Aux délices de la Torah

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Introduction aux Pirké Avot

+ Introduction aux Pirké Avot (cours 5776) :

b"h, on avait déjà pu faire une introduction à ce sujet : https://todahm.com/2014/01/03/introduction-aux-pirke-avot

-> "Une personne peut apprendre autant, si ce n'est plus, de la vie privée de nos Sages, que de leur enseignement dans la salle d'étude"
[guémara Béra'hot 7a]

-> "Les conversations ordinaires des érudits en Torah sont dignes d'étude"
[guémara Avoda Zara 19b]

-> Les Priké Avot ont été compilés par rabbi Yéhouda haNassi, qui a été également le rédacteur de la michna (loi Orale).
En effet, le Talmud aurait été incomplet, s'il ne contenait que des discussions à propos du rituel et de la halakha.
La Torah modèle, forme totalement une personne, et non seulement son cerveau.
Elle définit des valeurs, et pas uniquement des normes d'exécution.

-> Une guémara (Baba Kama 30a) enseigne :
"Toute personne qui veut être pieuse ('hassid), laisse-la accomplir les mots [et les lois] de Nézikin.
Rava dit [laisse-la réaliser] les mots [et les enseignements] des Avot.
D'autres disent, [laisse-la réaliser] les mots [et les lois] des Béra'hot [les bénédictions que l'on récite avant de tirer profit d'une nourriture, boisson, ...]. "

Les Pirké Avot sont la conclusion du Séder de Nézikin (les dommages), qui traite des lois pénale et civile juive.
Tant qu'une personne ne cherche pas à affiner son caractère, et à améliorer sa conduite avec autrui, elle est un danger pour la société et pour elle-même.

Les dommages de "personnes" (suite à la transgression des principes des Pirké Avot) ont souvent des conséquences plus graves que les dommages matériels (Nézikin).

=> Les Pirké Avot sont indispensables pour vivre entièrement selon notre Torah de vie ...

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-> Le Bnei Yissa'har dit que le terme "Avot" fait référence à nos Patriarches (Avraham, Yits'hak et Yaakov).
Il fait remarquer que du début de la Torah au 1er commandement donné à la nation juive (Chémot 12,2 -> celui de Roch 'Hodech), il y a le récit de ce qui a pu arriver à nos Patriarches et Matriarches, et qui a façonné toute l'histoire du peuple juif au travers des "gènes spirituels".

[Il y a eu 26 générations, entre Adam et le don de la Torah au mont Sinaï].
-> Le Eitz Avot et le Bina léItim disent que le mot "Avot" renvoie aux parents, qui se doivent de le maîtriser et de l'internaliser, afin d'inculquer à leurs enfants les valeurs morales de vie.

-> Le midrach Shmouel voit dans le mot "Avot", une connotation de : majeur, principal.
Les travaux de Shabbath ont 39 catégories principales, d'où découle beaucoup de sous-parties.
De même, les principes majeurs du comportement humain sont à trouver dans les Pirké Avot, et tout le reste en découle.

-> "Le déré'h éréts vient avant [l'étude de] la Torah" (Vayikra Rabba 19 - déré'h éréts kadma léTorah).

Le Tiféret Ysraël fait remarquer que comme le succès dans l'étude de la Torah dépend directement de l'évolution positive de notre caractère, les Pirké Avot sont les "pères" de la grandeur en Torah d'une personne.

La guémara (Yoma 86a) dit : "Malheur à celui qui se consacre à la Torah, mais qui ne se conduit pas honnêtement dans son commerce, et qui n'agit pas cordialement avec les autres".

[Le fait d'étudier la Torah va faire se développer une personne.
Si elle a des tuteurs ( = les principes des Avot), alors elle va pouvoir se développer pour s'épanouir et exprimer toute sa splendeur.]

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-> Nous avons l'habitude de lire les Pirké Avot (un chapitre par semaine) pendant la période entre Pessa'h et Shavouot.
Le rabbi Moché Zwecker fait remarquer qu'en général nous commençons cette lecture aux semaines des parachiot de Nasso, Pin'has et Shoftim, dont l'acrostiche est : "néfech" (l'âme).
C'est une allusion au fait que ces chapitres de Pirké Avot sont une cure saine et un remède pour l'âme.

