Aux délices de la Torah

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"Comme il levait les yeux et regardait, il vit 3 personnages debout près de lui. En les voyants, il courut à eux du seuil de la tente et se prosterna à terre" (Vayéra 18,2)

-> Le Ohr ha'Haïm commente :
"Il a levé ses yeux et il a vu 3 hommes" : l'intention du verset est de nous dire, que ce qu'il a vu en vérité, c'était des anges venus sous forme humaine afin d'être invités par Avraham pour les raisons qui sont connues.
C'est pour cela que le verset dit : "et il vit et voici" (pourquoi cette répétition) l'explication étant : ce qu'il a vu, en vérité, c'était des anges. Et si la Torah avait dit : et il a vu 3 hommes, alors ça aurait été comme si la Torah avait employé un langage mensonger que D. préserve.

Le verset dit "se tenaient sur lui" pour nous dire qu'Avraham a reconnu qu'ils étaient des envoyés venus pour lui, pour son besoin.
Donc il était la raison d'être de leur présence (c'est pour ça que le verset dit "qu'ils se tenaient sur lui", parce qu'ils venaient pour lui).

Ainsi, le verset continue et nous dit : "sur lui", et en voici l'explication "pour lui" pour permettre à Avraham de réaliser la mitsva d'hospitalité. Avraham reconnut que c'était des anges divins, car il était habitué à voir des anges dans le passé.

"Il vit 3 personnages debout près de lui" = Pourquoi la Torah se répète-t-elle en disant "il vit ... et il vit ..."?
C'est pour nous apprendre que le simple fait d'avoir vu les anges lui a amené la guérison de ses souffrances. Et de suite, il a pu courir vers eux, car une ange voit de loin, et il n'a pas besoin de se rapprocher du malade pour le guérir.
Ainsi, à peine l'ange Raphaël a-t-il vu Avraham de loin qu'il réalisa sa mission et le guérit.

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-> "Qu'on aille quérir un peu d'eau ; lavez vos pieds et reposez sous cet arbre. Je vais apporter une tranche de pain, vous réparerez vos forces, puis vous poursuivrez votre chemin, puisqu'aussi bien vous êtes passés près de votre serviteur.
Ils répondirent : Fais ainsi que tu as dit" (Vayéra 18,4-5)

-> Le Ohr ha'Haïm commente :
Lorsqu'Avraham propose un peu d'eau aux anges, cela fait allusion au fait qu'Avraham leur a proposé d'étudier la Torah avec eux, la Torah est comparée à l'eau.
Il faut également savoir que la Torah a 2 sens : un sens simple et un sens profond mystique.
C'est pour cela qu'Avraham leur a dit : "prenez un peu d'eau" c'est-à-dire venez étudier le sens simple de la Torah et "purifiez vos jambes", qui sont les parties basses du corps qui sont dévoilées.

Ensuite il leur dit : "reposez-vous sous l'arbre", qui symbolise aussi la Torah comme il est écrit "la Torah est un arbre de vie pour celui qui s'y attache", et il leur dit aussi : "prenez un morceau de pain" le pain étant comparé ici au secret de Torah et rassasiez votre spiritualité de ses profondeurs, car les profondeurs de la Torah rassasient le cœur d'un homme, comme le pain rassasie un homme.

"Un morceau de pain" : en hébreu, un morceau de pain se dit : "pat lé'hem" (פת לחם), où לחם (pain) a une valeur numérique de 78, soit 3 fois 26, qui est la valeur numérique du Nom Divin.
Cela veut dire qu'Avraham les a invités à manger de ce pain qui a cette valeur symbolique et ce pouvoir de faire vivre tous les mondes (spirituels et matériels).

Le verset et nous dit : "car c'est la raison pour laquelle vous êtes passés chez votre serviteur", bien que nous ayons expliqué précédemment que dans les paroles d'Avraham se sont cachées les profondeurs de la Torah, malgré cela, l'interprétation simple du verset ne change pas.
Egalement dans la nourriture elle-même, il y a des secrets merveilleux [comportant le raffinement d'un homme], comme il est écrit : "Un tsadik mange pour rassasier son âme" (Michlé 13,25) [c'est-à-dire pour renforcer son côté spirituel], c'est pour cela qu'Avraham dit aux anges : "ainsi vous êtes passés chez moi sous forme humaine", pour nous enseigner que la nourriture qui en apparence est matérielle a également un côté spirituel.

Alors les anges ont répondu, "oui", comme tu nous l'as dit nous ferons, ils ont donc accepté ce qu'Avraham leur a proposé.
Cela fait également allusion à ce que Avraham leur a proposé de manger des plats spirituels [qui sont les secrets de la Torah] qui conviennent à leur niveau.

