Aux délices de la Torah

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"N'accepte pas de présent corrupteur, car la corruption aveugle les yeux des sages et fausse la parole des justes" (Choftim 16,19)

Nous trouvons dans la guémara Kétouvot (105b) quelques récits concernant la corruption :

-> 1°/ Lors d'un voyage, le Sage Chmouël dut traverser un pont. Un homme lui proposa alors son bras pour y prendre appui.
Il lui raconta ensuite qu'il devait se rendre le jour même à son tribunal pour y régler un litige.
Le Sage déclara aussitôt : "Je m'invalide moi-même pour juger cette affaire!"
En effet, à ses yeux, il avait désormais pris parti dans ce procès.

-> 2°/ De la même manière, Mar Oukva se récusa pour démêler l'affaire d'un homme qui avait, un peu plus tôt, dégagé de son chemin un détritus qui l'incommodait.

-> 3°/ Chaque vendredi, celui qui exploitait la terre de rabbi Yichmaël bar rabbi Yossi, en échange d'une partie des récoltes, avait coutume d'apporter à son maître un panier rempli de fruits, correspondant à la part qui lui revenait.
Une fois, il dérogea à la règle et amena la corbeille de fruits dès le jeudi.
Il s'en expliqua ainsi au Sage : "Je devais de toutes les façons venir en ville ce jeudi, jour où les Tribunaux rabbiniques siègent, à cause d'un différend que je dois régler. C'est pourquoi je suis venu en même temps vous apporter votre corbeille."

Non seulement rabbi Yichmaël refusa la corbeille de fruits, mais il se récusa pour cette affaire, craignant d'être désormais sous l'effet d'une tentative de corruption. Il nomma donc 2 autres érudits pour trancher ce litige à sa place.

De plus, pendant tout le temps que dura le procès, rabbi Yichmaël se tint dans la pièce attenante, et il se surprit lui-même à chercher des arguments en faveur de son exploitant : "Pourvu qu'il dise ceci! Et qu'il dise cela! ..."
Dès qu'il prit conscience de sa réaction, le Sage déclara : "Que soit broyée l'âme des juges coupables de corruption! Si déjà moi, qui n'ai pas accepté de présent corrupteur et qui, même si je l'avais accepté, n'aurais reçu qu'un bien me revenant de droit, je réagis ainsi, dans quelles proportions doivent être influencés ceux qui reçoivent de véritables pots-de-vin!"

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+ "Car la corruption aveugle les yeux des sages et fausse la parole des justes (חֲכָמִים)" (Dévarim - Choftim 16,19)

+ "Car la corruption trouble la vue des clairvoyants et fausse la parole des justes (פִּקְחִים)" (Chémot - Michpatim 23,8)

-> Selon le rav Aharon Kotler (Michnat rabbi Aharon), à cause de la corruption, le juge sera incapable de découvrir la vérité des faits et de formuler l'analyse halakhique adéquate.

-> Le Gaon de Vilna explique la différence entre ces 2 versets.
Dans Chotfim, il s'agit d'un Sage en Torah ; tandis que dans Michpatim, il s'agit de quelqu'un qui est intelligent dans les affaires matérielles de ce monde.
Nous pouvons ainsi voir que ces 2 types de connaissance sont automatiquement faussées par l'acceptation d'un pot-de-vin.

Le Gaon de Vilna (Michlé) enseigne également que lorsqu'un juge accepte un pot-de-vin, toutes les affaires similaires, même celles pour lesquelles il n'a reçu aucun présent, seront également affectées par la corruption, car sa capacité de jugement s'est altérée suite à la première affaire.

-> Rabbi Avraham de Sochatchov disait :
"Lorsqu'une personne vient me voir pour un jugement sur un certain sujet, et qu'elle en arrive à pleurer sur ses malheurs, je ne suis pas apte à juger cette affaire. En effet, les larmes sont une forme de corruption."

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-> Selon le 'Hafets 'Haïm, même le plus grand des tsadik ne peut résister à l'impact négatif de la corruption.

