Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Après cela, Avraham ensevelit Sarah, son épouse" ('Hayé Sarah 23,19)

-> Le Zohar nous enseigne :
Rabbi Chimon a raconté : lorsque Avraham est entré dans la grotte de Ma'hpéla, et y a fait pénétrer Sarah, alors Adam et 'Hava se sont levés et n'ont plus voulu y rester enterrés.

Ils se sont exclamés : "Nous sommes déjà honteux devant D. du fait de cette faute qui a entraîné la mortalité dans le monde. A présent, vos bonnes actions ne feront qu'intensifier notre humiliation!"
Avraham leur a alors répliqué : "Je suis prêt à intervenir auprès de Hachem en votre faveur afin que vous ne soyez plus jamais honteux devant Lui".

Immédiatement : "après cela, il enterra son épouse Sarah".
Que signifie "après cela" (וְאַחֲרֵי-כֵן- véa'haré kén)?

Après qu'Avraham s'est ainsi engagé, Adam est retourné dans sa tombe, mais 'Hava ne l'a pas suivi. Avraham s'est approché et l'a fait rentrer près d'Adam, qui l'a reçue à cause de lui.

C'est le sens du verset : "Après cela Avraham enterra son épouse Sarah". Il n'est pas écrit "léSarah", mais "ét Sarah" = le mot "ét" vient inclure 'Hava, qui a également été enterrée par Avraham.
Et chacun est alors resté à sa propre place.

<----------------------->

+ Notre ancêtre Avraham est arrivé à la grotte de Mah'péla.
Il a senti l'odeur du gan Eden et a entendu les anges de service dire : "Le 1er homme y est enterré, Avraham, Its'hak et Yaakov, le seront aussi."
Il a vu la flamme brûler et en est sorti. Il a tout de suite désiré ardemment cet endroit.

Avant lui, beaucoup de personnes avaient cherché à enterrer leurs morts là-bas, mais les anges de service gardaient ce lieu. Les gens voyaient un feu y brûler et s'abstenaient d'y entrer jusqu'à ce qu'Avraham arrive et l'achète.
[midrach Aggada Ruth]

-> Quand Adam mourut, son fils l'enterra dans la grotte de Ma'hpéla.
Après la mort de Chét, le secret de la grotte fut jalousement gardé jusqu'à l'époque d'Avraham. [...]
Dès que des hommes tentaient d'y enterrer quelqu'un une langue de feu jaillissait de la grotte et les repoussait.
[Zohar 'Hadach Ruth]

-> Avraham découvrit le caveau de Ma'hpéla lorsque les 3 anges lui avaient rendu visite.
Il avait été prendre 3 veaux de son troupeau pour ses invités. L'un d'eux avait pris la fuite et Avraham l'avait poursuivi.
Le veau avait pénétré dans la grotte de Ma'hpéla et quand Avraham l'y eut rejoint, il vit qu'Adam et 'Hava y étaient enterrés.
L'atmosphère de la grotte apaisa son esprit, et il prit l'habitude de s'y rendre pour servir D. chaque jour.
Ce fut également à cet endroit que Hachem s'adressa à lui.
La sainteté de cette grotte incita Avraham à vouloir y être enterré.
[Pirké déRabbi Eliézer]

<------------------------->

-> Le midrach (Tan'houma 'Hayé Sarah 4) dit que l'éloge funèbre que Avraham a prononcé pour Sarah était le texte du "échet 'Hayil" (que l'on récite avant le Kidouch du vendredi soir).
Il y est dit : "Elle désira le champ et l'a acquis". Cela se réfère, selon ce Midrach, à Sarah, qui désira le champ de Ma'hpéla et en fit l'acquisition, pour y être enterrée.
Cela est très étonnant, car ce n'est pas Sarah qui a acquis le champ de Makhpela, mais Avraham, comme on le voit en longueur dans notre Paracha.
=> Comment comprendre cela?

Chaque élément que Hachem a créé sur terre, peut servir à attester de Son Existence et peut être utilisé pour Son Service. L'homme peut utiliser le monde et tout ce qu'il renferme, pour servir Hachem. Et alors, par cela, il s'élève et élève le monde avec lui.
La dimension spirituelle et Divine présente dans le monde de façon voilée, peut alors se révéler. De cette façon, le ciel et la terre se réunissent.
L'homme, par le Service d'Hachem, arrive à élever la terre vers le ciel, ou encore à révéler ce ciel qui se cache
dans la terre. C'est cela même le but de l'Homme.
Hachem l'a créé dans ce monde, pour utiliser les existences matérielles qui se présentent à lui, pour les raffiner et les élever. Chacun de ses comportements devraient tendre vers cet idéal.

Le lieu par excellence qui exprime cette union entre le ciel et la terre, c'est la ville de 'Hevron.
Le nom de cette ville, a la même racine hébraïque que le mot 'Hibour, qui signifie ''lien'', ''réunion''. Car, c'est le lieu où se réunissent la terre et le ciel. C'est dans cette ville où se trouve la grotte de Ma'hpéla, où sont enterrés nos Patriarches et leurs épouses, nos Matriarches.
Ce sont eux qui ont atteints, de leur vivant, la dimension la plus parfaite d'une vie matérielle, sur terre, sanctifiée le plus possible par le Service d'Hachem, pour l'élever et la relier avec le Ciel.
Ils ont donc été enterrés dans cette ville qui relie ces deux dimensions.

Nos Sages enseignent que l'homme et la femme sont associés dans cette mission.
L'homme est celui qui doit étudier la Thora (la femme est essentiellement dispensée de cette étude). Il doit rester connecté avec le monde d'en-haut. La femme, en revanche, s'occupe de tout ce qui est lié à la maison. Elle est plus terre à terre. En fait, l'association idéale entre un homme et une femme s'exprime par le fait que le mari amène la Torah et la spiritualité à la maison. Alors, la femme va utiliser cette Torah apportée par son mari, pour l'appliquer aux différentes situations de la vie concrète et matérielle auxquelles ils sont confrontés.
De la sorte, c'est à travers le couple que ce travail de raffinement de la matière pourra se faire de la meilleure façon.
L'homme tout seul ne pourra pas appliquer sa Torah dans le monde. La femme toute seule n'aura pas cette Torah pour raffiner son monde.
=> C'est pourquoi, la réunion du ciel et de la terre, qui se réalise surtout par le couple, passe par la grotte de Ma'hpela, la porte du paradis, le lieu qui réunie les 2 mondes.

On peut à présent comprendre pourquoi dans cette grotte, ce sont justement des couples qui y sont enterrés. C'est le travail du couple par excellence qui permet justement la réunion entre la matière et l'esprit, pour vivre une vie élevée, à proximité avec Hachem, dans un monde bas, où se dissimule Sa Présence.
Mais c'est surtout la femme qui joue le rôle essentiel, car c'est elle qui entre le plus en contact avec la vie matérielle. C'est elle qui, concrètement, élève le monde, même si pour cela elle a besoin d'utiliser la Torah de son mari.
L'homme, qui est plus en retrait de la matérialité, joue un rôle plus limité dans l'élévation du monde.
C'est ainsi que Sarah, en tant que femme d'Avraham, n'a pas cessé, de son vivant, d'imprégner toutes les situations du monde qu'elle rencontrait, par la sainteté d'Hachem. Elle profitait de chaque occasion pour révéler l'Honneur Divine dans chaque élément.