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-> "L'un deux reprit : Venir, je reviendrai vers toi à pareille époque, et voici un fils sera né à Sarah ton épouse.
Or, Sarah l'entendait à l'entrée de la tente qui se trouvait derrière lui." (Vayéra 18,10)

-> Le Ohr ha'Haïm commente :
L'ange dit à Avraham : " Venir, je reviendrai vers toi", l'homme (l'ange Mikhaël) avait pour mission d'annoncer la naissance d'Its'hak l'année suivante à cette même date. On doit essayer de comprendre la raison pour laquelle la Torah se répète-t-elle en disant : " Venir, je reviendrai".

En vérité, l'ange est venu faire une allusion à Avraham, en lui disant : "venir je reviendrai vers toi à la même époque que maintenant et voici que Sarah aura un fils".
Pourquoi la Torah nous précise-t-elle "pour Sarah"?
C'est pour nous apprendre que l'âme (néchama) de cet enfant descend d'un monde supérieur féminin. C'est la raison pour laquelle Its'hak n'a pas pu avoir d'enfants jusqu'à l'âge de 37 ans.

Vient le verset et nous répète : "je reviendrai une 2e fois", afin de donner à cet enfant une âme qui provient du monde masculin et cela s'est passé au moment du sacrifice d'Its'hak (où il a reçu son âme masculine à l'âge de 37 ans) comme il est marqué : "il a rappelé l'ange de D. à Avraham", pour nous dire que l'ange est revenu une 2e fois chez Avraham.

Ce sont donc les 2 moments où D. a exaucé Avraham : une première fois qu'il y aura dans le monde Its'hak ; et une 2e fois pour lui donner une âme masculine afin qu'il puisse enfanter.

+ "Chaque génération qui ne voit pas la reconstruction du Temple est considérée comme si elle avait elle-même causé sa destruction"
[guémara Yérouchalmi Yoma 1,1]

-> [De même qu'à Pessa'h on doit s'imaginer réellement en train de sortir d'Egypte, de même] on doit se considérer comme si l'on était personnellement exilé de Jérusalem, [prendre conscience des massacres atroces de Jérusalem, de la vision du Temple en feu ... ].
Le deuil de cette année ne doit pas être le même que celui de l'année dernière et des années précédentes.
Chaque année a son propre lot de détresse et de défis, pour lesquels nous devons nous lamenter.
['Hatam Sofer - 7 Av 5559]

La mitsva d’être joyeux à Yom Tov = un excellent remède!

+ La mitsva d'être joyeux à Yom Tov = un excellent remède!

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 488) écrit :
"La Torah déclare : "Vous vous réjouirez de vos fêtes" (véssamarta bé'hagué'ha - Réé 16,14).
Nos Sages (guémara 'Haguiga 8a) disent : "Réjouissez-vous de diverses manières", en mangeant de la viande, en buvant du vin, en revêtant de nouveaux vêtements, en donnant des fruits et des friandises aux enfants ..."
Nos Sages (guémara Pessa'him 109a) disent : "Il faut être heureux le jour de Yom tov, avec sa femme, ses enfants et les membres de sa famille ... Comment les rendre heureux?
Les hommes avec ce qui leur convient : du vin. Les femmes avec ce qui leur convient : de beaux vêtements."
La Torah nous oblige [également] à accueillir dans nos foyers les pauvres, les convertis et les personnes [socialement] faibles [afin qu'ils puissent également se réjouir avec nous le jour de Yom tov].

[C'est un besoin naturel pour] les gens d'être heureux de temps en temps. Ce n'est pas moins important que notre besoin de nourriture, de repos et de sommeil.
Hachem a voulu nous accorder à nous, Ses brebis [la capacité de transformer ce besoin naturel en mitsva], et il nous a donc ordonné d'être heureux pour Son nom ...
Hachem a établi plusieurs moments dans l'année comme yamim tovim pour se souvenir des miracles et de la bonté qu'Hachem a accompli pour nous, et à ces moments-là, Hachem nous a ordonné d'être heureux/joyeux.

Il s'agit là d'un excellent remède : être heureux au nom d'Hachem. Cela nous empêche de nous éloigner du bon chemin.
[plus nous faisons l'effort de développer des moments de joie totale avec papa Hachem, moins nous sommes tentés d'aller voir ailleurs car nous sommes comblés! ]
Quelqu'un qui réfléchit à ces questions, sans chercher à les réfuter, verra la logique de mes propos."

