et c’est Yéhochoua Bin Noun qui sera son successeur comme chef du Peuple ; il conduira les Bné Israël au Pays de Canaan, et ils en prendront possession".
Médad prophétisa : "Bientôt, des cailles viendront de la mer, couvriront le camp et seront un piège pour les Bné Israël".
Tous deux déclarèrent prophétiquement : "A la fin des Temps, ce roi (Gog) sortira de la terre de Magog et se rassembleront autour de lui des rois couronnés, des princes, et des soldats avec des boucliers. Tous les peuples l’écouteront [Gog et Magog (גוג ומגוג) a pour valeur numérique 70, ce qui correspond aux 70 Nations du Monde – Arizal] et viendront livrer bataille en Terre d’Israël, à ceux qui reviendront d’Exil. Cependant, Hachem leur préparera l’instant de leur malheur, et les fera tous périr en brûlant leurs âmes à l’aide d’une flamme ardente sortie du dessous de Son Trône de Gloire. Leurs cadavres tomberont sur les montagnes de la Terre d’Israël et tous les animaux de la forêt et les oiseaux du ciel viendront dévorer leurs chairs. Après cela, tous les morts d’Israël revivront et connaîtront ce dont on leur aura préparé et ils recevront la récompense de leurs bonnes actions" [Yonathan Ben Ouziel – guémara Sanhédrin 17a].

=> Quelle relation existe-t-il entre ces 3 Prophéties?
Moché pensait que les Bné Israël allaient continuer à manger exclusivement la Manne, le pain du Ciel aux vertus spirituelles, jusqu’à atteindre le niveau qui était le sien, celui de la Réparation (Tikoun) [qui ouvre à l’ère messianique], afin que leur entrée au Pays provoque l’élévation de la Terre d’Israël, nécessaire pour qu’il puisse lui-même y entrer. Malheureusement, ils succombèrent à la convoitise des cailles, provoquant du coup, le décret de mort de Moché (du fait qu’il ne pouvait entrer en Terre Sainte) et l’annonce de la venue de Gog et Magog en Israël pour achever le Tikoun. [Chem Michmouel]

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-> Il faut expliquer que la prophétie sur la mort de Moché ne fut révélée qu'à Eldad et Médad et non aux 70 Anciens, car ces derniers recevaient leurs prophéties de Moché lui-même et ne pouvaient donc pas révéler une prophétie encore inconnue de Moché. De plus, comment pouvaient-ils transmettre une prophétie qui annonçait la disparition de celui qui était à la source de leur force spirituelle, comme nous l'évoque adage : "On ne jette pas de pierre dans un puits dans lequel on a bu" (guémara Baba Kama 92b).
Quant à Eldad et Médad, ils reçurent la prophétie par leurs propres mérites et c'est le sens de la réponse de Moché à Yéhochoua lorsqu'il demanda de les enfermer. Moché confirma qu'ils reçurent cette prophétie d'Hachem Lui-même.
[Tsor ha'Haïm]

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=> Comment Eldad et Médad ont-il mérité de recevoir l'Esprit de prophétie directement par Hachem sans passer par Moché?

-> Commençons par introduire l'histoire racontée par nos Sages (guémara 'Haguiga 3a) au sujet de deux muets qui habitaient dans le quartier de Rabbi Yéhouda Hanassi. Chaque fois que Rabbi entrait dans le Bet Hamidrach pour étudier la Torah, ils entraient également et s'asseyaient près de lui. Ils inclinaient la tête et bougeaient leurs lèvres pour lui indiquer qu'ils comprenaient ses enseignements. En voyant combien d'efforts ils déployaient dans l'étude de la Torah, Rabbi implora la Miséricorde divine en leur nom.
Ils furent guéris et commencèrent à parler. Il était clair aux vues de leurs réflexions et de leurs débats avec les autres étudiants qu'ils connaissaient bien toute la Torah, toute la Michna, tout le Talmud et tout le Midrach.

-> Rabbi Ména'hem Azaria de Pano enseigne au nom de son maître Rabbi Israël Saroug élève du Ari Zal, que ces deux muets étaient la réincarnation de Eldad et Médad. Ce handicap constituait leur réparation pour avoir fait connaître leur prophétie sans y avoir été autorisés.
En effet, s'ils y avaient été autorisés, la Torah aurait employé le terme "en disant" (לאמר - lémor) pour nous faire comprendre que leurs paroles étaient destinées à être transmises au peuple.
Or, la Torah emploie le terme "prophétisent" (mitnabé'im - מִתְנַבְּאִים).
Ainsi, n'ayant pas été autorisés à transmettre cette prophétie, ils durent se réincarner en muets, incapables de prononcer le moindre mot, afin de réparer cette transgression.
En mettant toutes leurs forces dans l'étude de la Torah malgré leur handicap, ils méritèrent d'être guéris grâce à la prière de Rabbi Hakadoch.

