Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Il y a 11 journées depuis le 'Horév" (Dévarim 1,2)

La majorité des commentateurs sont d'avis que le mont 'Horév est un autre nom pour le mont Sinaï.

-> Le Kli Yakar trouve une allusion dans ces 11 jours : ils sont à mettre en parallèle avec les 11 jours de l'année où nous prenons le deuil pour la destruction du Temple.
Il s'agit des 9 jours du mois de Av, du 17 Tamouz, et du 10 Tévét.

[sans le Temple, nous ne pouvons pas accomplir la totalité des mitsvot de la Torah. Ainsi, ces 11 jours de destruction du Temple, symbolisent notre éloignement avec la Torah entière comme reçue au mont Sinaï.]

"Voici les paroles (élé aDévarim) adressées par Moché à tout Israël" (Dévarim 1,1)

-> Le Sfat Emet disait : le livre de Dévarim est comme les "téfilin chél yad" (téfilin du bras), dont toutes les parachiot sont rassemblées dans un seul boitier, alors que les 4 autres livres de la Torah sont comme les "téfilin chél roch" (téfilin de la tête), où les 4 parachiot sont disposées dans 4 boîtiers.

Le 5e livre de la Torah s'appelle : "Dévarim" (paroles), parce qu'en son début et à sa fin on trouve beaucoup de paroles de remontrance, dont le but est de rapprocher et d'attacher les cœurs des juifs à la Torah, comme les téfilin du bras, avec lesquels nous accomplissons : "vous les attacherez" en face du cœur.

"Nous savons que Hachem prend chaque bonne action que nous faisons, et la transforme dans l'édifice du Temple.

En réalité, lorsque le machia'h viendra, chacun de nous pourra véritablement voir ses briques ou ses pierres personnelles qui auront été ajoutées grâce à ses mitsvot."

[le Divré Yé'hezkel - rav Yé'hezkel Halberstam]

"Jérusalem a commis une faute, c'est pourquoi elle est comme une nida" (Eikha 1,8)

=> Pourquoi l'éloignement entre Hachem et Jérusalem est comparé à celui d'une nida?

C'est qu'une "nida", bien qu'elle soit interdite à son mari, n'a pas l'interdiction de s'isoler avec lui, ce qui n'est pas le cas pour les autres femmes interdites par la Torah, avec lesquelles on n'a pas le droit de s'isoler.

=> c'est une allusion au fait que pendant la séparation et l'exil entre Israël et Hachem, Hachem continue à s'isoler avec Son peuple, même dans le pays de ses ennemis.
En effet : "partout où ils (les juifs) sont exilés, la Présence Divine est exilée avec eux" (guémara Méguila 29a).

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+ Jérusalem : A l'image d'une femme impure ...

-> "Jérusalem est devenue parmi eux comme une femme impure" (méguilat Eikha 1,17)

-> Selon Rav (guémara Ta'anit 20a), c'est une bénédiction :
"De même qu'une femme redevient permise à son mari (après sa purification), Jérusalem aura un remède, elle aussi"

-> Selon le Méchekh 'Hokhma :
"Les nations du monde, elles, comparent Jérusalem à une femme nida, dont l'impureté naît dans son propre corps.
Affirmant que l'âme juive est corrompue de l'intérieur, par conséquent, les non-juifs ne nous laissent pas nous rapprocher d'eux et nous assimiler.
Le fait qu'ils nous considèrent comme une femme nida, est une bénédiction pour nous!"

[Nos Sages disent : "Nous désirons accomplir Ta volonté, mais le levain de la pâte (le mauvais penchant) et l'assujettissement aux autorités étrangères nous en empêchent" (guémara Béra'hot 17a).]

-> Selon Rabbi Chmouël Aharon Rubin (cité dans le Talelé Orot) :
D. nous punie pour notre bien, afin de nous purifier par l'expiation de nos péchés.
Nos Sages déclarent : "De même que le levain est bon pour la pâte, les sangs sont bons pour la femme ; celle qui a des pertes de sang (menstruel) abondantes aura de nombreux enfants".
Les juifs ont été comparés à une femme nida pour laisser entendre que leurs épreuves : "leurs sangs abondants", apparaîtront en définitive comme une bénédiction : ils doivent passer dans le creuset de la souffrance avant la délivrance ultime.

