Aux délices de la Torah

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Paracha Béchala'h : le terme "az"

Cette paracha relate le miracle de la traversée de la mer Rouge, suivi du chant que les juifs ont entonné à cette occasion, et qui commence par les mots : "Alors (אז) chantera Moché avec les enfants d’Israël".

Dans le midrach, nos Sages expliquent le verset : "Ton Trône s’est affermi depuis alors (מאז – MéAz)", en disant qu’avant la traversée de la mer, la Royauté d’Hachem n’était pas installée, et qu'elle s’est “assise” par l’ouverture de la mer.

Le Midrach illustre cela en disant qu’avant ce miracle, Hachem était comparé à un roi debout, et qu'Il s’est assis sur Son Trône par la traversée de la mer.
C’est cela le sens du verset : "Ton Trône s’est affermi depuis Az (alors)", allusion au "Az Yachir (alors chantera…)".

Que signifie le fait que Hachem peut "s’asseoir" grâce à ce miracle, contrairement à avant?
Pourquoi ce changement est précisément en allusion par le mot "Az (אז)"?

Avant l’ouverture de la mer, on pouvait encore penser que le monde existait et qu'il avait une autonomie propre, D. étant au-dessus, comme ayant pris ses distances.
Ainsi, Hachem paraissait être “debout”, comme si le monde pouvait s’opposer à Lui.

En revanche, au cours de la traversée de la mer, il est apparu clairement que rien n’a d’existence propre, que Hachem n’a besoin de lutter contre personne, car à tout moment rien ne peut être fait, ni ne peut exister sans son accord.
C'est alors, qu'Il a pu "s’asseoir".

Toute cette notion est en allusion dans le terme : "אז (Alors)", qui ouvre le chant de la mer (la chirat hayam).
Ce mot est composé de la lettre Alef (א) au dessus de la lettre Zaïn (ז).
Le Zaïn, de valeur numérique 7, évoque l’ensemble du monde créé en 7 jours, qui n’a aucune indépendance, car le Alef (de valeur 1), qui fait allusion à Hachem (qui est Un), le dirige et le mène là où Il le souhaite.

Ainsi, le terme אז (Az) fait allusion au Alef qui chevauche le Zaïn. Hachem dirigeen permanence le monde et le mène là où Il veut.

Ce monde n’a en lui-même aucune autonomie, et c’est ce qui s’est révélé lors de l’ouverture de la mer.
Les juifs ont alors compris que le monde (le 7, le Zaïn) n’est qu’un char, dirigé par Hachem (le Un, le Alef).
C'est alors, que la Royauté Divine a pu s’installer, le Roi s’est "assis".

On a perçu cette profonde vérité que rien ne peut s’opposer à la volonté Divine.
Hachem n’a donc pas besoin de se tenir “debout”, prêt à lutter, car il n’y a pas de lutte : tout est annulé devant Lui.
Dès lors, Il s’est “assis”.

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"Az yachir Moché ouvné Israël" (litt. : "alors chantera Moché et les enfants d'Israël" - Béchala'h 15,1)

1°/ Pourquoi l'utilisation du futur (chantera)?
-> Rachi : c'est une allusion au principe de la résurrection des morts qui chanteront alors la louange de D.
-> selon le Or'Haïm, cela signifie que les juifs à tout temps seront capables d'être inspirés, de s'élever au moment même où ils réciteront ce cantique (chira), composé autrefois par leurs ancêtres au bord de la mer.
-> selon le Keren léDavid, c'est une démonstration qu'ils ont compris avec les miracles de la sortie d'Egypte, que Hachem n'est que bonté ('hessed) et vérité (émet). C'est ainsi, qu'ils ont accepté que dans le futur (yachir), ils réaliseront toujours que tout ce que Hachem fait pour le peuple d'Israël est une bonne chose.
[d'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles nous nous rappelons si souvent de la sortie d'Egypte : toute situation (même très difficile) est forcément pour notre bien, et à l'image de nos ancêtres qui ont été libérés à la seconde où leur esclavage devait prendre fin, nous serons libérés de nos soucis actuels à la seconde même où Hachem l'a fixé.]

Pourquoi est-ce que l'idée de la résurrection des morts apparaît ici en allusion dans la Torah?
Le rabbi de Belz explique qu'au moment où tout le peuple allait chanter la Chirat haYam, il y avait au fond d'eux un mélange de 2 sentiments : d'un côté, une énorme joie de pouvoir remercier Hachem pour la sortie grandiose d'Egypte, et d'un autre côté, il y avait une profonde tristesse d'avoir perdu de nombreux proches durant la plaie des ténèbres (où 80% du peuple y est mort!).
Il y avait un goût amer de ne pas pouvoir partager ce sublime moment avec ces êtres disparus.

Le rabbi de Belz enseigne que lorsque Moché a suggéré aux juifs de chanter des louanges à Hachem, ils lui ont répondu : "Comment peux-tu penser que nous sommes capables de chanter? Les 4/5e du peuple juif sont manquants!"
Moché leur a alors répondu que ce chant qu'il souhaitait qu'ils entonnent, fait allusion à la résurrection future, moment où tous les juifs seront réunis de nouveau avec leurs proches décédés.
Cette prise de conscience a consolé le peuple, les égayant, au point qu'il ont pu chanter la Chirat haYam d'un cœur joyeux.

[ne vous attristez pas des morts, car nous allons tous se retrouver pour l'éternité après la résurrection des morts, et alors nous chanterons ensemble à Hachem!]

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-> Rabbi Yé'hiel de Kozmir explique qu'à ce moment là (juste après la traversée de la mer Rouge), les Bné Israël méritèrent un tel dévoilement de la Présence Divine qu'ils tendirent leur doigt en s'écriant : "Voici mon D." (zé Eli).
La plus simple des servantes vit sur la mer ce que le prophète Yé'hézkiel Ben Bouzi lui-même ne vit pas.
Il en résulta que leur émouna disparut complètement car la foi concerne les choses que l'on ne peut voir.
En revanche, pour quelque chose qui se trouve devant les yeux, il n’est pas question de croyance mais de l’utilisation du sens de la vision.
C'est pourquoi, il fallut à ce moment-là éveiller leur foi par celle de la résurrection des morts.
Celle-ci ne leur ayant pas encore été dévoilée, ils pouvaient ainsi accomplir cette mitsva de émouna à travers elle.

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-> Le cantique [de la mer] contient 18 phrases qui correspondent aux 18 vertèbres de la colonne vertébrale.
Ce cantique sera le soutien des morts, qui chanteront également un cantique à Hachem lors de la résurrection des morts.
[rabbénou Bé’hayé]

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2°/ Pourquoi l'utilisation du singulier ("chantera" (yachir), au lieu de : "Moché et les enfants d'Israël chanteront (yachirou)")?

Le verset précédant se termine par : "ils eurent foi en Hachem et en Moché, son serviteur". Si les juifs ont cru en Hachem, c'est évident qu'ils crurent également en Son serviteur Moché! Comment expliquer cela?

Le Kédouchat Lévi explique qu'à la mer Rouge, les juifs ont atteint des niveaux très élevés de prophétie, au point que le midrach (Mékhilta - Chémot 15,2) commente qu'une simple "servante a vu dans la mer ce que n’a pas vu Yé'hezkiel (lui-même) ni les autres prophètes".
Ainsi à ce moment, les juifs ont pris conscience de la grandeur d'Hachem (comme cela a pu déjà être le cas lors des autres plaies), mais surtout ils ont eu une nouvelle révélation : ils ont découvert la grandeur phénoménale que peut atteindre tout juif, même le plus simple en apparence.
=> Ils ont cru en Hachem, et également en leur capacité à tendre vers Moché Son serviteur.

De même, l'utilisation du singulier : "chantera", s'explique par le fait que Moché et la nation juive se sont unis en une seule unité. Les juifs se sont identifiés à Moché, car ils croyaient en eux même!
[A leur yeux, Moché n'était plus une sorte de divinité humaine aux pouvoirs surhumain. Non, car en réalité, chaque juif peut arriver à agir d'une façon très élevée, quasi-divine. Moché est un être humain juif qui a utilisé ses potentialités internes au maximum! Ce vers quoi nous devons tous tendre.]

