Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

-> "Moché dit devant Hachem : Voici, J'ai les lèvres obstruées et comment Pharaon m'écoutera-t-il?" (Vaéra 6,30)

-> "Moché dit à Hachem : ... je ne suis pas homme de paroles ... car j'ai la bouche pesante et l'élocution embarrassée" (Chémot 4,10)

-> Yossef a donné un signe pour reconnaître celui qui sera le sauveur d'Israël.
Lorsqu'une personne viendra et dira : pakod pakadti (je me suis bien souvenu de vous - פקד פקדתי), les juifs sauront qu'elle va les sauver.

Comment pouvaient-ils être certain que Moché n'avait pas entendu ces mots d'autres personnes?

C'est pour cette raison que Hachem a fait en sorte que Moché avait un défaut de langage, faisant entre autre qu'il ne pouvait pas prononcer la lettre פ (pé).
Néanmoins, il pouvait miraculeusement prononcer parfaitement bien les mots : פקד פקדתי, ce qui confirma qu'il était le véritable sauveur.
[Adérét Eliyahou]

Le Ramban et le Steïpler suggèrent que dans la promesse de Yossef (cf. Vayé'hi 50,25 : "D. Se souviendra assurément de vous" - pakod yifkod Elohim ét'hem) était inclus l'assurance qu'aucun charlatan ne viendrait utiliser cette expression, et que la 1ere personne l'invoquant sera la bonne désignée par Hachem.

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"pakod pakadti" : il s’agit de la formule secrète, transmise par Yaakov à son fils Yossef et que celui-ci révéla à ses frères (voir Ramban sur Chémot 3,16), que le Libérateur d’Israël devait prononcer pour s’identifier. Précisément, c’est Séra’h la fille d’Acher, encore vivante au moment de la sortie d’Egypte et connaissant cette formule, qui permit d’authentifier Moché comme l’envoyé de D-ieu (voir Tossafot – Sotta 13).
=> Pourquoi cette expression est-elle doublée?

-> Le Baal HaTourim (sur Vayé'hi 50, 24) fait remarquer que le précurseur de la délivrance d’Egypte – Yossef HaTsadik – régna 80 années en terre d’Egypte (valeur numérique de la lettre Pé). Par ailleurs, observe-t-il également que le Libérateur de l’Exil d’Egypte – Moché Rabbénou – était âgé de 80 ans quand il libéra le Peuple juif de son premier Exil.
On retrouve ainsi, à travers la valeur numérique, le double caractère de la lettre "Pé" attestant du symbole de la délivrance d’Egypte. [פָּקֹד פָּקַדְתִּי]

-> En relation avec deux libérateurs opéreront en Egypte : Moché et Aaron. (voir Targoum Yonathan Ben Ouziel - Vayé'hi 50,25).

-> La Délivrance d’Israël s’est faite en 2 étapes : la sortie d’Egypte et l’ouverture de la mer Rouge.
Egalement : c’est une allusion à la Délivrance passée et à la Délivrance future. (midrach Chémot rabba 3,11)

-> La Délivrance eut un double effet : sauver Israël et frapper l’Egypte.
La partie cachée (Milouï) du mot פקד (Pakod) : פא קוף דלת fait allusion à la durée de l’asservissement des hébreux : א (une année = l’année meurtrière qui précéda la fin de l’exil), וף (soit : 86 ans = la durée de l’esclavage) et לת (soit : 430 ans = la durée de l’exil). [Maharal]

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-> L'homme est la synthèse d'une partie physique et d'une partie spirituelle.

Le pouvoir de parler est le résultant de cette fusion entre le corps et l'âme.
Dans la majorité des êtres humains, la relation entre les éléments matériels et spirituels est plus ou moins équilibré, et le résultat est une capacité de parler qui est normale.
Cependant, chez Moché, la relation entre le corps et l'âme n'était pas du tout équilibrée, puisqu'il était principalement une âme. La résultante était qu'il avait des défauts de prononciation.
[Maharal - Guévourot Hachem 28]

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-> Pourquoi est-ce que Moché exprime 2 fois sont inquiétudes concernant son défaut de prononciation : paracha Chémot (v.4,10) et Vaéra (v.6,30) [cf. ci-dessus]?

Le rav Yossef Sorotzkin explique que Moché avait 2 préoccupations principales :
1°/ il avait peur qu'on ne le comprenne pas et d'être un agent inefficace pour transmettre le message de Hachem.

2°/ le Rambam (Hilkhot Yessodé haTorah 7,1) écrit que pour recevoir la prophétie, une personne doit être physiquement parfaite et entière, sans défaut. Moché avait peur que les gens soient septiques de l'accepter comme une prophète légitime, puisque pensant à tord que son défaut de prononciation l'invalide à recevoir la prophétie.
[le fait que Aharon sera son interprète lève ces doutes]

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-> Autre explication :
Le Assoufat Maara'hot explique que l'Egypte était le pays le plus matérialiste et qui cultivait le plus les plaisirs du corps.
La sortie d'Egypte consistait à ce que le peuple juif puisse, après être descendu dans la matérialité de l'Egypte, en sortir et en remonter.
L'objectif était de réussir à élever et éclairer le matériel par le spirituel. C'est pourquoi, la sortie d'Egypte devait déboucher sur le don de la Torah et l'acceptation de ses mitsvot. Car par l'accomplissement des mitsvot, qui exigent des supports matériels, les juifs permettent justement d'attirer la lumière Divine sur la matérialité, pour l'élever.