"Grosse ou menue bête, vous n'égorgerez point l'animal avec son petit le même jour" (Emor 22,28)

-> Le Rambam (Guide des égarés - livre III, 48) écrit à ce propos:
"Il a été défendu d'égorger le même jour la mère et son petit, afin d'éviter d'égorger le petit sous les yeux de sa mère.
Car l'animal éprouverait alors une trop grande douleur.

En effet, il n'y a pas sous ce rapport, de différence entre la douleur qu'éprouverait l'homme et celle des animaux ; car, l'amour et la tendresse d'une mère pour son enfant ne dépendent pas de la raison, mais de l'action de la faculté imaginative, que la plupart des animaux possèdent aussi bien que l'homme."

-> La guémara (Baba Métsia 80) nous enseigne :
Des épreuves survinrent à Rabbi (rabbi Yéhouda haNassi) à la suite d'un certain fait : un jour, on amena un veau pour être égorgé, le veau prit la fuite et se mit à pleurer, comme quelqu'un qui dirait : "Sauve-moi!"
Rabbi lui dit : "Va, c'est pour cela que tu as été créé (dans les cieux)!"
On décréta : "Puisqu'il ne prend pas en pitié, il endurera des malheurs".

Ses épreuves disparurent à la suite d'un certain fait : un jour, la servante de Rabbi nettoyait la maison.
Il y avait des souriceaux, elle les balaya et les jeta hors de la maison.
Rabbi lui dit : "il est écrit ... Et sa miséricorde est sur toutes ses actions" (Téhilim 145,9).
Dans les cieux, on décréta : "Puisqu'il est miséricordieux, nous le prendrons en pitié", et il guérit".

"Quel miracle que D. nous ait ordonné d'être humble!
Imaginez que l'homme ait l'obligation d'être orgueilleux.
Je me serais cassé la tête sans trouver de quoi m'enorgueillir.

Devoir être humble, c'est plus facile, car tu vois que tu as beaucoup de défauts.
Mais être orgueilleux?"

[Rav Aharon Leib Steiman]

"Un pays où coule le lait et le miel" (Kédochim 20,24)

Il y a énormément de choses sublimes en Israël.
Pourquoi insister sur le lait et le miel?

-> Le lait :
Il y a une Halakha (Choul'han Arou'h, Yoré Déa 79,2) nous disant qu'un élément venant d'une origine impure, est également impur.
Une exception à cette règle est : le lait.
Le lait est produit à partir du sang d'un animal, qui est considéré comme impur, mais néanmoins, le lait nous est permis (cf.guémara Béra'hot 6b).

La Torah nous enseigne que la terre d'Israël possède une qualité unique : tout juif qui y vient, même si à un certain moment de sa vie, il manquait de pureté, va se rendre compte que l'air de la terre d'Israël l'aidera à devenir pur.

=> A l'image du lait, la terre d'Israël a la particularité d'être la seule terre qui va aider à rendre pur, ce qui avait une origine impure.

-> Le miel :
En hébreu, le miel se dit : dvach (דבש), mot qui a une valeur numérique de : 306, qui est la même que : "av ara'haman" (אב הרחמן - Père miséricordieux).

=> L'unicité de la terre d'Israël réside dans le fait qu'elle est bénie par la miséricorde de D., comme il est écrit dans la Torah : "Un pays sur lequel veille Hachem, ton D., et qui est constamment sous l’œil du Seigneur, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin." (Dévarim 11,12).

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+ Bonus :

Il est à noter que :
-> le lait ne fait pas référence au lait de vache, mais au lait de chèvre ;
-> le miel ne fait pas référence au miel des abeilles, mais au miel de dattes et des figues.

[Rachi sur Chémot 13,5]

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+ "Une terre où coule le lait et le miel" (20,9)

-> Nos Sages ont établi comme principe que : "ce qui sort de ce qui est pur, est pur. Et ce qui sort de l’impur est impur."
Mais cette règle connaît 2 exceptions : le lait et le miel.