Rabbi Méïr dit : "Pour quelle raison la Torah a-t-elle déclaré qu’une femme ayant ses règles sera considérée comme impure durant 7 jours ?
Afin que (son mari) n’en vienne pas à se lasser d’elle et à la mépriser.
La Torah a donc déclaré qu’elle resterait impure 7 jours, afin qu’elle soit chaque fois chère à ses yeux comme le jour de leur mariage." (guémara Nidda 30b)

Quand la période d'impureté est plus longue, par exemple, après un accouchement, elle est alors suivie d'une longue période de pureté.
Il en va de même pour les juifs : après leur 1er exil de 70 ans, le retour en terre d'Israël fut relativement court (période du 2e Temple) ; et les jours d'impureté de la nation revinrent assez rapidement.
=> Après notre exil qui dure depuis plus de 2 000 ans, la délivrance sera ... éternelle ; il n'y aura plus jamais d'impureté.

"Ainsi parle Hachem : Le jeûne du 4e mois et le jeûne du 5e, le jeûne du 7e et le jeûne du 10e mois seront changés pour la maison de Yéhouda en joie et en allégresse et en fêtes solennelles" (Zé'haria 8,19)

Nous avons une assurance que ces 4 jours où nous jeûnons actuellement seront transformés en jours de joie, lorsque le Temple sera reconstruit, très bientôt b'h.

Dans le texte : "fêtes solennelles" s'écrit : "moadim tovim" (מֹעֲדִים טוֹבִים).
Durant le 9 Av, nous lisons la méguilat Eikha (איכה), qui décrit la destruction de Jérusalem.

Le rav Moché Wolfson fait remarquer que lorsque nous écrivons pleinement chacune des lettres du mot Eikha, on a : הא יוד כף אלף, cela a la même guématria que : מֹעֲדִים טוֹבִים (soit 237).

[dans la Torah, la 1ere apparition de la lettre : "tav" (ט) est dans le mot : tov (טוב - bon).
Par ailleurs, selon nos Sages, celui qui voit en rêve la lettre : ט, peut s'attendre à ce que de bonnes choses lui arrivent.]

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-> Hachem a laissé éclater Sa colère sur le bois et les pierres (midrach Béréchit rabba 42,3).
Ainsi, au lieu de détruire les juifs pour leurs fautes, Il a redirigé Sa colère sur le Temple et a expié nos fautes par sa destruction.

-> Le 'Hida (dans son Na'hal Eskol) enseigne qu'à chaque 9 Av, lorsque nous nous asseyons par terre, nous pouvons ressentir cette étreinte, cette embrassade de Hachem.

["Chaque génération qui ne voit pas la reconstruction du Temple est considérée comme si elle avait elle-même causé sa destruction." (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1)
Ainsi, chaque année, c'est comme si de nouveau nous étions exilés, et que notre Temple partait réellement en fumée, devant nos yeux.
Mais le 'Hida dit que se trouve là notre consolation : Hachem nous aime tellement qu'avant de nous voir partir en exil, Il nous prend dans Ses bras, symbolisé par le fait qu'Il met toute Sa colère sur les pierres du Temple.]

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-> La lettre : ט, s'écrit de façon pleine : טית.
Le rav Moché Wolfson fait remarquer que : טית באב a une guématria (avec le kolel) de : 424, qui est la même que : משיח בן דוד (Machia'h ben David).

-> Le jour où le Temple a été détruit, le machia’h est né.
[midrach Eikha rabba 1,51]

-> "A partir du moment où le Temple a été détruit, le Machia’h est né."
[Midrach Abba Gorio ]

-> On a demandé au rabbi Pin'has de Korets : "Quel est le sens du midrach selon lequel machia'h est né le 9 Av, le jour où le Saint Temple a été détruit?"

