Aux délices de la Torah

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"Que Pharaon recherche un homme clairvoyant et sage et qu'il le prépose au pays d'Egypte" (Mikets 41,33)

-> Pharaon a rêvé de 7 épis beaux et de 7 épis très maigres, puis 7 bonnes vaches et 7 vaches très maigres.
Yossef a interprété cela : "Voici venir 7 années : une grande abondance dans tout le pays d'Egypte, puis surviendront 7 années de famine après elles et toute l'abondance sera oubliée dans le pays d'Egypte" (Mikets 41,29).

=> Pourquoi Yossef a-t-il conseillé spécifiquement un homme sage, plutôt qu'un bon gestionnaire pour gérer les biens du royaume?

-> Le rav 'Haïm Kofman répond en citant la guémara (Tamid 32a) : "Qui est sage? Celui qui voit ce qui va arriver" (ézéou 'hakham aroé ét anolad - איזהו חכם הרואה את הנולד).

Pendant les années d'abondance, Yossef avait cette capacité à se projeter dans les années de famine comme s'il les voyait réellement devant lui.

Un simple gestionnaire aurait sous-estimé la gravité de la famine à venir, puisqu'en ayant devant ses yeux la richesse actuelle, en se croyant trop beau, cela va forcément fausser sa perception du futur (comment oses-tu me parler de grave crise à venir, regarde c'est byzance dans le pays!).
A l'inverse, un sage se trouve déjà dans la longue famine à venir, et chaque richesse devient alors une nécessité vitale, et non une de plus parmi tant d'autres.

-> Le rav Eliyahou Lopian dit qu'en période d'abondance, l'homme est tenté de dénigrer la nourriture et son importance, et de ne pas économiser ...
Le monde ici-bas ressemble aux années d'abondance pendant lesquelles nous pouvons accroître l'étude de la Torah et multiplier les mitsvot. [dans sa bonté, Hachem les a même multiplier pour nous donner un maximum d'occasion d'acquérir des mérites]
En revanche, les années de famine font référence au monde à venir où il sera impossible d'augmenter ses mérites.
L'homme doit donc faire preuve d'intelligence et engranger un maximum de mitsvot dans ce monde-ci, pour en profiter dans le monde futur.

-> Lorsque le Gaon de Vilna était sur son lit de mort, il a soulevé ses tsitsit et a commencé à pleurer :
"Ce monde-ci correspond à nos "7 années d'abondance", et pour le prix de quelques pièces on peut accomplir la mitsva des tsitsit, avec sa guématria de 613 (tariag) renvoyant aux 613 mitsvot.
Cependant, le monde à venir correspond à "nos 7 années de famine", où nos téfilin, nos tsitsit, notre mézouza et notre Torah ne nous seront plus disponibles.

Dans le monde à venir, nous ne pourrons vivre qu'en fonction de ce que nous aurons accumulé comme mérites durant les 7 années d'abondance que durent ce monde."

=> Yossef n'était pas uniquement en train de conseiller matériellement Pharaon, mais également toute autre personne sur le fait que nous devons accomplir le plus possible de mitsvot, de bonnes actions tant que nous vivons dans ce monde, afin de pouvoir vivre de la plus belle manière dans le monde à venir, qui lui est éternel.

De même que matériellement il existe une différence totale entre une période d'abondance et une période de famine, de même nous devons avoir conscience qu'il existe une différence similaire à un niveau spirituel entre ce monde et celui à venir.

"Ce fut au bout de 2 années, Pharaon eut un rêve" (Mikets 41,1)

-> Contexte : La paracha débute 2 ans, jour pour jour, après la libération du maître échanson, soit 12 ans après que Yossef a été jeté en prison.
Il a maintenant 30 ans, et son père Yaakov 120 ans.

Le Ohr ha'Haïm fait remarquer que la paracha commence par : "vayéhi" (וַיְהִי), qui est un terme impliquant des événements douloureux, car ce verset représente le début pour les juifs de leur exil en Egypte.

Selon le Dorché Aggadaot, c'est parce que le jour où Yossef est sorti de prison, a eu lieu un événement douloureux : notre Patriarche Its'hak est mort, à l'âge de 180 ans.

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-> Nos Sages expliquent que le début du verset fait référence aux 2 années supplémentaires que Yossef est resté en prison. Cette peine lui a été imposée pour avoir placé son espoir sur le Maître échanson, car après lui avoir interprété son rêve positivement, il lui dit : "Tu te souviendras de moi ... et tu me rappelleras devant Pharaon"(v.40,14).
Pour avoir utilisé ces 2 expressions, il fut puni et resta 2 années de plus en prison.

Il est écrit littéralement : "2 années de jours" (chénatayim yamim).
Pourquoi cela?

-> Le Sifté Cohen enseigne que Yossef a accepté le décret divin (rester 2 ans de plus en prison) avec joie et amour, et c'est pourquoi le temps lui est paru à ses yeux comme 2 jours (yamim), et non 2 années (chénatayim).

Ces 2 années, en apparence une punition, vont lui permettre de devenir vice-roi d'Egypte.
Ainsi, ce qui nous semble être de l'obscurité peut en réalité être de la lumière, dont nous nous en rendrons compte que bien plus tard!

[ainsi, tâchons de suivre l'exemple de Yossef en regardant la vie avec confiance et positivisme, plutôt que de nous inquiéter à tord sur ce que nous ne pouvons pas comprendre, car n'étant pas à la place de D.]

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-> b'h, également à ce sujet : https://todahm.com/2018/12/09/7732

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-> La guémara (Roch Hachana 11a) rapporte que Yossef a été libéré de prison à Roch Hachana.
Cela implique que les rêves du chef des bouchers et du maître panetier, ainsi que ceux de Pharaon ont eu lieu à Roch Hachana.

Le Maharcha (guémara Béra'hot 18b) écrit qu'un rêve fait pendant Roch Hachana est plus véridique qu'un rêve fait le restant de l'année, puisque l'âme d'une personne va au Ciel pour y être jugée et qu'elle voit et entend ce qui se passe dans les Mondes Supérieurs.

Le Oznayim laTorah poursuit en expliquant que si on révèle aux personnes ordinaires ce qui va se passer dans le futur, alors il est certain que pour un roi aussi grand que Pharaon, régnant sur de très nombreuses nations, on a pu lui révéler les décrets qui vont s'appliquer sur le monde. C'est pour cela que Pharaon a pris si au sérieux ses rêves.

Le verset nous précise que ces rêves ont bien eu lieu précisément à Roch Hachana, par l'emploi inhabituel de : "2 années de jours" (exactement jour pour jour!).

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-> Yossef est sorti de prison à Roch Hachana.
Chaque juif possède profondément à l'intérieur de lui un noyau inaltérable d'intégrité, que le yétser ara ne pourra jamais engloutir.
Chaque jour de l'année, ce point intérieur d'intégrité irréductible, appelé : "Yossef hatsadik (le juste)", se trouve en prison parmi les forces physiques et les désirs du corps.
Lorsque Roch Hachana arrive, le juif rejette tous ses désirs physiques et accepte le joug de la royauté céleste. A ce moment-là, ce noyau intérieur de judaïcité sort de prison et se relève.

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-> Selon le rav Méir de Prémichlan, la Torah nous enseigne que : "Ce fut au bout de 2 années de jours" = une personne peut vivre de nombreuses années jusqu'à arriver à son terme. Cependant, en arrivant au Ciel, elle découvre alors que sa vie entière a été longue en années, mais courte en actions selon la volonté de D. (Torah et mitsvot).
=> Ce qui est en temps des années, ne devient alors que quelques jours!

[notre véritable âge dans ce monde n'est pas une donnée passive (je tues le temps qui passe!), mais plutôt active (qu'est-ce que je me suis tué à faire pour Hachem!)]

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+ Yossef et la hichtadlout :

La Torah elle-même demande à l’homme d'un côté de placer sa confiance en Hachem, mais d'un autre d’intervenir pour créer une cause en apparence naturelle pour obtenir la réussite (la hichtadlout).
=> En quoi Yossef a-t-il fauté?

-> Le rav Chlomo Wolbe s’appuie sur les paroles de Rachi à ce sujet, qui dit : "Puisque Yossef a dépendu du maître échanson, pour qu’il se souvienne de lui, c’est pourquoi il a dû rester encore 2 ans en prison".

Certes l’homme doit faire une hichtadlout naturelle, mais il ne doit pas compter dessus, car il doit entièrement dépendre d’Hachem.
La hichtadlout ne doit être considérée que comme une dette à payer (un impôt résultant de la faute d'Adam et 'Hava), mais la confiance ne doit être tournée que vers Hachem.