La préparation à cela était la sortie d'Egypte, qui devait introduire cette dimension de raffinement de la matière.
Or, quand un homme descend dans la matérialité, même si le but est de l'élever, cela comporte malgré tout le risque de s'enfoncer dans la matérialité et d'y sombrer, au lieu de l'élever.
=> Pour éviter un tel risque, il faut recevoir la force d'un homme qui est complètement séparé de la matière, et qui est épuré de toute trace de matérialité.
Seul Moché, qui correspondait à cette description, pouvait donc être le libérateur.
En effet, puisqu'il transcendait complètement la matérialité,
il pouvait donner la force au peuple de sortir d'Egypte en élevant la matérialité, tout en étant protégé du risque de s'y enfoncer.

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-> "Comment Pharaon m'écoutera-t-il?" (Vaéra 6,30)

Ce verset révèle l'énorme humilité de Moché.
Si l'immense Moché rabbénou était si humble, alors il est certain que toute autre personne qui n'a pas sa grandeur, se doit d'être humble.
[midrach haGadol]

-> Il est écrit : "Les enfants d'Israël n'écoutèrent pas Moché, à cause du souffle court et du travail pénible" (v.6,9)

Le Sfat Emet enseigne : "Moché pensait cependant qu'ils ne l'ont pas écouté à cause de son défaut de prononciation.
L'humilité de Moché était telle qu'il pensait qu'il était à blâmer du fait qu'ils n'avaient pas écouté, et c'est pour cela qu'il a déclaré : "les enfants d'Israël ne m'ont pas écouté, et comment Pharaon m'écouterait-il?"."

-> Le Maayan Bét haChoéva rapporte l'idée que Moché s'est encouragé en se disant : même si à priori Pharaon ne m'écoutera pas en raison de mes défauts de prononciation, néanmoins j'accomplirai la mitsva (volonté de D.) d'aller parler à Pharaon, et cela sera un bénéfice au profit du peuple juif.

[ainsi, même à son très haut niveau, Moché se travaillait constamment : Hachem contrôle absolument tout, et je dois suivre Sa volonté.]

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-> Pourquoi est-ce que Moché n’a pas prié Hachem pour qu’Il le guérisse de son fort défaut de prononciation?

Le Ramban (Chémot 4,10) explique qu’il préférait garder son handicap afin de pouvoir se rappeler toute sa vie des miracles que D. a fait pour lui dans sa jeunesse.

[par exemple : Hachem a envoyé l'ange Gavriel pour qu'il lui bouge sa main vers les braises ardentes qui lui ont brûlé la langue entraînant son défaut de prononciation, plutôt que vers le tas d'or, signifiant une mort certaine par Pharaon.
=> On peut comparer cela à quelqu'un qui a miraculeusement survécu à un terrible accident, et qui souhaite garder un signe lui rappelant pour toujours la bonté de D.]

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-> "Hachem dit à Moché : Vois, J'ai fait de toi un maître sur Pharaon et Aharon ton frère sera ton interprète" (Vaéra 7,1)

Lorsque des rois se rencontrent, celui qui est le plus important n'a pas besoin de parler la langue de l'autre, et il peut utiliser un interprète.
Hachem dit à Moché qu'étant le "maître" de Pharaon, il n'aura pas à lui parler directement, Aharon le faisant à sa place, et c'est cela qui démontrera sa supériorité sur Pharaon.
['Hatam Sofer]

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-> "Souvenez-vous de la Torah de Moché (תּוֹרַת מֹשֶׁה), mon serviteur" (Mala'hi 3,22)
=> Pourquoi la Torah est appelée en son nom?

Généralement, une personne qui a la langue agréable, qui articule clairement, peut convaincre des masses de gens de suivre chacun de ses mots, et même si de façon inhérente ils ne sont pas bons, les gens vont le croire.
[c'est si joliment dit (la forme), alors c'est que c'est forcément vrai (le fond)!]
Moché avait des défauts de prononciation, et si la Torah qu'il transmettait était agréable, cela ne provenait pas de sa façon de la présenter, mais plutôt du fait qu'elle est intrinsèquement agréable et bonne.
[le Chla haKadoch]

-> Le Ran rapporte qu'au moment du don de la Torah tous les juifs ont été guéris de leurs handicaps (ex: les muets parlaient, les aveugles voyaient, ...).
=> Pourquoi Moché a-t-il gardé son handicap de parole?

Il l'a gardé afin de témoigner que le peule juif a accepté la Torah par amour pour Hachem et en reconnaissance de la Véracité de la Torah, et non pas parce qu'ils auraient été séduits par ses belles paroles.

Le Ran (dans ses drachot) explique que Moché devait diriger le peuple, le libérer d'Egypte et lui donner la Torah.
Or certains auraient pu dire que c'est par la force de sa parole et la beauté de son élocution, que Moché a réussi à autant influencer les foules. Les juifs ne l'ont pas suivi parce que ce qu'il disait est vrai et qu'ils se sentaient impliqués, mais parce qu'il a réussi à les convaincre par son talent.

Pour éviter une telle erreur, Hachem a occasionné que Moché ait justement de grandes difficultés à parler. Ainsi, il devenait évident que toute sa force lui venait de l'authenticité de son message et du fait qu'il était envoyé par Hachem pour transmettre Sa Parole.
Mais il devenait impossible de dire qu'il a réussi à les attirer par la force de sa parole. De cette façon, cela permettra aux autres générations d'accepter la Torah, car le peuple n'a pas accepté la Torah sous l'influence d'une quelconque manipulation de Moché, ce qui n'engagerait donc pas les générations futures.
=> C'était seulement la Vérité du message qui a contraint les juifs à accepter la Torah. Dès lors, l'engagement pourra être éternel, car la Vérité est absolue et ne change pas selon les périodes.