Il a répondu :
"Une graine qui a été semée dans la terre doit pourrir avant qu'un épi de maïs apparaisse.
Elle doit devenir absolument rien avant d'acquérir une nouvelle identité.
Dans la Kabbala, ce principe de changer de forme est appelé : "Enlever une forme et acquérir une forme" (Pochét Tsoura vélovèch Tsoura), lequel nous enseigne que chaque chose dans les mondes matériels ou spirituels est en perpétuel changement de forme à travers le cycle de la mort et de la renaissance.

Ainsi, le jour du 9 Av, le jour de la destruction, le point d'annulation totale a été atteint. C'est en ce jour-là que le potentiel de la Rédemption a germé.
Ce jour-là, chaque juif reçoit une injection de nouvel espoir et de vitalité.
C'est en ce jour que machia'h est né."

[rabbi Pin'has de Korets - Imré Pin'has - Shabbath ouMoadim 365]

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-> "Rabbi Akiva marchait avec quelques Sages, et lorsqu'ils sont arrivés sur le mont du Temple, ils ont vu un renard qui sortait du Saint des Saints.

Eux se sont mis à pleurer, et rabbi Akiva s'est mis à rire.
Ils lui ont dit : "L'endroit à propos duquel il est écrit : "l'étranger qui s'approchera sera mis à mort", maintenant des renards, et nous ne pleurions pas?"

Rabbi Akiva leur a répondu : "C'est pour cela que je ris. Maintenant que s'est réalisé le verset : "Sion sera labourée comme un champ", le verset : "des vieux et des vielles s'assiéront encore dans les rues de Jérusalem" doit s'accomplir également."

Ils lui dirent : "Akiva, tu nous as consolés, Akiva, tu nous as consolés".
[guémara Makot 24]

=> Rabbi Akiva leur a répondu : c'est vrai qu'il a lieu de pleurer sur la destruction, mais ce sont précisément les jours de destruction qui marquent le début d'une nouvelle délivrance qui viendra très rapidement de nos jours. Amen!

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-> Le Ben Ich 'Haï écrit que les mois de l'année ont été divisés en héritage à nos ancêtres.
Yaakov a reçu les mois de Nissan, Iyar et Sivan, tandis que Essav a pris : Tamouz, Av et Elloul.
Par la puissance de la téchouva, Yaakov a pu récupérer le mois d'Elloul, ne laissant que Tamouz et Av sous le contrôle de Essav.
Ainsi, il n'est pas étonnant que les 2 mois contenant le plus de calamités et de tragédies pour les juifs soient : Tamouz et Av.

Sur une note positive, Av (littéralement = père) reviendra en la possession de Yaakov, et il deviendra le "père" de tous les autres mois de l'année.
Il est écrit : "Donne-nous des jours de satisfaction aussi longs que les jours où tu nous as affligés" (Téhilim 90,15).

=> Le fait que de nombreux malheurs se soient passés durant ce mois d'Av, prouve qu'il y aura finalement bien davantage de positif qui en sortira que des autres mois.
En effet : "Ceux qui ont semé dans les larmes, récolteront dans la joie!" (azor'im bédim'a, bérina yiktsorou - Téhilim 126,5).

[ainsi, au cœur de cette période de deuil/lamentation, réside en réalité la plus grande des consolations : nous semons des larmes qui vont nous produire des récoltes éternellement joyeuses!
Si nos moments difficiles sont bien exploités, alors il peut en ressortir nos plus grandes joies!]

"Voici les paroles que Moché a adressé à tout Israël" (Dévarim 1,1)

-> Rachi (v.1,1) : "Etant donné que ce qui va suivre est constitué par des remontrances, et que le texte énumère ici tous les lieux où ils ont irrité Hachem, il les dissimule et ne les cite que par allusions, afin de ménager l'honneur d’Israël."

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berdichev enseigne que devant le peuple juif ("à tout Israël"), Moché a fait des remontrances de façon allusive et en toute intimité.
Cependant, lorsqu'il parlait avec Hachem, Moché ne mentionnait pas les fautes du peuple.
Au contraire, il faisait des éloges et parlait beaucoup de leurs traits de caractère élevés, afin de susciter la miséricorde de D. sur Sa nation.

