Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Avraham a engendré Its'hak" (Toldot 25,19)

-> Avraham représente la émouna et Its'hak représente la joie.
[Avraham a passé sa vie à amener dans ce monde la notion d'émouna, et le nom Its'hak signifie : rire]

C'est le sens du verset : "La émouna donne naissance à la joie".
En effet, lorsqu'on croit que tout est pour le bien, alors nous sommes toujours joyeux.

[Avodat Pnim]

"Essav devint un homme sachant chasser, un homme des champs, et Yaakov était un homme intègre, demeurant dans les tentes [de la maison d'étude]" (Toldot 25,27)

=> Pourquoi à l'image d'Essav "un homme sachant chasser", n'est-il pas écrit sur Yaakov : "un homme sachant la Torah" (ich yodéa Torah)?
Pourquoi ne mentionner que le fait "demeurant dans les tentes "?

-> Le rav Wosner explique que la plus grande louange est d'être : "demeurant dans les tentes [de la Torah]" = étudier et peiner encore et encore dans la Torah.
En effet, notre tâche est d'investir tous nos efforts, nos capacités (ex: assister aux cours), mais la réussite dans la Torah c'est un cadeau d'Hachem.

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-> Le Targoum Yonathan (v.25,27) commente : "Essav était une personne qui gaspillait son temps".

=> C'est là toute la différence entre Essav et Yaakov : le fait de ne pas perdre son temps.

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+ 'Yaakov était un homme intègre, demeurant dans les tentes [de la maison d'étude]" (Toldot 25,27)

-> [Le simple fait ] d'être assis dans une maison d'étude (beit midrach) est une mitsva, comme il est écrit : "Heureux ceux qui résident dans Ta demeure" (achré yochvé bété'ha - Téhilim 84,5).
[Choul'han Arou'h 151,1]

-> Même si on ne comprend pas ce qu'on étudie, néanmoins le temps passé dans un beit midrach est une mitsva.
[michna Broura (6)]

-> De tous les mérites que Yaakov avait (sa Torah, ses très nombres excellentes actions), la Torah n'en mentionne aucun autre que : "demeurant dans les tentes" (yochev ohalim) = c'est-à-dire qu'il s'asseyait dans le beit midrach.
C'est parce que le fait d'être assis dans une synagogue et un beit midrach est quelque chose de très grand, et ce même si on y est assis sans étudier la Torah ou prier.
[le Rama de Pano]

-> Evidemment que nous devons faire attention aux lois, et à honorer de tels endroits (synagogue, beit midrach).
Mais nous devons également réaliser que le simple fait d'y être est un mérite énorme, au point où parmi tous ses mérites, la Torah caractérise Yaakov de "demeurant dans les tentes [synagogue, maison d'étude]"...

Cela se retrouve en allusion :
- achré yochvé bété'ha (Heureux ceux qui résident dans Ta demeure [même s'ils ne font que y être assis (yochev)]) ;
- od = à plus forte raison ;
- yéallélou'ha séla (Te louer sans cesse) = encore bien plus heureux sont ceux qui y louent Hachem (par leurs prières, études).
[rav Elimélé'h Biderman]

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-> Rabbi Chimon dit : Celui qui marche sur la route en étudiant et interrompt son étude pour s'exclamer : "Que cet arbre est beau!", "Que ce champ est beau!", le verset le considère comme passible de mort.
[Pirké Avot 3,7]

=> Comment comprendre cela?

Le rav Elimélé'h Biderman explique que nous devons nous imaginer dans un avion en plein vol, et que tout à coup nous entendons un des passagers s'exclamer : "Regardez cet arbre magnifique! Regardez ce magnifique champ!"
Tout le monde dans l'avion commencerait à paniquer car s'il est possible de voir des arbres et des champs d'aussi près, c'est un signe que l'avion vole très bas, et qu'il va très probablement s'écraser.

De même, lorsque nous étudions la Torah, nous ne devrions pas pouvoir remarquer les arbres.
Si tel est le cas, cela signifie que l'on n'est pas pleinement plongé dans la Torah, et c'est pourquoi il est si grave d'en arriver à discuter des arbres et des champs (de toute chose non nécessaire à l'étude) en plein milieu de notre étude de Torah.