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+ "Moché parla devant Hachem, en disant : Voici, les enfants d'Israël ne m'ont pas écouté, et comment Pharaon m'écouterait-il? Et j'ai les lèvres obturées! (aral séfataïm)" (Vaéra 6,12)

-> Lorsque Hachem a demandé au prophète Yona de se rendre à Ninvé pour les réprimander pour leurs fautes, Yona a désobéi.
En effet, il avait peur que les habitants de Ninvé écoutent ses réprimandes et fassent téchouva, ce qui aurait entraîné une terrible accusation contre le peuple juif qui ont ignoré les avertissements de plusieurs prophètes.

=> La remarque de Moché est identique.
Le peuple juif n'a pas écouté Moché, et il n'a pas cru qu'ils seraient libérés d'Egypte.
Moché avait peur que d'aller chez Pharaon, et qu'il l'écouterait, cela entraînant alors une accusation envers les juifs : [même] Pharaon a écouté, tandis que vous non!
['Hatam Sofer]

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+ "Moché parla à Hachem et dit : "Voici, les Bné Israël ne m'ont pas écouté. Comment donc Pharaon m'écoutera-t-il, puisque j'ai les lèvres closes?" (Vaéra 6,12)

-> De nombreux commentateurs s'interrogent sur l'argument de Moché qui semble être défectueux. Le verset dit précédemment que la raison pour laquelle le peuple juif n'a pas écouté Moché était "le manque de souffle et le dur labeur". Si c'est le cas, comment le fait qu'ils ne l'aient pas écouté prouve-t-il que Pharaon ne l'écouterait certainement pas? Ils avaient une raison spécifique d'être incapables d'écouter, ce que Pharaon n'avait pas.

Le séfer Yisma'h Moché répond en citant le verset : "Yona se leva pour s'enfuir à Tarchich" (Yona 1,3).
Nos Sages (Yalkout Chimoni - remez 549) disent que Yona a pensé : si les non-juifs font téchouva, ce sera une plainte contre le peuple juif pour n'avoir pas fait de même et n'avoir pas écouté Hachem. C'est pourquoi Yona n'a pas voulu se rendre à Ninive pour exhorter les résidents non juifs à faire téchouva, comme il lui avait été ordonné de le faire.

C'est dans cet esprit que le Yisma'h Moché explique que lorsque Hachem a dit à Moché de parler à Pharaon, Moché a répondu que "les Bné Israël ne m'ont pas écouté et que Pharaon ne les écoutera pas". Son intention était de demander : "De quoi cela aura-t-il l'air si Pharaon écoute?"

En d'autres termes, il craignait que Pharaon ne l'écoute, ce qui pourrait être une plainte accusatoire contre les juifs qui ne l'ont pas écouté.
Il dit ensuite : "Et moi, j'ai les lèvres closes". Son intention était de dire que si Pharaon l'écoutait, ses lèvres devraient être fermées, car il n'aurait aucun moyen de défendre le peuple juif.

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-> "Déjà les enfants d'Israël ne m'ont pas écouté, alors comment Par'o m'écouterait-il?" (Vaéra 6,12)

=> Quand Hachem envoya Moché parler à Par'o, il se permit d'argumenter et de mettre en avant un raisonnement qui démontre que cette mission ne pourrait pas réussir. Hachem ne lui en fait aucun reproche. Tout cela est étonnant.

En fait, il existe 13 méthodes d'interprétation de la Thora écrite pour déduire les lois de la Thora orale. La première est le raisonnement à fortiori. De plus, la Thora fait état de 13 Attributs de Miséricorde Divine. La première est exprimée par le Nom El (אל).
De plus, chaque méthode d'interprétation correspond à un attribut de Miséricorde et permet de le révéler.

Il en ressort que le raisonnement à fortiori révèle l'Attribut El. Or, cet attribut exprime la Bonté Divine, comme le dit le verset : "La Bonté de El (אל) toute la journée". La particularité de cet attribut par rapport aux autres est qu'elle exprime la Bonté Divine absolue, même en cas d'absence de tout mérite.
Or, quand Hachem envoya Moché chez Pharaon pour lui demander de libérer le peuple, il Lui fit valoir que les juifs ne méritaient pas la délivrance. Ainsi, Moché voulait attirer l'Attribut El, pour déclencher la libération des Hébreux, même sans mérite. Pour cela, il lui fallait formuler ce raisonnement à fortiori.
Hachem ne lui en fit donc aucun reproche, car cette démarche était nécessaire. Et effectivement, Moché atteignit son but et put attirer le Nom El qui permit la délivrance, comme il est dit : "El (אל) Qui les sortit d'Egypte".
[Imré Yossef]

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-> "Moché dit devant Hachem : Voici, J'ai les lèvres obstruées et comment Pharaon m'écoutera-t-il?" (Vaéra 6,30)

-> "Moché dit à Hachem : ... je ne suis pas homme de paroles ... car j'ai la bouche pesante et l'élocution embarrassée" (Chémot 4,10)

-> Le Zohar(Bo 125a) enseigne :
"A chaque fois que Moché s'exprimait, tant qu'il était en exil en Egypte, il le faisait en bégayant. Cette situation perdura jusqu'à ce qu'Israël se rapproche du mont Sinaï et reçoive la Torah".
C'est seulement lorsqu'il quitta l'exil d'Egypte, lors du don de la Torah, que Moché fut guéri et put retrouver l'usage complet de la parole. Ainsi la promesse d'Hachem : "Moi Je serai avec ta bouche" (véano'hi éyé im pi'ha).