De plus, les juifs ont alors réalisé que Hachem aime chacun de Ses enfants comme si c'était Son enfant unique, et ainsi : "Je suis aussi important aux yeux de Hachem que Moché rabbénou!"
Cette conscience de combien nous sommes chacun précieux aux yeux de D., d'à quel point Il est toujours présent à nos côtés pour nous soutenir, pour répondre à nos prières, est la base d'une émouna saine et d'une appréciation du cadeau de la vie que nous accorde Hachem.
[D. a mis en nous une partie Divine : l'âme, faisant que nous Lui sommes liés et que nous avons des capacités pour s'élever Divinement haut.]

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"Et tout le peuple vit les voix" (Yitro 20,15)

Hachem créa le monde par le biais de 10 paroles créatrices, qui sont constamment présentes dans le monde, et ce sont elles qui le font exister à chaque instant.

Cependant, elles sont tellement cachées qu’on ne les perçoit pas, ce qui fait qu'on a facilement tendance à oublier que c’est Hachem qui permet au monde d'exister.
D'ailleurs, on peut même en venir à imaginer (plus ou moins consciemment) que le monde se tient de lui-même.

Mais au moment du don de la Thora : "Tout le peuple vit les voix", c'est-à-dire qu'ils virent clairement ces paroles Divines, et ils purent ainsi prendre conscience de façon tangible et claire, que seul Hachem est le Créateur qui maintient le monde et que sans l’existence qu’Il y insuffle, le monde ne peut pas tenir même ne serait-ce qu’un seul instant.

[Néféch Ha'haïm]

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-> Le Zohar (Béchala'h 54a) affirme : "Tout celui qui récite quotidiennement ce Cantique [de la mer Rouge] et s’y concentre, méritera de le réciter dans l’avenir [lors de la Résurrection des Morts]"

-> Le cantique contient 18 phrases qui correspondent aux 18 vertèbres de la colonne vertébrale.
Ce cantique sera le soutien des morts, qui chanteront également un cantique à Hachem lors de la résurrection des morts.
[rabbénou Bé'hayé]

-> La guémara (Sanhédrin 91b) enseigne : "De quel Texte de la Torah peut-on déduire la Résurrection des Morts? Il est écrit : "Az Yachir Moché" (alors Moché et les Enfants d’Israël chanteront l’hymne suivant à Hachem - Béchala'h 15,1). Il n’est pas dit : ‘ont chanté’ mais ‘chanteront’. D’ici, nous avons une indication de la Résurrection des Morts dans la Torah".
[l’emploi du futur suggère que Moché et sa génération se relèveront et chanteront de nouveau le Cantique de la Mer – on peut noter que le mot "Az" (אָז - Alors) indique le temps du dévoilement du règne de D. (א – Un) sur la Nature (ז – Sept) - Kli Yakar (Chémini)].

=> Quel est le sens de la récitation du Cantique de la Mer dans les temps futurs?

Il est à rappeler tout d’abord que la Délivrance d’Egypte fait allusion à toutes les Délivrances d’Israël. Pour cela, on peut rapporter :
- Le Arizal (Likouté Torah - Ki Tetsé) enseigne : "L’Exil égyptien inclut en lui les 4 autres Exils : Babel, Perse, Grèce, Rome."
- Le Bné Yissa'har (Nissan - maamar 4) explique que c’est la raison pour laquelle 4 expressions de la Délivrance ont été mentionnées : "Je vous ferai sortir, Je vous délivrerai, Je vous affranchirai, Je vous adopterai" (Vaéra
6,6-7) [en référence aux 4 Exils].

Plus particulièrement, la Délivrance des temps messianiques sera à l’image de la Délivrance d’Egypte, tout en étant plus grandiose. En effet, il est écrit : "Comme au jour où tu sortis du pays d’Egypte, Je te ferai voir des prodiges [lors de la Délivrance finale]" (Mi'ha 7,15).
De plus, le midrach (Chémot rabba 23,15) commente : "‘C’est mon D. et je L’embellirais’ = Hachem a dit à Israël : dans ce Monde, vous avez dit devant Moi une seule fois : ‘C’est mon D.’. Mais, dans le futur, vous le direz deux fois, ainsi qu’il est dit : ‘On dira en ce jour : Voici notre D. en qui nous avons mis notre confiance pour être secourus. Voici Hachem en qui nous espérions’ (Yéchayahou 25,9)."

-> Rabbénou Bé’hayé (Kad Hakéma‘h - Ner ‘Hanoucca) écrit :
"Nous avons une Tradition : la future Délivrance ressemblera à celle d’Egypte. De même qu’il y eut la Déchirure de la Mer des Joncs lors de la Délivrance d’Egypte, de même il est dit au sujet de la future Délivrance : ‘Et Hachem imprimera l’anathème au Golfe égyptien ; de Sa main, de Son souffle impétueux, Il frappera le grand fleuve’ (Yéchayahou 11,15). Il est écrit aussi: ‘Et ce sera une chaussée pour le reste de Son Peuple, échappé à l’Assyrie, comme il y en eut une pour Israël le jour où il sortit du pays d’Egypte’ (verset 16).
Cela atteste le fait que lors de la future Délivrance, Hachem tracera au sein de la mer un chemin comme cela fut le cas lors de la Sortie d’Egypte."

=> Ainsi, comprenons-nous maintenant les paroles du Zohar : "Celui qui récite chaque jour la Chira avec concentration, méritera de la réciter dans l’avenir", c’est-à-dire qu’il méritera de vivre la Délivrance finale au cours de laquelle, seront revécus les évènements de la Sortie d’Egypte, y compris la récitation du "Cantique de la Mer" par Moché Rabbénou et l’ensemble du peuple juif.

Les téfilines

"Ce sera un signe sur ta main et des joyaux entre tes yeux " (Bo 13,16)

Cela fait référence aux téfilin, qui ont 4 compartiments dans ceux de la tête, et un seul compartiment dans ceux du bras.

Le Roch donne une belle explication à ce sujet :

-> Tant que l'on est dans la réflexion et l'analyse (la tête), chacun a le droit de donner son avis et son opinion (d'où la présence de différents compartiments : il y a ceux qui pensent que ..., ceux qui pensent que ...).

-> En revanche, lorsque l'on est passé à l'action et à la pratique (le bras), on doit alors obligatoirement se réunir pour suivre l'opinion de la loi juive (la halakha).
On ne peut plus dire que chacun va agir selon son avis, cela est une faute (il n'y a qu'un seul compartiment).

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-> On peut accepter qu'il y ait une différence d'avis (au niveau de la tête), mais on ne peut pas accepter qu'il y ait une séparation entre les cœurs (les téfilin du bras sont tournés vers le cœur).
Cela signifie que bien que l'on ait des idées différentes, tout cela ne doit pas affecter les sentiments. Dans le cœur, nous sommes obligés d'être unis, de s'apprécier (tu aimeras ton prochain comme toi-même! = on doit tendre vers une fusion des cœurs : ressentir ses joies, peines, ...).

De même que nous trouvons normal d'avoir chacun un visage différent, de même nous devons respecter le fait que chacun a des avis différents, et tout le monde possède une part de Vérité.
[c'est par l'union des différentes facettes de la Torah, c'est grâce aux débats/confrontations comme le principe de la 'havrouta, que nous pouvons parvenir à la Vérité.]

Il faut faire attention à ne pas laisser rentrer dans notre cœur, nos différences d'opinions, en venant à avoir du mépris, à détester autrui.

[il y a plusieurs compartiments dans le bras qui représente l'action (ce monde), et un seul dans le celui de la tête (monde à venir).
Ainsi, certes il y a plusieurs façons de servir Hachem dans ce monde, mais dans celui à venir nous serons tous unis autour de D., profitant de Sa proximité, en fonction de nos mérites.
Par ailleurs, dans ce monde matériel chaque juif semble une entité distincte (plein de corps en apparence totalement indépendants), mais en réalité spirituellement parlant nous sommes tous unis, provenant d'une seule âme Divine.]

