Aux délices de la Torah

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"On trouva un homme qui ramassait du bois le jour du Shabbat" (Chéla'h Lé'ha 15,32)

La Torah juxtapose le passage de cet homme qui transgressa Shabbat, au passage des tsitsit.
Le midrach explique qu’en semaine, les juifs portent les téfilin, pour les protéger de la faute, mais le Shabbat, où il n’y a pas les téfilin, ils n’ont pas cette protection. D'où la faute de celui qui a transgressé Shabbat en ramassant du bois.

C’est ainsi qu’Hachem dit : "Ils auront les tsitsit pour les rappeler à l’ordre de ne pas fauter!"
Mais pourquoi la mitsva de Shabbat et sa sainteté ne suffiraient-elles pas pour protéger de la faute?

On voit de là que c’est surtout le fait d’avoir une mitsva à accomplir dans l’action qui rappelle à l’homme de ne pas fauter. Certes Shabbat est le jour le plus saint, mais sa sainteté vient d’Hachem, et l’homme n’a aucune action à accomplir pour amener sa sainteté.

=> Cela ne suffit donc pas pour le protéger. Hachem désigna donc la mitsva des tsitsit, qui est un acte à accomplir, car c’est l’action qui a la force de rappeler à l’homme de ne pas fauter.

[Sfat Emet]

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-> La guémara (Shabbath 96b et aussi 73b) cite plusieurs opinions relatives à la nature de l'ouvrage interdit accompli par cet homme :
- selon certains, les branches étaient éparpillées et il les a rassemblées (méamér) ;
- selon d'autres, il les a transportées sur une distance de 4 coudées (ou plus) dans un domaine public (otsa'a) ;
- selon d'autres encore, il a arraché des brindilles aux arbres (kotsèr).

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+ "Les enfants d'Israël étaient dans le désert et ils trouvèrent un homme qui ramassait du bois le jour du Shabbat" (Chéla'h Lé'ha 15,32)

-> Pourquoi le verset spécifie que les juifs étaient dans le désert?

Un désert a un statut de : "karmélit" (espace ouvert) et y porter dans une distance de 4 amot est une interdiction uniquement de nos rabbanim (midérabbanan).
Cependant, à l'époque où le peuple juif était dans le désert, le désert avait un statut de "réchout arabim" (domaine public : plus de 600 000 personnes y passaient chaque jour dans ce lieu non recouvert).
Le fait d'y marcher une distance de 4 amot est passible de mort par la Torah (mida déOraïta).

=> C'est uniquement parce que les juifs étaient : "dans le désert", que le mékachéch (celui ramassant le bois) devait mourir pour avoir porté pendant Shabbath.

-> Qu'en est-il pour les 2 autres explications (rassemblé, arraché)?

Il a agit à 100% pour Hachem (léchem chamayim).
Lorsque suite au rapport des explorateurs, il a été décrété que tous les hommes âgés de 20 à 60 ans allaient mourir dans le désert, certains en sont venus à penser que puisqu'ils devaient de toute façon finalement mourir dans le désert alors cela impliquait qu'ils étaient exempts des mitsvot.

Sachant qu'il allait mourir, le mékochéch a quand même agit afin de montrer clairement au peuple juif qu'ils devaient respecter Shabbath et ainsi que le restant de la Torah.
[en voyant concrètement sa condamnation à mort, cela réveillerait la crainte et la nécessité de faire les mitsvot]

Le verset précise que les juifs étaient : "dans le désert" pour nous enseigner que ses motivations étaient pures. [Tossafot - guémara Baba Batra 119b]

[Pné Yéhochoua]

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-> La guémara (Shabbath 96b) rapporte que Rabbi Akiva a dit que le mékochéch était Tsélof'had.
Rabbi Yéhouda ben Bétéra a dit à Rabbi Akiva que d'une manière ou d'une autre, il devra rendre des comptes pour ce qu'il a affirmé.
Si c'est bien Tsélof'had, alors qui t'as donné le droit de révéler ce que la Torah a caché?
Et s'il n'est pas coupable, alors tu diffuses une fausse rumeur.