[l'idée est la même au moment de notre prière : si des pensées étrangères peuvent se développer dans notre esprit, c'est que nous n'avons pas suffisamment conscience de la réalité : nous sommes en rendez-vous privé face à face avec Hachem, qui peut tout nous accorder, ... ]

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-> "J'ai une 'havrouta (binôme d'étude) pour étudier la Torah.
Il est toujours très ponctuel, et il est également extrêmement intelligent. Je suis impressionné par son ingéniosité.
Est-ce que vous savez qui est ma 'havrouta?
Il s'agit du yétser ara"
[paroles d'un Sage]

[souvent notre yétser ara se déguise en grand tsadik, qui donne de bons conseil d'ami, afin de pouvoir nous dérober sans que l'on s'en rende compte ce que nous avons de plus précieux : notre temps.]

Hachem dit : "Si vous sentez que Essav vient contre vous, échappez-vous vers la Torah"

[midrach Dévarim rabba 1,19]

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-> "La voix est la voix de Yaakov et les mains sont les mains de Essav" (Toldot 27,22)

Le Gaon de Vilna interprète ainsi ce verset :
Quand la voix est celle de Yaakov (par l'étude de la Torah et la prière), alors les mains, sous-entendu ses mains, c'est-à-dire les mains du peuple juif, seront les mains de Essav.
Le peuple d'Israël aura alors le droit de ''subtiliser'' les mains de Essav pour les utiliser pour se défendre et se protéger.

Ainsi, cela revient à dire que "les mains ne seront plus les mains de Essav" = Tous les ennemis d'Israël n'auront plus leurs mains pour faire du mal au peuple juif, puisque leurs mains c'est-à-dire leurs forces seront neutralisées pour être transférées au profit d'Israël en vue de se défendre et de se protéger.

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-> Un conférencier disait : "la Torah est comme l'oxygène. De même que nous ne pouvons vivre sans oxygène, nous ne pouvons vivre sans Torah".
Le rabbi 'Haïm de Brisk n'est pas d'accord avec cela, car pour lui : "l'oxygène aide les gens à vivre, mais la Torah c'est la vie elle-même."

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-> Le Kédouchat Yom Tov dit que lorsque nous étudions la Torah nous nous éloignons des impuretés de ce monde, et ainsi nous nous sauvons de devenir impurs par les influences [mauvaises] de l'exil.

"Ils le quittèrent en paix" (Toldot 26,31)

-> Ce verset dit que les Pélichtim (Philistins), qui avaient Avimelé'h comme roi, quittèrent Its'hak en paix, c'est à dire avec sérénité.
Cela montre une différence entre un non juif et un juif.
En effet, seul un non juif est capable de quitter un homme Juste (tsadik) sereinement, c'est-à-dire sans en être remué ni propulsé intérieurement, et en restant le même qu'avant.
En revanche quand un juif rencontre un Juste (tsadik) et a le mérite de le côtoyer, au moment de le quitter, il en est remué.
Il ne peut pas le quitter, serein, sans que rien ne change en lui.

[Rabbi Bounim de Pchis'ha]

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-> Ce verset nous permet de voir la différence entre un juif et un non-juif.
Lorsqu'un juif prend congé après avoir rendu visite à un tsadik, il quitte le lieu saint le cœur brisé. Il se sent terriblement mal de devoir quitter la présence de quelqu'un qu'il sait être d'un niveau bien plus élevé que le sien.
Cependant, lorsque Avimélé'h et les membres de sa famille prirent congé d'Its'hak, ils ne se sentirent pas du tout mal. Au contraire, "ils s'éloignèrent de lui en paix". Ils n'étaient pas du tout contrariés de le quitter.

"Yaakov dit à son père : Je suis Essav, ton premier né ; J'ai fait comme tu m'as dit" (Toldot 27,19)

-> Apparemment, Yaakov dit ici un mensonge à son père, puisque ce dernier a parlé à Essav, et non pas à lui.

En réalité, Its'hak a toujours eu l'habitude d'encourager ses enfants à écouter leurs parents. Bien plus, pour conforter l'harmonie dans son couple, Its'hak disait constamment à ses enfants de bien respecter leur mère et de lui obéir.
C'est d'ailleurs ainsi que doit se comporter tout père de famille.

Or là, même si Its'hak parla à Essav pour lui demander de lui préparer un repas en vue de se faire bénir, malgré tout, Rivka demanda à Yaakov de prendre la place de Essav et d'aller lui recevoir les bénédictions.
=> Yaakov, qui écouta fidèlement les paroles de sa mère, pouvait donc affirmer à son père : "J'ai fait comme tu m'as dit" = c'est-à-dire j'ai appliqué ce que tu m'as toujours dit, à savoir d'écouter et d'obéir à ma mère.