Sur ce constat, le rav El'hanan Wassermann nous enseigne : si une simple pièce peut aveugler un juge (même celui qui est juste et qui ne recherche que la vérité), à plus forte raison que les plaisirs de ce monde-ci peuvent nous aveugler.
C'est pour cela que nombreux ont des difficultés de ressentir Hachem.

Un simple regard sur la création aurait dû permettre de comprendre et sentir qu’elle n’a pas été crée toute seule et qu’il y a un Créateur à l’Univers. Comment ne pas être impressionné du fonctionnent du corps humain? De la nature toute entière? Et de la capacité de réflexion humaine? ...

Ainsi, tout pousse à admettre l'existence d'un Créateur, mais cela nous obligerait à l’écouter et à vivre avec des limites. Or, ceci est contraire à la nature humaine, qui est attiré par son yétser ara et par vivre sans contrôle.
L’homme est donc aveuglé par tous ses désirs et c'est ce qui l'empêche de voir la vérité.
Comme il est écrit : "Car la corruption aveugle les yeux" ...

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+ "Hachem ... qui ne prend pas de présents corrupteurs" (Ekev 10,17)

=> Peut-on penser corrompre D.?

-> Selon le Graz, cela fait référence à ceux qui sont très zélés dans l'approfondissement de la Torah et quelque peu négligents dans d'autres domaines.
Ils s'en justifient en mettant en avant leur assiduité dans l'étude, ce qui revient à tenter de "corrompre Hachem" en proclamant ses mérites.

-> Le Ktav Sofer dit que l'on ne doit pas justifier ses carences dans un domaine en montrant du doigt d'autres secteurs où l'on manifeste une conduite louable.
Par exemple, le fait de faire plein d'acte de charité ne doit pas minimiser l'importance des obligations de l'homme envers Hachem.
Présenter de belles mitsvot en cadeau à Hachem, ne pourra jamais Le corrompre afin qu'Il "ferme les yeux" sur d'autres mitsvot que nous avons négligées.

=> Nous ne devons pas nous corrompre nous-même en pensant que quelques belles actions peuvent corrompre Hachem de nous accorder un passe droit nous autorisant à ne pas faire certaines mitsvot.

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-> b'h, Voir également le divré Torah sur Michpatim (v.23,8) : https://todahm.com/2018/02/19/6181

-> b'h, un divré Torah précédant à ce sujet : https://todahm.com/2015/10/24/3805

"Toutes les langues doivent leur existence au fait qu'elles possèdent à minima un mot avec une racine hébraïque.
Ce mot de la langue sacrée est l'étincelle de vie qui donne la vitalité à cette langue."

[rabbi Ména'hem Mendel de Vitebsk - Pri Haarets - Ki Tétsé]

"Tu prélèveras la dîme" (Réé 14,22)

-> "Prélève la dîme (assèr) afin que tu t’enrichisses (tit’achèr)" [guémara Taanit 9a]

-> On peut remarquer que les lettres du mot : "kessef" (argent - כסף), ont leur origine dans le mot : "ani" (pauvre - עני).
En effet, la lettre qui précède le : kaf est le youd ; le samé'h est le noun ; et le pé est le ayin.
=> Ainsi, les lettres du mot : "kessef" ont leur origine dans les lettres "ani".

Cela signifie que celui qui donne de la tsédaka n'y perd pas, au contraire il y gagne, car donner au pauvre est à l'origine de l'argent qui va venir.

[le Maguid de Paltsek]

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-> Rabbi 'Haïm Vittal rapporte dans son livre Taamé haMitsvot que :
"Mon maître [le Ari zal] a dit que chaque mitsva a une lettre de l'alphabet, et lorsque l'on fait une mitsva, la lettre de cette mitsva brille sur notre front, et la lettre de la mitsva précédente disparaît.
Cela s'applique uniquement lorsqu'on fait la mitsva, car ensuite elle est avalée à l'intérieur.

