Aux délices de la Torah

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"Avraham s'avança et dit : "Vas-tu anéantir le tsadik avec le racha?" (Vayéra 18,23)

-> Le rav Sim'ha Bounim de Peshischa (Kol Sim'ha - Vayéra 18,19) observe que la requête d'Avraham en faveur des réchaïm de Sodome, aussi dramatique et inspirante qu'elle ait été, semble avoir été un exercice futile. Il a proposé que son accomplissement durable soit d'établir la position du tsadik comme celui qui peut défier et opposer son veto à la volonté du Ciel, pour ainsi dire.

Le Imré Emet suggère que la prière d'Avraham portera ses fruits dans un avenir lointain, lorsque Hachem restaurera et repeuplera les terres désolées de Sodome, comme l'a prédit le prophète Yé'hezkel.
[ "Et J'assurerai leur retour de captivité, le retour de Sodome et de ses filles et le retour de Samarie et de ses filles, et le retour de tes captifs au milieu d'elles" (Yé'hezkel 16,53) ]

"Je vais descendre et voir : s'ils agissent selon sa clameur qui M'est parvenue, alors [ce sera] destruction!" (Vayéra 18,21)

-> Le 'Hidouché haRim explique que la "descente" d'Hachem décrite ici n'est pas simplement une représentation anthropomorphique de Sa conscience des crimes de Sodome.
Au contraire, l'examen approfondi de Sodome par Hachem (pour ainsi dire) a généré une manifestation et une perception accrues de Sa Présence dans cette ville.
Cette atmosphère élevée était en quelque sorte une épée à double tranchant. D'une part, elle a suscité au sein de la population de forts sentiments religieux qui auraient pu être mis à profit pour obtenir le repentir.
D'autre part, le fait qu'ils n'aient pas profité d'une telle opportunité a été un affront flagrant à Dieu et a scellé leur destin à l'anéantissement.

"Il ne resta que Noa'h et ceux qui étaient avec lui dans l'Arche" (Noa'h 7,23)

-> Rachi, au nom du midrach, nous informe qu'alors qu'il se trouvait dans l'Arche, Noa'h fut frappé par le lion pour avoir tardé à lui apporter son repas.

-> Le Beit Israël (Likouté Yéhouda p.78) explique qu'il ne s'agissait pas d'une attaque insensée due à une faim primaire. Au contraire, pendant leur séjour dans l'Arche, Noa'h agit en tant qu'agent d'Hachem en assurant la subsistance de toutes Ses créatures.
Les animaux étant habitués à ce que leurs besoins soient satisfaits en temps voulu, le moindre retard dans l'exécution de cette responsabilité n'était pas simplement une défaillance personnelle de Noa'h, mais se répercutait sur Hachem, qu'il représentait.
C'est pourquoi, lorsque le lion se fit attendre, il fut bouleversé par cet affront à l'honneur du Ciel et réagit violemment.

Lien entre ‘Hanoucca et la Torah

+ Lien entre 'Hanoucca et la Torah (par le rav Yaakov Auerbach) :

Lors de l'allumage des bougies de 'Hanoucca, nous récitons :
-> le 1er jour uniquement : "chéé'hiyanou" : qui contient 11 mots ;

-> la bénédiction de : "léadlik nér 'hanoucca" : qui a 13 mots
[certains disent léadlik nér chél-'hanoucca (compte pour 1 mot)]

-> la bénédiction de : "chéacha nissim" : qui contient 13 mots.

[Selon le Kav haYachar, ces 2 bénédictions de 13 mots, réveillent les 13 attributs de miséricorde de D.
Le Ben Ich 'Haï remarque que les initiales de : "Léadlik Nér 'Hanoucca", sont aussi les initiales des mots : "Notsér 'Hessed Laalafim", qui est l'un des 13 attributs divins.
L'association de ces 2 bénédictions forme 26, guématria du Nom de Hachem qui permet d'éveiller la miséricorde divine.]

-> après l'allumage des bougies, on récite : "anérot allalou", dont pour certains, il y a : 49 mots.

=> Le nombre total de mots sur les 8 jours de 'Hanoucca est de : 11*1 + 13*8 + 13*8 + 49*8 = 611
La Torah (תורה) a une même guématria de : 611.

A 'Hanoucca, en allumant les bougies, c'est le feu de la Torah que nous allumons en nous-même, ainsi que dans le monde entier.

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+ La fête de ‘Hanoucca commence le 25e jour du mois de Kislev.

-> Le mot ‘Hanoucca peut se décomposer en : ‘Hanou (ils se sont reposés) et les lettres kaf et hé (soit 25) , signifiant : "ils se sont reposés le 25 du mois de Kislev".
Le nom (יהוה - Tétragramme) a une valeur de : 26.
On s'arrête le 25, afin d'aller chercher le 26 : Hachem.
'Hanoucca, c'est la fête où l'on dit : Hachem, c'est toi que je veux!

-> Le 25e mot de la Torah est le mot : "or" (lumière) .

Le 25e lieu d’arrêt des Bnei Israël durant la traversée du désert, suite à la sortie d’Egypte, est : ‘hachmona, qui fait allusion à : ‘Hachmona’im.

Le mois de Kislev est le 3e mois de l’année juive, et dans le 3e verset de la Torah, il est écrit : "Que la lumière soit, et la lumière fut !"

Dans le verset suivant cette création de la lumière, il est écrit : "D. vit que la lumière était bonne".
Les mots : "la lumière" se disent en hébreu : "ét aor" (את האור), dont la valeur numérique est de 613, comme les 613 commandements de la Torah, qui est notre lumière dans l’obscurité de ce monde …

D'ailleurs, d'après le midrach Béréchit Rabba (3 : 5) : Rabbi Shimon disait : "Le mot ‘lumière’ est écrit 5 fois [dans le 1er paragraphe de la Torah] correspondant aux 5 livres de la Torah."

-> "Tous ceux qui utilisent la lumière de la Torah; la lumière de la Torah les anime."
[guémara Kétouvot 111b]

-> On peut remarquer que les mots suivant ont les mêmes lettres :
-> la נשמה = néchama = l’âme ;
-> et שמנה = chmona = 8 (renvoyant à la durée de ‘Hanoucca) ;
-> et השמן = hachémèn = l’huile [d’olive].

-> "Car la mitsva est comparée à la bougie et la Torah est la lumière"
[Michlé 6,23 -> ki nèr mitsva véTorah or ]

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+ La Ménora (par le rav Yaakov Auerbach) :

Les 613 mitsvot de la Torah + les 7 mitsvot de nos Sages = 620 = guématria de "kéter" (une couronne - כתר).

Les termes : "kéter Torah" ont une valeur de : 1331, autant que : "Assérét hadévarim" (les 10 Paroles = les 10 Commandements).

Il est intéressant de noter que dans la Torah :
-> paracha Yitro : les 10 Commandements sont rapportés en 620 lettres ;

-> paracha Térouma : nous y trouvons le commandement de faire la Ménora, et il y a 483 lettres ;
-> au début de la paracha Tétsavé : on y donne les instructions sur ce qu'il faut faire avec cette Ménora, c'est une suite sur ce sujet. Il y a 137 lettres.

=> Ainsi, dans la Torah, le total de mots sur le thème de la Ménora est de : 483 + 137 = 620 lettres.

-> Si l’on respect la Torah, elle forme une couronne (כתר), sinon, elle se transforme en "karét" (כרת), retranché du monde.

Le miracle de la fiole d'huile, fait partie des miracles qui n'ont d'autre but que de montrer l'affection de Hachem pour Son peuple, et de lui envoyer une sorte de "baiser".

[Rabbi 'Haïm Chmoulévitch]

-> Le miracle de la fiole était une manifestation d'amour de D. vis-à-vis de Son peuple.
Après avoir écarté les Grecs au prix de nombreux sacrifices afin de rétablir la pureté et la sainteté en Israël, Hachem leur exprima Son affection en leur envoyant un miracle qui leur permit d'allumer à nouveau la Ménora.

[Rav Dessler]

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-> La guémara (Shabbath 22b) rapporte que la Ménora témoignait de la présence divine sur le peuple juif.
Lorsque le peuple était agréé par D., la lumière occidentale (nér hamaaravi) restait allumée toute la journée durant, bien qu'elle reçut la même quantité d'huile que les autres qui, allumées le soir, s'éteignaient au matin.