Le lait est formé à partir du sang. Or le sang est interdit à la consommation, mais le lait est permis.
De même, le miel est formé par l’abeille. Or l’abeille est interdit mais le miel est permis.
La terre d’Israël a été bénie de porter les propriétés du lait et du miel. En effet, la terre sainte a la force de prendre quelqu’un qui est "impur" et de le transformer en quelqu’un de pur.
[Rabbi Meïr Chapiro de Lublin]

Lors des tempêtes sur l’océan de notre vie … (l’attitude de Yona)

+ Lors des tempêtes sur l'océan de notre vie ... (l'attitude de Yona)

Le capitaine du bateau a demandé au prophète Yona : "Pourquoi dors-tu?" (Yona 1,6).
Comment es-tu capable de dormir tranquillement alors que le bateau est ballotté par les vagues et que tout l'équipage appréhende la mort?

Le Rav Chalom Schwadron enseigne que Yona lui a répondu :
"Je crains Hachem, D. du ciel, Lui a fait la mer et la terre ferme" (Yona 1,9)
= Ceux qui ne sont pas croyants se sentent rassurés sur la terre ferme parce qu'ils sentent le sol sous leurs pieds.
Mais moi qui crois en D., je suis toujours dans Ses mains.

Que je sois dans la soute d'un bateau lorsque la tempête fait rage ou que je marche tranquillement sur la terre ferme, je me sens calme et serein."

"Lorsque tu aimes une personne, ne l'aimes pas selon tes préférences et tes désirs, mais selon ses préférences et ses désirs."

[le Rambam]

"Le yétser ara lui-même est content lorsque les personnes ne tombent pas dans ses pièges"

[Rabbi Mendel Menahem de Kotsk]

"Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis Hachem" (Kédochim 19,18)

-> Le Rambam (Hilkot Déot 6,3) de commenter cette mitsva :
"Nous devons faire des louanges d'autrui, et nous devons être concerné par leur argent autant que nous faisons attention à notre propre argent et à notre propre dignité.
Quiconque tire de l'honneur de l'humiliation d'une autre personne, perd sa part dans le monde à venir."

-> Le Yessod véShoresh haAvoda (1;7,8) nous enseigne des notions très intéressantes à ce sujet.
"Le commandement d'aimer son prochain peut être réalisé à tout moment, à chaque seconde d'une journée.
Toute faveur ou bonté que vous faites à quelqu'un, est un accomplissement de cette mitsva.
Mais ce commandement peut aussi être fait par le biais de la pensée.

Lorsque vous êtes content de la bonne destinée d'une autre personne, cela constitue un acte d'aimer son prochain.
Par exemple, si on entend qu'une personne vient de donner naissance à un enfant et que l'on en est joyeux, nous accomplissons ce commandement.
La même chose est valable pour le malheur d'autrui.
Si l'on se sent triste à cause du fait qu'il souffre, nous réalisons ce commandement.

De telles pensées sont possibles à tout moment, même dans un lieu où il est interdit d'avoir des pensées de Torah.
En réalisant correctement ce commandement, une personne peut amasser facilement des milliers de milliers de mitsvot.
[...]

La difficulté de réaliser ce commandement réside dans le fait que la plupart des gens sont naturellement prédisposées à être jaloux.
Lorsqu'ils entendent des bonnes nouvelles d'autrui (ex : il devient riche, il est honoré,...), leur jalousie se réveille et les empêche d'être sincèrement content.
Ainsi, il est très important pour une personne de travailler à rectifier son trait de jalousie.

Un autre facteur important qui va permettre d'aimer son prochain est le fait de le juger favorablement.
Car si même pas une fois nous jugeons autrui favorablement, nous ne pourrons plus être en capacité de ressentir un amour total, complet pour lui."
[traduction en utilisant le nous en place du tu]

-> Un soir d'été, alors que Rabbi Avraham Grodzinsy était un jeune homme, sa famille a remarqué qu'il était particulièrement joyeux.
Il a expliqué son attitude en disant : "Ce soir à Slobodka, un étudiant de la yéchiva est en train de se marier. Bien que notre hôtel est beaucoup trop loin pour que je puisse y assister, j'ai quand même la possibilité de ressentir de la joie pour le bonheur de mon ami."

-> Rabbi ‘Haïm Shmoulevitz, roch yéchiva de Mir, a dit :
"Lorsque je vois un tas de petites chaussures dans la vitrine d’un magasin, je suis ému aux larmes de joie, en m’imaginant les sentiments de bonheur intense qu’une mère aura en achetant sa 1ere paire de chaussures pour son enfant adoré."