-> Le Shvilé Pin'has commente cela :
L'acte de profaner le Nom de D. ('hilloul Hachem) dépend du niveau spirituel de chacun. Plus une personne s'élève dans la spiritualité par l'étude de la Torah, plus elle doit veiller à ce que ses enseignements et ses actions ne profanent pas le Nom d'Hachem.
Cet érudit doit absolument éviter que les gens disent : "voyez comment un grand érudit de la Torah se comporte!"
Voici plusieurs exemples donnés par la guémara (Yoma 86a) : "Qu'est-ce que la profanation du Nom de D.? Rav dit : si quelqu'un comme moi prenait de la viande chez un boucher et ne le payait pas rapidement, cela constituerait une profanation du Nom de D. car le boucher pourrait penser qu'un érudit en Torah n'a pas l'intention de le payer ...
Rabbi Yo'hanan dit : si quelqu'un comme moi marchait quatre coudées sans étudier la Torah ou sans porter les téfiline, cela serait considéré comme une profanation du Nom de D."

Eldad et Médad durent accomplir une réparation, car bien que la raison de leur refus de faire partie des 70 Anciens était louable, pour ne pas embarrasser deux autres Anciens, ils induirent en erreur Yéhochoua et beaucoup d'autres en les amenant à penser qu'ils étaient de faux prophètes car personne ne songea un seul instant que la prophétie pouvait émaner directement du Créateur.

À leur niveau, ce soupçon est considéré comme une profanation involontaire.
Or, la Michna (Pirké Avot 4,4) enseigne : " Celui qui profane le Nom Céleste en secret en sera puni en public, que la profanation du Nom ait été commise par inadvertance ou sciemment".
Ils durent donc expier cette faute en se réincarnant dans deux muets. En effet, "le Maître de l'univers est pointilleux avec ses proches comme le fil d'un cheveu" (guémara Yébamot 121b).

À présent, observons comment Hachem orchestra tous ces événements de manière magistrale :
Il envoya les âmes de ces 2 justes se réincarner en é muets qui apprenaient la Torah de Rabbi. Cependant, ils n'étaient pas destinés à être muets durant toute leur vie. Rabbi pria pour leur guérison et ils recouvrèrent la parole rapidement. Or, Rabbénou Yona (Chaar téchouva 47) explique que la réparation de la profanation du Nom de D. est la sanctification du Nom de D.

Il est écrit dans la guémara (Taanit 7a) : "Rabbi Bana avait l'habitude de dire : quiconque étudie la Torah de façon désintéressée, son étude devient pour lui un élixir de vie, comme il est écrit : "C'est un arbre de vie pour ceux qui le saisissent" (Michlé 3,18) ... Mais quiconque étudie la Torah de façon intéressée, cette étude devient un poison mortel".

Ainsi, nous comprenons pourquoi Rabbi pria pour leur guérison. En effet, après avoir réalisé la profondeur de leur compréhension, il comprit qu'ils étudiaient la Torah de façon totalement désintéressée.
En effet, un homme qui a la capacité de parler et de transmettre ses vastes connaissances en Torah peut le faire dans le but d'impressionner les autres. Ces deux muets ne pouvaient révéler quoi que ce soit à quiconque, néanmoins ils assistèrent assidument à chaque cours de Torah. Il était donc évident qu'ils étudiaient la Torah au nom du Ciel uniquement.

Tous ceux qui n'étaient pas conscients de leurs véritables intentions pensèrent qu'il s'agissait de faux prophètes. Cette pensée partagée par des membres du peuple constituait à leur niveau une profanation du nom de D.
Par conséquent, ils durent réparer cette faute involontaire en étudiant la Torah toute entière chez Rabbi avec un handicap majeur.
Au final, tout le monde comprit qu'ils avaient étudié la Torah de manière désintéressée durant de longues années ce qui constitua une véritable sanctification du Nom de D.
Une réparation de longue haleine, motivée par un amour inconditionnel du Créateur et de Sa Sainte Torah, qu'Eldad et Médad accomplirent pour avoir profané involontairement le Nom de D. dans le but de ne pas faire honte à d'autres Anciens. Un niveau d'élévation spirituelle hors norme qui nous fait prendre conscience de la valeur inestimable du peuple juif.

