Aux délices de la Torah

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"Nous devons éduquer nos enfants et nous-mêmes à la fierté juive, nous efforcer d'adopter un maintien droit, marque de notre spiritualité, et ressentir la grandeur et le mérite que nous avons de garder la Torah."

[rav Yossef Tsvi Diner]

Hachem dit à Noa'h dans la paracha du même nom : "Le terme de toutes les créatures est arrivé à Mes yeux, parce que la terre, à cause d’elles, est remplie d’iniquité ; Je vais les détruire avec la terre." (Noa'h 6,13)

-> Rachi explique : La décision finale de leur anéantissement ne fut arrêtée qu’à cause du vol.

La génération du déluge commit plusieurs graves fautes. [la guémara (Sanhédrin 108a) affirme : "la génération du déluge a transgressé toutes les fautes qu'il y a dans le monde".]
Pourtant Rachi écrit que le décret ne fut édicté qu’à cause du vol. Pourquoi cela?

Le Maharal (Gour Arié - Noa'h 6,13) explique qu’à partir du moment où l’on n’a plus la possibilité de faire téchouva (se repentir), le décret ne peut plus être annulé ou modifié.
Toute faute peut être expiée, mais le vol est pratiquement irréparable quand il s’agit de dérober quelque chose qui appartient à tout le monde (guézel derabim) parce qu’il est trop difficile d’identifier les victimes et de leur rendre ce qui leur a été pris.
À l’époque du Déluge, la Torah affirme que "le vol avait empli le monde entier", ce qui signifie, selon le Maharal, que tout le monde escroquait tout le monde. Ce qui fait la gravité du vol est donc l’impossibilité de s’en repentir, et c’est ce qui a décidé du sort de cette génération.

On peut même dire que leur vol les empêchait de faire techouva.
Le midrach (Beréchit rabba 31,5) met l’accent sur une particularité de leurs actes : ils ne dérobaient que des objets ou des quantités qui valaient moins d’une prouta (la plus petite somme d’argent du temps de ‘Hazal, soit quelques centimes actuels), et ce délibérément.
Ceci, parce que légalement, on n’est puni que pour un objet coûtant plus d’une prouta.
Le Kli Yakar (Noa'h 6,13) explique que puisqu’ils étaient exempts de sanction, ils se croyaient innocents et parfois, ils s’estimaient même vertueux!

Le fait qu’ils ne pensaient pas faire quelque chose de mal rendait leur téchouva quasi impossible : les fautes que les gens justifient et considèrent comme permises sont les plus difficiles à corriger, pour la simple raison qu’ils ne penseront jamais qu’un repentir est nécessaire !
Le fait de justifier le vol et de penser qu’il est autorisé est très courant, même de nos jours. La guémara (Baba batra 165a) affirme que la plupart des gens en sont touchés d’une certaine façon.
Le Rachbam explique que les gens s’autorisent certaines choses dans des domaines tels que le business.

Ainsi, même les gens qui s’efforcent de respecter la Torah risquent de trébucher dans ce domaine, parce qu’ils ne réalisent même pas que c’est interdit. La raison est rapportée dans la guémara (Makot 23b) qui précise que l’immoralité et le vol sont les 2 fautes que les hommes sont le plus enclins à transgresser.
Les penchants d’un individu pour l’argent l’empêchent donc d’effectuer une analyse sincère et de vérifier si ses actions ne sont pas prohibées par la Torah.

Rav Israël Salanter mit grandement l’accent sur la nécessité d’être aussi vigilant sur le vol que sur les autres interdits. Dans Iguéreth HaMoussar (p.195), il note combien les gens font attention aux lois de la cacherout, mais pas du tout aux affaires d’argent. Il montre à quel point c’est illogique, puisque les mitsvot liées au vol sont jugées aussi sévèrement que celles de la cacherout.

=> La première étape pour s’améliorer dans ce domaine est tout simplement de réaliser que notre comportement en ce qui concerne l’argent, comme tout le reste, est basé sur des halakhot et qu’il faut donc clarifier avec un rav les actions permises et celles qui ne le sont pas. Ensuite, comme le prescrit rav Wolbe, il convient de consacrer du temps à l’étude de ces lois, au moins au niveau le plus basique.

[d'après d'un divré Torah du rav Yéhonathan Guefen]

La Chemita

"Mais la 7e année, un repos complet sera accordé à la terre (d'Israël), un Shabbath en l'honneur de Hachem. Tu n'ensemenceras pas ton champ et tu ne tailleras pas ta vigne." (Béhar 25,4)

-> "Rabbi Its'hak le forgeron dit : Ce verset fait référence aux hommes qui respectent la Chemita.
Généralement, un homme et prêt à se sacrifier pour une mitsva pendant une journée, une semaine voire un mois.
Mais qui tenir une année entière?
Or ces hommes voient leurs champs en friche, leurs vignes abandonnées, et restent impassibles.
Existe-t-il des héros plus puissants qu'eux?"
[midrach Yalkout Chimoni 103 ; et également midrach Vayikra rabba 1,1]

-> "Grâce à cette année de Chemita, tous les regards se tourneront continuellement vers Hachem en qui tous croiront, à l'instar de la génération du désert qui se nourrissait de la manne, quotidiennement.
Ceci explique pourquoi le non-respect de la Chemita provoque précisément l'exil : le manque de confiance en D., que révèle cette faute déclenche fatalement l'expulsion de la terre
[...]

La terre elle-même se montrera très scrupuleuse à cet égard, car elle aspire à ce que la émouna des hommes se renforce par son intermédiaire."
[Kli Yakar]

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-> "Par la faute de la non-observance de la chemita, les juifs sont exilés de leur terre, le Temple est détruit, et le pays devient un désert" [midrach Tan'houma Béhar 1]
La guémara (Shabbat 33a) affirme qu’à cause du péché de la chemita, l’exil vient sur le monde.
De même, Rachi (Béhar 25,18) rapporte les Pirké Avot (5,9) : "L’exil survient dans le monde à cause de l’idolâtrie, des relations incestueuses et du meurtre, et pour le non respect du repos de la terre lors de l’Année sabbatique (chemitat aarets)".
Rachi ajoute ensuite : "Les 70 ans de l’exil de Babylone correspondent aux 70 chemitot dont l’observance a été négligée".
Rabbi David Pinto commente : "Il semble donc que la mitsva de chemita soit si grave qu’elle provoque l’exil des bnei Israël de leur pays, et qu’elle soit aussi sérieuse que les 3 fautes les plus graves de la Torah (idolâtrie, inceste, meurtre)."

-> Selon la Tossefta (Bikourim), ceux qui font du commerce avec les produits de chemita ne voient jamais aucun signe de bénédiction.

-> Les Sages (guémara Sota 40) disent : "Voyez combien est grave une faute légère concernant la 7e année, quelqu’un fait du commerce avec les fruits de la 7e année, et il finit par vendre ses meubles et tout ce qu’il possède"

-> Mais ceux qui observent la mitsva de chemita, les Sages les appellent "des héros qui accomplissent Ma parole" (cf. ci-dessus).

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°573) enseigne :
"L’importance de la mitsva de chemita est considérable car elle pèse autant que toutes les autres mitsvot, et comporte en elle ce qui concerne les rapports des hommes entre eux et ce qui concerne les rapports entre l’homme et D.
C’est pourquoi le mont Sinaï est évoqué à propos de cette mitsva.

De façon allusive, le mot "chemita" a la même valeur numérique que "cinquante" (portes de la pureté) et le Nom Cha-daï. Pour nous dire que Hachem dit "assez" (daï) aux ennuis de l’homme qui observe la chemita sans craindre de ne pas avoir de quoi vivre, Il protège les portes de sa maison, et cet homme atteindra jusqu’au niveau des cinquante portes de la sainteté.
En effet, celui qui pratique la charité fait vivre le monde, et il est l’associé de D., qui a dit "assez" (daï) à son monde (Zohar III 251b). Il sera protégé du danger de tomber dans les cinquante portes de l’impureté, et s’élèvera dans les degrés de la sainteté."

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°521) rapporte :
"Les Sages (guémara Kidouchin 20a) ont dit : Voyez la gravité de la moindre petite faute concernant la septième année. Quelqu’un qui fait commerce des fruits de la septième année finit par être obligé de vendre ses meubles, s’il ne comprend pas la leçon il finira par vendre ses champs, en fin de compte sa maison et même sa fille, il sera dans une telle pauvreté qu’il empruntera à intérêt, et il finira par se vendre lui-même à l’idolâtrie."

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-> Nos Sages (guémara Shabbat 33a) enseignent que la faute de ne pas tenir compte de la Chemita est une raison d'être envoyé en exil.
Le Yaarot Dvach dit qu'il s'ensuit donc que pour mériter la guéoula, nous devons corriger cela (par l'accomplissement de la Chemita).