La victoire des 'Hachmonaïm permit de rétablir ce "témoignage", privilège qui fut retiré au peuple juif lorsque les Grecs souillèrent toutes les huiles du Temple.

"Pendant que l'on récite la bénédiction de 'Chéassa nissim laavoténou' (qui as fait des miracles à nos ancêtres), on devra penser à remercier Hachem, à Le louer du plus profond de notre âme pour les miracles opérés en ces temps-là en faveur de nos ancêtres, et imaginer que nous en avons nous-mêmes profité.
[...]

De nos jours, la période de 'Hanoucca recèle une grande sainteté puisque la lumière apparue dans les sphères célestes l'année où le miracle survint, imprègne encore le cœur de chaque juif.
Lorsque nous traversons encore la période de 'Hanoucca, cette même sainteté se manifeste, comme auparavant.
[...]

On devra chanter les louanges contenues dans les téhilim du Hallel avec une grande joie, au point de perdre presque le sens de la réalité physique, parce que ces téhilim célèbrent la grandeur et l'immensité de Hachem."

[Yessod véChorech haAvoda]

-> "Que la mitsva de 'Hanoucca ne soit pas légère à tes yeux sous prétexte qu'elle fut instituée par nos Sages : elle est une des plus importantes et des plus redoutables"
[le Séder Hayom]

-> "L'allumage de la 'Hanouccia remplace en quelque sorte celui de la Ménora.
Ainsi, au moment où le juif allume les bougies, une lumière similaire à celle qui accompagnait l'allumage de la Ménora apparaît."
[Rav Karlenstein]

-> A 'Hanoucca, D. réside parmi nous.
Les lumières y éclairent alors le cœur de chaque juif, car Hachem Lui-même y repose.
[Rav Tsadok haCohen - Pri Tsadik]

"J'ai été diminué (katon'ti) par tous les bienfaits et par toute la vérité que Tu as faites à Ton serviteur" (Vayichla'h 32,11)

-> Selon Rachi, Yaakov exprime : Mes mérites ont diminué en raison de tous les bienfaits que Tu m'as prodigués et c'est pourquoi je crains d'avoir été souillé entre temps par des fautes et de ne plus mériter d'être sauvé des mains d'Essav.

-> Se basant sur ce verset (Vayichla'h 32,11), Rav 'Hiya bar Achi dit qu'un sage en Torah se doit d'avoir un 8e de un 8e d'orgueil.
[guémara Sotah 5a]

-> Du Rachi, il semble que Yaakov attribue ses succès à ses propres mérites.
Pourquoi ne les attribue-t-il pas à Avraham et Its'hak? Cela serait plus humble.

Le Gaon de Vilna (Kol Eliyahou 45,224) de répondre : nous apprenons de ce verset, qu'une forme d'orgueil est permise : celle concernant son passé.

Pour prétendre à de l'aide divine, nous devons en être méritant, c'est-à-dire faire de notre mieux pour réaliser un maximum de mitsvot.

Concernant le passé, nous devons apprécier le fait que nous avons réalisé des mitsvot, et accumulé des mérites.
Nous avons ainsi gagné le fait de bénéficier des bontés de Hachem.
Nous devons également être très humble, car Hachem fera toujours beaucoup plus pour nous, que nous ne pourrons en faire pour Lui
.
Concernant le présent, nous devons chercher à exploiter le meilleur de nous-même.

Telle a été l'attitude de Yaakov : il a mérité des bienfaits par le passé, mais actuellement, il craint de n'avoir pas agit au maximum de ses potentialités selon la volonté de D.
Comme le rapporte le rav Moché Feinstein : Yaakov avait peur d'une chose : est-ce que j'ai évolué autant que je l'aurai pu, est-ce que j'ai donné toute la mesure de mon potentiel.
Il ne suffit pas de bien agir, il faut le faire au maximum de ses capacités.

=> Cette forme d'orgueil est indispensable, car elle conduit à nous construire et à nous améliorer.
En prenant conscience que par le passé, j'ai mérité de l'aide divine car je me suis bien comporté, je suis poussé à faire de mon mieux pour prétendre aujourd'hui encore à cette aide divine (attitude active).
Je prends également conscience que l'aide divine n'est pas un dû (j'attends passivement d'obtenir ce que je demande), mais qu'il faut que j'y participe, que je fasse un petit quelque chose pour en bénéficier.

Mon comportement est le récipient qui va permettre de contenir la bénédiction divine, c'est pourquoi, je dois faire attention à ce que mes actes soient complets, sinon il risque d'y avoir des trous dans le récipient ...

D'une certaine façon, on peut imaginer que Yaakov se dit : par le passé, si j'ai pu avoir des succès, c'est parce que j'ai donné quelques pièces (bonnes actions) à Hachem pour les avoir. Même si ce n'était qu'une goutte d'eau dans l'océan de bonté divin, j'avais essayé de réunir le plus grand nombre de pièces, afin d'exprimer fortement mon amour à Hachem.
[Hachem je fais ta volonté!]

Et de même, dans le présent, si je veux obtenir des bontés de D., il me faut Lui donner quelques pièces. Mais est-ce que c'est suffisant? est-ce que c'est vraiment le maximum que je peux Lui donner? ou bien, est-ce que je peux encore faire mieux (par mes actions)?

=> Cette orgueil permis, nous pousse à être actif, et non passif, dans notre relation avec Hachem.

-> Il est écrit : "un sage en Torah se doit d'avoir un 8e de un 8e d'orgueil" (guémara Sotah 5a).
On pourrait penser qu'il faudrait avoir 1/64e d'orgueil, mais selon le Gaon de Vilna c'est un renvoi à l'attitude approprié d'orgueil de Yaakov dans notre verset, qui se trouve être le 8e verset de la 8e paracha de la Torah (un 8e de un 8e).
Dans ce verset, Yaakov dit : "Je ne suis pas méritant (litt. trop petit) pour tous les bienfaits ... que Tu as fais à Ton serviteur" (Vayichla'h 32,11).
=> En ayant cette attitude de fierté de se dire que c'est Hachem qui s'occupe personnellement de moi, en me comblant du meilleur, alors on en vient à ne jamais être orgueilleux ou arrogant.
[en effet, quoique je puisse posséder ou faire, je le dois tellement à Hachem, que je n'ai pas de quoi m'enorgueillir !]

-> Le Séfer 'Hanoukat haTorah (Likoutim 207) apporte une autre très belle explication sur cette guémara.
Hachem a choisi de donner la Torah sur le mont Sinaï, une petite montagne, afin de montrer et d'enseigner l'humilité.
Si D. voulait nous apprendre l'humilité, pourquoi n'a-t-il pas transmis sa Torah à une altitude de 0 mètre, à même le sol?

La guémara (Baba Batra 73b), nous enseigne que la plus haute montagne est le mont Tavor (har Tavor), avec 4 parsa de hauteur, soit environ 32 000 amot.
Selon le midrach (paracha Bo), le mont Sinaï a une hauteur de 500 amot.

Il est incroyable de constater que le Har Sinaï représente une hauteur équivalente à 1/64e de celle du Har Tavor.
[500*64= 32 000].
=> Par le choix du mont Sinaï, Hachem nous enseigne qu'un petit peu d'orgueil (1/64e), est permis chez les talmidé 'hachamim (sages en Torah).

[nous devons avoir ce grain d'orgueil afin de pouvoir répondre avec arrogance à notre yétser ara : Pour qui me prends-tu à vouloir que j'agisse ainsi à l'encontre de la volonté de D.? Tu sais que je suis saint (kadoch), fils du Créateur du monde, et étant quelqu'un d'important, je me dois d'agir en conséquent, et pas dans la bassesse vers laquelle tu m'entraînes!]

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-> Rabbi 'Haïm Wallin donne un autre enseignement relative à cette guémara (Sotah 5a).

Lorsque l'on prend le 8 livres du Tana'h (les 5 de la Torah, Yéhochoua, Choftim et Chmouël), et le 8e verset (un 8e de un 8e), on a : "Ellkana, son mari, lui disait : 'Hanna pourquoi pleures-tu? Pourquoi ne manges-tu point, et pourquoi ton cœur est-il affligé?" (Chmouël I 1,8)

'Hanna était triste d'être stérile.
Dans ce verset, son mari Elkana, l'a console en essayant d'améliorer son état d'esprit.
Il lui dit que même si elle n'est pas une mère, ce n'est pas pour autant qu'elle n'est pas une personne d'une immense valeur.
Même si c'est difficile, la vie continue et il faut savoir prendre soin de soi-même.
Elkana développe sa confiance en elle-même, lui rappelant d'apprécier sa valeur.