=> On peut ainsi comprendre l'éloge qu'Avraham lui fit. "Elle a désiré le champ et l'a acquis" = effectivement, Sarah a acquis la grotte de Ma'hpéla. Et ce, par tout le travail de sa vie. En vivant pour révéler le Divin caché dans le monde physique, elle a réussi à réunir les deux mondes. Par ce travail, elle a réellement fait l'acquisition de cette grotte, qui est la porte qui fait le lien entre le monde matériel et le monde spirituel.
Elle n'accomplissait aucun acte matériel pour répondre à un besoin matériel, mais uniquement pour
pouvoir encore plus servir Hachem.
Ainsi, c'est bien elle qui a acquis la grotte de Makhpela, car elle a su donner de la grandeur à une vie dans ce monde, en la vouant au Nom d'Hachem.
[basé sur Chiour Léyom HaChabbat - rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

+ Lorsque Lavan a entendu qu'Eliézer arrivait à 'Haran et qu'il a vu les bijoux que ce dernier avait offerts à sa sœur Rivka, il est sorti à sa rencontre pour le tuer.
Lorsqu'Eliézer a vu Lavan courir vers lui armé d'un glaive, il a prononcé le Nom Divin, et s'est envolé dans le ciel avec ses 10 chameaux.

A la vue de ce spectacle, Lavan a compris qu'il ne pouvait rien contre lui, et lui a dit : "Viens, bien-aimé du Seigneur! Pourquoi restes-tu dehors, alors que j'ai dégagé la maison et qu'il y a de la place pour les chameaux?" ('Hayé Sarah 24,31).
Et Rachi de commenter : "j'ai dégager la maison : de l'idolâtrie".
[midrach Yalkout Chimoni Béréchit 109 - ('Hayé Sarah)]

[anticipant un éventuel échec à vaincre Eliézer, Lavan avait débarrassé sa maison de l'idolâtrie, pour être en mesure de recevoir, le serviteur d'Avraham.
Selon le Mayana chel Torah, on apprend de là que pour les réchaïm l'argent a plus d'importance que leurs idoles/dieu.]

-> Le Méam Loez ('Hayé Sarah 24,30) enseigne :
La lévitation s'accomplissant également par l'intermédiaire de la magie noire, Eliézer s'éleva au-dessus de l'eau [du puits] afin que Lavan ne pense pas qu'il était un sorcier. En effet, ceux qui pratiquent les sciences occultes voient leurs pouvoirs s'amoindrir au contact de l'eau.
[la guémara (Sanhédrin 67b) enseigne que les sorciers ne peuvent pas réaliser leur magie lorsqu’ils sont en contact avec l’eau (l’eau empêchant tout effet de la sorcellerie).]

<--->

-> Le Baal haTourim (54,33) rapporte qu'ensuite Bétouel et (son fils) Lavan ont essayé d'empoisonner la nourriture d'Eliézer, afin de pouvoir lui voler les richesses d'Avraham.
[en effet, nos Sages (comme le 'Hizkouni) enseignent que Eliézer avait besoin de 10 chameaux pour transporter l'immense richesse d'Avraham qu’il avait avec lui.
Selon le Ramban chaque chameau était chargé de pierres précieuses.]

Cependant, au moment où Eliézer est allé se laver les mains avant le repas, un ange a échangé son plat avec celui de Bétouel.
Ils ont tous mangé, mais c'est Bétouél qui ne s'est pas réveillé le lendemain matin.

<--->

-> "On lui servit à manger; mais il dit: "Je ne mangerai point, que je n'aie dit ce que j'ai à dire" ('Hayé Sarah 24,33)

Lorsque Eliézer est arrivé dans la maison de Bétouel, ils lui ont apporté de quoi manger.
"Je n'aie dit ce que j'ai à dire" (im dibarti dévaraï, vayomer dabèr [דַּבֵּר]).
Le mot "dabér" représente le fait de parler durement, à l'opposé de "amar" (אמר) qui consiste à parler d'une façon agréable.
Le rabbi Moché de Koznitz (Daat Moché) explique que Eliézer s'apprêtait à leur parler durement afin de les réprimander d'avoir voulut mettre du poison dans sa nourriture (comme l'affirme le Yalkout Chimoni 209).
Il était sur le point de leur dire : "Est-ce que c'est comme cela qu'on traite ses invités? Vous mettez du poison dans leur nourriture?"

Dans le verset suivant, il est écrit : "[Eliézer] dit (vayomer - וַיֹּאמַר) : Je suis le serviteur d'Avraham" (24,34).
Ici, on n'a plus l'emploi de "dabér", mais de "vayomer", ce qui implique un échange doux et agréable.
Pourquoi cela? Car : "Je suis (ano'hi) le serviteur d'Avraham". Le terme ano'hi renvoie au 10 Commandements (donc toute la Torah) qui commencent par "ano'hi", qu'Eliézer a appris à mettre en pratique en vivant en permanence avec Avraham.
C'est ainsi qu'Eliézer suit les voies d'Hachem, et faisant preuve d'humilité il ne va pas les réprimander, mais il va leur parler gentiment en dirigeant la conversation sur le chidou'h.
[selon nos Sages dès que la grandeur de Hachem est mentionné, son humilité est également mentionnée.]

-> "Hachem réalisent les miracles. Les bonnes actions et les bonnes midot sont la tâche de l'homme."
[rabbi Yé'hezkel de Kozmir]

-> Le Kédouchat Lévi enseigne que Eliézer voulait parler avant de manger, car ses mots sont très précieux, comme nos Sages (rapporté par Rachi - 'Hayé Sarah 24,42) l'enseignent : "la conversation des serviteurs des patriarches est plus chère à D. que la Torah de leurs enfants".
Ses [saints] mots allaient le protéger du danger. Et c'est ce qui est arrivé puisqu'un ange a échangé les plats, et Bétouel est tombé dans le piège qu'il avait lui-même préparé.

<---------------->

-> Pour parcourir la distance qui séparait 'Hébron de 'Haran, il fallait 17 jours (près de 880 km).
Par égard pour Avraham, D. envoya un ange escorter Eliézer qui lui permit de faire ce voyage en 3 heures.
[Pirké déRabbi Eliézer]

-> En récompense pour l'accomplissement de sa mission, Eliézer fut affranchi par Avraham de son état d'esclave.
[D'après certains commentateurs,] il devint un roi identifié comme étant Og, le roi de Bachan. [Pirké déRabbi Eliézer]
Selon une autre opinion, Its'hak éleva Eliézer au rang de souverain des anges, et il entra vivant au paradis. [Yalkout Chimoni]
[Méam Loez - 'Hayé Sarah 24,67]

"La bonté que l'homme manifeste à sa femme et aux habitants de sa maison est la plus grande bonté possible, de première qualité."