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-> Lorsqu'une personne est incapable d'être vraiment joyeuse, elle doit faire semblant de l'être extérieurement, et cela se transmettra à son intériorité.

Le Yisma'h Israël dit qu'un indice à ce sujet se trouve dans les mots : "Et tu seras seulement joyeux" (וְהָיִיתָ אַךְ שָׂמֵחַ - Réé 16,15). Les premières lettres de ces trois mots forment שוא (chav - pour de faux), ce qui signifie qu'une personne doit faire semblant d'être heureuse et éprouver une fausse joie, parce que la fausse joie finira par conduire à la vraie joie.

"Tout démarre de la nécessité de rectifier nos mauvais traits de caractère qui sont encore plus graves que nos fautes elles-mêmes."
[Rachach - Nahar Shalom]

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Le Rachach y explique également que les 4 sources de dommages de l'homme sont : l'orgueil, les paroles vaines, les plaisirs du corps et la tristesse. On s'efforcera donc de développer l'humilité, le silence, le retrait des plaisirs corporels et la joie constante.

Servir Hachem avec un feu d’enthousiasme

+ Servir Hachem avec un feu d'enthousiasme :

-> Lorsqu'une personne faute, à D. ne plaise, elle crée une souillure en-Haut et alimente les forces impures (les klipot).
Le remède à cela consiste à brûler les forces extérieures impures (les klipot) par une dévotion ardente à D.
Ce dévouement ardent résulte du fait que la personne a fauté et a eu des pensées sombres.
[ lorsqu'elle se rend compte de son erreur et se repent, le souvenir de ses fautes attise les flammes d'une dévotion renouvelée et passionnée à D., et "le feu consume le feu" (Yoma 21b), le feu de la sainteté consume le feu des forces extérieures impures créées par les fautes d'une personne. ]

Le remède consiste à l'enflammer, c'est-à-dire à enflammer l'âme, en servant Hache avec un enthousiasme ardent. Comme cette ardeur est due aux fautes antérieures, elle a le pouvoir de brûler tous les klipot.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Emor 21,9]

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=> "Combattre le feu par le feu" signifie utiliser le feu de sa passion pour la piété pour brûler le feu de la passion de la faute et les klipot qui en résultent.

Toutes les accusations des anges Accusateurs au tribunal céleste peuvent être annulées par nos prières de Yom Kippour.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Emor 23,32 ]

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-> Yom Kippour est unique en ce sens que l'on est obligé de prier 5 fois, ce qui correspond aux cinq niveaux de l'âme : néfech, roua'h, néchama, 'haya et yé'hida (Likouté Torah - fin paracha Pin'has).
Bien que la 5e prière, la Né'ila, conclue Yom Kippour, la journée entière est connue comme "une journée de 5 prières", indiquant qu'il y a un thème constant tout au long de la journée, et c'est cette cohérence qui apporte l'expiation.
[rabbi Moyshé Silk]

Pourquoi avons-nous besoin des 248 mitsvot positives?
Le Zohar (2:82b) appelle ces mitsvot : "248 conseils" (réma'h itin) sur la manière de parvenir à la crainte et à l'amour de D.
En effet, le verset dit explicitement à propos des mitsvot : "Afin que tu apprennes à craindre Hachem, ton D., tous les jours" (Réé 14,23).
La Torah et les mitsvot nous ont été données pour que nous cultivions la crainte et l'amour de D.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Pessa'h ]

"Il prit Kora'h, fils de Ytsar, fils de Kéhat, fils de Levi et Datan et Aviram ... Ils se rassemblèrent contre Moché et Aharon" (Kora'h 16,1-3)

-> Il est rapporté dans le midrach (Bamidbar rabba 18,16) que Kora'h, appartenant à la tribu de Lévi, n'était pas soumis à l'esclavage et fut donc nommé à un poste important dans le palais de Pharaon. Il détenait dans sa main toutes les clés de son trésor royal.
Nos Sages nous ont enseigné qu'il y avait plus de 300 pièces cachées dans le palais où devait être consignées les clés du trésor royal. Faisant partie du Palais-Royal, Kora'h mérita la grandeur et les honneurs partout où il passait.
Lorsque les enfants d'Israël sont sortis d'Égypte, il emporta tout avec lui ...

