Aux délices de la Torah

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"Car c'est un peuple à la nuque raide (am kessé oréf ou), tu leur pardonneras" (Ki Tissa 34,9)

=> Comment comprendre ce verset ? En quoi le fait d'avoir la nuque raide, d'être entêtés et de n'écouter personne, devrait justifier qu'Hachem leur pardonne leurs fautes ? Cela paraît incompréhensible!

-> En fait, ce défaut que Moché a pointé, celui de l'entêtement et de la raideur, constitue justement la plus belle qualité du peuple juif. Ce peuple qu'Hachem aime tant, Il acceptera volontiers de lui pardonner toutes les fautes.
En effet, Hachem souhaite avoir un peuple qui acceptera Sa Royauté, Le serve, et accomplisse toutes Ses mitsvots. Or, le monde dans lequel l'homme vit est hostile à tout cela. Le monde comporte tellement d'épreuves.
D'une part, il y a toutes les tentations qui détournent le coeur du Chemin de Hachem. D'autre part, il y a toutes les difficultés qui compliquent énormément le Service Divin telles que la jalousie des nations, les problèmes de subsistance, le jugement des autres qui peuvent dédaigner celui qui se conforme à la pratique de la Torah. Sans compter le fait que devoir accomplir 613 mitsvot demande un courage exemplaire.
Mais qui pourrait se conformer à une telle mission? Qui pourrait surmonter toutes ces épreuves, ces tentations, ces difficultés?

Cela requiert une force, une détermination et un entêtement à toute épreuve! Il faut parfois déployer une énergie et un courage pour aller contre vents et marées, contre tout son environnement. Ne se laisser impressionner par aucune difficulté, ne s'émouvoir d'aucune humiliation, ne s'arrêter devant aucune appréhension.
Hachem a choisi le peuple juif pour cette mission, car Il sait que seul ce peuple a cette force. Il est prêt à avancer peu importe les doutes et les difficultés. Même quand le bon sens, la logique et les règles de la nature imposent qu'il faudrait raisonnablement renoncer, le voilà encore en train d'espérer, et de continuer dans sa voie. L'entêtement qui est le propre du peuple juif , garantit la réussite de ce défi si ambitieux et si difficile que d'être le peuple d'Hachem. Et suivre cette voie, peu importe les circonstances. C'est pour cela qu'Hachem l'a choisi.
Certes, cette qualité mène aussi à ses plus gros problèmes : le voilà en train de faire un veau d'or, ou se "révolter" contre son Créateur. Mais malgré tout, cette force-là, quand elle est bien utilisée, c'est celle qui lui donne la force de réussir dans tous ses projets, et qui assure qu'il pourra rester fidèle à Hachem, même contre toute logique.

"Tu rempliras la main de Aharon et la main de ses enfants" (Tétsavé 29,9)

=> Ce verset traite de l'inauguration et de l'introduction de Aharon entouré de ses enfants pour servir dans le Michkan. Pourquoi la Torah qualifie-t-elle cette inauguration avec la métaphore de "remplir les mains"?

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) répond :
Les plaisirs physiques et matériels sont simples à obtenir. Les plaisirs spirituels en revanche, demandent bien plus d'efforts et de temps pour être appréciés. Mais la qualité du plaisir spirituel est inégalable à celle des plaisirs matériels.
D'une part, le plaisir matériel, ne profite qu'au corps. Il est plus limité dans son intensité et entraîne souvent déception, insatisfaction et frustration. Selon l'adage, si l'homme a acquis cent, il voudra 200.
D'autre part, le plaisir matériel ne profite qu'à la personne qui l'obtient. Seul, celui qui mange une belle pomme pourra en apprécier la saveur. Ce plaisir alimente l'Ego de l'homme et l'enferme sur lui-même. En revanche, le plaisir spirituel, celui de s'améliorer dans sa personnalité, rapproche l'homme de Hachem qui est Infini.
A chaque fois qu'un homme sera en contact avec l'infini, il éprouvera ce plaisir, et ne ressentira pas de manque.

Par conséquent, "remplir les mains de l'homme avec les plaisirs spirituels" sera un réel plaisir éprouvé.
Lorsque Moché s’est apprêté à introduire les Cohanim dans leur fonction, celle de servir Hachem et de s'approcher de Lui, Hachem a dit : "Tu rempliras les mains..." Pour bien insister sur cet acte : le Service Divin est la seule chose qui remplit les mains de plaisirs pour ceux qui s'y engagent. Même si il faut fournir des efforts, et que le ressenti de ce plaisir n'est pas immédiat, il faudra apprendre à être patient, et attendre le temps pour se désaccoutumer de l'attachement aux plaisirs matériels.