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-> Le Rosh nous enseigne :
Les passages (Chémot 13,1-10 ; Chémot 13,11-16 ; Dévarim 6,4-9 ; Dévarim 11,13-21) écrits dans les téfilin de la main sont réunis dans un seul parchemin. En revanche, dans les téfilin de la tête, ces passages sont placés dans quatre compartiments différents. Pourquoi cette différences?

En fait, l’homme est constitué de 5 sens.
La vue, l’ouïe, l’odorat et le goût, sont 4 sens contenus dans la tête (les yeux, les oreilles, le nez et la bouche). En revanche, le toucher est le sens associé à la main.
Les téfilin ont pour vocation de soumettre tous les sens à Hachem, pour accepter l’Autorité Divine au point de ne pas profiter du monde par aucun sens, de façon non voulue par Hachem.
=> C’est pourquoi, les téfilin de la tête contiennent 4 compartiments en allusion aux 4 sens situés dans la tête, et les téfilin de la main contiennent un seul compartiment, allusion au sens du toucher situé dans la main.

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-> Dans le Séfer Kaftor véPéra'h, il est écrit :
Les téfilines du bras sont en face du coeur quie est en rapport avec Hachem : Un et Unique dans Son monde. [il y a sur le bras 1 compartiment]
Ceux de la tête sont face aux 4 éléments utilisés pour la création de l'homme (le feu, l'eau, le vent et la terre). [d'où les 4 compartiments sur la terre]

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-> "Qu'est-il écrit dans les téfilin du Maître du monde?
Rav 'Hiya bar Avin répond : "Qui est comme Ton peuple Israël, une nation unique sur la terre" (mi 'hamokha Israël, goï é'had baarets - Divré haYamim I 17,21)."
[guémara Béra'hot 6a]

D'une certaine façon, les téfilin de Hachem Lui permettent de renforcer Son attachement avec Son peuple bien-aimé. Parallèlement, en mettant nos téfilin nous lions davantage D. à notre vie, à nous-même.
=> Ils symbolisent l'amour ardent et permanent, qui règne entre Hachem et nous!!

-> A ce sujet, rabbi Guttman affirme : lorsque nous mettons nos téfilin nous devons réfléchir à ce que nous pouvons faire pour Hachem, et en conséquence Hachem, mesure pour mesure, va également mettre Ses téfilin et cela va éveiller Son désir de faire quelque chose pour nous, aussi bien au niveau individuel que collectif.

-> La michna Broura cite l'avis du Magen Avraham, que si les téfilin d'une personne tombe à terre sans être dans la boîte de protection, la coutume est de jeûner en expiation. Ceci témoigne de leur sainteté.

Un jour, après avoir observé un juif ignorant ramasser et embrasser ses téfilin qui étaient tombé au sol, Rabbi Its'hak de Berditechev a déclaré : "Maître du monde! Regarde comment un juif simple honore et chérit ses téfilin. Pourquoi ne relèves-Tu pas TES téfilin opprimés : Ta nation Israël! (cf. ce qui est écrit dans Ses téfilin)
Ils sont allongés sur le sol dans la honte et sans le moindre respect depuis 18 siècles. Ramasse-les avec Ta main forte et embrasse les. Pourquoi Tes téfilin doivent-ils être moins bien traités que les téfilin de Ton peuple?"

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+ Est-ce que les juifs ont pu réaliser la mitsva des téfilin pendant les 40 années dans le désert?
En effet, pour que cette mitsva soit valable, il est nécessaire d'avoir les 4 passages de la Torah qui y sont inclus, or 2 passages ne vont être enseignés par Moché que durant la dernière année dans le désert (Dévarim).
[Chémot 13,1-10 ; Chémot 13,11-16 -----> Dévarim 6,4-9 ; Dévarim 11,13-21]

-> Selon le Rachba (commentaire sur guémara Ména'hot 37a), après leur sortie d'Egypte les juifs possédaient uniquement 2 passages des téfilin sur 4, mais Moché leur a enseigné oralement les 2 autres passages afin qu'ils puissent les mettre par écrit. Cela leur a permis de porter les téfilin pendant les 40 années dans le désert.
Le rav Guédalia Schorr ajoute l'idée que les 4 portions qui sont présentes dans les téfilin, ne sont pas écrites en tant que copies d'une section apparaissant dans la Torah, mais ce sont des passages que nous avons l'obligation d'écrire dans nos téfilin, et il se trouve qu'ils sont également présents dans la Torah. Ceci explique pourquoi le peuple juif avait le droit de les y écrire avant d'avoir reçu la Torah, comportement ces mêmes passages.

-> Le rav de Brisk n'est pas d'accord, et pour lui ces 4 passages des téfilin ne sont simplement que des copies de passages provenant de la Torah. [s'il n'y a pas de Torah, il ne peut y avoir ces sections!]
Le Panim Yafot (ainsi que le Raavan) écrit que les juifs n'ont pas porté les téfilin dans le désert, et ce jusqu'à recevoir les 2 passages manquants (durant la dernière année dans le désert).

-> Selon le Malbim, la réponse à cette question dépend de la discussion dans la guémara (Guitin 60a), entre Rav Yo'hanan et Reich Lakich, à savoir si la Torah a été donnée aux juifs en une seule fois à la fin de la vie de Moché, ou bien par des segments partiels au fur et à mesure de leur séjour dans le désert.

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"Ce sera en signe sur ton bras et en ornement entre tes yeux, car c'est d'une main puissante que Hachem nous a fait sortir d'Egypte" (Bo 13,16)

Habituellement : "ton bras" (yadé'ha) s'écrit : ידך , mais ici il apparaît différemment : ידכה, ce que nos Sages (Ménah'ot 37a) expliquent par : "la main faible" (יד כהה - yad kéa).
C'est pour cette raison que nous plaçons les téfilin sur notre main dite "faible" (la gauche pour un droitier).

[Rabbénou Bé'hayé fait remarquer qu'on a : ידכה, au lieu de l'habituel : ידך. La différence réside dans l'ajout de la lettre : hé (ה), qui renvoie au total de 5 compartiments où se logent les parchemins : 4 dans celui de la tête, et 1 dans celui de la main]

=> Comment concilier que la mitsva des téfilin est un souvenir du fait que c'est "d'une main puissante (בְּחֹזֶק יָד) que Hachem nous a fait sortir d'Egypte", avec notre obligation de les mettre sur "la main faible" (יד כהה)?

-> Rabbi Moché Bick explique que cela vient nous enseigne que Hachem est la seule puissance de ce monde. Il est l'Unique qui est Fort et Puissant, Il fait tout dans le monde.
Si nous mettions nos téfilin sur notre main "forte" (à droite pour un droitier), alors nous en viendrons à penser à tord que : "ma force et la puissance de ma main m’ont assuré ce succès" (ko'hi véotsem yadi assa li - Ekev 8,17).
Pour se rappeler ("ce sera un signe sur ton bras") que tout nous vient de Hachem, nous mettons nos téfilin sur notre main "faible".

-> Rabbi Guttman fait remarquer que :
- les téfilin du bras sont pour NOUS un signe, nous rappelant la "main forte" de D., et renvoyant au fait que notre main est "faible". Nous devons donc mettre toute notre confiance en Hachem, car Lui seul peut faire changer les choses.
- les téfilin de la tête sont un signe pour les AUTRES, pour qu'ils voient la sainteté des juifs et qu'ils nous craignent.
A propos de ces téfilin, il est dit : "alors tous les peuples de la terre verront que le Nom de Hachem est proclamé sur toi et ils te craindront" (Ki Tavo 28,10).
Nous portons le Nom Divin sur notre tête, et le monde entier en a peur.
[encore une fois, nous arrivons à la conclusion que notre force nous provient de notre proximité avec papa Hachem]

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-> Le Séfer Atéret Zékénim rapporte que les téfilines sont uniquement noirs, qui est la seule couleur qui ne peut se mélanger aux autres couleurs.
En effet, au sujet de Hachem, il est écrit : "Parce que Moi, Hachem, Je ne change pas".