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - guémara Shabbath 96b) vient nous expliquer cela, en se basant sur l'enseignement du Pné Yéhochoua que nous venons de voir.

Pour rabbi Yéhouda ben Bétéra, la faute du mékochéch était d'avoir transgressé l'interdit de porter dans un domaine public.
La Torah précise : "midbar" (désert) pour nous apprendre qu'alors le désert avait le statut de domaine public (réchout arabim).
Il en découle de tout cela, qu'il n'a pas agit 100% pour Hachem (lechem chamayim), et ainsi il était interdit de révéler son identité.

Cependant, rabbi Akiva était d'avis que le mékochéch avait arraché des brindilles (ou les avaient rassemblées), et la Torah précise : "midbar" pour nous enseigner qu'il avait agit 100% en l'honneur de Hachem.

=> Le mékochéch a été prêt à donner sa vie afin d'enseigner au peuple juif que même dans le désert (avec pour certains une mort certaine, sans espoir d'entrer en Israël), tout le monde se devait d'adhérer à la Torah.
[on comprend mieux pourquoi Rabbi Akiva a révélé son identité!]

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-> Puisque c'était Shabbath, le mékochéch ne portait pas de téfilin sur sa tête et sur son bras, dont la vision lui aurait permis de faire téchouva, et à cause de cela il en est venu à profaner Shabbath.
Hachem a alors demandé à Moché, de transmettre aux enfants d'Israël la mitsva des tsitsit, une mitsva que l'on peut accomplir tout le temps, même durant Shabbath et Yom Tov, et qui leur rappellera ainsi toutes les mitsvot.
[Tana déBé Eliyahou rabba - chap.26 ; midrach Yalkout Chimoni 703]

[Même le mékochéch a fauté, il s'est sacrifié pour assurer la réalisation de la volonté de Hachem.
Les tsitsit nous servent de rappel perpétuel au fait que nous devons servir D. avec amour, quelque soit notre situation dans la vie]

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+ Les tsitsit - corde de sauvetage

-> "Afin que vous vous rappeliez et que vous faisiez toutes Mes mitsvot, et vous serez saints" (Chéla'h Lé'ha 15,40)

Le midrach Yilmédénou enseigne :
On peut comparer cela à un naufragé dans la mer. Le capitaine du navire lui tend la corde en lui recommandant de bien s’y accrocher sans la lâcher, car il y va de sa vie.

De même, Hachem dit à Israël : "Tant que vous êtes liés à Moi, vous êtes sanctifiés et les créatures vous craignent. Mais si vous vous détournez des mitsvot, vous vous profanerez."

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+ Un jour, un homme pieux ('hassid) vit (pendant Shabbath) une brèche dans la clôture de son champ. Il prit la décision de la réparer, puis se souvient que c'était Shabbath et il renonça (pour toujours) à réparer sa clôture.
En récompense de son attitude, un miracle lui advint ; un câprier poussa (à l'endroit de la brèche) et grandit.
Ce câprier lui fournit sa subsistance et celle de tous les siens.
[guémara Shabbath 150b]

=> Qui était ce 'hassid et la réparation (tikoun) de qui a-t-il réalisé?

-> Ce 'hassid était rabbi Yéhouda ben Ilaï, venu dans ce monde essentiellement pour réparer la faute du bûcheron (mékochéch) qui avait profané le Shabbath publiquement, pendant le séjour des juifs dans le désert, selon le verset : "Dans le désert, ils trouvèrent un homme ramassant du bois le jour de Shabbath" (Chéla'h Lé'ha 15,32).

Ce coupeur de bois, qui a été condamné à mort, était Tsélof'had, d'après rabbi Akiva et d'autres commentateurs, et rabbi Yéhouda ben Ilaï était la réincarnation (guilgoul) de Tsélof'had.

En étant sévère avec lui-même, même pour une simple pensée involontaire durant Shabbath, ce 'hassid a réussi à réparer l'acte de profanation volontaire du Shabbath du bûcheron Tsélof'had.
[Likouté haShass]

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
La récompense de l'attitude exemplaire de ce 'hassid, sous forme d'un câprier qui a bouché la brèche et qui a été sa source de subsistance durant le reste de sa vie, prouve qu'il a bien réussi la réparation (tikoun) en transformant l'acte prémédité de Tsélof'had en un mérite.
Le câprier unique (tslaf é'had - צלף אחד), qui a poussé, fait allusion au nom : Tsélof'had (צלפחד), pour indiquer qu'il a bien réussi sa mission de guilgoul.