-> Ainsi, Moché nous apprend que la meilleure façon de faire des remontrances consiste en des allusions, amenées avec respect et en lui préservant son honneur.
A ce moment-là, elles peuvent avoir une influence sur la personne à qui l'on s'adresse.

Le mot "remontrances" (tokhé'ha) provient de la racine : "tokh" (intérieur), car son rôle est de faire pénétrer les paroles à l'intérieur du cœur de l'homme.
[l'essentiel n'est pas : "c'est bon j'ai fait ma part en le lui disant", mais plutôt l'essentiel est de faire le maximum pour que cela ait des chances de pénétrer en cette personne!]

Le Gaon de Vilna (michlé 9,8) compare la remontrance à un miroir, qui reflète le visage de l'homme et au moyen duquel il peut distinguer toutes les tâches et tous les soupçons de saleté présents sur son visage, et ainsi s'en débarrasser.
[on doit mettre la personne à l'aise, afin qu'elle soit dans de telles conditions qu'elle n'aura pas honte à se voir imparfaite dans le miroir. Le but est qu'elle soit encore plus magnifique, et non pas de lui causer publiquement de la honte!]

La remontrance est si importante que nos Sages l'ont comptée parmi les 48 qualités par lesquels on acquiert la Torah ("Celui qui aime les remontrances" - Pirké Avot 6,6).
Malgré son niveau incroyablement élevé, le Gaon de Vilna n'a pas hésité à demander et 0 payer son ami le Maguid de Doubno, pour qu'il lui fasse des réprimandes, lui adressant constamment des critiques sur ce qu'il devait corriger.
C'est uniquement ainsi qu'un homme peut se construire spirituellement, et ajouter de la perfection à sa perfection.
En effet, comme l'homme ne se voit à lui-même aucune imperfection, il a besoin d'entendre les paroles de critique d'autres personnes, qui seules peuvent distinguer ses défauts (que l'on peut même en venir à considérer comme des qualités!).

-> La guémara (Shabbath 119) affirme qu'une des raisons qui a provoqué la destruction du Temple, est que les gens ne se réprimandaient pas mutuellement.
On a l'habitude de lire la paracha Dévarim juste avant le 9 Av, pour nous apprendre qu'on peut construire Jérusalem par la mitsva de la remontrance, qui doit se manifester avec la plus grande douceur et gentillesse.

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-> "Ne réprimande pas le railleur, car il te haïrait ; fais des remontrances au sage, et il t'en aimera davantage" (Michlé 9,8)

Le Chla haKadoch (sur le verset v.1,13 : "des hommes distingués, sages, doués de discernement") rapporte que le roi Chlomo veut dire : "Ne réprimandez pas une personne en se référant à lui comme à un railleur ; mais plutôt, réprimande-le d'une telle façon qu'il puisse penser qu'on le considère comme une personne intelligente, sage, et que c'est indigne de son haut rang d'agir ainsi.
De cette façon, il va t'aimer et accepter tes mots.

=> Faire de l'autre une personne importante, c'est l'encourager à agir en adéquation avec cela.

-> Par exemple, le rabbi Avraham Twerski rapporte que trop souvent les parents crient sur leurs enfants : "Tu n'es qu'un bon à rien! Comment peux-tu être aussi bête et paresseux?"

Un enfant qui va grandir en entendant de façon répétée de telles remarques, va petit à petit les absorber jusqu'à être persuadé d'être un sot et un paresseux, et va donc prendre des décisions dans sa vie qui reflète la faible image qu'il a de lui.
Il pourra même devenir totalement dépendant aux marques d'honneur, de respect, que l'environnement pourra lui témoigner, pour dépasser ce manque d'estime de soi.
[il vit alors pour le regard des autres, et plus pour lui-même!]