Son erreur n’a donc pas été d’avoir fait une hichtadlout, car cela est normal et même recommandé, mais d’avoir dépendu et compté sur sa hichtadlout.

[dans le cadre du libre arbitre, nous devons faire des actes nécessaires afin de dissimuler l'intervention divine, et le risque est d'oublier cela en s'accorder tout le crédit de ce qui a été fait, et ce au détriment de Hachem]

-> Selon le rabbi 'Haïm de Brisk, la faute de Yossef a été d’avoir utilisé 2 expressions.
En effet, à son niveau spirituel, il n’aurait dû employer qu’une seule parole et alors il aurait fait son devoir de hichtadlout, et il n’en aurait pas du tout été puni, même pas d’une année de prison en plus.
Mais comme il a "exagéré" (toujours selon son niveau) et a prononcé 2 paroles, alors il fut puni.

Le rav Shimon Shkop a fait remarquer au rav 'Haïm Soloveitchik, que lorsque Yossef a émis une demande supplémentaire par rapport à ce qui était nécessaire dans sa situation (soit : une seule requête), alors cela a révélé rétroactivement que même sa demande initiale n'avait pas une motivation convenable (à son niveau), et il a alors été puni pour les 2 demandes qu'il a pu faire (par 2 ans de prison en plus).

Le Bét haLévi explique, dans le même sens, que plus quelqu’un est grand dans sa confiance en Hachem (bita’hon), plus sa hichtadlout doit être faible. Là fut l’erreur de Yossef.

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-> Le ‘Hazon Ich explique qu’un homme doit user d’une hichtadlout valable et fiable, c’est-à-dire qui peut l’aider naturellement à réussir.
Mais, le maître échanson étant un racha, qui assurément n’allait pas l’aider, en plaçant sa confiance en lui, c’est comme si un homme qui est en train de se noyer s’appuierait sur une paille pour se sauver. En cela, Yossef a fait preuve d’un comportement en quelque sorte désespéré (pour son niveau). C’était cela son erreur.

-> Le Pardes Yossef rapporte une opinion selon laquelle Yossef avait effectivement compris le message d’En-Haut comme quoi il serait libéré et que tout avait été préparé en ce sens (on lui envoie avec lui en prison le Maître échanson qui se mit à rêver, et qu’il devait lui interpréter son rêve comme quoi il serait libéré).
Son erreur a été que malgré cela, Yossef a quand même fait une hichtadlout.

Le manquement a été que quand on perçoit le début d’un processus qui enclenche la réussite, alors dans ce cas, la hichtadlout ne doit pas avoir lieu.

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-> Le Rabbi de Loubavitch explique que toute la raison de la nécessité de la hichtadlout provient du fait que l’homme vit dans un monde matériel, la nature a donc une certaine emprise sur lui. C’est pour cela qu’il doit donc intervenir en faisant une hichtadlout naturelle.

En revanche, Yossef vivait dans ce monde sans en être nullement affecté. Il pouvait se trouver dans un pays où la matérialité a une prise énorme, comme en Egypte et être totalement attaché à Hachem sans le moindre tracas du fait de la matérialité.
Yossef n’était pas du tout touché par la nature, et de ce fait, pour lui, une hichtadlout naturelle était de trop. Il fut donc puni pour cela.

=> Il en résulte que Yossef a été puni pour une erreur très fine d’appréciation, d'un manque de bita'hon très subtil.
D'ailleurs, le Beit haLévi enseigne que c’est en voyant la grande punition pour une faute si fine, que nous pouvons en déduire le niveau très élevé de confiance en D. (bita'hon) que Yossef avait pu atteindre.

De plus, le Rabbi de Kotsk fait remarquer qu’en général, la punition pour une faute ne vient pas immédiatement après la faute.
Ici, le fait que Yossef fut puni tout de suite après son erreur, puisque les 2 années de prison en plus ont suivi sa faute, cela vient montrer que son bita’hon était si grand qu’on lui a montré immédiatement quel a été son manquement, à travers sa punition, ce qui n’est pas habituel.

Ces 2 années ont été le moyen pour Yossef de corriger son erreur, c’est-à-dire de travailler sur son bita’hon pour le corriger et le parfaire.
De sorte qu'à la fin de cette période, Pharaon a rêvé, et Yossef était tellement complet dans sa confiance en Hachem que même lorsqu’on l’a appelé d’urgence pour expliquer les rêves de Pharaon, malgré le stress et l’urgence, il a pu garder son calme et conserver son bita’hon intact. C’est ainsi qu’il put introduire son interprétation en disant : "C'est au-dessus de moi ; c'est D. qui répondra du bien-être de Pharaon" (41,16).
D'ailleurs, le midrach Tan'houma commente que suite à cette réaction d'humilité : "Hachem dit : Puisque tu ne t'es pas vanté pour toi-même, Je jure que pour cela tu monteras à la grandeur et à la royauté!"

=> Ainsi, cette punition fut pour Yossef le plus grand bien puisqu’en l’exploitant pour corriger son bita’hon, cela le conduisit à la plus grande réussite.
==> Lorsque Hachem punit l’homme, en fait la sanction contient le potentiel de réparer la faute et le prépare à sa réussite.

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"Ce fut au bout de 2 années, Pharaon eut un rêve" (וּפַרְעֹה חֹלֵם)

-> Le Ohr ha'Haïm nous enseigne que Pharaon a fait ce même rêve, tous les jours pendant 2 ans.
Cependant, chaque matin en se réveillant, il oubliait totalement ce dont il avait pu rêver, et ce n'est qu'au moment où Yossef devait sortir de prison, qu'il s'en ai souvenu à son réveil.
Le rêve a été le premier pas menant à la libération de Yossef.

-> Le rav 'Haïm Yossef Kofman fait remarquer qu'il n'est pas écrit : "Pharaon a eu un rêve" (ouPhar'o 'halam), mais plutôt : "ouPhar'o 'holem" (Pharaon rêve - au temps présent).
Qu'est-ce que cela vient-il nous apprendre?

Une vision extérieure des événements être : c'est uniquement parce que Pharaon a eu ses rêves que Yossef a pu sortir de prison.
On a ainsi : la cause = les rêves de Pharaon -> la conséquence = sa sortie de prison.

Cependant, un juif doit comprendre que chaque événement est orchestré par Hachem avec une précision totale.
Puisque Yossef devait sortir précisément ce soir là, au bout des 2 années supplémentaires, alors D. a fait en sorte que Pharaon fasse son rêve, puis que Yossef soit nommé vice-roi d'Egypte, en accord total avec le plan Divin.

=> Ainsi, le verset peut se lire : la cause = "ce fut au bout de 2 années" -> la conséquence = Pharaon est en train de rêver.

==> Nous devons transposer cela à notre vie, et remarquer que souvent nous avons tendance à inverser les causes et les conséquences, que c'est bien papa Hachem qui est le pilote aux commandes de l'avion!

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=> Pourquoi Pharaon a-t-il fait le même rêve tous les jours pendant 2 années?

-> Le rabbi Pin'has de Koritz répond que ces rêves quotidiens étaient afin de permettre à Yossef de pouvoir sortir immédiatement de prison.
En effet, le jour même où Yossef aurait suffisamment de bita'hon (au regard de son niveau exceptionnel), alors en ce jour Pharaon se souviendrait de son rêve, le maître échanson dirait à Pharaon que Yossef sait déchiffrer les rêves, et Yosef serait alors libéré de prison ce même jour.

[cela nous renvoie à l'idée que chaque jour le machia'h est prêt pour nous délivrer si nous sommes assez méritants. A l'image de la situation de Yossef où personne était au courant de cela sur le moment, de même nous n'en avons pas conscience, mais Hachem a tout préparé pour qu'à la seconde où nous sommes méritants, la guéoula se déclenche! ]

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-> Nos Sages font également remarquer que les conseillers de Pharaon étaient convaincus que le monde ne peut fonctionner qu'en se conformant aux lois de la nature, qu'au final les plus forts l'emportent toujours sur les plus faibles.
En effet, comment se peut-il que : "les vaches de mauvaise apparence et maigres de chair mangèrent les 7 vaches belles d'aspect et robustes" (v.4)) et que "les épis maigres engloutirent les 7 épis sains et pleins" (v.7).
C'est pourquoi, ils ne pouvaient pas interpréter correctement les rêves.