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-> Le Or'hot 'Haïm explique qu'il y a 3 coutures à chacun des 4 côtés des téfilines, parce que cela fait un total de 12 coutures, en rapport avec les 12 tribus d'Israël.

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-> Pourquoi faut-il mettre un poil de veau?

Le veau évoque les forces de l'impureté, or dans le Zohar (Pékoudé 237b) il est enseigné :
"Viens et regarde, Hachem a donné une place aux forces impures pour diriger en ce monde certains domaines, elles ont aussi le pouvoir d'endommager.
C'est pour cela que nous devons nous comporter de manière respectueuse avec ces forces, de peur qu'elles ne portent d'accusation contre nous.
C'est pourquoi nous avons un principe fondamental, nous devons lui faire une petite place à l'intérieur de notre kédoucha.
[nous lui faisons un petit cadeau, pour qu'elle nous laisse tranquille, à l'image du bouc que nous lui offrions le jour de Kippour (séir laAzazel)]
Ainsi, il faut mettre discrètement sur la base des téfilines un poil de veau qui sorte vers l'extérieur et soit visible."

[Le Zohar affirme que l'épaisseur d'un fil ne rend pas impur l'endroit car ce n'est pas une quantité suffisante.]

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-> Le Arizal (Chaar haKavanot) explique que les forces d'impureté de Pharaon sont concentrées dans la nuque.
Les lettres du mot "nuque" (aoref - הערף) sont les mêmes que celles qui forment le mot : Pharaon (פרעה).

-> Le rav Yaniv Yaakov commente :
Plus précisément, le Daat (l'intellect) est matérialisé par le cervelet (le petit cerveau central), diffuse les informations contenues dans les pensées de l'homme à tout le reste du corps.
Les forces d'impureté égyptiennes étaient concentrées au niveau de la nuque afin de stopper le flux d'abondance généré par le cerveau sur les autres membres du corps et de tuer ainsi spirituellement le peuple d'Israël.

La mitsva des téfilines par exemple régénère ce flux d'abondance.
C'est le sans du verset : "Ce sera pour toi comme un signe sur ta main et comme un rappel entre tes yeux" (Bo 13,16). Quel lien y a-t-il entre la mitsva des téfilines à la sortie d'Egypte?
Nous mettons les téfilines de la tête près du cerveau, et celles du bras contre le cerveau qui symbolisent le corps, afin d'unir la tête et le corps.
Or, c'est précisément ce que Pharaon et les égyptiens voulurent tant séparer. Ainsi, nous accomplissons cette mitsva en souvenir et par reconnaissance pour Hachem qui nous délivra d'Egypte.
[...]

De la même façon que l'homme est en vie par la liaison de 2 parties essentielles que sont al tête et le corps, le peuple d'Israël est une entité vivante car il est constitué de 2 parties : la tête représentée par les tsadikim (les Sages et les dirigeants de la génération), et le corps représenté par le peuple d'Israël.
Les dirigeants du peuple juif désignés par le titre de Rabbi qui signifie : "chefs des enfants d'Israël" (רבי - roch Bné Israël) influencent le peuple juif par les enseignements et les décisions qu'ils propagent au sein du peuple.
[d'une certaine façon les téfilines matérialisent notre attachement à nos Sages, qui sont nos ailes pour s'élever au mieux vers Hachem!]
[...]
C'est le sens des paroles du Arizal, à propos des lettres du mot Pharaon (פרעה) qui sont les mêmes que celles du mot nuque (aoref - הערף). Il incarne la force d'impureté (klipa) et recherche à réaliser une séparation entre la tête (les dirigeants d'Israël) et le corps (le peuple d'Israël).

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-> Et il sera écrit comme symbole sur ton bras et comme fronteau entre tes yeux, que d'une main puissante l'Éternel nous a fait sortir de l'Égypte. (Bo 13,16)

-> "Et tu les mettras en signe sur ton bras" :
Nos Sages ont enseigné sur ton bras, on interprète sur ton bras faible (יד כהה) qui est le bras gauche de chacun d'entre nous (voir guémara Ména'hot 37) et il me semble que l'on peut en donner la raison, car le Maître du monde a pour vertu, deux nuances : une que l'on surnomme "main grande" et l'autre "main puissante".

La "main grande" fait appelle à la bonté d'Hachem. La "main forte", la main puissante fait allusion au côté rigoureux qui punit celui qui agit mal, au moment de la sortie d'Egypte des enfants d'Israël, il a étendu sa main puissante afin de frapper ses ennemis des 10 plaies.
C'est pour cela que D. nous demande de poser les téfilines sur le bras gauche (faible) en souvenir de la main puissante par laquelle Il nous a fait sortir d'Égypte. C'est à cela que fait allusion le verset car c'est avec une main forte que je t'ai fait sortir de là-bas.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

"Pour que tu racontes aux oreilles de ton fils et du fils de ton fils ... et vous saurez que Je suis Hachem" (Bo 10,2)

Puisque le verset commence par dire : "Pour que tu racontes aux oreilles de ton fils", on se serait attendu qu’il finisse par dire : "Et ils sauront que Je suis Hachem", à savoir ton fils et le fils de ton fils (et non : "et vous saurez que")!

De là nous apprenons que quand on enseigne la Torah et qu’on la transmet aux enfants, en plus du fait qu’on leur transmet du savoir, cela permet aussi à l’enseignant de renforcer sa connaissance et son ressenti de la présence d’Hachem.

Par le fait que vous racontiez à vos enfants, non seulement de cette façon ils sauront, mais aussi cela vous permettra à vous également de savoir avec encore plus de force.

Enseigner construit non seulement les enfants, mais aussi les enseignants.

[rav Shalom de Belz]

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-> Rav ‘Hanina dit : "J’ai beaucoup appris de mes maîtres et encore plus de mes collègues, mais le plus que j’ai appris, c’est de mes élèves." (guémara Taanit 7a)

=> Il ne faut pas penser que l'on "perd" son temps à enseigner des choses que l'on connaît, car d'une certaine façon nos élèves sont indirectement des maîtres.

Au-delà de nous renforcer, l'enseignement est comme une graine que l'on plante et qui un jour où l'autre se développera, donnant de beaux fruits.

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-> "Pour que tu racontes à ton fils et au fils de ton fils"

On peut l’expliquer d’après l’enseignement de nos Sages selon lequel par la mitsva de la circoncision, les Bné Israël sont sortis d’Egypte avant le moment prévu.
La valeur numérique des dernières lettres de "Bin'ha Ouven Bin'ha" (ton fils et le fils de ton fils - בִנְךָ וּבֶן בִּנְךָ) est la même que celle de "hamilah" (la circoncision - המילה).
[Bné Yissa'har]

"Lève-toi tôt le matin et tiens-toi debout devant Pharaon" (Vaéra 9,13)

Est-ce que l'on se tient autrement que "debout" devant un monarque? Qu'est-ce que cela vient nous apprendre?

Du fait de sa grande humilité, Moché avait l'habitude de plier sa tête devant tout homme, pour le saluer.

Ici, Hachem dit à Moché que quand il se présentera à Pharaon, il ne devra pas se courber devant lui, pour ne lui témoigner aucun signe de soumission, aussi infime soit-il.
Le verset fait allusion à cela en disant : "Tiens-toi debout devant Pharaon", sans aucunement te plier devant lui, comme tu le fais devant tout homme.

[le Or ha’Haïm haKadoch]

=> Moché était tellement humble qu'Hachem Lui-même est venu lui demander de ne pas témoigner d'honneur à Pharaon.

"Moché prit les ossements de Yossef avec lui " (Bo 13,19)

Pourquoi le verset précise-t-il : "Avec lui" ?
Ces termes semblent apparemment inutiles, car s'il les a pris, c'est forcément "avec lui"!

En réalité, lorsqu'une personne accomplit une mitsva, le gain que cela lui rapporte va l'accompagner pour l'éternité (dans ce monde et celui à venir).
Cela est en opposition avec les gains matériels (comme l'or et l'argent), qui ne nous accompagnerons pas et ne nous apporteront plus rien après notre mort.