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-> "Tu aimeras ton prochain comme toi-même = Tu sais que tu as à ton actif de nombreuses fautes, néanmoins, tu t'aimes toujours.
C'est cela que vous devez ressentir vis-à-vis de votre ami.
Malgré ses fautes, aime-le!"
[le Baal Chem Tov]

-> "Le verset prescrit d'aimer l'autre, comme tu aimes ta propre personne (kamo'ha).
Tout comme tu aimes ta personne de façon instinctive, sans chercher de raison à cela, ainsi dois-tu aimer les autres, sans raison également".
[le Alter de Slobodka]

-> Rabbi Avraham Heschel de Kopitchinitz avait coutume de dire que le commandement d'aimer son prochain n'exige pas seulement d'aimer les personnes saintes et droites (il est impossible de ne pas aimer de telles personnes), mais D. ordonne d'aimer même ceux qu'il est difficile d'aimer.
[on est tous des fils de D., fait à Son image!]

-> Le 'Hatam Sofer dit que le commandement d'aimer son prochain est un concept que toute personne peut logiquement adopter, mais nous en tant que juif, nous devons aimer notre prochain, à tout moment, parce que la Torah nous l'ordonne.

Un amour uniquement basé sur les sentiments est changeant en fonction des moments, selon nos humeurs ...

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-> "Je ne suis pas un tsadik. La preuve en est que j'aime mon fils plus que j'aime les autres juifs"
[Rabbi David de Lelov]

-> Il est par exemple possible d'accomplir cette mitsva d'aimer son prochain en se dépêchant de dire à quelqu'un de bonnes nouvelles.
Le 'Hazon Ich a dit un jour : "Malheureusement, les gens ont l'habitude de m'amener uniquement leurs problèmes.
Très peu, viennent pour me dire leurs bonnes nouvelles, qu'ils ont un mazal tov à m'annoncer, qu'eux-même ou un proche a retrouvé la santé."

-> "Le seul mérite que je pourrais avancer devant la court du Ciel, c'est qu'à chaque fois que je marchais dans la rue et que je voyais une personne venir dans ma direction, je me disais directement : "Une bénédiction sur sa tête". "
[Rabbi Baruch Ber Leibowitz]

-> Lorsque Rabbi Koledetzky a été invité chez le 'Hafets 'Haïm, le 'Hafets 'Haïm lui a fait personnellement le lit, et lui a préparé le coussin et les couvertures.
Une fois le lit prêt, le 'Hafets 'Haïm s'est couché sur le lit pendant quelques secondes afin de vérifier que c'était suffisamment confortable pour son invité.

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-> "Une grande partie de la Torah est concernée par le fait qu'une personne doit apporter du bonheur aux autres"
[Gaon de Vilna - Iguéret haGra]

On accomplit le fait d'aimer son prochain, à chaque fois qu'on lui donne du plaisir (dans la limite de la Halakha).

-> Rabbi Akiva dit : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Ceci et un principe fondamental de la Torah" (guémara Nédarim 9,4; Rachi, Sifri - sur ce verset)
Hillel traduit se commandement par : "Ce qui haïssable pour toi, ne le fais pas aux autres" (guémara Shabbath 31a)

Nos Sages déduisent de ce verset plusieurs règles illustrant la sensibilité exigée de chaque juif, comme par exemple :
-> un condamné à mort doit être exécuté de la façon la moins douloureuse possible (guémara Kétoubot 37b, Sanhédrin 45a) ;
-> un mari ne doit pas mettre sa femme dans une situation où elle pourrait perdre grâce à ses yeux (guémara Kiddouchin 41a, Nidda 17a).

Le 'Hatam Sofer (Torah Moché) commente la phrase de Rabbi Akiva disant que la Torah est un grand principe de la Torah, comme signifiant que nous sommes obligés de prendre de notre temps d'étude afin d'enseigner à autrui la Torah.
Aime ton prochain comme toi-même = comme toi, tu désires acquérir de la connaissance en Torah, il te faut contribuer à ce qu'autrui acquiert aussi du savoir en Torah.
Au final, tu n'y perdras pas à agir ainsi, car en enseignant ton savoir à d'autres, tu vas devenir plus élevé.
On peut citer la guémara (Soucca 49b) : "La Torah qui est étudiée afin d'être enseignée, c'est une Torah de bonté ; la Torah qui est étudié uniquement pour soi-même, ce n'est pas une Torah de bonté".