Cependant, lorsque l'on fait la mitsva de la tsédaka, sa lettre ne s'en va pas rapidement comme les autres lettres des autres mitsvot, mais elle brille sur son front pendant toute la semaine."

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+ "Chaque homme, selon le don de sa main" (Réé 16,17)

-> Ce verset vient faire allusion au fait que la valeur d’un homme ne se mesure pas selon sa richesse, selon l’importance des biens qu’il possède, mais plutôt selon sa générosité, selon les biens et l’argent qu’il donne à la tsédaka.
"Chaque homme", la valeur de “chaque homme” se mesure: "selon le don de sa main", selon sa générosité et ce qu’il donne pour les mitsvot.
[Rav Shimchon Raphaël Hirsch]

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-> "Un homme, selon le don de sa main, selon la bénédiction d'Hachem ton D. qu'Il te donne" (Réé 16,17)

Ce verset indique que chacun devra se réjouir pendant les fêtes selon les moyens dont Hachem l'a gratifié.
Mais le Texte vient aussi faire allusion à une autre notion. En effet, le monde appartient intégralement à Hachem. Ainsi, l'homme n'a rien qui lui appartient. Et quand il donne quelque chose, en fait il ne donne pas de ce qui lui appartient mais de ce qui appartient à Hachem.
Malgré tout, nos Sages disent que quand on récite la bénédiction sur les choses de ce monde, alors on en fait l'acquisition. La bénédiction permet d'acquérir ce qui appartenait jusque-là à Hachem.

Cela est en allusion dans ce verset : "Un homme selon le don de sa main".
Mais comment peut-on parler du : "don de sa main", alors que tout appartient à Hachem et non à l'homme?
A cela, le verset répond : "Selon la bénédiction d'Hachem ton D." = quand on récite la bénédiction à Hachem, alors par là on acquiert les biens de ce monde, qui deviennent dès lors "le don de sa main".
Car par la bénédiction, "Il te donne" = Hachem te donne les biens de ce monde qui étaient jusque là entre Ses Mains. Par la bénédiction, Il te les donne.
['Hatam Sofer]

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+ "Quand il y aura chez toi un pauvre d'entre tes frères ... ne durcis pas ton cœur et ne ferme pas ta main contre ton frère pauvre. Mais tu ouvriras largement (patoa'h tifta'h) ta main" (Réé 15,7-8)

-> "Il est enseigné au nom de Rabbi Méïr que lorsque l'homme vient au monde, ses mains sont fermées, c'est-à-dire que le monde entier est à lui, c'est lui qui en a hérité.
Quand il quitte ce monde, ses mains sont ouvertes, c'est-à-dire qu'il n'a rien hérité du tout de ce monde.
Ainsi, il est écrit : "Je suis sorti nu du ventre de ma mère, et je retournerai nu.""
[midrach Kohélet 5,14]

-> Rabbi Yossef Tsarfati (Yad Yossef) explique :
Etant donné que l'homme est appelé à la fin [de sa vie] à ouvrir les mains quand il quittera ce monde, et à tout laisser à d'autres, qu'il ouvre la main dès maintenant, cela lui sera plus utile en ce monde-ci que le fait de l'ouvrir dans le monde à venir, ce qui ne lui servira à rien.

[en effet, seul l'argent qu'on aura donné en tsédaka dans ce monde, nous suivra pour nous faire vivre durant notre éternité. Ainsi, je ne perds pas en donnant, au contraire je transforme de l'éphémère en éternel!]

C'est pourquoi le verset dit 2 fois : "patoa'h tifta'h" = ouvre en ce monde-ci, et ainsi tu ouvriras dans le monde à venir.