-> Nos Sages affirment que la sortie de la 7e année (motsaé chévi'i) est un moment propice à la venue du machia'h.
[nos Sages (Sanhédrin 97a) enseigne : "dans la 7e année (Chemita), il y aura des guerres, et à la fin de la Chémita (motsaé Chemita), le machia'h viendra.]

Le 'Hafets 'Haïm explique que cela signifie qu'il existe alors (à motsaé chévi'i) un éveil au Ciel qui nous permet de gagner plus facilement la guéoula.
Le 'Hazon Ich explique ces paroles de nos Sages, comme quoi le fait d'être vigilant avec la Chemita est un mérite par lequel nous pouvons mériter la guéoula.
Le rav 'Haïm Kanievsky (askama Séfer Or'hot chévi'it) ajoute que même si l'on ne possède pas de champ, si on apprend des halakhot (liées à la Chemita), cela est considéré comme si l'on avait gardé la Chémita avec un champ. Ainsi, simplement par le fait d'apprendre ces halakhot, nous pouvons mériter la guéoula à la sortie de la 7e année.

-> Nos Sages (Sanhédrin 97a) disent également : "dans la 6e année, il y aura des voix".
Rachi précise : "voix" (c'est-à-dire messages) que le machia'h arrive.
Le 'Hatam Sofer dit qu'il y a un sens plus profond à ces voix = il s'agit de la "voix de la Torah" qui doit être renforcée la 6e année.
Et le 'Hatam Sofer de poursuivre : "Lorsqu'il est dit : "dans la 7e année il y aura des guerres", il est fait allusion à l'appel pour la guéoula dans la 7e bénédiction de la Amida. Il y aura des guerres pendant la Chemita (7e année) et ces guerres seront le début du processus de la guéoula, et elles doivent nous amener à prier pour la guéoula (spécialement dans la 7e bénédiction de la Amida)."

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=> Pour quelle raison la Chemita est-elle différente des autres mitsvot de la Torah au point que sa non-observance est punie par l’Exil?

On peut rapporter les 2 réponses suivantes :
1°/ Le Commandement de la Chemita vient nous enseigner que D. est le Maître du Monde, auquel appartient le Terre et tout ce qu’elle renferme. Si un homme accomplit la Volonté de D., Il lui donne sa terre pour 6 années supplémentaires, et ainsi de suite. Mais s’il n’accomplit pas la Volonté de D. et ne respecte pas la Chemita, cela montre qu’il se considère comme le propriétaire de la terre. Dans ce cas, il n’y a pas d’autre solution que de l’exiler afin qu’il se rende compte que la terre ne lui appartient pas. [Ma’hachava léTova]

2°/ Le ‘Hatam Sofer (sur Pirké Avot) rapporte l’enseignement de la guémara (Bérakhot 35a) : "Celui qui tire profit de ce monde sans bénédiction, c’est comme s’il jouissait des objets consacrés aux cieux ... [en effet], il est écrit : ’La terre et tout ce qu’elle contient appartient à Hachem’ (Téhilim 24,1), et il est écrit ailleurs : ‘Les cieux sont à Hachem et la terre, Il l’a livrée à l’humanité’ (Téhilim 115,16).
Ce n’est pas difficile [malgré la contradiction apparente]. Ici (le verset qui dit que la terre est à D.) se réfère à la situation avant qu’une bénédiction ne soit récitée".
Ainsi, explique le ‘Hatam Sofer, Hachem a béni les 6 premières années pour qu’on puisse Lui consacrer la 7e sans difficulté à se nourrir. C’est pourquoi, si nous ne respectons pas la Chemita, nous sommes comparés à des voleurs qui plus est, profitent de choses sacrées. Ainsi, la seule manière de rétablir le repos consacré de la terre et d’y restituer la part volée, est d’être expulsé de ce lieu de sainteté.

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-> Hachem déclare : "Je vous ai dit de planter pendant 6 ans puis de vous en abstenir un an pour Moi afin que vous sachiez que la terre M'appartient" (Torat Cohanim - Bé'houkotaï)

-> La racine de la mitsva de la chemita est d'établir en notre cœur et de graver dans notre esprit que le monde est constamment renouveler par Hachem.
Nous devons laisser la terre en jachère afin de se rappeler que le produit de la terre n'est pas le résultat de nos efforts, mais uniquement parce que Hachem souhaite que la terre produise.
En s'abstenant de travailler les champs la 7e année, nous reconnaissons [rétroactivement] que les 6 années de production l'ont été que grâce à Hachem.
Réaliser cette mitsva augmente notre bita'hon en D.
[Séfer ha'Hinoukh - mitsva 69]

-> Par la suite, le Séfer ha'Hinoukh (Mitsva 84) nous enseigne de même que :
"le fondement de cette mitsva [de la Chemita] est d’ancrer dans nos coeurs et de concrétiser dans la pensée que le monde a été créé ... c’est pourquoi, Hachem ordonna de laisser à l’abandon tout le produit agricole durant cette année, outre le repos de tout travail imposé à la terre, afin que l’homme se souvienne que cette terre qui lui donne des fruits chaque année, ne les lui donne pas de sa propre force ni grâce à ses aptitudes.
Car un Maître la domine, elle et son propriétaire, et lorsqu’Il [Hachem] le désire, Il lui ordonne de la laisser à l’abandon".
[Lorsque quelqu'un laisse sa terre en jachères durant toute l’année de la Chemita, et que le Créateur continue à lui envoyer malgré tout Sa bénédiction afin qu’il ne perde rien de sa subsistance, il prend concrètement conscience de la réalité : toute germe ne pousse et ne grandit que le biais d'un décret Divin, et non que grâce à nos efforts comme on s'en persuade naturellement.
En effet, on ne travaille la terre que pour accomplir l'ordre Divin d'Hichtadlout (effort personnel de l'homme), et on doit être persuadé que la source de toute vie provient que de Hachem, et que c'est "la bénédiction d'Hachem qui enrichit" (Michlé 1,22). (on aura beau faire pleins d'efforts au-delà de ceux nécessaires pour notre hichtadlout, on n'aura rien de plus que ce qui a pu être décrété par Hachem).]

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-> Dans tout le livre de Vayikra, la paracha Béhar est la seule qui n'aborde pas les Korbanot.
Cela nous enseigne que la chemita accomplit la même chose que les Korbanot.
Lorsque l'on amène un Korban, nous devons témoigner que nous ne sommes rien comparés au Maître du monde.
De même, en adhérant aux lois de la chemita, nous démontrons que nous n'avons aucun pouvoir dans ce monde, que toute force n'appartient qu'au Maître du monde.
[Béér Moché]

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-> Dans la paracha Béhar, la mitsva de la chemita est suivie de celle de la tsédaka (25,17). Pourquoi cela?

La Torah nous met en garde contre une mauvaise expression de notre bita'hon.
Face à une personne nécessiteuse, nous ne devons pas se dire : à quoi ça sert que je lui donne, que je m'inquiète pour lui, puisque Hachem est à l'origine de la subsistance, alors il s'en occupera!

L'approche correcte est qu'il faut :
- témoigner de la émouna pour soi-même ;
- aider autrui sans que notre émouna diminue notre donation.

=> La chemita témoigne de notre conscience que tout vient de Hachem, mais cela ne doit pas en venir à affecter négativement notre prochain.
[Kéhilat Its'hak]

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-> "La menace de la faim, réelle ou prétendue, fait oublier tous les principes et réduit les meilleurs engagements.
Aussi longtemps que l'homme n'est pas libéré de l'angoisse que provoque en lui le souci de la subsistance, il n'y a point de place pour la réalisation intégrale de la loi Divine.

Cependant, la délivrance de cette obsession n'est possible que grâce à la prise de conscience que le souci de la subsistance, premier de tous nos soucis, ne repose pas seulement, et pas en premier, sur nos épaules.
Il incombe à l'homme, dans ce domaine, comme en bien d'autres, de faire son devoir, tout en confiant la réussite à la constante attention affectueuse du Créateur.
[...]

En laissant nos champs en friche durant toute une année et en rendant leur accès libre à tout un chacun, nous montrons que ce monde n'est qu'un passage conduisant au monde de vérité et que l'existence ne prend un caractère authentique que lorsqu'on cesse de concentrer nos efforts sur la quête des biens matériels et qu'on s'efforce de s'élever dans le domaine de l'esprit."
[rav Elie Munk]

Le rav Munk enseigne également : "Lorsqu'arrive Shabbath, il (le juif) se sépare de tous ses pouvoirs et les dépose humblement aux pieds du Créateur."