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-> Le midrach raconte que Tsélof'had profana volontairement le Shabbath dans un but de Kiddouch Hachem, afin que sa mort ait un effet de crainte sur le reste de la population qui s'abstiendrait ainsi de transgresser le Shabbath.

Cette bonne intention et sa pensée, qui étaient nobles, lui ont été utiles dans ce guilgoul.
Ainsi, ce 'hassid a respecté Shabbath sur les 3 plans de l'action, de la parole et de la pensée, et c'est pourquoi Hachem a créé miraculeusement pour lui un câprier qui porte 3 espèces de nourriture.
[le fruit principal (les câpres ; les enveloppes des câpres ; et les branches tendres)]
[Tossefta - guémara Baba Batra 119b]

-> Le bûcheron, qui a été vu ramassant du bois coupé d'un arbre le jour de Shabbath, a été condamné à mort par lapidation avec des pierres, comme dit le verset : "La communauté le lapida (le coupeur de bois), et il mourut" (Chéla'h Lé'ha 15,36).

Maintenant, ce 'hassid, son quilgoul a honoré le Shabbath en refusant de mettre à exécution sa pensée initiale de colmater avec des pierres sa barrière ébréchée.
Sa récompense a été la création d'un câprier qui est un arbre.

=> Ainsi, le couple bois-pierre associé respectivement à la faute et à la sanction du bûcheron s'est traduit, après le tikoun, par le même couple inversé pierre-bois associé respectivement à la faute (à son niveau) et à la récompense du 'hassid.
[Ben Ich 'Haï]

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-> Le Arizal (séfer haguilgoulim) explique que Rabbi Yéhouda bar Ilaï était la réincarnation de Tsélof'had, profanateur du Shabbath (ramassé du bois en ce jour), et la faute de Tselof'had fut réparée par Rabbi Yéhouda qui avait un niveau très élevé de dévouement et de respect du saint Chabbat.
[צלף (tsélaf) et le chiffre un en araméen se dit : חד, d'où צלפחד (un câprier).
De plus, la guémara (Baba Kama 103b) enseigne qu'à chaque fois qu'est rapporté une histoire avec un 'hassid anonyme, il s'agit de Rabbi Yéhouda ben Baba ou bien Rabbi Yéhouda bar Ilaï. ]

-> "Telle était l'habitude de Rabbi Yéhouda bar Ilaï : la veille du Chabbat, on lui apportait un baquet rempli d'eau chaude. Il se lavait le visage, les mains et les pieds puis il s'enveloppait d'une cape de lin avec des tsitsit et il s'asseyait, tel un ange d'Hachem, le D. des armées"
[guémara Shabbath 25b]

C'est ainsi que le Rambam (Hilkhot Shabbath 30,2) trancha la halakha : "En l'honneur du Shabbat, l'homme a une mitsva de se laver le visage, les mains et les pieds avec de l'eau chaude, la veille de ce saint jour. Il s'enveloppera de tsitsit et s'assiéra avec concentration pour recevoir le Chabbat comme s'il sortait à la rencontre du Roi."

-> Le Shvilé Pin'has ajoute :
Ainsi, nous pouvons expliquer que Rabbi Yéhouda bar Ilaï accueillait le Shabbat enveloppé de ses tsitsit afin de réparer la néchama (âme) de Tsélof'had qui mourut en transgressant le Shabbat dans le désert, afin de faire grandir son importance aux yeux du peuple et par conséquent, entraîna que le Maître de l'univers transmit la mitsva des tsitsit à Israël afin qu'il puisse observer parfaitement le Shabbat qui est équivalent à toutes les mitsvot, tout comme la mitsva des tsitsit (cf. Rachi - Chéla'h Lé'ha 15,32).