De son côté, Yossef avait pleinement compris que les lois de la nature sont gouvernées à tout moment par Hachem, et qu'Il peut librement les modifier selon Sa volonté.
[le monde n'est pas en pilotage automatique avec un dieu distant ; D. n'est pas dépendant des lois de la nature qu'il a pu instituer par le passé, bien au contraire ...]

[d'ailleurs, c'est ce que nous célébrons à 'Hanoucca, la victoire militaire où : l'armée la plus nombreuse a perdu face aux moins nombreux (vérabim béyad méatim).
C'est un moment où nous devons nous déconnecter de la vision de la société environnante, et voir la vie en tant que juif : Hachem est impliquée dans Sa création, Il contrôle chacun des aspects du monde et Il aime Ses enfants : le peuple juif.
A partir d'un miracle dévoilé (la fiole d'huile), nous réapprenons à apprécier qu'en réalité tout dans notre quotidien n'est que miracle divin dissimulé dans la naturalité (ex: je peux voir, je peux entendre, je peux bouger, ...)]

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-> Le Baal Chem enseigne :
"La force que possède la confiance en D. est tellement grande, qu'Hachem prépare à l'avance toutes les circonstances nécessaires à exaucer la requête d'un homme, avant même qu'il ne fasse preuve de cette confiance, pour que dès qu'il se renforce dans ce bita'hon, survienne la délivrance".

Il en fut ainsi au sujet de Yossef : au début, il fut,certes, puni pour avoir compté sur le maître-échanson.
Néanmoins, le Créateur suscita au même moment sa délivrance.
C'est pourquoi Pharaon rêva pendant 2 ans le même songe toutes les nuits, afin que si Yossef se renforce dans sa confiance en D., la délivrance soit prête à se manifester sur le champ, qu'il soit libéré de prison et qu'il soit nommé vice-roi d'Egypte.
[rav Elimélé'h Biderman]

"La lumière spirituelle de la 'hanoukia a le pouvoir d'illuminer le cœur d'un juif, et d'apporter une joie particulière à son âme.
Par conséquent, celui qui souffre de dépression doit être vigilant à regarder les bougies de 'hanoucca, car elles amèneront de la joie à son esprit abattu."

[Rabbi Israël Friedman de Tchortkov]

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+ 'Hanoucca : c'est la joie!

-> Le Nétivot Shalom nous dit que l'essentiel de 'Hanoucca est : la joie (sim'ha).
Les grecs ont interdit aux juifs de pratiquer : le Shabbath, la circoncision (mila) et la célébration du nouveau mois (Roch 'Hodech).
La première lettre de ces mots forme : "Joyeux!" (saméa'h - שמח : Shabbath + mila + 'hodech).

En effet, la base de tout succès spirituel réside dans la joie, comme le roi David l'écrit : "Servez Hachem dans la joie!" (Téhilim 100,2 - ivdou ét Hachem béSim'ha).
Rabbi Ezriel Tauber explique que c'est un cercle vertueux : une vraie avodat Hachem génère forcément de le joie à une personne.
=> En nous retirant nos mitsvot et notre Torah, les grecs voulaient nous retirer notre joie profonde, et donc notre attachement avec Hachem.

-> 'Hanoucca est la fête des lumières.
Il est écrit : "chez les juifs il y avait de la lumière et de la joie" (layéhoudim aïta ora véSim'ha - méguilat Esther 8,16), que nos Sages commentent :
- "la lumière c’est la Torah" (ora zé Torah - guémara (Méguila 16b) ;

- la joie = selon Rabbi Guttman, c'est le bonheur intérieur d'être un juif, c'est la joie interne à l'idée d'avoir une relation privilégiée avec Hachem.

-> 'Hanoucca (חנוכה) peut se décomposer en : חנוך ה ('hinoukh hé = s'éduquer à la divinité [Hachem]) = cela consiste à vivre une vie remplie de lumière, de joie, de clarté, de tranquillité d'esprit et de conscience que je suis bien car étant en permanence dans les bras de papa Hachem (Le Maître du monde, L'Unique, Le Seul qui est tout et peut tout!).

A 'hanoucca, on prend davantage conscience que sa vie ne se résume pas uniquement à son corps éphémère, qu'à des réussites matérielles fluctuantes ou à de l'intelligence, comme voulaient nous le faire croire les grecs.
En effet, à 'Hanoucca, nous célébrons la victoire de la spiritualité sur la matérialité (Grèce), et donc la victoire de la joie sur la misère (j'ai une raison élevée de vivre, un sens à ma vie, à tout moment je construits mon éternité ; j'ai une relation très privilégiée avec le Maître du monde Qui aura toujours un amour infinie pour moi, ...).

A 'Hanoucca, nous fêtons la victoire de ceux qui étaient peu nombreux (allusion au fait d'être content avec ce que l'on a, même si c'est peu car provenant de D.), sur ceux qui étaient nombreux (allusion au fait de toujours se persuader que notre bonheur se trouve ailleurs, même si on a déjà beaucoup).

=> A 'Hanoucca, nous devons développer en nous la notion que : le monde non-juif environnant est certes agréable, divertissant, mais qu'est-ce que cela est sombre par rapport à une vie juive, qui est pleine de lumière, de joie, ...

"A 'Hanouccca, nous avons la capacité unique de briller et de s'élever à des niveaux spirituels qui nous sont inaccessibles le restant de l'année."

['Hidouché haRim]

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+ 'Hanoucca : un nouveau départ spirituel :

-> "A 'Hanoucca, toute personne doit s'enflammer et s'exciter à propos de sa possibilité de faire la volonté de Hachem".
[...]
Hanoucca (חנוכה) renvoie à : "l'éducation ('hinoukh - חנוך) de renouveler son service divin".
[Sfat Emet - 5645]

-> Le Sifté 'Haïm explique que le miracle principal de 'hanoucca est la victoire militaire des juifs sur les grecs.
Lorsque nous fêtons ce miracle d'ordre physique, nous devons également célébrer sa conséquence spirituelle : la possibilité de servir de nouveau pleinement Hachem, avec la reprise du service dans le Temple.

Le Kédouchat Lévi écrit que 'Hanoucca fait référence à la : "it'hadchout" (la régénération - התחדשות), impliquant un nouveau départ.
De même que physiquement la mitsva de 'hanoucca réside dans l'allumage des bougies, de même spirituellement nous devons devenir tout feu tout flamme dans notre avodat Hachem.

=> Ainsi, 'hanoucca ne doit pas être qu'un allumage machinal, nous devons surtout en profiter pour illuminer notre façon de réaliser la volonté de D.
Pour cela, nous devons prendre le temps d'internaliser les messages de la fête, ce qui conduit à développer notre excitation, notre fierté, notre joie, ... à vivre juif.

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-> Le 'Hidouché haRim fait remarquer que : l'âme (néfech - נפש) représente les mots : נר (la flamme - nér) ; פתילה (la mèche - pétila) ; shémen (l'huile - שמן).

Tout juif a forcément une âme (néfech) en lui.
=> Ainsi à 'hanoucca, à un niveau plus élevé qu'une simple action physique, on se doit d'allumer, de mettre le feu à l'âme divine qui est en nous.

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+ 'Hanoucca : la vraie intériorité d'un juif

-> Les grecs ont rendu impurs toutes les huiles disponibles dans le Temple.
Cependant, après beaucoup de recherches, les 'Hachmonaïm ont pu trouver une petite fiole d'huile pure.

Le Sfat Emet écrit que cela symbolise le fait que dans chaque juif, quoiqu'il puisse faire de mal, il restera toujours en lui un endroit caché qui est totalement pur.
Il explique que de la même façon que les 'Hachmonaïm ont dû chercher pour trouver cette fiole, parfois un juif doit chercher profondément en lui pour trouver cette étincelle pure.
C'est pourquoi on ne doit jamais en venir à se désespérer de nous-même (c'est fichu, j'ai trop fauté!), car il restera toujours cette parcelle de sainteté pure à partir de laquelle on peut tout reconstruire pour le meilleur.

-> Le Baal haTanya développe l'idée que tout juif a en lui un amour caché pour Hachem.
Même chez le juif qui a pu faire les pires fautes, il existe profondément ancré en lui un noyau de pureté qui aspire à faire la volonté de D.

-> La guémara Nidda (30b) enseigne qu’un ange enseigne toute la Torah dans le ventre de la mère, mais qu’au moment de naître un ange vient et frappe le bébé sur sa bouche et il en oublie alors toute la Torah.
Le rav Soloveitchik disait qu'il restera quand même l'empreinte éternelle de la Torah dans son âme, entraînant qu'au fond de lui il aura toujours une attirance pour Hachem.