=> La Torah veut nous enseigner que Moché a réalisé une grande mitsva en prenant les ossements de Yossef, et qu'elle est vraiment "avec lui", l'accompagnant pour toujours, contrairement aux biens matériels, qui ne sont pas que très temporairement avec l’homme.

[le Kli Yakar]

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-> La guémara (Sotah 9b) enseigne qu'en récompense pour s'être occupé des os de Yossef, Moché a mérité que Hachem, Lui-même, l'enterre après sa mort.

-> Dans ce monde, il est très facile de se laisser absorber par le matérialisme.
Le yétser ara ne manque pas d'excuses, déguisant même parfois cela en une mitsva : je vais travailler à fond comme cela j'étudierai mieux plus tard ..., je vais travailler à fond comme cela mon fils pourra étudier ...
Et le temps passe, passe, sans que nous n'amassions de richesses spirituelles : nous sommes alors éternellement pauvres!

Le yétser ara réussit son objectif premier : nous faire partir de ce monde avec le moins de spiritualité possible.
=> De notre verset, on doit sans cesse se demander : qu'est-ce que je prends "avec moi" pour m'accompagner dans l'éternité, tout le reste n'étant alors que secondaire.

[ce monde pour accumuler les richesses spirituelles, le monde futur pour en profiter, et la matérialité n'étant qu'un moyen pouvant aider à y parvenir. ]

"L'homme possède tout, lorsqu'il se confie à Hachem"

[le Saba de Novardok - Rabbi Yosef Yozel Horowitz -> 1848-1919]

"Quand Pharaon vous dira : faites-vous (la'hèm) un prodige" (Vaéra 7,9)

Logiquement, Pharaon aurait dû dire : "Faites-NOUS un prodige" !
Pourquoi un tel emploi?

La différence entre un prodige réalisé par de la sorcellerie et un miracle réalisé par Hachem, est que le sorcier connaît à l’avance tout les secrets de son tour (sachant que ce n'est que mensonge et il n'en est pas impressionné), tandis que celui qui réalise un miracle reste toujours émerveillé par la grandeur d’Hachem (découvrant sur le moment ce qu'Il fait et en étant impressionné).

Ainsi, Pharaon dira à Moché et à Aharon : "Faites-VOUS un prodige" = réalisez une merveille qui sera une source d’étonnement pour vous aussi, et non pas uniquement pour les égyptiens, cela sera alors une véritable preuve que ce signe est d’origine Divine, et non pas l’effet de la sorcellerie.

[le Noam Elimélé'h]

"Moché dit : Mangez-le aujourd'hui, car c'est aujourd'hui Shabbat en l'honneur de Hachem ; aujourd'hui vous n'en trouverez pas aux champs." (Béchala'h 16, 25)

De ce verset, où il est mentionné 3 fois : "aujourd'hui" (ayom), nos Sages en déduisent l'obligation de consommer 3 repas le Shabbath : un le soir, et deux durant la journée du samedi.

Celui qui veille à prendre ces repas sera préservé de 3 grandes épreuves :

-> 1°/ Le soir, il faut se rappeler le mérite d'Its'hak, ce qui nous préservera des douleurs d'enfantement du Machia'h.
Par ailleurs, le fait de prendre ce 1er repas dans la joie, la paix et l'amour des enfants de sa maison, a pour conséquence que le 1er et le 2e jour de la semaine seront bénis.

-> 2°/ Au repas de samedi midi, il faut se souvenir du mérite d'Avraham, ce qui nous préservera du jour du Grand Jugement.
Si l'on agit de même pour ce 2e repas de Shabbath (que lors du 1er), alors les 3e et 4e jour de la semaine seront bénis.

-> 3°/ Au repas de Min'ha (de l'après-midi), il faut se souvenir du mérite de Yaakov, ce qui nous préservera de la guerre de Gog et de Magog. En effet, lorsque viendront les 70 nations et qu'ils nous feront la guerre, c'est par le mérite de Yaakov que nous serons sauvés.
Si l'on agit de même pour ce 3e repas de Shabbath (que lors du 1er), alors les 5e et 6e jour de la semaine seront bénis.

L'essentiel des repas de Shabbath est : d'avoir le cœur joyeux, d'apprécier ce que l'on a, et ne pas être préoccupé par les affaires de la semaine, ni sombrer dans la tristesse, et ce, même si l'on a des soucis, car Shabbat est un jour saint, il est interdit de penser à ce monde-ci.

Celui qui néglige ces 3 repas de Shabbath, sa punition sera grande.

[divré Torah selon le Midrach Méam Loez]

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" Le 6e jour, lorsqu'ils prépareront ce qu'ils auront apporté [de manne], il se trouvera le double de la récolte de chaque jour" (Béchala'h 16,5)

Selon nos Sages, de ce verset, nous apprenons qu'il faut 2 pains à chaque repas de Shabbath et des jours de fêtes.

En hébreu, le pain se dit : " lé'hem " (לחם), mot ayant une guématria de : 78.
Pour les 2 pains, on obtient 78*2 = 156, qui a la même valeur que : Yossef (יוסף).
Ainsi, ces pains effacent la faute de la vente de Yossef par les enfants d'Israël.

"Moché étendit sa main au-dessus de la mer et Hachem déplaça la mer par un vent d'est puissant toute la nuit et Il changea la mer en terre humide et les eaux se fendirent." (Béchala'h 14,21)

Au début, la mer n'a pas voulu s'ouvrir, argumentant que c'était un acte au-delà des lois de la nature.
Pourquoi l'a-t-elle finalement fait?

1°/ La mer a agi à l'image de Na'hson ben Aminadav.
Par le fait de rentrer profondément dans l'eau agitée, et ce jusqu'à ce qu'elle atteigne son nez, Na'hson est allé contre la nature humaine et son instinct naturel de préservation.
De même, la mer est allée contre sa naturalité, et s'est fendue.

-> D'une manière plus générale, le 'Hatam Sofer dit que la mer Rouge s'est ouverte par le mérite de la émouna de tout le peuple juif.
En effet, il est écrit (Mékhilta Béchala'h 3) : "[Hachem dit : ] En raison de la foi (émouna) qu'ils ont eu en Moi, ils sont méritants d'avoir la mer qui s'ouvre pour eux, puisqu'il n'ont pas dit : "Comment peut-on aller dans le désert sans aucune provision pour la route?"
A la place, ils ont eu foi et ils ont suivi Moché sans poser aucun question."

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2°/ Les Téhilim (114,3) disent : "la mer a vu, et elle a fui".
Le Yalkout Chimoni explique qu'elle a vu les ossements de Yossef, arrivant avec les juifs.
De même que Yossef est allée contre sa nature en refusant les insistances de la femme de Potiphar, de même la mer va aller contre sa naturalité et se fendre.

Pourquoi cela fonctionne-t-il ainsi?

Le Sfat Emet dit que la réponse repose sur la proximité entre les mots : "néss" (miracle) et "nissayon" (épreuve), qui partagent la même racine.
[le mot "ness" peut aussi dire : un étendard]

Une épreuve a pour conséquence de nous sortir de notre paisible zone de confort, de ce qui, avec le temps, est devenu facile et naturel pour nous.
En surmontant l'épreuve, on va accomplir de grandes choses, qu'on ne se savait pas capable de faire, brandissant un étendard de nos potentialités enfouies devenues réalité.

Hachem va répondre à cela en modifiant la naturalité, en nous faisant alors un miracle.

Pendant les 10 plaies, les juifs ont été passifs, mais pendant la traversée de la mer rouge, ils ont été actifs (avançant dans la mer déchaînée), ce qui a entraîné l'ouverture miraculeuse de la mer par Hachem. [én mazal léisraël]

La guémara (Béra'hot 20a) demande : En quoi les générations précédentes, qui bénéficiaient fréquemment de miracles, sont-elles différentes de la nôtre?
Et de répondre : Les générations passées se sacrifiaient d'une façon que nous ne faisons plus.