Nous pouvons également expliquer la raison pour laquelle Rabbi Yéhouda bar Ilai prenait soin de se laver le visage, les mains et les pieds avant d'accueillir le Shabbat. En effet, lorsqu'il transgressa le Chabbat, Tsélof'had fit en sorte que tout le peuple puisse voir son visage. Lorsqu'il sortit de sa tente pour transgresser le Shabbat avec ses pieds, il endommagea ses pieds et lorsqu'il ramassa le bois avec ses mains, il endommagea ses mains.
C'est la raison pour laquelle Rabbi Yéhouda bar Ilaï se lavait le visage, les mains et les pieds en l'honneur du Chabbat afin de réparer le dommage qu'il causa à ses trois membres.

Moché dit à Hachem : "Mais alors, l'Egypte, du sein de laquelle Tu as fait monter cette nation par Ta puissance, entendra et dira .... et pourtant tu as tué ce peuple comme un seul homme" (Chéla'h Lé'ha 14,13-15)

=> Pourquoi Moché ne se soucia-t-il que de ce que se diront les égyptiens, et non les autres nations?

Moché pensait que si les autres nations voient la défaite des juifs contre les Cananéens, ils se diront que certainement le peuple d’Israël a fauté et a donc été puni.
Mais les égyptiens, parmi lesquels les juifs ont vécu de nombreuses années, savaient qu’en Égypte, les juifs avaient atteint des niveaux très bas d’impureté (49e niveau sur 50). Ils avaient presque même atteint le fond, et pourtant Hachem les a sauvés.
Ainsi, ils ne penseront pas que c’est parce que les juifs ont fauté qu’ils ont été punis.
C'est donc leur jugement que Moché redoutait le plus, et non celui des autres peuples.
[rabbi Israël Salanter]

"Quand tu feras monter les bougies" (Béaaloté'ha 8,2)

Rachi explique que la Torah utilise l’expression de "tu feras monter" pour parler de l’allumage de la Ménora pour 2 raisons :
1°/ pour indiquer qu’il faut allumer chaque bougie jusqu'à ce que la flamme "monte" d’elle-même et n’a plus besoin de celui qui l’allume pour briller ;
2°/ pour nous apprendre qu’il faut placer une marche devant la Ménora sur laquelle on "montera" pour allumer.

=> Quel est le lien entre ces 2 points ?

La Ménora symbolise la lumière de la Torah. Ainsi, l’allumage fait référence à l’enseignement de la Thora.
Le message de ce passage est que le maître doit mener ses élèves vers l’autonomie dans l’étude : les éclairer et leur transmettre jusqu'à ce qu’ils "montent d’eux-mêmes" et n’aient plus besoin de leur maître.

La Ménora mesurait 3 coudées, soit moins de 1m50. Ainsi, même sans cette marche on pouvait atteindre les lampes. Quelle est donc l’utilité de la marche?

C’est que la Torah souhaite que l’on puisse bien examiner et observer chaque lampe pour bien la nettoyer et l’allumer, et pour cela, il fallait monter sur la marche.
De même, le maître devait avoir son enseignement tellement clair et limpide, le maîtriser parfaitement comme s’il le voyait de haut, de "sur une marche".
Seulement avec une telle clarté et une telle maîtrise de sa Torah, il pouvait permettre à ses disciples d’acquérir une vraie autonomie.

[rabbi Moché Feinstein - Darach Moché]

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+ "Ceci est l’ouvrage de la Ménora en or battu" (Béaaloté'ha 8,4)

Le terme : "mikcha" (battu - מקשה) signifie que la Ménora était faite d’une seule pièce que l’on a battu. Mais le midrach le rapproche de : "kaché" (קשה), signifiant difficile, car Moché avait du mal à la fabriquer jusqu'à ce qu’Hachem lui montre une Ménora en feu.

On peut expliquer ce midrach en comparant le corps de la Ménora au Maître, qui enseigne la Torah à ses élèves, représentés par les branches de la Ménora qu’il doit allumer et éclairer par son enseignement.

Cependant la Torah dit que toute la Ménora devait être faite d’une seule pièce, allusion au fait que les élèves doivent avoir la même motivation que le Maître, ce qui n’est pas souvent le cas. C’est ce que Moché trouvait difficile (kaché).
=> Comment obtenir ce résultat?