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+ "Ouvre-lui plutôt ta main! Prêtes-lui en raison de ses besoins, de ce qui peut lui manquer"

-> Le Gaon de Vilna explique que la Torah évoque ainsi allusivement l'ordre exact à répéter dans le don de la tsédaka.
Si l'homme plie ses doigts, ils ont tous l'air égaux, tandis que quand sa main est ouverte, on voit bien que ce n'est pas le cas.
Or, le verset précise qu'il faut fournir au nécessiteux "en raison de ses besoins, de ce qui peut lui manquer" = soit selon Rachi, même un cheval en guise de monture et un serviteur pour courir devant lui.
En d'autres termes, il faut donner à chacun selon son rang et sa valeur, ce qui nécessite un examen approfondi pour distinguer les uns des autres.

=> Ainsi, la Torah précise : "Tu ne fermeras pas ta main", car dans ce cas, les doigts ont tous l'air de même longueur.
Au contraire, "ouvre-lui plutôt ta main", et tu verras bien que les doigts ne sont pas de longueur identique, de même tu discerneras les différences de besoins nécessaires entres les pauvres.

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-> Le rabbi Shimon Shkop transmet l’enseignement suivant :

Toute abondance matérielle ou spirituelle qui descend sur le monde est donnée en réalité à l'ensemble de la nation juive, alors que le particulier n'est qu'un trésorier responsable d'utiliser sa part pour les besoins de la communauté.

Si une personne remplit fidèlement son rôle de trésorier [de Hachem dans ce monde physique], et prélève la dîme de son argent comme il convient, on lui donne une promotion, sous la forme d'un enrichissement, et il sera nommé sur un trésor plus important, afin qu'il continue à faire la volonté du Créateur et à être un bienfaiteur de la communauté.
[...]
"Prélève le maasser pour t'enrichir" = n'est pas dit uniquement en ce qui concerne l'argent, mais aussi la spiritualité [et plus globalement sur toute capacité particulière que l'on possède, comme par exemple un sens de l'organisation, qui peut être mis au service de la communauté].

Par exemple, un Roch Yéchiva qui enseigne la Torah à ses élèves et prend de son temps pour eux n'y perd rien, au contraire il s'enrichit.
Si préparer ses cours parfaitement lui aura pris longtemps, en récompense de ce qu'il a donné de son temps, il s'enrichira en temps, il pourra écrire plus facilement des commentaires de Torah, et des cours s'éclairciront devant lui rapidement.

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+ "Donner, tu lui donneras" (natone titène lo - Réé 15,10)

-> Lorsque vous faites une faveur à votre ami, en réalité c'est votre ami qui vous fait une faveur.
Les Sages (midrach Vayikra rabba 34,10) l'interprètent ainsi : "Le pauvre fait davantage pour le bienfaiteur riche, que le riche ne fait pour le nécessiteux".

Voici la bonne façon de le comprendre : lorsque vous faites une faveur à quelqu'un ou faites la charité à un pauvre, il a certainement été décrété par le Ciel que ce pauvre devait recevoir une faveur ou un cadeau, et ce d'une manière ou d'une autre.
Si vous ne l'avez pas gratifié d'un don, il l'aurait reçu de quelqu'un d'autre. Ainsi, c'est votre grand mérite d'être le messager de D., de lui donner ce cadeau.

C'est le sens implicite de l'expression répétitive : "Donner, tu dois lui donner" (natone titène lo - Réé 15,10), qui signifie : "Vous lui donnez quelque chose qui lui a été attribué par le Ciel".

[rabbi Pin'has Horowitz - Panim Yafot - Michpatim]

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-> "Prête-lui [à ton frère nécessiteux] en fonction de ses besoins, de ce qui lui manque" (Réé 15,8)

-> Le 'Hatam Sofer commente :
"La cendre du bélier d'Its'hak est rassemblée devant Lui [Hachem] en Haut, et c'est considéré comme les membres de Its'hak, ses nerfs et son sang.
De ces membres et de ces nefs d'Its'hak proviennent l'abondance et la sainteté pour tous les juifs quand ils observent les 248 mitsvot positives et les 365 mitsvot négatives.

En ce qui concerne la mitsva de la tsédaka, l'homme fait vivre à la fois le pauvre et lui-même ...
Or, le sang c'est la vie, c'est pourquoi celui qui donne de la tsédaka comme il convient attire le sang du bélier d'Its'hak.