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-> "Avant que l'homme aille évaluer ses récoltes, qu'il prononce la prière suivante : "Que ce soit Ta volonté, Hachem notre D., que la bénédiction repose sur les œuvres de nos mains"."
[guémara Baba Métsia 42a]

[La bénédiction de D. ne transgresse aucune règle naturelle, et c'est au travers l'action humaine qu'elle agit, le risque est donc de s'approprier les résultats, oubliant son origine Divine.]

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-> "Le Shabbat (repos, jachère) de la terre sera pour vous de quoi manger" (Béhar 25,6)

Ce verset dit que l'année de Chemita (jachère), les produits de la terre sont destinés à être mangés par tous. Mais, n'aurait-il pas été plus juste de dire : "Le Shabbat de la terre, la récolte sera pour vous de quoi manger"? En effet, c'est la récolte que nous consommons et pas le Shabbath!

En fait, une raison essentielle de cette mitsva de laisser la terre et de ne pas la travailler la septième année (la Chemita) est d'encrer dans les cœurs qu'en réalité la terre ne nous appartient pas. Elle est la propriété d'Hachem. Et nous le montrons en la délaissant lors de la Chemita, attestant par là qu'elle n'est pas à nous et qu'on ne peut en disposer comme on le souhaite.
On exprime ainsi notre foi que la terre appartient à Hachem. Or, nos Sages enseignent que l'essentiel de la bénédiction Divine provient de la foi pure en Hachem Qui est le Seul Qui nous permet de combler nos besoins.
Ni notre force ni notre intelligence ne nous nourrissent, mais c'est Lui Seul !
Cette confiance en Lui permet d'attirer le flux de bénédiction.

=> Ainsi, c'est bien "le Shabbat de la terre", signe de la foi en Hachem, qui "sera pour vous de quoi manger" = la bénédiction dans la nourriture émane de cette mitsva qui renforce notre foi.
[Chaaré Sim'ha]

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-> Selon le Sforno donne 2 éventualités :

1°/ Si nous avons une émouna totale/parfaite alors :
"les fruits auront de grandes qualités nutritives, comme ce fut le cas avec la manne, dont la mesure d'un omer suffisait autant à l'adulte qu'à l'enfant, comme le disent nos Sages : "On mangeait peu et la bénédiction se manifestait dans les entrailles".
Ainsi, les fruits de la 6e année suffiront également pour la 7e."

=> Le rav Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou) explique que le fait d'avoir une confiance totale en Hachem nous permet de bénéficier d'une bénédiction en qualité, qui se manifestera dans l'organisme, qui sera rassasié avec une petite quantité d'aliments.
Cela signifie que la 6e année ne nécessite pas de travail supplémentaire par rapport à une autre année, et pour le travail normal d'une année, on pourra avoir à manger pendant la 6e, la 7e, et la 1ere année du cycle suivant où l'on ensemence la terre.
[c'est recevoir du 3 pour le prix d'un!]

2°/ "Et si vous dites : Qu'aurons-nous à manger? Si vous êtes en proie au doute et n'avez pas la conviction qu'une faible quantité peut suffire à vous nourrir grâce aux qualités exceptionnelles des fruits, alors : "la 6e année produira la récolte de 3 années", de sorte que l’œil soit rassasié et que vous voyiez suffisamment de récolte."

=> Le rav Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou) explique que dans la mesure où la foi est quelque peu défaillante, la bénédiction se manifeste différemment. Elle ne s'applique plus à la qualité des fruits, mais à leur quantité.
Au cours de la 6e année, on aura suffisamment de nourritures pour 3 années, mais cela implique d'avoir dû investir 3 fois plus d'efforts pour récolter, rassembler et engranger une telle quantité.

==> Le rav Eliyahou Lopian enseigne que cela ne s'applique pas seulement pendant l'année de la Chémita : chaque jour , Hachem agit envers chaque individu mesure pour mesure, conformément à son niveau de confiance.

Il est écrit : "Hachem est à ta droite comme ton ombre" (Téhilim 121). De même que si nous bougeons alors notre ombre va également bouger, de même plus nous témoignons d'une émouna importante, le plus la bénédiction de Hachem sera importante.
En fonction du degré de confiance que l'homme accorde à D., D. lui sera en retour, mesure pour mesure, source de tous les espoirs.

[à l'image de la Chemita, où sans effort supplémentaire, une même quantité de nourriture devenait suffisante pour une longue période.]

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-> L'Alter de Novardok parle du cas où une personne par manque de émouna va se restreindre pendant les 6 premières années en mangeant moins, pour mettre de côté pour la période de la chemita.

Bien qu'elle puisse respecter à la lettre la loi juive, une telle personne passe à côté de l'objectif principal de la mitsva de la chemita (l'état d'esprit). En effet, il s'agit de renforcer notre confiance/dépendance à ne compter que sur Hachem pour notre subsistance, et non à notre intelligence d'arriver à contourner le système.

[on en vient à penser : D. je respecte tes mitsvot et si tu veux m'aider tant mieux, mais sinon ce n'est pas si grave car j'arriverai à me débrouiller tout seul en faisant ... et ...! Je ne suis totalement dépendant de personne, pas même de Toi!]

L'agriculteur qui investit tellement de temps et d'efforts pour produire une récolte, a tendance à s'attribuer le résultat au détriment de Hachem. C'est pourquoi, pendant les 6 années il devait manger pleinement et vivre "comme" s'il n'y avait pas de chemita, et par là il témoignait de sa confiance totale en D. [s'il nous l'a demandé, c'est qu'il gérera => pas de soucis!]

-> Au-delà de faire les mitsvot, il est important d'avoir l'état d'esprit qui va avec : la joie, la confiance totale, la gratitude, ...

Nous ne devons pas accomplir notre vie juive, comme une succession de restrictions (ne pas manger la 7e année, ne pas travailler le Shabbath, ...), mais plutôt comme une succession de sublimes conseils de vie permettant de nous élever spirituellement, d'occasions de faire la volonté de notre papa Hachem et de nous rapprocher toujours davantage de Lui.

De plus, durant leur vie, de nombreuses personnes vont se priver d'une vie spirituelle, prétextant qu'il faut d'abord travailler, d'abord mettre de côté pour pouvoir plus tard s'y consacrer pleinement.
Mais plutôt, une fois que nous avons fait notre hichtaldout nécessaire, alors sachons faire totalement confiance à Hachem dans la gestion de notre vie. Pendant ce temps, réalisons Sa volonté.

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-> Rabbi Zoucha d’Anipoli explique que celui qui a une confiance simple en Hachem et ne pose aucune question, sera automatiquement béni. En effet, la foi en Hachem constitue un canal pour que le Flux Divin de bénédiction puisse s’épancher. Comme le dit le verset : "Béni soit l’homme qui place sa confiance en Hachem".

=> La foi relie l’homme à Hachem au point de lui permettre d’attirer vers lui Ses Bienfaits.

Cependant, celui qui doute et se questionne pour savoir ce qu’il va manger, alors ce doute brise ce canal et empêche la bénédiction de venir.
Ainsi, Hachem prévoit que si quelqu’un se pose la question, alors : "J’ordonnerai Ma Bénédiction". En effet, puisque le canal naturel de bénédiction constituée par la émouna (confiance) a été rompu par le doute, Hachem a besoin à présent "d’ordonner Sa bénédiction", c’est-à-dire d’obliger et de “forcer” Sa Bénédiction de venir pour cet homme, pour que malgré tout il puisse avoir de quoi vivre suite au respect de la Chemita.
Ce ne sera plus la bénédiction naturelle qui viendra, mais un nouveau type de bénédiction de “rattrapage” qu’Hachem aura besoin de créer spécialement pour cette personne.
Sans émouna, il ne peut y avoir de réelle bénédiction. Hachem doit alors provoquer le Flux Divin pour lui.

[cf. verset : "Et si tu dis : “Que mangerons-nous…, voilà nous ne sèmerons pas et n’engrangerons pas notre récolte ?” J’ordonnerai alors ma bénédiction pour vous la 6e année et elle produira de la récolte pour 3 ans !"]

Ainsi, chez celui qui s’inquiète et commence à avoir des doutes, qui a du mal à placer sa confiance sur ce qu’il ne voit pas et ne comprend pas. Alors Hachem lui donnera une bénédiction d’une gamme inférieure, une bénédiction selon son niveau et selon ses doutes, à savoir une bénédiction quantitative (et non qualitative).

La production de la 6e année produira de la récolte pour 3 ans. Lui qui a besoin de voir pour être rassuré, Hachem lui donnera de quoi voir et il bénéficiera de cette bénédiction quantitative, à savoir tangible et visible.
Cette bénédiction est aussi d’un niveau inférieur à la bénédiction qualitative car qui dit grande production, dit nécessité de tout engranger, de tout conserver ... et cela crée plus de soucis, d'efforts.