Le rav Yerou'ham Lévovitz fait remarquer que Hillel a dit : ""Ce qui haïssable pour toi, ne le fais pas aux autres", plutôt que de citer notre verset (Tu aimeras ton prochain comme toi-même), pour insister sur l'importance que notre amour d'autrui ne doit pas rester uniquement au niveau de la pensée, mais doit se traduire dans notre quotidien par des actions, des mots, ... permettant de manifester concrètement notre amour.

Rabbi El'hanan Wasserman rapporte l'idée de Rabbi Elazar (guémara Kiddoushin 40b) disant qu'on doit toujours s'imaginer que le monde est sur la balance du jugement divin, en état de parfait équilibre entre l'innocence et la culpabilité.
Le fait de faire une mitsva va entraîner la balance du côté des mérités, et ce pour nous-même et pour le monde entier.
A l'inverse, faire une avéra, va faire basculer la balance, pour nous et le monde entier, vers le fait d'être coupable.

=> Une personne qui aime son prochain se doit d'agir en accord avec la Torah, vu que ses actions impactent sa personne, mais aussi le monde entier.

[tout Israël est lié les uns aux autres => chacune de mes actions peut impacter positivement ou négativement, un autre juif quelque part dans le monde.
A un niveau plus global, si autrui est meilleur, alors tout le klal Israël dans son ensemble devient meilleur, et alors par ricocher, je deviens meilleur (car j'en suis un membre).
Autrui, c'est vraiment moi-même, étant donné que son état va m'impacter indirectement, étant dans le même bateau ...]

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-> Le Ramban développe l'idée suivant sur ce verset.
La Torah ne nous demande pas d'éprouver vis-à-vis des autres autant d'amour que l'on porte à sa propre personne ; en effet, si quelqu'un est en danger, il doit sauver sa propre vie en priorité.

Ce que D. nous ordonne dans ce verset, c'est de souhaiter que les autres jouissent du même degré de réussite et de prospérité que celui que nous désirons atteindre nous-même.
Il est courant de dire que l'on désire pour les autres ce qu'il y a de mieux, mais ce mieux reste toujours inférieur à ce que nous désirons pour nous-mêmes.
Ce n'est pas ce que nous demande la Torah : le juif peut et doit s'efforcer d'espérer pour les autres la même réussite que pour lui.

On peut citer les paroles que le rabbi Leib de Sassov a entendu de 2 ivrognes, dont l'un demandait à l'autre s'il l'aimait, l'autre lui répondit qu'en toute sincérité oui.
L'autre ivrogne s'exclama alors : "Comment peux-tu affirmer que tu m'aimes de tout ton cœur? Tu ne sais même pas ce qui me manque!"
Un homme n'aime vraiment son prochain que s'il sait ce qui lui manque ...
Ce qui est important pour toi, est peut être sans importance aux yeux d'autrui, et inversement.
Ainsi, aimer son prochain comme soi-même, c'est ce mettre à sa place en souhaitant le rendre heureux, lui faire plaisir (comme on aimerai le faire pour soi-même), avec son langage, ses désirs propres, ...

-> Le Likouté David de dire qu'il n'est pas difficile d'être en amitié et d'aimer une personne qui est beaucoup plus riche ou connu que nous-même.
Il en est de même avec une personne d'un statut nettement inférieur au notre, à qui on peut exprimer de la chaleur par pitié.

Cependant, la Torah nous demande d'être en amitié avec un "comme toi-même", du même rang social et financier.
On doit dépasser tout sentiment de compétition ou de jalousie, et faire preuve d'amitié sincère même dans cette situation.

-> Rabbi Yonathan Eybeschutz disait :
"Lorsqu'une personne vient voir un rabbin pour une question concernant le fait de savoir si un animal est casher ou non, il va accepter la réponse négative (c'est non casher) avec un bon état d'esprit, même si la perte financière est considérable.
Mais, si la même personne vient voir un rabbin pour une décision halakhique concernant une dispute, il va être très en colère envers le rabbin qui va statuer contre lui, et ce même si la perte financière est très faible.
Quelle est la raison de cette différence?

Lorsqu'une personne s'entend dire que sa viande n'est pas cashère, bien qu'elle subisse une perte, elle est d'accord d'accepter poliment la décision, car personne d'autre n'y gagne.
Mais dans le cas d'une dispute financière, sa perte, est le gain d'une autre personne, et par conséquent, elle est dévorée par la jalousie."