-> Il est rapporté dans le Zohar que Hachem voulait élever Kora'h au sein des Léviim tout comme Il éleva Aharon à la tête des Cohanim. Il est évident que Kora'h possédait un niveau spirituel exceptionnel. Pas un seul membre de la tribu de Lévi n'avait cette grandeur et Kora'h le ressentit dans son cœur.
Si Kora'h avait accepté sa juste place et s'il s'était annulé comme Its'hak devant son sacrifice, il ne fait aucun doute que Kora'h aurait été, dans ce monde-ci, à l'image de l'ange Gabriel dans les mondes supérieurs, tout comme Aharon incarne l'ange Mikhael dans notre monde.
Cependant, sa chute fut si grande et si brusque que l'adage précieux de nos Sages prend encore une fois tout son sens: "Ne crois pas en toi-même jusqu'au jour de ta mort!" (Pirké Avot 2,4). [guémara Béra'hot 29a] ou encore : "Quiconque conteste son maître est comme s'il contestait la Présence divine!" (guémara Sanhédrin 110a).
[d'une certaine façon, de même que Kora'h est descendu extrêmement bas dans la terre, de même il aurait pu atteindre d'extrêmes hauteurs spirituelles. ]

-> Kora'h faisait partie de ceux qui portait l'Arche d'alliance, il détenait le roua'h hakodech et fut un grand Juste : il faisait partie des anciens d'Israël et était âgé de 130 ans. Seulement, sa jalousie le domina ce qui entraîna la ma'hloket ... A courir après ce qui ne lui revenait pas, non seulement son désir lui échappa mais avec lui, tout ce qu'il possédait.
Le terme ma'hloket (מחלוקת - dispute) peut se subdiviser en deux mots : part ('hélek - חלק) et mort (mavét - מות).
Les désaccords et les disputes dans ce monde-ci causent des dommages dans l'unité suprême des mondes supérieurs, ce qui affecte l'abondance que nous recevons et augmente les rigueurs qui se traduisent par des souffrances et des pertes en vies humaines.
[Tsor ha'Haïm - Kora'h]

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-> Le Gaon de Vilna dit que la qualité de se satisfaire de ce que l'on a (histapkout) est supérieure au niveau d'avoir de la confiance en Hachem (bita'hon).
Mais, il y a une qualité qui les surpasse toutes, c'est la mida de "kol".
Au niveau matériel, il s'agit du fait d'être heureux de son sort (saméa'h bé'helko), c'est-à-dire être persuadé que l'on a absolument tout ce qu'il nous faut (D. me comble), et que l'on ne désire pas plus (sinon Hachem nous l'aurait déjà octroyé).

Avraham est appelé : "tamim" (parfait - v.17,1), car la véritable perfection ne peut être atteindre que lorsque l'on maîtrise la midda de "kol".
[Rav Aharon Kotler - Michnat Rabbi Aharon]

[on voit dans le cas de Kora'h à quel point sa jalousie le perdit. Mais sommes-nous vraiment meilleurs que lui à notre niveau, en portant un regard envieux sur autrui (ex: pourquoi il a ça, si seulement j'avais, ...).]

Lien entre Kalev et Eliézer

"Et Yéhochoua fils de Noun, et Kalev fils de Yéfouné qui faisaient partie de ceux qui avaient exploré le pays, déchirèrent leurs vêtements. Ils dirent ... le pays dans lequel nous sommes passés pour explorer est une très très bonne terre" (Chéla Lé'ha 14,6-7)

-> La guémara (Sota 34b) enseigne :
"Ils montèrent dans le sud, il vint jusqu'à 'Hévron" (Chéla'h Lé'ha 13,12)
Pourquoi la Torah s'exprime-t-telle au pluriel en début de phrase pour terminer au singulier?
Rava nous enseigne qu'il s'agit de Kalev qui se désolidarisa du complot des explorateurs en allant se prosterner sur les tombes des patriarches afin qu'ils l'aident à surmonter cette épreuve.
[ainsi, c'est par le mérite de sa prière qu'il bénéficia de l'aide des Patriarches et qu'il fut épargné. ]

=> Pour quelle raison uniquement Kalev eut la lucidité d'esprit d'aller prier à 'Hévron?

