Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Moché resta sur la montagne 40 jours et 40 nuits" (Michpatim 24,18).

-> Le rav David Pinto (Pa’had David) demande : Que sont ces 40 jours?

Ils correspondent à la Torah qui a été donnée en 40 jours (guémara Ména’hot 99), et comme 6 de ces jours étaient des jours de préparation à recevoir la Torah, il reste 34 jours (soit : לד), ce qui correspond à dal (pauvre - דל), l’abaissement, pour nous dire en allusion que tout homme doit accepter la Torah comme un pauvre.
En effet, la Torah ne subsiste que chez celui qui est humble, car il doit s’incliner et s’annuler devant elle.

"Si le voleur est découvert en train de creuser" (Michpatim 22,1)

-> L’un des meilleurs disciples du rabbi Mendel de Kotzk lui dit : "J’ai réfléchi ce matin au verset "si le voleur est découvert en train de creuser", et je voudrais l’expliquer de la façon suivante : Si quelqu’un creuse dans son intériorité et dans les profondeurs de son âme, "le voleur sera découvert", on peut être certain qu’il trouvera le voleur qui s’y cache, et qui n’est autre que le mauvais penchant, qui aspire sans cesse à le faire tomber dans ses filets."

Le rabbi de Kotzk le félicita et fit remarquer : "C’est exactement ce que j’avais envie d’entendre aujourd’hui, et ces choses sont dignes d’êtres dites par vous tous les jours"

"Tout ce qu’a prononcé Hachem, nous ferons et nous écouterons" (Michpatim 24,7)

-> Rabbi Aharon Zakaï (Torat haParacha) demande pourquoi cette déclaration a été faite au pluriel. Comment pouvaient-ils savoir ce que leur prochain ressentait?
Il aurait semblé plus logique que chacun déclare "je ferai et j’écouterai".

Le Rabbi de Pchis’ha l’explique à l’aide de l’exemple suivant : des prisonniers sont assis dans la même cellule d’une prison. En pleine journée d’été, alors que la chaleur est étouffante, un homme entre dans la cellule pour proposer aux détenus de l’eau. D’une seule voix, ils répondent tous par l’affirmative : "Nous voulons boire !"
Sans devoir se consulter, ils savent tous que chacun éprouve la même envie.

De même, les Bné Israël avaient une grande soif de Torah. C’est pourquoi, certain que leur prochain ressentait ce même désir, chacun put affirmer au nom de tous : "Nous ferons et nous écouterons".

"S’il se relève et qu’il puisse sortir appuyé sur son bâton, l’auteur de la blessure sera absous. Toutefois, il paiera le chômage et les frais de la guérison" (Michpatim 21,19)

-> Le Kéren haTsvi s’interroge : si l’auteur de la blessure paie le chômage et les frais de la guérison, qui remboursera la perte de Torah causée au blessé ?

Il répond que c’est effectivement l’auteur de la blessure qui est responsable de la perte de Torah causée au blessé, mais ceci uniquement dans la mesure où ce dernier étudiait la Torah avant d’avoir été blessé et où il retourne à son étude aussitôt après sa guérison.
Par contre, "s’il se relève et qu’il puisse sortir" = cela signifie que, non seulement il n’éprouve pas de peine pour le temps perdu, mais en plus utilise celui dont il dispose à présent pour sortir. Le cas échéant, l’auteur de la blessure n’est pas du tout responsable de la perte d'étude de Torah dont il "sera absous" et il n’aura qu’à payer "le chômage et les frais de la guérison".

"Vous servirez uniquement Hachem votre D. ; et Il bénira ton pain" (Michpatim 23,25)

-> Quel est le service effectué par le cœur?
Selon nos Sages, il s’agit de la prière.

Le Baal haTourim explique le glissement de notre verset du pluriel au singulier :
- "Vous servirez" est écrit au pluriel, en référence à la prière en public, jamais repoussée ;
- "Il bénira ton pain" est au singulier, Hachem adressant à chacun une bénédiction personnelle, en fonction de ses propres besoins.

D’après le ‘Hatam Sofer, la prière récitée en public est toujours agréée, parce que, par ce rassemblement, chacun des fidèles protège les autres et leur apporte une expiation.
[b'h, à ce sujet : https://todahm.com/2016/12/27/prier-avec-la-communaute ]

Le Maharcha (Baba Métsia 107b) interprète "vous servirez" comme se rapportant au respect des mitsvot, pour lesquelles tous les juifs sont solidaires, d’où l’emploi du pluriel.
Par contre, seule une élite d’individus est capable de se contenter de pain et d’eau ; aussi, notre verset se conclut-il par un singulier.