[Saba de Slobodka - Ohr haTsafoun]

[en effet, il explique que plus on présente un acte de bonté de façon à ce que le bénéficiaire ne ressente pas le "pain de la honte" (d'avoir à "s'abaisser" à recourir à l'aide d'autrui), et qu'il se sente bien qu'on l'aide, alors plus la bonté est grande, parfaite.
Plus le bénéficiaire se sent proche de celui qui donne, moins il a le sentiment de dépendre d'autrui. Ainsi, la bonté envers sa femme, qui est comme notre propre corps, est la plus proche de la bonté de Hachem envers l'homme, qui ne sent pas le "pain de honte".]

"Its'hak aimait Essav" (Toldot 25,28)

=> Pourquoi Its'hak aimait-il tant Essav?

En réalité, Its'hak vivait déjà comme dans les temps futurs. Or, si Hachem voudrait ensuite rejeter le peuple juif du fait de ses fautes, Its'hak pourra à présent plaider en sa faveur en disant : "Les juifs sont malgré tout moins mauvais que Essav. Et pourtant, moi j'ai aimé Essav! Toi aussi, malgré leurs fautes, Tu ne dois pas les rejeter et Tu dois continuer à les aimer!"
[rabbi Meïr de Prémichlan]

<------------>

-> "Its'hak aimait Essav parce que la chasse était dans sa bouche et Rivka aimait Yaakov" (Toldot 25,28)

1°/ "Its'hak aimait Essav" :
-> Rachi explique au nom du midrach qu'Essav "attrapait" Its'hak en le trompant avec ses paroles.

-> Le Arizal explique que l'amour d'Its'hak pour son fils Essav était dû au faite qu'il avait vu que de très grandes âmes (néchamot) devaient sortir de lui, que sont les géants de la Torah orale : Chemaya, Avtalion, Rabbi Akiva, Rabbi Meir, ...

-> Les sages nous enseignent une autre raison de l'amour d'Its'hak pour son fils Essav. En effet, dans l'avenir, Hachem se présentera devant chacun des patriarches en argumentant : "Tes enfants ont fauté envers Moi!"
Avraham et Yaakov ne sauront pas quoi répondre tandis qu'Its'hak demandera à Hachem de nous pardonner en argumentant : "J'ai également eu un fils qui a fauté et je lui ai tout de même pardonné, et je l'ai aimé. S'il en est ainsi Maître du monde, Tu dois également pardonner à tes enfants et les aimer bien qu'ils aient fauté envers Toi."
Et c'est le sens du verset : "Its'hak aimait Essav parce que la chasse était dans sa bouche" = Afin qu'il puisse avoir un argument tout prêt dans sa bouche afin de pouvoir répondre au Maître du monde lorsqu'Il se plaindra à cause des fautes des enfants d'Israël.

-> b'h, voir également le passage : Pourquoi Its'hak aimait-il tant Essav? : https://todahm.com/2018/12/24/7920-2

<--->

2°/ "Rivka aimait Yaakov" :
=> La Torah précise l'amour d'Its'hak pour Essav en donnant la raison, mais elle dit simplement que Rikva aimait Yaakov. Cela est surprenant car y a-t-il une mère qui n'aima pas son fils? Que veut nous apprendre ici la Torah par cette précision?

-> Nos Sages nous enseignent que lorsque Rivka entendait la voix de Yaacov, elle se remplissait de joie. Elle avait l'habitude de se rendre là où étudiait Yaakov et se tenait derrière la fenêtre pour écouter sa voix, la voix de la Torah qui s'élevait. Elle tirait une profonde satisfaction de cela.
Le Zohar Hakadoch nous explique que Yaakov était le guilgoul d'Adam Harichon tandis que Rivka était la réincarnation de 'Hava (toutes nos Matriarches contenaient des étincelles d'âmes de 'Hava).
Le Arizal (Séfer haLikoutim - Toldot) nous explique : Yaakov étant le guilgoul d'Adam Harichon et Rivka sa mère, celui de 'Hava, ils étaient donc mari et femme dans leur première incarnation, tandis que dans celle de notre paracha, ils étaient mère et fils.

En effet. Yaakov connut la souffrance durant les 130 premières années de sa vie comme il l'exprime dans sa rencontre avec Pharaon : "les jours des années de mes séjours sont de 130 ans, peu nombreux et malheureux étaient les jours des années de ma vie" (Vayigach 47,9).
Ces 130 années correspondent aux 130 années qu'Adam Harichon passa au fleuve de Gui'hon à mortifier tout son corps avec des épines de figues en subissant ainsi une terrible souffrance. (guémara Erouvin 18b).
Yaakov expia donc pour Adam Harichon et Rivka réalisa la réparation pour 'Hava.

Adam Harichon, 'Hava et le serpent furent maudits par 10 malédictions chacun, tandis que la terre le fut par 9 malédictions.
Yaakov devait transformer la malédiction en bénédiction. Lorsque 'Hava fauta avec l'Arbre de la Connaissance, tous ses sens participèrent à la faute : "Et la femme vit" - avec ses yeux, "et elle prit" - avec ses mains, "et mangea"
- avec sa bouche, "et elle en donna également à son mari" - 'Hava fauta aussi avec sa bouche lorsqu'elle dit à Adam de consommer du fruit interdit.
Adam également fauta avec tous ses membres à l'exception de la parole, ce qui constitue un avantage.
En effet, 2 conduits se trouvent dans la gorge de l'homme : la trachée et l'œsophage. La trachée permet la respiration et c'est par son intermédiaire que sort la voix.
L'œsophage est le tube digestif qui relie la gorge jusqu'à l'estomac. Si un aliment rentre dans la trachée au lieu de passer par l'œsophage, il existe un risque fausse route et d'étouffement, et c'est dans ce sens que les Sages nous avertissent : "On ne doit pas parler lorsque l'on mange, de peur que l'aliment entre dans la trachée au lieu de pénétrer dans le tube digestif, ce qui nous mettrait en danger" (guémara Taanit 5b).

La trachée n'a pas été endommagée par la faute de l'Arbre de la Connaissance.
Ainsi lorsque la voix de Yaakov, qui était la réincarnation d'Adam Harichon, retentissait, elle était complètement pure, sans aucun dommage datant de la faute originelle.
Nous comprenons dès lors pourquoi lorsque Yaakov étudiait la Torah, le son de sa voix était particulièrement agréable à Rivka (qui fut 'Hava dans sa précédente réincarnation).
"Rivka aimait Yaakov" car, à chaque fois qu'elle écoutait sa voix, elle se remplissait d'une très grande joie.
[Dorech Tsion]

"La guémara (Nédarim 32a) affirme qu'Avraham reconnut son Créateur à l'âge de 3 ans, tandis que moi, je L'ai connu dès le ventre maternel."
[rabbi Israël de Rozin - sur paracha Vayéra]

-> Le rabbi David 'Hanania Pinto commente :
Tout enfant né de parents craignant D., Le reconnaissant et observant Sa Torah, a l'immense mérite de reconnaître Hachem, par leur biais, avant même sa venue au monde, alors qu'il se trouve encore dans le ventre de sa mère.