Hachem lui montra une Ménora en feu, symbolisant l’enthousiasme et l’ardeur.
Par cela, il lui expliqua que si le Maître enseigne à ses élèves avec amour et enthousiasme, alors il pourra obtenir l’attention de ses disciples qui aimeront de cette façon eux-aussi la Sagesse tout autant que le Maître.

[le Imré Fi]

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-> En fabriquant la Ménora, Moché devait concevoir un objet si saint qu’il pourrait faire rayonner la lumière de la volonté au sein de tout Israël. Ainsi, chaque juif, dans toutes les situations de sa vie qu’il traversera, dans tous les ténèbres qu’il vivra, pourra se renforcer par la force de la volonté pour être éclairé et pouvoir surmonter toutes les épreuves. Et il est clair que concevoir un tel ustensile si merveilleux est une affaire très difficile. [d'où la nécessité que D. l'aide]
[...]

Pour faire briller la force de la volonté, la Ménora devait être composée d’éléments qui faisaient allusion à des réparations spirituelles extraordinaires.
En effet, elle contenait 7 branches, 11 boutons, 9 fleurs et 22 coupes, soient un total de 49 éléments auxquels s’associait le corps même de la Ménora réunissant le tout d’une seule pièce, pour obtenir le nombre de 50.
Or, nos Sages enseignent qu’Hachem a créé 50 portes de compréhension.

De son vivant, Moché en a atteint 49. La 50e ne lui fut dévoilée qu'à sa mort.
Le Zohar explique que Moché s’éleva de ce monde (à sa mort) dans un niveau appelé : "volonté des volontés". Cette dimension correspond à la 50e porte qu’il atteint justement à sa mort.
C’est pourquoi, par ses 50 éléments, la Ménora relève de ce 50e niveau (le plus élevé), appelé "volonté des volontés". Elle pourra ainsi introduire la force de la volonté dans le cœur de chaque juif pour l’éclairer dans tous les moments d’obscurité.

=> Puisque Moché n’a pas atteint cette 50e porte de compréhension de son vivant, il ne pouvait donc pas concevoir la dimension de la Ménora émanant justement de ce niveau.
[Rabbi Nathan de Breslev - Likouté Halakhot]

"Nous nous souvenons du poisson que nous mangions gratuitement en Egypte" (Béaaloté'ha 11,5)

-> Rachi commente : Se peut-il que les Égyptiens leur aient donné du poisson gratuitement? Il est pourtant écrit : "Et la paille ne vous sera pas donnée" (Chemot 5,18).
S’ils ne leur donnaient pas gratuitement la paille, leur auraient-ils donné du poisson pour rien?
Que veut dire alors le mot : "gratuitement" ?
"Gratuitement" par rapport aux mitsvot [sans obligation d'accomplir les mitsvot].

-> Le Séfer Pardes Yossef, rapporte les paroles de rabbi Dov Berish (le rabbi de Biala) :
A l'époque de Noa'h, puisque Noa'h et ses enfants ont sauvé physiquement les animaux d'une destruction certaine. En récompense et suite à cela, Hachem a permis aux hommes de consommer de la viande animale.
Cependant, les poissons n'ont pas été sauvés grâce à Noa'h et ses fils, et par conséquent, il n'a pas été autorisé de pouvoir les manger.

Au mont Sinaï, Hachem a menacé de transformer au néant le monde entier (tohou vavo'ou), et ce dernier n'a été sauvé que grâce à l'acceptation de la Torah par le peuple juif.
Puisque toutes les créatures en ont été sauvées, alors c'est à partir du don de la Torah qu'il a été permis de manger également les poissons.

=> On comprend mieux les paroles de Rachi.
Lorsque des fauteurs parmi le peuple juif ont commencé à se plaindre du manque de nourriture, et ont dit : "Nous nous souvenons du poisson que nous mangions gratuitement en Egypte" = ils mangeaient du poisson en Egypte bien qu'ils soient alors interdits de le faire, et ce souvenir leur rappelé à quel point ils étaient alors totalement libres d'enfreindre la volonté de Hachem.
En effet, dans le désert, la manne tombait, et en fonction de sa distance avec l'entrée de la tente, elle exposait aux yeux de tous le fait que nous avions fauté envers D., sans s'en repentir.
[en Egypte l'esclavage était terrible, mais au moins on pouvait fauter "tranquillement"!!]