"Je comblerai la mesure de tes jours. Je mettrai tous tes ennemis en fuite devant toi" (Michpatim 23,26-27)

-> Le grand-père du Gaon de Vilna (rabbi Moché Kremer) explique ainsi :
Nous trouvons dans la guémara (Méguila 28a) que celui qui regarde le visage d’un idolâtre raccourcit ses jours, et au contraire celui qui fait attention à ne pas regarder le visage d’un idolâtre est épargné par cela.
Or quand on va à la guerre, apparemment les combattants sont obligés de regarder le visage des idolâtres, ils peuvent donc en arriver à voir leur vie raccourcie.
C’est pourquoi Hachem a promis que les ennemis tourneraient la tête, donc on ne verrait pas leur visage, et la Torah dit à proximité "Je comblerai la mesure de tes jours", ceci parce qu’il n’y aura aucun besoin de regarder le visage de l’ennemi ni d’en arriver à un raccourcissement des jours.

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-> "J’ai 120 ans aujourd’hui" (Vayélé'h 31,1-2)

-> Rachi explique ces paroles de Moché : "Aujourd’hui mes jours et mes années ont été remplis ; en ce jour je suis né et en ce jour je vais mourir."

-> La guémara (Kidouchin 38a) dit : "Cela nous enseigne que D. remplit les jours des Justes jusqu’au jour et au mois, comme il est écrit : "Je remplirai le nombre de tes jours" (אֶת מִסְפַּר יָמֶיךָ אֲמַלֵּא - ét mispar yamé'ha amalé - Michpatim 23,26).

-> Le Zohar enseigne qu’en accomplissant chaque jour une mitsva, le tsadik confectionne une "vêtement" spirituel pour sa Néchama, grâce auquel il peut jouir du "rayon de la Chékhina" dans le Gan Eden. Hachem comble ainsi les "vêtements" du tsadik avec la Lumière Divine (à noter que le mot מִסְפַּר – Mispar [nombre] – s’apparente au mot ספיר Saphir – une pierre lumineuse), afin qu’il puisse recevoir le Dévoilement Divin, la Crainte et l’Amour Supérieurs dans son âme.
[Torah Ohr]

"Les enfants d’Israël n’écoutèrent pas Moché, à cause du souffle court et du travail pénible" (Vaéra 6,9)

-> Le Ohr ha'Haïm commente :
"Peut-être que du fait qu'ils n'étaient pas des Bné Torah, ils n'ont pas écouté Moché.
C'est ce que le verset vient nous apprendre en mentionnant "souffle court", car la Torah élargit le cœur de l'homme."

-> Le rav Elimélé'h Biderman explique :
Les juifs travaillaient très durement comme esclaves en Egypte, et il n'y avait pas de place dans leur cœur pour accepter le message réconfortant de Moché.
Mais s'ils avaient eu la Torah, alors la Torah aurait amené une sérénité interne et un réconfort qui auraient permis d'accepter les mots si positifs de Moché, et ce malgré un esclavage très dur.

[On apprend de là à quel point la Torah transforme un homme, lui donne de la sagesse, une clarté d'esprit qui lui permet d'être stable durant sa vie, et ensuite de permettre la plus importante des choses : se rapprocher d'Hachem.]

-> Le 'Hazon Ich dit que lorsque quelqu'un a un doute et ne sait pas comment procéder, il doit étudier une daf de guémara, car ensuite il aura la sérénité interne (yichouv hadaat), et il sera alors capable de décider comment agir.

-> Le Divré Shmouël disait : "Lorsque je suis préoccupé par quelque chose, j'étudie pendant une heure, et ensuite l'inquiétude s'en va.
Si j'ai une préoccupation plus importante, j'étudie pendant 2 heures, et alors je ne suis plus inquiet ...
On atteint la tranquillité par l'étude de la Torah".

"Pour leur donner le pays de Canaan (érets Canaan), le pays de leur habitation où ils habitaient (érets mégouré'ém)" (Vaéra 6,4)

=> Pourquoi la Torah utilise 2 fois le terme : "le pays" (érets), alors que le verset aurait pu dit : "leur donner le pays de Canaan où ils habitaient"?