C'est à l’opposée de celui qui a confiance en Hachem, qui aura une bénédiction à son niveau. Il place sa confiance même s’il ne voit pas, c’est ainsi que la bénédiction qu’il recevra ne sera pas visible. C’est la qualité profonde et cachée de la récolte qui grandira. Cette bénédiction est hautement mieux.

=> Comme vu précédemment (rav Eliyahou Lopian), nous avons au quotidien chacun la possibilité de recevoir les bénédictions Divines soit qualitativement, soit quantitativement, et ce en fonction de la émouna que nous témoignerons à D.

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-> On vient de voir que Rabbi Zoucha d’Anipoli transmet l'idée que :
L'abondance descend du Ciel sans arrêt, en période de Chemita ou non. Il ne manque jamais rien dans la parnassa que Hachem a prévue pour le monde puisqu'Il n'est que bonté. Si l'homme est intelligent, il comprend cela, croit en son Créateur, et sa parnassa continue à lui être offerte avec abondance, malgré les changements opérés lors de l'année de Chemita.

Mais, si l'homme descend de ce degré spirituel et qu'il n'a que peu de émouna, il commence à s'inquiéter et pose la question : "Que mangerons-nous?", qui exprime exactement l'inverse du bita'hon.
Cette défaillance de bita'hon engendre l'arrêt de l'abondance et les tuyaux de bénédiction se bouchent.

-> Dans le Sifté tsadikim, il explique cela :
Lorsque l'homme dit "que mangerons-nous?" (Béhar 25,20), l'inquiétude rentre dans son cœur et sa émouna diminue, jusqu'à ce que le tuyau de l'abondance se trouve bouché.
Quand l'homme se renforce, il faut alors prescrire, à nouveau, l'abondance via le nouvel ordre de "Je vous enverrai Ma bénédiction" (Béhar 25,21).

Le rav Yaakov Israël Pozen ajoute : L'homme, qui a un regard juste, a confiance que "la terre donne ses fruits" (וְנָתְנָה הָאָרֶץ - Béhar 25,19), c'est-à-dire que la terre d'En haut est fertile et productive, et "qu'elle donne" toujours, au présent, l'abondance dans ce monde, par ordre Divin depuis la Création.
Cet homme mène une vie paisible, sans aucune inquiétude, même durant la Chemita.

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-> "Si vous dites : que mangerons-nous la 7e année, puisque nous ne sèmerons pas et ne récolterons pas?" (Béhar 25,20)

Le Méor Enayim pose la question suivante : C’est lorsque nous demanderons "que mangerons-nous" que Hachem donnera Sa bénédiction "la récolte suffira pour 3 ans", mais si on ne le demande pas, n’ordonnera-t-Il pas Sa bénédiction?

Il répond que le verset dit : si vous n’avez pas confiance en Hachem, ce qui vous pousse à demander "que mangerons-nous", alors J’ordonnerai Ma bénédiction pour 3 ans seulement, mais si vous avez confiance en Mon salut, alors il n’y aura pas de limite à Ma bénédiction, et c’est le silence qui convient.

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-> Le 'Hazon Ich (Cheviit 18,4) explique que la Torah ne garantit pas que chacun jouira d'une grande prospérité et d'une nourriture abondante malgré les restrictions de la Chemita.
Elle promet seulement à Israël que, contrairement à la nature apparente des choses, le repos de la terre ne provoquera pas forcément un manque de nourriture : il y aura une bénédiction générale pour ceux qui observent ces lois.

Cependant, comme c'est toujours le cas, les fautes de certains peuvent annuler la bénédiction et des particuliers souffriront peut-être à cause des actes de leurs prochains.

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-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 130) rapporte :
- Pour les jours : le 7e jour est observé comme le Shabbath ;
- Pour les semaines : 7 semaines sont comptées avant la fête du don de la Torah ;
- Pour les mois : le 7e mois de l'année juive est Tichri, qui est majoritairement sanctifié par des Yamim Tovim, d'une nature si élevée.
- Pour les années : la Chémita est la 7e année.
- Les cycles Shabbathiques : le Yovèl est l'aboutissement de 7 cycles de 7 années.

-> Nos Sages enseignent :
- "D. a créé les jours et s'en est réservé un ... c'est le jour du Shabbath.
- Il a créé les années et s'en est réservé une ... c'est l'année de la Chemita.
- Il a créé des terres et s'en est réservé une ... c'est la terre d'Israël.
- Il a créé 70 nations et s'en est réservé une ... c'est le peuple d'Israël.
- Il a créé 12 tribus et Il s'en est réservé une ... la tribu de Lévi."

-> Les 7 années de la Chemita dans un cycle de 50 ans, conclu par l’année du Yovel, rappellent les 7 semaines du compte du Omer, depuis la Sortie d’Egypte, conclu par le jour du Don de la Thora, au Mont Sinaï, le 50e jour.
[Kli Yakar]

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-> "Tu compteras chez toi 7 années sabbatiques, 7 fois 7 années, de sorte que la période de ces 7 années sabbatiques te fera 49 ans" (Behar 25,8).

La Maguid de Doubno dit : Il y avait une fois un avare qui s’enorgueillissait d’avoir un grand trésor, des sacs de pièces d’argent. On lui dit : Au lieu de sacs d’argent, tu as en réalité 2 billets de 100 roubles en tout et pour tout.
Ainsi, l’homme se vante et dit : Je vis 365 jours par an!
On lui dit : Compte tes jours en années, et si cela te semble beaucoup, compte tes années en chemitot, ainsi qu’il est écrit : "Tu compteras chez toi sept années sabbatiques, sept fois sept années", et c’est en tout et pour tout un seul jubilé.
Combien l’homme vit-il? En tout un jubilé ou un jubilé et demi.

-> Pendant la chemita, on doit se conduire avec modestie, humilité, s’abaisser devant tout le monde, car tout un chacun est tout autant le maître que lui (la terre était libérée), et peut-être plus que lui.

[combien de chemita, nous reste-t-il encore durant notre vie? En effet, à notre mort nous laisserons derrière nous tout bien matériel. Cela doit nous booster à utiliser notre temps au mieux, avec un meilleur regard sur la vie (investir dans l'éternel et non l'éphémère, même si c'est un peu plus fatiguant sur le moment!).]

-> On raconte que 2 plaignants se sont présentés à rabbi ‘Haïm de Volozhin, en disant que chacun d’eux était propriétaire d’un certain terrain, et en amenant des documents et des témoins en preuve de leur bon droit.
Rabbi ‘Haïm s’inclina vers la terre et tendit l’oreille comme s’il écoutait sa voix. Ils s’étonnèrent de voir ce que faisait le Rav.
Le Rav leur répondit : Chacun d’entre vous crie : "La terre est à moi", c’est pourquoi j’ai voulu entendre l’opinion de l’intéressée elle-même. J’ai entendu que la terre disait : "Les deux sont à moi".

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-> "Vous proclamerez dans le pays la liberté pour tous ceux qui l’habitent" (Béhar 25,10)

Le Pné Yéhochoua pose la question : pourquoi le verset dit-il "pour tous ceux qui l’habitent", alors que pendant le yovel seuls les esclaves sont libérés, et non "tous ceux qui l’habitent"?

Il répond que nos Sages (guémara Kidouchin 20a) disent : "Quiconque acquiert un esclave, c’est comme s’il acquerrait un maître".
Comme il en est ainsi, pendant l’année du yovel, il n’y a pas que les esclaves qui sont libérés, mais aussi leurs maîtres, qui en réalité sont des serviteurs de leurs "maîtres" les esclaves.

[d'une manière allusive cela témoigne que pour toute personne (maître ou esclave), il n'y a qu'un ou 2 yovel pendant la durée de sa vie. Cela nous aide à réaliser d'à quel point notre passage sur terre est court, et qu'il faut en faire le meilleur usage pour notre éternité, où tous les juifs seront rassemblés et libérés des contraintes de ce monde.]

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+ "La terre observera un repas de Shabbath pour Hachem" (Béhar 25,2)

-> L’une des raisons de mettre au repos la terre (chémita) est de lui permettre de corriger tous les Shabbat où elle a produit.
En effet, même si l’homme ne travaille pas le Shabbat, malgré tout la terre continue à produire.
Or, une année est constituée de 365 jours, comprenant 52 Shabbat. Ainsi, en 7 ans, il y a donc 364 jours de Shabbat (52*7), soit une année.

Puisque même pendant ces jours de Shabbat la terre a continué à produire, elle doit donc se reposer pendant toute la 7e année composée de 365 jours, pour réparer ces Shabbat où elle ne s’est pas complètement reposée.