"Tu placeras... la Ménora face à la table, sur le côté sud" (Térouma 26,35)

=> Pourquoi la Torah trouve-t-elle nécessaire de créer un lien entre la Ménora et la table? Pourquoi ne se contente-t-elle pas d'indiquer simplement l'emplacement de la Ménora, en disant : "Tu placeras la Ménora sur le côté sud"?

En fait nos Sages nous apprennent que la Ménora est le vecteur de la sagesse, alors que la Table est celui de la richesse.
Ainsi, l'homme qui s'investit dans ses occupations matérielles et s'attelle à s'enrichir, pourrait penser que dans le temps qu'il consacre à son travail, il peut suspendre momentanément son lien avec la Torah. Pendant la temps du travail, il est au travail. Quand viendra le temps de s'occuper de ses devoirs religieux, il s'y consacrera alors. Il y a un temps pour tout.
Aussi, pour éviter cet écueil, la Torah prend soin de nous apprendre que la Ménora devait être placée face à la table. La sagesse de la Torah ne doit pas rayonner que dans les moments réservés à la spiritualité. Elle a aussi pour vocation d'éclairer l'homme même dans le temps où il se consacre à ses occupations matérielles. Le Service Divin est une affaire à temps plein. Chaque activité du juif devrait être dirigée selon la Volonté Divine.

Cela s'exprime tout d'abord par le fait qu'il devra veiller à respecter toutes les lois relatives au travail. Les lois liées à l'honnêteté (s'éloigner de tout vol ou mensonge), ainsi que les lois relatives au respect d'autrui, que l'on devra s'efforcer de préserver même en matière de commerce. Le fait de chercher à s'enrichir ne permet en rien de manquer de respect à son prochain d'une quelconque façon que ce soit.
Également, on oubliera pas les lois de bienfaisance, en réservant une part de notre salaire pour la charité.
Il devra aussi être éclairé de la lumière de la sagesse de la Torah pendant son temps de travail. Dès que cela lui sera possible, il cherchera toute occasion pour étudier un texte de Torah, ou même y méditer pendant qu'il s'affaire à son travail. L'un n'empêche pas l'autre. C'est d'ailleurs le sens de la Michna : "Belle est la Torah avec un métier". La Torah étant évidemment prioritaire sur le métier, on se serait plutôt attendu à entendre : "Beau est le métier avec la Torah", positionnant par là la Torah comme la base!
Mais nos Maîtres ont voulu suggéré que non seulement l'étude de la Torah est importante pendant les moments réservés à l'étude. Mais qu'en plus, cet étude est ô combien belle quand elle est réalisée "avec un métier", c'est-à-dire au moment même où on est occupé par sa profession. Même dans ce moment, on tâchera de rester connecté avec la Torah.
Si un homme se comporte ainsi et éclaire ses occupations matérielles par la lumière de la Torah, cela attirera vers lui la Bénédiction Divine, Qui lui accordera la réussite dans ses affaires.
[rav Mikaël Mouyal]

"Dis aux Bné Israël : Qu’ils prennent pour Moi une Offrande" (vayikrou li térouma - וְיִקְחוּ לִי תְּרוּמָה - Térouma 25,2)

=> Quel est le sens de ces mots?

On peut citer :

1°/ Nos Sages affirment que chaque fois que D. prononce dans la Torah le mot "Li" (לִי - pour Moi), cela constitue une promesse éternelle, valable aux temps présents et aux temps Messianiques.
Ainsi, les éléments suivants ont-ils le privilège de l’éternité (midrach Tan’houma) :
a) Les Cohanim : "Ils seront des prêtres pour Moi" (Chémot 40,15).
b) Les Léviim : "Les Léviim seront à Moi" (Bamidbar 8,14).
c) Le peuple juif : "C’est à Moi qu’appartiennent les Bné Israël" (Vayikra 25,55).
d) Le Sanhédrin : "Rassemble pour Moi soixante-dix hommes parmi les anciens" (Bamidbar 11,16).
e) La terre d’Israël : "Car la Terre est à Moi" (Chémot 19,5).
f) Jérusalem : "C’est la ville que J’ai choisie pour Moi" (Mélah'im I 11,36).
g) La Royauté de David : "Car c’est un de ses fils qui sera roi pour Moi" (Chmouël I 16,1).
h) Le Temple : "Ils construiront pour Moi un Sanctuaire" (Chémot 25,8).