[Ben Ich 'Haï]

"Ce fut après la mort d'Avraham, Hachem bénit Its'hak son fils" ('Hayé Sarah 25,11)

-> Le Targoum Yonathan explique qu'Avraham lui-même n'a pas béni Its'hak, pour ne pas qu'Yichmaël soit jaloux.

=> D'après cela, pourquoi Avraham n'a-t-il pas béni Its'hak en cachette, secrètement, sans qu'Yichmaël le sache ?

-> Nos Sages disent que les forces du bien et les forces du mal doivent être équilibrées, pour que le libre arbitre soit conservé.
Ainsi, Avraham ne pouvait pas bénir Its'hak, car par cela, il aurait renforcé la force de la sainteté qui provient du côté de Its'hak.
Mais alors, il aurait fallu obligatoirement bénir également Yichmaël pour renforcer aussi l'autre côté et préserver l'équilibre.
Or, Avraham préférait ne pas bénir Its'hak pour ne pas avoir besoin de renforcer parallèlement les forces négatives. Il préféra donc laisser à Hachem le soin de faire ce que bon Lui semble, et de bénir Its'hak s'Il le souhaite.

[Rabbi Moché Sternbuch - Taam Vadaat]

De même qu'il y a des Noms de D. qu'il nous est interdit d'effacer, de même il y a en chacun de nous des Noms, des étincelles de Divinité, qu'il est impossible d'effacer [et ce quoique nous puissions faire de notre vie].

[Sfat Emet]

Emouna & humilité

+ La racine de toutes les erreurs de émouna (foi) et de vision des choses (hachkafa) est l'orgueil et l'égocentrisme, car ils empêchent l'homme de soumettre sa volonté à celle des autres et plus particulièrement à celle d'Hachem.
Pour l'orgueilleux, tous les moyens sont bons pour s'affranchir des devoirs qu'Hachem lui impose dans la Torah et qui vont à l'encontre de ses désirs.
[...]

Le cœur est le véritable moteur de l'homme. Nos yeux ne voient que ce que nous voulons bien voir, notre intellect ne comprend que ce qui va dans le sens de notre volonté ... à tel point que de mauvaises qualités de cœur (midot) peuvent amener l'homme à déformer toute sa émouna et sa compréhension de la Torah.

Tous les êtres humains sont touchés, de près ou de loin, par ce phénomène dont le seul remède est d'acquérir l'humilité nécessaire pour écouter les conseils et les remontrances des autres.
Plus particulièrement, il faudra s'attacher aux paroles de nos Sages, qui eux sont parvenus à corriger leurs midot et à gouverner les inclinaisons de leur cœur.

[rav Friedlander - Sifté 'Haïm - Moadim 1,p.185]

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-> Grâce à la modestie, tu mériteras d'avoir la émouna.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - Emouna]

"L’épreuve d’Hachem est pour l’âme, ce que le médicament est pour le corps.
Celui qui les rejette ressemble à un patient qui fuit le médecin qui voudrait lui prescrire son traitement.
Hachem envoie à l’homme exactement ce dont il a besoin pour guérir son âme de ses fautes."

[Ramad Valli - un élève du Ram'hal]

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-> "L'épreuve c’est l’occasion donnée par Hachem pour pousser l’homme à combler ses manques et à arriver à se parfaire."
[Ram'hal]

Même lorsque nos fautes sont nombreuses, Hachem possède bien plus de délivrances et de bontés que l'obscurité de nos fautes.

[Rabbénou Yona]

[même si nos fautes sont nombreuses et grandes, la compassion, miséricorde d'Hachem l'est toujours davantage, puisqu'infinie.
D'ailleurs, selon le 'Hovot haLévavot, la 7e condition pour renforcer notre confiance en Hachem est : Hachem possède une bonté infinie, une envie de donner que l'on ne peut pas percevoir ; peu importe si nous sommes aptes ou non à cela, Sa générosité s'exprime et se propage en permanence.]

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-> La citation ci-dessus vient d'un commentaire de Rabbénou Yona sur : "Hachem sera l'objet de ton espoir" (Michlé 3,26).
Il commente :
"Sache que le bita'hon, c'est la foi entière et le renforcement du cœur dans la délivrance (yéchoua) d'Hachem ; et il faut réellement compter dessus car le bita'hon ne supporte pas le doute ...

Le bita'hon implique aussi que l'homme se rappelle dans son cœur que tout est entre les mains d'Hachem ; Il [Hachem] peut changer la nature, inverser le mazal (destinée), Il n'a pas de limite pour délivrer, que ce soit une grande délivrance ou une petite délivrance ; même si la difficulté a l'air proche, la délivrance peut l'être encore plus car Hachem peut tout faire sans limite.