En effet, tout acte empreint de sainteté accompli par les parents transmet au fœtus une influence positive.
Par exemple, lorsqu'une maman enceinte, allume les bougies de Shabbath, l'âme du fœtus jouit elle aussi de cet éclairage spirituel.
Quand, avant de manger un aliment cashère, elle prononce la bénédiction avec ferveur, elle amplifie la reconnaissance du Créateur de son fœtus.

Par contre, Avraham ne jouit pas d'un tel avantage. Conçu dans une atmosphère d'impureté, entouré par une population d'idolâtres réchaïm, il ne put reconnaître D. que suite à un long travail personnel, à l'âge de 3 ans.

[=> Il en découle de cela l'importance d'être très vigilant aux influences sur notre enfant, avant même sa naissance.
En effet, nous avons tous tendance à tout minimiser/relativiser (c'est bon, ce n'est qu'un bébé!), alors qu'en réalité il absorbe tout,pour le bien comme pour le mal.]

"Avraham aperçut 3 hommes se tenant face à lui. Il aperçut et courut à leur rencontre" (Vayéra 18,1-2)

=> Que vient nous apprendre la répétition du mot : "aperçut"?

-> Selon le rav Chakh, elle vient nous apprendre, que pour accéder au niveau de bonté et de solidarité requis par la Torah, il faut s'efforcer d'apercevoir, de percevoir les besoins de l'autre.

1°/ Il faut regarder une personne afin de lui témoigner de la considération et du respect (ex: en lui adressant un regard bienveillant).
Cela va réveiller en nous des sentiments positifs à son égard, et autrui reçoit notre message : "Je suis regardé par autrui, c'est donc que j'existe, que je suis une personne de valeur."
C'est gratuit, et combien cela peut faire du bien, réchauffer notre prochain.

2°/ Il faut également regarder une personne afin de pouvoir déceler ses véritables besoins du moment (une écoute, de la considération, à manger, ...).
Je regarde autrui car j'ai envie de sortir de mon système de penser, pour venir prendre celui de mon prochain.
Je n'agis pas pour me donner bonne conscience, mais afin d'être utile, d'agir pleinement pour le bien d'autrui.

=> La Torah souligne par 2 fois le mot "aperçut" pour mettre l'accent sur le sens profond de la bonté, trait qu'Avraham a particulièrement développé.

[Contrairement à Rabbénou Bé'hayé, le Maharal (Gour Aryé) est d'avis que Avraham n'était pas au courant que ses visiteurs étaient des anges.
Cependant, il traitait chacun de ses visiteurs comme s'ils étaient importants comme des anges!]

<------------------------------------------------>

-> Le midrach (Béréchit rabba 48,9) justifie cette répétition de "aperçut" à 2 reprises :

"Avraham s'est dit : 'Si je vois la présence divine posée sur eux, je saurai qu'ils sont des hommes importants. Et si je vois (aussi) qu'ils se portent du respect mutuellement, je saurai que ce sont des hommes convenables'.
Lorsqu'il a vu qu'ils se respectaient, il a su qu'ils étaient effectivement des gens bien"

-> Le rav 'Haïm Chmoulevitch (Si'ha 10) fait remarquer qu'un homme peut ainsi être si grand qu'il est entouré par la présence Divine, cependant un doute subsiste si c'est un homme digne, convenable, c'est-à-dire qui honore son prochain.
Par le 1er regard, Avraham fut convaincu que la présence Divine réside parmi eux, mais il ne court à leur rencontre qu'après avoir vérifié, par le 2e regard, qu'ils se portent mutuellement du respect et de la considération.

=> Le rav Chmoulévitch de conclure : Il est plus important d'honorer son prochain que d'attirer la présence Divine sur soi.

Il est intéressant de noter que l'honneur ou le respect se dit : kavod (כבוד), qui provient de l'adjectif : kavèd (lourd - כבד).
En effet, honorer une personne, c'est donner du poids et de la considération à ce qu'il fait et à ce qu'il est.

<--->

[le double emploi de "aperçut" enseigne que nous devons avoir un regard qui se focalise sur le positif d'autrui (même quand cela n'est pas évident), et également que nous devons faire en sorte qu'autrui s'aperçoive qu'il a de l'importance à nos yeux.
=> Lorsque autrui est "lourd" (important) à nos yeux, alors nous le remplissons de respect (kavod), d'estime de lui-même, ce qui est encore plus vital à un bon épanouissement que la nourriture.

Ainsi, Avraham voyait chacun de ses visiteurs comme des anges, et alors la nourriture principale qu'il leur donnait n'était pas celle physique, mais émotionnelle. (de façon indirecte, il leur signifiait : je t'apprécie et tu es quelqu’un de bien, donc agis en fonction de cela, en faisant la volonté du maître du monde!)]

La Prière

+ La Prière (par le Méam Loez) :

Bien que Hachem connaisse les plus intimes pensées et les besoins de chacun, on doit implorer Sa miséricorde et Son soutien. En priant, nous attestons que le monde n'est pas régit par le lois de la nature, mais par D.
[...]

L'aspect essentiel de la prière est d'affirmer [du plus profond de notre être] notre croyance en Hachem, [Seul] Maître de l'univers et [l'Unique] dirigeant de toutes choses.
Il nourrit et soutient la plus petite fourmi, et sans Lui rien ne peut exister dans l'univers [pas même l'espace d'un seul instant!].

Puisque notre foi dépend de la prière, on comprend qu'elle corresponde à une mitsva positive.
Le refus de prier constitue un péché grave, car dans ce cas, on prétend que le monde existe par lui-même, et on encourt alors la punition Divine.
[...]

Un prière récitée avec ferveur est supérieure à tous les sacrifices offerts au Temple.
La prière est comparée au plus délicat des encens, ainsi qu'il est dit : "Que ma prière soit considérée à Tes yeux comme de l'encens, mes mains tendues comme l'offrande du soir" (Téhilim 141,2).

[La Amida, la prière par excellence] a été instituée à l'époque des prophètes.
120 Sages se rassemblèrent et composèrent un rituel liturgique.
Ils connaissaient les mystères de la Torah, et par conséquent chaque mot et chaque lettre de la Amida fait allusion à des secrets insondables.

On prendra donc garde de ne pas omettre un seul mot ...
Si quelqu'un compte des diamants, il le fera lentement et avec précaution pour ne pas en manquer un seul. [à combien plus forte raison pour les mots de la prière qui ont bien plus de valeur.]

[Méam Loez - Vayéra 19,27]

<---------->

-> Le Méam Loez y écrit également :
Bien que la gloire de D. emplisse toute la création, certains endroits sont plus propices à la prière.
Par exemple, la Terre sainte (Israël) est sous la protection Divine, tandis que les autres nations sont dirigées par des anges préposés.
De même, la sainteté d'une synagogue favorise la prière, et y est donc exhaussée.
[...]

Pendant la Amida, on joindra les pieds pour ne former plus qu'un à l'image des anges.
En outre, cette attitude illustre la faiblesse de l'homme. Lorsqu'il prie debout, les mains et les pieds comme liés, incapable de bouger, il ne peut qu'espérer la miséricorde Divine.
[...]