Et même pendant l’année de Chemita la terre continue encore à produire même pendant les Shabbat de cette année, soit encore 364 jours sur 7 Chemitot, d’où l’année du Yovel qui suit les 7 années de Chemita, pour réparer les Shabbat des années de Chemita où elle a encore produit.

[Rabbi Moché Tannenbaum - le Maté Moché]

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-> La Torah a demandé à Hachem : "Maître du monde, lorsque le peuple juif entrera en terre d'Israël, les juifs courront à leurs vignobles et à leurs champs. Qu'en sera-t-il de moi?

Hachem a dit à la Torah de ne pas s'inquiéter, le Shabbath sera son partenaire, un jour de repos pour les juifs qui auront alors le temps pour étudier la Torah.
[Tour - Ora'h 'Haïm 290]

-> La mitsva de la chemita (le "Shabbath des années") a été donnée afin d'accorder aux juifs l'opportunité d'étudier la Torah
Pendant 6 années, ils travaillent leurs vignes et leurs champs, et lors de la 7e année, ils mettent de côté toutes leurs inquiétudes pour se fournir en nourritures, étudiant la Torah.
Ils ont un bita'hon total dans le fait Hachem leur fournira tout ce qui leur est nécessaire.
[Mégalé Amoukot]

-> La chemita est comparée au Shabbath.
A l'image de Shabbath, la chemita est une année de repos de tout travail (créatif), permettant de s'immerger [totalement] dans la Torah.

Shabbath et la chemita sont des partenaires de la Torah.
Lorsqu'une personne étudie avec efforts le Shabbath, Hachem lui donne comme cadeau une Torah qui va bien au-delà d'une simple journée d'étude [selon le Ben Ich 'Haï étudier le Shabbath a 1000 fois plus d'importance que le restant de la semaine!]
Il en est de même pour celui qui étudie la Torah comme il le faut pendant l'année de la chemita, Hachem dans Sa bonté nous offrant une année où la valeur de l'étude est multipliée.
[adapté du Béré’h Moché]

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-> Le commandement de la chemita fait découvrir au riche la souffrance du pauvre.
La vie du pauvre étant en équilibre précaire, il supplie sans cesse Hachem de lui fournir sa subsistance ...
Il est toujours en train d'errer, s'inquiétant de savoir s'il aura à manger pour lui et sa famille. Pas un moment ne passe sans appréhensions.
Par contre, l'homme riche est toujours heureux et de bonne humeur. Il traverse ses champs et ses vignes, satisfait de voir ses récoltes pousser, sans penser au pauvre et sans se soucier de son tourment.

Hachem ordonna donc que la 7e année, l'homme "abandonne" sa terre.
Cette année-là, il lui est interdit de labourer, planter, récolter ou engranger.
Il doit tout laisser au public (hefkère).
A son tour, le riche devint soucieux : "Je n'ai ni planté ni récolté ; qu'aurai-je à manger la 8e année? D'où mangerons-nous mon pain?"
En effet, le verset dit : "Si tu dis : Que mangerons-nous la 7e année? Nous n'avons ni semé ni récolté" (v.25,30).

L'année suivante, le riche se souviendra : "J'ai souffert de privations pendant un an. Mes yeux étaient assombris par le tourment ... Qu'en est-il du pauvre homme sans cesse tourmenté, désespéré, qui se demande d'où viendra son pain?"
Le riche comprendra alors la souffrance du pauvre et il lui viendra en aide dans l'espoir que Hachem ne l'appauvrisse pas lui aussi.
[...]

Au cours de la 7e année, l'homme abandonne ses champs, ses vignes et toute leur récolte afin que d'autres puissent en manger.
De même, un homme laissera tous ses biens à d'autres lorsqu'il partira pour le monde futur, pour son "Shabbath" [7e jour de la semaine] (monde futur = yom chékoulo Shabbath).
Ni l'or ni l'argent ne l'accompagneront mais seulement les mitsvot et les bonnes actions qu'il aura accomplies dans ce monde.
[Méam Loez - Béhar 25,6,7 ; 25,11-13]

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-> Le Ramban (Béhar 25,2) enseigne : "Les six jours de la Création sont des jours consacrés au monde, alors que le 7e jour est à Hachem ton D., c’est pourquoi la Torah se montre plus sévère à propos de la chemita que sur toutes les autres interdictions, parce que quiconque n’en tient pas compte ne reconnaît pas la Création ni le monde à venir".

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+ Chemita & mont Sinaï :

=> Pourquoi la Torah spécifie-t-elle (au tout début de la paracha) que la mitsva de la chemita a été donnée au mont Sinaï, et qu'elle sert de référence au fait que toutes les autres mitsvot y ont également été transmises? Pourquoi cette mitsva en particulier et non une autre?

-> Face au mont Sinaï (avant la faute du Veau d'or), leur mauvais penchant avait disparu et ils étaient revenus au niveau d’Adam avant la faute. A ce stade, ils étaient purs de toute faute.
A ce niveau, Adam n’avait aucun besoin de travailler la terre, puisque la nécessité d’un tel travail apparut suite à la faute, lorsque Adam reçut la malédiction : "Tu mangeras le pain à la sueur de ton front". Sa seule occupation était uniquement le Service Divin.

Dans un tel contexte, il est clair que la mitsva de la Chemita n’a pas sa place, puisqu'elle concerne un état où les juifs ont des champs qu’ils travaillent pendant 6 ans. Et que du fait de ce travail, il n’est pas si simple de trouver du temps pour étudier la Torah.
Hachem nous donne la Chemita, pour se libérer de ses activités pendant un an, et pouvoir être disponible pour le service Divin.

=> Quelle est alors la place de la Chemita qui semble la mitsva la moins adaptée à ce moment de situation idéale au mont Sinaï?

La réponse est qu'il faut toujours garder à l’esprit que l’on peut retomber, la chute est possible et il faut l’envisager, d’où le besoin de parler malgré tout de la Chemita.

Le Zohar enseigne que toutes les mitsvot sont des conseils contre le mauvais penchant. Et même si un homme se sent élevé au point d’être protégé du mauvais penchant, même s’il imagine ne pas avoir besoin de toutes les mitsvot, qu’il tire leçon de la mitsva de la Chemita.
Si même cette mitsva a été donnée au mont Sinaï, c’est qu’il faut toujours redouter la chute, même quand on est tout en haut. On apprendra donc de la Chemita qui a néanmoins été dite au mont Sinaï, qu’à plus forte raison, les autres mitsvot viennent du mont Sinaï. Elles sont aussi nécessaires, même si on est au niveau du Sinaï.

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-> "Hachem parla à Moché sur le mont Sinaï et lui dit" (Béhar 25,1)

Toutes les mitsvot ont été dites à Moché au mont Sinaï, mais dans toutes les mitsvot on ne souligne pas où Hachem a parlé à Moché, seulement ici.
=> Pourquoi souligner que c’était au mont Sinaï justement ici, à propos de la mitsva de chemita, et non à propos de n’importe quelle autre des 613 mitsvot?

Le 'Hida répond à cela d’après un passage de la guémara (Bera'hot 35), sur Rava qui a dit à ses disciples : "Ne venez me voir au beit Hamidrach (maison d'étude) ni pendant Nissan ni pendant Tichri, car alors vous serez occupés à gagner votre vie, pour que votre gagne-pain ne vous préoccupe pas pendant toute l’année."
Par conséquent, il s’ensuit que chaque année, on n’étudie pas pendant 2 mois entiers (Nissan et Tichri). Donc en 6 ans on n’étudie pas pendant exactement 12 mois.
C’est pourquoi, pour réparer cette faute de négligence dans l’étude d’une année entière (pendant 6 ans), vient la mitsva de chemita, où l’homme ne travaille pas pendant les 12 mois qu’il consacre à l’étude de la Torah dans le Beith Hamidrach.

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-> Le ‘Hatam Sofer dit que la chemita est une preuve décisive que la Torah a été donnée par Hachem et non par Moché de sa propre initiative. En effet, comment est-il possible de faire à ceux qui observent la chemita la promesse que la terre donnera une récolte pour les 3 années à venir?
C’est une chose totalement surnaturelle! C’est que la Torah vient évidemment du Ciel, et Hachem, qui dirige le monde, est le seul à pouvoir faire une telle promesse

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-> "Hachem a parlé à Moché sur le mont Sinaï" (Béhar 25,1)

=> La Torah présente la mitsva de la Chemita, comme ayant été transmise sur le mont Sinaï. Mais finalement la totalité des mitsvot a été donnée sur le Sinaï. Pourquoi le rappeler spécialement par rapport à la Chemita?