-> Comment comprendre les paroles du "Tant que ta parole est en exil en Egypte"?
Les Bné Israël ne pouvaient pas étudier la Torah en Egypte puisqu'ils ne l'avaient pas encore reçue. Ils ne pouvaient pas non plus apprendre la Torah acquise par Avraham, Its'hak et Yaakov en raison de la difficulté de l'esclavage qui pesait sur eux. Ainsi, les égyptiens incarnaient également l'exil de la parole car quelle est l'utilité de la parole lorsqu'on ne peut pas la mettre au service de la Torah?
[ce qui nous différencie des animaux, c'est cette capacité à utiliser positivement la parole]

C'est le sens des paroles de Moché lorsqu'il dit : "Je suis incirconcis des lèvres.
Puisque la bouche des Bné Israël ne pouvaient pas s'affairer à la Torah à cause de la servitude, Moché prophétisa qu'il était incirconcis des lèvres puisqu'il était l'équivalent de tout Israël.

-> Le Zéra Kodech (le rav de Ropshitz - Moadim daf 11) explique que l'exil en Egypte n'était rien d'autre que l'exil de la parole, car là-bas, les Bné Israël ne pouvaient pas s'affairer aux paroles de Torah.
C'est la raison pour laquelle tous les rois d'Egypte sont mentionnés avec le titre de Pharaon (פרעה), dont les lettres sont les mêmes que : pé ra (la bouche mauvaise – פה רע).
Empêcher Israël de prononcer des paroles de kédoucha revenait à leur planter quelque chose dans la gorge.
Ils étaient incapables de sortir ne serait-ce qu'un seul son.

L'idée plus profondément est que les égyptiens n'ont pas laissé la possibilité à Israël d'émettre des paroles bénéfiques de leur bouche. Or aucun bénéfice ne peut être octroyé au monde sans paroles de Torah.
[c'est pourquoi le soir de Pessa'h, la fête de la liberté, nous disons : Péssa’h (פסח) qui signifie : "la bouche raconte" (pé sa’h - פה סח), afin de rappeler allusivement l'exil de la parole.
(Selon nos Sages, un homme libre est celui qui est esclave d'Hachem, esclave de la Torah).]

Au commencement de l'exil des juifs [en Egypte], les âmes de tous les fils de Yaakov se rassemblèrent dans la grotte de Ma'hpéla et crièrent aux Patriarches : "Une nation cruelle asservit vos enfants!"
Elles s'y étaient réunies afin de demander aux Patriarches de prier pour leurs enfants.

La Torah dit donc : "Voici les noms des fils d'Israël qui vinrent avec Yaakov" (Chémot 1,1) = après leur mort, ils vinrent avec Yaakov prier pour leurs enfants.
[l'exil égyptien ne commença qu'après la mort du dernier des enfants de Yaakov (Lévi)].
[rabbi El'azar ben Arakh - Zohar]

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-> "Voici les noms des fils d'Israël qui viennent en Egypte ; ils y accompagnèrent Yaakov, chacun avec sa famille" (Chémot 1,1)

-> Rabbi Ména'hem de Lonzalo explique que le terme "chémot" (שמות) signifie en réalité "néchamot" (נשמות).
Les âmes des pères des 12 tribus d'Israël accompagnèrent les Bné Israël jusqu'à leur délivrance afin de pouvoir expier le fait d'avoir vendu leur frère Yossef qui a été exilé en Egypte.

Le midrach nous rapporte que lorsque les Bné Israël sortirent d'Egypte, bien que la Torah ne mentionne uniquement le rapatriement des ossements de Yossef, chacune des tribus prit le cercueil qui lui correspondait : la tribu de Réouven, les descendants de Chimon prirent avec eux le cercueil de Chimon, ...
Yossef les avait fait jurer qu'à leur sortie d'Egypte, ils emporteraient son cercueil, comme il est écrit : "Moché prit les ossements de Yossef avec lui, car il avait fait jurer les Bné Israël" (Béchala'h 13,19).
Il faut savoir que les cercueils de toutes les tribus sortirent d'Egypte pour recevoir une sépulture en Israël. Ce n'est donc pas seulement leurs corps qui restèrent en Egypte jusqu'à la délivrance mais également les âmes (néchamot), comme il est écrit : "véélé chémot" : ne lis pas chémot mais plutôt néchamot.

"Assurément, la chose est connue" (Chémot 2, 14)

-> Rachi explique que Moché se demandait quelle était la faute des juifs pour ''mériter'' de telles souffrances.
Quand il constata qu'il y avait parmi eux des médisants, il comprit que c'était cela la cause de l'exil, et il dit : "Assurément, la chose est connue" = je connais à présent la raison de cette chose.

Mais lorsque plus tard, Hachem se dévoilera à Moché sur le buisson, et qu'Il l'enverra libérer les juifs d'Egypte, Moché demandera : "Pourrai-je sortir Israël du pays d'Egypte?" (Chémot 3,11)
Rachi d'expliquer cette question : "Mais quel mérite ont-ils pour être libérer?"

=> Ainsi, au départ, Moché ne voyait aucune raison à cet esclavage, mais quand il sut qu'il y avait parmi eux de la médisance, tout d'un coup, il ne voit à présent plus aucune raison pour qu'ils soient libérés.
Même si cela semble étonnant et paradoxal, c'est la réalité : lorsqu'il y a de la médisance, plus aucun mérite ne peut plus aider pour être sauvé!

[Sfat Emet]

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=> Pourquoi est-ce précisément la faute du lachon ara qui fut la cause de souffrances si atroces pour le peuple juif ; en effet les Bné Israël pratiquaient l’idolâtrie, qui ne provoqua pourtant pas tant de malheurs.

Le 'Hafets 'Haïm explique que lorsqu’une personne enfreint un interdit, un ange accusateur est créé ; il s’agit d’un être spirituel qui puise sa force de la faute qui le fit naître. Cet ange accuse le fauteur dans le Beit Din (Tribunal) Céleste, et ce dernier est alors puni.
Or, si l’ange est créé par une action qui ne requiert pas la parole, celui-ci est privé de la faculté d’exprimer clairement l’infraction commise et la personne reste impunie.