=> Lorsque nous faisons preuve de messirout néfech, que nous sommes prêts à tout sacrifier pour agir selon la volonté de D., alors nous nous donnons les moyens d'être en situation où absolument tout devient possible (b"h).

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-> Na'hchon ben Aminadav se jeta dans les flots et accepta de faire don de sa vie au point que les eaux lui arrivèrent au visage.
Le Réchit 'Hokhma écrit à ce sujet que : "nous apprenons de cela que celui qui désire qu'Hachem accomplisse pour lui un miracle au-delà de l'ordre naturel doit faire don de soi et de ses désirs ainsi que ses tendances personnelles. Hachem se conduira alors en retour Lui aussi au-delà de l'ordre naturel".

-> Le Bné Yissa'har enseigne à ce sujet : "Celui qui désire une délivrance au-delà des limites naturelles, comme par exemple avoir des enfants alors qu'il est stérile, devra accomplir une grande mitsva qui va à l'encontre de sa tendance naturelle. Grâce à cela, il brisera tous les murs qui le séparent de la délivrance nécessaire."

Lorsque les Bné Israël arrivèrent sur les rives de la mer, celle-ci vit le cercueil de Yossef et prit la fuite.
En effet, elle vit comment Yossef surmonta vaillamment l'épreuve (de la femme de Potiphar) avec une sainteté extrême, et comment il "déchira" ses instincts naturels au-delà de toute limite. Dès lors, la mer se déchira également au-delà du naturel.
En effet, les lois naturelles se soumettent devant celui qui dépasse sa propre nature.

-> Le rav Elimélé'h Biderman rapporte les paroles d'un rav : lorsqu'un juif surmonte une épreuve difficile et qu'il se sanctifie en brisant ses tendances naturelles pour accomplir la Volonté Divine, au même instant les portes du Ciel s'ouvrent et il peut alors demander ce qu'il désire.

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-> La mer des joncs ne voulait pas s'ouvrir devant les Hébreux, jusqu'à ce qu'elle vit le cercueil de Yossef.
Comment comprendre ce midrach affirmant que la mer Rouge ne s'est pas ouverte pour les juifs, mais lorsqu'elle vit le cercueil de Yossef? Quel rapport y a-t-il entre l'ouverture de la mer et le cercueil de Yossef?

-> On a pu voir que : Yossef se trouvait en Egypte, pays de la débauche. Il était jeune et n'avait que 17 ans, âge où la pulsion est très forte. En plus, il n'était pas marié. D'autre part, la femme de Potifar a usé de tous les moyens possible pour éveiller son désir.
Et malgré tout, il a surmonté l'épreuve et s'est enfui. Par cet acte, il à l'encontre de sa nature. Par son mérite, la mer alla aussi à l'encontre de sa nature et elle s'ouvrit.

-> Le Ktav Sofer rapporte la question de savoir pourquoi les juifs n'ont pas fait la guerre aux égyptiens qui étaient derrière eux et les poursuivaient.
Pourquoi restèrent-ils bloqués devant la mer?

Il est écrit dans la paracha Ki Tetsé : "Tu ne repousseras pas l'égyptien, car tu as été étranger dans son pays" = en effet, au moment où les juifs en avaient besoin, l'Egypte a ouvert ses portes pour eux et les a accueillis. Par mesure de reconnaissance, on ne les repoussera pas.
C'est pour cela que les juifs ne pouvaient pas faire la guerre aux égyptiens par mesure de reconnaissance, et ce même s'ils étaient en véritable danger : derrière eux les égyptiens (nombreux et armés) et devant eux la mer.
=> En effet, les juifs ont appris de Yossef que le devoir de reconnaissance s'applique même en cas de danger. Comment cela?

Quand la femme de Potifar lui arracha le vêtement, Yossef s'enfuit. Le Ramban demande pourquoi il n'est pas revenu lui reprendre la partie de son vêtement de force. Il répond que comme elle était la femme de son maître qui lui comblait ses besoins, par mesure de reconnaissance, il ne pouvait pas revenir lui arracher son vêtement.
Dans cette situation également, tant qu'elle avait le tissu, elle pouvait accuser Yossef (comme elle le fit juste après), ce qui mit Yossef en danger. Et malgré tout, Yossef prit ce risque puisque par reconnaissance, il lui laissa le vêtement.

=> Quand la mer vit le cercueil de Yossef qui démontra que le devoir de reconnaissance s'applique même quand on est en danger, elle s'ouvrit pour sauver les juifs qui ne combattirent pas les égyptiens par mesure de gratitude, même si eux-aussi étaient en danger.
Puisque ce comportement était justifié, la mer dût donc s'ouvrir pour les sauver.

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-> Le Hadrach véha'Iyoun quant à lui rapporte le Midrach qui dit que la mer a été créée par Hachem le 3e jour de la Création, alors que l'homme a été créé le 6e jour.
La mer étant plus âgé que l'homme, elle ne voulait pas s'ouvrir et s'effacer devant l'homme qui est plus jeune.
Cependant, Yossef a démontré que cet argument n'est pas toujours valable. En effet, Yossef était plus jeune que ses frères et malgré tout c'était lui le roi et ses frères se sont tous prosternés devant lui.

=> Le cercueil de Yossef était la preuve que même le plus âgé peut parfois se soumettre au plus jeune. Cela neutralisa l'argument de la mer, qui s'ouvrit même si elle est plus âgée que l'homme.

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-> Le Béér Yossef explique que la mer ne voulait pas s'ouvrir pensant que le moment n'était pas arrivé, puisque l'esclavage devait durer 400 ans, et cela ne faisait que 210 ans que les juifs étaient en Egypte.
Certes les égyptiens les laissèrent partir, mais les juifs leur avaient dit qu'ils partaient servir Hachem uniquement pour 3 jours.
Les égyptiens les laissèrent donc partir à cette condition. Ils ne renoncèrent donc pas au temps d'esclavage qui leur restait, et au bout des 3 jours, les juifs devaient donc retourner en Egypte pour être définitivement libérés au bout des 400 ans.
Ainsi, la mer ne pouvait donc pas s'ouvrir pour les sauver définitivement.

Malgré tout, quand la mer vit le cercueil de Yossef, elle s'ouvrit. Car le cercueil de Yossef prouvait qu'en réalité les égyptiens savaient bien que les juifs sont partis pour toujours, et pas que pour 3 jours. Et malgré tout, même s'ils savaient cela, ils les laissèrent quand même partir.

De la sorte, même les égyptiens acceptèrent la fin définitive de l'esclavage des juifs et c'est cela qui amena la mer à s'ouvrir. En effet, le midrach dit que le cercueil de Yossef était en métal, et il était extrêmement lourd et imposant.
Les égyptiens l'avaient enfoui dans le Nil pour que le fleuve soit béni. Et avant de partir, Moché alla faire remonter le cercueil de Yossef et les juifs l'emportèrent avec eux à leur sortie, à la vue des égyptiens et de Pharaon qui les accompagnèrent hors de l'Egypte.
Or, il est évident que si la sortie n'était que pour 3 jours, avec l'intention de revenir ensuite, ils n'auraient jamais pris ce cercueil, avec tout le dérangement que cela entraînait.
=> Les égyptiens ont donc bien compris que s'ils prenaient ce cercueil c'était pour sortir définitivement. Quand la mer vit le cercueil de Yossef, qui prouvait que les égyptiens les ont libérés en toute conscience, que les juifs partaient pour toujours, alors elle s'ouvrit.

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-> La mer s'enfuit devant le cercueil de Yossef mesure pour mesure, car Yossef s'était enfui face à la femme de son maître. Sache que l'homme qui se sanctifie est plus grand que la mer, la terre et toutes les créatures qu'elle renferme, ainsi que les anges, car tous ceux-là ne sont pas soumis à l'épreuve pour servir Hachem.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

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3°/ Un midrach Pliya (sur le même Téhilim 114,3) rapporte que ce qu'a vu la mer était : "la béraïta de Rabbi Ichmaël".

Quelle est-elle, sachant qu'il y a de très nombreuses béraïta en son nom?.