=> Une autre forme d'orgueil est permise : celle consistant à avoir conscience de sa grandeur, de sa valeur.

L'humilité ne doit pas servir d'excuse pour ne pas agir, ou justifier des mauvaises actions.
[comme je ne suis rien, alors c'est normal si je faute, si je ne fais rien de bien : c'est à mon image!]
Cela peut aussi conduire à la dépression, à la suffisance, ...

Au contraire, l'humilité consiste à prendre conscience de notre grandeur, car plus on a conscience de nos capacités, du fait que nous avons une partie divine en nous (l'âme), plus nous avons conscience que nous pouvons et devons agir grand (j'agis à l'extérieur, en fonction de l'image que j'ai de mon intériorité!).

A chaque instant, Hachem me donne de grandes potentialités : je me dois donc de Lui faire honneur, de Lui faire plaisir.

Il faut toujours avoir en tête que quelque soit mes actions, Hachem restera toujours avec moi.
Un juif n'est jamais rien, seul, car il a toujours D. avec lui!!

==> L'orgueil est généralement interdite, car tout provient de D.
Cependant, sous certaines formes (un 8e de un 8e), cela est indispensable.

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+ [Avant sa rencontre avec Essav, Yaakov pria : ] "Sauve-moi, de grâce, de la main de mon frère, de la main d'Essav"" (Vayichla'h 32,12)

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) commente :
Essav représente "l'autre côté" = le pouvoir du mal, la mort, le yétser ara, le penchant au mal.
Yaakov prie : "Sauve-moi, afin que le penchant au mal ne devienne pas mon frère".
En effet, le yétser ara cherche à nous séduire, et pour cela il se présente comme un frère en habillant une faute dans les habits d'une mitsva. C'est la manière du Satan de nous approcher, essayant de nous piéger dans les filets du mal.

[dans le verset précédant, il est écrit : "J'ai été diminué (katon'ti) par tous les bienfaits et par toute la vérité que Tu as faites à Ton serviteur" (Vayichla'h 32,11)
On peut relier cela au paroles de nos Sages : "N’aie pas confiance en toi-même [en baissant la garde face à ton yétser ara] jusqu’au jour de ta mort, car le Cohen gadol Yo’hanan a occupé sa fonction pendant 80 ans, mais il est devenu Saducéen à la fin de sa vie!" [guémara Béra’hot 29a]
=> katon'ti = Diminues-toi, fais-toi petit, ne prend pas un seul instant de ta vie la grosse tête en baissant ta garde sur le yétser ara, car il n'attend que cela!]

-> Le nom Yaakov provient de la racine : "akav" (tromperie, ruse), comme dans le passage [où Essav dit en se référant à Yaakov] : "Il m'a trompé (vayakvéni) 2 fois" (Toldot 27,36).
Le nom est bien adapté, car un juif doit être rusé et astucieux pour échapper aux traquenards du yétser ara.
[le 'Hozé de Lublin - Zikaron Zot (30)]

-> "Le mauvais penchant de l’homme le domine chaque jour … et si ce n’était D. qui lui vient en aide, l’homme serait impuissant contre lui" (guémara Soucca 52 a-b)

=> Il en découle que nous devons aborder avec beaucoup d'humilité notre combat face à notre yétser ara (en allusion dans Essav), en ne le prenant pas de haut (c'est un tout petit sujet), mais plutôt de bas (katon'ti), car ainsi il a une taille d'énorme importance à nos yeux!

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-> Pourquoi est-il écrit "de la main de mon frère, de la main d'Essav" (v.32,12), et non pas plus simplement "de la main de mon frère Essav"?

Le Beit haLévi explique que lorsque Essav vint à la rencontre de Yaakov, celui-ci envisagea 2 possibilités : soit Essav s'apprêtait à le tuer, soit il calmerait sa colère et se joindrait à lui, comme un frère.

Ainsi, Yaakov adressa sa prière à Hachem : "Sauve-moi de la main de mon frère, de la main d'Essav", car il demandait à être sauvé de ces "2 mains".
Cette prière fut exaucée sur les 2 plans : Essav avait prévu de tuer Yaakov, Hachem le sauva de sa main. Par ailleurs, il voulut accompagner Yaakov, celui-ci refusa et Essav, tout seul, rejoignit aussitôt la ville de Séïr.

Le Beit haLévi ajoute que Yaakov craignait davantage la proximité d'Essav que d'être tué, c'est pourquoi dans sa prière, il fit précéder "de la main de ton frère" à "de la main d'Essav".
A la fin des temps aussi, Essav voudra se rapprocher de Yaakov pour l'éloigner du service Divin et de la croyance en Hachem, mais les enfants d'Israël à l'instar de leur ancêtre Yaakov, s'écarteront des autres nations.

[nous devons faire preuve d'humilité et être particulièrement vigilant lorsque les nations du monde nous accordent beaucoup d'honneurs, car par orgueil, par reconnaissance, ... il y a un grand risque de baisser notre gardes et de se laisser influencer par leurs mauvaises influences.]

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-> Le mot "katon'ti, qui provient du mot : katan (petit), signifie littéralement : je me suis fait petit.
Un 'katan' peut être actuellement petit, mais ses potentialités sont sans limite.

Yaakov, se décrit de la plus humble des manières : 'Je ne mérite aucun de Tes bienfaits', mais en même temps, il dit qu'il a les capacités d'impacter fortement le monde.
Il n'a pas permis à ses efforts à faire la volonté de D., de s'en trouver amoindris par une faible évaluation de soi-même.

L'humilité doit être le trait de caractère qui domine, mais il doit cependant y avoir une minuscule mesure d'orgueil (1/64e).
Si l'on veut atteindre des sommets spirituels, on doit s'en sentir capable.

[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoada sur la guémara Sotah 5a]

On peut comparer cela à un ressort, qui a besoin de se faire petit afin de s'élever le plus haut possible.
Il faut se faire petit, afin de laisser de la place à Hachem, et alors : "Humbles auront été tes débuts, mais combien brillant sera ton avenir!" (Iyov 8;7)

Les juifs sont comparables aux étoiles. Extérieurement, ils sont humbles (minuscules), mais lorsqu'on s'en rapproche (intérieurement), on remarque qu'ils sont énormes.

=> Il faut savoir être à sa place : ni je sais tout, je peux tout ; ni je suis un zéro, je ne vaux rien.
Il faut être ce que D. nous permet d'être, et agir en toute responsabilité en utilisant au mieux.nos capacités, car c'est pour cela qu'on vit.

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-> Le Zohar dit que la prière de Yaakov était très précieuse à Hachem, car c'était une prière remplie d'humilité.
En effet, il Lui demandait un cadeau gratuit, conscient qu'il ne pouvait prétendre à rien.

Moché a agit de même en suppliant Hachem de le faire rentrer en Israël.
Selon le Ba'h : "J'ai supplié" (Vaét'hanan) : cela implique toujours l'idée de don gratuit, de faveur.

-> Le Gra enseigne que si l'on prie parce que Hachem nous doit quelque chose, alors on aura uniquement ce qu'on mérite avoir.
Mais si l'on prie afin d'obtenir un cadeau, alors il n'y a pas de limite au flux divin.

-> "Voici l'échelle était dressée vers la terre et son sommet [de l'échelle] arrivait au ciel" (Vayétsé 28,12)
Selon le Panim Yafot, cela fait référence à Yaakov.
Sa tête atteignait le Ciel, et ce par le biais de son trait de caractère d'humilité, comme l'exprime le mot : katon'ti.

=> Lorsqu'on se considère comme de la terre qu'on piétine, alors on atteint en réalité des sommets, le Ciel.
Pour qu'une prière monte, il faut venir comme un pauvre qui n'a rien et dont son futur dépend totalement de Hachem.
Mais, il faut également avoir un peu d'orgueil (la tête au ciel), afin de toujours viser grand (certes, je suis en bas de l'échelle, mais b"h, je vais arriver tout en haut!).

=> L'humilité est indispensable, mais quelques graines d'orgueil sont parfois nécessaires afin de préserver le tout, d'éviter que ça tourne mal.