-> Le Rambam (Hilkhot Gérouchin 2,20), rapporte la guémara (Baba Batra 47b), où lorsqu'une personne est obligée d'apporter un sacrifice et qu'elle n'a pas envie de le faire, alors le beit din peut la forcer à l'apporter.
On va alors lui mettre la pression physiquement, jusqu'à ce qu'elle déclare : "rotsé ani" (Je veux [l'apporter]).
Puisqu'à priori elle va émettre ces paroles afin d'arrêter de recevoir des coups, comment cela peut-il être valable selon la loi juive?

Le Rambam enseigne qu'au plus profond de lui, tout juif désire faire les mitsvot.
Notre "vrai moi" en a envie, mais une autre personnalité (le yétser ara) a pris les commandes de notre être, empêchant la réalisation de notre volonté la plus interne.
L'idée est de l'intimider physiquement jusqu'à permettre de briser toutes les barrières que le yétser ara a mis en place pour nous empêcher d'être véritablement nous-même.
C'est ainsi que lorsque cette personne va dire : "rotsé ani", cela sera l'expression totale de son intériorité, et selon la loi juive c'est une communication valable de la volonté.

"Pendant les jours de 'Hanoucca, une personne doit tenter de rectifier toutes les fautes pouvant entraîner le départ de la présence divine du peuple juif, puisque cela était l'objectif principal des grecs.

Actuellement, comme nous le savons, puisque le Temple a été détruit, les endroits où Hachem fait résider Son Esprit Divin, sont les synagogues et les lieux d'études (beit midrach) du peuple juif (cf. guémara Méguila 29a).

C'est pourquoi celui qui parle dans une synagogue ou durant la prière est littéralement en train de se rebeller contre Hachem, et il entraîne que la présence divine s'éloigne. Il accomplit ce que l'armée grecque n'a pas pu faire.
Il rend l'air [spirituellement] impur, et [c'est comme si] il met des idoles dans la Court [du Temple] [מעמיד צלם בהיכל], car pour chacune de ses fautes il entraîne l'apparition d'une séparation avec D. (klipa) et d'un esprit impur!"

[Noda biYéhouda - Rabbi Yé'hezkel Landau - Drouché Tzla'h 'Hanoucca]

"Ce que de grands tsadikim ne peuvent pas faire pendant la Néïla de Kippour, chaque juif, même le plus simple, peut l'accomplir par ses prières et sa téchouva lors du dernier jour de 'Hanoucca (zot 'Hanoucca)."

[le rabbi de Ruzhin]

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-> Non seulement le dernier jour de 'Hanoucca est celui le plus important, mais c'est également l'apogée des jours allant depuis Roch Hachana et Kippour, en effet c'est la dernière chance pour modifier le jugement de Hachem.

b'h, A ce sujet : https://todahm.com/2017/09/27/la-periode-de-tichri-a-hanoucca

"La paille (téven - תֶּבֶן) n'est pas donnée à tes serviteurs et [pourtant] on nous dit : Faites des briques (oulevénim - וּלְבֵנִים)!" (Chémot 5,16)

-> Le rav Méir de Prémichlan (Divré Méïr) explique :
Même s'il nous manque la compréhension [tévouna] du repentir, nos cheveux blancs [lévénim se traduit par : "les briques" et "les bancs"] poussent, et nous poussent à faire téchouva, puisque la vieillesse est arrivée.

"Ra'hel avait pris les térafim (sorte d’idole), les avait placés dans la selle du chameau et s'était assise dessus" (Vayétsé 31,34)

On peut se demander pourquoi Ra'hel s'assit-elle sur les idoles. N'y avait-il pas d’autre solution pour les dissimuler?

En fait, les idoles ont une certaine force provenant du mal, et c'est ainsi que Lavan pouvait connaître des informations cachées grâce à ses térafim.

Cependant Ra'hel voulait neutraliser leur pouvoir, et c'est pourquoi elle s’assit dessus. Par cela, elle les humilia et les méprisa, puisque c'est très dégradant de s’asseoir sur quelque chose.

Or, toutes les forces obscures n'ont d’existence que si on leur accorde de l’importance. Dès lors qu’on les méprise, toutes leurs forces disparaissent.

Ainsi, quand on place sa confiance uniquement sur Hachem et qu’on méprise le mal, automatiquement les forces du mal disparaissent. Telle était l’intention de Ra’hel en s’asseyant sur ces idoles.

[le Zohar]

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-> Lavan savait comment utiliser ces idoles [pour obtenir des pouvoirs extrasensoriels]. Ra'hél les lui vola afin qu'il ne puisse découvrir leur destination. [Méam Loez - Vayétsé 31,19]

-> D'après une opinion (Zohar - Vayichla'h), Lavan ne poursuivit pas Yaakov pour le combattre physiquement. Yaakov disposait de plus d'hommes que Lavan. Ce dernier désirait tuer Yaakov par des paroles : à l'aide d'incantations magiques ...
Lavan voulait "déraciner" Yaakov de ce monde en usant de la sorcellerie.
[Méam Loez - Vayétsé 31,24]

-> Selon le midrach (Béréchit rabba), Lavan força Ra'hél à se lever afin de fouiller l'endroit où elle était assise. Miraculeusement, les térafim se transformèrent en petites cruches, il ne trouva donc pas ce qu'il cherchait.

Ra'hél dit à Lavan : "Ne sois pas offensé, mon seigneur, si je ne puis me lever devant toi à cause de l'incommodité habituelle des femmes".
A l'époque, on croyait que l'écoulement menstruel était extrêmement dangereux. Même converser avec une femme nidda était interdit, ils pensaient que son souffle était impur. La nourriture préparée par une femme nidda était également considérée comme nocive.
Ainsi, le Ramban est d'avis que malgré ses soupçons, il la laissa et sortit de la tente.
[...]
Ra'hél n'a pas menti, elle sous-entendait que les idoles rendent impur au même titre que les menstruations. Elle prétendit donc: "J'ai mes périodes" = elle entendait par là qu'elle était assise sur une chose impure pareille à l'écoulement menstruel.
[d'après le Méam Loez - Vayétsé 31,34-35]

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-> Pendant son absence, des brigands avaient saccagé sa maison, et lui avaient volé tous ses biens. Quand Lavan revient chez lui, il était pauvre comme avant l'arrivée de Yaakov, 20 ans auparavant.
[Méam Loez - Vayétsé 32,1]

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+ "Hachem est venu en rêve à Lavan l'araméen et lui dit : "Garde-toi de parler à Yaakov ni en bien ni en mal"" (v.31,24)

De ce verset nos Sages enseignent que Lavan avait l'intention de tout détruire, c'est-à-dire qu'il voulait supprimer toute trace de juif. Hachem est donc venu lui dire de ne rien faire.
Mais on voit de là la grandeur d'Hachem. Comme le dit le verset : "L'homme a de nombreuses pensées dans le cœur mais le Projet d'Hachem c'est lui qui se réalisera".
En effet, Lavan a tout fait pour éradiquer toute trace de juif, mais l'ironie du sort c'est qu'Hachem a fait justement sortir tout le peuple juif de lui, par ses filles.
Parfois le racha veut réaliser un mauvais plan, mais en conclusion, il ressort que c'est justement lui qui a été à l'origine du plus grand bien.
[Chvilé Pin'has]

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-> "D. vint trouver Lavan l’Araméen dans un rêve et il lui dit : Prends garde de parler avec Yaakov ni en bien ni en mal" (Vayétsé 31,24)

Par conséquent, comment Lavan n’a-t-il pas obéi aux paroles de Hachem et a-t-il parlé à Yaakov en mal en disant qu’il avait la possibilité de lui faire du mal? ["Je pourrais vous faire du mal ... pourquoi as-tu volé mes dieux?" (v.31,30).]
Il lui a parlé durement et lui a dit : "Pourquoi as-tu volé mes dieux?" = on peut comprendre de là que quiconque ne travaille pas à améliorer son caractère, même si Hachem Lui-Même Se révèle à lui et lui dit : "Change de conduite", il ne le fait pas. Quand est-ce qu’il change?
Quand il travaille sur lui-même.
[rabbi David Pinto - la voie à suivre n°446]

"Et maintenant, mon fils, obéis à ma voix à propos de ce que je t'ordonne. Va je te prie ... afin qu'il te bénisse avant sa mort."
Yaakov dit à Rivka sa mère : "... Peut-être mon père me tâtera-t-il et je serai à ses yeux tel un imposteur et j'amènerai sur moi la malédiction et non la bénédiction"
Sa mère lui dit : "[Je prends] sur moi ta malédiction, mon fils ; seulement écoute ma voix ..." (Toldot 27,8-13)

Comment comprendre que Yaakov se trouva rassuré en sachant que les malédictions iraient chez sa mère?