A l'opposé de cela, le père de rabbi Twerski lui disait : "Ce que tu as fais n'est pas approprié pour quelqu'un d'aussi formidable et extraordinaire que toi."
Le message était : qu'il est un enfant incroyable avec un énorme potentiel, qui doit juste se concentrer à utiliser son énergie comme il le faut.

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-> Un jour le rav Eliyahou Lopian a dit à l'un de ses élèves qui arrivaient souvent en retard à la prière :
"Cela me fait tellement de peine de voir ton manque d'enthousiasme envers la prière. Si seulement tu pouvais savoir combien je t'aime et à quel point je m'inquiète pour toi, alors je t'aurai puni.
Mais je vois que tu es inconscients de mon amour et de ma préoccupation pour toi, donc je ne me sens pas à l'aise de te punir".

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-> b'h, Nous allons voir un développement du rabbi Yérou'ham Lébovitch ('Hokkhma ouMoussar).

A de nombreuses reprises, Moché a réprimandé le peuple d'Israël, mais à chaque fois il a terminé ses propos par une bénédiction.
En effet, celui qui rappelle aux gens leurs fautes ne doit pas les désespérer en les accablant et en les enfermant dans leurs péchés.

L’objectif de la réprimande est de les aider à se corriger et à se repentir. Il faut que tout le reproche soit orienté dans l'esprit de s'améliorer, mais jamais de ne montrer que le mal et la faute.
Il est fondamental d’ouvrir la porte au repentir.
L’issu doit être positive et lumineuse.

[par la téchouva tu peux effacer tout le "mal", et vu que tu es quelqu'un d'exceptionnel, il ne restera alors que de l'exceptionnel.]

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-> Il est écrit : "Réprimande ton prochain et ne fais pas porter la faute sur lui" (Kédochim 19,17).
=> Que signifie : "Ne fais pas porter la faute sur lui"?

Comme on vient de le voir, toute la réprimande doit être dirigée vers le repentir et l’amélioration du fauteur.
Le but est qu’il finisse par prendre le dessus sur sa faute et s’en dégager.

[il est quelqu'un d'exceptionnel, c'est uniquement sa faute qui est détestable, qui fait tâche, et il doit s'en s'en débarrasser, faire téchouva.]

Jamais une réprimande ne doit accabler et désespérer une personne.
Certes, tu dois réprimander ton prochain, mais surtout : "ne fais pas porter la faute sur lui", c'est-à-dire : ne lui suggère jamais que la faute est au-dessus de lui, qu’elle est trop lourde pour lui et que finalement, il ne s’en dégagera jamais.

=> Montre que c’est lui qui est au dessus de la faute, et qu’il pourra la maîtriser et s’en dégager.
C’est cela l’objectif de toute réprimande.

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+ "Voici les paroles que Moché a adressé à tout Israël" (Dévarim 1,1)

-> "Cela nous enseigne qu'ils étaient capables de supporter les réprimandes"
[midrach Yalkout Chimoni sur le v.1,1]

-> Rachi (v.1,3) : "Yaakov n'a adressé des remontrances à ses fils qu'à l'approche de sa mort. Il a dit : "Reouven, mon fils! Je vais te dire pourquoi je ne t'ai pas adressé de remontrances pendant toutes ces années : C’est pour que tu ne me quittes pas pour aller t'attacher à mon frère Essav". "

=> Nous devons beaucoup nous inspirer de ce Rachi.
Avec nos proches, et en particulier nos enfants, nous avons certes un devoir de réprimander ce qui ne va pas, mais nous devons savoir nous tempérer et ne pas être trop dur.
En effet, parfois pour se soulager la conscience nous "vidons notre sac" (c'est bon, je le lui ai dis, je ne peux pas faire plus!).
Mais cependant, si nous voulons réellement le bien de l'autre, ce n'est pas toujours la meilleure stratégie à adopter.

Le silence peut être plus bénéfique que la parole.
Beaucoup d'amour, beaucoup de valorisation de l'enfant, font beaucoup plus dans notre génération qu'une multitude de réprimandes.