Le Yichma'h Israël répond par un enseignement des Sages selon lequel celui qui habite en terre d'Israël doit faire de plus en plus attention à ses actes et à tout ce qui le concerne.
Il doit aussi se conduire avec plus d’humilité et de piété que celui qui habite ailleurs. Parce qu’il ressemble à quelqu’un qui est installé dans le palais du roi, et celui qui irrite le roi dans son palais n’est pas semblable à celui qui l’irrite en dehors.
De plus, le service du roi pour celui qui est en sa présence dans son palais n’est pas semblable au service de celui qui est à l’extérieur, car il est évident que le service du roi repose davantage sur ceux qui se trouvent avec lui dans son palais ...

C’est pourquoi le verset emploie une expression double : "le pays de leur habitation où ils habitaient" = c’est-à-dire que la terre d'Israël, le pays de leur habitation (mégouré'ém), représente une "crainte" (magour), car là l’homme doit se trouver dans la demeure de Hachem avec sainteté et piété, et craindre sans cesse devant Lui.
De cette façon, ils mériteront d’habiter toujours en terre d'Israël.

"Moché s'adresse à Hachem en disant : les Bné Israël ne m'ont pas écouté, comment Pharaon m'écouterait, alors que mes lèvres sont incirconcises" (Vaéra 6,12)

-> Rachi commente : C'est l’un des 10 raisonnements à fortiori qui sont cités dans la Torah.
Or, la Torah, elle-même réfute apparemment ce raisonnement puisqu'il y est écrit : "Les Bné Israël n'écoutèrent pas Moché à cause du souffle coupé et du travail difficile" (Vaéra 6,9).
=> Ainsi en quoi consiste le : ''à fortiori Pharaon ne m'écoutera pas'', puisque Pharaon lui-même n'était pas soumis à l'esclavage (au contraire il était dans le luxe et le confort de son palais royal!)?

-> Tout d'abord, il convient de rapporter au préalable les paroles du Béer Mayim 'Haïm (paracha Noa'h) :
Celui qui sert son Créateur selon les lois naturelles, c'est-à-dire qu’il ne Le sert que lorsque cela lui est facile, se voit également rétribuer par le Ciel une récompense au niveau des lois naturelles.
Par exemple, quelqu'un qui ne fait l'effort de se lever le matin que lorsqu'il fait beau dehors, mais qui, dès que les jours d'automne et le froid arrivent, reste dans son lit, ou encore qui n'étudie que lorsqu'il en a envie, recevra certes une récompense, mais qui ne lui parviendra que tant que le Créateur répand l'abondance céleste sur le monde entier.
On lui ajoutera alors une part supplémentaire de profusion en tant que salaire des mitsvot qu'il a accomplies.

En revanche, celui qui va à l'encontre de son yétser ara et surmonte ses tendances naturelles en faisant don de lui-même, physiquement et moralement, afin d'accomplir la volonté Divine se verra rétribué au-delà des contingences de la nature, et lorsqu'il aura besoin d'une délivrance, on modifiera pour lui toutes les lois naturelles afin de satisfaire sa volonté.

-> D'après ce qui précède, le rav Elimélé'h Biderman répond ainsi :
Moché dit à Hachem : "Si les Bné Israël s'efforcent au-delà de leur nature de m'écouter, malgré le souffle coupé dû à l'esclavage, je suis certain que, mesure pour mesure, Tu accompliras Toi aussi un miracle en faisant que Pharaon m'écoute malgré mon défaut d'élocution.
Mais puisque les Bné Israël ne m'écoutent pas et se conduisent selon l'ordre naturel des choses qui veut qu'un homme écrasé par le travail ne prête pas oreille à ce qu'on lui dit, Pharaon lui non plus ne m'écoutera pas en raison de mes difficultés d’élocution."

"L’un fut nommé Guerchom ... l’un fut nommé Eliézer" (Yitro 18,3-4)

=> A priori, cette syntaxe est inhabituelle, il aurait été plus correct d’écrire : "le deuxième fut nommé Eliézer", comme dans le verset : "Tu offriras un mouton le matin et le deuxième vers le soir" (Pin'has 28,4)

-> Le rav Shimshon Raphael Hirsch explique que la Torah a ici intentionnellement modifié la formulation pour nous enseigner que les enfants ne sont pas comme des moutons, mais chacun d’entre eux est unique et non un numéro parmi les autres.
Il ne peut donc pas être dénommé premier, deuxième, troisième, ...
Car il est toujours le premier et le dernier dans le monde qui est le sien, possédant une mission et une valeur particulière.