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Aime ton prochain comme toi-même (Kédochim 19,18)

-> L'âme juif et la Torah ont la même racine.
Ainsi, lorsqu'un juif étudie la Torah et applique envers son prochain le conseil unique prôné par Hillel : "Ne fais pas à ton prochain ce que tu ne veux pas d'autres te fassent", il révèle la véritable racine commune des Bné Israël et de la Torah et réalise ainsi le verset : "Aime ton prochain comme toi-même", car il faut prendre le mot : kamo'ha (comme toi-même) à la lettre, du fait que toi et ton prochain avez une même racine ...

Par l'étude de la Torah et une conduite de respect et d'amour envers notre prochain, on révèle les racines communes et on amène ainsi un flux de vitalité dans le monde depuis la racine supérieure.
Ce lien avec la racine supérieure diminuera fortement les risques de transgressions.
[Hamakné - guémara Kidouchin 40b]

"Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis Hachem" (Kédochim 19,18)

-> Rabbi Shneur Zalman de Liadi nous explique :
"Chaque juif est constitué de 2 composants : un corps (gouf) et d'une âme (néchama).
Alors que les juifs sont séparés en des corps différents, ils sont comme un seul au regard de la néchama.
C'est dû au fait que toutes les âmes sont une partie de D., et que D. est le père de nous tous.
Avec cette prise de conscience, il est facile d'aimer un autre juif comme soi-même, car au travers nos âmes, nous ne faisons qu'un."

-> Lors de la création de l'homme, la Torah dit : "A l'image de D., Il le créa" (bétsélem élokim bara oto - Béréchit 1,27).
Un juif doit aimer son prochain comme soi-même, car (kamokha, comme toi-même), le dénominateur commun est que tous les 2 sont créés à l'image de D. (bétsélem Elokim).

Il est à noter que le mot "Elokim" et le mot "kamokha" ont la même valeur numérique : 86.

-> Le midrach Tan'houma (Béréchit 8) dit que bien que beaucoup de gens ont de l'amour et de l'affection pour autrui, "chaque artisan déteste ses rivaux au sein de sa profession".

La Torah souligne l'importance de non seulement aimer son prochain (vé'ahavta léréa'ha), mais même celui qui est "kamokha" (comme toi-même), dans le même domaine d'activité, et à qui il faut également faire tous les efforts afin de l'aimer.

-> Le roi Salomon a écrit : "L'amour couvre toutes les fautes" (Michlé 10,12).
Il est humain de voir chez autrui ses défauts.

La Torah nous enseigne qu'on doit aimer son prochain kamokha (comme toi-même), car de même qu'on s'aime de façon naturelle, et de même, qu'on ferme les yeux sur nos fautes, on doit en faire de même avec son prochain.

-> Un juif doit non seulement aimer son prochain, mais c'est également une mitsva que d'aimer D., comme il est écrit : "Tu aimeras Hachem Ton D;" (Dévarim - Vaét'hanan 6,5).

Rabbi Shneur Zalman de Liadi dit : "Aimer son prochain comme soi-même est l'instrument grâce auquel une personne peut en venir à aimer D."
=> Notre verset se termine par "Je suis Hachem", faisant allusion au fait que c'est au travers de notre amour envers notre prochain, que nous pouvons atteindre l'amour de D.

Il est à noter que les mots : "véa'avta léréa'ha kamo'ha, ani Hachem" (Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis Hachem) et les mots : "véa'avta ét Hachem Eloké'ha" (et Tu aimeras Hachem, ton D.), ont la même valeur numérique : 907.

-> Lorsqu'une personne a de l'amour envers son prochain (aava = amour = valeur numérique de 13), et que son prochain lui porte réciproquement de l'amour, on a : 2 fois aava = 2*13 = 26 , qui correspond au nom de D. dans sa miséricorde (le Tétragramme).

D. réside parmi nous, lorsqu'il y a un sentiment d'aava (d'amour) entre les différentes parties.

En Yiddish, le mot : "juif" se dit : Yid (venant du mot : Yéhoudi).
Lorsque ton prochain est kamokha (comme toi-même), au même niveau, on a 2 youd (י), qui forment le nom de D. (יי).
Par contre, si une des 2 parties regarde de haut l'autre, alors le nom de D. n'est plus possible, renvoyant à la disparition de la présence divine au regard de la situation.