Les initiales des mots de notre verset : "en fonction de ses besoins, de ce qui lui manque" se disent : "dé ma'hssoro achèr yé'héssar lo" (דֵּי מַחְסֹרוֹ, אֲשֶׁר יֶחְסַר לוֹ), forment l'acronyme de : "dam ayil" (le sang du bélier - דם איל)."
[en allusion au bélier d'Its'hak dont notre tsédaka donne vie, et qui va alors nous générer de l'abondance et de la sainteté.]

"Vous êtes des fils pour Hachem votre D." (Réé 14,1)

-> Même les réchaïm sont appelés : "les enfants de Hachem"
[Rabbi Méïr – guémara Kiddouchin 36a]

Le Rachba (dans ses Responsa) écrit que la halakha (loi juive) est comme cette opinion de rabbi Méïr.

-> Même lorsque les juifs sont spirituellement impurs, la présence Divine réside parmi eux.
[guémara Yoma 56b]

-> Même les juifs les plus insignifiants sont remplis de mitsvot comme une grenade [l’est de graines].
[guémara Sanhédrin 37a]

-> Le plus grand péché, pour un juif, est d’oublier qu’il est fils du Roi.
[Rabbi Aharon de Karlin]

-> "Le seul orgueil permis, c’est celui d’avoir un patron aussi puissant que notre Père Céleste (Hachem)."
[Rabbi Lévi Its’hak de Berditchev]

=> Tout juif se doit d’être à nos yeux une personne importante, rien que par le fait qu’il est le fils du Roi des Rois : Hachem.

[Plus nous respectons D., plus cela implique que nous devons respecter et honorer chacun de Ses enfants, qui contient toujours en Lui une partie Divine.]

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-> "Vous êtes des fils pour Hachem votre D."

Rabbi Aharon Kotler (Michnat Aharon) commente : "Ceci n’est pas une allégorique ou une hyperbole, mais une déclaration véridique dans tous les sens du terme.
[...]
Hachem a donné à chacun d’entre nous une âme précieuse, et Il nous a envoyé (dans ce monde) pour une importante mission. C’est comme si un roi nous tendait Sa couronne pour la garder.
On devrait être submergé par l’amour et la confiance qu’a Hachem en nous."

-> Le Zohar nous enseigne que si nous avions conscience d’à quel point Hachem aime chaque juif, nous rugirions comme des lions bondissant sur chaque opportunité de pouvoir faire Sa volonté.

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+ "Vous êtes des fils pour Hachem votre D."

-> "Hachem nous aime plus qu’aucun père ne pourrait aimer son fils.
Ainsi, nous ne devons pas nous lamenter excessivement sur nos douleurs, car tout ce qui nous arrive est dans notre meilleur intérêt.
Nous ne pouvons pas toujours comprendre les plans de Hachem, mais nous devons avoir confiance en Lui, tout comme un enfant a confiance en son père, et ce même s’il ne comprend pas ses décisions."

[le Ibn Ezra - Réé 14,1]

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-> "C'est toi qu'Il a choisi, Hachem, pour Lui être un peuple spécial (am ségoula) entre tous les peuples répandus sur la terre" (Réé 14,2)

Le Yalkout Chimoni de commenter :
L'expression "c'est toi qu'Il a choisi", nous enseigne que chacun des membres du peuple juif est aimé de D., plus que tous les autres peuples de la terre."

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+ "Au début (béréchit) D. créa le Ciel et la terre" = pour la Torah qui s'appelle réchit, et pour Israël qui s'appelle réchit.

On en conclut que les juifs ont une grande importance devant Hachem, et que de chaque individu d'Israël, Hachem tire plaisir et satisfaction.
[...]
Quand quelqu'un dit du lachon ara sur un juif, il provoque par ses paroles, pour ainsi dire, une annulation du plaisir et de la satisfaction du Créateur, et non seulement cela, mais il provoque, pour ainsi dire, de la tristesse chez Hachem.