La transgression du lachon ara est néanmoins différente, parce qu’elle implique la parole. En conséquence, l’ange créé par cette faute est doté, lui aussi, de cette capacité. Il peut alors exprimer verbalement la nature du lachon ara commis ; la ‘Hafets ‘Haïm poursuit en disant que cet ange énumère également toutes les fautes non dites, que l’homme a commises jusqu’alors.
Ainsi, le fait de dire du lachon hara est la porte ouverte à une punition pour de nombreux autres péchés.

Ceci explique pourquoi le lachon ara du peuple juif engendra les terribles souffrances qu’il dut endurer en Égypte. Sans ce démérite, les Bné Israël auraient été épargnés de la sanction reçue pour leurs autres fautes, comme l’idolâtrie, mais une fois que Moché vit clairement qu’ils avaient trébuché dans ce domaine, il comprit l’amertume de cet exil.
[rapporté dans Tallelé Orot - Chemot 2,14]

"Moché consentit à demeurer avec cet homme" (Chémot 2,21)

-> Dans la Mékhilta, il est écrit que lorsque Moché demanda à Yitro la main de sa fille Tsipora, il accepta à la condition que le fils qu'il aurait en premier (té'hila) serve l'idolâtrie, tandis que les suivants pourraient servir Hachem.
Moché accepta et Yitro le fit jurer, comme le laisse entendre le terme "vayoel" (consentit) qui se réfère à un serment.

-> Selon le 'Hidouché haRim, nous ne devons pas comprendre cela au sens propre, mais plutôt ainsi :
Yitro voulait que le fils qu'aurait Moché suive sa voie, c'est-à-dire serve d'abord (té'hila) l'idolâtrie, puis constate sa vanité et son abomination et découvre ensuite la vérité : la foi en Hachem, D. du peuple juif.
Mais Moché changea d'avis et s'y opposa, car il est impossible de se soustraite à toute impression de l'idolâtrie une fois qu'on l'a servie.

Mourir et être enterré en terre d’Israël

+ Mourir et être enterré en terre d'Israël :

Selon le Méam Loez (Vayé'hi 47,31), on peut citer les avantages suivants :

1°/ Quand une personne meurt, l'âme quitte le corps. Si cela survient en Terre sainte, elle monte directement aux cieux.
En effet, le lieu où résident les âmes se trouve sous le trône de gloire de Hachem (kissé hakavod), et ce trône est à proximité [spirituelle] directe de la Terre sainte.
Le Temple céleste est également situé exactement au-dessus du Temple de Jérusalem, et c'est par son intermédiaire que les âmes entrent en ce monde et y vivent.

Lors des 12 mois qui suivent la mort d'un individu, l'âme descend dans sa tombe chaque Shabbath et à Roch 'Hodech, pour rendre visite au corps auquel elle était associée.
Si le corps est enterré en Terre sainte, l'âme peut descendre et monter directement sans aucun délai.

Lorsqu'un homme décède hors de la Terre sainte, l'âme éprouve d'immenses difficultés pour s'élever vers les cieux. Elle doit franchir de nombreux obstacles, tels que les Pouvoirs dénonciateurs (Mékatriguim) associés au mal de "l'Autre côté" (Sitra A'hra).
L'âme se trouve alors dans la situation d'un homme devant affronter soudainement des dizaines de milliers de guerriers. Elle doit subir de nombreuses souffrances jusqu'à ce qu'elle les franchisse tous.
[...]

Lorsqu'un individu meurt en Israël, son âme va immédiatement vers le caveau de Ma'hpéla, et de là elle se dirige vers l'endroit qui lui est destiné. [Zohar - 'Hayé Sarah]

L'enterrement en Terre d'Israël équivaut à être inhumé près du grand autel (mizbéa'h) [du Temple], et également sous le trône de gloire. [Zohar - Térouma]

-> Quiconque est enterré en terre d'Israël est considéré comme s'il était enterré sous le Mizbéa'h.
[Yérouchalmi - Kétoubot 67 ]

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2°/ Quand un homme décède en-dehors de la Terre sainte, sa mort est prise en charge par l'ange de la destruction : Samael, connu aussi sous le nom d'ange de la mort.

Par contre, quand une personne meurt en Terre sainte, c'est l'ange de miséricorde : Gavriel, qui l'accueille.
Seules Moché, Aharon et Myriam firent exception. Ils moururent en-dehors de la Terre sainte, mais ne furent pas confiés à Samel. [Zohar - Térouma]

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3°/ Si un individu décède en Israël et est enterré le jour-même, avant le crépuscule, aucune force impure n'a de pouvoir sur lui.

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4°/ Les souffrances de la tombe ('Hibout haKévère) sont pires que la mort elle-même.
En mourant hors d'Israël, il n'existe aucune voie pour échapper à ce sort.
Par contre, en Terre sainte, si un homme est enterré le vendredi après la 4e heure du jour, il évite cette terrible angoisse.
[cela concerne uniquement celui qui meurt à une heure avancée de la journée du vendredi, et non pas celui qui retarde son enterrement spécialement pour l'être à ce moment]

En effet, la sainteté de la terre d'Israël jointe à celle du Shabbath le protège.

Quand un homme vient à mourir dans ces conditions, c'est le signe qu'il ne mérite pas un tel châtiment. La Providence Divine fait en sorte qu'il décède le jour qui précède le Shabbath.
A l'évidence, s'il a été un racha, ces 2 éléments de sainteté ne le protégeront pas des souffrances de la tombe.

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5°/ La chair d'un individu, enterré hors de la Terre sainte, se décompose et s'emplit de vers.

Nos Sages disent : "Un ver dans la chair d'un mort est pareil à une aiguille dans le corps d'un vivant" (guémara Béra'hot 18b ; Shabbath 13b,152a).
[Le Emounot véDéot dit qu'il s'agit d'une angoisse plutôt psychologique que physique, qui réside dans la douleur mentale ressentie à la vue de ses restes décomposés.]