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+ "Le véritable service de D. est d’atteindre l’humilité dans la joie.
Comment peut-on se réjouir tout en se sentant humble ?

En sachant que de cette manière, on accomplit la volonté de D. Ce seul argument est déjà une raison suffisante pour être joyeux."

[Rabbi Meïr de Apta]

Un orgueil permis est la fierté d'avoir comme boss : Hachem!

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Je suis petit (du fait) de toutes les bontés ... que Tu as fait pour Ton serviteur" (Vayichla'h 32,11)

Ce verset, qui est inclus dans la prière que Yaakov a adressée à Hachem, fait allusion au fait que quand une personne ressent une réelle humilité, elle doit savoir que même cela est une bonté d’Hachem, Qui lui réalise ce bienfait de pouvoir être humble.
C'est ce que fait allusion ce verset : "Je suis petit", et même ce sentiment de "petitesse" et d’humilité, fait partie "de toutes les bontés".
Naturellement, la dimension opaque de l’homme lui génère constamment des sensations d’orgueil. Ainsi, même s’il se travaille et arrive à l'humilité, il doit savoir qu'en réalité, cette modestie est un bienfait qui lui vient d'Hachem.
[le 'Hozé de Lublin]

-> "Lorsque l'on se considère comme non méritant, comme ne pouvant recevoir de bonnes choses que par 'hessed (bonté) de D., alors Hachem nous donnera ce dont nous avons besoin.
Par contre, si l'on se considère comme méritant (de recevoir du bien), alors nous n'aurons du bien qu'en fonction de nos mérites (donc limité à l'opposé de la bonté divine gratuite et infinie).
Yaakov affirme que même le fait qu'il est devenu petit et davantage humble (katon'ti), est également une bonté de Hachem."
[Sfat Emet]
[en se faisant tout petit, il permet à Hachem de se faire tout grand en lui, apportant alors des bénédictions sans limites!]

-> Le Baal haTanya (Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi) enseigne :
Le mot "katon'ti" : "Je ne suis pas méritant", peut également se traduire par : "Je suis devenu petit".
Yaakov disait : La grande miséricorde dont Hachem a fait preuve à mon égard, a entraîné que je suis devenu petit et humble.
En effet, la miséricorde divine envers une personne, va l'amener à devenir plus proche de Hachem, et le plus proche l'on est de D., le plus humble nous devenons."

-> Rabbénou Bé'hayé dit qu'on apprend de ce verset que durant la prière, on doit se concentrer sur notre impuissance, et sur le fait que Hachem, que nous servons, surpasse absolument tout.
C'est pour cela que dans ce verset (32,11), Yaakov se fait référence à lui-même comme "Ton serviteur".

[En effet, il est écrit : "Yaakov dit : D. ... je me suis fais petit (katon'ti) par tous les bienfaits ... que Tu as fait à Ton serviteur ... sauve-moi, de grâce, de la main de mon frère."

Le terme katon'ti fait allusion au fait que l'on se fait petit, proportionnellement à notre conscience de la grandeur infinie de Hachem.
Certains commentateurs (comme le Baal haTanya) notent que dans le 1er verset du Shéma Israël, la lettre dalet du mot : é'had (un) est agrandie. Cela représente alors un gros marteau, comme nous exprimant qu'il faut taper dans notre tête cette notion d'unicité de D. jusqu'à être plus plat que plat (sans orgueil).
De plus, autrefois, nos Sages prenaient 1 heure de préparation avant la prière, principalement pour développer en eux la toute puissance du D., devant qui ils allaient prier. ]

Selon la guémara, une prière doit se faire selon le schéma : remerciement sur le passé, puis demande pour le futur.
Yaakov s'est fait petit (katon'ti), sous sa prise de conscience que Hachem l'a toujours comblé de bonté, et ensuite il a demandé : "sauve-moi", convaincu qu'il en sera de même dans le futur.
Il est à noter que la nature humaine tend à fonctionner à l'inverse : lorsque tout va bien c'est grâce à moi, mais lorsque cela ne va plus (comme on le souhaiterait), alors on en vient à accuser D. (pourquoi, qu'est-ce que j'ai fait, ...).

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-> Rabbi Tsvi Elimélé'h de Dinov (le Bné Yissa'har) explique que la voie d'un véritable tsaddik est que tant qu'il sent qu'il attire à lui la bonté de D., et que du Ciel on lui envoie toutes sortes de bonnes choses, il se fait immédiatement du souci : peut-être que Hachem me donne ma récompense en ce monde pour me perdre, et souhaite ainsi me chasser?
=> Immédiatement, le tsadik ouvre la bouche et supplie le maître du monde : "Je suis trop petit pour toutes les bontés" => qu'est-ce que j'ai fait comme mitsvot et bonnes actions, et ce surtout en comparaison de l'infinité des bontés Divine.
[certes j'ai accompli de belles choses dans ma vie, mais combien davantage aurais-je pu en faire! => Je dois me faire bien petit de ne pas avoir été aussi grand que j'aurai dû l'être dans mes actions!!]

"Yaakov resta seul et un homme lutta avec lui jusqu'au lever du jour" (Vayichla'h 32,25)

-> Rachi cite la guémara ('Houlin 91a) : Yaakov avait oublié quelques "pa'him kétanim" (des petites cruches), et il est retourné les chercher.

-> Lorsqu'elle traite du miracle de 'Hanoucca, la guémara (Shabbath 21b) dit : "badkou vélo matsou ella pa'h é'had chèl chémen" (ils ont cherché et ont trouvé seulement une cruche d'huile).

-> Le Chela haKadoch écrit : "Il y a sans aucun doute un grand symbolisme et une grande signification derrière les "pa'him kétanim" (petites cruches) de Yaakov, et avec cela nous pouvons comprendre le secret de la "pa'h shémen" (cruche d'huile) de 'Hanoucca".

-> "Les premiers frémissements du miracle de 'Hanoucca ont commencé au moment où la colombe a eu la feuille d'olivier dans sa bouche" [Tikouné Zohar 13]

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Nous allons b"h voir un développement se basant sur ces points par le rabbi Avraham Bukspan.

La colombe est retournée auprès de Noa'h avec une feuille d'olivier dans sa bouche, comme il est écrit : "et voici elle avait saisi dans son bec une feuille d'olivier" (Noa'h 8,11).
Le midrach (Béréchit rabba 33,6) rapporte l'opinion que cette feuille provenait du gan Eden.

Rabbi Bukspan suggère que que cette feuille va ensuite être plantée par Noa'h, afin de pouvoir utiliser ses olives pour produire de l'huile pure, qui va servir à offrir des sacrifices à Hachem.
Par la suite, Noa'h a transmis cette huile à son fils Chèm, qui est aussi connu sous le nom de : Malkitsédék, le Cohen léKeil Elyon.

Le Chla hakadoch (Torah Ohr - Vayéchev-Mikets-Vayigach) attribue le sceau du Cohen gadol sur la petite fiole/cruche (pa'h), à personne d'autre que : Malkitsédék, le Cohen léKeil Elyon, qui était un Cohen gadol.

A son tour, Malkitsédét a donné l'huile à Avraham, qui l'a donné à son fils Its'hak, qui l'a transmise ensuite à Yaakov, qui l'a stocké dans ses "pa'him kétanim", pour lesquelles il est revenu en arrière pour les récupérer.

A la lumière de cela, on comprend que ce n'était pas de simples ustensiles, car il y avait en eux de l'huile provenant du gan Eden.
Yaakov était prêt à risquer sa vie pour cette huile au top du top de la casherout, transmise de génération en génération.

Rabbi Bukspan suggère que c'est cette même huile, qui va se retrouver dans la fiole à l'époque de 'Hanoucca, et qui va permettre d'illuminer de façon miraculeuse tous les cœurs des juifs jusqu'à aujourd'hui.

En effet : "Les premiers frémissements du miracle de 'Hanoucca ont commencé au moment où la colombe a eu la feuille d'olivier dans sa bouche" (Tikouné Zohar 13).

Cela donne encore plus de profondeur à l'attitude de Yaakov de tout faire pour les récupérer.

-> Le Imré Noam ('Hanoucca) et le Pri Mayim 'Haïm tiennent le même développement et concluent par : Ce sont ces fioles que Yaakov était parti rechercher et il les dissimula ensuite sur le site du Temple, préparant ainsi le futur miracle de ‘Hanoucca.