-> Le Arizal (chaar hapesoukim - Béréchit) nous enseigne que Kalev ben Yéfouné était la réincarnation (guilgoul) de Eliézer le serviteur d'Avraham. En effet, suite à la faute d'Adam Harichon, des étincelles d'âmes très élevées se mélangèrent aux klipot (forces du mal/impureté).
Chaque jour, des extractions s'opèrent pour les libérer, et Eliézer le serviteur d'Avraham faisait partie de ces âmes délivrées. Il tomba dans la klipa de Canaan. Son âme était très élevée au point qu'il est écrit à son sujet : "Eliézer était le doyen de sa maison et dirigeait tout ce qu'il avait" ('Hayé Sarah 24,2).
Le Arizal explique qu'il maîtrisait parfaitement son mauvais penchant et qu'il réussit à s'extraire en grande partie des klipot par le mérite d'Avraham son maître, et passa ainsi du clan des maudits au clan des bénis.
[nos Sages (Yoma 28b) interprètent ce verset comme une louange à Eliézer : "Ceci vient nous apprendre qu'il maîtrisait la Torah et qu'il était un érudit." ]

À présent, nous comprenons parfaitement pourquoi Kalev ben Yéfouné se dirigea en direction du caveau de Makhpéla, car il n'était autre que la réincarnation d'Eliézer le serviteur d'Avraham.
Ainsi, il alla instinctivement implorer l'aide de son maître afin de bénéficier de son soutien et d'achever sa réparation dans ce monde ici-bas.

C'est le secret des paroles de nos Sages (guémara Sota 12a) :
"Pourquoi Kalev est-il appelé dans le livre des Chroniques "אשחור" (achrour (אשחור - ce nom indique la couleur noire = שחור (cha'hor) - Divré haYamim 2,24)?
Il porte ce nom car son visage s'était noirci à cause des jeûnes qu'il pratiquait régulièrement."
En effet, étant la réincarnation d'Eliézer, il multiplia les jeûnes dans le but d'accomplir sa réparation. Ainsi, Kalev ben Yéfouné pria sur le tombeau d'Avraham pour qu'il puisse l'aider à sortir du clan des maudits et ne pas être attiré dans le piège des espions/explorateurs.
[de plus, Eliézer avait la peau noire car il était un descendant de 'Ham qui fut maudit par son père
Noa'h (midrach hagadol 19,8). Ceci explique le nom attribué à Kalev "אשחור". ]
]

Après sa réincarnation en Kalev ben Yéfouné, il restait encore à Eliézer des étincelles d'âme à réparer. Aussi, il se réincarna par la suite dans Yéhoyada à l'époque du roi Chlomo, mais aussi en Bénayahou ben Yéhoyada son fils et c'est la raison pour laquelle le père et le fils eurent le même nom.

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-> Benayahou ben Yéhoyada assassina, sous l'ordre de Chlomo Hamelekh, le chef des armées de David, Yoav, qui avait assassiné Avner.

Des générations plus tard, après le règne de le roi Chlomo, Benayahou ben Yéhoyada se réincarna dans Zekharia ben Yéhoyada (Divré haYamim II 24,20) qui était prophète et Cohen et sera tué par le roi Yoach (guilgoul de Yoav) et vengea ainsi le meurtre de Yoav, sa réincarnation antérieure.
En effet, le prophète Zekharia ben Yéhoyada médit sur les Bné Israël.
Nous savons que tout celui qui accuse la communauté même à raison, finit par être puni, comme ce fut le cas pour le prophète Yéchayahou.
[ selon la guémara (Yébamot 49b) Yéchayahou a proféré des paroles accusatrices à l'encontre du peuple d'Israël : "Je demeure au milieu d'un peuple aux lèvres impures"(Yéchayahou 6,5). voir ; https://todahm.com/2023/01/07/tsitsit-tout-juif-est-un-enfant-dhachem ]
Puis, les deux parties de l'âme de Zékharia, son roua'h et son néfech, se réincarnèrent dans deux convertis qui seront les dirigeants du peuple d'Israël en leur temps : Chemaya et Avtalion (guémara Yoma 35b).
Parce qu'il avait mal parlé sur le klal Israël, il fut réincarné dans deux
[d'après le Arizal - chaar haguilgoulim - hakdama 36]

-> Le rav Yaniv Cohen (roch Yéchiva des mékoubalim de Beit El) ajoute :
J'ai reçu de mon maître que par la suite, son roua'h se réincarna dans le Mékoubal Rabbi Moché Kordovéro (le Ramak) qui est le premier commentateur du Zohar, et son néfech en Rabbi Eliahou de Vidach, et c'est la raison pour laquelle ces deux hommes éprouvèrent une affection particulière l'un envers l'autre.
Certains disent que le Ben Ich 'Haï avait des étincelles d'âme de Benayahou ben Yéhoyada et c'est la raison pour laquelle il nomma une de ses œuvres "Ben Yéhoyada". (et Bénayahou)

"Yossef nomma son aîné Ménaché : Car D. m’a fait oublier (nachani) toute ma peine et toute la maison de mon père.
Au second, il donna le nom d'Éfraïm : car mon D. me rendit prospère dans la terre de ma souffrance."
(Mikets 41,51-52)

D’après le sens simple, Yossef nomma son premier-né Ménaché par gratitude envers Hachem qui lui a permis d’oublier les rudes épreuves qu’il subit chez son père.
=> Cette interprétation semble difficile à comprendre. On peut facilement entendre que Yossef ait été content d’oublier les tourments que ses frères lui firent endurer. Mais pourquoi se réjouit-il d’oublier son père éploré?