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2°/ Rachi commente les mots "pour Moi" : "li lichmi" (לִי לשְִׁמיִ - Pour moi), à Mon intention (pour Mon Nom).

3°/ "L’intention (la kavana) d’accomplir le Commandement uniquement parce que c’est la Volonté de D., pour Mon Nom, est supérieure à toutes les intentions, aussi profondes soient-elles".
[‘Hidouché haRim].

4°/ "Généralement, l’argent est quelque chose de bas mais si on le donne dans un but important (‘pour Mon Nom’), il s’élève à un niveau supérieur. Nos Sages disent : ‘Prendre signifie soulever (ou élever)’, et c’est pourquoi le verset emploie le mot : ‘Qu’ils prennent [qu’ils élèvent] pour Moi une Offrande’ et non : ‘Qu’ils me donnent une Offrande’» [Si’hot Tsaddikim].

5°/ Le Sfat Emet commentait ainsi le verset : "A Moi est l’argent, à Moi est l’Or, dit Hachem Tsévaot" (‘Hagaï 2,8) : "Hachem a-t-il besoin de se vanter que l’argent et l’or Lui appartiennent? Qu’est-ce qui ne Lui appartient pas?
En fait, Hachem enseigne au peuple juif que sa mission consiste à faire que l’argent et l’or soient ‘à Moi’, c’est-à-dire à les élever à D. par l’accomplissement des Commandements."

6°/ La lettre "Lamed" est la plus grande lettre de l’alphabet hébraïque ; elle symbolise l’immensité du ciel, tant sur le plan physique mais surtout dans sa dimension métaphysique : le monde spirituel du divin.
La lettre "Youd" est la plus petite lettre de l’alphabet ; elle symbolise la petitesse de la terre au regard de l’univers mais aussi la dimension limitée de l’homme.
La construction du Sanctuaire pour Hachem (Li - לִי – pour Moi) consiste à "marier" ces deux "Mondes" pour révéler l’unicité de D. dans Sa Création.
L’homme, de par sa nature, constitué à la fois d’un corps matériel et d’une âme spirituelle, est le mieux à même à réaliser un tel projet.
[d'après le Ben Ich ‘Haï]

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-> "Ils prendront pour Moi un prélèvement" (Térouma 25,2)

-> Rachi explique que ces offrandes que les Juifs devaient apporter pour la fabrication du Michkan devaient être offertes "pour Moi", c'est a dire "pour Mon Nom", à savoir épuré de tout intérêt personnel. Uniquement dans le but et l'intention de faire résider la Présence d'Hachem parmi eux.

Parfois il arrive que l'on accomplisse une mitsva avec un certain intérêt personnel, dans l'espoir de récolter une récompense, une réussite que l'on attend. Ce peut être dans l'intérêt de réussir dans une affaire, ou encore de recevoir de la reconnaissance des autres, ou même parce qu'on y trouve son compte, cette mitsva nous paraissant plus motivante.
Bien que dans tous ces cas, la mitsva restera valable, acceptée par Hachem et on s'en sera acquitté. Malgré tout, elle n'aura pas la force d'attirer la Présence Divine de façon dévoilée dans le monde. Le seul moyen de construire un Sanctuaire où la Présence Divine y sera ostensible, c'est d'accomplir Ses mitsvot "lichma" uniquement pour réaliser Sa Volonté et pas parce qu'on y trouve la sienne.
Quand un homme se soumet à Hachem en accomplissant Ses mitsvot, il plie par cela son "moi", qui ne fait donc plus écran au dévoilement d'Hachem. Certes ce travail est difficile, car il demande un certain renoncement de sa volonté en faveur de celle d'Hachem. Mais c'est ainsi que l'on méritera en contrepartie de ce sacrifice, d'attirer la sainteté Divine dans son coeur.
Ce qui nous permettra de ressentir Sa Proximité dans nos vies. Et il n'y a rien de plus agréable que de sentir Son coeur s'ouvrir et se rapprocher d'Hachem. C'est ainsi qu'après coup, on se rendra compte qu'en vérité, le sacrifice que l'on a fait, de renoncer à sa volonté en faveur de la Sienne, a bien valu le coût.
Le plaisir de se sentir plus proche d'Hachem dépasse de loin tous les intérêts que l'on aurait souhaité obtenir dans l'accomplissement de la mitsva. Ainsi, pour fabriquer un Sanctuaire, pour attirer la Présence Divine parmi nous, et la ressentir dans nos coeurs, les offrandes devaient être apporter "pour Hachem", en renonçant à son intérêt personnel.
C'est uniquement cet effort qu'Hachem attend de nous. Tout le reste est entre Ses Mains, de nous renvoyer en échange Ses Bénédictions, qui découleront naturellement du fait qu'Il résidera parmi nous.
[rav Mikaël Mouyal]