Le fils de David (le machia'h) viendra soit dans une génération totalement innocente, soit dans une génération totalement coupable.
[guémar Sanhedrin 98a]

-> Le machia'h viendra soit "dans une génération totalement innocente" = qui s'est repentie par amour de D. , "soit dans une génération totalement coupable" = qui s'est repentie par crainte de D.

Le mot : 'hayav (coupable - חייב) peut être divisé en חי יב soit : 18 × 12, ce qui équivaut à 216, la guématria de יראה (yir'a - la crainte).

216 est aussi la guématria de גבורה (guévoura - la stricte justice).
Le repentir, que ce soit par amour ou par crainte de D., modère l'Attribut Divin de stricte justice.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada]

Considérer avec importance la terre d’Israël

+ Plus on donne de la grandeur à la terre d'Israël, plus on peu bénéficier de ses bénédictions :

-> Le midrash (Dévarim rabba 2,8) déclare : "Moché dit à Hachem, Maître de l'Univers! Comment se fait-il que les ossements de Yossef ont été apporté en terre d'Israël et que je ne puisse pas entrer dans le pays?
Hachem répondit : "Celui qui reconnaît la terre d'Israël mérite d'y être enterré, mais celui qui ne reconnaît pas la terre ne mérite pas d'y être enterré.
Yossef a reconnu qu'il était originaire de la terre d'Israël, car lorsque [la femme de Potifar] a dit : "Il nous a amené un Hébreu", Yossef n'a pas nié ces affirmations. Au contraire, il admet : "Voici que j'ai été enlevé de la terre des Hébreux" ...
Mais tu (Moché) n'as pas protesté lorsque les filles de Yitro ont dit : "Un égyptien nous a sauvées?" Tu as gardé le silence."

-> Le rav 'Haïm Shmoulévitz (Si'hot Moussar p.384) souligne à quel point ce midrach est étonnant. Lorsque Moché n'a pas répondu à la déclaration des filles de Yitro, il a renié non seulement son lien avec la terre d'Israël, mais aussi son identité juive.
Néanmoins, nous ne trouvons aucune punition pour cela, et il n'a été puni que pour son refus d'avoir un lien avec la terre d'Israël.

Le rav Shmoulévitz explique cependant que lorsqu'on a dit à Moché que "celui qui reconnaît la terre d'Israël mérite d'y être enterré", il ne s'agissait pas d'une punition mais d'une déclaration de fait.
Celui qui ne reconnaît pas la terre d'Israël n'est pas lié à la terre d'Israël ; la terre d'Israël n'a ni intérêt ni désir pour lui.

=> Lorsque c'est le cas, la terre ne veut pas de lui non plus. Il s'agit là d'une leçon importante pour nous, conclut le rav Shmoulevitz.
Celui qui veut bénéficier de l'abondance et de la ségoula que la terre d'Israël a à offrir doit d'abord reconnaître la terre et établir un lien avec elle en reconnaissant son importance et sa grandeur.
Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il méritera tout ce que la terre a à lui offrir.

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-> Le rav Alexander Ziskind, communément appelé le Yessod véChorech HaAvodah d'après le livre dont il est l'auteur, a écrit un autre petit sefer pour ses enfants intitulé Tsavaa Kétana (un petit testament).
Dans ce livre, il dicte à ses enfants la manière dont ils doivent se comporter pour atteindre de hauts niveaux spirituels et mener une vie pleine de sainteté et de perfection au service d'Hachem.

Dans la toute dernière instruction qu'il donne à ses enfants, il écrit ce qui suit :
"Mes enfants bien-aimés, vous devez constamment désirer vous rendre en Terre Sainte, et alors vous serez certainement aidés par le Ciel, car "dans la direction où une personne désire aller, elle reçoit l'aide du Ciel".
Une personne juive qui n'a pas espéré de tout cœur se rendre en Terre sainte avant de mourir reçoit une punition très sévère, qu'Hachem nous sauve.
Il est vrai que si une personne ne désire pas constamment se rendre en Eretz Yisrael, elle ne prendra jamais la décision d'entreprendre le voyage de tout son cœur. C'est pourquoi, mes enfants bien-aimés, purifiez vos cœurs à ce sujet, et le salut d'Hachem viendra".