Il est préférable de prier dans un Siddour pour se concentrer sur chaque mot ...

[A défaut,] on fermera les yeux pour réciter la Amida en croisant les mains tel un serviteur devant son maître.
Celui qui dans ce cas, prononce la Amida les yeux ouverts, ne sera pas digne à sa mort de contempler la présence Divine. Il endurera de terribles souffrances lorsqu'il verra l'ange de la mort.

Le Kaddich

+ Le Kaddich (par le Méam Loez) :

"Dans la multitude se trouve la gloire du Roi" (Michlé 14,28)

Nos Sages enseignent que D. éprouve plus de plaisir en entendant la prière en commun (minyan), et la récitation du kaddich, qu'en écoutant les louanges quotidiennes chantées par des millions d'anges.

Ainsi après une étude, quand les juifs répondent au kaddich : "Amen, que Son Nom glorieux soit béni à tout jamais" (yéé chémé raba), Hachem appelle tous les anges et leur dit : "Venez, entendez le merveilleux chant de mon peuple que j'ai créé." (Réchit 'Hokhma - Chaar Aava 7)
[...]

Lorsque les juifs répondent avec ferveur "Amen" (à une bénédiction ou au kaddich), les portes de la miséricorde s'ouvrent dans les cieux, et ils sont amplement récompensés en ce monde et dans celui à venir.
Lors d'une période troublée, une annonce est faite dans les cieux : "Ouvrez les portes et laissez la nation des justes (les juifs) entrer, car ils s'empressent d'écouter le kaddich et de répondre : "Amen". Ils ouvrent [ainsi] les portes et apportent le bien en ce monde, c'est pourquoi ils sont dignes de voir leurs prières acceptées et d'être libérés de leurs malheurs."
[...]

Nous ne connaissons pas le sens véritable du kaddich, car ses mystères sont extrêmement profonds, et dépassent de très loin notre entendement.
Cependant, nous pouvons tirer certaines leçons du nombre de mots de cette prière unique.
Il débute par les 4 mots : "Yitgadal véyitkadach chémé rabba" = ces 4 mots sont similaires aux 4 lettres du Nom Divin (Tétragramme), [et c'est pourquoi nous répondons Amen].

La phrase : "Yéhé Chémé rabba mévara'h léalam léal'mé almaya" est la réponse la plus importe du kaddich
Elle contient 7 mots, et 28 lettres, comme le 1er verset de la Torah : "Au commencement, D. avait créé le ciel et la terre" (Béréchit 1,1), et comme le verset introductif aux 10 Commandements (Yitro 20,1).
[le rav Nathan Scherman dit qu'il y a une allusion à notre conviction que l'Histoire mène à un temps où la Création et son but ne feront qu'un.]

La guémara (Shabbath 119b) enseigne que lorsque l'on répond cette phrase [du kaddich] de tout notre pouvoir (au maximum de notre ferveur), alors cela a le capacité d'annuler un décret néfaste, prévu pour une durée de 70 ans.
En hébreu, "pouvoir" correspond au mot : "koa'h", dont la valeur numérique est de 28. Cela fait allusion à ces 7 mots qui contiennent 28 lettres.
Ce principe nous indique qu'il ne suffit pas de répondre "Amen", mais qu'il faut au moins réciter les 7 mots suivants.
[selon le Avodat Israël, les 7 mots évoquent les 7 cieux (chiv'a réki'im).
Le Gaon de Vilna explique que les "7 cieux" sont 7 niveaux de sainteté qui séparent l'homme de D.
Ainsi, il se peut que cette allusion représente notre espoir que la grandeur de Hachem soit reconnue dans tous les espaces qui Le séparent de nous, afin que Sa sainteté soit apparente même sur terre.
Dans Kohélét (3,2-8), le roi Salomon note 28 "temps" qui représentent toute l'expérience humaine : "Un temps pour naître et un temps pour mourir, un temps pour planter et un temps pour déraciner ce qui était planté, ..."
Selon le rav Nathan Scherman, le thème sous-jacent est qu'à chaque étape de la vie et dans chaque forme d'existence, l'homme doit chercher la façon de tout mettre au service de D.]

[Méam Loez - Vayéra 18,31-32]

<--------------------------------->

-> Le Zohar (Térouma) nous enseigne que :
Le Yéhé Chémé rabba a un pouvoir spirituel énorme, qui surpasse toute autre reconnaissance de la sainteté de D.
Quand on le récite avec concentration et la force nécessaire, il peut détruire les forces mauvaises qui résultent des fautes de l'homme et empêchent la splendeur de D. d'être révélée à Ses enfants.
C'est pourquoi il a été composé en araméen, langue qui n'a pas la sainteté de l'hébreu et peut par conséquent être utilisée par les forces du mal. En exaltant Hachem en araméen, nous apportons la sainteté dans les recoins obscurs de la terre où elle ne pourrait pas pénétrer autrement.

<--->

-> La guémara (Sota 48a-49a) écrit :
[Selon] Rabbi Yéhochoua : Du jour où le Temple a été détruit, il n'y a eu de jour sans malédiction, ni de rosée avec bénédiction, et les fruits ont perdu leur goût [extraordinaire].
Rava dit : Chaque jour qui passe la malédiction empire.
[...]
Par quel mérite le monde va-t-il donc survivre?
Celui de la récitation du kadoch kadoch kadoch (kédoucha dessidra - dans le Ouva létsion) et du Yéhé Chémé rabba [dans le kadich] qui suit une étude publique portant sur la Aggada.

<--------------------------------->

-> Le kaddich est une louange solennelle instituée par les Sages de la Grande Assemblée, après la destruction du 1er Temple.
Le Nom Divin ayant été profané par ces événements douloureux, qui causèrent la ruine de la terre d'Israël et la dispersion du peuple juif aux 4 coins du monde, nous demandons dans le kaddich que Son Nom soit à nouveau élevé et sanctifié. (Choul'han Aroukh 55,1 ; et Kaf ha'Haïm 55,1).

Il a été composé en araméen afin que les anges ne le comprennent pas et ne nous accusent pas. De plus, l'araméen était la langue parlée après la destruction du Temple de Jérusalem et de nombreux fidèles ignorants n'utilisaient plus l'hébreu (en araméen tous pouvaient le comprendre).

Le Zohar (Térouma 129b) dit que le kaddich, qui est formulé en araméen, réduit l'emprise des forces du mal, et l'honneur de Hachem s'élève.
Alors Hachem se souvient de Son nom profané par les non-juifs et de Ses enfants en Galout (exil).

Le kaddich comporte 10 expressions de louanges : Itgadal (grandit), veïtkadach (sanctifié), itbara'h (béni), véïtpaar (glorifié), véïtromam (exalté), véïtnassé (élevé), véïchtaba'h (loué), véïthadar (vénéré), véïtalé (magnifié), véït'halal (célébré), qui sont en allusion aux 10 paroles avec lesquelles Hachem créa le monde (Beit Yossef au nom du Chibolé haLékét).

-> Selon nos Sages (guémara Shabbath 119b) celui qui répond au kaddich de toutes ses forces a un mérite immense qui lui ouvre les portes du Gan Eden. Et même s'il était décrété sur lui 70 ans de souffrances et de mauvais décrets, il peut ainsi les annuler.