Selon nos Sages, c'est que les termes : "sur moi" (alaï - עלי) doivent s'interpréter autrement, et c'est ce que nous allons voir b'h.

-> Le Targoum Onkelos explique qu'en fait Rivka dit : "A moi il a été dit en prophétie que tu n’auras pas de malédiction".
Ainsi, Rivka rassura son fils. Il ne sera pas du tout maudit.

Le 'Hatam Sofer explique de quelle prophétie parlait Rivka.
Il est dit au début de la paracha, que Rivka ayant une grossesse difficile, elle alla consulter Hachem, à savoir Ses prophètes : Chem et Ever (selon nos Sages), et ils lui dirent entre autre : "Le grand servira le jeune".
Ainsi Rivka savait que Essav, le plus grand (car sorti du ventre en premier) devait servir Yaakov, né en deuxième. Par conséquent, il est certain qu’aucune malédiction ne pouvait advenir à Yaakov, puisqu’il était prévu par prophétie, qu’il domine son frère.

-> Le Gaon de Vilna explique que le terme עלי (sur moi) se compose en fait des initiales des 3 mots : Essav (עשו), Lavan (לבן) et Yossef (יוסף).
C’est que "ta malédiction" et tes souffrances viendront uniquement de ces 3 personnages et non pas de ton père. Il est donc sûr que ton père ne te maudira pas.

D'ailleurs, c'est pourquoi, quand plus tard, Yaakov fut confronté à l’épreuve de devoir laisser son fils Binyamin descendre en Égypte avec ses frères, il dit : "Sur moi (עלי) tout cela est advenu" (Mikets 42,36).
Par cela, il voulait faire allusion au fait qu'il avait déjà traversé les 3 épreuves de : Essav, Lavan et Yossef, qui sont en allusion dans le terme עלי (sur moi) et que sa mère lui a prédit. Ainsi, il se dit : comment pourrait-il m'arriver un autre malheur, par la perte de Binyamin, chose qui n’a pas été prédite?

-> Rabbi Heschel de Cracovie explique que cette malédiction qu'évoque Yaakov fait en fait référence à la malédiction du verset : "Maudit sera celui qui trompe l’aveugle sur son chemin" (Ki Tavo 27,18).

En effet, Yaakov pensait que s'il se présentait devant son père, se faisant passer pour Essav, il serait ainsi en train de tromper son père, aveugle. Il recevrait alors cette malédiction.

Sa mère lui dit alors qu’au contraire, il ne sera pas maudit car : "Selon moi, l’explication de ce verset n’est pas à prendre au sens strict. Ce verset fait allusion à quelqu’un qui induit en erreur non pas l’aveugle, mais celui qui ne sait pas, comparé ici à un aveugle".
Or, Its'hak voulait bénir Essav, car il ne savait pas qu’il était complètement racha.
=> En envoyant Yaakov, Rivka sauvait ainsi Its'hak de l’erreur. En cela, la malédiction du verset ne le concernait absolument pas.

-> Le 'Hidouché haRim explique que Essav avait un mérite particulier que n’avait pas Yaakov, c’était qu’il avait un très grand respect de son père.
A cause de ce mérite, Hachem ne voulait pas révéler à Its'hak que Essav est un racha pour ne pas lui provoquer de la peine et c’est à cause de cela que Yaakov ne pouvait pas recevoir les bénédictions.

C’est pourquoi, Rivka voulait trouver une solution pour annuler et contrer totalement le mérite de Essav, et cela en demandant à Yaakov d’accomplir la mitsva de respecter sa mère avec une totale abnégation. Ainsi, ce mérite va contrebalancer le mérite du respect qu’avait Essav pour son père.

C’est ainsi que Rivka dit à Yaakov : "Sur moi (alaï) ta malédiction mon fils", c'est-à-dire : "Même si à cause de moi tu reçois une malédiction", malgré tout "juste écoute ma voix et vas-y" = c'est-à-dire que Yaakov devait respecter la parole de sa mère même en prenant le risque de se faire maudire. Par là, il pourra annuler le mérite de Essav et pourra recevoir la bénédiction de son père.

Et c’est ce que Yaakov fit. C’est pour cela que par la suite, quand Essav arriva, le midrach rapporte que Its'hak sentit le feu de l’enfer qui entrait avec lui et ainsi, il comprit que Essav était un racha.
C’est que effectivement, Yaakov a réussi à annuler le mérite de Essav, et Its'hak pouvait alors connaître la vérité sur la perversité de Essav.

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+ Rivka dit à son fils Yaakov :
-> "Cette nuit, les anges ont prié si intensément Hachem que les portes de la bénédiction se sont ouvertes. Ton père a demandé à ton frère Essav de lui rapporter un plat raffiné afin qu'il puisse le bénir "en présence de Hachem", indiquant que D. acceptera sa bénédiction.
Si Its'hak bénit Essav, cette bénédiction sera prononcée sous l'influence de l'inspiration Divine et tu ne pourras plus jamais relever la tête."

[Targoum Yonathan - rapporté dans le Méam Loez - Toldot 27,6-7]

-> "Si tu m'écoutes, le peuple d'Israël en tirera un immense profit.
Va chez le marchand de petit bétail et achète-moi 2 agneaux de choix.
Aujourd'hui, veille de Pessa'h, nous avons besoin de 2 chevreaux : un pour le sacrifice de Pessa'h et l'autre pour l'offrande de la fête ('Haguiga).
Ces 2 chevreaux font référence aussi aux 2 boucs sacrifiés à Yom Kippour (Vayikra 16,7).
Ces 2 chevreaux que tu vas apporter à ton père vont te permettre de vaincre l'ange gardien d'Essav.
Dans le futur, les 2 boucs auront le même effet, et expieront les péchés de tes descendants.
[...]
Je vais les préparer comme ton pères les aime."
[Méam Loez - Toldot 27,8-10]

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+ Pourquoi Its'hak voulait-il bénir tout particulièrement Essav?

-> "Quand Essav s'occupait de son père, il le faisait dans ses plus beaux vêtements" (midrach Béréchit rabba 65,12)

C'est pourquoi avec une mitsva aussi importante, Its'hak pensait que s'il lui donnait une impulsion quelconque, il pourrait aider Essav (par le mérite de cette mitsva) à se repentir totalement de toutes ses fautes (à se sortir du mal). Il voulait donc le bénir, lui donner toutes les bonnes bénédictions, afin qu'il mérite la vie éternelle, une vie de Torah.

Its'hak n'avait pas besoin de bénir Yaakov, parce que Yaakov était depuis toujours rempli de Torah, de mitsvot et de bonnes actions.
Qu'a fait Its'hak?
Il a choisi justement la nuit de Pessa'h, la nuit qui est protégée des forces du mal, pour bénir Yaakov.
Il voulait ainsi lui évoquer par allusion la délivrance d'Israël de l'Egypte, la victoire d'Israël sur Pharaon roi d'Egypte, et la liberté du peuple d'Israël.
C'est pourquoi,  lui a-t-il suggéré, mieux vaut pour toi de te repentir, tu n'as pas intérêt à vivre dans la haine avec ton frère Yaakov, car cette nuit est celle de la délivrance des juifs.

Par ailleurs, nos Sages disent : "Quand quelqu'un arrive à l'âge où sont morts ses ancêtres, il doit se tenir prêt 5 ans avant et 5 ans après" (midrach Béréchit rabba 65,7).
Or, Its'hak avait l'âge de 123 ans, et il ne savait pas s'il devait prendre en considération l'âge auquel était morte sa mère (qui a vécu 127 ans), auquel cas il se serait trouvé 5 ans avant, ou s'il arriverait jusqu'à l'âge de son père.
C'est pourquoi, c'est à ce moment-là qu'il a voulu bénir Essav, car ce pouvait être avant sa mort.
En le bénissant avant sa mort, il voulait rappeler à Essav le jour de la mort, lui enseigner que la fin de tout homme est de mourir, et qu'il faut préparer des provisions en ce monde et se repentir.