Puisque le sol de la Terre sainte est semblable à de la chaux, la chair du défunt ne devient pas véreuse.

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6°/ En-dehors de la Terre sainte, un individu meurt 2 fois.
En effet, à l'heure de la résurrection (té'hiyat hamétim), l'âme ne peut rejoindre le corps à moins qu'il ne soit en Terre d'Israël.

Au moment de la résurrection, Hachem en personne, ouvrira les sépultures, aucun ange n'en aura la charge.
Cela ne signifie pas que les gens enterrés ailleurs ne ressusciteront pas.

[Voici le processus de la résurrection : ]
Un petit os [situé à la base du cou], connu sous le nom de Louz ne se décompose pas dans la terre.
C'est à partir de cet os que sera reconstitué le corps des défunts.
L'âme, cependant, ne rejoindra directement le corps que s'il est enterré en Israël.

Dès que le corps seront reconstitués, D. créera des passages souterrains menant tous vers la Terre sainte, ils permettront le transfert de tous les corps.
Tant que ces derniers n'auront pas atteint la Terre d'Israël, ils demeureront sans âme.
Mais dès qu'ils se trouveront en Israël, les âmes les rejoindront. Les corps reprendront alors vie.
C'est là ce que sous-entend le verset : "D. donne une âme au peuple [du pays d'Israël]" (Yéchayahou 42,5).

Selon une autre opinion, l'ange Gavriel transportera les os des mort en Terre d'Israël, et là ils ressusciteront. [Zohar 'Hayé Sarah]

De plus, la résurrection des juifs enterrés en Terre sainte interviendra avant celle de ceux inhumés dans des pays étrangers. En effet, ces derniers devront être transportés en Israël, de sorte que leur résurrection surviendra avec retard ...

Une tradition affirme que les morts enterrés en Israël ressusciteront 40 ans avant ceux inhumés dans d'autres pays.
[...]

La raison pour laquelle les juifs enterrés en Terre sainte ressusciteront avant les autres repose sur le fait qu'ils ont enduré plus de souffrances durant leur vie. Ils y ont subi plus d'épreuves, sans jamais renoncer à vivre en Terre sainte.
Leur vie fut si amère, qu'ils étaient considérés comme des morts. Puisqu'ils ont accepté d'être semblables à des morts de leur vivant, ils ont droit à une période de vie supplémentaire avant la résurrection.
Leurs souffrances et leur volonté de rester en Terre sainte sont considérées comme plus importantes que l'observance de toutes les mitsvot ensembles.

=> Ainsi en résumé, quiconque est enterré en Israël bénéficie de 2 avantages concernant la résurrection : d'une part, il ressuscite avant ceux qui sont enterrés ailleurs, d'autre part, il évite l'épreuve du transfert des voies souterraines, qui provoque une terrible angoisse.
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Nos Sages affirment que tous ces avantages ne concernant que ceux qui vivent en Terre sainte pour un temps et sont dignes d'y mourir. Par contre, celui qui vient à mourir ailleurs et est enterré ensuite en Israël, ne peut bénéficier de ces avantages.

Il n'est pas bon de venir enterrer un défunt en Terre d'Israël.
Concernant ceux qui agissent de la sorte, il est écrit : "Vous veniez et souilliez Ma terre" (Yirmiyahou 2,7).
Hachem se plaignait des gens qui ne venaient qu'après leur mort, un cadavre souille tout autant qu'il est impur.

=> On peut objecter que Yaakov mourut en Egypte et fut ensuite inhumé à 'Hevron. Pour quelle raison l'exigea-t-il de ses fils?

Tout dépend des motivations de chacun.
Nombre d'hommes passent leur vie à étudier la Torah et à multiplier les bonnes actions, aidant ceux qui ne peuvent étudier la Torah à trouver le temps pour s'y consacrer.
Ces hommes ne cessent d'observer les mitsvot et prennent garde à ne pas commettre de péchés.
De tels hommes sont pareils à des saints, et même s'ils meurent ailleurs qu'en Terre sainte, ils méritent d'y être enterrés.
Le verset : "Vous venez et souillez Ma terre" ne les concerne évidemment pas.

Par contre, il existe des juifs qui ne ressentent aucun lien avec le judaïsme et n'ont jamais cru au monde futur.
Leurs pensées sont tournées toutes entières vers les plaisirs de ce monde. Même très riches, ils ne songent nullement aux pauvres. Ils sont avares et sans cœur, alors qu'ils savent qu'après la mort toutes leurs richesses seront partagées par des mains étrangères.
Souvent, de tels hommes attendent jusqu'au dernier instant avant le décès pour annoncer qu'ils lèguent une partie de leurs biens à une oeuvre charitable, uniquement pour le bénéfice de leur âme. Ils agissent ainsi, alors qu'ils n'ont jamais rien donné durant leur vie.
Le verset : "Vous venez et souillez Ma terre" s'applique à ce type d'individus.
=> Lorsqu'ils sont emmenés en Terre sainte, non seulement ils n'en tirent aucun bénéfice, mais ils risquent un châtiment particulier, puisqu'ils souillent la terre. [Zohar - Vayé'hi]

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-> Ruth a prié de mourir et d'être enterrée en terre d'Israël.
Nos Sages enseignent que quiconque meurt en terre d'Israël est comme un bébé dans les bras de sa mère.
Celui qui meurt ailleurs est comme dans les bras de sa belle-mère.
Toute personne enterrée en terre sainte est considérée comme ensevelie sous l'autel du Temple.
[Méam Loez - Méguilat Ruth 1,17]

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-> Le Yalkout 'hadach (Erekh Galout 12-14) écrit :
"L'exil des égyptiens a été causé par leur faute de vente de Yossef, qui n'a pas vu son père pendant 22 ans.
Cela a entraîné 22 ans d'exil pour chacun des 10 frères qui ont participé à sa vente (Réouven était absent lorsque les autres frères l'ont vendu).
Ainsi, l'exil aurait dû durer 220 ans.
Cependant, comme chacun des 10 frères est mort dans un pays impur, ce qui leur a causé de grandes souffrances, cela a soustrait 10 ans à leur exil, ce qui laisse 210 ans."