-> Le Malbim propose une autre façon de comprendre la nomination de Ménaché.
Il écrit que Yossef ne souhaitait pas oublier sa famille, bien au contraire ; il nomma son aîné Ménaché pour montrer qu’il se souciait de ne pas perdre le souvenir (nachani) de toutes les souffrances que les membres de sa famille lui firent subir.
Le 2e fils fut nommé Efraïm pour montrer qu’il était reconnaissant à l’égard d’Hachem qui l’avait rendu prospère dans le pays de ses épreuves, en mettant l’accent sur le fait que même dans son immense succès, il n’oublia pas les grandes difficultés auxquelles il fut confronté en Égypte.

Le Malbim explique, à ce sujet, que les noms qu’il donna à ses fils étaient, pour Yossef, comme des symboles. Il écrit ensuite que c’est une preuve de sa grandeur, parce qu’il s’efforça de se souvenir des épreuves qu’il dut affronter même à son heure de gloire. Il poursuit : "Ceci explique également pourquoi nous avons l’obligation de manger de la matsa avec du maror (herbes amères) le soir du séder de Pessa’h ; nous devons nous souvenir de l’exil quand nous sommes libres, car l’exil est la cause de la liberté et le mal conduit vers le bien."

Le Malbim n’explique toutefois pas exactement pourquoi le "mal" est la source du "bien" à venir. Une analyse plus profonde est nécessaire pour comprendre pourquoi, d’après lui, le fait de se souvenir du mal en période faste témoigne d’une grandeur particulière.

On peut répondre à ces interrogations grâce à l’explication du Sifté ‘Haïm sur la prière de "al hanissim" (à 'Hanoucca). Dans ce texte, nous remercions Hachem de nous avoir permis de vaincre les grecs : "Tu as livré les forts entre les mains des faibles, les nombreux entre les mains des peu-nombreux, les méchants entre les mains des justes, les impurs entre les mains des purs et les scélérats entre les mains de ceux qui se consacrent à Ta Torah."

Le Sifté ‘Haïm remarque que les 2 premiers éloges ne ressemblent pas aux 3 suivants.
Les deux premiers impliquent qu’Hachem a permis aux faibles de gagner bien qu’ils aient dû affronter de vaillants ennemis ; et aux peu nombreux de vaincre bien que les adversaires aient été multiples.
En revanche, les autres louanges supposent que les purs gagnèrent parce que les ennemis étaient impurs et que les vertueux vainquirent les Grecs parce que ces derniers étaient mauvais.

Il explique qu’en réalité, toutes les louanges sont semblables, car elles expliquent toutes pourquoi les ‘Hachmonaïm triomphèrent des Grecs. Quand nous disons qu’Hachem livra les puissants entre les mains des faibles et les nombreux entre les mains des peu-nombreux, c’est parce qu’ils étaient peu nombreux et faibles, et non en dépit de cela.

Le Sifté ‘Haïm précise ensuite que les ‘Hachmonaïm se savaient physiquement faibles et peu-nombreux ; par conséquent, ils savaient que selon les lois de la nature, ils n’avaient aucune chance de vaincre les puissants Grecs. Ils combattirent donc avec un bita’hon (confiance en D.) très fort, réalisant qu’ils ne pouvaient gagner que grâce à une aide Divine immense. Étant donné qu’ils ne se fièrent pas à leur force personnelle, Hachem les aida et leur permit d’en arriver à cette victoire miraculeuse.

Selon cette explication, nous pouvons comprendre pourquoi le Malbim affirme que les épreuves qu’un individu traverse sont la raison même du bonheur qu’il expérimentera ultérieurement.
Quand quelqu’un se trouve dans une situation difficile, voire désespérée, il lui est bien plus facile de réaliser qu’il n’est pas capable de réussir. Par conséquent, il se tourne vers Hachem en Lui demandant de le sortir de cette situation inextricable. Grâce à son bita’hon, Hachem l’exaucera certainement en lui prodiguant un immense bienfait qui améliorera grandement la situation en question. Ainsi, les "mauvais moments" que la personne passe sont la source même de futurs "bons moments".
Ce sentiment d’impuissance fut la clé du succès des ‘Hachmonaïm.