-> "Yaakov resta seul". Le mot "seul" se dit : lévado (לְבַדּוֹ), et peut se décomposer en : bad (בַּד) qui fait référence au pressoir à huile (bét bad - בֵּית בַּד - allusion à l'huile), et les lettres restantes : לו , ont une valeur numérique de 36, qui est le nombre de bougies allumées pendant 'Hanoucca.
[Mégalé Amoukot - Vayichla'h]

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-> De quelles petites cruches s'agissait-il ?
Le Chakh (commentaires sur la Torah) répond que lorsque Yaakov alla chez Lavan dans la paracha de Vayétsé et qu'il s'endormit sur les pierres (où il fit son rêve avec l'échelle), quand il se réveilla au matin, il trouva une cruche près de lui et versa l'huile qu'elle contenait sur une pierre pour la consacrer. Alors, il se rendit compte que la cruche
se remplit de nouveau, miraculeusement. Il comprit donc que cette cruche contenait une grande bénédiction Divine. C'est pourquoi, il la prit avec lui, et quand il l'oublia sur l'autre rive, il se mit en danger pour la rechercher. C'est d'ailleurs à partir de cette cruche que l'on a oint le Michkan et ses ustensiles et de nombreux miracles furent réalisés avec cette cruche.

-> La Torah dit : "Yaakov demeura seul" = Yaakov revint sur ses pas pour une chose que seul lui et ses descendants allaient utiliser. Cet objet était saint, puisqu'il était destiné à servir sur l'autel [du michkan], et aucun autre homme ne pouvait l'utiliser.
[Méam Loez - Vayichla'h 32,24]

-> Le livre Sifté Cohen enseigne qu'il s'agit de la cruche qui est apparue miraculeusement de la pierre sur laquelle Yaakov a dormi, lorsqu'il a eu la vision de l'échelle (cf. midrach Béréchit rabba 69,8).
Ensuite : "il versa de l'huile" (Vayétsé 28,18) sur cette pierre avec l'huile de cette cruche, et il a pu constater qu'elle restait toujours pleine d'huile.
Yaakov a alors réalisé qu'elle était destinée à la bénédiction.

Le Sifté Cohen continue en disant que l'huile de cette cruche a également été utilisée :
- pour oindre les récipients du Michkan par Aharon et ses enfants ;
- lorsque Eliyahou dit à une veuve très pauvre du nom de Tsarfata, d'utiliser sa cruche d'huile et que celle-ci ne se videra pas (Méla'him I 17,8-16) ;
- par la femme du prophète Ovadia suite à la mort de son mari, qui devait faire face à des créanciers. Elicha lui conseilla de verser l'huile de cette cruche dans le maximum de récipients possibles, et d'aller vendre ensuite l'huile ainsi générées (Méla'him II 4,1-7). Quelque soit le nombre de récipients, la cruche contenait toujours de l'huile.

=> Yaakov en voyant par inspiration divine, toutes les implications futures de cette cruche, est revenu sur ses pas pour cette cruche certes petite, mais unique.

-> Le midrach (Téhilim 91) rapporte qu'après le rêve avec l'échelle, Yaakov a versé de l'huile sur un moment en pierre. Cette huile lui est miraculeusement descendue du Ciel. [en effet, il avait donné toutes ses affaires à Elifaz, le fils d'Essav]

-> Le père du Kav haYachar, dans son livre Birkat Chmouël (paracha Mikets) ajoute que pour lui, il est certain que c'est la même cruche remplie d'huile qui a été trouvée à l'époque des 'Hachmonaïm, et qui a été utilisée pour le miracle de 'Hanoucca.
Le Birkat Chmouël écrit : "Il est évident pour moi que cette fiole fut plus tard révélée aussi aux fils des Hachmonaim, et le sceau du Coben Gadol qui y était imprimé était celui d'Aharon Hacohen, car la Torah dit : "[Cette huile d'onction] sera pour Moi dans vos générations" (Ki Tissa 30,31)."

[il est à noter que le 'Hida (Dévarim Achadim 32) s'oppose à cet avis du Birkat Chmouël.
(le 'Hida demande en effet comment Eliyahou et Elicha ont pu utiliser l'huile d'onction dans un but profane. En effet, la sainteté de l'huile d'onction la rend interdite à un juif ordinaire et à la consommation.)
Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - 'Hanoucca) dit que toutes les fioles d'huile miraculeusement utilisée par Eliyahou, Elicha et les 'Hachmonaïm étaient liées à l'huile découverte par Yaakov.
Il rapporte le Megalé Amoukot affirmant que la fiole d'huile trouvée par les 'Hachmonaïm provenait des mêmes racines spirituelles. ]

Le Birkat Chmouël, citant le Shach, dit que lorsque Yaakov se réveilla de son rêve avec l'échelle, qu'il prit la cruche d'huile pour en verser sur la pierre, à ce moment Hachem lui a révélé tous les miracles qui vont avoir lieu avec cette cruche d'huile : elle sera utilisée pour oindre les récipients du Temple, les futurs rois d'Israël, et au final elle sera utilisée après la venue du machia'h.

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-> Les anges gardiens du mal reçoivent parfois tant de force que la seule façon de les vaincre est de faire un acte de messirout néfèch contre les réchaïm. Un déploiement de messiront néfèch empêche les forces du mal de contrôler les événements dans le monde. C'est un concept que nous apprenons de la lutte de Yaacov contre l'ange gardien d'Essav. Le rav Its'hak Zeèv Soloveitchik (Rav de Brisk), explique (cité dans Ohel Moché Vayichla'h 32,29) que Yaakov a lutté contre l'ange principalement pour lui enlever sa force au Ciel et, après avoir été vaincu, l'ange lui dit : "Car tu as lutté avec un ange et avec les hommes et tu as gagné".

-> Le Tséda Ladérèkh ( Vayichla'h 32,29), citant le Maharchal, dit :
"Il est dit que [Yaakov retourna chercher] de petites fioles, car nous trouvons que Hachem dit à Yaakov : Tu as fait preuve de messirout néfech pour une petite fiole à Moi [pour l'utiliser pour oindre la matséva à Beit El, comme l'explique Tséda Ladérèkh] et Je le rendrai Moi-même à tes enfants par une petite fiole pour les fils de 'Hachmonaï"."

Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - 'Hanoucca) commente :
C'est peut-être la raison pour laquelle l'allusion à l'huile du miracle de 'Hanouka figure justement dans le verset : "Yaakov resta seul".
Lorsque les forces du mal règnent, l'homme doit prendre sur lui de les combattre seul et dans ce but, il doit faire appel à la force juive de messirout néfech et de foi en D.
En faisant preuve de messirout néfech, les 'Hachmonaim ont suivi l'exemple de Yaakov dans sa bataille personnelle contre le mal. Ils ont lutté pour supprimer la force donnée aux Grecs d'écarter le peuple juif de D., et leur sacrifice de soi a privé les anges gardiens des Grecs (Yévanim) de leur pouvoir même au ciel. Ainsi, les efforts courageux des 'Hachmonaïm ont profité à toute leur génération, ce qui a permis d'inaugurer à nouveau le Temple et de reprendre le service sacré.

La fiole d'huile découverte par les 'Hachmonaim, qui portait le sceau du Cohen Gadol certifiant qu'elle n'avait pas été touchée par des mains étrangères, symbolise la force de messirout néfēch que possède le peuple juif, une force qui ne peut être dominée par le mal. A travers notre histoire, nous avons subi des persécutions qui ont entravé notre capacité d'étudier la Torah et d'accomplir les mitsvot ; cela a coûté à notre peuple un prix physique terrible mais il existe une chose que nos oppresseurs n'ont jamais réussi à nous enlever : notre messirout néfech pour défendre l'honneur de D.

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-> Juste avant la rencontre entre Yaakov et Essav, il est écrit: "Yaakov étant resté seul לְבַדוֹּ (Lévado), un homme lutta avec lui, jusqu’au lever de l’aube" (Vayichla'h 32,25).

Rachi commente: "Il avait oublié de menus ustensiles פַּכִים קְטַנִּים [littéralement, "petites fioles"], [l’essentiel ayant déjà été transporté] et il était retourné pour les chercher" (cf. guémara ‘Houlin 91a).