Les Richonim (décisionnaires du moyen âge) expliquent que "de toutes ses forces" veut dire avec toute la ferveur (kavana - Rachi) = en pensant que l'on souhaite vivement que le nom de Hachem soit béni et glorifié à tout jamais, et qu'Amalek soit anéanti afin que le Trône céleste et Son grand Nom retrouvent leur unicité.

-> Dans la michna (Dérekh Erets), il est raconté qu'un jour rav 'Houna rencontra Eliyahou haNavi accompagné de milliers de chameaux qui portaient les souffrances et les punitions provenant de la colère et de la fureur de Hachem.
Lorsqu'il le questionna quant aux destinataires de ces souffrances, il lui répondit que c'était ceux qui parlent pendant le kaddich.

-> Celui qui répond "Amen" dans ce monde méritera de le dire également dans le monde futur.
[Séfer 'Hassidim (883)]

<---------->

-> Le midrach rapporte (Dévarim Rabba 2,35) que lorsque Moché monta au ciel pour recevoir la Torah, il entendit les anges dire : "Que le Nom de la gloire de Son royaume soit béni à jamais!"
Il retint ces merveilleux mots d’éloge pour les enseigner aux enfants d’Israël. Toutefois, afin d’éviter d’éveiller la jalousie des anges, ils veillèrent à les prononcer en araméen, langue que les créatures célestes ne comprennent pas (Yéhé Chémé rabba mévara'h léalam léal'mé almaya).
Lorsque nous les disons en hébreu, dans la récitation du Chéma (shéma Israël Hachem Elokénou Hachem é'had), nous les prononçons silencieusement.

<---------->

-> Rabbi Yaakov Abi'hsira (Chaaré Téchouva - 22) dit que l'essentiel lorsqu'on récite un kaddich est la ferveur que l'on a lorsqu'on prononce les mots.
Rav Yé'hezkel Levinstein affirme que lorsque quelqu'un récite un kaddich sans se concentre correctement sur ce qu'il dit, l'âme du défunt lui en veut.

<--->

-> Rabbi Yaakov Abi'hsira (le Abir Yaakov) écrit également (dans son Chaaré Téchouva - 22) :
La valeur du kaddich est d'une grandeur incommensurable ...
En effet, nos Sages ont dit (guémara Shabbath 119b) : Celui qui répond au kaddich de toutes ses forces, on annule tous les décrets pris à son encontre pour les 70 ans à venir.
La raison à cela est que grâce au kaddich, s'adoucit la Katnout, représentant la rigueur de D., Katnout à laquelle s'accrochent les forces du mal.
Par la récitation du kaddich, ces forces du mal perdent leurs forces et de ce fait ne peuvent plus porter d'accusation et empêcher la prière récitée de monter. Ainsi la prière monte directement au ciel et nul ne peut la retarder ou l'empêcher de monter.

Lorsque les Sages enseignent que celui qui récite le kaddich, on annule les mauvais décrets pris à son encontre, de toutes évidence on parle de quelqu'un qui (d'abord) s'est repenti, et là, l'un et l'autre se complètent pour l'annulation des décrets.
En revanche, s'il ne se repent pas et ne regrette pas les différentes fautes qu'il a commises, le kaddich n'y change rien car à quoi sert-il de rentrer dans un bain rituel (mikvé) tout en tenant un reptile dans la main : tant qu'il a le reptile dans la main, le bain rituel ne sert à rien.
[...]

Les mots "kaddich" et "amen" ont la même valeur numérique que : "nédivout lev" (le fait de se préparer émotionnellement [à la fois avec joie et crainte]), pour nous signifier que le principale du Kaddich et du Amen est lorsqu'on se concentre comme il le faut, et c'est cela la Nédivout Lev.
De plus, Amen a pour valeur numérique : Hakavana, pour nous rappeler que la concentration (hakavana) est la valeur centrale du Kaddich.
Amen a la valeur numérique de : Bélev Nadav, pour nous dire que le cœur que l'on met pour le réciter est essentiel.

<--->

-> Rabbi Yéhochoua ben Lévi enseigne que pour celui qui répond : "amen Yé Chémé Raba mévarakh" de toutes ses forces, le Tribunal céleste déchire et annule les décrets promulgués à son encontre.
Rabbi 'Hiya ajoute au nom de Rabbi Yo'hanan que même si un homme est tombé dans d'idolâtrie, cette faute lui sera pardonnée.
Rech Lakich enseigne que tout celui qui répond amen de toutes ses forces verra les portes du Gan Eden s'ouvrir devant lui.
Que signifie amen? Rabbi 'Hanina enseigne qu'il s'agit des acronymes de : "El Mélé'h Nééman" (Roi puissant et digne de confiance - אל מלך נאמן).
[guémara Shabbath 119b]

-> Rachi (Shabbath 119b) explique que l'expression "de toutes ses forces" signifie "avec toute sa kavana".

-> Tossefot apporte quant à lui deux explications : la première suit l'avis de Rachi et la seconde va d'après Rabbi Ichmaël ben Elicha qui soutient que lorsqu'Israël entre dans les synagogues, il doit prononcer : "amen Yé Chémé Raba mévarakh" d'une voix élevée et annule ainsi les mauvais décrets.

-> Le Maran Rabbi Yossef Karo a tranché la loi dans le Choul'han Aroukh : "il faudra avoir la kavana durant la récitation du kadich de répondre en élevant la voix."
[il tranche donc la halakha suivant l'opinion de Rachi, mais également de Tossefot. ]

-> Le Rif apporte une autre explication : "de toutes ses forces" ne signifie pas élever sa voix mais plutôt multiplier la prononciation du mot amen. À chaque fois que l'homme aura une opportunité de répondre amen, il le fera.

-> Le Maharal de Prague (Nétivot Olam - chap.11) explique ce passage de la guémara différemment :
Nous ne pouvons pas expliquer l'expression de nos Sages "de toutes ses forces" par le fait d'élever la voix car si cela avait été le cas, cela aurait été écrit explicitement dans le Talmud. Il en est de même pour l'explication de Rachi. Si les Sages insinuaient qu'il s'agissait de l'intention à avoir lors de la prononciation du mot amen, il aurait été écrit dans le Talmud : "avec toute sa kavana ".
Lorsque les Sages utilisent les termes "de toutes ses forces ". il s'agit de l'élocution qui doit être claire et bien articulée. De plus, lorsqu'il répond au kadich l'homme doit avoir foi de tout son cœur dans le Maître de l'univers.

-> Le Tikouné Zohar (hakdama 13a) explique qu'il faut répondre au kadich avec 7 mots qui sont composés de 28 lettres : יְהֵא שְמֵהּ רַבָא מְבָרַךְ לְעָלַם וּלְעָלְמֵי עָלְמַיָא (Que Son Grand Nom soit béni pour l'éternité dans tous les mondes).
En effet. les 28 lettres qui composent cette louange font allusion au mot force (koa'h - כח) dont la valeur numérique est de 28 et c'est le secret de notre enseignement talmudique : "celui qui répond Yé Chéma Raba Mévarakh ... de toutes ses forces".
C'est-à-dire que l'on doit répondre la totalité des 28 lettres du kadich sans omettre ou avaler une seule lettre.