Nous pouvons également comprendre à présent pourquoi le Malbim estime que le fait de se souvenir de certaines épreuves passées pendant les moments de tranquillité est une preuve de grandeur. Quand une personne a tout ce dont elle a besoin, elle est bien plus susceptible de se sentir confiante et de penser qu’elle pourra s’en sortir toute seule. Elle risque de ne plus voir la nécessité de compter sur Hachem, mais plutôt de se sentir autonome.

C’est ce qui est écrit dans le 2e paragraphe du Chéma : la Torah promet que si nous respectons les mitsvot, nous connaîtrons la prospérité. Immédiatement après, la Torah nous met en garde contre le fait de s’éloigner d’Hachem ; ceci nous enseigne que le succès qu’Hachem nous attribue peut provoquer un relâchement.
Cette attitude peut avoir pour fâcheuse conséquence qu’Hachem agisse mesure pour mesure et ne fournisse plus à l’individu Son aide Divine
(siyata diChemaya), ce qui implique qu’il sera à la merci des lois de la nature.

Un tsadik, même quand l’abondance règne, continue de réaliser que tout ce qu’il a provient d’Hachem et que sa seule et unique source de réussite est l’Aide Divine continue.
La grandeur de Yossef fut de ne jamais oublier sa situation passée d’impuissance absolue, même quand il était presque au sommet de la pyramide. Il s’efforça de continuer de réaliser que de la même manière qu’il était, alors, entre les mains d’Hachem, il était tout aussi dépendant de Ses bienfaits à son heure de gloire.
[c'est en ce sens qu'il appela ainsi ses enfants. A chaque fois qu'il pensait à eux, il pensait également à quel point il était dépendant à 100% d'Hachem, même si extérieurement en apparence il était au sommet de la 1ere puissance de l'époque, l'Egypte. ]

En ressentant la même impuissance durant les bons moments que pendant les temps durs, Yossef mérita une aide Divine permanente.
Il est bien plus facile de sentir le besoin de se tourner vers Hachem dans la difficulté. Nous apprenons du comportement de Yossef que même en période d’opulence, nous devons nous souvenir des périodes plus difficiles de notre vie afin de garder à l’esprit que nous sommes, encore et toujours, totalement dépendants d’Hachem, dans tous les domaines de notre vie.
[grâce à cela on mérite de garder une aide Divine constante, d'avoir un maximum de biens, de bénédictions. ]
[rav Yéhonathan Gefen]

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-> Après avoir été promu vice-roi, Yossef eut deux fils. Il nomma le second Efraïm : "Car mon D. me rendit prospère dans la terre de ma souffrance" (Mikets 41,52).

-> Le rav Moché Sternbuch (Taam vaDaat) note que Yossef appela l’Égypte "terre de ma souffrance" (béérets on'yi) bien qu’il y était gouverneur. Il admit son succès et remercia pour sa prospérité, mais refusa de se sentir à l’aise dans ce pays, malgré sa gloire.

[ainsi malgré le fait que Yossef était au sommet du royaume de la 1ere puissance de l'époque, que matériellement il pouvait avoir tout ce qu'il voulait, ... malgré cela, pour lui sa situation était d'être dans la "terre de ma souffrance".
De même pour nous de nos jours, où Hachem nous accorde un exil extrêmement confortable (par rapport au passé, nous avons plus de moyens, nous profitons d'un luxe d'inventions incroyable, nous ne sommes pas persécutés, ...).
Mais à l'image de Yossef, même si matériellement on a tout ce que l'on veut à portée de main, nous ne devons pas oublier que le Temple n'est pas reconstruit, que nous sommes toujours en exil (de notre état de grande proximité avec la Présence Divine).
Cette notion que nous sommes en "terre de ma souffrance", nous permet d'éviter de se laisser influencer par l'environnement extérieur, de garder notre attachement avec les valeurs juives pures et intactes.
A l'image du cochon, la façon de vivre/penser non-juive : certes elle peut être très bonne, mais ce n'est pas ce que Hachem attend de moi!]

-> Selon rav Yéhochoua Hartman, on trouve plusieurs éléments dans le comportement de Yossef qui prouvent son attachement incroyable à Hachem. Après avoir été emprisonné durant 12 ans, il eut l’opportunité inespérée d’être libéré. S’il réussissait à apaiser Pharaon, il pouvait prendre un nouveau départ. Il savait que le roi d’Égypte ne croyait pas en D. (il se prenait lui-même pour un dieu) et que son arrogance était inégalée. Pourtant Yossef n’hésita pas à attribuer ses talents à Hachem.