[Meor Enaïm (p.134)]

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-> Rabbi Akiva a dit : "Celui qui dit du lachon ara sur le peuple d'Israël, même s'il s'agit du plus grand juste du monde, sa punition sera supérieure à celle de tous les autres.

Eliyahou hanavi, fut le plus grand tsadik de sa génération, mais parce qu'il a dit du lachon ara sur le peuple d'Israël, au même moment, il commit une grande faute."

[Zohar 'Hadach - 21b]

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-> "La joie principale sur laquelle l’homme doit se réjouir, c’est la joie d’être un juif."
[le Zohar]

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-> "Vous (les juifs) êtes désignés "Adam", mais non les idolâtres" (guématria Baba Métsia 114b).
Rabbi Chimon bar Yo'haï déduit cette affirmation du verset : "Vous, mes brebis ... vous êtes des Hommes (Adam)" (Yé'hezkel 34,31).

Le Maharal (Nétsa'h Israël 10) enseigne :
Durant les 6 jours de la Création, c'est l'homme qui a été créé en dernier, après toutes les autres créatures, afin de montrer que l'être humain est l'être de prédilection dans ce monde-ci ; c'est pourquoi le 1er homme est désigné par le titre prestigieux : Adam.
De même, après avoir créé tous les autres peuples de la terre (les 70 nations), Hachem a créé en dernier le peuple d'Israël, à la sortie d'Egypte, pour en faire Son peuple de prédilection (am ségoula).
C'est pourquoi par analogie avec Adam haRichon, seuls les juifs seront désignés : Adam.

-> Dans la langue sainte (lachon hakodech), il existe 4 noms qui désignent l'homme : ich, énoch, guéver et Adam.
Alors que les 3 premiers noms ont un pluriel : ichim, anachim et guévarim, signifiant "des hommes", le 4e nom Adam est toujours au singulier et réservé à Israël qui est né dans l'unité dans le désert et qui a reçu la Torah dans l'unité.
[Olélot Efraïm]
[un peuple spécial (am ségoula) = à la différence des autres peuples, tous les juifs forment au niveau de l'âme une seule et même entité!]

-> Les juifs sont soumis aux 613 mitsvot, réparties en 365 commandements négatifs (lo taassé) et 248 commandements positifs (assé), sont désignés Adam.
En effet, les lettres : א ד מ qui composent le nom Adam (אדם) sont l'acronyme des 2 versets respectifs :
- "Je veillerai à ma conduite pour ne pas fauter" (אָמַרְתִּי אֶשְׁמְרָה דְרָכַי מֵחֲטוֹא - Téhilim 39,2) associé aux 365 mitsvot négatives.
- "Je courrai dans le chemin de Tes mitsvot" (דֶּרֶךְ מִצְו‍ֹתֶיךָ אָרוּץ - Téhilim 119,32) associé aux 248 mitsvot positives.
Ainsi, il y a une allusion au fait que ce sont les juifs, soumis aux 613 mitsvot, qui sont dignes d'être appelés Adam.
[Zikhron Israël]
[un peuple spécial (am ségoula) = Hachem nous a choisi parmi tous les peuples, et nous a gratifié des 613 mitsvot, qui représentent des moyens permanents de gagner des mérites éternels énormes, de se rapprocher de Hachem, ...]

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-> On vient de voir que : "Vous êtes appelés "adam", mais les non-juifs ne sont pas appelés "adam"." (guématria Baba Métsia 114b).

Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°566) commente :
Les kabbalistes ont écrit que "adam" (אדם) a la valeur numérique de 45, comme le Nom Divin.
[le Tétragramme (יהוה) formé des 4 lettres, qui pleinement sont : יוד (youd), הא (hé), ואו (vav) et הא (hé) de guématria "pleines" respectives : 20+6+13+6 = 45]

En effet, Hachem a donné à chaque juif une étincelle Divine, qu’il n’a pas donnée aux non-juifs, c’est pourquoi les juifs sont appelés "adam", parce qu’ils ont en eux une étincelle Divine, et le Tétragramme est gravé en eux.
Mais les non-juifs, qui n’ont en eux ni une étincelle divine ni le Tétragramme, ne sont pas appelés "adam".