Pour appuyer Rachi, le Daat Zékinim MiBaalé HaTosfot nous invite à lire לְכַדוֹּ (LéKhado – Sa cruche) au lieu de לְבַדוֹּ (Lévado – seul). Ainsi, nous explique le Sifté Cohen, qu’il s’agissait d’une seule fiole d’huile que tenait particulièrement Yaakov. Celle-ci servit à oindre la pierre sur laquelle avait dormi le Patriarche, comme il est dit: "Yaakov se leva de grand matin ; il prit la pierre qu’il avait mise sous sa tête, l’érigea en monument et répandit de l’huile à son faite" (Vayétsé 28,18).
Malgré l’utilisation qu’en fit Yaacov, celle-ci était resté miraculeusement pleine.

=> Quelle était l’origine de cette huile?
Selon le midrach (Béréchit Rabba 67,9), cette huile avait été spécialement fournie par le Ciel pour la circonstance (Elifaz, le fils d’Essav avait ravi tous les biens de Yaakov [cf. Rachi sur Vayétsé 29,11], et que par ailleurs, le Patriarche se tenait dans un désert).
Ce miracle indiquait aussi que ses descendants seraient oints dans le futur pour la Prêtrise et la Royauté (midrache Léka’h Tov).
- Selon le Pa’anéa’h Raza, le bâton de Yaakov, avec lequel il a traversé le Jourdain (cf. Vayichla'h 32,11), avait une cavité qu’il remplissait d’huile, qu’il utilisait pour s’éclairer lorsqu’il étudiait.
- Selon le Imré Noam (sur ‘Hanouka), le rameau d’olivier qu’apporta la colombe à Noa’h, produisit de l’huile pure que l’on versa dans une fiole. Celle-ci fut remise à Chem, le fils de Noa’h, qui l’offrit à Abraham en signe d’amitié. Ce dernier l’a transmise à Its’hak qui la céda plus tard à Yaakov. La fiole fut ensuite confiée à Lévi, puis à Amram, le père de Moché Rabbénou, puis à Aaron HaCohen.
Elle fut utilisée pour l’onction des Cohanim Guédolim et des rois, ainsi que pour l’onction du Tabernacle, de ses ustensiles et de l’Autel.
Yaakov la conserva secrètement dans l’emplacement du futur Temple, pour qu’elle serve plus tard, à l’allumage de la Ménorah dans le Beth Hamikdach.

-> L’onction de la pierre accomplie par Yaakov induit le miracle de la fiole d’huile que trouvèrent les ‘Hachmonaïm, scellée avec le sceau du Cohen Gadol. [Alchikh haKadoch]

-> Selon le Mégalé Amoukot, la fiole de ‘Hanouka des ‘Hachmonaïm coïncida avec celle de Yaakov.
Elle servira également pour l’allumage de la Ménorah du 3e Temple.

-> Le Maharchal rapporte : "D. dit à Yaacov : Tu as rebroussé chemin pour chercher des petites fioles pour Me [servir], Je jure par ta vie, que Je rétribuerai à tes enfants [cette action] avec une petite fiole à l’époque des ‘Hachmanaïm"

-> Le Maharchal (cité dans le Tséda laDéré'h - Béréchit 32,25) explique que Yaakov est retourné récupérer la fiole d'huile, car il voulait l'utiliser pour rendre sacré le mizbéa'h qu'il avait l'intention de construire à Beit El [en l'honneur d'Hachem].
Le midrach commente le comportement de Yaakov : "Hachem a dit à Yaakov : "Puisque tu as été mosser néfech en Mon honneur pour une petite fiole, alors Je vais te repayer cela avec tes enfants, à l'époque des 'Hachmonaïm ... Je vais accomplir un miracle par le biais d'une petit fiole [d'huile]"."

-> Le rav Binyamin Wurzburger explique que Yaakov a témoigné tellement d'appréciation pour la spiritualité (la Torah), même envers quelque chose de petit et insignifiant. Alors mesure pour mesure, Hachem a fait que la petite fiole d'huile (qui représente la Torah) au moment du récit de 'Hanoucca va avoir une grande quantité, d'une façon miraculeuse.

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-> Certes la démarche des 'Hachmonaïm a été de se sacrifier pour la spiritualité (la Torah, la pureté du Temple) et non pour la matière, alors que Yaakov s'est sacrifié pour des petites cruches.
Cependant, la kavana était très proche.
Les 'Hachmonaïm ne voulait pas concilier sur aucun détail de l'application de la Torah et des mitsvot.
Ils refusaient de faire entrer l'influence grecque dans leur vie telle que les grecs le souhaitaient.
En effet, les grecs ne voulaient pas annuler totalement la Torah et son application, mais seulement faire rentrer la Philosophie grecque, le culte de la beauté, ...
Le sacrifice des 'Hachmonaïm est lié à la protection de la pureté de la Torah et de tous les détails qui la composent. C'est pourquoi Hachem leur permet d'allumer la Ménorah (symbole de la Torah) avec de l'huile pure.
Il en va de même pour Yaakov, il a été pointilleux en ne laissant aucun détail de côté : ces petites cruches ne sont peut-être qu'un détail à nos yeux, elles ne valent que quelques centimes, mais pour Yaakov, c'est un moyen pour servir Hachem, et en aucun Cas, il faut le négliger.
[d'après le Néfech Yéhudi]

[nous devons exploiter au mieux chaque capacité, chaque moyen, chaque minute de vie, ... que Hachem nous donne.
Nous ne devons pas considérer certaines mitsvot comme une cruche, quelque chose de faible valeur, mais au contraire même la plus petites, simples, des actions réalisées selon la Volonté d'Hachem, nous impact positivement ainsi que tous les juifs, et nous génère une récompense énorme et éternelle qui nous attend dans notre monde futur.]

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-> Rabbi Mordé'haï Elan (Mikdach Mordé'haï) dit que cette rencontre avec l'ange d'Essav, nous montre que le yétser ara (Essav) est venu attaquer Yaakov au moment où il était seul et sans défense.
Mais sa fiole d'huile (en apparence petite et inutile), qui symbolise la lumière spirituelle de la Torah, c'est elle qui a donné à Yaakov la force de rester ferme envers et contre tout.
Comme nous lisons dans la Haftara du Shabbath de 'Hanoucca : "Ni par la puissance ni par la force, mais bien par mon esprit! dit Hachem" (Zé'haria 4,6).

[avec la Torah(notre fiole magique) on peut tout gagner!]

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-> Le Baal Hafla'ah (Rav Pin'has haLévi Horowitz) enseigne que si Yaakov a pris le risque de revenir sur ses pas pour récupérer des petites cruches (cf. Rachi ci-dessus), c'est qu'il avait entendu que Essav venait vers lui.
Or, il savait que selon les coutumes des non-juifs, il devrait lui offrir à boire.
Cependant, lorsqu'il appris que Essav avait 400 hommes avec lui, et qu'il devra fournir à chacun assez de boisson alcoolisée, il s'est dépêché de revenir sur ses pas pour récupérer ces petites cruches supplémentaires, qu'il avait laissé derrière. En effet, maintenant, il en aura pour sûr besoin!

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+ "Yaakov resta seul"(Vayichla'h 32,25)

-> "Pourquoi Yaakov resta-t-il seul?
C'est parce qu'il est retourné récupérer des petits récipients qu'il avait laissé derrière lui.
De là, il est dit : "Les biens des tsadikim sont plus importants pour eux que leur propre corps". "
[guémara 'Houlin 91a]

-> Le rav Israël Salanter disait que l'on peut apprendre de là : les biens des tsadikim sont plus importants que LEUR PROPRE corps, mais pas plus importants pour eux que le corps des AUTRES personnes.
Dès qu'il s'agit du bien-être de notre prochain, il ne faut pas être radin avec notre argent, et au contraire, il faut lui donner tout ce dont il a besoin.

-> "Les tsadikim aiment leur argent plus que leur propre personne" ('Houlin 91a)
Les tsadikim évitent scrupuleusement le pus petit soupçon de malhonnêteté.
Selon nos Sages, si Yaakov a jugé utile de revenir sur ses pas pour des objets très ordinaires, c'est parce que sa mission chez Lavan était de sanctifier les activités les plus triviales.
Ainsi, les petites cruches acquises au prix d'une honnêteté scrupuleuse, étaient imprégnées de sainteté, et par conséquent, elles étaient aussi précieuses que des bijoux.
[chez Yaakov, chaque objet ordinaire était comme un trophée spirituel témoignant de ses efforts intenses pour rester honnête dans un univers où l'escroquerie régnait.]