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Suite à la plaine d'un groupe d'ingrats du peuple : "qui nous donnera de la viande à manger?" (11,4), D. envoya les cailles.

+ "Un vent s'éleva de par Hachem, qui suscita des cailles ... à la hauteur de deux coudées environ sur le sol" (Béaaloté'ha 11,31)

-> Rachi commente : Elles volaient à hauteur des hommes, face à leurs cœurs, afin qu’ils n'aient aucun mal à les capturer et qu’ils n’aient ni à s’élever ni à se baisser

=> Comment comprendre que : "La viande était encore entre leurs dents, pas encore coupée, que toute la colère de Hachem s'enflamma contre le peuple" (v.11,33)?
Pourquoi D. a fait-il un miracle aux fauteurs, en suspendant en plein air la viande pour qu'ils puissent la manger sans faire d'efforts?

-> Le Darké Moussar tire de là à quel point le système de récompenses et de punitions de Hachem est précis.
Même une personne qui a un décret Divin de souffrir à cause de son comportement, aura une dose totale de douleur qui sera d'une précision extrême.

=> Bien que personne n'apprécie la souffrance, la conscience qu'elle nous est envoyée avec précision par notre Père miséricordieux et plein d'amour, rend plus supportable nos moments difficiles de la vie.
A l'image d'un médicament : c'est amer, mais c'est nécessaire (puisque Hachem nous l'envoie)!

=> cet événement (ne pas apprécier l'énorme bonté de la manne!) nous amène à réfléchir : nous vivons à un moment de l'histoire unique dans la liberté, dans l'abondance et le confort matériel, ... et malgré cela on en vient à se plaindre et à critiquer plein d'ingratitude Hachem.

Combien de gens ont beaucoup de mal à trouver leur conjoint, à avoir des enfants, à finir le mois, à être en bonne santé, ... on se plaint trop facilement, parce que nous ne relativisons pas et surtout ne prenons pas le temps d'exprimer notre reconnaissance pour tout ce que l'on a, le considérant comme normal/acquis.
C'est la tendance naturelle : ne jamais être content, puisque toujours focalisé sur le prochain plaisir que l'on pourrait avoir, même si on a déjà tout pour être heureux!

[tu as beau avoir la manne, qui permet d'avoir le goût de pratiquement tout aliment, qui purifie et élève, qui n'a pas de rejet du corps, ... mais le pourquoi n'ai-je pas ... vient tout détruire!]

-> "Quel est le riche ? C’est celui qui est heureux de ce qu’il possède" (Pirké Avot 4,1)
=> Pour un juif, le classement des personnes les plus riches du monde se fait en fonction de l'intensité de joie que l'on ressent avec ce que l'on a.

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-> "Un vent ... suscita des cailles ... à une hauteur de deux coudées" (Béaaloté'ha 11,31)

-> Rachi explique que les cailles s'amoncelèrent à une hauteur de 2 coudées pour être à la hauteur du cœur de l'homme, pour ne pas fatiguer le peuple à les ramasser en se baissant ou levant la main.

=> Mais cela est très étonnant. Ces cailles qu'Hachem envoya étaient une punition pour le peuple, qui ne cessait de se plaindre et de mettre Hachem à l'épreuve. La Torah dira d'ailleurs un peu plus loin que "la Colère d'Hachem s'enflamma sur le peuple et Il les frappa d'un coup très fort". Ces cailles entraînèrent énormément de mort au sein du peuple. Dans ce contexte, comment comprendre qu'Hachem prit soin de les envoyer avec tant de bienveillance et de veiller à ce qu'ils n'aient pas besoin de se fatiguer même en devant lever un peu la main.