Chaque juif a une part dans le monde à venir.
[guémara Sanhedrin 90a]

-> Hachem a préparé pour chaque juif une part du monde à Venir adaptée à son âme, mais elle ne lui est donnée qu'après qu'il soit entré dans ce monde et qu'il ait accumulé les mitsvot et les bonnes actions.
Mais que se passe-t-il s'il commet un fauté? Perdra-t-il sa part dans le monde à venir?

C'est pour cela que D. nous a donné le don du repentir. Grâce au repentir et à la souffrance, la faute est corrigée et la personne conserve sa part dans le monde à venir.
[Ben Ich 'Haï - Od Yossef 'Haï - drouchim]

"Une personne qui étudie la Torah fait un grand acte de bonté aux juifs" 

[le 'Hazon Ich]

"C'est à cause de cela, que D. a fait pour moi [des miracles] lorsque je suis sorti d'Egypte" (Haggada de Pessa'h - le racha)

"C'est à cause de cela" : Rachi de commenter : "car ainsi je dois accomplir Ses mitsvot, comme l'offrande du Pessa'h, la matsa et le maror".

Le Beit haLévi (paracha Bo) de nous enseigner :
"Même avant l'existence du monde, il y avait la Torah, dans laquelle la mitsva de la matsa est écrite.
Les Patriarches ont accompli la Torah avant qu'elle n'ai été donné ; longtemps avant la sortie d'Egypte, Avraham a mangé de la matsa et du maror durant la nuit du Séder.

Ces mitsvot ne sont pas venues en raison de la sortie d'Egypte, mais c'est la sortie d'Egypte qui est venue en raison de ces mitsvot.
Ainsi, nous ne disons pas : "C'est en raison du fait que je sois sortie d'Egypte que je fais ça", mais plutôt : "C'est à cause de cela, que D. a fait pour moi [des miracles] lorsque je suis sorti d'Egypte". "
Le 'Hazon Ich amène un exemple du principe que D. "a regardé dans la Torah et a créé le monde" (Zohar II 161a).
Ainsi, c'est parce que la Torah interdit de se raser avec un rasoir que l'homme a été créé avec des poils ('Hazon Ich dans une lettre au Rabbi Mordé'haï Shulman - Roch Yéchiva de Slobodka)

"La part de toute personne dans la Délivrance finale et son niveau spirituel à ce moment, sont le résultat de la façon dont il se comporte durant la nuit du Séder, et dans quelle mesure, il est capable de générer des efforts spirituels au cours de ce moment unique."

[Rabbi Aharon de Karlin]

-> "Comme à l'époque de ta sortie d'Egypte, je te ferai voir des prodiges" (Mika 7,15)
Le Imrei Emes de commenter :
"Dans le futur, la manière dont nous percevrons notre Délivrance miraculeuse par D., est directement liée à notre façon de célébrer les jours durant  lesquels nous sommes sortis d'Egypte."

"Toute personne qui parle de la sortie d'Egypte, et qui se réjouit  de ce récit ... D. se réjouit également de ce récit ... et Il dit aux êtres célestes : "Venez et écoutez le récit de Mon éloge, de Ma louange ..."
A ce moment Sa puissance et sa force augmentent en-Haut, et par le biais de ce récit Israël amène de la puissance à Son Maître."

[le Zohar]

"... véaz mitvasséf lo 'héla ouguévourata lééla, véyisraël béa'ou sipoura ya'avé 'héla lémaré'on "

" [Le soir du 1er jour de Pessa'h], D. passa, pris individuellement (chaque juif), l'embrassa et le bénit."

[midrach Chémot Rabba 19,5]

Les Bné Israël se sont circoncis afin de pouvoir avoir le droit de manger du korban de Pessa'h, comme D. l'a demandé (Chémot 12,43).
La citation ci-dessus reprend la "réaction" de D. en voyant Ses enfants suivre sa volonté (le sang de la circoncision et le sang du sacrifice se mélangeant ensemble).
Il est écrit :
"Je passai auprès de toi, je te vis t'agiter dans ton sang, et je te dis: "Vis dans ton sang!" (Yé'hezkel 16,6) = D. nous bénit : vis avec le sang du korban Pessa'h et vis avec le sang de la circoncision.