-> Certaines des femmes dans le camp étaient Nida à ce moment-là, de sorte que Yaakov ne voulait pas qu’elles touchent ces bouteilles sacrées. Dans cet esprit, il les dissimula pendant qu’il aidait tout le monde à traverser le fleuve. Malheureusement, en raison de son épuisement, il oublia leur existence et fut contraint de revenir en arrière pour les rechercher.
[Sifté Cohen ; Imré Shéfer]

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-> "Les biens des tsadikim leur sont plus chers que leurs corps. Et pourquoi se soucient-ils tant de leurs biens? C’est parce qu’ils ne tendent pas la main pour partager les biens volés" [guémara 'Houlin 91a]

-> Plus profondément, les maîtres de la 'Hassidout et de la Kabbala expliquent que l’attention des tsadikim (Justes) envers leurs biens y compris ceux des plus superficiels, réside dans le fait qu’ils sont porteurs "d’étincelles de sainteté" propres à leur Néchama (âme).
Ainsi, selon le principe énoncé par le Prophète : "Et (ceux de) ton Peuple, ce sont tous des tsadikim" (Yéchayahou 60,21), le Baal Chem Tov enseignait que le fait que chacun d’entre nous possède un objet particulier est le signe que les étincelles du divin qui font exister cet objet sont tout particulièrement liées à notre âme. C’est du reste la raison pour laquelle nous sommes attirés par certains objets plutôt que par d’autres : nous sommes naturellement attirés par ce qui est spirituellement lié à nous.
En faisant un usage sanctifié de ces objets, nous révélons le divin dont ils sont habités, et accomplissons ainsi le but dans lequel la Providence les a mis en notre possession. Ceci est d’autant plus manifeste chez les tsadikim qui chérissent grandement ce qu’ils possèdent, car ils perçoivent, plus que d’autres, les étincelles de divin que contiennent leurs possessions et se consacrent à élever ces étincelles.

La plus grande richesse que l’homme possède dans ce monde c’est son temps.
Chercher fortune pour accroître ses biens, même si nous respectons fidèlement les lois de la Torah relatives au commerce, sans "tendre la main pour partager les biens volés", c’est agir à l’inverse des tsadikim pour qui, la seule intention de leurs occupations, est de sanctifier leur temps dans le Service divin et dans l’accomplissement des préceptes : "Tous tes actes soient accomplis au nom des Cieux" (Pirké Avot 2,12) et "Connais-le dans toutes tes
voies" (Michlé 3,6).
A l’instar de Yaacov et de tous les tsadikim, efforçons-nous de donner un sens positif à chaque chose que nous possédons, à commencer par la sanctification de chaque instant de notre vie.
[d'après dvar Torah - feuillet de la communauté de Sarcelles 5783]

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-> Le Ari zal (Chaar haPessoukim) écrit :
"Yaakov étant resté seul : les biens des tsadikim sont précieux à leurs yeux : tout bien matériel étant octroyé par le Ciel n'est pas convenable de le dédaigner, car si l'homme n'en avait pas utilité, Hachem ne le lui aurait pas envoyé.
C'est la raison pour laquelle Yaakov revint pour ces petites fioles, car s'il n'était pas revenu, on aurait pu croire qu'il n'en voulait pas.
Ainsi, pour toute chose accordée par le Ciel, il convient de rebrousser chemin pour la récupérer."

=> Ainsi, lorsque l'ange vit que Yaakov était revenu tout particulièrement pour de petites fioles, il comprit que sa démarche était suscité par sa confiance profonde en la providence divine, et sa conscience que ces ustensiles ordinaires lui étaient destinées à une fin précise (si D. me les a donné, c'est pour une raison particulière!).

C'est donc sur ce point que l'ange entama le débat : il tenta tout d'abord d'instiller chez Yaakov l'idée pernicieuse que, si Hachem pourvoit certes aux besoins de toutes les créatures, Sa providence ne détermine toutefois pas à qui revient ces objets de peu de valeur.
Et lorsque nos Sages attestent qu'ils firent monter la poussière soulevée par leur combat jusqu'au Trône céleste, c'est une allusion à la teneur du débat : la poussière illustre tous ces éléments menus et négligeables, et renvoie à l'idée que même ces petites particules insignifiantes sont orientées depuis le Trône céleste jusqu'à leur destination.

Le Gaon de Vilna (cf.Sidour haGra) explique que si nous évoquons le Trône céleste ("kissé kévodé'ha") dans la prière de "Acher yatsar" (récitée en sortant des toilettes), c'est pour démentir l'idées que Hachem ne gouverne pas le monde jusqu'à des niveaux terre-à-terre.

=> La poussière soulevée lors du combat de Yaakov contre l'ange d'Essav nous enseigne que même la plus petite parcelle matérielle est envoyée en ce monde à partir des hauteurs du Trône céleste.
En allant chercher ses cruches insignifiantes, Yaakov témoignent concrètement de cette idée.
[compilaiton personnelle issue du Yalkout Léka'h Tov - rav Yaakov Israël Beifuss]

-> "Nul ne peut toucher à ce qui est destiné à autrui, même à la mesure de l'épaisseur d'un cheveu" (guémara Yoma 38b)
=> Rien n'est trop grand, rien n'est trop petit pour Hachem, qui gère absolument tout!

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-> b'h, divré Torah sur cette poussière montant au Trône céleste : https://todahm.com/2020/09/21/15090-2

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-> Le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.1) écrit :
"Ce monde-ci est très dangereux et il présente un double tranchant.
Lorsque l'homme se rapproche de ce monde, alors il s'éloigne d'Hachem, il est attiré par lui, il se détruit lui-même à cause de l'influence de la matière et il détruit le monde avec lui.
Mais si au contraire, il se maîtrise et il s'attache à Hachem alors chaque objet de ce monde sera le support de son élévation.
Il s'élèvera intérieurement et le monde s'élèvera avec lui ...
Yaakov possédait cette faculté d'utiliser la matière pour Hachem en élevant tout le monde par sa spiritualité."

"Et ce fut, lorsque Yaakov vit Rachel ... et le petit bétail de Lavan ... que Yaakov s'avança et fit rouler la pierre de dessus l'ouverture du puits et abreuva le menu bétail de Lavan ..." (Vayétsé 29,10)

De ce verset, il ressort clairement que Yaakov a "fait roulé" la pierre du puits, non seulement pour Rachel, mais également pour le menu bétail de Lavan, comme si les 2 avaient la même importance.
Quelle est la signification du bétail pour qu'il soit mentionné avec la tsadéket Rachel?

Nous allons voir b"h une réponse du rabbi Moché Wolfson, qui va nous donner un nouveau regard sur le début de l'histoire du peuple juif.

Les mékoubalim lèvent le voile du monde matériel, et disent que ce n'était pas un bétail de moutons ordinaires.

-> Selon le Zohar, il y a 600 000 âmes juives primaires.
Lorsqu'il y a plus que 600 000 juifs, cela signifie que chaque juif ne possède qu'une partie de ces âmes primaires.
Une âme juive primaire peut ainsi se retrouver en "morceau" dans plusieurs personnes.

On peut noter que le fait d'aimer son prochain comme soi-même, revient parfois à nous aimer réellement nous-même.
En effet, l'autre pouvant être un autre "composant" de mon âme primaire, en l'aimant, j'aime également mon réel moi-même (âme) qui est aussi en lui.

Afin de recevoir la Torah, il fallait comme condition que l'ensemble de ces 600 000 âmes soient réunies ensemble.
C'est pourquoi, 600 000 hommes juifs adultes ont quitté l'Egypte, et se sont rendus au mont Sinaï.
Chacune de leur femme a apporté une moitié d'âme, leur permettant d'être complet.

-> Cependant, les âmes juives ne sont pas nées pour la 1ere fois en Egypte.
Hachem les avait déjà envoyé par 2 fois dans ce monde, dans un but de leur donner la Torah : une fois à la génération du déluge (dor haMaboul), et une autre fois à la génération de la tour de Babel (dor haflaga).
Mais ces 2 tentatives se sont soldées à chaque fois par un échec, car ils ont fauté au point d'entraîner leur tragique destruction. [cf. Pri Tsaddik - Noa'h 1-2]

Suite à ces 2 descentes dans ce monde, où ils ont commis de nombreuses fautes, les juifs (porteurs des 600 000 âmes juives primaires) ont assombris leur âme au point de ne plus pouvoir revenir en tant qu'être humain, devant obligatoirement renaître en tant qu'animaux.