Cependant, Essav était tellement plongé dans ses fautes que depuis toujours, il haïssait Essav.
Il se sentait supérieur à lui parce qu'il respectait ses parents mieux que Yaakov. C'est pourquoi l'orgueil lui a fait perdre la tête.
Nous voyons de là qu'à cause de l'orgueil d'Essav, les bénédictions lui ont été refusées, et qu'il n'a pas mérité de se rapprocher de D. comme son frère Yaakov.
[l'orgueil peut nous faire tout perdre, et l'humilité tout gagner!]
[Source : adaptation personnelle d'un dvar Torah du rabbi David Hanania Pinto]

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-> Its’hak était pleinement conscient de l’impiété d’Essav. Toutefois, il voulait le rapprocher afin d’atténuer cette tendance au mal.
C’est la raison pour laquelle, plutôt que de le repousser, il lui témoigna des marques d’honneur, d’amour et d’affection, dans l’espoir que ces manifestations suscitent sa honte de ses mauvais actes et l’encourage à les abandonner.
De même, il désirait lui donner ses bénédictions afin qu’elles aient une influence positive sur lui et le ramènent au droit chemin.

Or, tout comme son père se souciait de l’avenir de son fils Essav, Yaakov en était lui aussi préoccupé. C’est justement pourquoi il lui acheta le droit d’aînesse, pour éviter que son statut d’aîné ne lui entraîne de lourdes punitions en regard à ses nombreux péchés. En effet, le jour où allait se faire l’échange entre un plat de lentilles et le droit d’aînesse, Essav avait enfreint 5 transgressions des plus graves. Yaakov ayant entendu cela, il se dit que D. lui tiendrait d’autant plus rigueur qu’il était l’aîné. Par pitié, il lui acheta ce statut dans le but d’amoindrir sa punition.

Par conséquent, Its’hak savait combien Essav était racha, mais il lui exprima son affection afin de l’encourager, de le rapprocher et d’éviter qu’il ne rejette tout ce qui a trait à la sainteté.
Une étincelle pure subsisterait ainsi en lui.
[d'après rabbi David Hanania Pinto (la voie à suivre n°1162)]

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-> Le Zohar nous révèle que si la tête de Essav fut enterrée auprès de son frère dans la grotte de Ma’hpéla, c’est parce que son esprit possédait un potentiel très élevé, auquel son cœur cependant n’avait pas accès.

-> Le Radak dit que Its’hak avait conscience de la grandeur spirituelle de Yaakov, et il pensait que Essav avait nettement plus besoin des bénédictions afin d’améliorer ses actions.

Le Ets haDaat Tov dit qu’il a pris exemple sur Avraham dont ses prières ont permis à Ichmaël de faire téchouva.
Cependant, Ichmaël avait fauté par l’idolâtrie, tandis que Essav par le meurtre, et il est beaucoup plus difficile de s’en sortir lorsque l’on porte atteinte à notre prochain.

Ceci explique pourquoi Rivka a dû intervenir, prenant conscience que ses actions antérieures (meurtres) rendaient inaptes les bénédictions, et pourraient avoir un effet contraire.

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+ "Its'hak aimait Essav" (Toldot 25,28)

=> Pourquoi Its'hak aimait-il tant Essav?

En réalité, Its'hak vivait déjà comme dans les temps futurs. Or, si Hachem voudrait ensuite rejeter le peuple juif du fait de ses fautes, Its'hak pourra à présent plaider en sa faveur en disant : "Les juifs sont malgré tout moins mauvais que Essav. Et pourtant, moi j'ai aimé Essav! Toi aussi, malgré leurs fautes, Tu ne dois pas les rejeter et Tu dois continuer à les aimer!"
[rabbi Meïr de Prémichlan]

-> Le Divré 'Haïm explique qu’Hachem souhaitait que Its'hak bénisse Yaakov en même temps qu’il pense s’adresser à Essav. En effet, ce n’est pas seulement Yaakov qui allait se faire bénir par Its'hak, mais c’est tout le peuple d’Israël à travers lui. Or, dans le futur, il arrivera que certains juifs ne soient pas à la hauteur de cette bénédiction, ne suivant pas le chemin de la Torah. Pour que même ces Juifs éloignés soient aussi bénis, il fallait qu'Its'hak bénisse Yaacov en pensant qu’il s’agissait d’Essav. Car ainsi, il adressait ces bénédictions à Essav.
Et comme bien-sûr, tous les Juifs, même les plus impies (réchaïm), sont mieux qu’Essav, ainsi en bénissant Yaakov, en pensant s’adresser à Essav, par cela, même les Juifs pouvant s’apparenter à Essav pourront recevoir cette bénédiction.

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-> Le Chem miChmouel se base sur les paroles de nos Sages (guémara Shabbath 30b) selon lesquelles la Présence Divine ne repose sur un homme que s’il est joyeux. Aucune tristesse ne se trouve auprès d’Hachem.
D'un côté, c’est Yaakov qui devait recevoir les bénédictions, mais d'un autre côté Its'hak voulait bénir Essav, son premier-né, qu’il pensait être un homme juste (Essav a réussi à lui faire croire cela).
Pour que Its'hak change d’avis et renonce à bénir Essav au profit de Yaakov, il fallait pour cela qu’il apprenne que Essav était un impie (racha) et qu’il ne méritait pas ces bénédictions. Or, il est clair que cette connaissance allait lui occasionner une profonde tristesse. Mais alors, même s’il décidera de bénir Yaakov, cette bénédiction sera prononcée avec des sentiments de peine, du fait de sa connaissance de la méchanceté de Essav.

=> C’est pourquoi, Hachem préféra lui cachait la vérité sur Essav, de sorte que Its'hak pense qu’Essav est un juste et s’en réjouisse. Mais alors, il fallait que Yaakov vienne à son insu, et c’est ainsi qu’il put recevoir une bénédiction dite avec joie par son père, qui continuait à croire qu’il bénissait Essav pensant qu’il était un homme juste. Et par cela, cette bénédiction pouvait être d’un niveau de prophétie très élevé.

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-> Le Assoufat Maara'hot explique qu’en vérité Essav aussi devait être bien, puisque Yaakov et Essav devaient se partager le Service Divin.
Yaakov devait s’investir dans l’étude, dans le spirituel, tandis que Essav devait allait dans le monde extérieur pour y accomplir les mitsvot et raffiner le monde.
Cependant Essav échoua et au lieu d’élever le monde matériel, il y sombra.

Il fallait donc quelqu’un pour le remplacer dans ce travail avec le monde extérieur, et c'est Yaakov qui prit sur lui ce rôle.
La bénédiction d'Its'hak visait à donner des forces à ses enfants pour réaliser leurs missions. C’est ainsi qu’à la fin de la paracha, Its'hak bénit Yaakov par les bénédictions d’Avraham, qui étaient spirituelles, pour réaliser son travail dans le monde spirituel. Mais, il voulait donner à Essav des bénédictions matérielles pour sa mission dans le monde matériel, car il pensait que ce rôle revenait à Essav. Mais comme ce dernier échoua et c’est Yaakov qui le remplaça, c’est ce dernier qui devait aller recevoir ces bénédictions pour sa nouvelle mission (vêtu des habits d’Essav).
Cependant comme il n’avait pas encore fait ses preuves dans le monde matériel, ces bénédictions ne pouvaient pas encore lui revenir de plein droit, car il ne les méritait pas encore. Il les reçut donc dans de façon détournée, le temps qu’il réalise sa nouvelle mission dans le monde extérieur, chez Lavan, et qu’il valide ainsi ces bénédictions.
C’est ainsi que quand il revint de ce séjour, l’ange d’Essav (après sa lutte) lui reconnaîtra ces bénédictions comme lui revenant de droit. C’est à ce moment qu’il les reçut de façon droite et claire.

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-> voir également le commentaire du Sifté 'Haïm dans le divré Torah : https://todahm.com/2021/11/07/33594

-> voir l'enseignement du rav Shimshon Raphael Hirsch : https://todahm.com/2022/11/24/la-necessite-dune-education-sur-mesure

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-> Le Métsa'h Aharon explique que Yaakov avait choisi de vivre uniquement pour le monde futur, et pour cela, il avait aussi besoin de bénédictions matérielles, car beaucoup de mitsvot nécessitent des moyens matériels.
Cependant, l’opulence contient le risque de dévier l’homme vers les plaisirs et l’orgueil.
Nos Sages enseignent que quand les juifs se détournent, Hachem éveille la haine d’Essav contre eux, pour que ces malheurs les poussent à se repentir. Ainsi, pour que Yaakov reçoive les bénédictions matérielles de son père sans risque, il fallait prévoir qu’en cas de déviation, Essav soit prêt à le faire souffrir. Et pour cela, il fallait qu’Essav ait une raison logique de haïr Israël. C’est pourquoi, Hachem planifia que Its'hak promette à Essav ses bénédictions.
=> Ainsi, quand finalement c’est Yaakov qui les récupérera en cachette, Essav haïra son frère. De cette façon, non seulement Israël recevra les bénédictions, mais en plus, la haine de Essav sera éveillée, pour neutraliser le risque de déviance d’Israël du fait des bénédictions.