(Imaginez la tristesse de parents qui ont des enfants qui ne s'aiment pas ... il en est de même avec D., notre Père, dont nous sommes tous ses enfants ...)

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-> Le rabbi Israël Taub de Modzhitz (Divré Israël) fait un magnifique enseignement :
La valeur numérique de la lettre "youd" est de 10.
Si vous épelez "youd" complètement, en tant que mot (youd, vav, dalét), vous trouverez que le "vav" et le "dalét" que vous ajoutés à la lettre "youd" sont exactement identiques.
C'est la raison pour laquelle un juif est appelé : Yid = il est pareil à l'intérieur et à l'extérieur.
=> Un juif est honnête et sincère. Il ne présente pas un faux visage.

[le sceau de D. est la Vérité. Lorsque les juifs sont émét, ils en viennent à s'aimer les uns les autres, ainsi qu'Hachem, le tout symbolisé dans l'alignement des 2 youd qui forme le nom Divin.]

-> En hébreu, le mot : "chaud" se dit : 'ham (חם).
Lorsque nous apportons de la chaleur/joie à notre Service de Hachem (יי), à autrui (les yudden! - יי), c'est alors que nous vivions réellement (vie = 'haïm - חיים).
[on a : חם plus יי qui est égale à :  חיים]
[aimer son prochain comme soi-même, c'est l'entourer de beaucoup de chaleur, d'amour, au point de lui donner davantage de forces de vie! (et en particulier dans ses moments difficiles!)]

-> La lettre "youd" est la plus petite de l'alphabet, pouvant symboliser la nécessité vitale pour tout juif d'être humble, ou bien le fait qu'à l'image du mot : "Israël" (ישראל) qui commence par la plus petite lettre et se termine par la plus grande (lamèd - étudie!), un juif est dans ce monde petit comme une étoile de loin, mais énorme comme une étoile de près.

 

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+ "Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis Hachem" (Kédochim 19,18)

1°/ Le mot : "ton prochain" se dit en hébreu par : לרעך (léréa'ha).
Ce mot contient en son milieu, le mot : רע (ra - mauvais), il reste alors : לך (léh'a - à toi).
Ainsi, même si un juif a un aspect qui te semble mauvais, tu te dois de l'aimer.
Pourquoi?
Simplement, car : "Je suis Hachem".

De même que D. a jugé bon de créer cette personne, et continue à lui accorder la vie, à chaque instant, malgré ses aspects négatifs, de même, tu te dois de te focaliser sur le positif qui lui donne le mérite de vivre, et qui dépasse le négatif.

[lorsqu'on voit une personne vraiment mauvaise, on doit détester le mal qui est en elle, mais on doit aimer l'être humain (créé à l'image de D.) et on doit prier pour que toutes ses négativités s'en aillent, laissant place à un véritable diamant, illuminant le monde).

2°/ Le mot : לרעך (léréa'ha) fait référence à un bon ami, mais il peut aussi se lire : léra'a'ha (celui qui a agit de façon mauvaise avec vous).
Nous nous devons d'aimer non seulement ceux qu'on aime, mais aussi ceux qui se comportent mal à notre égard.

Il faut voir l'autre comme un messager de D., et ne pas lui en vouloir (bien que lui aura des comptes à rendre auprès de D. pour son comportement), préférant se concentrer sur le pourquoi D. nous envoie ce message.
Qu'est-ce que D. attend de moi en me "réveillant" de ma routine par l'intermédiaire de mon prochain?

3°/ Kamo'ha = comme toi-même.
Le Baal Chem Tov disait que D. agit à notre égard comme une ombre ("Hachem est ton ombre" - Téhilim 121,5).
=> Ainsi, de la même manière que tu agis avec ton prochain, de la même manière, D. va agir avec toi.
Si tu es capable de voir le positif, de laisser passer ses erreurs, ... alors D. fera de même.

Aimer autrui autant que possible, c'est s'aimer soi-même véritablement, car en passant outre notre nature, on permet à un énorme flux de bonté de D. de se déverser sur nous

(D. nous dit d'une certaine façon : tu es prêt à aimer tous mes enfants, même ceux qui sont sortis du droit chemin, alors moi-même, Je vais t'aimer, même si tu sors des fois du droit chemin ...)