La jalousie & les ossements de Yossef

+ La jalousie & les ossements de Yossef :

"Moché emporta avec lui (imo - עִמּוֹ) les ossements de Yossef" (Béchala'h 13,19).

-> Le Maharil Diskin pose une question: il aurait dû être écrit "ito" et non "imo", comme il est écrit dans la suite du verset : "Vous emporterez avec vous (it'hem) mes os de ce pays".

Il explique qu'à chaque fois que la Torah utilise le mot "imo", cela signifie au même niveau que lui.

La guémara (Shabbat 152b) explique le verset : "Mais la jalousie est la carie des os" (Michlé 14 ,30). Celui dont le cœur est rongé par la jalousie, ses os pourrissent, mais celui qui ne jalouse pas les autres, ils restent intacts.
Moché vit que les os de Yossef étaient intacts, c'était la preuve qu'il n'avait pas jalousé ses frères, même si la Torah témoigne que les frères éprouvèrent de la jalousie envers lui, comme il est écrit : "Les frères de Yossef le jalousèrent" (Vayéchev 37,11).

Puisque Yossef n'éprouva aucun sentiment de jalousie envers ses frères, son corps ne fut pas endommagé.

Le Maharil Diskin nous révèle que Moché Rabbénou apprit de Yossef combien il est interdit de jalouser qui que ce soit. C'est pour cela qu'il est dit : "Moché emporta avec lui les ossements de Yossef", à savoir qu'il prit exemple sur lui et imita son comportement.

Nous avons trouvé ainsi qu'Eldad et Medad prophétisèrent dans le camp. Yéhochoua dit à Moché : "Mon maître Moché, empêche-les!" (Béahaloté'ha 11,28). Moché lui répondit : "Tu es bien zélé pour moi.
Plût au ciel que tout le peuple de Dieu se composât de prophètes".

C'est l'explication du verset : "Moché emporta avec lui les ossements de Yossef", à savoir que Moché en tira une leçon, celle de s'éloigner du défaut de la jalousie.

‘Hizkiyahou & l’important de remercier Hachem

+ 'Hizkiyahou & l'important de remercier Hachem :

-> Hachem désirait faire du roi 'Hizkiyahou le machia'h et de San'hériv, Gog Oumagog.
L'Attribut de justice dit devant D. : "Maître du monde, le roi David, qui entonna tant de chants et de louanges devant Toi, Tu n'en as pas fait le machia'h, et 'Hizkiyahou, qui fut l'objet de tant de miracles et qui ne chanta rien, Tu vas le prendre pour machia'h?" [guémara Sanhédrin 94a]

Ainsi, 'Hizkyahou ne devint pas le machia'h, étant donné qu'il ne chanta [de remerciement à Hachem] pas après avoir été sauvé.

-> Après la chute de San'hériv, Yéchaya Hanavi s'adressa au roi 'Hizkiyahou et lui dit : "Chantez Hachem, Il a réalisé des choses glorieuses" (Yéchayahou 12,5).
Il lui recommanda d'entonner un chant devant Hachem. Il lui répondit : ce n'est pas nécessaire, car "ces choses sont divulguées par toute la terre".

Dans le midrach (Chir Hachirim rabba 4,3), deux opinions sont rapportées quant au sens de la réponse de 'Hizkiyahou.
Rabbi Aba Bar Kahana nous enseigne que 'Hizkiyahou dit : "La Torah que j'étudie, remplace le chant (de remerciement, de louange)".
Rabbi Lévi nous enseigne que 'Hizkiyahou a dit : "Pourquoi devons-nous raconter les miracles et les faits redoutables de D.? Ils sont connus de tous, d'un bout du monde à l'autre. Le soleil se tint au milieu du firmament et tous s'aperçoivent des hauts faits de D., dans tout l'univers".

Le roi 'Hizkiyahou refusa d'entonner un chant et de ce fait, il ne put être le machia'h. Pour quelle raison?
Le machia'h n'a qu'une seule fonction: raconter les louanges d'Hachem jusqu'à ce que tous les êtres humains, y compris les non-juifs, aient conscience et déclarent : "c'est devant Toi que doit plier tout genou, jurer toute langue". C'est la mission ultime du machia'h!

Lorsque le roi 'Hizkiyahou, cet homme de grande envergure, décida qu'il n'était pas nécessaire de chanter, il fut puni et il fut décrété qu'il ne serait pas le machia'h [alors qu'il avait tout pour l'être!! ].