[ ce passage du Zohar traite de la capacité de Bétsalel à pouvoir unir les lettres avec lesquelles le ciel et la terre furent créés. En effet, le premier verset de la Torah qui traite de la création du ciel et de la terre contient 7 mots composés de 28 lettres tout comme le kadich.
Celles-ci renferment des Noms divins qui ont été dissimulés à cause de l'exil. Ainsi, lorsque nous répondons avec les 28 lettres du kadich, nous soutenons la Chékhina qui est en exil. ]

-> Le Matok miDvach explique au nom de Rabbi Moché Kordovéro que lorsque l'homme répond "amen Yé Chémé Raba mévarakh", il doit se concentrer à éveiller les forces de tous les membres de son corps au point de le faire trembler. En éveillant ainsi la force de la matière, il éveillera par conséquent la force des mondes supérieurs qui n'est autre que sa néchama.

-> Le Matok miDvach apporte également les paroles du כתם פז qui écrit :
"Combien de bonté procurent les juifs qui sont vivants aux réchaïm qui sont morts et qui se trouvent encore au guéhinam! Car le kadich a la propriété d'attirer de l'abondance et de la miséricorde sur les réchaïm, ce qui leur accorde du repos au point même qu'il a la force de les sortir du guéhinam avant même que leurs punitions ne soient terminées."

<--->

-> Le Zohar haKadoch (Térouma p129,2) écrit :
"Viens et observe, cette kédoucha (la récitation du kaddich) n'est pas comme les autres kédouchot, car cette kédoucha défie tout, le ciel et la terre, les recoins de la émouna, elles brisent les portes en métal fermées et les couches du mal, pour que le respect d'Hachem soit au-dessus de tout.
On doit le réciter dans le langage de la Sitra A'hra, soit l'araméen, répondre à haute voix à ce dernier : Amen Yéhé Chémé rabba ... afin que les forces du mal soient brisées et que le respect d'Hachem soit au-delà de tout.
Lorsqu'on les annule avec la kédoucha (le kaddich), D. s'élève à travers l'honneur qui Lui est fait, (et à son tour) Il se souvient de ses enfants, de Son Nom, et c'est la raison pour laquelle on ne peut le réciter qu'avec un minimum de 10 personnes."

<---------->

-> "La récitation du kaddich a le pouvoir de sauver l'âme du défunt de l'enfer ; pas seulement, elle le fait aussi rentrer dans le gan eden tout en s'élevant de niveau en niveau."
[Arizal - Chaar haKavanot - drouch haKaddich]

-> Le fils, à chaque kaddich qu'il récite, délivre son père des mains de ceux qui lui veulent du mal et le fait entrer au gan eden.
[Responsa Tsits Eliézer - part.14,14]

<---------->

-> Tout celui qui répond Amen est considéré comme l'associé de D. dans la Création du monde.
[haKol bo - 7]

-> Il n'y a pas plus grand devant D. que le Amen que répond Israël.
[midrach rabba - Ki Tavo]

-> Il faut s'efforcer de courir pour aller écouter un kaddich.
[Choulkhan Aroukh 56,1]

-> Lorsque le peuple d'Israël en bas prête attention à bien répondre au Amen avec toute la concentration requise, différentes portes de bénédictions s'ouvrent en-haut. Combien alors de bien et de joie se diffusent à travers les mondes.
Le rav Safra a sauté d'un toit pour pouvoir entendre un kaddich et par cela ils ont pu avoir qu'il serait un grand homme.
[d'après le Zohar II 166,1]

-> Le kaddich est un éloge à travers lequel D. est élevé plus qu'à travers tous les autres éloges car il entraîne l'annulation des forces du mal et que l'honneur de D. soit élevé au-delà de tout.
[Zohar II 129b]

-> Le kaddich brise les couches de l'impureté.
[Zohar III 129b]

-> Cela vaut le coup d'être créé et supporter les supplices de Iyov pendant 70 ans ne serait-ce que pour répondre à un seul Amen.
[Téfilat 'Hanna]

-> Le Chla haKadoch (traité Tamid) écrit que ceux d'en-haut et d'en-bas dépendent du mot Amen car il est le socle de tous les mondes.

-> Celui qui répond Amen est plus grand que celui qui récite la prière.
[guémara Béra'hot 53b]

-> Il n'y a pas plus grand devant D. que le Amen qu'Israël répond. Tout celui qui répond Amen dans ce bas monde aura le mérite de répondre Amen aux temps du machia'h.
[midrach Dévarim rabba 7]

-> Celui qui sanctifie le nom de D. en se concentrant comme il faut en répondant Amen avec toute la concentration nécessaire, monte de niveau en niveau dans ce monde ...
Celui qui ne se concentre pas lorsqu'il répond Amen, c'est comme s'il méprisait D.

[Zohar III 285-286]

-> Pour un seul Amen que répondent les réchaïm dans le guéhinam, ils seront sauvés de ce dernier.
[midrach Yalkout Yéchayahou 429]

-> Ceux qui méprisent le fait de répondre au Amen descendent dans un guéhinam s'appelant Avadon et ils n'y remontent jamais.
[Zohar I 285,2]

-> Les ignorants qui ne savent ni lire, ni étudier et qui entrent dans les synagogues et les centres d'étude et répondent à un Amen, même s'ils n'ont que le mérite de ce Amen, cela leur suffit.
[Aggadat Béréchit 79]

-> Le Yaavets (Amoudé Chamayim - p.25a) rapporte un témoigne d'un non-juif romain qui écrit avoir vu de ses propres yeux à Jérusalem, à l'époque du Temple, que depuis la veille de Yom Kippour jusqu'à la fin de celui-ci, le son de la voix des très nombreux juifs était si puissant que lorsqu'ils répondaient Amen, les oiseaux volant au-dessus d'eux s'écrasaient au sol.

<--->

Puisqu'en répondant Amen, on annule des mauvais décrets et on sauve des gens de la mort, il s'avère que leur sang et le sang de leur descendance dépend de toi, celui qui répond au Amen.
Le fait que tu l'as sauvé et lui as permis de vivre, tu as une partie du mérite dans chaque mitsva que ces gens font continuellement jusqu'à la fin des générations
comme les Sages (guémara Sanhédrin 37) ont dit : "Tout celui qui maintient en vie une âme d'Israël, c'est comme s'il maintenait en vie un monde entier".
[Chomer Emounim]

<--->

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed 2,5) s'étonne des gens qui cherchent des Ségoulot, et sont prêts à dépenser de grosses sommes d'argent, chacun selon ses moyens, alors que cet argent se gaspille pour des Ségoulot étrangères qui ne marchent pas et n'amènent pas de délivrance.
Au lieu de perdre ses forces de cette façon, il est bien mieux d'appliquer les Ségoulot que l'on retrouve chez nos Sages.
Il y a une Ségoula extraordinaire à portée de main que l'on peut faire des dizaines de fois par jour et pour laquelle nos Sages disent clairement qu'elle permet d'être pardonné et d'annuler les mauvais décrets : prêter attention à bien répondre au kaddich et à haute voix ; par ceci, il acquiert une muraille le protégeant qui est entouré d'anges-gardiens.