-> "C’est une halakha qu’Essav hait Yaakov" [midrach Yalkout Chimoni Bamidbar 722]
[d'une certaine façon, si tu ne suis pas les halakhot par toi-même, alors s'applique la halakha de la haine d'Essav, et ce dans en but que finalement tu en viennes à suivre les halakhot.]

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+ "Its’hak aimait Essav, car la feinte était dans sa bouche. Et Rivka aimait Ya'acov" (Toldot 25,28)

-> D’après Rachi, qui rapporte le midrach, "dans sa bouche" se réfère à celle d’Essav qui piégeait Its’hak et le dupait avec ses paroles.

En effet, Essav posait des questions qui montraient sa grande vertu (par exemple, "comment prélever la dîme sur le sel et la paille?", qui n’ont en réalité pas besoin de prélèvements). Par conséquent, Its’hak croyait que son fils était pieux et il l’aimait.
=> Bien que ce dernier fût aveugle et qu’il ne savait rien des tractations malhonnêtes de son fils, son esprit était très aiguisé ; on comprend donc mal comment il a pu se laisser duper et croire qu’un tel Racha était vertueux.

-> Le Saba de Slabodka explique qu’Essav ne posait pas ces questions pour tromper délibérément son père. En réalité, à cette époque, il était vraiment vertueux et sincère. Son problème était de ne pas réussir à maintenir sa droiture sur le long terme.
Lui-même n’était pas sûr du genre de vie qu’il souhaitait mener et il vacillait donc entre le statut de tsadik et celui de Racha ; il posait tantôt des questions montrant piété et bonne foi et il était tantôt poussé par ses désirs matériels qui lui faisaient commettre les crimes les plus abominables.
Ceci explique pourquoi Its’hak ne réalisa pas que son fils était racha : à l’époque où Its’hak voyait 'Essav, il était vraiment tsadik!
Selon cette explication du Saba de Slabodka, quand nos Sages affirment qu’Essav trompait Its’hak, cela signifie qu’il lui faisait croire qu’il était tout le temps vertueux, alors que ce n’était pas le cas.

Cette approche peut nous aider à résoudre une autre difficulté dans cette paracha Toldot.
Nos Sages trouvent des allusions dans la Torah concernant le jour où Essav vendit son droit d’ainesse à Yaakov ; ce jour-là, il commit 5 autres graves fautes et l’une d’elles fut le déni de l’existence de D. que l’on déduit des mots "lama zé li bé'hora" (Que vaut ce droit d’ainesse pour moi? (Toldot 25,32).
Le terme "zé" se réfère à Hachem, comme le montre le verset du Chant de la Mer : "zé kéli véan'véhou" C’est mon D. et je Le glorifierai" (Béchala'h 15,2). Ainsi, en demandant "lama zé li", 'Essav montrait qu’il ne s’intéressait pas à D., ni à Son service, comme pour dire "Qui a besoin d’Hachem, de toutes les façons?"

Le rav Avigdor Nebenzahl souligne que dans le verset suivant, Yaakov demande à Essav de lui jurer de tenir son engagement. Si Essav déniait l’existence de D., quelle valeur avait un serment en Son nom?
Yaakov n’aurait certainement pas accepté un serment au nom de la avoda zara (l'idolâtrie), ni une déclaration superficielle, pour la forme. Donc, quand la Torah nous raconte qu’Essav jura et que Yaakov accepta cet engagement, c’est qu’Essav prêta serment au nom de D. et que Yaakov estima qu’il était sincère.
=> Comment le verset affirmant qu’Essav renia Hachem peut-il contredire le suivant qui raconte qu’il jura sincèrement au nom de D.?

Essav n’était pas un véritable racha ; il était extrêmement inconstant. Il pouvait changer d’une minute à l’autre, poser les questions les plus pointilleuses et commettre les pires fautes, renier Hachem et immédiatement après, jurer en Son nom.

Rav Yissakhar Frand enseigne que c’est l’une des différences entre le tsadik et le racha.
Un tsadik est constant. Il y aura toujours des défis, des tribulations au cours de la vie, qui mettront le niveau de l’individu à l’épreuve. L’homme vertueux tient bon, tandis que le racha se laisse rapidement entrainer dans les pièges du yétser ara.
C’est le sens du verset de : "Le cœur des réchaïm ne vaut pas cher" (Michlé 10,20).
De son côté, le prophète Yéchaya compare le racha à une vague qui n’a rien de régulier ; elle est tantôt très haute et menaçante et tantôt plate. C’était l’un des défauts d’Essav.

Le rav Barou'h Sorotskin rapporte une guémara (Yérouchalmi Nédarim 38a) qui nous raconte : "À l’avenir, le racha Essav s’enveloppera dans un Talith et s’installera avec les hommes vertueux au Gan Éden. Mais Hachem criera après lui et l’en chassera".
On peut comprendre de ce passage qu’Essav continuera d’être malhonnête et de tenter de duper tout le monde quant à sa grande vertu, tout comme il le fit avec son père.
Le rav Sorotskin comprend ce texte différemment. Il explique qu’Essav pense sincèrement qu’il a une part au Gan Éden, car il connut des moments de vertu qui le convainquent de son droit d’entrée au Olam Haba. Or, il oublia que juste après, il fit les pires actes et devint même hérétique. Donc, Hachem le rejette, car une vertu éphémère ne suffit pas.

Nous ne vacillons certes pas au niveau d’Essav, mais le manque de constance dans la Avodat Hachem (service Divin) est un problème qui nous concerne tous. On agit parfois avec grande piété, priant ou étudiant de manière très assidue et peu après, on se met à dire du lachone ara en bavardant. L’exemple d’Essav nous apprend qu’il faut s’efforcer de vivre conformément avec la Vérité de manière régulière et pas simplement ponctuellement.
[d'après un divré Torah du rav Yéhonathan Gefen]

[il faut faire attention qu'à l'image de Essav, le fait de réaliser quelques belles actions, ne viennent pas alors permettre/justifier, d'être plus dilettant dans d'autres domaines, voir d'en venir à fauter.
Ainsi par exemple on va être tsadik lorsque l'on veut, dans ce qui nous est agréable, dans la mitsva/domaine que l'on veut, au moment où l'on a envie, ... Cela à nos yeux est suffisant pour nous permettre de faire ce que nous voulons ailleurs. [à l'image d'Essav qui se voit comme un tsadik!]
[le terme "JE veux" revient souvent, au détriment de "HACHEM veut"]
La Torah demande plutôt de se mettre au service d'Hachem, et de se travailler en particulier dans ce qui n'est pas naturellement facile pour nous. Par cela nous attestons de notre constance à vouloir donner le meilleur de nous même selon la volonté de D. (et si l'on tombe, c'est humain et c'est pour mieux repartir de l'avant!)]

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-> Le rav Moché Feinstein (Darach Moché - Toldot 25,22) explique la raison pour laquelle Its’hak voulut accorder les bénédictions à Essav, plutôt qu’à Yaakov.
Its’hak avait certainement réalisé que Yaakov était d’un niveau spirituel plus élevé qu’Essav, mais il pensait que la mission de ce dernier était de soutenir matériellement Yaakov, pour que celui-ci puisse de consacrer à la spiritualité.
C’est, par la suite, la relation, couronnée de succès, qu’entretinrent Issakhar et Zévouloun, les fils de Yaakov ; Zévouloun subvenait aux besoins d’Issakhar pour que ce dernier puisse de concentrer sur son élévation spirituelle.
C’est la raison pour laquelle Its’hak pensait qu’Essav était la personne appropriée à recevoir les bénédictions (qui étaient plutôt axées sur l’abondance matérielle).
L’erreur d’Its’hak était de croire qu’Essav allait devenir une personne vertueuse et ennoblir le monde matériel en soutenant Yaakov. En réalité, Essav fut tellement englouti par la matérialité (gachmiout) qu’il n’eut plus aucun lien avec la spiritualité ; il était imbibé de toutes sortes d’attitudes immorales.