Malgré sa venue en Egypte, Yaakov bénéficia d'un avantage spécial. Là où Yaakov allait, la Présence Divine se trouvait toujours à ses côtés. Quel que fut l'endroit où il vivait, l'air était pur et clair.

Cette situation est semblable à celle des juifs durant les 40 ans dans le désert, ils offrirent des sacrifices et érigèrent le Michkan, bien qu'il soit en principe interdit d'en offrir en-dehors de la Terre sainte.
Puisque tout Israël était rassemblé dans le désert, alors il équivalait à la Terre sainte.

Il en va de même : Puisque Yaakov et ses fils (toute la descendance d'Avraham), vivaient en Egypte, on ne pouvait considérer que Yaakov était mort hors de la Terre sainte.
L'air que Yaakov respirait en Egypte était pur et saint.
Cependant, dès qu'Israël quitta l'Egypte, la sainteté disparut, et l'impureté revint comme auparavant.

Ainsi, puisque Yaakov savait que ses descendants allaient quitter l'Egypte, il ne désira pas y être enterré.

[le Chné Lou'hot haBrit - rapporté par le Méam Loez (Vayé'hi 47,31)]

"Un nouveau roi s'éleva sur l'Egypte, lequel n'avait pas connu Yossef" (Chémot 1,8)

-> "Rav et Chmouël au sujet de ce verset : l'un pense qu'il s'agissait véritablement d'un nouveau roi, le second estime que seuls ses décrets changèrent [...]
"Lequel n'avait pas connu Yossef" = il laissait croire qu'il ne l'avait jamais connu."
[guémara Sotah 11a]

-> Rav Méïr Rubman (Zikhron Méïr) rapporte le michnat Rabbi Eliézer :
"Pourquoi la Torah se montre-t-elle si intransigeante envers l'homme ingrat?

Parce que l'ingratitude est assimilable au reniement de Hachem, car celui qui refuse de croire en D. n'est en réalité qu'un homme ingrat : il refuse aujourd'hui de reconnaître le bienfait dont l'a gratifié son prochain, et le lendemain il conteste les bienfaits de son Créateur.

C'est ce qui est dit au sujet de Pharaon : "Lequel n'avait pas connu Yossef" = Pourtant, les bienfaits de Yossef n'étaient-ils pas jusqu'à ce jour reconnus par toute l'Egypte?

C'est qu'en réalité, Pharaon savait mais refusait de l'apprécier. Et pour avoir nier les bienfaits de Yossef, il finit par renier la bonté de Hachem, comme il est dit : "Je ne connais point Hachem".
Il est donc établi que l'ingratitude est assimilable à l'athéisme."

-> Une idée similaire se trouve dans le midrach (Chémot rabba chap.1) :
"Lequel n'avait pas connu Yossef" = Se peut-il réellement qu'il ne l'ait pas connu? ...

Le verset renvoie ici à l'idée que : "Aujourd'hui, Pharaon ne connait pas Yossef, et demain, il finira par dire : Je ne connais pas Hachem!"

[ainsi, toute la chute de Pharaon a résidé dans sa non appréciation de tout le bien que Yossef lui apportait!
=> Dans notre vie, chaque occasion de témoigner de notre gratitude est un pas nous rapprochant de Hachem, et inversement.
La reconnaissance est à la base de la foi juive!]

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-> Le Kli Yakar dit que la vie de Yossef démontre que malgré toute la volonté de ses frères de le faire disparaître et de lui nuire pour empêcher ses rêves de se réaliser, pour ne pas qu’il règne sur eux, ce sont justement ces tentatives qui ont menées à sa réussite et à sa grandeur.

Quand Hachem décide d’élever quelqu'un, rien ne sert de le rabaisser. Seule la Volonté Divine se réalisera, et les actions de ses ennemis pour lui nuire seront utilisées par Hachem pour justement le mener à sa réussite.

Pharaon ne connaissait pas Yossef = c'est-à-dire qu’il ignorait cet enseignement qui ressort de la vie de Yossef, car s’il en avait conscience, il n’aurait pas essayer de nuire aux juifs de peur que le mal qu’il leur ferait entraînerait justement leur délivrance et leur grandeur.

Et c'est effectivement ce qui se passa, la Torah nous dit que "plus il les oppressait, plus ils se multipliaient".
Le mal que Pharaon imposait aux juifs pour ne pas qu’ils se multiplient entraîna l’inverse de sa volonté et Pharaon n’a réussi qu’à se causer des nuisances à lui-même.

Ainsi :
- "S’est levé un nouveau roi sur l’Egypte" = ce nouveau roi s’est en fait "élevé" sur l’Egypte, c’est-à-dire "contre" l’Egypte :
- comme "il ne connaissait pas (l’histoire de) Yossef" = en fait, en voulant nuire aux juifs, il ne nuisit qu’à l’Egypte : "Il s’éleva contre l’Egypte".

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-> Le 'Hatam Sofer rapporte les propos du Targoum qui dit : "Qui ne réalisa pas l’ordre de Yossef".
Il ignorait Yossef, c’est-à-dire les décrets de Yossef, comme le fait que les égyptiens devaient se circoncire, ce qu’ils firent.
Cependant, ce nouveau roi qui se leva ignora ce décret de Yossef et l’annula. Il décréta qu’à présent les égyptiens ne devaient plus se circoncire.