Le Pardès Yossef dit que cette béraïta se trouve dans la guémara Kétoubot (5b).
Rabbi Ichmaël y demande : "Pourquoi Hachem a-t-il fait la totalité de l'oreille dure, mais le lobe mou?"

La réponse donnée est que si une personne entend quelque chose de non convenable, elle a la possibilité de mettre le lobe dans l'oreille afin de ne plus rien entendre.

La mer a entendu les anges dirent : "Ceux-là (les juifs) sont des idolâtres, et ceux-là (les égyptiens) sont des idolâtres" (cf. midrach Chémot rabba 21,7 ; et Yalkout Chimoni Dévarim 928 - alalou ovdé avoda zara, alalou ovdé avoda zara).

Les anges se plaignaient que les égyptiens ne méritaient pas d'être noyés, car eux, tout comme les juifs, pratiquaient l'idolâtrie.
Ils insinuaient qu'il n'y avait pas de différence entre les 2.

Cependant, la mer a vu la béraïta de Rabbi Ichmaël, s'est souvenue de la leçon de l'oreille, et elle n'a alors pas écouté le lachon ara, ce qui a permis qu'elle s'ouvre pour les juifs.

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-> La mer vit la Baraïta (l’enseignement) de Rabbi Ichmaël (Midrache Péliah 1,52).
Dans la guémara (Sanhédrin 73a), nous trouvons une Baraïta de Rabbi Ichmaël disant qu’il faut sauver un homme qui fuit devant son ennemi, quitte à tuer le poursuivant.
En raison de cette halakha, la mer devait tout faire pour sauver les Bné Israël pourchassés par les égyptiens même si les poursuivants devaient perdre la vie.
[Avné Azel]

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4°/ Selon le Or ha'Haïm, la mer a refusé de s'ouvrir car la Torah n'avait pas encore été donnée.

Hachem lui a alors indiqué que l'empressement d'Israël à recevoir la Torah, l'élevait déjà à un niveau impliquant son ouverture, et ce à l'image de nos Sages tel que Rabbi Pin'has ben Yaïr (dont les eaux du fleuve se sont fendues pour le laisser passer - guémara 'Houlin 7a).

[les miracles futurs de ce type ne sont pas "étonnant", car alors la Torah a été donnée, et par son mérite tout devient envisageable!]

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-> "Les eaux s'ouvrirent" (14, 21) :

La guémara ('Houlin 7a) raconte que Rabbi Pin'has Ben Yaïr a ordonné à un fleuve de s'ouvrir pour le laisser passer accomplir la Mitsva de libérer des captifs, et effectivement ce fleuve s'ouvrit.
On peut s'interroger. Ce rav a accompli par son seul mérite un miracle similaire à celui de l'ouverture de la mer (qui se produisit par le mérite de tout Israël). Et pourtant, son miracle passe quasiment sous silence, contrairement à l'ouverture de la mer, dont tout le monde a entendu parler. Pourquoi une telle différence ?

C'est que par le mérite et la force de la Torah, il est possible d'accomplir tous les miracles.
Ainsi, l'ouverture de la mer qui s'est réalisée avant le don de la Torah, constitue un miracle extraordinaire. En effet, les Hébreux ne bénéficiaient pas encore de la grande force de la Torah.
En revanche, Rabbi Pin'has Ben Yaïr, qui disposait quant à lui du mérite de la Thora, a pu réaliser un miracle analogue, sans autant de "difficulté". Pour lui, ce n'était déjà plus une chose aussi extraordinaire.
[Ohr Ha'Haïm]

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-> La mer vit que Yossef avait gardé les 10 Commandements (midrach Tan'houma Nasso).

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 "Lève ton bâton et étends ta main au-dessus de la mer et fends-la" (Béchala'h 14,16)

-> Le Rabbi Chanoch Henoch haCohen Levine (l'Alexander Rabbi) enseigne :
"Une des grandes leçons de l'ouverture de la mer Rouge est à quel point Hachem déteste l'orgueil (gaava).
Le midrach rapporte que la mer n'a pas voulu se conformer à la demande de Moché de s'ouvrir pour les juifs.
En effet, la mer a dit à Moché : "Je ne vais pas m'ouvrir/fendre pour vous car je suis plus importante que vous, puisqu'ayant été créée le 3e jour de la Création tandis que vous ne l'avez été uniquement le 6e jour."
Lorsque Hachem a entendu la mer exprimer son attitude hautaine, Il a immédiatement demandé à Moché de : "Lève ton bâton et étends ta main au-dessus de la mer et fends-la".
Frappe le prétentieux et brise-le!"

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-> Le midrach (Yalkout Béchala'h) sur "l'eau était pour eux des murs" (véamayim lahem 'homa - Béchala'h 14,29) :
Au moment où les Bné Israël s'introduisirent dans la mer, l'ange Gavriel descendit avec eux, les entoura et les protégea comme un mur.
Il proclama aux eaux de la mer qui se trouvaient du côté droit : "Soyez attentives à Israël, ils recevront prochainement la Torah de la Main droite d'Hachem".
Aux eaux de la mer qui se trouvaient du côté gauche d'Israël, il proclama : "Veillez sur eux car prochainement, ils mettront les téfilines sur le bras gauche".
Aux eaux de la mer qui se tenaient face au peuple, il dit : "Faites attention à eux car ils accompliront à l'avenir la signature de D. sur la chair qui se trouve face à eux par la brit mila".
Aux eaux de la mer qui se tenaient derrière eux, il proclama : "Veillez sur eux, car prochainement le nœud de leurs téfilines et le coin de leurs tsitsit seront visibles dans leur dos".

-> Le Rambam (Guide des égarés) écrit : "on enlève le prépuce, dans la mitsva de la brit mila, dans le but d'affaiblir la force de l'envie distinctif telle la signature du Roi".

-> Le Ramban est en désaccord avec le Rambam et écrit : "la brit mila permet à l'homme d'avoir une alliance, et un signe distinctif telle la signature du Roi. (Tikouné Zohar 22)

A partir de ces 2 avis, les Sages ont fixé que : "Ces paroles-ci, et ces paroles-là sont les paroles du D. vivant". Ainsi, en réalité, la mitsva de la brit mila a deux buts essentiels :
- affaiblir la force corporelle qui provient du mauvais penchant, tel qu'il est écrit :"Écarte-toi du mal" (sour méra - Téhilim 34,15) ;
- ajouter de la sainteté au corps du juif, comme il est écrit dans la suite de ce Téhilim : "Fais le bien" (vaassé tov - Téhilim 34,15).

-> Le rav Pin'has Fridman enseigne :
Cependant, chez un nouveau-né de huit jours, le mauvais penchant n'exerce pas encore son emprise de façon concrète ; quant à l'acquisition de la sainteté, le nouveau-né n'a pas encore atteint l'âge de la raison, et ne comprend pas cela.
En effet, l'essentiel de la mitsva de la brit mila (circoncision) aura ses répercussions dans l'avenir. Quand le nouveau-né grandira et arrivera à l'âge de raison, alors il pourra affaiblir la force du mauvais penchant, et ajouter à son corps de la sainteté.
Ainsi lorsqu'un membre du peuple d'Israël accomplit le commandement de la brit mila, il se prépare et se projette vers l'avenir, pour faire le bien. De même, Hachem nous récompense, mesure pour mesure, et regarde uniquement l'avenir, lorsque c'est pour le bien, afin d'envoyer Sa délivrance.

D'après cela, nous pouvons comprendre l'eseignement : "Alors chantèrent Moché" (az yachir Moché - Béchala'h 15,1), le mot אז (az - alors) a une valeur numérique de 8.
Moché dit : "par le mérite de la brit mila qui nous a été donnée au 8e jour, la mer s'est fendue" (Mékhilta ; midrach Yalkout).