-> Le rav Chlomo Bloch propose l'illustration d'un roi qui édictait différentes lois pour la bonne marche de son royaume. A chaque fois qu'il souhaitait imposer un nouveau décret, il envoyait des messagers dans les différentes contrées pour transmettre l'édit royal. Une fois, ce roi avait un message spécial à transmettre à une ville en particulier qui leur imposait de se préparer à mener une guerre très difficile contre un grand ennemi qui allait se rendre dans cette ville. Compte tenu de la difficulté et de l'importance de cette mission, le roi décida cette fois de se rendre en personne dans cette ville pour leur communiquer lui-même ce message. Il souhaitait les encourager tout particulièrement pour réaliser cette périlleuse mission. Le fait de voir le roi se déplacer en personne jusqu'à eux pour leur parler directement, cela leur donnera beaucoup plus de force.

Hachem également a souhaité transmettre ses mitsvot au peuple juif et Il décida de descendre dans toute Son Honneur les rejoindre sur le mont Sinaï pour leur donner la Torah. Il souhaitait ainsi leur donner plus de force pour observer les mitsvot.
Selon nos Sages, la Mitsva qui demande le plus de courage c'est la Chemita.
L'agriculteur devra abandonner son terrain pendant une année toute entière. De quoi vivra-t-il? L'épreuve de cette mitsva ne s'étend pas sur quelques jours mais sur toute une année. Pour leur donner encore plus de force, Hachem leur rappela qu'Il est descendu en Personne sur le mont Sinaï leur donner la Torah. Ce rappel particulier avait pour but de leur donner encore plus de courage pour respecter cette mitsva si difficile.

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-> b'h, sur la Chemita, voir également : https://todahm.com/2022/02/28/36011

"Ne détiens pas [injustement] ce qui est dû à ton voisin. Ne garde pas la nuit chez toi le salaire d'un journalier jusqu'au matin" (Kédochim 19,13)

-> Retenir le salaire d'un employé équivaut à lui prendre la vie.
L'homme coupable de cette faute risque de mourir avant son temps.
La gravité de ce péché est telle que l'on doit être très vigilant. De même qu'il prend la vie de son employé en ne lui donnant pas son salaire, l'employeur sera puni mesure pour mesure.

Un jour, rabbi Hamouna employa un homme, et en lui remettant son salaire, il lui dit : "Voici ton âme que tu m'as donnée en gage" ...

On raconte qu'un employé du Arizal (rabbi Its'hak Louria) finit son travail le soir.
Le rav ne fit pas sa prière avant de lui avoir versé son salaire.

Si l'on observe ce commandement et que l'on paie ses employés à temps, outre la récompense gardée pour nous au monde futur, on bénéficie d'un grand avantage dans ce monde.
Une âme sainte reposera sur soi : "l'âme supplémentaire" (néchama yétéra).
En hébreu, l'expression : "en son jour tu lui remettras son salaire" (Ki Tétsé 24,15), se dit : "béyomo titène sé'haro" (בְּיוֹמוֹ תִתֵּן שְׂכָרוֹ). Les initiales de ces mots forment le mot : Shabbath.
De même qu'une "âme supplémentaire" repose sur l'homme le Shabbath, cette âme enveloppera celui qui rémunère son employé à temps.

[Méam Loez - Kédochim 19,13]

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+ Le paiement du salaire en son temps

-> L’injonction qui apparaît dans notre paracha (Kédochim) : "Que le salaire du journalier ne reste point par devers toi jusqu’au lendemain" est répétée dans Devarim avec encore plus de vigueur : "Le jour même, tu lui remettras son salaire, avant que le soleil se couche; car il est pauvre, et il attend son salaire avec anxiété. Crains qu’il n’implore D. contre toi, et que tu ne sois trouvé coupable".

-> Il est écrit dans le Séfer ha'Hassidim : "Ceux qui retiennent le salaire d’un employé, qui achètent aux non-juifs un objet volé, qui utilisent des instruments d’idolâtrie, leurs bougies, leurs bijoux et leurs outils, qui refusent de payer leur contribution à la communauté : leur argent est mis en anathème.
D. décrète que cet argent sera perdu quelle que soit la personne qui le détiendrait. C’est pourquoi on fera attention à ne pas se trouver en possession d’un tel bien."

-> Le Kav haYachar (chap.14) enseigne :
On affirme dans le Zohar que quiconque retient le salaire d’un travailleur sera sévèrement puni. Chaque ouvrier aspire ardemment à la rétribution de son labeur, et retenir son salaire revient à séquestrer l’âme de ce travailleur et celle des membres de sa famille.
Un homme qui agirait ainsi verrait s’éloigner de lui et s’évanouir toute la prospérité qui lui était a priori destinée. Tout cela car il a retenu le salaire d’un employé et que cette faute raccourcit les jours de la vie, que D. préserve.

Ce texte du Zohar est un avertissement important : il n’y a pas de plus grande profanation du nom de D. que de laisser un employé (fût-il non-juif) demander sa rémunération en pleurant et en suppliant son employeur.
Il attend son salaire pour l’effort qu’il a fourni et la peine qu’il s’est donnée et pourtant son patron fait mine de ne pas l’entendre, le renvoie ... et le fait revenir ... avant de lui remettre son dû.
La punition survient très rapidement pour quiconque agit ainsi : ses biens seront perdus et voués à la disparition.
Même s’il vit convenablement dans le moment présent, il n’aura finalement ni bien-être ni réussite, il arrivera dans le monde à venir totalement démuni et on n’aura pas pitié de lui.
En plus de tout ce que nous venons de citer, cette transgression amène encore de nombreuses autres punitions. C’est pourquoi nous devons être très attentifs à ne pas trébucher et tomber dans cette faute de retenir le salaire d’un travailleur.

"Ne maudis pas le sourd. Ne place pas d'obstacle devant l'aveugle. Tu dois craindre ton D., Je suis Hachem" (Kédochim 19,14)

-> Le verset : "Ne maudis pas le sourd", ne vise pas seulement le malentendant, mais n'importe quel juif.
En fait, la Torah veut dire : "Ne maudis pas même le sourd" pour nous apprendre à quel point il faut veiller à l'honneur d'autrui.
Bien qu'un sourd ne puisse entendre l'insulte et n'en soit pas mortifié, il est défendu de le maudire.
A plus forte raison cela est-il interdit à l'égard de celui qui entend et en sera peiné!

Si un homme en maudit un autre, il transgresse le commandement de Hachem même si l'homme visé est absent ou endormi.

Une personne qui se maudit elle-même aura également commis une faute. Une punition supplémentaire lui sera infligée car un esprit mauvais a pour tâche d'attendre que l'homme se maudisse.
Lorsque certaines personnes ont des difficultés à gagner leur vie, elles se maudissent en disant : "Que Hachem me fasse mourir et que je sois débarrassé de mes soucis!"
Par exemple, certains appuient leur serment par une malédiction : "Que je me noie dans la mer si je mens!".
Un esprit nuisible entend ces paroles et les fait s'accomplir. Il faut donc veiller attentivement à ne jamais se maudire.

"Ne maudis pas le sourd ('héréch)" = le mot 'hérech (חֵרֵשׁ) peut être lu comme l’abréviation de : 'haïm raïm chélé'ha" (ta mauvaise vie).
La Torah nous : "Ne maudis pas ta mauvaises vie. Si des choses pénibles t'arrivent, ne maudis pas ton sort. Accepte tes épreuves avec amour et sache que tout ce que le Créateur fait est pour ton bien. Hachem fera en sorte que tout se termine bien."

[Méam Loez - Kédochim 19,14]

"Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18)

Le mot hébreu signifiant : amour (aava) a une valeur numérique de 13, la même que celle du mot : é'had (un).
Cela nous enseigne que lorsque les juifs s'aiment mutuellement, l'unité prévaut entre eux.

Hachem choisit Israël parmi toutes les autres nations notamment à cause de l'unité et de l'amour qui règne entre les juifs.
Nous louons Hachem chaque jour dans la prière du matin : "qui choisit Son peuple Israël par amour" (abo'hère béamo Israël béaava) = Hachem choisit Israël à cause de leur amour mutuel.

Nous faisons suivre cette bénédiction du Shéma : "Ecoute Israël, Hachem est notre D., Hachem est Un" (Vaét'hanan 6,4) = lorsque l'unité règne entre nous ici-bas, nous montrons que Hachem est Un et que Son Nom est Un. C'est parce que Hachem est Un qu'Il a choisi Israël, un peuple unique parmi les nations en raison de son unité.

[Méam Loez - Kédochim 19,17]

"Vous observerez Mes décrets : n'accouple pas tes bêtes avec des espèces différentes. Ne sème pas dans ton champ de grains hétérogènes. Ne porte pas de vêtement contenant un mélange d'étoffes interdit." (Kédochim 19,19)

-> Ce verset mentionne 3 mélanges interdits : le mélange d'animaux (kilé bééma), le mélange de graines (kilé zéraïm), et le mélange de tissus (kilé bégadim -> le lin et la laine) ...