-> Cette idée est également suggérée dans la Haggada de Pessa’h qui enseigne : "La Torah parle de 4 fils : un qui est sage (é'had 'hakham), un qui est racha (é'had racha), un qui est tam (é'had tam), un qui ne sait pas poser de question."
Là encore, l’auteur de la Haggada ne s’est pas contenté de dire en résumé : "un sage, un racha, un tam, et un ne sachant pas poser de question", afin de nous faire prendre conscience que chaque enfant est un monde en soi qui exige une éducation adaptée à son caractère.

-> Si une personne n'a qu'un seul enfant, combien d'efforts, de prières et de dévouement seront investis dans cet enfant.
C'est ce même montant d'énergie qui doit être investi pour chaque enfant si on en a plusieurs. En effet, chacun doit être à nos yeux comme unique.

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-> On trouve cette qualité chez Moché qui fut pris de compassion pour une brebis qui s’était enfuie de son troupeau.
Nos Sages (midrach Chémot Rabba 2,2) enseignent qu’il se mit à sa recherche et la prit en pitié, et grâce à cela il mérita d’être le guide du peuple juif.

Le rabbi Avraham de Strikov explique que c’est uniquement parce qu’il comprit que chaque brebis avait une importance particulière que Moché fut en mesure d’être le guide de son peuple.
[il ne s'est pas dit par exemple : ça va ce n'est qu'une brebis parmi tellement d'autres, pourquoi se prendre tant la tête à la retrouver!]

Car en matière d’éducation, on ne peut se contenter de considérer chaque enfant comme l’élément d’un ensemble. Mais au contraire, il est nécessaire de voir en chacun un monde en soi dans lequel un parent doit savoir pénétrer pour, à partir de là, lui montrer la voie à suivre.

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-> "Habitue ton enfant selon son chemin" (al pi darko - Michlé 22,6)

Le rav Elimélé'h Biderman compare cela à quelqu'un qui a 100 clés, mais une seule ouvre le verrou de la porte.

Il en est de même dans l'éducation des enfants.
Si nous avons essayé différentes approches, et que nous n'avons pas réussi à ouvrir le cœur de l'enfant, alors c'est que nous n'avons pas trouvé la bonne clé.
Il ne faut jamais abandonner (en nous confiant un enfant, Hachem nous confie également la bonne capacité de l'éduquer).
Il faut penser à la nature de l'enfant, et rechercher la clé qui va fonctionner pour lui.

Parfois, il faut persévérer dans une même approche éducative, encore et encore, et alors nous allons réussir.
Cela ressemble à une clé que nous devons insister, légèrement forcer, pour qu'elle ouvre la porte.

Nous devons trouver la bonne clé pour chacun de nos enfants.
Pour l'un on peut la trouver très rapidement, et pour un autre ça peut prendre longtemps. Mais chaque enfant doit être unique! Chaque enfant doit être le meilleur à nos yeux!

Et lorsqu'un parent donne beaucoup de valeur à un enfant, l'enfant le ressent, et cela va l'aider à se donner de la valeur en lui-même et à atteindre le meilleur de son potentiel.

[un parent impatient, qui abandonne trop vite (c'est pas comme je veux!), va essayer d'ouvrir la porte avec une hache plutôt que de persévérer à trouver la bonne clé.
La porte est peut-être ouverte en apparence, mais elle est surtout détruite, et alors elle est grande ouverte pour recevoir toute mauvaise influence. En effet, si les parents ne proposent pas une atmosphère agréable à ses enfants (joie, mots d'encouragement, de valorisation, ...), ils vont être tentés de voir ailleurs, que D. nous en préserve.]

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-> "Habitue ton enfant selon son chemin"

Le Gaon de Vilna dit que si nous éloignons un enfant de sa nature, alors maintenant il nous écoutera car il a peur de nous, mais plus tard lorsqu'il ne sera plus sous notre surveillance, alors il quittera ce chemin, car il est impossible de changer sa nature profonde.

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b'h, également : https://todahm.com/2015/10/24/3811-2