À leur sortie d'Égypte, la mer s'est fendue, et ce uniquement par le mérite futur qu'ils accepteraient la Torah au Mont Sinaï. S'il en est ainsi, quel mérite possédait Israël pour que Hachem regarde uniquement le bien dans l'avenir?
Le mérite de la brit mila. De la même façon que le peuple d'Israël s'inquiète d'accomplir cette mitsva pour affaiblir le futur mauvais penchant de l'enfant et lui donner les outils nécessaires pour accomplir le bien à l'avenir, ainsi mesure pour mesure, Hachem regarde leur avenir pour le bien et fend la Mer Rouge.

=> Comment l'homme peut-il mériter que l'Éternel regarde uniquement le bien qu'il réalisera à l'avenir? C'est uniquement par le mérite de la mitsva de la brit mila, celle-ci représentant une préparation et un regard tourné vers notre avenir pour réaliser le bien. C'est ainsi que Hachem agit, mesure pour mesure, et regarde vers l'avenir uniquement le bien, pour nous juger par Sa bonté.

[ "Az yachir Moché ouvné Israël" (litt. : "alors chantera Moché et les enfants d'Israël" - Béchala'h 15,1)
Pourquoi l'utilisation du futur (chantera)?
-> Rachi : c'est une allusion au principe de la résurrection des morts qui chanteront alors la louange de D.
-> selon le Or'Haïm, cela signifie que les juifs à tout temps seront capables d'être inspirés, de s'élever au moment même où ils réciteront ce cantique (chira), composé autrefois par leurs ancêtres au bord de la mer.
-> selon le Keren léDavid, c'est une démonstration qu'ils ont compris avec les miracles de la sortie d'Egypte, que Hachem n'est que bonté ('hessed) et vérité (émet). C'est ainsi, qu'ils ont accepté que dans le futur (yachir), ils réaliseront toujours que tout ce que Hachem fait pour le peuple d'Israël est une bonne chose.
-> on peut également ajouter le sens que l'on a vu juste précédemment. ]

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-> Rabbénou Bé'hayé explique également que la mer Rouge ne se fendit pas d'un seul coup dans toute sa longueur, mais seulement au rythme de la progression des Bné Israël.
Le roi David évoque cette idée : "La mer vit et s'enfuit" (Téhilim 114,3). Plus le peuple juif avançait, plus la mer se fendait sous leurs pas. En effet, plutôt que de fendre la mer d'un seul coup, Hachem la faisait reculer petit à petit devant chaque pas des Bné Israël.

-> Le rav Beniahou enseigne :
L'ange Gavriel descendit avec eux et les entoura comme une muraille. Puisque la mer ne s'ouvrit pas dans toute sa longueur, les eaux entouraient le peuple d'Israël de toutes parts.
A chaque instant, régnait le danger de voir la mer se refermer sur eux. Ainsi, durant toute la traversée à l'intérieur de la mer, l'ange Gavriel demande sans cesse aux eaux de la mer de se montrer bienveillantes envers les Bné Israël afin de les rassurer.

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+ Ce qui provoqua l'ouverture de la mer Rouge :

-> "Quand Israël sortit d'Égypte, la maison de Yaakov du milieu d’un peuple à la langue barbare. Yéhouda devint son sanctuaire, Israël, le domaine de son empire. La mer vit et s’enfuit" (Téhilim 114,1-3)

=> Qu'est-ce que "la mer vit et s’enfuit"?

On a pu voir entre autre que :
- selon le midrach, il s'agit du cercueil de Yossef que le peuple juif avait sorti d'Egypte en quittant le pays.
Par le mérite de Yossef qui décida de fuir devant la femme de Potiphar, la mer "s'enfuit" et se divisa pour laisser passer le peuple à pieds secs.
- selon Rachi, qui rapporte la guémara (Sota 37), affirmant que l'ouverture de la mer est accréditée à Yéhouda dont le descendant : Na'hchon ben Aminadav, fut le premier à entrer dans l'eau, prêt à sacrifier sa vie pour sanctifier le nom divin.
"Yéhouda devint son sanctuaire" = c’est Yéhouda qui sanctifia le Nom divin, quand Na'hchon entra dans la mer en disant : "J'y entrerai en premier".

=> On dirait donc que le même verset fait allusion à 2 raisons tout à fait différentes quant à l'ouverture de la mer. Pourquoi ces 2 actes furent-ils nécessaires pour provoquer l’ouverture de la mer?

-> Pour ce faire, il faut analyser les rôles uniques de Yossef et de Yéhouda.
Le roi David parle de 2 sortes de service (avodat) Hachem : "sour méra va'assé tov" (Eloigne-toi du mal et fais le bien - Téhilim 34,15).
Sur le plan individuel, s’éloigner du mal signifie éviter de mal agir et parvenir à surmonter ses défauts. A un niveau plus général, cela revient à combattre le mal dans le monde.
Quand on parle de "faire le bien", cela signifie accomplir des bonnes actions et développer ses qualités, tandis qu’a un niveau plus collectif, cela signifie accroître et améliorer la avodat Hachem dans le monde.

Le Chem Michmouël (Vayigach 5675) explique que Yossef concentrait sa avoda (service Divin) sur le côté "Sour méra".
Il se garda de commettre de l’adultère, refusant même de regarder les femmes égyptiennes qui venaient le voir et par la suite, il surmonta l’épreuve soumise par la femme de Potiphar.
Il fit son possible pour retirer le mal des autres également, en obligeant les égyptiens à se circoncire et en limitant ainsi leur yétser ara pour la débauche.
Quant à Yéhouda, il représente le côté "assé tov". Il était un homme d’action, assuma sa responsabilité dans l’acte qu’il commit avec Tamar, et il fut envoyé en Egypte pour préparer des maisons d’étude et paver la voie au peuple juif.

Dans le même ordre d’idées, nous savons qu’il y aura 2 machia'h qui délivreront le peuple juif, l’un descendant de Yossef et l’autre issu de la tribu de Yéhouda. On les appelle machia'h ben Yossef et machia’h ben David (David étant lui-même un descendant de Yéhouda).
Le Chem Michmouël (Vayigach 5677) écrit que le premier s’occupera de l’aspect «"sour méra" (éloigne-toi du mal) en détruisant les ennemis de la nation juive. C’est ainsi qu’il pavera la voie au machia’h ben David qui devra compléter le travail par le "assé tov" (accomplis le bien) : le rassemblement des exilés et la reconstruction du Temple.

Il fallait donc ces 2 façons de "briser sa nature" pour que le peuple ait suffisamment de mérites afin que la mer aussi agisse contre-nature : il fallait briser sa nature au niveau "sour méra" et briser sa nature au niveau "assé tov".
Yossef le fit (en utilisant l’aspect "sour méra") quand il surmonta son désir naturel et qui prit la fuite devant la femme de Potiphar. Et Yéhouda brisa sa nature par le "assé tov" quand il surmonta son désir naturel de rester en sécurité sur la terre ferme plutôt que d’entrer dans une mer déchainée, jusqu’à ce que l’eau atteigne son nez.

Une fois associés, ces 2 actes montrant des forces "surnaturelles" apportèrent assez de mérites pour que la mer agisse de manière surnaturelle et qu’elle s’ouvre.
[On peut ajouter que la mer eut elle-même une attitude qui rappelle le "sour méra" et le "assé tov" : elle permit au peuple juif de la traverser (assé tov) et empêcha les égyptiens d’en faire de même, ce qui anéantit le mal qu’ils représentaient (sour méra).

Puissions-nous tous mériter, chacun à son niveau, d’émuler Yossef et Yéhouda au niveau "sour méra" tant qu’au niveau "assé tov".
[d'après un divré Torah du rav Yéhonatan Gefen]

"Une chose est demandée de l’Homme : que son attachement à Shabbat soit si fort que même si, juste avant l’entrée de Shabbat, il a l’esprit plongé dans des affaires très importantes, lorsque Shabbat commencera, il ne devra plus avoir aucune envie de penser à son travail.

En comparaison avec la forte sainteté de Shabbat, toutes les choses de ce monde devront être sans aucune importance à ses yeux, car tous les efforts de l’Homme [pendant la semaine] sont juste une préparation vers un but et Shabbat est ce but spirituel de la Création. "

[Rav Eliyahou Dessler - Mikhtav méEliyahou]