-> Un midrach rapproche le terme "Dévarim" (les paroles de réprimande), du terme "dévorim" (דבורים), signifiant : "des abeilles".
=> Nous devons faire en sorte que la piqûre inévitable dans une réprimande soit la moins douloureuse possible (on pique là où ça fait mal chez l'autre, sur son mauvais comportement).

Nous devons également nous assurer que de notre démarche, il n'en ressorte que du miel, et pas de l'aigreur (voir pire).

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-> "Que Hachem, le D. de vos pères, vous ajoute comme vous un millier de fois" (Dévarim)

-> Le rav Leibele Eiger de Lublin (petit-fils de rabbi Akiva Eiger) explique ce verset : Quand Moché a vu que le cœur des juifs se brisait à cause de ses remontrances, il a eu peur qu'ils tombent dans la tristesse, c'est pourquoi il leur a immédiatement dit : "Que Hachem vous ajoute comme vous un millier de fois", c'est-à-dire bien que je vous ai réprimandés, je voudrais qu'il y en ait beaucoup comme vous, des juifs droits, pendant toutes les générations ..."

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-> Au sujet de la réprimande, b'h, voir aussi : https://todahm.com/2019/07/07/9477

Nos Sages ont enseigné qu’Avraham a ouvert la porte pour les convertis.
Et si déjà il a permis qu’un véritable non-juif puisse avoir la possibilité de devenir un juif véritable, alors encore plus a-t-il ouvert la porte à un juif qui a commis même de très grandes et nombreuses fautes de pouvoir se repentir et se rapprocher d’Hachem.
Avraham a rendu possible même cela, et il n’y a donc jamais lieu de désespérer.

[le Beit Avraham]

"J’ai ordonné à vos juges, en ce temps là, en leur disant : "Ecoutez vos frères et jugez équitablement"." (Dévarim 1,16)

-> Le Kédouchat Lévi explique l'emploi des termes "en ce temps là" (baét ha'i), de la façon suivante :

Dans nos générations, avant la venue du machia'h, un juge doit bien écouter les arguments des plaignants pour rendre la justice.
Mais, dans les temps futurs, nos Sages enseignent que le machia'h ne jugera pas en écoutant les différents arguments, mais il jugera par l’odorat.
Il sentira la justice et la vérité.

Ainsi, c'est seulement "en ce temps là" : c’est-à-dire dans nos générations avant le machia’h, que Moché donna ordre aux juges d’écouter pour juger.
Cependant, dans le futur, le machia’h ne jugera pas en entendant, mais en sentant.

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+ "Ecoutez vos frères et jugez équitablement" (Dévarim 1,16)

-> De ce verset, nos Sages (guémara Sanhédrin 7b) tirent qu'un juge ne doit pas entendre le témoignage d'une des parties avant que l'autre ne soit arrivée.
Un jugement ne doit pas se faire à la hâte, et aucune préférence ne doit être accordée à l'une des partie.

-> "Un homme ne peut fauter que si un esprit de folie pénètre en lui"
[guémara Sotah 3a]

-> "La stupidité (ou la folie) de l’homme fausse (ou déforme) sa voie, et contre Hachem, son cœur s’emporte" (Michlé 19,3)

Rabbénou Yona d’expliquer :
"L’homme stupide ne réfléchit pas avant d’agir, ne surveille pas les voies qu’il emprunte, et qui peuvent l’amener à fauter.
Il n'a pas l’habitude de faire un examen de conscience de ses actions et n’examine pas ses voies, ce qui empêche tout repentir.
De plus, lorsqu’il est sanctionné, il critique Hachem pour les malheurs qui le frappent, car il pense n’avoir aucune faute à se reprocher."

=> Nous devons éviter d'agir sur un coup de tête, sur un vent de folie.
"Jugez équitablement" = Nous devons attendre que les 2 parties : le yétser ara et le yétser atov soient là, et pouvoir choisir ce qu'il convient de faire en fonction de la question : "Qu'est-ce que D. attend de moi? Qu'est-ce que je gagne, qu'est-ce que je perds en agissant de la sorte?"