-> Le rav Yéhonathan Gefen commente :
C’est une leçon remarquable quant à la façon dont nous devons agir dans un environnement étranger, voire hostile ; il s’agit d’une épreuve que toutes les générations durent affronter à travers les exils.
Certains tentent de cacher leur judaïsme, de camoufler les différences entre les non-juifs et eux. Malheureusement, l’histoire a prouvé que cette attitude menait généralement vers une vague d’assimilation. Quand on retire les barrières qui nous séparent des non-juifs, on ouvre une porte à l’affadissement du judaïsme, à la perte de notre identité.
La confiance en soi de Yossef qui affirma ses croyances est une clé (pour lui ainsi que pour les générations futures) de la réussite, elle permet d’éviter l’assimilation dans l'exil (galout) ...

Yossef montra l’exemple du juif qui garde ses valeurs et son identité. Il inculqua ainsi à son peuple la capacité de suivre sa voie et de refuser l’assimilation.
Le fait que la Paracha de Mikets jouxte la fête de ’Hanoucca n’est pas une coïncidence. Le lien est évident ; l’exil grec fut le premier qui menaça la pérennité du peuple juif en souhaitant l’assimiler. Malheureusement, un grand nombre de Juifs ne prirent pas leçon de Yossef et effacèrent volontiers les vestiges de leur judaïsme.
Mais les ’Hachmonaïm et d’autres Juifs courageux résistèrent à la tentation du mode de vie grec et risquèrent leur vie pour préserver leur identité juive.

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-> "Hachem m'a fait oublié tout mon effort et toute la maison de mon père" (Mikets 41,51)

-> Yossef appela son premier fils Menaché pour la raison rapportée dans ce verset. Mais on peut s'interroger. De quel effort parle-t-il ici? De plus pourquoi se réjouit-il tant d'avoir oublié la maison de son père?

En fait, Yossef était un homme Juste. Il a fait preuve d'une force intérieure et d'une crainte d'Hachem remarquable, pour surmonter toutes les épreuves qu'il vécut en Egypte. A sa place, un autre aurait pu en concevoir un certain orgueil.
Finalement, il s'est quand même montré remarquable. Et même si par mesure d'humilité, il préférerait ne pas se vanter de son mérite, malgré tout, il aurait pu louer l'éducation que son père lui a transmise et qui lui a donnée les forces pour surmonter ces épreuves.
Mais Yossef n'en fit rien. Il n'attribua le mérite et l'éloge qu'à Hachem. C'est Lui qui, dans Son Infinie Bonté, l'a sauvé et lui a permis de devenir un Juste (tsadik). Aussi, il déclara : "Hachem m'a fait oublié tout mon effort", pour ne pas que je ne ressente le moindre sentiment d'orgueil d'avoir tant lutté et avoir investi tant d'effort pour avoir surmonté toutes les épreuves.
Mais aussi, Il m'a fait oublié "toute la maison de mon père", pour ne pas que je ne ressente de fierté et d'orgueil, même du fait d'appartenir à une famille si illustre dont le père m'a donné une si bonne éducation. Le Seul Etre que je souhaite remercié c'est Hachem.

C'est là qu'intervient le nom qu'il donna à son deuxième fils : Efraïm. Car "Il m'a fait fructifié dans le pays de ma misère". Ce que Yossef voulait affirmé, c'est sa reconnaissance à Hachem, qui dans Sa Bonté, lui a permis d'en arriver là. Et pourquoi Hachem l'a tant gratifié de la sorte?
C'est parce qu'Il a vu que je me trouvais "dans le pays de ma misère". Il a vu ma misère et a eu pitié de moi. Et c'est pour cela qu'Il m'a fait tant grandir, Lui qui élève les misérables.

=> Yossef nous apprend là une remarquable leçon de modestie. Même si on a fait de grands efforts pour servir Hachem et pour résister au mauvais penchant, même si on pourrait avoir de quoi se vanter de l'éducation que nous a donné nos parents. Mais plus que tout, n'oublions pas de remercier Hachem qui nous a donné les forces de réussir et, dans Sa grande Miséricorde envers nous, nous a gratifié de pouvoir Le servir. Quant à son mérite personnel et celui de ceux qui nous ont aidé à grandir, même si bien sûr il y a lieu de leur témoigner toute notre reconnaissance, malgré tout, au moment où on s'apprête à remercier Hachem, il convient de tout oublier pour ne remercier que notre Créateur qui est Celui qui a permis tout cela.
[rapporté par le rav Mikaël Mouyal]