Avraham nous a transmit le sacrifice pour Hachem

-> Selon le midrach (Esther fabba paracha 9,4), après que Haman construisit la potence, il se mit à la recherche de Mordé'haï.
Celui-ci était assis au Beth Hamidrach et devant lui, vingt-deux mille enfants assis avec leur sac, écoutant de sa bouche les lois de Kémitsa.
Immédiatement, Haman intima l'ordre de lier ces enfants avec des chaînes en fer. Il les mit sous la tutelle de gardes et déclara qu'ils seraient exécutés le lendemain, avant la pendaison de Mordé'hai.
Leurs mères arrivèrent et leur apportèrent de quoi manger, pour qu'ils ne meurent pas de faim.
Les commentateurs remarquent : ces enfants sont sur le point de mourir, pourquoi leur apporter de la nourriture ?

Le rav Yaakov Galinsky répond : la mère s'est dit : "Si mon enfant monte comme offrande à Hachem, qu'il pèse 200 grammes de plus!" C'est une maman juive !

D'où vient cette force? D'Avraham Avinou [qui a offert son enfant selon la volonté d'Hachem, et qui nous a inculqué dans nos gènes spirituels cette faculté de sacrifice. ].

Lachon ara

+ Lachon ara :

-> En réfléchissant, on s’aperçoit que la pratique des mitsvot de juger autrui favorablement et de garder sa langue dépend de la pratique de la mitsva positive : "Aime ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18).
En effet, si l’on aime véritablement le prochain, on ne dira certainement pas du lachon ara sur lui, et on cherchera de toutes ses forces à le justifier.
On se représentera que si l’on avait fait soi-même quelque chose de mal, que des gens aillent le raconter, et qu’on se connaisse une excuse, ce n’était pas exprès ou toute autre raison, combien on désirerait qu’il se trouve quelqu’un qui nous justifie, pour ne pas être tellement humilié!
C’est tout à fait de cette façon qu’il faut se comporter avec autrui.
['Hafets 'Haïm - Chmirat haLachon - Chaar haTévouna chap.5]

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-> Dans le Pirké de Rabbi Eliezer, nous trouvons ces mots du testament qu’il adressa à son fils Horkenos : "Mon fils! Ne prends pas place parmi les gens qui médisent de leur prochain, car lorsque leurs paroles arrivent en haut, elles sont écrites dans le Livre et tous ceux qui se trouvent présents y sont inscrits sous le nom de membres d’un clan de méchants (racha) et de médisants."

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-> "Tu n’iras pas colporter le mal dans ton peuple" (Kédochim 19,16)

Le Zohar (Nasso 121b) enseigne :
Rabbi Abba a dit : lorsque les gens dorment, goûtent à la mort [le sommeil étant 1/60e de la mort] et que l’âme s’élève au ciel, elle se tient là où elle se tient, on l’examine sur ses actions de la journée et on les écrit dans un registre.
Pourquoi les écrit-on dans un registre ?
Parce que l’âme monte et témoigne des actions de l’homme et de chaque parole qui sort de sa bouche.
Lorsque la parole qui est sortie de sa bouche est correcte, comme des paroles de sainteté, d’étude de la Torah ou de prière, elle monte et se tient là où elle se tient jusqu’à ce qu’arrive la nuit, alors l’âme monte, saisit cette parole et l’introduit devant le Roi [Hachem].
Mais quand elle n’est pas correcte et fait partie des paroles interdites, comme le lachon ara, elle monte là où elle monte, et alors elle est inscrite comme une accusation pour l’homme.

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-> Le ‘Hafets ‘Haïm a dit : "On s’adresse à moi avec des questions dans tous les domaines de la Torah, même des choses qu’il est très simple de permettre, ou des sujets dans lesquels il y a diverses raisons de se montrer sévère, et c’est seulement dans le domaine du lachon ara qu’on ne vient pas encore me poser de questions.
Je ne comprends pas pourquoi on ne vient pas me demander s’il est permis ou interdit de dire telle chose, et j’écrirais une longue réponse avec des sources tirées des versets jusqu’à ce qu’il soit clair si la chose est permise ou non".

[notre yétser ara fait tout pour que l'on minimise cette faute si grave (ça va, c'est que des paroles!)]

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-> "Ainsi vous bénirez les enfants d'Israël" (Nasso 7,23)

Rachi explique que la bénédiction (des Cohanim) doit se faire "en langue sainte", c'est à dire en Hébreu.