Certes nous ne pouvons pas comprendre le sens profond de ce décret, mais son sens simple est accessible.
Lorsque Hachem a créé les éléments de Son univers, que ce soit les plantes ou les animaux, Il a conçu pour chacun un pouvoir et une étoile, accompagnés d'un ange responsable.
Chaque espèce possède donc ses qualités propres. Si l'homme mélange les espèces, il bouleverse les structures établies par Hachem.

De plus, un homme qui croise des animaux ou des plantes indique qu'il ne considère pas les espèces créées par Hachem comme insuffisantes et désire en créer de nouvelles.
Pour des raisons connues de Lui seul, Hachem a créé un nombre déterminé d'espèces. L'homme qui s'immisce dans cet agencement détruit l'ordre de l'univers.

De plus, la personne qui mélange les espèces agricoles empêche leur ange gardien d'y veiller. Car chaque ange surveille les espèces pour lesquelles il a été créé et non les espèces hybrides.
C'est pourquoi les mélanges interdits sont appelés : "kilayim". Ce mot provient de : "kala", qui signifie empêcher ou retenir, comme dans le verset : "Ne retiens (ti'hlé) pas Ta pitié" (Téhilim 40,12).

De plus, celui qui hybride des espèces différentes falsifie le sceau de la nature, le sceau du Roi de l'univers.

[Méam Loez - Kédochim 19,19]

"Vous compterez pour vous 7 semaines entières à partir du lendemain du Shabbath [1er jour de Pessa'h], depuis le jour où vous avez offert le Omer en offrande balancée, jusqu'au lendemain de la 7e semaine, vous compterez 50 jours. Vous offrirez une offrande de nouveau blé à Hachem." (Emor 23,15-16)

-> Bien que les juifs se fussent écartés de l'idolâtrie dès leur sortie d'Egypte, ils étaient encore impurs.
Ils ressemblaient à une femme ayant eu ses règles et qui reste impure bien que le flux ait cessé.
Elle n'est pas autorisée à avoir de relations conjugales avec son mari avant d'avoir compté 7 jours de pureté.
Après ces 7 jours, elle doit se tremper dans un mikvé pour être permise à son mari.

Ainsi en était-il des juifs. Après avoir quitté l'Egypte et s'être éloigné de l'idolâtrie, ils commencèrent, dès le lendemain, à compter 7 semaines.
Une femme doit compter 7 jours de pureté après ses règles mais les juifs durent compter 7 semaines.
En effet, il existe 7 sortes d'impureté (touma), et pour chacune la Torah demande un compte de 7 jours.

Voici ces 7 catégories d'impureté : la menstruation (15,24) ; les flux masculins et féminins (15,13 ; 15,28) ; l'accouchement (12,3) ; le contact avec un mort (Dévarim 19,16) ; la tsaraat (13,34) ; la tsaraat des vêtements (13,50) ; et la tsaraat des maisons (14,38).

En Egypte, les juifs ne s'étaient pas préservés de ces impuretés.
Pour le purifier, Hachem leur ordonna donc de compter 7 fois 7 jours, soit 49 jours au total.

Chaque jour, les juifs franchirent une nouvelle porte de sainteté.
Le 50e jour, ils franchirent donc la 50e porte. A ce moment-là, ils furent totalement débarrassés de leur impureté et ressemblaient à une mariée sous le dais nuptial. Alors Hachem leur donna la Torah le 6 Sivan, fête de Shavouot.
[...]

La Torah dit : "Vous compterez pour vous-même ... depuis le lendemain du Shabbath" (23,15), et non "depuis le lendemain de Pessa'h".
En hébreu, Shabbath signifie le repos ou l'arrêt.
[Le verset peut donc être traduit : "Vous compterez pour vous-mêmes ... depuis le lendemain de l'arrêt (Shabbath) de votre impureté"].

Lorsqu'ils cessèrent d'adhérer à l'idolâtrie le 1er jour de Pessa'h, les juifs ressemblaient à une femme dont le flux menstruel a cessé.
Etant donné que l'idolâtrie ressemble à l'impureté de la menstruation (nidda), les juifs durent compter 7 semaines, au cours desquelles leur impureté s'estompa peu à peu.
C'est pourquoi la Torah désigne ces semaines par l'expression "Shabbath" (cessation).
La Torah dit : "Il y aura 7 Shabbath complets" et non "7 semaines complètes".

Cela nous enseigne qu'à chacun de ces Shabbath, leur impureté décroissait.
Enfin, à la fin du 7e Shabbath, l'impureté des juifs disparut totalement.
[Méam Loez - Emor 23,15-16]

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-> Les Bné Israël eurent besoin d’une période pour se délivrer de l’impureté égyptienne qu’ils avaient contractée (considérée aussi comme une période de "convalescence" de 49 jours [valeur numérique du mot : חולה (‘Holé - malade) ] pour les guérir de leurs impuretés).

Comme une femme "Nidda" (rendue impure par sa menstruation), ils devaient se purifier par une "abstinence" de 7 semaines, symbolisant les "7 jours de pureté" (chiva nékiim) qui font suite à la période de menstruation et qui nécessitent d’être comptés ("elle comptera" [voir Métsora 15,28)]), à l’instar des jours de l’Omer (7 semaines de purification plutôt que 7 jours car ils contractèrent en Egypte les 7 sortes d’impuretés).

Ensuite, ils purent s’unir à D. le jour du dont de la Torah (considéré comme celui du mariage entre Hachem [le ‘Hatan] et Israël [la Kala]).
Quant à l’immersion dans l’eau, dont le "Mikvé" est le symbole, elle est représentée par le "bain" de la Torah. [Zohar III 97b - Ohr ha'Haïm haKadoch]
["L’eau ne fait référence qu’à la Torah" - guémara Avoda Zara 5b – én mayim ella Torah]

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-> "Vous compterez pour vous 7 semaines entières à partir du lendemain du Shabbath ..."

-> Rachi précie que nous parlons du lendemain du 1er jour de la fête de Pessa'h, car si tu dis que c’est un Shabbath, tu ne sauras pas duquel il s’agit.

=> Pourquoi la Torah appelle la fête de Pessa'h Shabbath?

-> Le Kédouchat Levi explique que le Shabbath exprime le couronnement du projet divin, le but de la création du monde. La création du monde, l’œuvre de D. n’a de valeur que par le Shabbath.
Si l’homme reconnaît la maîtrise de D. sur le monde en observant le Shabbath, le Shabbath aura achevé l’œuvre de la création en lui donnant un sens.
Malheureusement bien vite, l’homme a oublié D. ; il a pensé que la nature pouvait exister en dehors du créateur du monde. Alors, D. a dû intervenir par un miracle pour briser les lois de la nature. Cependant malgré ses interventions surnaturelles l’Humanité n’a pas compris ; elle ne s’est repenti ni après le déluge ni après La tour de Babel ni après qu’Abraham eut été sauvé de la fournaise ardente.
La première fois qu’un peuple aura tiré la leçon des miracles et fait téchouva, ce sera lors de la sortie d’Égypte.
Le Peuple juif a suivi Hachem dans le désert comme il est écrit: "je te garde le souvenir de l’affection de ta jeunesse de l’amour de tes fiançailles lorsque tu m'as suivi dans le désert dans une terre inculte" (Yirmiyahou 2,2).

Pessah est donc devenu le couronnement de l’œuvre de la création, car c’est à ce moment-là que les hommes ont enfin reconnu D. comme le maître du monde.
=> C’est la raison pour laquelle Pessah, à propos de l’offrande du Omer, est appelée Shabbath par la Torah. En effet, on apportait cette offrande à récolte pour bien nous rappeler que tout appartient à D.
Ainsi nous comprenons aisément pourquoi il est écrit dans le verset le lendemain du Shabbath.

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-> "Vous compterez pour vous au lendemain du Chabbat" (Emor 23,15)

-> Il s'agit de la mitsva de compter les 49 jours du Omer. La loi orale révèle que ce "Shabbat" dont il est question dans ce verset, fait référence à Pessa'h. Le compte du Omer débute le lendemain du 1er jour de Pessa'h.
Mais les Baïtoussim, qui renient la tradition orale, comprennent que la Torah parle du "samedi" [compréhension littérale basée que sur la Torah Ecrite, sans la compréhension par la Torah Orale].
Ainsi, ils commençaient à compter le Omer à partir du lendemain du samedi, c'est à dire le premier dimanche, qui suivait Pessa'h.
=> Mais pourquoi la Torah ne dit-elle pas explicitement que le compte du Omer doit débuter le lendemain de Pessa'h, cela aurait ainsi évité un débat inutile et une erreur d'interprétation?