C'est que Hachem est empli d'amour pour son peuple. Quand, du fait de leurs fautes, Il se doit de les punir, ce n'est absolument pas par vengeance ou colère. Ces sentiments n'existent évidemment pas chez Hachem.
Les souffrances et punitions qu'Il envoie sont destinées à expier leurs fautes, pour leur accorder une grande récompense dans le monde futur. Ce n'est que pour leur bien. Aussi, Il veille avec précaution à n'imposer aucune souffrance supplémentaire qui ne viendrait pas dans ce but.
Et pour bien signifier Son Amour pour Son peuple, même au moment de Sa "Colère", lorsqu'Il se doit de sévir, Il s'efforce de témoigner des attentions particulières de bienveillance, comme ici où Il envoya les cailles à leur hauteur pour leur éviter la moindre fatigue.
=> Cela doit nous renforcer dans notre confiance et amour d'Hachem Qui ne veut que notre bien. Et même quand Il nous éprouve par de grandes difficultés, nous ne devons jamais en déduire qu'Il nous en veut et nous a abandonné.
Au contraire, rappelons-nous qu'Il continue toujours de nous accompagner avec bienveillance. Et même dans ces moments, Il tentera le plus possible de nous faciliter et alléger l'épreuve.
[rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

"Celui qui se montre indulgent (envers autrui) verra toutes ses fautes pardonnées (à Roch Hachana).
[...]
Hachem ne pardonne les iniquités qu'à celui qui se considère (par son humilité) comme des "restes"."
[guémara Roch Hachana 17a]

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-> D'après le principe de réciprocité (mesure pour mesure), puisque cet homme a "passé l'éponge" sur les fautes de son prochain envers lui, il ne sera pas jugé dans le Ciel avec sévérité, selon Rava : "tous ses péchés seront pardonnés".
Ainsi, la rigueur Divine l'épargnera et "passera" par-dessus lui, même si ses propres fautes commises ne sont pas pour autant pardonnées.
[Rachi]

-> Quiconque veut bénéficier d'un jugement indulgent et favorable à Roch Hachana doit s'habituer à juger autrui avec indulgence et bienveillance, sans tenir rancune.
[rabbi ‘Haïm Chmoulévitch – Si’hot Moussar (maamar 100)]

-> Quiconque se comporte selon la qualité d'être indulgent avec autrui, trouve grâce aux yeux de son prochain et favorise son contentement (na'hat roua'h).
Il s'inclut ainsi dans l'Assemblée d'Israël, et lors de son jugement, il bénéficie du mérite des membres de cette assemblée (klal).
Par contre, l'intransigeant et le rancunier s'exclut de la communauté d'Israël et il sera jugé seul, sans l'aide de la communauté.
[rav Dessler - Mikhtav méEliyahou (tome 5 , p.70)]

-> Nos transgressions des mitsvot créent un écran d'impureté qui empêche notre aspiration à la pureté et qui rend la téchouva plus difficile.
Cependant, Rava nous fournit ici un conseil précieux, celui de développer la qualité d'être indulgent avec autrui, afin de nous purifier de cette impureté et d'avoir la possibilité de s'élever très haut sur le plan spirituel.
[...]

Il existe un moyen simple d'accéder à cette qualité d'indulgence qui procure tant d'avantages.
Il s'agit de porter un regard sur son prochain comme on se voit soi-même.
En effet, toute colère, toute haine et toute discorde entre 2 personnes ont pour origine le fait que chacun se voit "lui-même" avec ses propres yeux et refuse de se voir lui-même avec les yeux de son prochain.
Ainsi, ces 2 personnes portent donc un regard différent sur la situation ...
Si seulement chacun avait fait l'effort de comprendre la façon de penser de l'autre, même sans l'approuver, cela aurait empêché cette brouille entre eux.
[rav Dessler - Mikhtav méEliyahou (tome 4 , p.243)]

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-> Selon le rabbi ‘Haïm Chmoulévitch (Si’hot Moussar - maamar 100), rabbi A'ha enseigne que le pardon n'est accordé à celui qui fait preuve de la qualité d'être indulgent avec autrui qu'à la condition que ce comportement ait pour origine sa modestie, et non pas une autre origine (orgueil ou autre).