Ceci explique le raisonnement d’Its’hak, mais que pensait Essav?
Le rav Moché Feinstein écrit qu’Essav comprit le désir d’Its’hak et souhait l’exaucer!
Mais il fit l’erreur de penser que s’il accomplissait cette part de la mission, il serait dispensé de mener une vie dictée par la morale. Il estimait qu’en échange du soutien financier à Yaakov, il pouvait s’adonner à tous les plaisirs interdits de ce monde-ci (olam azé), et qu’Hachem le lui pardonnerait étant donné qu’il accomplissait Sa volonté en permettant à Yaakov de vivre une vie spirituelle.
C’est ainsi qu’il crut hériter du Olam Hazé en plus du Olam aba.
["Les enfants s’entre-poussaient en son sein" (v.25,22) : le rav Feinstein affirme que les 2 frères estimaient avoir un droit exclusif sur les 2 mondes (olam azé & olam aba)]

Le rav Feinstein ajoute qu’Hachem ne se laisse pas corrompre par une personne qui accomplit certaines mitsvot et ne la dispense pas, "en récompense", d’en respecter d’autres, qui lui sont moins agréables ou aisées.
Hachem nous demande de nous améliorer dans tous les domaines du Service Divin, même ceux qui nous sont difficiles.
Essav laissa passer sa chance et c’est Yaakov qui dut, à sa place, se charger des deux rôles, celui porté sur la spiritualité et l’autre, d’ordre matériel.

-> Le rav Yéhonathan Gefen dit : Chacun de nous a son point fort dans la Avodat Hachem, et il n’y a rien de mal à cela, mais il est essentiel de savoir que ce n’est pas une raison pour ne pas travailler et s’améliorer dans les autres domaines, pour lesquels on est naturellement moins porté.
Par exemple, celui qui s’investit beaucoup dans les besoins de sa communauté n’est pas dispensé d’étudier la Torah chaque jour. Celui qui excelle dans la prière doit aussi s’assurer de passer du temps avec sa famille.
=> Les exemples sont innombrables et le défi de chacun est unique, en fonction de la situation dans laquelle il se trouve et de ses capacités.

"Avram entendit que son parent (son neveu Lot) avait été fait prisonnier, il arma ses disciples qui étaient nés dans sa maison, 318, et il mena la poursuite jusqu'à Dan" (Lé'h Lé'ha 14,14)

-> Au moment de se séparer avec Lot, Avraham lui dit : "Où que tu viennes à t’installer, je ne m’éloignerai pas de toi et je serai pour toi un bouclier et une aide.
Et par la suite, Lot a eu effectivement besoin d’Avram (cf. verset ci-dessus)"
[Rachi - Lé'h Lé'ha 13,9]

Selon le Béer Yossef, c'est pour cela que Avraham a été prêt à risquer sa vie pour aller le sauver, afin d'éviter un 'hilloul Hachem : les gens disant que Avraham le fidèle de D. ne respectait pas ses promesses.

-> Selon Rachi, ces 318 guerriers ne sont en réalité qu'une seule et même personne : Eliézer (אֱלִיעֶזֶר), le fidèle serviteur d'Avraham.
Celui-ci équivalait à 318 personnes, comme le suggère la valeur numérique de son nom, égale à ce nombre.

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-> "Il arma ses disciples"

La guémara (Nédarim 32b) nous enseigne :
- selon Rav : Avraham a armé ses hommes avec la Torah.
Le Ben Yéhoyada commente : il les a rempli de Torah, afin que la Torah soit pour eux une protection pendant la bataille.

- selon Chmouël : Avraham les a armé d'or.
Le Ben Yéhoyada commente : Avraham a couvert ses talmidim de quantités importantes d'or fin, pour les rassasier sur le plan matériel afin qu'au cours de la guerre, ils ne soient pas tentés de prendre le butin du roi de Sedome.

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"Avram déplaça sa tente et vint s'établir dans les plaines de Mamré" (Lé'h Lé'ha 13,18)

Pourquoi la Torah vient nous spécifier que juste avant la guerre des rois, Avraham est venu vivre dans les plaines de Mamré?

Le midrach nous dit qu'au moment de la guerre avec les 4 Rois, des anges sont venus assister Avraham dans la bataille, mais il a refusait leur aide, car il voulait uniquement que Hachem l'accompagne.
En effet, Avraham avait une foi totale dans le fait que D. aura pitié de lui et le sauvera.

-> "Lui et ses serviteurs, il les frappa, il les poursuivit" (Lé'h Lé'ha 14,15)
Avraham est parti en guerre avec au minimum son serviteur Eliézer, alors pourquoi ce verset utilise-t-il le singulier?

Le Rokéa'h répond : le "Il" dans ce verset fait référence à Hachem.
Puisque Avraham était totalement dépendant de Hachem, alors Hachem a fait la guerre pour Avraham.

La plaine de Mamré était un lieu particulièrement dangereux pour y vivre, puisque les nations autour avaient d'importantes armées.
Le verset nous dit que Avraham y a vécu sans aucune inquiétude car il avait un bita'hon total en Hachem.

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+ Pourquoi Avraham a-t-il été sanctionné et ses enfants asservis en Egypte durant 210 ans?
Selon rabbi Abahou au nom de rabbi Eliézer : C'est pour avoir enrôlé de force les "talmidé hakhamim" (disciples des sages) pour faire la guerre (contre les 4 rois) ...
Selon Chmouel, c'est parce qu'Avraham est allé trop loin (dans sa réaction de scepticisme) à l'égard de Hachem, lorsqu'il a dit : "Comment saurai-je que je posséderai ce pays?".
Enfin, selon rabbi Yo'hanan, c'est parce qu'Avraham a privé des hommes d'une occasion d'entrer sous les ailes de la Présence Divine, lorsque le roi de Sodome lui proposa : "Donne-moi les âmes, et le butin garde-le" (Béréchit 14,21) (et Avraham rendit tout).
[...]
De plus, rabbi Ami bar Abba, à propos du nombre 318 (cf.v.14,14), explique : ils étaient 318 personnes à accompagner Avraham dans cette guerre (pour sauver son neveu Loth), et la force d'Eliézer (serviteur d'Avraham) équivalait à celle de tous.
Selon un autre avis, seul Elézer, de guématria 318, l'a accompagné à la guerre.
[guémara Nédarim 32a]

-> Les imperfections de émouna attribuées au tsadik Avraham, dans les 3 raisons qui ont conduit à l'exil de ses enfants, ne sont pas de véritables fautes.
La Torah a tenu à nous révéler des fautes insignifiantes et subtiles de nos tsadikim, que rav Dessler (Mikhtav méEliyahou tome.2,p.175) désigne des "ombres de fautes".
En effet, après qu'un tsadik ait maîtrisé son mauvais penchant (yétser ara) et perfectionné ses midot, il lui reste encore à purifier son inconscient de ces "ombres" de résidus, qui le conduiraient à certaines attitudes, et qu'on a peine à discerner à notre niveau.
[rav Lumbroso]

-> "Ta postérité séjournera sur une terre étrangère, où elle sera asservie et oppressée durant 400 années" (Béréchit 15,13)
La révélation de cet exil long et difficile a donc causé une peine intense à Avraham et constitue une sanction personnelle. [pour ses "ombres de fautes"]
Elle est indépendante du séjour tourmenté que ses descendants vont subir en Egypte.
[Ben Ich 'Haï]

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-> Avraham avait armé ses 318 talmidim pour faire la guerre, mais ils refusaient d'aller avec lui.
Il choisit alors parmi eux Eliézer, fils de Nimrod, dont la force équivalait à celle des 318 jeunes talmidim, ce qui est confirmé par la guématria de : Eliézer (אליעזר), qui est de 318.
[Targoum Yonathan]

-> Eliézer est allé avec Avraham à la guerre, accompagné de 318 talmidim d'Avraham.
La victoire militaire a été assurée miraculeusement par Eliézer seul, et la présence passive des 318 talmidim n'avait pour but que d'atténuer ce grand miracle et de le dissimuler aux yeux de tous.
[Maharal - Gour Arié]

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-> Cette guerre où Avraham partit, sans hésiter, sauver son neveu Loth, bien que ce dernier eût abandonné sa foi en Hachem, s'est produite durant la nuit du 14 au 15 Nissan.
Par ce mérite, les descendants d'Avraham bénéficieront à cette même date de la générosité d'Hachem qui les sortira de l'exil d'Egypte, même s'ils n'en étaient pas dignes.
[rav Lumbroso]