Le 'Hatam Sofer explique que cela était un remède pour les juifs, et ne servit que de moyen pour amener la libération des juifs.
En effet, la Torah nous dit que quand la fille de Pharaon vit le panier sur le Nil, elle a su que le bébé était un juif, et c’est ainsi qu’elle accepta de le confier à des juifs, à savoir à ses vrais parents qui lui enseignèrent l’existence de Hachem et lui révélèrent que lui aussi était un Hébreu.
Sans cela, il n’aurait rien su de tout cela, et il n'aurait probablement jamais été apte à délivrer le peuple juif d'Egypte.
[le jour même où il fut mis sur le Nil, Moché fut également confié par Batiya à sa mère (Batiya ne savait pas que c'était sa mère), pour qu'elle le nourrisse (il refusait tout autre lait). Moché est resté chez ses parents jusqu'à l'âge de 2 ans, et il a rejoint alors le palais où il vécu jusqu'à ses 12 ans.]

Cependant, nos Sages enseignent que Pharaon décréta de jeter dans le Nil tous les garçons, et même les égyptiens et pas seulement les juifs.
=> Comment la fille de Pharaon a-t-elle pu savoir que le bébé était un juif et pas un égyptien?

Le Ramban répond qu'elle constata qu’il était circoncis (Moché est né ainsi).
Il en ressort que si Pharaon n’avait pas supprimé l’ordre de Yossef que les égyptiens doivent se circoncire, alors tous les égyptiens aussi l’auraient été et la fille de Pharaon n’aurait pas pu savoir que le bébé était juif, avec toutes les conséquences que cela auraient entraîné.

=> Ainsi, Pharaon pensaient faire du mal en annulant l’ordre de Yossef, mais en réalité Hachem était en train, sur son dos, de préparer la délivrance.

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-> "Un roi nouveau s’éleva sur l’Égypte, lequel n’avait point connu Yossef" (Chémot 1,8)

-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï - Chémot) enseigne :
Le Alchikh haKadoch a déjà fait remarquer que ce verset pourrait laisser entendre que la raison de l’esclavage des Bné Israel en Egypte est purement naturelle et fortuite ; le nouveau Pharaon n’aurait pas entendu parler de Yossef et donc, découvrant ce peuple étranger sur sa terre il décide de l’asservir. C’est très peu probable que ce fût possible. Yossef avait inventé un système économique qui propulsa l’Egypte à la tête des nations, et ce, si récemment que personne ne pouvait l’ignorer. il existe donc des explications cachées à ce verset.

Le Alchikh haKadoch donne son explication, mais dans la lignée de l’interprétation du Arizal, la théorie du Tikoun (réparation), qui donne un sens commun à la création du monde, les actions des pères et l’exil d’Egypte, on peut expliquer que si l’exil d’Egypte était nécessaire à la récupération des étincelles de sainteté d’Adam Harishon, la vente de Yossef et sa condition d’esclave aurait du dispenser les Bné Israel de l’esclavage.
Et c’est ce que Pharaon décida d’ignorer, que cette partie de la réparation des étincelles et du séjour en Egypte était déjà accomplie.
Ceci répond également à la question: "pourquoi les égyptiens ont-ils été punis, alors que l’exil et l’esclavage étaient un décret divin?", c’est, comme on a dit qu’ils n’auraient pas du les réduire en esclavage, car ce niveau avait été accompli par Yossef. Ceci Pharaon l’ignora et lui et son peuple furent punis pour esclavage "injustifié".

"Les égyptiens asservirent les enfants d'Israël avec une extrême rigueur" (Chémot 1,13)

-> Les Tossafot (Pesachim 117b) utilise le système at'bach (א-ת ב-ש), dans lequel chaque lettre hébraïque est substituée par son inverse en partant de la fin de l'alphabet.
Ainsi, à la place de la 1ere lettre (aleph), on prend la 1ere en partant de la fin (tav), pour la 2e lettre (bét), on prend la 2e en partant de la fin (shin), ...

Le mot : "faré'h" (une extrême rigueur - פָרֶךְ), se transforme alors en : וגל, qui a une guématria de 39.
Cela fait allusion au fait que les égyptiens obligeaient leurs esclaves juifs à accomplir l'ensemble des 39 méla'hot (travaux créatifs).
Par conséquent, après leur libération de l'esclavage, Hachem leur a ordonné d'observer le Shabbath en n'accomplissant pas ces 39 méla'hot.

Cela permet de mieux comprendre pourquoi nous récitons dans le Kidouch : "en souvenir de la sortie d'Egypte" (זכר ליציאת מצרים).
De même que sur : "Tu te souviendras que tu étais esclave dans le pays d'Egypte et que Hachem ton D. t'en a fait sortir d'une main puissante et d'un bras étendu ; c'est pourquoi Hachem ton D. t'a ordonné de faire le jour du Shabbath" (Vaét'hanan 5,15)

"Je [Yossef] vais remonter pour en faire part à Pharaon" (Vayigach 46,31)

=> Est-ce que l'Egypte est en haut d'une montagne pour dire : "je vais remonter"?

-> Les Baalé Tossafot expliquent que jusqu'alors, quand Yossef parlait à son père, il ne se comportait pas en roi, mais descendait de son char pour parler avec lui.
Et maintenant, ayant fini de se découvrir dans sa rencontre avec son père, il lui a demandé la permission de monter sur son char pour aller vers Pharaon.

=> C'est pourquoi il est dit : "Je vais remonter pour en faire part à Pharaon".

"Lorsque l'on sort le Séfer Torah en public, les portes célestes de la miséricorde s'ouvrent."

[Zohar II,206]