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=> Pourquoi l'homme humble est-il plus facilement pardonné que l'homme orgueilleux?

-> Il est évident que si un homme respectable et un homme simple ou méprisable commettent la même faute, cette transgression est plus grave et plus déshonorante pour l'humble respectable.
C'est pourquoi les fautes d'un homme orgueilleux, qui se considère lui-même comme important et respectable, alors qu'il ne l'est pas, seront jugées sévèrement comme s'il était un homme important qui a fauté.

Par contre, la même faute commise par un homme humble, qui se rabaisse à ses propres yeux, sera jugée avec plus d'indulgence comme s'il s'agissait d'un homme simple, même si cet homme n'est pas simple en réalité.

Ce raisonnement justifie la raison pour laquelle l'homme humble qui se considère comme "des restes" bénéficiera d'un pardon plus facilement que l'orgueilleux.
[Lichmoa béLimoudim]

"Pourquoi allons-nous au cimetière?
Afin que les mort prient (et intercèdent) en notre faveur dans le Ciel"
[guémara Taanit 16a]

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-> "Les morts ne connaissent rien des souffrances des vivants sur cette terre" (guémara Béra'hot 18a-18b)

Tossefot (guémara Sota 34b) enseigne : Les morts ne sont pas informés, mais si les vivants prient pour qu'ils intercèdent en notre faveur [auprès d'Hachem], alors ils en seront informés.

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-> Si les vivants viennent sur les tombes des morts à un moment d’épreuve pour dire qu’ils ne voient pas d’où viendra le salut si l’on n’a pas pitié d’eux du Ciel, les morts en souffrent alors certainement davantage, participant aux souffrances des vivants.
Et le salut vient par leur souffrance, car Hachem a pitié de nous à cause de leurs mérites.
[Maharam Shick]

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-> Le Maharal enseigne que le cimetière est le lieu de repos des tsadikim, et ainsi c’est un lieu pur et saint et la prière y est mieux entendue.
Celui qui prie sur les tombes des tsadikim ne doit pas s’adresser aux morts, mais demander à Hachem d’avoir pitié de lui par le mérite des tsadikim qui reposent ici.

"Une alliance a été contracté avec les lèvres"
[guémara Moéd Katan 18a]

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-> Toute parole prononcée par les lèvres d'un homme, même sans mauvaise intention, est apte à se réaliser.
Ainsi, la parole est créatrice et elle possède un pouvoir de réalisation, quelle que soit l'intention de celui qui émet cette parole.
C'est pourquoi, nos Sages nous conseillent : "N'ouvre pas ta bouche au Satan".
[Séfer 'Hassidim]

"Quant aux lois du roi, ils ne les observent point" (Méguilat Esther 3,8)
[Haman dit : ] "Tout au long de l'année, ils déclarent : aujourd'hui c'est Shabbath, aujourd'hui c'est Pessa'h."
[guémara Méguila 13b]

-> Dans cette guémara, les expressions utilisées par Haman : "Shabbath hayom" (aujourd'hui c'est Shabbath - שבת היום) et "Pessa'h hayom" (aujourd'hui c'est Pessa'h - פסח היום) sont écrites en abréviation : שה"י et פה"י.
Pourquoi cela?

Selon le Sifté 'Hakhamim, c'est parce que l'impiété d'Haman était si grande, qu'il ne voulait pas mentionner explicitement les mots de Shabbath ou Pessa'h (préférant des abréviations), tellement il méprisait ces 2 solennités juives.

"On tire au sort dans l’urne, mais la décision du sort vient de Hachem"
[Michlé 16,33]

-> En hébreu le hasard, la coïncidence se traduit par : mikré (מקרה).
Si on retourne les lettres de ce mot, cela donne : rak méHachem (seulement de Hachem - רק מה׳).

=> Dans notre vie, rien ne vient par hasard, mais dans ses moindres détails par Hachem, avec un amour infini à notre égard.

Un homme doit multiplier les paroles de paix avec ses frères, ses proches, et toutes personnes, même un non juif au marché, afin d'être aimé dans le Ciel [aux yeux d'Hachem].

[Abbayé - guémara Béra'hot 17a]