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2019/01/12/8102

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-> "Car tu es un peuple saint pour Hachem ton D." (Réé 14,2)

Le peuple juif doit pouvoir être saint même quand il est uniquement devant Hachem, sans entrer les autres nations en ligne de compte. Cela signifie qu'il ne faut pas attendre que les ennemis d'Israël émettent des décrets interdisant telle ou telle mitsva pour se réveiller et se mettre à vouloir les accomplir avec don de soi.
Ainsi, ce ne doit pas être aux autres peuples de provoquer que le peuple juif soit saint. Il doit l'être de lui-même, c'est à dire uniquement vis à vis d'Hachem.
Cela est en allusion dans ce verset : "Tu es un peuple saint pour Hachem ton D.", vis-à-vis d'Hachem simplement, et non vis-à-vis des autres nations, car il ne faut pas que ce soit eux qui, par leurs décrets, entraînent que tu sois saint.
Tu dois être saint seulement entre toi et Hachem, sans que les autres n'aient besoin d'intervenir pour que tu sois saint.
[Divré Chaaré 'Haïm)

"Devant l'infinité de D., le saint le plus élevé et l'homme simple le plus bas sont égaux"

[rabbi Ména'hem Mendel de Vitebsk]

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-> Nous savons tous que D. a créé le monde ex nihilo, à partir du néant.
Nous disons qu'Il a créé quelque chose à partir de rien (yéch méAyin).

Un tsadik fait exactement le contraire. Il transforme quelque chose en rien (ayin miyéch).
Il asservit tous les attributs à D., comme l'a fait le roi David lorsqu'il disait : "A Toi Hachem appartiennent la grandeur, la puissance, la gloire, l'autorité et la majesté" (Divré haYamin I 29,11).
Le tsadik les retourne à leur racine où elles sont absorbées et dissoutes.

[rabbi Ména'hem Mendel de Vitebsk - Pri Haarets - Béréchit]

[plutôt que d'abreuver son égo (en ramenant tout à nous), il faut reconnaître la véritable origine première de toute chose!]

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-> Le rabbi Aharon de Karlin (Birkat Aharon) écrit de même :
"Hachem a créé le monde de matière à partir de rien.
Un tsadik créé le rien à partir de la matière ; il purifie [alors] le monde physique, pour le transformer en spiritualité."

"Tu seras béni entre tous les peuples" (Ekev 7,14)

=> Pourquoi aurions-nous besoin de la bénédiction des peuples? N'est-il pas suffisant que D. Lui-même déverse Sa bénédiction sur nous?

Le 'Hozé de Lublin (Zikaron Zot 130) répond :
A l'époque du machia'h, les juifs recevront l'essence des bénédictions de Hachem, alors que l'excédent sera distribué parmi les nations du monde.
En conséquence, ils [les autres peuples] nous béniront, priant que nous méritions un abondant flot de bénédictions afin qu'il en reste plus pour eux-mêmes.

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[On peut rapprocher cet enseignement, des paroles suivantes de nos Sages :
Un des noms de D. est : Sha-daï. Une explication est parce qu’Il désire tellement nous combler de bonnes choses, que c'est nous qui devrons lui dire : stop! (daï) [shéyomar daï].

Dans le monde futur, il n'y aura plus clairement de libre arbitre, et Hachem pourra alors ouvertement nous inonder de son amour infini par d'incroyables bénédictions. Et ce au point où nous devrons Lui dire : stop!
A l'opposé, les autres peuples, nous bénirons pour pouvoir bénéficier de restes plus importants.]