Le Heguioné Halakha fait remarquer que la fête de Shavouot, qui célèbre le don de la Thora, tombe à la suite du compte du Omer. Après avoir compté les 49 jours, le 50e jour, c'est Shavouot.
Hachem veut nous apprendre qu'il est impossible de dissocier la Torah orale de la Torah écrite. Il n'est pas envisageable qu'une personne se contente uniquement de la Torah écrite, et ne souhaite célébrer à Shavouot que le don de celle-ci. C'est pour cela que la Torah écrite fait intentionnellement débuter le compte du Omer "le lendemain du Shabbat", qui est interprété comme "le lendemain de Pessa'h" par la Torah orale, pour que lorsque l'on fêtera 50 jours plus tard la fête de Shavouot, célébrant le don de la Torah, cette fête tombera le jour fixé par la Torah écrite selon l'interprétation de la Torah orale. Comme pour dire qu'il ne peut y avoir de Shavouot et de don de la Torah qu'avec l'association de la Torah orale, qui est inséparable de la loi écrite.

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-> 7 semaines séparent Pessa'h de Shavouot, ce qui est à mettre en relation avec les 7 jours de pureté de Nidda.
Il est connu que le sang de la mère se transforme pour devenir du lait pour le nourrisson, c'est-à-dire qu'il passe de l'Attribut de rigueur à celui de miséricorde.
C'est pour cela que nous mangeons des produits laitiers [à Shavouot, 50e jour, marquant le terme des 7 semaines de sang de Nidda, transformé en lait], pour être à ce moment-même sous l'Attributs de miséricorde.
[d'après le Zohar]

"Vous garderez Mes lois ('houkim) et Mes ordonnances (michpatim), que l'homme pratiquera et vivra grâce à eux, Je suis Hachem" (A'haré Mot 18,5)

-> "Si vous gardez mes lois, le Satan/mauvais penchant n'aura pas d'emprise sur vous" (midrach Yalkout Chimoni - Bé'houkotaï 671).

Le 'Hatam Sofer écrit que nos prières sont généralement dépourvues de concentration (kavana), c'est pourquoi le Satan peut nous accuser auprès de Hachem.

Cependant, lorsque nous observons les michpatim comme les 'houkim (qui n'ont pas d'explication logique), c'est-à-dire de manière inconditionnelle et sans faire dépendre notre accomplissement de notre compréhension, alors Hachem également, contre toute logique, reçoit nos prières comme si elles venaient du plus profond de nos cœurs et qu'elles étaient pleines de kavanot.
Le mauvais penchant n'a alors aucune emprise sur nous.

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-> "Veille à accomplir même les mitsvot les moins importantes, qui semblent ne pas être récompensées ici-bas, comme celles qui sont importantes et qui procurent un salaire sur terre" (Pirké Avot 2,1)

Le 'Hida commente : car lorsque l'homme montre son empressement et son amour pour toutes les mitsvot, même lorsqu'elles ne lui paraissent pas essentielles, il honore par cela Hachem et en retirera une récompense dans ce monde.

[nous devons accomplir toute mitsva pour la gloire de Hachem, indépendamment de son importance à nos yeux, et par cette attitude nous en seront récompensés dans ce monde-ci!]

"Le lépreux atteint de ce mal [la lèpre], ses vêtements seront déchirés, il laissera pousser ses cheveux, s'enveloppera jusqu'aux lèvres et criera : "Impur! Impur!"" (Tazria 13,45)

-> Nos maîtres (guémara Shabbath 67a) apprennent de ce verset que le lépreux doit faire connaître son mal aux autres, afin qu'ils implorent la miséricorde Divine en sa faveur.
Ils déduisent de là un autre enseignement : "Lorsqu'un arbre perd ses fruits, on le peint en rouge, afin que les passants qui le voient prient pour lui."

Le rav 'Haïm Friedlander s'interroge : Comment peut-on apprendre du lépreux qu'il nous faut prier pour l'arbre malade?
Le lépreux endure une souffrance terrible : outre sa douleur physique, il est séparé de sa famille et de son entourage, il crie et prie les hommes de demander la miséricorde pour lui.
En revanche, l'arbre n'est qu'un objet et par ailleurs, son propriétaire en général a de nombreux autres arbres.

Le rav Friedlander explique que nos maîtres nous enseignent ici l'importance de la vertu qui consiste à aider son prochain à porter son fardeau (nossé béol im 'havéro).
Que notre prochain ressente une souffrance physique comme la lèpre, ou une douleur suite à la perte de ses biens ou même d'un seul arbre, que sa peine soit grande ou légère, il n'y a pas de différence, car fondamentalement, il s'agit d'un homme qui souffre.

Cela exige que nous ressentions ses douleurs comme si elles étaient les nôtres, et que nous priions pour sa guérison, et celle de son arbre.

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-> "Et le lépreux sur lequel sera une tache ... proclamera : 'impur, impur'." (Tazria 13,45)

-> La guémara (Shabbat 67a) rapporte ce verset en expliquant que le lépreux doit aussi annoncer son état à son entourage afin que la communauté sollicite pour lui la miséricorde Divine.
Nos Sages ont également appris de là que l’on doit peindre en rouge le tronc d’un arbre qui perd ses fruits afin que les passants le remarquent et prient pour qu’il guérisse.

-> Le rav Yé’hezkiel Levinstein déduit de cette guémara des principes importants concernant les lois de la
prière.
A priori, demande-t-il, on est en droit de s’interroger sur l’intention contenue dans les propos de la guémara : veut-elle signifier que l’on doit proclamer un jour de prières pour faire annuler le décret qui pèse sur cet arbre? Il est certain que non. Le but est en fait de dire ici, qu’en remarquant un arbre peint en rouge, signe de son état maladif et de sa fin précoce, chaque passant exprimera une courte requête tout en marchant, afin que le Hachem fasse retrouver sa santé antérieure.
=> Cela prouve que même une courte requête comme celle-ci est considérée comme une prière.

Un juif ne devra jamais penser que prier consiste seulement à se répandre en supplications longues et fastidieuses et en déduire alors que cela ne le concerne pas puisqu’il n’en n’a pas le niveau.
Loin de là est l’intention de la Torah : chacun doit donner de l’importance à chaque petite prière, même celle prononcée près d’un arbre au milieu de la ville.
On apprend de là également combien un homme doit prier pour délivrer son prochain des épreuves qu’il traverse. Il
est alors certain que sa prière sera exaucée et rapprochera son salut.

[dès qu'on remarque qu'il y a dans la vie d'autrui un "arbre peint en rouge" (problème de parnassa, de shalom bayit, d'enfant, de santé, ...), alors on doit faire une petite prière pour que notre prochain aille mieux. [mitsva de : Tu aimeras ton prochain comme toi-même]
De plus, selon nos Sages par le fait de prier pour autrui, on se protège également d'avoir un tel problème, car : "Toute personne qui prie pour un besoin de son prochain, alors qu’elle en a elle-même besoin, se verra exaucée en 1er" (guémara Baba Kama 92a).
Ainsi, parfois on n'a même pas encore connaissance de ce besoin, mais comme on a prié pour autrui, alors on en est déjà sauvé.
b'h, sur ce sujet, voir également : http//todahm.com/2017/09/27/5606-2 ]

["arbre peint en rouge" = on apprend ainsi que nous devons parfois peindre en rouge, c'est-à-dire utiliser notre imagination pour se mettre à la place d'autrui subissant ce problème, dans un but de ressentir même momentanément autant que possible son éventuelle douleur, et alors on pourra faire une prière de tout notre cœur. (à le pauvre, Hachem sauve-le au plus vite!!)
A l'inverse, notre yétser ara, conscient du pouvoir de quelques mots de prière, va nous dire : "il est beau cet arbre peint en rouge!" (ex: ça va c'est pas si terrible ce qu'il a, il y a pire! ).]

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-> Le rav de Kobrin affirme que la prière de chaque juif possède le pouvoir d’accomplir tous les désirs de son cœur à l’instant même. Et si nous constatons parfois que nos prières semblent demeurer sans réponse, cela est dû au fait que l’homme lui-même ne croit pas profondément à la force de sa prière.
Celui qui croit sincèrement que la prière possède la force de déchirer les cieux et de lui procurer tout ce qu’il
demande verra effectivement toutes ses requêtes se réaliser sans retard!

[c'est notre yétser ara qui essaie de nous dévaloriser (ex: qui es-tu pour que tes prières aient un impact!), alors qu'en réalité Hachem apprécie la prière de chaque juif, qui plus est lorsqu'on la fait par amour de notre prochain! Combien Hachem apprécie de voir que Ses enfants sont proches dans le cœur, s'aiment et se soutiennent les uns les autres! Au comble de la joie, Il comble tout le monde de bénédictions, peu importe qu'on le mérite ou pas. ]