Mais d'après le Tiferet Chelomo cela suggère aussi que pour qu'une bénédiction ait de l'effet, il faut sanctifier sa langue. Une bénédiction qui sort d'une bouche qui prononce des paroles interdites (médisance, mensonge, moqueries, ...), n'aura pas tant d'effet. Mais celui qui sanctifie sa langue pour ne prononcer que des paroles permises ou même sacrées (étude de Torah, prière, bienveillance...), alors Hachem valorisera sa parole, et ses bénédictions auront une grande force.
Pour avoir le plus d'effet, la bénédiction doit donc provenir d'une "langue sainte".

[ainsi plus nous utilisons notre bouche pour dire du lachon ara, plus nous réduisons notre force de prière!]

"Qui réside avec eux parmi leurs souillures" (A'haré Mot 16,16)

-> A partir de ce verset, le Baal Chem Tov enseigne que le défaut d’orgueil est pire que toutes les fautes de la Torah.
En effet, lorsque les juifs ont fauté, la Torah a dit : "qui réside avec eux parmi leurs souillures" : la Présence Divine reste avec eux même lorsqu’ils sont profondément enfoncés dans leurs fautes et leurs transgressions.
En revanche, au sujet de l’homme orgueilleux il est dit : "Des yeux hautains et un cœur enflé d’orgueil, Je ne puis les supporter" (Téhilim 101,5), et nos Sages (guémara Sotah 4b) expliquent : "Lui et moi ne pouvons résider ensemble".

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-> b'h, quelques citations de nos Sages sur l'orgueil : https://todahm.com/2018/12/25/lorgueil-quelques-citations-de-nos-sages

+ Il est intéressant de relever que les parachiot d’A’haré Mot et de Kédochim sont juxtaposées. On en a même fait un proverbe : "Après la mort (a'haré mot), on devient saint (kédochim)".
En d’autres termes, une fois que l’homme meurt, il devient saint, en cela que son âme se sépare de son enveloppe corporelle et qu’il n’est donc plus assujetti aux pulsions physiques.
En effet, tant que l’homme vit sur terre, l’esprit et la matière se disputent en lui les reines du pouvoir. Cette lutte des penchants étant constante, il n’est jamais à l’abri du péché, ne sachant qui va finalement l’emporter.
C’est pourquoi nos Sages, de mémoire bénie, ont affirmé : "Ne crois pas en toi jusqu’au jour de ta mort". (Pirké Avot 2,4) ...

Tel est donc le sens du dicton populaire : "après la mort, on devient saint" : lorsque l’âme de l’homme se détache de son corps, elle ne lui laisse plus l’opportunité de fauter, outre le fait que le monde à venir est celui de la récompense, et non de l’action (guémara Erouvin 22a) ...

Pour en revenir au titre de notre paracha, A’haré Mot (אַחֲרֵי מוֹת), notons que la valeur numérique de ses dernières lettres : 410, équivaut à celle du terme kadoch (saint). Ceci confirme, sur le mode allusif, qu’après sa mort, un homme atteint la plénitude et devient saint.
[...]

A’haré Mot, Kédochim et Émor, que l’on peut respectivement traduire par "après la mort", "saints" et "dis".
Autrement dit, après la mort, on doit considérer le disparu comme saint.
La Halakha (Choul’han Aroukh Ora’h ‘Haïm 606, 3) corrobore ce point, en mentionnant l’interdit absolu de médire d’une personne qui n’est plus parmi nous, ce qui est d’ailleurs l’objet d’un anathème. La Michna Broura va aussi dans ce sens, et c’est pourquoi celui qui a transgressé cet anathème doit faire téchouva.
[rabbi David Pinto]

+ Combien il est capital et grand de travailler sur soi-même pour arriver à la sainteté.
Les initiales des mots : "kédochim tiyou ki kadoch" (Soyez saints car Je [Hachem] suis saint) ont la même valeur numérique que le mot Kéter (couronne).
Cela signifie que lorsque l’homme se domine avec sainteté, il est considéré comme un roi avec sa couronne sur la tête, et mérite d’arriver à la perfection et à la royauté.
Car un roi sans couronne sur la tête n’est pas un roi, mais s’il a sa couronne sur la tête, sa sainteté plane au-dessus de lui, et un tel homme s’appelle saint, et "juste, fondement du monde".
[rabbi David Pinto - la voie à suivre n°260]