"Maintenant, Israël, qu’est-ce qu'Hachem te demande si ce n'est que de Le craindre" (Ekev 10,12)

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) enseigne :
Un homme doit être doux et humble dans son comportement, et dans toutes ses actions.
Mais vous pourriez vous demander : "Dois-je être aussi doux et humble dans mon Service de D.? Ne devrais-je pas considérer ma prière et mes bonnes actions comme sans importance et négligeables?"

D. l'interdit : N'entretenez pas de telles pensées! C'est exactement le contraire.
Vous devez vous dire : "Les mitsvot que j'accomplis sont d'une grande valeur pour Hachem. Il prend un immense plaisir dans mes bonnes actions."

En effet, si vous êtes humbles par rapport à l'accomplissement des devoirs religieux, si vous vous dites : "D. est si grand que mes actions insignifiantes sont sans importance pour Lui", vous commettez une grave erreur, et en réalité, vous êtes en train de nier la grandeur de D.

Chaque chose a une intériorité et une extériorité : une vérité intérieure profonde et une apparence extérieure.

Le monde aussi possède ces 2 caractéristiques.
La terre d'Israël est l'intériorité et l'essence du monde, alors que les autres pays en sont l'extériorité et l'apparence.

[rabbi Pin'has Shapiro de Korets - Imré Pin'has (Inyanim Chonim)]

"Depuis l'origine de la Création, un flux de grâce abondante a constamment coulé sur le monde, maintenant la vie dans toutes ses manifestations.
Une personne avec un esprit clair comprend cela et ne s'inquiète pas de la façon de gagner sa vie.
Elle sait avec certitude que le flux ininterrompu d'abondance va la toucher.

Mais si la émouna d'une personne commence à vaciller et qu'elle s'inquiète à propos de son pain quotidien, alors les canaux d'abondance se bloquent.
Cependant, Hachem rouvrira les canaux obstrués en réponse à une étude assidue de la Torah et une prière fervente."

[Rabbi Zouché d'Hanipol - le plus jeune frère du Noam Elimélé'h - Ménorat Zahav - paracha Béhar]

"Hachem combattra pour vous, et vous tenez-vous tranquilles" (Béchala'h 14,14)

-> Rabbi Elimélé'h de Lizensk (Noam Elimélé'h) commente ;

Toute existence est imprégnée d'étincelles de sainteté. Sans étincelles de sainteté, rien ne pourrait survivre dans l'univers.
L'étincelle de sainteté qui est prisonnière des nations du monde est jalouse de la pureté et de la sainteté du Peuple juif. C'est la racine de leur haine du juif.

C'est ce à quoi Moché faisait allusion quand il disait : "Hachem combattra pour vous" = Hachem faisant référence à l'étincelle Divine prisonnière des égyptiens. Cette étincelle est la source de leur hostilité. C'est cela la force qui vous livre combat.

Le mot hébreu : "ta'harichoun" (et vous tenez-vous tranquilles - תַּחֲרִשׁוּן), peut également être traduit par : "vous devez labourer" (du verbe 'harach).
C'est la tâche spécifique d'Israël de labourer, c'est-à-dire de travailler dur pour libérer ces étincelles de sainteté prisonnières.
Quand cela se produira, les nations malfaisantes, ayant perdu leur force vitale, cesseront d'exister et la Présence Divine dominera.
Très bientôt, la fin de l'obscurité arrivera et la Rédemption finale se produira.

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-> "Le but de tous les exils du peuple juif aux 4 coins de la terre est de libérer les étincelles de sainteté qui sont emprisonnées dans ces endroits.
Lorsque les juifs quittèrent l'Egypte, la rédemption était totale, car il ne restait plus aucune étincelle de sainteté dans le pays, comme il est écrit : "de sorte qu'il dépouilla les égyptiens" (Bo 12,35).
La Rédemption finale d'Israël de l'exil ne surviendra que lors de l'arrivée du machia'h . Alors, toutes les étincelles de sainteté (nitsotsot hakédochim) dispersées dans le monde auront été libérées, tout comme elles l'ont été en Egypte."
[rabbi Pin'has Horowitz - Panim Yafot - Yitro]