Il faudra donc compter et espérer dans la bonté d'Hachem dans toute situation d'obscurité, "car Il est prodigieux dans la délivrance" (ki ou rav léochia) ; dans toute situation difficile et comme un clin d'œil (kééref ayin), elle peut arriver, si seulement nous ne désespérons pas ...

Le bita'hon c'est s'efforcer que dans chaque situation difficile : l'espoir et la conscience de la bonté d'Hachem et de Son amour pour nous prenne le dessus, dans notre esprit et dans notre cœur, et dépasse même tout sentiment de peur ou d'angoisse de la situation ; car la bonté d'Hachem est au-delà de toute faute et au-delà de toute limite et il est plein de miséricorde sur tous.
Plus le cœur est fort, plus il pourra le renforcer dans l'espoir ; inversement, plus le cœur est tendre et faible et plus l'espoir diminuera."

[nos Sages dans la guémara nous disent d'espérer dans la délivrance d'Hachem même lorsque l'épée est posée sur notre gorge, ou même si un prophète reconnu d'Hachem nous annonce par prophétie une mauvaise nouvelle, à l'instar du roi David ou du roi 'Hizkiyahou, qui se sont trouvés dans de telles situations et se sont renforcés en prière et en confiance dans la bonté d'Hachem, en fuyant à tout prix le désespoir.]

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-> 'Habakouk a fait tenir toute la Torah sur la émouna, car par le renforcement de cette émouna, l'homme atteint l'attachement à Hachem (dvékout) qui est le pilier sur lequel on peut faire tenir toute la Torah.
[Maharal de Prague]

-> L'intention d'Hachem dans toutes les mitsvot est que l'on soit très proche de Lui, et que l'on profite de la lumière et de l'éclat de Son visage (si l'on peut s'exprimer ainsi) ...
Hachem sourit tout le temps et éclaire en permanence par Sa bonté, le manque vient du receveur : l'Homme, qui ne se tourne pas vers l'éclat d'Hachem et s'éloigne de Lui.
[Ram'hal - Déré'h Hachem (1.4.11)]

-> Lorsque l'homme compte sur Hachem pour réussir et pas sur la finesse de ses actions, alors Hachem réalise sa demande.
[Maharal - Nétivot Olam - Nétiv haBita'hon]

->"Tout celui qui met sa confiance en Hachem mérite qu'Hachem le protège dans ce monde-ci et dans le monde futur."
[Rabbi Ami à Rabbi Yéhouda haNassi - guémara Ména'hot 29b]

-> Tout celui qui sait remercier Hachem pour les épreuves de la vie et qui est heureux dans les épreuves, mérite qu’Hachem lui donne ce monde-ci (olam azé) et le monde à venir (olam aba).
[Tana dévéEliahou (chap.3) - au nom de Eliyahou haNavi]

-> La Guemara (Shabbat 88b) parle de cet homme qui se réjouit dans l’épreuve et dit à son sujet : il fait partie de ceux qui aiment Hachem et qui sont puissants comme le soleil à son zénith.

-> L'homme qui est fort et ne permet pas à l’inquiétude de venir dans son cœur tant il reçoit avec joie et affection tous les évènements verra sa force se décupler et même ses maladies s’en iront.
[Rachi - Michlé (18.14]

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-> Rabbi El'azar a enseigné : que signifie le verset : "qui fait honte au jour de la petitesse" (Zékharia 4)?
La guémara (Sota 48b) explique : qui fait honte aux tsadikim lorsqu'ils arrivent au monde futur?
[Rachi : Car leur salaire n'est pas entier : ] c'est la petitesse de émouna qu'ils avaient dans ce monde-ci.

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ma'hané Israël - chap.25) enseigne :
Tu dois savoir que la récompense qu'un homme recevra lorsque le machia'h viendra ou dans le monde futur dépendra directement de son niveau de émouna.

Le midrach rapporte d'ailleurs que dans le futur le Gan Eden repoussera et recrachera les tsadikim qui viendront s'abriter en lui et il dira : envoyez-moi des tsadikim qui ont émouna.
En effet, dans le monde de la vérité, il ne suffit pas d'avoir de bonnes actions et la Torah dans nos actes mais il faut également avoir la Présence d'Hachem et de la Torah dans nos cœurs.
Or cela n'est possible que par un renforcement permanent du bita'hon qui est l'unique moyen de nous rapprocher d'Hachem en permanence et en profondeur ici-bas.