Le yétser ara est là depuis notre naissance, le yétser atov arrive à nos 13 ans (bar mitsva).
De plus, le yétser ara propose des choses en apparence très intéressantes sur le moment, mais aux conséquences dramatiques pour notre futur.

"Hachem me parla en disant" (Dévarim 2,17)

-> Rachi explique que durant les 38 années où Israël a été en disgrâce (suite à la faute des explorateurs), D. n'a pas parlé [directement, en face à face] à Moché, avec tout Son amour, dans l’intimité et la sérénité.
Cela nous apprend que la présence Divine ne repose sur les prophètes que pour le peuple d'Israël, et elle s'en retire lorsqu'il n'est pas méritant.

=> Comment Hachem a-t-il communiqué avec Moché pendant cette période?

-> Selon Rachi (guémara Taanit 30b), Hachem lui parlait toujours avec amour, mais d'une façon indirecte : au travers des visions nocturnes.

-> Selon le Rachbam (guémara Baba Batra 121b), la communication se faisait régulièrement par des moyens indirects : comme un ange ou bien les Ourim véToumim du Cohen Gadol.
De plus, il écrit que Hachem ne parlait à Moché que pendant des moments où un incident nécessitait l'intervention Divine.

-> Rabbénou Bé'hayé est d'avis que durant cette période, Moché continuait à recevoir les prophéties, mais elles lui étaient transmises avec une clarté imparfaite à l'image des autres prophètes, et à l'opposé de la clarté absolue que Moché était habitué à recevoir.

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-> Sur ce verset, Rabbénou Bé’hayé (Dévarim 2,17) enseigne également que chaque année, Moché lui-même s’endeuillait pour ceux qui mouraient le 9 Av.

[Chaque année, la nuit du 9 Av, tous les hommes de la tranche d’âge destinée à mourir (de 20 à 60 ans au moment des faits des explorateurs) creusent des tombes et s’y allongent pour la nuit. Certains ne se réveillent pas.
Lorsque ceux qui sont encore en vie se réveillent le 9 Av au matin, ils entendent une voix proclamer : "Que les vivants se séparent des morts!"
A ce moment, ils se lèvent et quittent leur tombe.
Ce cérémonial se répète tous les ans à la même date pendant les 38 années suivantes jusqu’à ce que les 600 000 hommes de cette tranche d’âge soient morts, soit une moyenne de 15 000 hommes par an! - selon le Sifté Cohen]

=> Ainsi, même s'il était assuré de ne pas mourir, Moché ressentait tellement la douleur de son peuple, que le 9 Av, il s'endeuillait et ressentait la même douleur/appréhension que celui qui avait le plus de probabilité de mourir en cette nuit du 9 Av.

"Le cas qui sera trop difficile pour vous, vous me l'apporterez et le l'entendrai" (Dévarim 1,17)

Logiquement, Moché aurait plutôt dû dire que ce qui vous sera difficile : "je l’expliquerai", et non pas : "je l’écouterai".

Il arrive qu'une personne se rende chez un Rav (Maître) pour lui parler d'un sujet qui lui est difficile, comme par exemple un souci personnel qui le perturbe. Mais en réalité, cette personne n’attend pas de réponse du Rav.
En effet, le simple fait de savoir que le Rav l’a écouté, même sans rien lui répondre, lui suffit déjà.
Cet homme ne raconte son souci au Rav que pour qu'il l'écoute, sans rien de plus.

=> C'est à cela que Moché fait allusion en disant que ce qui vous sera difficile : "je l’écouterai".
Cela vous apaisera et vous contentera, puisque le simple fait de savoir que le Rav a entendu est souvent déjà suffisant.

[le Imré Emet]

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[d'une certaine façon, on peut étendre cela à une femme qui a besoin d'exprimer ses "préoccupations" quotidiennes à son mari.
Plus que d'obtenir une solution (qu'elle peut déjà avoir!), ce qu'elle désire c'est recevoir de l'attention, de la compassion, avoir l'oreille grande ouverte de son mari bien-aimé.]