<-------->

+ L'importance du "Amen yéhé chémé raba" :

-> Dans la guémara (Béra'hot 21b), nos Sages disent : Même s'il est investi dans les secrets de la Torah, il s'arrête pour répondre "Amen yéhé chémé raba".

-> Dans la guémara (Béra'hot 57a), ils ont dit : Celui qui répond "Amen yéhé chémé raba" dans son rêve, est sûr de rentrer au gan eden.

-> Dans la guémara (Sota 49a), nos Sages disent : Sur quoi le monde tient-il? Sur la kédoucha de "ouva létsion" et sur "Amen yéhé chémé raba" qui vient après un cours de Aggada.

-> Dans le midrach (Michlé chap.10) enseigne : Lorsqu'un érudit s'assied et enseigne la Torah, D. pardonne à Israël ses fautes ; mais pas seulement, car au moment où ils répondent "Amen yéhé chémé raba", même s'il a été décidé pour eux de mauvais décrets, D. leur pardonne leurs fautes.

-> L'importance de dire "Amen yéhé chémé raba" est si grande que certains sont allés jusqu'à dire de manière sous-entendue qu'elle équivalait (en terme de grandeur) au Don de la Torah et à la Création du monde.
La preuve en est que le nombre de lettre qui composent : "Amen yéhé chémé raba mévarakh lé'alam oul'almé almaya" correspond au nombre de lettres du verset "béréchit bara Elohim ét hachamayim véet haarets", et au nombre de lettres du verset dans la paracha Yitro précédant le Don de la Torah : "Vayédaber Elohim ét kol hadévarim aélé lémor"
[cf. Alénou léChabéa'h - Chémot p.98]

-> Le Séfer ha'Harédim (mitsva téchouva chap.7) écrit que le fait de répondre "Amen yéhé chémé raba" est l'une des choses pour lesquelles D. est prêt à pardonner toutes les fautes.

-> Selon le midrach Konen : l'ange Sandalfon fait des couronnes de "kadoch", de "baroukh kévod" et de "Amen yéhé chémé raba", que répondent les Bné Israël.
Les Sages concluent à partir de cela que celui qui se passe de "Amen yéhé chémé raba" diminue le nombre de couronnes et est passible d'excommunication.

<-------------->

-> b'h, sur le Amen voir également : https://todahm.com/2014/10/23/la-puissance-dun-amen

<---------------------------------->

+ Principe du placement des kadich dans la prière :

-> La prière a été instituée pour la réparation et l'élévation des mondes.
1°/ le début de la prière jusqu’à "Baroukh Chéamar" correspond au Monde de la "Assyia" (l’action),
2°/ puis jusqu’au "Yotsère" on se trouve dans le monde de la "Yétsira" (Formation),
3°/ puis jusqu’à la Amida dans le monde de la "Bria" (Création),
4°/ et enfin la Amida elle-même correspond au monde de la "Atsiloute" (Emanation), qui est le monde spirituel le plus élevé.
5°/ Ensuite, on redescend progressivement, puisque, pendant les jours de la semaine, on ne peut se maintenir que provisoirement à un tel niveau. Ainsi, de “Achré” à “Téfila Lédavid”, on redescend dans le monde de la “Bria”,
6°/ puis jusqu’à "Ene Kadoche KaChem" (Kavé) au monde de la "Yétsira",
7°/ et enfin jusqu’à "Alénou Léchabbéa’h" au monde de la "Assyia".

Le Kaddich a été institué à chaque passage d’un monde à un autre. En effet, cette prière comporte un nombre précis de mots et de lettres ayant une signification kabbalistique spécifique, qui permet que l’ascension des mondes s’opère parfaitement et entièrement.

-> C’est la raison pour laquelle le Kaddich est rédigé en araméen, afin que les forces impures ne s’élèvent pas elles aussi lors de l’ascension des mondes, en s’y accrochant pour y puiser de la vitalité.
Ces forces comprennent l’araméen, et lorsqu’elles entendent les saintes et redoutables louanges contenues dans le Kaddich, elles se soumettent et ne peuvent s’élever.

De plus, grâce â la ferveur avec laquelle nous récitons le Kaddich, les étincelles de sainteté qui sont la source de vitalité de ces forces impures se détachent d’elles et s’élèvent pour se lier avec la Sainteté, ce qui provoque un affaiblissement de ces forces et leur dispersion.
C’est pourquoi le Zohar qualifie le Kaddich comme "brisant des chaînes de fer".
[d'après le Kitsour Choul'han Aroukh du rav Ich Maslia'h ]

Lorsqu'un malade retrouve la santé, c'est un miracle aussi important que celui que connurent 'Hanania, Michaël et Azaria en échappant à la fournaise ardente.

Le feu terrestre peut être éteint, mais la maladie provient d'un feu céleste que l'homme ne peut éteindre.
C'est pourquoi on doit louer D. lors d'une guérison.

[Méam Loez - Vayéra 18,1]

[lorsque nous guérissons nous avons tendance à trouver cela naturel (j'ai pris un médicament, je me suis reposé, alors c'est normal!).
En réalité, nous devrions être fou de joie, comme si on nous avait jeté dans une énorme fournaise ardente (mort assurée!), et que nous en sortions sans aucun dommage.
Ceci est un exemple de notre manque de reconnaissance envers Hachem, préférant normaliser les choses plutôt que de Lui être redevable!]

-> "On ne détourne pas les jeunes enfants de l'étude [de la Torah], même pour construire le Temple"
[guémara Shabbath 119b]

-> "Tous doivent participer à la construction [du Temple] et y participer en personne, hommes et femmes ... mais l'étude des jeunes enfants ne saurait pour autant être annulée."
[Rambam - Hilkhot Beth haBé'hira 1,12]

<--->

-> "Le monde ne subsiste que par le souffle des jeunes enfants étudiant la Torah, car ce souffle pur ne peut être comparé à celui, entaché par la faute, [d'un adulte]."
[guémara Shabbath 119b]

[le rabbi David 'Hanania Pinto commente que puisqu'ils n'ont jamais goûté à la faute, c'est pourquoi rien ne les sépare du Créateur.
Pour la même raison, leur prière a le pouvoir d'enfoncer les portes du Ciel, y compris les plus hermétiques, car leur souffle pur trouve toujours grâce devant Hachem.]

<--->

[ Tout cela nous donne un regard nouveau sur nos enfants. En apparence, on pourrait se dire : quelle est la valeur de leur étude, de leur prière, ... ils arrivent à peine à bien les dire (et encore avec des fautes!), ils connaissent tellement rien, ...
Certes ils constituent le futur, le maillon à venir du peuple juif, mais maintenant que valent-ils vraiment!
Mais en réalité, ils sont extrêmement précieux et aimés de Hachem.
=> Alors, tâchons de suivre l'exemple de D., du émet, et de les observer davantage à leur juste valeur! ]