En effet, une âme juive peut monter quasiment au niveau de D., mais peut aussi descendre au point où les forces du mal y viennent résider.
Lavan était un tel fauteur, au point que même le chef des forces du mal, le yétser ara, avait élu en lui domicile.
C'est pour cela que les âmes juives sont revenues sur terre, sous la forme des moutons de Lavan.

-> Hachem a donné le pouvoir aux tsadikim de rectifier et d'élever les âmes, qui par leurs fautes ont perdu la possibilité de le faire elles-mêmes.
Yaakov est le tsadik qui a été choisi pour réhabiliter les 600 000 âmes juives.

-> Yaakov s'est préparé pour cette tâche difficile pendant les 14 années qu'il a passé dans la yéchiva de Chèm et de Ever (les enfants de Noa'h!).

Certains de nos tsadikim ont une capacité à se rappeler de toutes leurs réincarnations sur terre.
Parmi eux, il y avait le Yichma'h Moché et le Rabbi de Apt, qui arrivaient à se souvenir d'avoir été parmi les moutons dont s'occupait Yaakov, et ils pouvaient même enseigner à leurs élèves la musique que jouait Yaakov avec sa flûte (elle est encore connue de nos jours dans le monde 'hassidique).

Le Yichma'h Moché montrait une marque sur son épaule, qui provenait d'un coup du bâton de Yaakov.

-> Le midrach (Béréchit rabba 73,11) enseigne qu'à la fin de son séjour chez Lavan, Yaakov a acquis un troupeau de 600 000 moutons.
Cela signifie qu'il a réussi à libérer les 600 000 âmes juives de la captivité de Lavan, et qu'étant en sa possession, il les a amené en Israël.

C'est à partir de ce moment là, qu'ils ont commencé de nouveau à naître en tant que membres du peuple juif.
Ils ont alors été purifiés par le biais de terribles souffrances en Egypte, jusqu'à ce qu'ils soient prêts à recevoir la Torah.

-> Bien que cela nous dépasse, nos Sages ouvrent très légèrement le voile sur la justice divine.

Ceux qui avaient fauté à de nombreuses reprises pendant la génération du déluge, étaient morts une fois par noyade (lors du maboul), ils vont renaître de nouveau en Egypte et mourir lors de la noyade des bébés juifs dans le Nil.
Leur réparation est alors totale.

Il en est de même pour ceux qui ont fauté en construisant la Tour de Babel, qui vont renaître en Egypte et mourir lorsque les égyptiens vont mettre les bébés juifs dans du ciment et s'en servir de pierres pour les constructions.
C'est seulement alors que leur âme est parfaitement propre, débarrassée des fautes antérieures, pouvant ainsi recevoir la Torah.

=> Lorsque Yaakov a vu Rachel, il a également observé les moutons de son père Lavan, qui étaient avec elle, et dont elle prenait grand soin, les réconfortant.
Il a alors été pris d'un intense désir de faire quelque chose pour les pauvres âmes juives prisonnières dans le monde animal, et en faisant rouler la pierre du puits (comparer au peuple juif), il voulait retirer cette lourde pierre du désespoir qui recouvrait leur cœur.

Il a également compris qu'il ne pouvait pas libérer ces âmes maintenant, car elles n'étaient pas encore prêtes pour cela.
Il a proposé à Lavan de travailler pour lui pendant 7 années en tant que berger, les rectifiant, afin qu'elles puissent renaître dans le corps de ses descendants.

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+ Synthèse :

L'histoire du commencement des 600 000 âmes juives primaires qui composent le peuple juif est :
Génération du déluge (fautes => pas Torah) ---> Génération de la Tour de Babel (fautes => pas Torah + impossibilité de revenir sur terre en tant qu'être humain) ---> moutons de Lavan (Yaakov va effectuer leur réparation et va leur permettre de revenir en tant qu'être humain) ---> esclavage en Egypte (purification totale), qui a conduit cette fois-ci, au don de la Torah et à la révélation de Hachem à toutes les âmes du peuple juif réunies au mont Sinaï.

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"[Yaakov] dit : Je travaillerai pour toi 7 annes, pour Ra'hél, ta fille" (Vayétsé 29,18)

On peut s’interroger sur ce comportement de Yaakov. Pourquoi demanda-t-il un délais de 7 ans avant d’épouser Ra’hel, alors que Lavan ne lui avait pourtant rien demandé.

Le Zohar donne la réponse suivante :
En fait, Yaakov savait que par ce mariage, il allait bâtir le peuple d’Israël, à travers la naissance des 12 tribus. Et, devant cette tâche si grande et si importante, il a senti qu’il lui fallait encore 7 ans de préparation spirituelle pour être suffisamment prêt.
Puisque chaque instant de ces 7 ans lui servait pour se travailler spirituellement et se préparer, c’est pourquoi ces années lui paraissaient comme : "de simples jours". En effet, selon lui, il avait tellement à faire, et il avait tellement peur de ne pas tout faire pour être intégralement prêt, que le temps lui paraissait passer très rapidement.

"Rabbi Chimon bar Yo'haï dit : 'D. a accordé 3 cadeaux précieux à Israël, mais en spécifiant à chaque fois qu’il faut peiner pour le mériter. A savoir : la Torah, la terre d’Israël et le monde futur' "

[guémara Béra'hot 5a]

+ "Rabbi Elazar enseigne : 'Tout celui qui réside en Israël, demeure sans faute' "
[guémara Kétoubot 111a]

-> "Celui qui s'est repenti, qui regrette ses fautes, et qui désire monter en Israël, bien que ce soit la téchouva qui expie, le fait de monter en Israël va ajouter des mérites et va le protèger de fauter chacun de ses jours"
[Téchouvot Tachbats 3,288]

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-> Le Yétev Lév fait remarquer qu'en arrivant en Israël, on est doté d'un supplément d'âme, faisant que nous grandissons spirituellement.
Afin de maintenir un même niveau de libre arbitre, la force de notre yétser ara est également accrue dans les mêmes proportions.
=> Il y a donc un temps d'adaptation afin de se faire à notre nouvelle situation (nous pouvons aller beaucoup plus haut, mais aussi beaucoup plus bas qu'auparavant!).

-> Le Sfat Emet (Chéla'h Lé'ha) explique que l'origine de la faute des explorateurs réside dans leur peur d'une mauvaise utilisation de la force spirituelle qui est beaucoup plus importante en Israël.
On peut aussi ajouter qu'en Israël, on a davantage de proximité avec D., ce qui fait qu'une faute y est plus grave.
[à l'image de quelqu'un qui crache devant le Roi (Israël), tandis qu'un autre crache dans un champ loin du palais (en dehors d'Israël). Et inversement, lorsque l'on agit bien ... !!]

-> L'élève principal du Maguid de Mézéritch, Rabbi Ména'hem de Vitebsk rapporte les "paroles" de son yétser ara à son arrivée en Israël : "Tu penses que je suis le même que celui que tu as laissé en Europe?
Nous pouvons nous ressembler, mais en réalité ce n'est qu'un de mes subalternes. Je suis le véritable yétser ara !"

-> Un autre élève du Maguid de Mézéritch, Rabbi Avraham de Kalisk écrit dans ses lettres, que la prière la plus décevante (cœur bouché) récitée en Israël, est beaucoup plus grande que la prière la plus élevée faite en dehors d'Israël.

-> Le rav 'Haïm Chmoulévtich dit qu'il y a un flux spirituel et matériel uniques en Israël, que seul ses habitants peuvent en bénéficier.
Mais il existe une condition préalable : reconnaître et apprécier la grandeur et l'importance de la terre d'Israël.

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-> En arrivant en Israël, on ressent un sentiment semblable au fait d'accueillir le Shabbath.
Mais avec le temps et la routine quotidienne, nous oublions que nous sommes sur une terre sainte.
Rachi (Bo 13,11) donne le conseil suivant : "Que la terre d'Israël soit [précieux] à tes yeux comme si Hachem te la donnait aujourd'hui même, et non comme s'il t'était échu par voie d'héritage de tes pères".